Essai sur la Musique ancienne et moderne - National Library of ...

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ESSAI
,> fente une harmonie toute nouvelle \ fi on la trouve dure , je dirar
3> que cela peut venir du défaut d'ufage de l'entendre. J'ajouterai que'
s» j'ai employé cet accord avec fuccès dans un de mes motets, Domi-
» nus reanavit 5 je dis avec fuccès, parceque j'ai fait entendre ce motet
,5 au Concert fpirituel à Paris , & plufieurs fois au Concert de Marfeille,
jj & que tous les habiles gens qui fréquentent ces académies , ont été'
» frappés du pafïage où je l'ai employé, non pas dans une feule mefure,
jj mais pendant fix mefures confécutives. Ainfi on a bien eu le tems de
jj l'appercevoir. Ce n'eft pas que je prétende faire autorité , mais on peut
,j s'informer de MM. d'Auvergne 3 Berton j Giroujl 8c autres grands
,, Maîtres , qui l'ont entendu à Paris , s'ils ont trouvé rien de choquant
» dans le palfage que j'ai indiqué jj.
Balliere, de l'Académie de Rouen. Théorie de la Mufique > ia-^ â i
1764.
Il ne faut pas croire que cet ouvrage de M. Balliere préfente réelle-
ment la théorie de la mufique : c'eft feulement celle de l'Auteur ; Se
quoiqu 'approuvée par l'Académie de Rouen j l'oreille & le raifonnemenc
s'oppoferont toujours à ce qu'une pareille théorie devienne celle de la
mufique , qui , d'ailleurs , a la fienne depuis plus de quatre mille ans. Il
eft démontré aujourd'hui que depuis cette époque les hommes , chez
tous les peuples connus , ont entonné de même & entonnent encore de
la même manière actuellement, Se dans les mêmes proportions, nonobf-
tant les divers fyftêmes propofés de fiecle en fiecle par difFérens particu-
liers , mais qui n'ont pu que féduire l'efprit pour un tems , fans jamais
affiijettir l'oreille.
La Théorie de M. Balliere a pour bafe la divifion de la colonne d'air
dans un cor de chafïè , lorfqu'on le fait refonner : effet très phyfique
très naturel , tant qu'on voudra , mais qui ne s'accordant pas en tout
avec les proportions légitimes, fondées fur le fentiment de l'oreille, les
feules qu'elle puifîè adopter , ne peuvent fe tranfporter dans le fyftême
mufical. 11 fuffit même d'écouter avec attention les fons que le cor ou la
trompette donnent naturellement } pour s'appercevoir que des inftrumens
auffi faux , à l'égard de certains intervalles , tels que la tierce du fou
fondamental , la quarte & quelques autres intervalles ,, ne peuvent rai-