Essai sur la Musique ancienne et moderne - National Library of ...

33o ESSAI
comique» de faire repréfenter les Troqueurs , fous prétexte qu'il ne devait
point donner d'ouvrage totalement en Mufique.
Cette défenfe chagrina beaucoup M. d'Auvergne j qui s'était propofé
de continuer de travailler pour ce fpectacle. Dégoûté de tous les côtés ,
il fut quelque tems fans rien faire , 8c ne reprit l'exercice de fon talent
que par l'effet des follicitations d'une perfonne à qui il ne pouvait rien
refufer , 8c qui lui confeilla de remettre en Mufique l'opéra d'IJîs j mais
à peine en eut-il fait un a&e , que MM. Rebel 8c Francœur qui l'appri-
rent , lui confeillerent d'abandonner cet ouvrage par le refpe6l que l'on
devait aux ouvrages de Lully.
. Peu
de tems après 3 M. le Comte d'Argenfon y Miniftre 8c Secrétaire
d'Etat ayant le département de Paris , propofa à M. d'Auvergne de re-
mettre en Mufique l'opéra d'Enée & Lavinie. Moncrïf fut chargé de
faire au pocme les changemens nécelfaires de l'aveu de Fontenelle^ qui
eut l'honnête courage de dire à M. d'Auvergne que « lorfqu'on avait*
»> donné cet opéra , qui n'avait point eu de fuccès , il n'avait point ouï
» dire que ce fut la faute du Muficien ». Cette nouvelle Mufique eut un
grand fuccès , fur tout l'acte des Bacchantes , 8c l'ombre de Didon qui
firent le plus grand effet.
En 1762. , Mondonv'dlc voulant quitter l'entreprife du concert fpirituel ,'
M. d'Auvergne la prit pour neuf ans en fociété avec MM. Jolivcau 8c
Caperan ; 8c pendant le cours de ce bail , il compofa quinze Motets ,
dont huit à grands chœurs , entr'autres le Te Deum j le Mijerere 6c le
De profundis ,
qui furent juftement applaudis.
L'année fuivante, Mefdames lui firent l'honneur de le choifir pour
leur Maître de compofition , & lui ont fait accorder pour récompenfe
(me penfion de douze cent livres.
En 1764, il obtint du Roi l'agrément de la furvivance de la charge
de Surintendant de fa Mufique.
En ij66 , MM. Rebel &c Francœur voulant quitter l'entreprife de l'o-
péra , M. Bignon , Prévôt des Marchands , lui propofa de s'en charger à
fes rifques , fous la condition de dépofer à la Ville 400,000 livres de
cautionnement.
M. d'Auvergne accepta cette propofition après s'être afîbcié M. Joli-,
feau , 8c un autre particulier qui les aidait à fournir le cautionnement,