Essai sur la Musique ancienne et moderne - National Library of ...

SUR LA MUS -1 QUE. ip
ces ouvriers; &z ayant examiné de près le phénomène , il vit qu'il ne pouvait
venir que de la diférence du poids des marteaux ; il les pefa, & trouva
que celui qui rendait l'octave en haut, pelait fix livres, & était la moitié
du plus gros, pefant douze livres; que celui qui faifait la quinte, en était
les deux tiers, pefant huit livres; & qu'enfin celui qui formait la quarte,
en était les trois quarts, & pefait neuf livres. Rentré chez lui, il imagina
d'atacher une corde à un arêt fixe , Se la lailïant pafTer fur une cheville
de fufpendre de l'autre côté des poids dans ces proportions, pour éprouver
quels fons elle rendrait étant ainfi tendue par ces poids inégaux; alors il
trouva les intervalles, dont on a parlé. Cette obfervation lui fit bientôt
conclure que l'oétave était compofée de douze demi-tons; ce qui lui donna
l'idée d'ajouter une corde d'un demi-ton à la lyre , pour en rendre l'harmonie
plus complète.
Cette hiftoire ne peut qu'être inventée à plaifir; car il n'eft point vrai
qu'il faille des poids dans cette proportion pour rendre les fons dont il
s'agit. 11 faut, pour cela, des cordes tendues par un même poids, &z dont
les longueurs foient dans ces raports; &c quant aux poids apliqués à la même
corde, ils devraient être réciproquement comme leurs quarrés. 11 faudrait
un poids quadruple pour former l'odtave en haut ; pour la quinte il devrait
être les |, & pour la quarte les -^.
Ce prétendu procédé de Pythagore avait péché cqntre le raifonement ;
car comme c'étaient des martiaux inégaux qui , choqués par l'enclume
rendaient des fons diférens, il était évident que ce devaient être des cordes
de diférentes longueurs qu'il falait mettre en vibration (a).
On prétend qu'on dut à Pythagore l'ufage d'endormir les fouverains au
fon des inftrumens, pour leur procurer un fomeil agréable (è). On dit qu'il
compofait des chants pour apaiferles paffions violentes, comme un médecin
compofe une potion cordiale pour la guérifon d'un malade. Ce grand Phi-
lofophe mourut de mort violente. Ayant chafle de fon école plufieurs jeunes
gens dont les mœurs étaient dépravées , ils mirent le feu à fa maifon dans-
le tems qu'il était à donner fes leçons. Ses difciples & lui périrent dans
les fiâmes.
Ovide , dans le quinzième livre de fes Métamorphofes , fait Numa
( :
(a) Voyez le Dift. des Artiftes , tome z, p.' }8y.
(l>) Il eafeignak à fes difciples qu'il faut s'endormir Si s'éveiller au fçn des jnftruaiejw.
,