Essai sur la Musique ancienne et moderne - National Library of ...

612 ESSAI
pris que Rouffeau , en s 'appropriant le fyftême du Père Souhaitty , ait eu
la conftance de le propofer de nouveau dans fon Di&ionnaire , c'eft-à-dire ,
dans un tems où il ne peut fe trouver que quelques vieux Muficiens qui
tranfpofent encore.
M. Demoz avait d'abord imaginé fon fyftême pour noter le plain-chant
félon la maiaiere que préfente l'exemple IV , c'eft-à-dire , en faifant fuivre
chaque fyllabe des notes qui lui répondent.
Il avait fait paraître en 1727 l'office romain noté de cette manière, en
deux volumes in-dou\c , imprimés chez Qui/lau , & dans lefquels on
trouve fa méthode pour le plain-cl^ant. On ne peut difconvenir que le
fyftême de cet Auteur ne foit très fimpie & très commode pour le plain-
chant , puifqu'on n'y a pas befoin de cette variété de figures qu'exige la
mufïque par rapport à la mefure , & que , fans recourir à la tranfpoiîtion
, tout s'y trouve noté au naturel , ou par un feul bémol à la clef. Un
des principaux avantages qui réfultent de ce fyftême , eft que les livres de
chœur, ainfi que les livres portatifs, feraient infiniment moins volumineux
ôc moins coûteux qu'ils ne peuvent l'être, par la manière ordinaire de noter.
Malgré ces avantages , le fyftême de Demoz n'a pas eu cours ; mais l'on
ne doit pas en être étonné , fi l'on fait réflexion que fon livre de plain-chant
ne préfentant que l'office romain dans un tems où prefque chaque Evêque
de France commençait à vouloir fe faire un rit & un bréviaire particulier
ce livre , &
par conféquent la méthode qu'il contient , n'ont pu être remar-
qués dans les Pays où l'on fe pique de s'écarter de l'ufage Romain.
Desaugiers ( M. ) a donné en 1776 la traduction de VArt du Chant
figuré y par J. B. Mancini , Maître de chant de la cour impériale de
Vienne.
Cette traduction n'eft point littérale. M. Defaugiers a cru qu'il devait'
fupprimer tout ce qui n'avait point un rapport direct à la chofe , & ne
contenait que des réflexions vagues fur des matières déjà connues , &
quelquefois des répétitions.
Cette manière libre de faire paflcr dans notre langue les richefles
étrangères , eft la feule qui puifle nous convenir. Chaque nation a fon
caractère qui lui eft propre 5 & chaque langue fon génie particulier ; ce