Essai sur la Musique ancienne et moderne - National Library of ...

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22 ESSAI
ftatue de ce grand homme , & mit autour le pian des villes qui fe difputaient
l'honeur de l'a naillance [a).
A Smyrne , à Chio , à Argos , Sec. on lui rendait aufli les honeurs
divins, on célébrait des Jeux Se on frapait des médailles en fon honeur.
Le plus bel éloge que l'on puifle faire d'Homère , ne vaudra jamais
l'honeur que lui fait la réunion de tous les hommes de tant de lieux ÔC
de tant de liecles , qui fe font acordés pour l'honorer comme le plus beau
génie qui ait jamais paru , Se comme le père de la Poélie épique Se
tragique (b). Quoique plulîeurs Auteurs aient prétendu, qu'il avait rempli
l'Iliade Se l'OdyiTée de vers Se de penfées qui n'étaient pas de lui. « Si
>> on me demandait le choix de tous les hommes qui font venus à ma
» cognoiflance , dit Montaigne, il me femble en trouver trois excellens
» au demis de tous les autres: Homère, Alexandre Se Epaminondas, non
a» pas qu'Ariftote ou Varrp (pour exemple) ne fuilent à l'adventure aulli
îj fçavans que lui j ni poflible encore , qu'en fon art même Virgile ne
» lui foit comparable. Je laine à juger à ceux qui les cognoiffent tous
» deux j moy , qui ne cognoît que l'un , puis feulement dire cela félon ma
» portée , que je ne crois pas que les mufes même allaflent au-delà du
»3 Romain (c). Encore ne faut-il pas oublier , que c'eft principalement
» d'Homère que Virgile tient fa fufhfance j que c'eft fon guide Se maître
33 d'école , Se qu'un feul trait de l'Iliade a fourni de corps Se de matière
33 à cette grande & divine Enéide ....
>3 Etant aveugle , indigent , étant avant que les feiences fulfent rédigées
en règles & obfervations certaines , il les a tant cognues , que tous ceux
... .iiiii m
{a) Smyrne, Rhodes, Colophon, Salamine, Chio, Argos, Athènes. (Aulugelle mec
los au lieu de Chio. )
(£) A quo , ceu fonte perennl ,
fatum Pieriis labra rlgantur aquts.
a D'où les Poètes tirent, comme d'une fource intarifTable, de quoi arofer leurs propres
» ouvrages ».
( Ovide. Amor. liv. ni , e'ieg. j> ).
(c) Taie facls carrnen doRà tejlkudine , quale
Cynthius impofitis tempérât articulis,
«Tu chantes fur ta,dofte lyre, des vers pareils à ceux que chante Apollon lui-même».
(I J roperce t liv. ri, e'ieg, 34),