Essai sur la Musique ancienne et moderne - National Library of ...

SVR LA MUSIQUE. 6^
cuta fes pièces. Dès qu'il fut forti , le Père Engramelle découvrit fon
cylindre où il ne manquait pas une note. L'Italien étant revenu quelques
jours après , on lui fit entendre une ferinette qui répétait fes pièces , &
imitait jufqu'aux agrémens de fon jeu. Sa furprife ne faurait fe peindre
& il ne put s'empêcher d'applaudir lui-même à un- larcin fait d'une façon
suffi ingénieufe.
Afïurément nous fommes éloignés de vouloir rien diminueT du mérite
du P. Engramelle , qui peut n'avoir jamais vu la defcription d'une machine
à peu-près femblabîe , inventée en Angleterre. Nous nous fouvenons de
l'avoir lue dans les Tranfa&ions philofophiques , il y a plus de 2 5 ans.
Le P. Engramelle a prouvé qu'il avait allez de génie pour inventer des
machines encore plus ingénieufes \
à fa gloire.
ainfi nous ne prétendons faire aucun tore
Esteve ( M. ) , de la Société Royale de Montpellier , a attaqué avec
raifon la démonftration du Principe de l'harmonie de Rameau , qui n'était
réellement qu'un fyftême. Il a prouvé qu'il n'eft pas poflible que dans la
loi de nature les octaves des fons les repréfentent , & puhîent fe prendre
pour eux.
Il a drefle deux tables , l'une des confonances , &: l'autre des difïbnances
qui font dans l'ordre de la gamme ; & l'on voit dans chacune le concours
ou l'oppofition des harmoniques des deux fons qui forment chaque
intervalle.
Par la table des confonances , on voit que l'accord de l'octave conferve
prefque tous les harmoniques ; on voit que l'accord de la quinte rie
conferve que trois harmoniques ; que la quarte n'en conferve que deux j
qu'enfin les confonances imparfaites n'en confervent qu'un , excepté la
iixte majeure qui en porte deux.
Par la table des difïbnances 3 on voit qu'elles nt fe confervent aucun
harmonique , excepté la feule feptieme mineure qui conferve le quatrième
harmonique, favoir la tierce majeure de la troifieme octave du fon aigu.
M. Efteve conclut de là que plus entre deux fons il y aura d'harmo-
niques concourans , plus l'accord en fera agréable-; & voilà les confonances-
parfaites : plus il y aura d'harmoniques détruits , moins l'accord pourra*
plaire ; voilà les confonances imparfaites.