Essai sur la Musique ancienne et moderne - National Library of ...

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ESSAI
l'aimer. 11 paffà prefque toute fa vie à voyager avec Pxtus, l'époux de la
célèbre Arrie fa coufine. Perfe avait les mœurs douces, était beau de figure,
fobre, chafte, était plein de tendreffe pour fa mère, fa tante & fes fœurs.
Il chérit auffi toute fa vie fon maître Cornutus. Par la fatyre qu'il lui
adrefïà, on voit que fon cœur était excellent, & qu'il connaifTait le prix
d'une fage éducation.
Sa conduite fut irréprochable*, aufli eut-il toujours une fi grande horreur
des vices, qu'il ne travailla qu'à les cenfurer.
Par fon teftament, il laiflà à fes fœurs plus de trois cent foixante mille
livres de notre monaie , Se légua à Cornutus fa bibliodieque covnpofée de
fept cens volumes.
Il mourut âgé de vingt-huit ans, le 14 novembre de l'an 44 de J. C.
Labérius ( Decius) Chevalier Romain, excella dans la compofitfori
des Mimes , efpece de farces qui , dans leur origine , confiftaient en gri-
maces & en danfes grotefques •, l'unique but de ces pièces était de faire rire.
Un homme de fa naiffance ne pouvait monter fur le Théâtre fans désho-
neur : cependant Céfar obligea Labérius (a) de paraître fur la fcène , pour
jouer une de fes pièces j il avait alors foixante ans.
Macrobe nous a confervé le Prologue qu'il récita ce jour-là , &c dans
lequel il fe plaint avec refpect de la violence qu'on lui fait. Ce morceau effc
un des plus beaux de l'antiquité.
Céfar, pour le confoler, lui donna un anneau d'or, comme pour le
réhabiliter dans le corps des chevaliers qui ne voulaient plus s'affèoir au
fpeétacle à côté de lui.
Il mourut à Pouzzol quelques mois après Céfar, l'an 710 de Rome,
quarante-quatre ans avant J. C.
Horace n'avait pas grande opinion des talens de Labérius , car il dit :
«« A ce compte, il faudrait que j'admiraffe les farces de Labérius comme des.
m Pocmes parfaitement beaux.
Nam fie
Et Laberî mïmos 3 ut pukhra poémata 3 mirer.
( Satyre 10 , livre 1 , v. 5. )
{à) Le P. Catrou prétend, que Labérius ne monta fur le Théâtre, que fous la promeflç
que lui fit Céfar de lui donner cinq cenc mille fefterces ^ 61500 liv. **t