Essai sur la Musique ancienne et moderne - National Library of ...

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ESSAI
A peine revint-il à la Cour , que M. le Dauphin &c tous les Seigneurs
lui parlèrent des ouvrages qu'ils avaient entendus , &
charge de Sous-maître qui vaquait ,
pour l'Abbé Gauzargues.
lui demandèrent la
Ses ouvrages furent répétés de nouveau devant l'Evêque de Rennes ,
& il obtint la promette de la charge. On eût déliré qu'il eût rempli tout
de fuite le quartier fuivant ; mais n'ayant que quatre motets , la chofe
n'était pas pollible. 11 fe difpofait à retourner dans fa province pour y <
compietter le nombre d'ouvrages néceffâires pour fon quartier , lorfque
M. le Dauphin eut la bonté de lui envoyer le Maître de clavecin des
Enfans de France (a) , pour l'exhorter à travailler au plutôt , & lui dire
de fa part que, du moment où il aurait douze motets, il ne manquât pas
d'en donner avis pour venir fervir.
Dans le courant de l'année les douze motets furent finis , & il vint
fervir le quartier d'Avril 1758.
Ses nouvelles productions ne manquèrent pas d'être critiquées par les •
Amateurs de l'ancienne mufique. L'embarras de l'Auteur fur le genre qu'il
devait adopter., devenait grand. M. le Dauphin le décida, en difant à
l'Abbé Gauzargues de fuivre fon génie , 5c de répondre à tous les cri-
tiques que c'était par fon ordre qu'il travaillait ainfi. Dès ce moment
la critique cefla. Ce Prince avait la bonté d'entrer avec l'Abbé Gauzar-
gues dans les plus petits détails fur la coupe Se l'exprelîîon de fes ouvrages.
Souvent même il lui faifait part de fes obfervations.
Un jour ayant defiré d'entendre dans fon appartement un motet qu'il
ne connaiflait pas , l'Auteur eut la fatisfa&ion de lui entendre dire que
« quand Rameau n'aurait formé qu'un homme comme lui , il ne devait
» pas regretter d'avoir donné au public fon. Traité de l'harmonie ».
Pendant dix-huit ans que l'Abbé Gauzargues a fervi le Roi , il a [
compofé environ quarante motets. Son goût pour l'occupation l'a , dit-on,
déterminé depuis fa retraite à les retoucher, & à les traiter d'une ma-
nière plus moderne , quant au ftyle , autant que la mufique d'églife peut
le permettre. Dans les répétitions particulières qu'il en a fait , il a paru
que fon but , en les retouchant , a été de les rendre allez piquans
dans les fymphonies fur-tout , pour les rendre intéreflans dans un
(«) M. le Tourneur.
grand