Essai sur la Musique ancienne et moderne - National Library of ...

SUR LA MUSIQUE. tfoi
& que , par conféquent , ils ne pouvaient avoir connu ce que nous appel-
Ions aujourd'hui l'harmonie.
Il eft vrai que , dans les fiecles fuivans , on femble avoir reçu ces
deux accords dans les concerts , & y avoir même joint celui de la tierce.
On le conjecture fur un paffàge d'Horace qui ne peut guères recevoir
d'autre fens ; mais ce n'eft pas une preuve.
Denis d'Halicarnaffe , & M. Freret , d'après lui , ( dans l'Eloge de M.
Burette ) fe font trompés lorfqu'ils difent « que dans le difcours la voix
m allait à une octave entière , puifqu'elle s'élevait d'une quinte au-delTus
» du ton moyen , & s'abaiffait d'une quantité égale ». C'était d'une oclave
& un ton qu'il fallait dire, parceque deux quintes ne font pas une octave ,
mais une quinte & une quarte. Toutes les recherches de M. Burette
l'avaient conduit à ne pas croire les merveilleux effets attribués à la
mufique des Anciens ; & ce fera toujours là l'effet que produiront les
connaifTances que l'on acquerra fur un art tant vanté , & qui méritait il
peu de l'être.
Cet infatigable Savant fut frappé d'une attaque de paralyfie le 17
Décembre 1745 , languit pendant toute l'année 1746, & mourut le 19
Mai 1747 , dans fa quatre-vingt-deuxième année.
Il ne .s'était point marié , «Se avait perdu trois mois feulement avant
fa mort une fœur avec laquelle il vivait depuis foixante ans.
Sa bibliothèque était compofée de quinze mille volumes les mieux choifis.
Cajon , Muficien , a chanté autrefois le defTus au Concert fpiriruel ,
c eft Maître de Mufique à Paris. Il a donné en 1772 des EUmens de
Mufique , avec des leçons à une & deux voix.
Ces Elémens doivent êtte diftingués de cette foule d'ouvrages que
nous avons dans le même genre , & qui contribuent à perpétuer une
infinité d'erreurs , dont le public eft la viclime. Par la manière dont
les principes font expofés dans l'ouvrage de M. Cajon , il ne peut qu'être
utile non-feulement aux élevés ,
mais encore à la plupart des maîtres.
Il s'attache fur-tout à détruire l'idée abfurde de n'avoir dans la mufique
qu'une feule clef pour les différens genres de voix , & il y réuffit, tant
par l'habileté avec laquelle l'Auteur traite des objets relatifs à cette matière j
que par le tableau qu'il expofe, & par la remarque qu'il y ajoute.
Tome III. Gg