Essai sur la Musique ancienne et moderne - National Library of ...

SUR LA MUSIQUE. 221
quentes 8c cruelles , par des inquiétudes 8c des chagrins domeftiques , in-
féparables d'une famille nombreufe , femble encore être dans toute fa
force ; ce qu'il y a de sûr , c'en: que les deux derniers opéra qu'il a faits à
Naples en 1774 8c 1775, font peut-être -fes deux chefs-d'œuvre. Lé fé-
cond Alejfandro neU'indie 8c les Voyageurs y ont eu & y ont encore un
fuccès prodigieux. A Paris, où., malgré tant de critiques ridicules & d'en-
nemis acharnés , il a enlevé les applaudilTemens de tous les gens fenfibles
Se de tous les connaiffeurs , il a fait fur un poëme dépourvu d'intérêt
dans une langue qu'il entendait à peine , dont il ignorait l'accent & la
profodie , pour une nation dont le goût, le génie 8c le fyftême théâtral lui
étaient abfolument inconnus ; il a fait , dis-je , un opéra plein de mor-
ceaux délicieux. La première cavatine d'Angélique , le récit de Médor,
le duo fublime & l'air : Je renonce à ce que j'aime. Les airs Non je
ne cherche plus cette fource terrible : c'ejl l'amour qui prend foin lui-
même ; la belle fcène de Roland fuitie de l'air tu fais ce que j'ai fait pour .
elle ; le duo de Roland & d'Angélique : l'air de l'aimable objet qui m'en-
chante : le beau Monologue , & fur-tout l'air terrible Que me veux-tu, monjlrs
effroyable 3
feront dans toutes les bouches 8c fur tous les pupitres , 8c
toujours entendus avec tranfport au théâtre , tant que l'on chantera e:i
France de la Mufique fur des paroles Françaifes. Plufieurs airs Italiens que
M. Piccini a faits pour les différens opéra-bouffons qu'il a fait exécuter
l'année dernière 3 tels que l'air de bravoure chanté dans la Spofa colerlca ,
par la S'ignora Chiavacci , 8c remis depuis avec tant de fucecs dans le Ge-
lofo in Cimento , d'Anfoiîi ; le nouveau final ajouté au troiiïeme acte de la
Bonne Fille , & fur-tout celui qu'il vient de faire pour le fécond ade de
la Buona Figliuola maritata , qui eft fans contredit le meilleur que l'on
ait entendu fur ce théâtre , 8c peut-être qu'il ait fait lui-même , prouvent
que nous pouvons jouir long-tems encore des fruits de fon heureux génie,
fi nous avons toutefois le bonheur de le fixer parmi nous 3 8c le bon ef-
prit de l'attacher à notre nation par un fort digne de fes talens.
Pietragrua ( Charles-Louis ) Florentin , bon Maître , Auteur de la
Mufique de deux opéra donnés à Venife en 172 1 & 1722. Le Pajlor
fido par M. Pafqualigo 3 noble Vénitien 3 8c l'autre Romolo 3 e Ta^io.
Les ProfefTeurs parlent de Pietragrua , avec des éloges qui donnent de
,