Essai sur la Musique ancienne et moderne - National Library of ...

SUR LA MUSIQUE, 345
ïii Zarlin, ni Galilée ne faveur ce qu'ils difent, parceque les principes de
la Muiique ne fe prennent pas fur les inflrumens tempérés, ni fur l'opinion
d'Ariftoxene ou de Ptolémée , mais fur -l'intonation qui refaite dune
fomme de quintes, qui, par leur combinai fon , les divers rapproche»
mens qu'on en peut faire au moyen de leurs octaves , donnent Se le
fyftême diatonique Se le chromatique , Se toutes les intonations légitimes
dont on peut faire ufage dans la Mufique.
Son fils Galilée Galilei , fi célèbre, Se qui méritait tant de l'être, était
auffi grand Muficien, Se jouait très bien de plusieurs inflrumens. Il était
né en 1 564, Se mourut à Florence en 1642. Il publia en 1632 fon fameux
Dialogue fur les fyftêmes de Ptolémée & de Copernic , dans lequel il
entreprit de prouver que le foleil était véritablement immobile , Se que
c'était la terre qui tournait autour de lui.
L'Inquifîtion de Rome le contraignit , par un décret du 21 Juin 163 3 J
d'abjurer fon fyftême. Ce décret , figné par trois Cardinaux , eft un
monument curieux du defporim© «le l'ignorance Se de l'aveuglement des
préjugés.
" Dire que le foleil eft au centre , Se abfolument immobile Se fans
m mouvement local, eft une propofition abfurde & fauffe en bonne phi-
j> lofophie , Se même hérétique , en tant qu'elle eft expreffément contraire
3) à la fainte Écriture. Dire que la terre n'eft pas placée au centre du
i> monde ni immobile , mais qu'elle fe meut d'un mouvement même
» journalier , eft aufîî une propofirion abfurde Se fauffe en bonne philo-
j> fophie , & confédérée théologiquement , elle eft au moins erronée dans
w la foi ».
Voici fon abjuration , digne de ceux qui la lui dictèrent.
« Moi Galilée, en la foixante-dixieme année de mon âge, conftitué
» perfonnellement en juftice, étant à genoux, Se ayant devant les yeux
a les faints Évangiles , que je touche de mes propres mains , d'un cœur
.»> & d'une foi fincere, j'abjure, je maudis Se je détefte les abfurdités ,
p erreurs & héréfies , &c. »
Eft-il poffible qu'en même tems que le Cardinal de Richelieu honorai^
la France , fes confrères déshonoraient ainfi l'Italie !