Essai sur la Musique ancienne et moderne - National Library of ...

a essai
compatriote Se contemporain de Sapho , dorrt il était paffionément amou-
reux. Il n'était pas plus brave qu'Archiloque : il fervit, comme lui » Mars
avant les Mufes , Se perdit , comme lui , fon bouclier dans un combat*
Lesbio primum modulate civi ;
Qui ferox bello , tamen inter arma t
Sive jattatam religârat udo
Litore navlrn,
Liberum & Mufas , Vcneremque , £' illi
Sempcr h&renum puerum , canebat , &c.
Hoiac«*liv. i er , ode ;ij
« Rapele , ô ma lyre , quelqu'un de ces fublimes airs que tu enfantas
» jadis fous les doigts d'Alcée > qui fut le premier te toucher avec grâce
» Se avec juftefTe. Ce redoutable guerrier, foit qu'il fût au milieu d'un-
55 camp , foit qu'il eut retiré dans quelque rade fa note maltraitée par la
55 tempête, ne lailTait pas de chanter Bacchus Se les Mufes, &c. 55
Il fe borna depuis aux factions civiles dans fa patrie, Se contribua à
mettre Pittacus , l'un des fept Sages de la Grèce , à la tète du gouver-
vèrnement : enfuite , ne voyant plus en lui qu'un rival , il fit des fatyres
& des libelles contre lui , Se lui livra itn combat , dans lequel il fut fait
prifonier ; mais Pittacus , maître de fa liberté Se de fa vie , les lui rendit
l'une Se l'autre. Alcée n'en profita que pour intriguer de nouveau. Toutes
fes entreprifes ayant échoué , il fit un voyage en Egypte ; mais on ne fait
pas ce qu'il y fit, ni où il mourut. Tous les Anciens convienent qu'il a
été un des plus grands Poètes Se Muficiens qui aient jamais exifté. Comme,
ces arts étaient alors inféparables , on ne peut douter qu'il ne les ait
polTédés tous les deux. Alcée fut l'inventeur de la mefure Alcaïque (a) :
il fit des hymnes , des odes & des épigrammes. Quintilien dit qu'il écrivait
fi bien & d'une manière fi femblable à Horace , qu'il méritait bien Varchet
d'or qu'Horace lui donne Liv. 2 j Ode 13. Ce fut Horace qui le fit con-
naître à Rome. Il nous l'aprend dans l'épitre 1 9 de fon premier livre .
Se nous dit que perfone n'avait chanté avant lui fur le ton d'Alcée.
Un autre Alcée } dont Plutarque fait mention , vivait dans la cent qua-
(a) II prétendait que la Mufique eft plus belliqueufe que la Poéfîe. ( Voye^ Athénée
liv, 14)*