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Noces de sang & Suite flamenca - Théâtre du Passage

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<strong>Noces</strong> <strong>de</strong> <strong>sang</strong> &<br />

<strong>Suite</strong> <strong>flamenca</strong><br />

par la Compagnie Antonio Gadès d’après l’œuvre <strong>de</strong> Fe<strong>de</strong>rico García Lorca<br />

Saison 2012-2013 | Dossier <strong>de</strong> presse<br />

5 février 2013<br />

Benoît Frachebourg · chargé <strong>de</strong> communication | benoit@theatre<strong>du</strong>passage.ch | +41 (0)32 717 82 05<br />

<strong>Théâtre</strong> <strong>du</strong> <strong>Passage</strong> | 4, passage Maximilien-<strong>de</strong>-Meuron · CP 3172 · 2000 Neuchâtel | www.theatre<strong>du</strong>passage.ch<br />

mardi | 20h<br />

© Jesus Vallinas


Danse espagnole - Flamenco<br />

COMPAGNIE<br />

ANTONIO G A D È S<br />

<strong>Noces</strong> <strong>de</strong> Sang<br />

d’après l’œuvre <strong>de</strong> Fe<strong>de</strong>rico Garcia Llorca<br />

<strong>Suite</strong> Flamenca<br />

Meilleur spectacle <strong>de</strong> la 14 ème Biennale<br />

<strong>de</strong> flamenco <strong>de</strong> Séville ( 2006 )


<strong>Noces</strong> <strong>de</strong> Sang<br />

et<br />

<strong>Suite</strong> Flamenca<br />

. NOCES DE SANG (Bodas <strong>de</strong> Sangre)<br />

Ballet en six tableaux d’après l’œuvre <strong>de</strong> Fe<strong>de</strong>rico Garcia Lorca<br />

Mise en scène, chorégraphie et lumière Antonio Gadès<br />

Musiques Emilio <strong>de</strong> Diego<br />

Ay, mi sombrero! Perelló y Monreal<br />

Rumba Felipe Campuzano<br />

Durée 35 minutes<br />

Entracte<br />

. SUITE FLAMENCA<br />

Chorégraphie Antonio Gadès<br />

Cristina Hoyos<br />

Musiques Emilio <strong>de</strong> Diego<br />

Antonio Solera<br />

Antonio Ga<strong>de</strong>s<br />

Durée 55 minutes<br />

<strong>Noces</strong> <strong>de</strong> Sang, suivi <strong>de</strong> <strong>Suite</strong> Flamenca ont été présentés fin septembre<br />

2006 à Séville, dans le cadre <strong>de</strong> la Biennale <strong>du</strong> Flamenco / 14 ème édition.<br />

Parmi les 30 spectacles présentés, le Jury a décerné à <strong>Noces</strong> <strong>de</strong> Sang, dont<br />

la création remonte à 1974, le Prix <strong>du</strong> meilleur spectacle <strong>de</strong> la Biennale.


<strong>Noces</strong> <strong>de</strong> Sang<br />

Musique et poésie.<br />

<strong>Théâtre</strong> et danse.<br />

Drame et partition.<br />

Coutumes et surréalisme.<br />

Histoire intrinsèque <strong>de</strong> l’Espagne noire et tragédie universelle.<br />

Sans aucun doute le summum <strong>de</strong> la danse <strong>flamenca</strong> argumentaire.<br />

Il est curieux, mais ce n’est pas par hasard, que les moments les<br />

plus forts <strong>de</strong> cette œuvre ne figuraient pas dans l’œuvre originelle<br />

<strong>de</strong> Lorca : le pas-<strong>de</strong>-<strong>de</strong>ux <strong>de</strong> la fiancée avec Leonardo, la photo <strong>de</strong><br />

mariage, la persécution à cheval, le <strong>du</strong>el aux poignards. L’intimisme<br />

et l’intimité rurale, quasi minérale, déserte (ce n’est pas en vain que<br />

Lorca, comme Ga<strong>de</strong>s étaient <strong>de</strong> type « orient », <strong>du</strong> même orient où<br />

ont eu lieu les faits, en 1928, qui inspirèrent la tragédie <strong>de</strong> Lorca).<br />

La quintessence <strong>du</strong> guitariste Emilio <strong>de</strong> Diego est dans cette<br />

partition d’une finesse prodigieuse, comme une douce <strong>de</strong>scription<br />

d’un paysage intime. Ga<strong>de</strong>s fait <strong>de</strong> la poésie <strong>du</strong> réalisme, en<br />

plongeant dans les ressources les plus naturalistes <strong>de</strong> l’oeuvre, en<br />

ré<strong>du</strong>isant ou en éliminant les éléments mo<strong>de</strong>rnistes <strong>du</strong> texte <strong>de</strong><br />

Lorca, à la recherche <strong>de</strong> la racine, <strong>de</strong>s événements originaux<br />

(trouvés par le poète dans une chronique périodique) atteignant<br />

<strong>de</strong>s moments <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> vérité et <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> beauté.<br />

Son art est celui <strong>de</strong> la suppression <strong>de</strong>s éléments superflus pour ne<br />

gar<strong>de</strong>r que l’essence <strong>de</strong> la danse comme langage. Un langage au<br />

service <strong>de</strong> l’histoire dans laquelle, au moins, chaque geste est une<br />

clef nécessaire.<br />

<strong>Noces</strong> <strong>de</strong> <strong>sang</strong> met en scène, dans le ballet flamenco, dans le<br />

ballet espagnol, les classes populaires; ses vérités et ses préjugés,<br />

ses croyances et ses hypocrisies.


<strong>Noces</strong> <strong>de</strong> Sang<br />

C’est le drame tragique <strong>de</strong> la terre et <strong>du</strong> <strong>sang</strong>. C’est la lutte <strong>de</strong><br />

l'instinct et la société, mais pas uniquement dans le sens<br />

traditionnellement interprété dans le texte <strong>de</strong> Lorca et l'œuvre <strong>de</strong><br />

Ga<strong>de</strong>s. Il y a aussi la sagesse instinctive <strong>de</strong> la terre, qui lutte pour<br />

sa conservation même aux dépens <strong>du</strong> <strong>sang</strong> qui la laboure. Des<br />

hommes qui règlent leurs différends à coup d’acier, avec la mort<br />

égalisatrice, et <strong>de</strong>s femmes qui supportent en vie le poids <strong>de</strong>s<br />

morts. Chez Ga<strong>de</strong>s, les personnages assument leur condition, sans<br />

résistance, obéissent à un ordre supérieur, la loi <strong>de</strong> la terre, avec<br />

l’humilité <strong>de</strong>s âmes en transit. L’obscure racine <strong>du</strong> cri est une<br />

mélodie intimiste, solaire, minérale, dénudée. Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la chair,<br />

dans le squelette même.<br />

Alméria, le camp <strong>de</strong> Nijar, est la scène réelle <strong>de</strong>s faits racontés, et<br />

pour cette raison la “taranta” (fond musical gitan, rythmé) tient un<br />

rôle essentiel dans la musique. Une mélodie qui sera souvent reprise<br />

dans la guitare contemporaine.<br />

Dans la scène <strong>du</strong> <strong>du</strong>el final, là où le silence est musique et la mort la<br />

fête (la buléria); dans ce <strong>sang</strong> qui coule au final, toute l’histoire <strong>du</strong><br />

caïnisme espagnol est synthétisée : <strong>du</strong> <strong>du</strong>el aux poignards <strong>de</strong> Goya<br />

jusqu’à Puerto Hurraco, en passant par Quevedo, Fray Luis <strong>de</strong> Leon,<br />

Larra, Unamuno, l’Inquisition et les guerres civiles successives qui<br />

<strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s temps immémoriaux ont dévasté l’Espagne et dont<br />

certains restes per<strong>du</strong>rent tenacement encore aujourd’hui.<br />

Et en plus, comme valeur universelle, la tragédie shakespearienne<br />

<strong>de</strong> Roméo et Juliette déjà expérimentée en ballet flamenco dans les<br />

Tarantos. Parce que <strong>Noces</strong> <strong>de</strong> <strong>sang</strong> c’est aussi une histoire <strong>de</strong> haine<br />

ancestrale entre <strong>de</strong>ux familles voisines. De lutte et d’envie <strong>de</strong> celui<br />

qui n’a absolument rien jusqu’à celui qui a très peu, c’est-à-dire<br />

tout, quelque chose.


<strong>Noces</strong> <strong>de</strong> Sang<br />

( Bodas <strong>de</strong> Sangre )<br />

Ballet en six tableaux<br />

d’après l’œuvre <strong>de</strong> Fe<strong>de</strong>rico Garcia Lorca<br />

Chorégraphie et lumière<br />

Antonio Gadès<br />

Adaptation<br />

Alfredo Manas<br />

Espace scénique et costumes<br />

Francisco Nieva<br />

Musiques<br />

Emilio <strong>de</strong> Diego<br />

Ay, mi sombrero! Perelló y Monreal<br />

Rumba Felipe Campuzano<br />

Création<br />

Teatro Olimpico, Rome 1974<br />

Durée<br />

35 minutes sans entracte<br />

( tra<strong>du</strong>ction )<br />

Avec <strong>Noces</strong> <strong>de</strong> Sang créé en 1974, Antonio Ga<strong>de</strong>s fit faire à la<br />

danse en Espagne un grand pas en avant.<br />

Fe<strong>de</strong>rico Garcia Lorca lui-même avait été inspiré par <strong>de</strong>s<br />

événements qui eurent lieu à Nijar et relatés dans la presse en<br />

1928.<br />

L’adaptation <strong>de</strong> l’oeuvre écrite pour le ballet fut réalisée par Alfredo<br />

Manas qui, dix ans auparavant, avait déjà collaboré avec Antonio<br />

Ga<strong>de</strong>s pour Don Juan.<br />

La compagnie qui à l’époque comptait moins <strong>de</strong> vingt danseurs mit<br />

en scène le ballet et la première mondiale eut lieu à Rome au Teatro<br />

Olimpico le 2 avril 1974.


<strong>Noces</strong> <strong>de</strong> Sang<br />

par Antonio Gadès<br />

“ Avec <strong>Noces</strong> <strong>de</strong> Sang , je veux rendre hommage au poète ainsi<br />

qu’à la ville <strong>de</strong> Rome qui accueille cette création mondiale. Je suis le<br />

fils d’une culture méditerranéenne, une culture basée sur la jalousie,<br />

l’amour, la mort qui n’existe pas seulement dans la danse, mais<br />

aussi dans la littérature, la peinture et les autres arts. Le sentiment<br />

tragique est toujours une constante. Bodas <strong>de</strong> Sangre est un pur<br />

film espagnol, une tragédie imprégnée <strong>de</strong> folklore. L’oeuvre <strong>de</strong> Lorca<br />

m’a toujours intéressé, essentiellement parce qu’elle décrit en<br />

profon<strong>de</strong>ur la <strong>de</strong>nsité et les aspirations <strong>du</strong> peuple andalou “.<br />

Antonio Gadès<br />

Six ans après la présentation <strong>du</strong> ballet sur les scènes internationales<br />

les plus importantes, Antonio Ga<strong>de</strong>s fit le choix <strong>de</strong> travailler avec<br />

Carlos Saura pour réaliser la version cinématographique <strong>du</strong> ballet.<br />

Antonio s’est référé à la scène la plus émouvante <strong>du</strong> ballet, la lutte<br />

<strong>du</strong> final entre Leonardo et El Novio qui, d’une certaine manière,<br />

résume son attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>vant la création et l’interprétation <strong>de</strong> son art.<br />

“Régler cette lutte fut la chose la plus difficile que j’ai faite dans ma<br />

vie. Cela a exigé beaucoup. Cela a tout exigé. J’aime synthétiser<br />

cette douleur, danser comme l’homme qui va mourir et accueille la<br />

mort avec austérité, sans simagrées ni faits spectaculaires.”<br />

<strong>Noces</strong> <strong>de</strong> <strong>sang</strong> a été remonté pour différentes compagnies <strong>de</strong><br />

ballet comme le Ballet National d’Espagne, le Ballet National <strong>de</strong><br />

Cuba, le Ballet <strong>de</strong> Nancy, le Ballet <strong>de</strong> l’Opéra <strong>de</strong> Rome et la<br />

Compagnie Andaluza <strong>de</strong> Danza. Aujourd’hui, à nouveau, la<br />

Compagnie Antonio Ga<strong>de</strong>s remet en scène l’une <strong>de</strong>s meilleures<br />

oeuvres espagnoles <strong>du</strong> théâtre dansé, oeuvre avant-gardiste <strong>du</strong> XXe<br />

siècle, un classique <strong>de</strong> la danse contemporaine.


<strong>Noces</strong> <strong>de</strong> Sang<br />

Le scénario<br />

Scène 1 : La mère ai<strong>de</strong> le fiancé à vêtir son habit <strong>de</strong> cérémonie.<br />

Elle découvre qu’il porte, caché dans ses vêtements, un couteau. À<br />

sa question, le fiancé répond que le couteau n’est pas là dans une<br />

intention funeste, mais pour couper quelques fleurs. La mère – qui<br />

voit et entend dans le galop d’un cheval qui passe un mauvais<br />

présage – lui retire le couteau.<br />

Scène 2 : Chantant tristement la femme <strong>de</strong> Leonardo berce son<br />

enfant. Elle entend le galop d’un cheval – celui que la mère a<br />

enten<strong>du</strong> -. Entre Leonardo ; ensemble ils engagent une danse,<br />

dialogue <strong>de</strong> jalousie et <strong>de</strong> répriman<strong>de</strong>s.<br />

Scène 3 : Leonardo reste seul, cherchant au loin l’image d’une<br />

femme. Sa pensée efface les distances, et son désir se matérialise :<br />

apparaît la fiancée, et commence la danse <strong>de</strong> l’amour caché.<br />

Scène 4 : La noce… Les fiancés dansent ensemble, parmi les rires<br />

et les cris <strong>de</strong> joie <strong>de</strong>s amis. Leonardo est seul, insensible à la fête.<br />

Sa femme danse un instant avec un proche parent ; il en profite<br />

pour inviter la fiancée. Quelqu’un chante pour dissimuler la tension.<br />

La fiancée quitte la fête. La femme <strong>de</strong> Leonardo la suit, puis revient,<br />

donnant la nouvelle : Leonardo et la fiancée se sont enfuis dans la<br />

nuit. La mère reprend le couteau qu’elle confie au fiancé, le<br />

poussant à poursuivre Leonardo et à le tuer.<br />

Scène 5 : Leonardo fuit à cheval. Accrochée à lui, la fiancée. Ils<br />

disparaissent. Le fiancé et quelques jeunes <strong>du</strong> village les<br />

poursuivent, puis les rattrapent. Ils se rencontrent et s’affrontent.<br />

La fiancée tente <strong>de</strong> s’interposer. Ils la repoussent,<br />

sortant les couteaux.<br />

Scène 6 : La lutte commence alors en silence, intense,<br />

interminable, longue comme une agonie. Cela ressemble à une<br />

danse étrange, celle <strong>de</strong> la mort. Leonardo plante son couteau dans<br />

le ventre <strong>du</strong> fiancé ; dans le même mouvement, celui-ci a frappé<br />

son rival au cœur. Avant qu’ils ne tombent, la fiancée les enlace<br />

tous les <strong>de</strong>ux.


<strong>Noces</strong> <strong>de</strong> Sang<br />

et<br />

<strong>Suite</strong> Flamenca<br />

Les solistes<br />

Stella ARAUZO<br />

Directrice artistique <strong>de</strong> la compagnie ANTONIO GADES<br />

Née à Madrid, Stella Arauzo débute la danse dès l’âge <strong>de</strong> quatre ans,<br />

ce qui révèle une passion innée pour cet art. A l’âge <strong>de</strong> neuf ans, elle<br />

commence à travailler avec la gran<strong>de</strong> danseuse Mariemma et, dès sa<br />

quinzième année, entre dans la vie professionnelle au sein <strong>de</strong>s<br />

compagnies <strong>de</strong> Maria Rosa et <strong>de</strong> Rafaël Aguilar. A dix sept ans, elle est<br />

remarquée par Antonio Gadès qui l’engage dans sa compagnie et lui<br />

confie le rôle <strong>de</strong> la mère dans son ballet <strong>Noces</strong> <strong>de</strong> Sang. A partir <strong>de</strong><br />

1988, Stella Arauzo interprète le rôle <strong>de</strong> Carmen dans la chorégraphie<br />

d’Antonio Gadès et remplace Cristina Hoyos. C’est au Brésil qu’elle<br />

danse pour la première fois ce rôle si éclatant, qui correspond à son<br />

tempérament. Elle interprète également le rôle féminin principal<br />

Can<strong>de</strong>las dans Fuego, spectacle qu’Antonio Gadès créa au <strong>Théâtre</strong> <strong>du</strong><br />

Châtelet à Paris en janvier 1989. Elle danse ensuite avec la compagnie<br />

<strong>de</strong> Rafaël Aguilar le ballet Rango à la Biennale <strong>de</strong> Venise, et retourne<br />

dans la compagnie Antonio Gadès en décembre 1994, où elle retrouve<br />

son rôle <strong>de</strong> Carmen qu’elle dansera jusqu’en 1999. A la même pério<strong>de</strong><br />

elle participe à la création <strong>de</strong> Fuente Ovejuna. Au cours <strong>de</strong> ces<br />

<strong>de</strong>rnières années, elle travaille avec les plus grands danseurs comme<br />

Manolete et Juan Andrés Maya. Elle règle les chorégraphies <strong>de</strong><br />

Flamenco Libre et l’Amour Sorcier en Suisse et participe au<br />

tournage <strong>du</strong> film Callas for ever sous la direction <strong>de</strong> Franco Zeffirelli.<br />

Elle effectue également une tournée en Europe avec le guitariste Paco<br />

Pena et se pro<strong>du</strong>it aux Arènes <strong>de</strong> Vérone avec la compagnie <strong>de</strong><br />

Camborio. En 2002, elle est l’assistante <strong>de</strong> Mario Maya et commence à<br />

enseigner à l’Ecole Carmen <strong>de</strong> las Cuevas <strong>de</strong> Grena<strong>de</strong>, où elle donne<br />

<strong>de</strong>s “masters classes“. En 2004, elle revient sur scène et concilie <strong>de</strong>s<br />

représentations au Tablao Marbelli sous la direction artistique <strong>de</strong><br />

Rincon <strong>de</strong> Chinitas avec celles <strong>de</strong> La Passion <strong>du</strong> chorégraphe Juan<br />

Andrés Maya. La Fondation Antonio Gadès l’engage dès septembre<br />

2004 et lui confie la fonction <strong>de</strong> directrice artistique, maîtresse <strong>de</strong><br />

ballet et l’interprétation <strong>du</strong> rôle <strong>de</strong> Carmen et soliste principale dans<br />

<strong>Suite</strong> Flamenca au sein <strong>de</strong> la nouvelle compagnie Antonio Gadès.


<strong>Suite</strong> Flamenca<br />

Les différentes pièces qui cinq années plus tard allaient composer la<br />

<strong>Suite</strong> Flamenca ont pris naissance sur la base <strong>de</strong>s danses avec<br />

lesquelles Antonio Ga<strong>de</strong>s commença sa carrière <strong>de</strong> soliste dans les<br />

années 1963 : huit danses <strong>de</strong> flamenco traditionnel interprétées<br />

avec le cachet et le style unique <strong>de</strong> Ga<strong>de</strong>s. Cette suite fut<br />

interprétée par les artistes <strong>de</strong> la compagnie qui, à l’époque,<br />

comprenait entre autres Cristina Hoyos – sa partenaire pendant plus<br />

<strong>de</strong> 20 ans - qui à son tour avait remplacé Curra Jiménez, la<br />

partenaire d’Antonio <strong>de</strong>s premières années.<br />

<strong>Suite</strong> Flamenca se compose d’une série <strong>de</strong> danses qui d’une<br />

manière surprenante révèlent tout l’esthétisme <strong>de</strong> la danse<br />

flamenco : solos, <strong>du</strong>os, danses en groupe …, tous les angles <strong>du</strong><br />

flamenco selon Antonio Ga<strong>de</strong>s. C’est une excellente opportunité <strong>de</strong><br />

voir le flamenco dansé comme il ne l’est plus. D’un style avantgardiste<br />

à l’époque, il est aujourd’hui perçu comme un classique.<br />

Chorégraphie<br />

Antonio Gadès 1, 2, 4, 5, 6, 8, 9<br />

Cristina Hoyos 3, 7<br />

Lumière<br />

Antonio Ga<strong>de</strong>s<br />

Espace scénique et costumes<br />

Francisco Nieva<br />

Musiques<br />

Emilio <strong>de</strong> Diego<br />

Antonio Solera<br />

Antonio Ga<strong>de</strong>s<br />

Création<br />

1974, Teatro Olimpico à Rome<br />

Durée<br />

55 minutes<br />

1. BULERIAS la compagnie<br />

2. MARTINETE chant : Juanares<br />

3. SOLEA A.HIDALGO, A. MULERO, Stella ARAUZO<br />

4. SEGUIRIYA Maïte CHICO, Joaquin MULERO<br />

5. FARRUCA Adrian GALIA<br />

6. ZAPATEADO danseurs<br />

7. TANGUILLOS danseuses<br />

8. TANGOS Adrian GALIA, Stella ARAUZO et la cie<br />

9. RUMBA la compagnie


La Fondation Antonio Gadès<br />

Quelques mois avant son décès, Antonio Gadès avait créé<br />

une Fondation dans le but <strong>de</strong> protéger et perpétuer ses<br />

œuvres afin qu’une meilleure connaissance <strong>de</strong> la danse<br />

espagnole puisse profiter au mon<strong>de</strong> entier.<br />

Dévouée aux objectifs et instances <strong>de</strong> cette Fondation, la compagnie<br />

Antonio Ga<strong>de</strong>s est aujourd’hui seule habilitée à mettre en scène les ballets<br />

<strong>du</strong> chorégraphe d’Alicante, afin <strong>de</strong> maintenir intact l’esprit et les directives<br />

originales dans lesquelles ses œuvres furent conçues.<br />

Sous la direction<br />

- artistique <strong>de</strong> Stella Arauzo, - qui a dansé pendant <strong>de</strong> nombreuses<br />

années avec Gadès et a succédé à Cristina Hoyos dans l’interprétation <strong>du</strong><br />

rôle <strong>de</strong> Carmen -,<br />

- technique <strong>de</strong> Dominique You - aussi bien en tant qu’éclairagiste et bras<br />

droit <strong>du</strong> Maître -,<br />

la compagnie a été formée avec plusieurs membres <strong>de</strong> l’ ancienne<br />

compagnie. Avec un esprit rigoureusement fidèle, ils ont su transmettre<br />

aux nouveaux artistes engagés les gran<strong>de</strong>s lignes qui ont caractérisé<br />

l’œuvre <strong>de</strong> Ga<strong>de</strong>s, y compris les plus profon<strong>de</strong>s inquiétu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> l’être<br />

humain, avec un langage esthétique dépouillé et enraciné dans les<br />

traditions et la culture <strong>du</strong> peuple espagnol.<br />

Après s’être pro<strong>du</strong>ite au théâtre <strong>de</strong> Rome avec Carmen et en tournée<br />

constante <strong>de</strong>puis 2005, la compagnie Antonio Ga<strong>de</strong>s a remonté Carmen,<br />

<strong>Noces</strong> <strong>de</strong> Sang, <strong>Suite</strong> Flamenco, Fuenteovejuna et s’apprête à<br />

remonter l’Amour Sorcier / Fuego<br />

En reconnaissance <strong>de</strong> son travail, mais aussi en tenant compte <strong>de</strong><br />

l’importante fréquentation à ses différentes pro<strong>du</strong>ctions en Espagne, la<br />

compagnie s’est vu décerner plusieurs prix, Le Giraldillo d’Or <strong>de</strong> la<br />

Biennale <strong>du</strong> Flamenco <strong>de</strong> Séville, le Prix Demofilo <strong>de</strong> la Fondation<br />

Machado et le Prix <strong>du</strong> Teatro Rojas <strong>de</strong> Tolè<strong>de</strong>, qui est la fierté <strong>de</strong> la<br />

compagnie puisque octroyé par le public.<br />

Depuis novembre 2006, la compagnie Antonio Gadès est en<br />

rési<strong>de</strong>nce à Getafe.


Depuis 35 ans ….<br />

Dans les années 70, le public découvrait la nouvelle troupe d'Antonio Gadès<br />

dans une adaptation chorégraphique <strong>de</strong> la pièce <strong>de</strong> Garcia Lorca, <strong>Noces</strong> <strong>de</strong><br />

Sang.<br />

Dans les années 80, nouvelle découverte, avec une vision très personnelle et<br />

sé<strong>du</strong>isante <strong>de</strong> Carmen, qui allait triompher dans le mon<strong>de</strong> entier. Ces <strong>de</strong>ux<br />

ballets firent ensuite l'objet <strong>de</strong> versions cinématographiques réalisées par Carlos<br />

Saura, la <strong>de</strong>rnière étant primée par <strong>de</strong>ux fois au Festival <strong>de</strong> Cannes.<br />

Enfin, en 1989, naissait Fuego, inspiré <strong>de</strong> L'amour sorcier <strong>de</strong> Manuel <strong>de</strong> Falla.<br />

Ce ballet suivait en quelque sorte le cheminement inverse, puisqu'il s'agissait<br />

d'une version scénique d'un film <strong>du</strong> même Saura tournée en 1988.<br />

En 1995, après trois années sabbatiques, Antonio Gadès, le chorégraphe, le<br />

metteur en scène, le danseur conçoit un nouveau et admirable spectacle,<br />

FuenteOvejuna, inspiré <strong>du</strong> drame <strong>de</strong> Lope <strong>de</strong> Vega. Créée en Italie en<br />

décembre 1994, cette pièce est ensuite présentée en Espagne et en France,<br />

avant <strong>de</strong> parcourir le mon<strong>de</strong>. Une nouvelle étape, essentielle, dans la pro<strong>du</strong>ction<br />

<strong>du</strong> grand créateur espagnol, considérée par la critique internationale comme un<br />

nouveau chef-d'oeuvre. Le public parisien avait pu découvrir cette <strong>de</strong>rnière<br />

création au printemps 96 au Palais <strong>de</strong>s Sports et retrouver avec le même intérêt<br />

et la même émotion l'inoubliable Carmen.


ANTONIO<br />

G A D E S<br />

( Biographie - version courte )<br />

Antonio Gadès est né en 1936 à Elba, province d’Alicante. Il a un an et <strong>de</strong>mi quand son<br />

père est fusillé. Contre toute attente et en dépit <strong>du</strong> coup <strong>de</strong> grâce, celui-ci survit. Peu<br />

après, la famille s’installe à Madrid. Le métier <strong>de</strong> son père, mosaïste, rapportant très<br />

peu, Antonio commence l’apprentissage <strong>de</strong> la vie d’a<strong>du</strong>lte dans les arrière-boutiques <strong>de</strong><br />

photographes. Il s’y ennuie à mourir. A treize ans, il fait, selon son expression,<br />

« l’expérience d’autres arrière-boutiques », celles <strong>du</strong> journalisme, mais cela <strong>du</strong>re peu.<br />

Antonio Gadès commence à s’intéresser à la danse et entre à l’Académie en 1952. Il<br />

obtient son diplôme en moins d’un an et entre dans la troupe <strong>de</strong> Pilar Lopez qu’il<br />

considère toujours comme son véritable professeur. Je ne savais rien, mais je pouvais<br />

imiter tout ce que faisaient les autres, dit-il. J’étais heureux, j’avais un corps d’athlète et<br />

un <strong>sang</strong> généreux ; c’est comme si j’avais eu un taureau à l’intérieur !<br />

Il la quitte en 1960 pour réaliser une chorégraphie <strong>du</strong> Boléro <strong>de</strong> Ravel avec Antonio<br />

Gaudi à l’Opéra <strong>de</strong> Rome. “Ce furent là <strong>de</strong>s jours actifs, commente-t-il, pleins <strong>de</strong> projets<br />

accomplis, d’aventures, <strong>de</strong> fièvres rapi<strong>de</strong>s”.<br />

A la même époque, il fait une création pour le Festival <strong>de</strong> Spoleto, puis accepte les<br />

fonctions <strong>de</strong> premier danseur, <strong>de</strong> chorégraphe et <strong>de</strong> maître <strong>de</strong> ballet à la Scala <strong>de</strong> Milan.<br />

Antonio Gadès estime que ce fut là sa seule erreur. Il part avec l’Actor’s Studio qui était<br />

<strong>de</strong> passage et fait un bref séjour à Paris. Il retourne dans son pays et réunit quelques<br />

danseurs. Il profite d’un contrat à New- York pour augmenter le nombre <strong>de</strong> danseurs et<br />

forme ainsi le noyau central <strong>de</strong> ce qui sera sa compagnie <strong>de</strong> ballet.<br />

Au cours <strong>de</strong> la saison 1968-69, il reçoit à Paris, au <strong>Théâtre</strong> <strong>de</strong>s Nations, le Prix <strong>de</strong> la<br />

Critique qui marque sa consécration. Il se pro<strong>du</strong>it alors avec sa compagnie dans le<br />

mon<strong>de</strong> entier. En 1978, il est nommé directeur <strong>du</strong> Ballet National d’Espagne. Il forme<br />

ensuite une nouvelle compagnie au sein <strong>de</strong> laquelle se retrouvent quelques danseurs <strong>de</strong>s<br />

précé<strong>de</strong>ntes troupes comme Cristina Hoyos, Juan Antonio Jimenez, Pilar Car<strong>de</strong>nas,<br />

Enrique Esteve ainsi que le guitariste et compositeur Emilio <strong>de</strong> Diego. Il monte alors le<br />

ballet <strong>Noces</strong> <strong>de</strong> Sang inspiré <strong>de</strong> l’ œuvre <strong>de</strong> Fédérico Garcia Lorca. Carlos Saura qui<br />

assiste à une répétition lui propose d’en faire un film. Programmé au <strong>Théâtre</strong> <strong>de</strong> Paris en<br />

février 82, ce ballet et <strong>Suite</strong> <strong>flamenca</strong> obtiennent un véritable triomphe.<br />

Cette collaboration se renouvelle avec Carmen dont ils signent ensemble le ballet et le<br />

film. Antonio Gadès et sa troupe créent le ballet au <strong>Théâtre</strong> <strong>de</strong> Paris qui <strong>de</strong>vient un peu<br />

le leur en mai 1983 alors que le film obtient <strong>de</strong>ux prix au Festival <strong>de</strong> Cannes.<br />

Au cinéma, Antonio Gadès a travaillé comme danseur et chorégraphe dans :<br />

- Los Tarantos ( Rovira Beleta )<br />

- Con el viento solano ( Mario Camus )<br />

- El ultimo encuentro ( Anton Eceiza )<br />

- Amor brujo ( Rovira Beleta )<br />

- Los dias <strong>de</strong>l pasado ( Mario Camus )<br />

- Fortunata y Jacinta ( Angelino Fons )<br />

- Con el culo al aire ( Carlos Mira )<br />

- Bodas <strong>de</strong> <strong>sang</strong>re ( <strong>Noces</strong> <strong>de</strong> <strong>sang</strong> - Carlos Saura ).<br />

Dans Carmen, sa participation va plus loin, puisqu’il s’y révèle en outre, acteur et coréalisateur.<br />

Antonio Gadès est décédé en juillet 2004.


( Biographie - version longue )<br />

Je suis né en novembre 1936 dans la province d’Alicante, à l’extrême pointe <strong>de</strong>s terres<br />

catalanes. Ma famille est une famille d’ouvriers. Ma mère travaillait dans la chaussure,<br />

mon père dans la mosaïque. Il était communiste, et il s’engagea dans les rangs<br />

républicains comme volontaire pour la défense <strong>de</strong> Madrid, un mois avant ma naissance.<br />

J’ai grandi à Madrid, commençant à travailler à l’âge <strong>de</strong> onze ans. J’ai été groom. J’ai<br />

servi d’assistant à un photographe et j’ai fait <strong>de</strong> petits travaux également à l’ABC<br />

(journal espagnol). En sortant <strong>du</strong> laboratoire, j’allais au journal et, en sortant <strong>du</strong> journal,<br />

je transportais <strong>de</strong>s fruits. C’est avec l’argent gagné en manipulant <strong>de</strong>s cageots que je me<br />

suis payé mes premiers cours <strong>de</strong> danse dans une académie qui se trouvait là par<br />

bonheur. J’étais prêt à tout essayer et j’essayais tout pour m’en tirer : le cyclisme, le<br />

football... Plus tard même, j’ai voulu être torero ! Je me suis donc mis à danser pour<br />

échapper à la faim, pas autre chose. Je ne peux pas parler <strong>de</strong> ma vocation... A cette<br />

époque, il m’arrivait <strong>de</strong> danser comme font les enfants, sur la musique <strong>de</strong>s pianos<br />

mécaniques qui passaient dans les rues. C’est une voisine qui m’a remarqué et m’a<br />

conseillé <strong>de</strong> prendre <strong>de</strong>s cours. J’y suis allé. Au bout <strong>de</strong> trois mois, j’obtins un contrat<br />

pour danser je ne sais quoi, <strong>de</strong>s mambos, <strong>de</strong>s danses <strong>de</strong> cabaret, qui n’avaient rien à<br />

voir avec le flamenco.<br />

J’allai alors à Santan<strong>de</strong>r, puis à Barcelone, accompagnant une bailarina. C’était en 1952.<br />

J’avais seize ans... Par bonheur, quelqu’un me vit et me recommanda à Pilar Lopez.<br />

Celle-ci m’appela à Madrid et m’engagea aussitôt, faisant <strong>de</strong> moi, dans l’année qui suivit,<br />

le premier danseur <strong>de</strong> sa troupe. Je <strong>de</strong>meurai avec elle jusqu’en 1961, date à laquelle je<br />

partis pour Rome.<br />

Mon départ pour l’Italie représente une autre étape. J’allais collaborer à une<br />

chorégraphie <strong>du</strong> Boléro <strong>de</strong> Ravel réglée par Anton Dolin... J’avais acquis une formation<br />

classique et j’apportais mon expérience <strong>de</strong> danseur espagnol. Anton Dolin imaginait le<br />

pas et je le corrigeais pour lui donner <strong>du</strong> caractère. Après quoi, je participai au festival<br />

<strong>de</strong> Spolete à l’invitation <strong>de</strong> Gian Carlo Menotti. Je montai un ballet avec Carla Fracci et<br />

Milorad Miskovitch.<br />

Ce fut la Pavane pour une infante défunte et le Retable <strong>de</strong> Don Cristobal. Nous<br />

avions là une très bonne compagnie avec laquelle j’ai fait une tournée en Italie, puis je<br />

suis allé monter l’Amour sorcier <strong>de</strong> Falla à la Scala <strong>de</strong> Milan où je donnais aussi <strong>de</strong>s<br />

classes. J’eus alors l’occasion <strong>de</strong> régler <strong>de</strong>s danses pour l’Opéra Carmen, œuvre qui<br />

m’est maintenant familière... J’avais déjà dansé une Carmen aux Arènes <strong>de</strong> Vérone en<br />

1957 avec Pilar Lopez, et cela avait même été mon vrai début au ballet, avec un pas-<strong>de</strong><strong>de</strong>ux<br />

sur le Songe <strong>de</strong> Turina. Puis je réglai une autre Carmen plus tard, avec Menotti.<br />

Je fis enfin celle avec Saura et les danses pour le film <strong>de</strong> Francesco Rosi...<br />

Cette année italienne écoulée, j’allai vivre à Paris. Je ne me souciais ni <strong>de</strong> danser ni <strong>de</strong><br />

chorégraphier. Je pris <strong>de</strong>s cours chez Mme Nora et Mme Tikanova. Je me mis à regar<strong>de</strong>r<br />

avec beaucoup d’attention la peinture contemporaine. Je passais mon temps avec <strong>de</strong>s<br />

amis qui étaient <strong>de</strong> bons connaisseurs et je rencontrai Mme Atlan, Sonia Delaunay,<br />

Serge Poliakoff, Hans Hartung. Jacques Damase songeait alors à un ballet pour Spoleto.<br />

Il aurait aimé y intégrer <strong>de</strong>s œuvres picturales <strong>de</strong> ces différents créateurs, mais je<br />

connus une crise sentimentale qui fit échouer ce projet.<br />

Je retournai à Madrid où je fondai ma première compagnie. Elle comprenait <strong>de</strong>ux<br />

danseurs, une danseuse, un guitariste, un chanteur et nous avons fait nos débuts à<br />

Barcelone où j’obtins un grand succès dans un Tablao Flamenca qui se nommait Los<br />

Tarantos. Ce succès fut décisif. Je fus reconnu par le milieu artistique et intellectuel.<br />

Juan Miro, Antoni Tapia, Joan Brossa m’aidèrent, et j’obtins un contrat pour Madrid et<br />

une fois à Madrid, un autre contrat pour participer à l’exposition mondiale <strong>de</strong> New York.<br />

Cela se décida en moins d’un an entre juillet 1963 et mars 1964, date à laquelle je


etournai aux Etats-Unis avec une compagnie <strong>de</strong> quinze personnes. Je compris qu’il<br />

fallait que les chorégraphes espagnols per<strong>de</strong>nt leurs complexes. Nous <strong>de</strong>vions être <strong>de</strong>s<br />

créateurs libres. Si le chorégraphe s’est préparé, s’il a une connaissance profon<strong>de</strong> <strong>de</strong> sa<br />

culture, il doit pouvoir logiquement en donner la tra<strong>du</strong>ction la plus propre et la plus pure.<br />

Le seul problème est un problème d’esthétique...<br />

Je suis <strong>de</strong>venu danseur par hasard. J’aime le théâtre, la danse, mais j’aime beaucoup<br />

moins paraître en scène. Je préfère la place <strong>du</strong> chorégraphe, la construction, le travail<br />

mécanique. Le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s artistes ne me plaît pas. J’y vois trop <strong>de</strong> gens vivre d’une<br />

façon fausse, beaucoup trop détachés <strong>du</strong> réel et <strong>de</strong> l’humanité. Je déteste le ve<strong>de</strong>ttariat,<br />

cette inclination à se croire génial, un <strong>de</strong>mi-dieu, et je trouve la plupart <strong>du</strong> temps les<br />

danseurs bien banals. Je préfère les poètes, les peintres...<br />

Je n’aime que le travail. Et, dans le travail, je cherche comme à atteindre l’origine <strong>de</strong><br />

l’homme qui s’est fait en travaillant. Je passe ma vie à cet acharnement qui me justifie.<br />

Il s’agit <strong>de</strong> l’effort physique, mais aussi <strong>de</strong> la pensée, un effort intellectuel, sans<br />

référence aux dieux. Lorsqu’on dit <strong>de</strong> moi que je suis un artiste, je ne sais quoi penser.<br />

Tous les gens qui paraissent sur les planches ne sont pas <strong>de</strong>s artistes et, plutôt que <strong>de</strong><br />

m’affirmer tel, je préfère me présenter comme un travailleur. Si j’éveille l’émotion, tant<br />

mieux. Il est dans la tradition <strong>du</strong> flamenco d’exprimer le sentiment. La danse s’est<br />

beaucoup écartée <strong>de</strong> ce qu’elle était à l’origine, expression d’un état d’âme. On dansait<br />

<strong>de</strong> joie. On trépignait <strong>de</strong> rage. L’homme a transformé peu à peu cette explosion<br />

d’énergie en pirouettes, sauts, figures raffinées dont souvent on ne saisit plus la raison.<br />

Peu importe le pourquoi <strong>du</strong> bond, il est apprécié pour lui-même... Que l’on ne voie<br />

surtout pas là une condamnation <strong>de</strong> toute danse classique. Plus que tout, me plaît la<br />

liberté et je veux que chacun puisse s’exprimer comme il l’entend.<br />

Si le flamenco doit être exécuté avec une certaine spontanéité, cela n’implique nullement<br />

le relâchement, non plus l’improvisation. Observez les bons danseurs ! On est obligé <strong>de</strong><br />

remarquer qu’ils savent parfaitement <strong>de</strong>ux ou trois pas, à partir <strong>de</strong> quoi ils bâtissent<br />

toute leur danse. Ces danseurs ne sont pas, en général, <strong>de</strong>s danseurs “largos”, d’une<br />

gran<strong>de</strong> richesse <strong>du</strong> point <strong>de</strong> vue <strong>du</strong> répertoire gestuel. Ils ont un vocabulaire<br />

relativement pauvre : <strong>de</strong>ux ou trois figures héritées <strong>de</strong> la tradition et qu’ils répètent<br />

toute leur vie. Il faut parler avec pru<strong>de</strong>nce et inspiration car les schémas <strong>de</strong> base sont<br />

bien définis. Et prenons gar<strong>de</strong> à ne pas attacher cet art à une race ! Certes, les gitans<br />

ont souvent une grâce, un sens rythmique particuliers, mais tous les gitans <strong>du</strong> mon<strong>de</strong> ne<br />

dansent pas le flamenco. Voyez ceux <strong>de</strong> Valence ou <strong>de</strong> Marseille ! Le flamenco se danse<br />

dans une région précise d’Andalousie, Jerez, Cadix, Séville et dans cette région<br />

seulement. De plus, il est dansé par <strong>de</strong>s gitans et <strong>de</strong>s non-gitans - gitanos et payos - je<br />

suis payo. Et il y eut <strong>de</strong> bons danseurs et <strong>de</strong> bonnes danseuses parmi les payos.<br />

Bien <strong>de</strong>s chanteurs aussi n’étaient pas gitans. Par contre, à Jerez, au Puerto <strong>de</strong> Santa<br />

Maria, à Cordoue, Grena<strong>de</strong>, la tradition déjà faiblit. Le cante vient d’Utrera. Une <strong>de</strong>s<br />

personnes qui a fait le plus pour le flamenco, Pilar Lopez, m’a permis <strong>de</strong> connaître cette<br />

région. A Madrid également fut fondée une école où sont venus les meilleurs artistes<br />

d’Andalousie mais, sur le flamenco, on sent aussi l’influence castillane... Vicente<br />

Escu<strong>de</strong>ro était originaire <strong>de</strong> Valladolid où vivaient <strong>de</strong> nombreux gitans. Ce sont eux qui<br />

l’ont initié. Je l’ai rencontré en 1955 avec Pilar Lopez, mais c’est en 1963 que je l’ai<br />

surtout connu. Avec la Argentina, cet homme a porté le flamenco <strong>de</strong> la fête <strong>de</strong> village à<br />

la scène <strong>de</strong> théâtre. On ne pouvait même pas parler <strong>de</strong> flamenco <strong>de</strong> tablao car c’étaient<br />

souvent <strong>de</strong> pauvres gens qui essayaient <strong>de</strong> gagner leur vie avec <strong>de</strong>ux pas <strong>de</strong> faruca et<br />

un peu <strong>de</strong> zapateado.<br />

La Argentina et Vicente Escu<strong>de</strong>ro pensèrent que l’on pouvait faire mieux. J’ai beaucoup<br />

parlé avec Vicente. Il disait que j’étais un “ladrone <strong>de</strong> oido”, que j’avais l’oreille à l’affût.<br />

Il m’apprit la position <strong>de</strong> la main. Je vous assure que j’ai tiré profit <strong>de</strong> ces échanges.<br />

Vicente Escu<strong>de</strong>ro était un homme très digne et il le resta jusqu’à la mort, une sorte <strong>de</strong>


chevalier. J’aimais son arrogance <strong>de</strong>vant la vie, son attitu<strong>de</strong> exemplaire. Il a lutté contre<br />

le franquisme sans dire un mot, par le simple refus <strong>de</strong> collaborer à quoi que ce soit<br />

d’officiel. Sur le plan <strong>du</strong> style, on peut se faire une idée <strong>de</strong> ce que fut son caractère<br />

inventif à travers les photographies. Il conçut une nouvelle esthétique. Il fut sans doute<br />

le premier à danser les bras levés. Auparavant, on ne tirait pas <strong>de</strong>s bras beaucoup<br />

d’effets. On tenait les mains posées à hauteur <strong>de</strong> la ceinture afin d’accor<strong>de</strong>r toute<br />

l’attention aux pieds. On claquait les doigts... Nous nous ressemblions physiquement. Il<br />

avait aussi beaucoup <strong>de</strong> goût pour les arts plastiques et il peignait <strong>de</strong> petites silhouettes<br />

dansantes. Il admirait Berruguete et les imagineros, les peintres <strong>de</strong> statues polychromes.<br />

Il avait une passion pour les figures <strong>de</strong> Rouault. Il est mon maître.<br />

... Croire que le flamenco n'est qu' une affaire<br />

<strong>de</strong> tempérament et d'intuition est une erreur :<br />

à quoi bon lancer <strong>de</strong>s coups <strong>de</strong> pied,<br />

se dépeigner, secouer ses jupes à tort et à travers,<br />

Propos recueillis par Pierre Lartigue<br />

chasser les mouches avec ses mains,<br />

en remuant la tête avec rigidité, d'un côté, <strong>de</strong> l'autre,<br />

comme ces oiseaux que l'on appelle également flamencos : flamants...<br />

... La danse n'admet ni frivolité, ni fioritures.<br />

Si l'on danse la Seguiriya,<br />

il faut le faire avec le cœur, sans respirer,<br />

ou mieux, il faut que le cœur interdise que l'on respire :<br />

sous cette forme seulement je serais capable <strong>de</strong> danser<br />

dans un temple sans le profaner...<br />

... Moins <strong>de</strong> farces, messieurs,<br />

l'art jondo est une chose très sérieuse !<br />

Certains auteurs en sont venus à qualifier cet art<br />

<strong>de</strong> mystérieux et même à dire qu'il y avait là <strong>du</strong> "<strong>du</strong>en<strong>de</strong>",<br />

je ne sais quoi encore.<br />

En réalité, il y a peut-être un secret mais,<br />

si cet art était enseigné en toute bonne foi,<br />

le secret serait rapi<strong>de</strong>ment percé ;<br />

dans le cas contraire il en coûte <strong>de</strong> nombreuses années<br />

pour parvenir à le démêler...<br />

... J'aimerais danser comme un véritable inconscient<br />

<strong>de</strong>vant un orchestre qui aurait per<strong>du</strong> ses partitions,<br />

et donc où chaque musicien jouerait ce qui lui passerait par la tête.<br />

Ce serait encore mieux s'ils ne connaissaient pas la musique...<br />

... L'inconnu m'a toujours attiré et je voudrais le trouver,<br />

même si je <strong>de</strong>vais gaspiller pour cela<br />

une montagne d'allumettes...<br />

Vicente Escu<strong>de</strong>ro<br />

Vicente Escu<strong>de</strong>ro au <strong>Théâtre</strong> <strong>de</strong>s Champs-Élysées en 1954


à Antonio Gadès<br />

<strong>du</strong> poète<br />

Rafael Alberti<br />

Antonio Gadès<br />

ce que je te dis<br />

il te le dirait mieux<br />

Fe<strong>de</strong>rico.<br />

Que tu pleures en ta danse<br />

que la flamme qui soulève<br />

tes bras est jaune.<br />

Cela, moi,<br />

je le sais.<br />

Il te le dirait mieux,<br />

Fe<strong>de</strong>rico.<br />

Que l'air <strong>de</strong>scend à tes pieds<br />

et le cœur en éclats<br />

te remonte dans la gorge.<br />

Cela, moi,<br />

je le pense.<br />

Il te le dirait mieux,<br />

Fe<strong>de</strong>rico.<br />

Que tu maigris, que tu trembles.<br />

que tu te plies, que tu te casses<br />

et t'exaltes comme un couteau.<br />

cela, moi,<br />

je le sais bien.<br />

Il te le dirait mieux,<br />

Fe<strong>de</strong>rico.<br />

Mais lui n'est pas là. Pour cela.<br />

Antonio Gadès, je te dis :<br />

Ce que moi,<br />

je t'ai dit,<br />

il te l'aurait mieux dit<br />

Fe<strong>de</strong>rico.

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