des Orientaux?. - Notes du mont Royal

Notes du mont Royal 

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LES PAROLES 

REMARQUABLES, 

LES BONS MOTS, 

E T 

LES MAXIMES 

DES 

ORIENTAUX. 

TraduSlion de leurs Ouvrages e,n- 

Arabe, enPerfan,

•\ X 

r HTBLTOTltECL\l 

REGI A 

IMOXACENSI&

MONSEIGNEUR 

BIGNON, 

Premier Prefident au 

Grand Confeil. 

ONSEIGNEUR, 

Si jeprensla libertédevous 

frefenter ce petit Ouvrage, ce 

n'eft point parce que vous êtes à 

la tête d'une Compagnie Souveraine 

des plus augufles du 

"Royaume ., ni parce que vous 

avez hérité du mérite > de la 

* 2 dotfri*

E PI STRE. 

doBrine & de Vamour pour les 

belles Lettres de feu M. Bignon 

•vôtre illujlre Père _, & que 

vous êtes diflingue dans la Robe 

& dans le monde par tant 

Neutres belles qualités. Je fuis 

en cela Vexemple desOrientaux 

qui de toute ancienneté'jufques 

à nos jour s chacunfuivant leur 

pouvoir j ont fait &font encore 

des préfens à ceux de qui ils ont 

reçu des faveurs. Les bontés 

que vous avez pour moi 3 parmi 

Mfquelles je compte comme 

une grâce toute particulière celle 

de m?avoir donné Ventrée à 

la dofte AJ]emblée à laquelle 

vous préjidés fi dignement y 

m'obligent d'avoir cette reconnotjfance. 

Si parmi vos occupations 

four le bien du Public vous avés

E P I S T R E. 

*ves le tems de parcourir ce Recueil 

jfejpere qu'il ne vous déplaira 

point; parce qu'il contient 

des chofes qu'on peut regarder 

comme nouvelles, puifque 

très-peu de perfimes ont 

VinteUigence 4e* Originaux 

d'où elles font tirées: Néanmoins 

quelquefatisfaMim qu'il 

puiffè vous donner, jettojèpai 

le regarder comme un préjm 

digne de vous. Mais 1 ., quand 

il n 'enjèrort pas digne, je vous 

fupplie ± MottSËKïtfJËtn*'

AVERTISSEMENT 

îEt Ouvrage renferme 

deux parties, Tune 

des Paroles remarquables 

& des bons Mots des 

-Orientaux, & l'autre de 

leurs Maximes. LeLefteur 

qui aura quelque connoiffancedes 

Ouvrages des Anciens, 

remarquera fans peine 

que le premier titre eft 

,1'jnterptetation ou l'explication, 

de celui d'Apophthegr 

mes fous lequel Plutarque 

nous a laifle les Paroles remarquables 

& les bons.Mpts 

des anciens Rois, des Capitaines 

Grecs & Romains -& 

des Lacedemoniens. Le titre 

de, DiÏÏa memoratu digna; 

c'eft-

tyfvertijjement, 

c'eft-à-dire, de paroles dignes 

de mémoire, que Valere 

Maxime a donné en partie 

au Recueil que nous avons 

de lui, n'en eft pas aufli 

beaucoup différent. 

- Le deflein de Plutarque 

dans fcs Apophthegmes , 

comme il le marque, en lcfc 

addreffant à PEmpercur 

Trajanjfut de faire voir quel 

étoit l'efprit de ces grands 

hommes. Mon deflein eft 

aufli de faire connoître quel 

eft l'efprit & le génie desOirientaux. 

Et comme les Paroles 

remarquables reprefentent 

la droiture & l'équité 

de Pâme , & que les'bons 

Mots marquent la vivacité, 

la fubtilité, ou même la naïveté 

dePefprit, onauralieu 

* 4, fous

AvertijJ'etnenu 

fous ce double titre, de con* 

noître que les Orientaux 

m'ont pas Fefprit ni moins 

droit, ni moins vif que les 

peuples du Couchant. 

Sous le nom des Orien» 

*aux,je ne comprens pas feulement 

les Arabes & les Per^ 

lansjmaisencore les Turcs et 

les Tartares, & prefque tous 

les peuples de l'Afie jufques 

à la Chine, Mahometans& 

Païens ou Idolâtres. Les Paroles 

remarquables de Ginghiz 

Khan & d'Ogtaï Khan 

que j'ai rapportées, font foi 

AvertiJJement. 

teCurceôc d'autres Auteurs 

anciens ont fait mention; 

Mais , c'eft ce qui arrive à 

toutes les Nations qui ne 

changent pas le principal caractère 

, fuivant lequel ellct 

penfent & elles agiflent- 

J'attribue auffi aux mêmes 

Orientaux les Maximes qui 

font la féconde Partie -, parce 

qu'elles ne font pas feule* 

ment tirées des Livres Ara» 

bes} mais encore, des Ouvra» 

ges des Perfans & âes Turcs, 

dont les Auteurs ont fuivi 

chacun le génie de leur Na-r 

tion. : 

. > 

Valere Maxime, comme 

il le dit, ne s'étoit pas propo* 

fé de ramafler toutes ks paroles 

remarquables des Rt>mains&des.autrcaNatioos', 

# j par-

Avertiffetnent. 

parce que c'étoit une entreprife 

d'une trop vafte étendue. 

Pour la même raifon ,je 

n'ai pas eu aufli en veuë de 

recueillir toutes les paroles 

remarquables, ni tous les 

bons Mots des Orientaux; 

Néanmoins j fi le Recueil 

que j'en donne présentement 

a le bonheur de plaire , fuivant 

l'intention que j'ai de 

contribuer quelque chofe à 

la curiofité du public, je travaillerai 

avec plaifir à eit 

donner un fécond Volume, 

& pour cela je çonfulterai 

d'autres Originaux que 

ceux que j'ai confultés pour 

recueillir celui-ci. 

J'ai puifé des mêmes Originaux 

ou des connoiflances 

ûej'ai acquifes dans mes 

voya-

A'vertiJJement. 

voyages au Levant, les Remarques 

que j'ai crû neceffaires 

pour l'intelligence entière 

des paroles remarquables 

& des bons Mots qui 

m'ont paru en avoir béfoin. 

Ainfi, elles ne contiennent 

rien que je n'aye lu dans les 

Livres Arabes , Perfans & 

Turcs,ou que je n'aye vu & 

connu par moi-même. Je les 

ai aufli employées à marque» 

le tems auquel vivoient les 

Califes, les Sultans, les Princes 

& les autres perfonnes 

dont il y eft; fait mention, &} 

je l'ai fixé précifément en ré* 

duifantles années de PHegii 

re aux apnées de la naiflanca 

de Jefus-ChrifiV 

J'ai extrait tout cet Ouvrage 

en partie de Livres im* 

pri-

AvertiJfemenU 

primés & en partie de Ma* 

nufcf its. Les Livres impriprimés 

font, FHiftoire des 

Califes par Elmacin 3 1 ' Hiftoire 

des Dynaftics par Abou-lfarage, 

l'une êc l'autre 

en Arabe, & le Goliftad Ouvrage 

de Sadi en Perfârj. 

Les Manufcrits font., le 

Bahariftande Giami en Perfan 

compofé fur le modèle 

duGuliftan. L'Inftru&iot* 

d'un Roi de Mazanderan 

pour fon fils aufïïen Perfan. 

Je parle amplement de cee 

Ouvrage & de fon Auteur 

dans lés Remarques. L'A-, 

brçgé de PHiftoire Mahometaneen 

Perfan fous le titre 

d'Hiftoire choiii&dont il y a 

une Verfion en Turc que j'ai 

consultée. Un autçe Abrégé 

de

Avertijjement. 

delà même Hiftoire auffi eh 

Ferfan par Ommiajahiade 

Cazbin.L'HiftoiredeGing- 

Jiiz Khan en Ferfan par 

Mirkhoiïd faifant partie de 

fon Hiftoire générale comprifeen 

fix Volumes in folio. 

I/Hiftoire en Ferfan de 

Schahroch fils de Tamerlan 

& de fes fuccefleurs par AbdurrizzacEfendi. 

L'Hiftoire 

Univerfelle de Mehemmcd 

Lari ou de la Ville de Lar 

dans la Ferfe écrite en Perfan,dont 

il y a une traduction 

en Turc qui fe trouve à la 

Bibliothèque du Roi.L'Hiftoire 

Ottomane depuis Sultan 

OfmanjuXques à Sultan 

Selim Premier inclufivement, 

par Cogia Efcndi autrement 

nommé Saad-eddin, 

fils

Atertijjement. 

fils d'un favori du même 

SultanSelim. L'Hiftoiredes 

Poètes Turcs par Letifi qui 

vivoit du tems de Sultan Soliman. 

Deux Recueils de bons 

Mots en Turc dont j'ai choiû 

ceux qui meritoient d'être 

publiez. J'ai négligé les 

autres, parce qu'ils étoient 

trop vulgaires ou trop libres 

6c indignes de la curiofité 

des honnêtes gens- 

Les Maximes font recueillies 

de celles qu'Erpeniusôr 

Golius ont fait imprimer 

confufément & fans diftinârion 

avec les Proverbes Arabes, 

de deux Recueils Manufcrits, 

l'un que j'ai rapporté 

de Conftantinople., & 

Pautre qui fe trouve dans lai 

Bibliothèque de feu M.' 

The-

jAvertijfement. 

Thevenot, des Tables Indiennes 

de Bidpai tant en 

Perfan qu'en Turc , & de 

quelques autres Livres de 

Morale Arabes, Perfans & 

Turcs tant en Vers qu'en 

Profe. Ceux qui auroient pu 

fouhaiter que les Maximes 

fuflent difpofées par ordre 

des matières pourront felatisfaireen 

consultant la Table 

qu'ils trouveront à la fin 

du Livre. 

Je pourrois m'étendre fur 

les qualités de l'efprit des Orientaux. 

Mais, ce feroit 

peut-être diminuer le plaifir 

du Le&eur que de lui expofer 

par avance ce qu'il aimera 

mieux fentir par lui-même. 

C'eft pourquoi, je lui laiffe 

ce plaifir tout entier, afin 

i qu'il

Avertiffement* 

qu'il juge par le témoignage 

même des Orientaux.,plûtot 

que par ce que j'en pourrois 

dire, s'ils ont raifon de croire 

qu'ils ne font pas moins partagés 

d'efprit & de bon fens 

que les autres Nations qui 

nous font plus connues à 

caufe de leur voifinage. 

LES

LES 

PAROLES 

REMARQUABLES 

E T 

LES BONS MOTS 

DES ORIENTAUX. 

É;N Mahoracta» coniùK 

tojt Aïfcheh : wifc des 

fcmmiçs.dç Mïhotufic, 

& Iuidjftnatidoic çontfèil 

fur la conduite delà ^îe, A'ifcheh 

lui die: RecQ«juçi

Les bons Mots 

ÏD6S-VQtKCG(WC«Trtait€S ft€^»mtU>n 

J delafcience > demeurés ferme dans 

vôtre Religion, abftenés - vous dJ2 

faire le mal, fréquentés les bons', 

.couvres.les-défauts de vôtre-pre^chaîn, 

foulages les pauvres de vos 

aumônes , & attendes l'érernité 

pputrécompenfe., » r 

REMARQUE. Suivant leî Hiftoircs 

des Mahoroerans-, Mahomet a eç quatorze 

femmes: -"Aïrcherr dur fbt : de ce 

nombre étoit fille d'Aboubekir qui fut le 

premier fuccefleut de Mahomet. Elle 

véquit neuf ans avec lui, & ne mourut 

queloirg-terris aftêsrb^ler^gaf' daCalife 

Maa via age'e 3e ^5. àns^ 

Hottueiizàfi rid Tuecéflèur de MahcL 

"A met »

'des Orientaux. "5 

met ,. 'qui commanda qu'on ïe fît 

mourir. Avant l'extfcôn; de cçt 

arrêt Hormouïan demanda à boire; 

mais la frayeur delà-mort l'âvdittétiement 

iàifi qu'il'n'eut pas la force 

tfe boire l'eau qn*on 'lui apporra. 

"Omar loi dit derep'rerfdré- les efc 

pries, i & qu'il n'avërtêd à crai». 

ïfrequ'il n'ûtba. Màîi\ voyant qu'il 

Tie beuvoit pas , il ordonna qu'bh 

'lui coupât )a tète. Rôtmènzân s'écria 

^ Qttoi ! ;

4 Les bons Mats 

eft encore aujourd'hui une des Provinces 

du Roïaurnc de Perfc , bornée au couçrVaHt 

par le Golphe Perfique. 'i 

Hormouzan oublia la grâce qu'Omar 

lui avoic faite, & fut un de Tes aflaflins. 

Taherippndateur de la puiflânce 

des Taheriens dans le Khqjfflà» 

avoit tué le,Calife Emin,

des Orientaux. 5 

che vous rend le même office. Àli 

Riza repartit : La main gauche qui 

élcveànlmarrïfurleThrône, peut 

S"appeller la main droite. 

REMARQUES. Cetre action de Taher 

Se TafTafTinat du Calife Emin firent 

dire de lui qu'il droit à deu que lui 8c 

rous ceux qui étoient dans les intérêts de 

la race d'Ali regudoient comme des ufurpateurs. 

Son autorité en qoaltrétle Calife 

fut reconnue, et l'on frappa monnoïe 

àfoh nom. Mais cette autorité ou cette 

poi fiance égale à la puiffance de Mamoun 

ne dura qu'environ deux ans'; car Ma- 

Aiounfe repentit Je ra loi avoir donnécy 

& le firempoi foncier à Tous dans le Kho-. 

M flan 014 il mourut. Après fa mort fi» 

Corp

& Les bons Mots 

beau. Pépins, !adévotion y à attiré UB 

fi grand nombre de Mabometans qu'il 

s!f jéft-for rii

dus Orientaux. $ 

empâté de la ville de Siftan St de 

l'Etat detnême nomj 'ienrtadansle 

Khoraflan poirç te fiibjuguer,. & al* 

la attaquernMfiliecmncd; êlsjde Ta» 

het le cinquième des Taheriens, 

dans là vilfedeNnabordont ilavoit 

fait là capitale

8 ^ Les bons Mois 

Safraf ,, Jaeoùb fut appelle Safrarien de 

même que. fort frère Amroù & Mehemnjed 

fils de Tahc'r qui régnèrent après lui, 

Jacoiib dès fa jetrneiîe eut une paflionlï 

forte pour les armes, que (on père qui fie 

tout ce qu'ilpouvoicpour l'engager dans 

& profefGou > fut contraiut de l'abandonner 

à fa conduite; & alors, comme 

il fevk libre de fts aâions, il fefit voleur 

de grands chemins ; mats il avoir 1» 

modération de lailTe/ toujours quelque 

chofeàçeux qu'il voloit.' Un jour il enfonça 

le Threfor de Dirhem Gouverneur 

du Siftan pour le Calife & y encra. Dans 

rbbfctiritc., il mit d'abord la main fur 

quelque chofe qui avoir un peu d'éclat» 

croïant que o'étoient des pierreries , Se 

porta ce qu'H prit à la bouché}- mais il 

trouva que C'Ctbkdu'fcl. - En memétems 

fans toucher à autre chofe, il forritdu 

Threfor par l'ouverture qu'il avoit faite 

& fe retira. Le lendemain, le Gouverneur 

aïant fu ce qui s'etoit palTé & que 

tien n'avoir été enlevé du Threfor, fit 

publier qu'il pardoûnoit au voleur, qu'il 

pou voit fe déclarer en toute furetc, & 

que non feulement il ne le maltraiteroic 

pas ; mais encore, qu'il feroit ce qu il 

Courroie pour l'obliger. Sur la parole du 

Gouverneur, Jacoubparue&feprefeaca 

à lui. Le Gouverneur lui demanda quel le 

taifen il ayoit eue pour oc rien emporter 

du

dès Orientaux. $ 

da Threfor. Jacoub lui raconta la chofc 

comme elle s'éroit paffée & ajoura : J'ai 

cru que j'e'rois devenu vôtre ami en mangeant 

de vôtre Tel, &que pitiés loix de 

cette amitiéil'-nem'étoit pas permis de 

«oucher à rien de ce qui vo»s appartenoir. 

.Dirhem lui doiuia de l'emploi dont il 

«'acquita avec tant Reconduite & de valeur 

qu'à lafinpardegrc'sille fit Général 

de Ton Armée. Mais, après la mort de 

Ditbem, Jacoub («prévalant de l'autorité 

qu'il avoir en main, cha/ïa les fils 

de Dirhem & s'empara du Siftan , & 

après le Siftan, du Khoralfan, delaPerfp, 

&dc pIofieursautrej-Etats dontiien 

forma un d'une grande étendue & trespuhlant. 

Il mourut l'an 161. de l'Hégire, 

de J.C.l'an 875. 

AmrouLeits fiiçcedaà fon frère 

Jacoub ôt augmenta confideraWement 

k Royaume cju'il lui avoir lait 

fé ; & pour s'aggrandir encore davantageîl 

conçut le deflein de deV 

fruire te Calife & lui déclara la guerre. 

Mais , le Calife lui oppofà l£ 

rtiaïl premierRoi de ! la race-desSa-maniens, 

&Ifrnarl lent prisonnier 

& l'envoya au-Calife.. Aratou ésoit 

:•"•• A | 11»

jo htshemM&s 

an Prince très-magnifique & trè£ 

fpîendide, & il ne falloir pas moins 

décrois cent chameaux pour porter 

feulement l'attirail de (à cuifine lorÇ 

qu'il «oit en campagne. Le jour 

qu'il rut vaincu & arrêté prifonnier 

par Ifïnaïl, il vit près de lui le Chef 

delà cuifine qui ne l'avoir pas abandonné 

i &i lui demanda s'il n'avoit 

rien à fui donner pour manger. lié 

Çuifinierquiavoit un peu de viande 

la mit auffi-tôc fur le feu dans une 

marmite , & alla chercher quelqVautre 

chofè pour régaler fbn Maître 

dans fà difgrace le mieux qu'il lui 

feroit poffible. Cependant > un 

Chien qui vint là par hazard mickr 

têce dans la marmite pour prendre la 

viande» mais, ilneputlefaireauifi 

promprement, qu'il falloit à çaufe de/ 

l'ardeur, du: feu qui le contraignit! 

d'abandonner ion encreprife. En re-, 

levant la têce, l'anfe de la marmite 

luitombafurle cou, ôcilfitcequ'iL 

put pour.fp dégagerj mais ne poiv 

yant

des Orientaux, ti. 

van t en venir à bouc, ilprit la fuite 

& emporta la marmite. Acelpectacle, 

Amrou ne put s'empêcher de 

aire un grand «darde rire nonobftant 

là di%race, Se un des Officiers 

qui le gar doient, iurpris de ce qu'un 

Rpiprifbnnier pouvoir rire, lui en. 

demanda le fujet. Il répondit: Ce. 

matin trois cent chameaux ne fuffiiôient 

pas pour le rranfcort de ma 

cuilînc, & cet aprèldîne vous voyés 

qu'un chien n'a pas de peine à l'emporter. 

REMJRQSJE. Le Calife de qui il eft 

parle" ci-dc/Tus e'roir Mutadad qui rexiat 

Amrou prifonnier pendant deux anr. 

Mais à la mort de ce Calife Amrou fut ne> 

flligif & mourut de faim dans fa prifon. 

Mutadad mourut l'an de l'Hegire 189.de 

J. C. l'an 90.1. 

Un Efckved'Amroù Leits prit là 

forte; mais des gens envoyez après 

toi le ramenèrent, & le grand ViZir 

de ce Roi qui lai voulait do ma!, 

Sollicitai Amroti avec chaleur de le 

' A 6 faiiÇ

tï Les bons Mats 

faire mourir , lui infpirant que ce 

f-roit un exemple pour les autres, 

& que cela leur apprendrait à ne pas 

fuir. A ces paroles , rEfclave fe 

ptofterna le vifàge contre tente devant 

Amrou & lui dit: Tout ce 

qu'il plaira à vôtre Majefté d'ordonner 

de madeftiriée fera bien ordonné, 

unEfclave n'a rien à répliquer 

contre le Jugement de fon-Seigneur 

de Makre: mais parce que j'ai été 

élevé Se nourri dans vôtre Palais, 

par reconnoiflànce je ne voudrois 

pas que vous eufliés à répondre au 

jourdujugement d'avoir fait verfer. 

monfang. Si elle veut me faire 

mourir , qu'elle le fade ail moins 

avec quelque prétexte de juftice. 

Amrou lui demaada avec quel prétexte 

il pourrait le faire? L'Efclavé 

Dépondit : Permettes-moi de tuer 

le. Vizir, & faites- moi perdre la vie 

pour vanger fa mon vous le ferés 

avec raifon. Amrou rit de la plaùanrc«e 

del*£fclave & demanda au Vizir


zircequ'il enpenfoit: Le Vizir répondit 

: Je fùpplie vôtre Majefté 

de pardonner à ce malheureux , il 

pourrait me jetter moi-même dans 

quelque malheur. Je me fuis attiré 

cela par ma faute, parce que je n'ai 

pas confideré que quand on veut 

tuer quelqu'un, on n'eft pas moins 

expoië à être tué que celui que l'on 

veut tuer. 

Dans un des premiers ûecles de la 

Religion de Mahomet, un Mahometan 

difoit qu'il étoit Dieu. On 

lui dit: Il y a un an que l'on fit mourir 

un tel qui fèdifoit Prophète, ne 

craignes*vous pas qu'on TOUS fàfle 

le même traitement ? Il répondit^ 

On a bien fait de le faire mourir , 

parce que je ne l'avois pas envoyé. 

REMARÇÇJE. Touchant ce faux Prophète' 

punide- mext-, it eftà remarquer 

qirc les Mahornrrtm riennewt que Mahomet 

eft le dernier des Prophètes , que 

Dieu ne doit pas en en voïer d'autres, Se 

cju'ainA ils font perfuadei qu'ils peuvent 

taire mourir ceux qui fc donnent COïT» 

i ?

*4 Lts bons Mot* 

qualité', .parce qu'ils les regardent comme 

des pcrcur.bac.eurs du repos public. 

Un Calender n'obfcrvoir pas le 

jeûne du Kàmazan & fè doïinoit encore 

avec cela la licence de boire dit 

vin. On lui dit: Puisque vous ne 

jeûnes pas , au moins vous ne dcvriés 

pas boire de vin. Il répondit : 

Jfai renoncé a la pratique d'un précepte 

, voulés-vous que j'abandonueencore 

lapratique de cette tradition? 

. REMARQUES; Les Calenders cnea 

les Mahometans' font des gens qui abandonnent 

perc, merc, femme, enfans, 

parens & toutes choies, qui courent par 

fe monde , & qui vivent de ce qu'on leur 

donne ; mais cela ne les rend pas meilleurs 

obfcrTâteurs de leur Religion» 

comme ou le voit par l'exemple de celui-ci, 

,. JI , , 

On appelle encore Calender le Chef 

d'une Nation-, d'une Tritm • d'un Peuple, 

&c. Par exemple:, dans l'Hiftoire 

4e Scharoch, & des autres Fils & defeendans 

de Tamerlan, les Chefs de>ringt à 

tfeate-mille Tmcomans qui avoient paf- 

Wdc

des Orientaux. *$ 

li'de laPerfeanKhoraffan pour s'y établir 

font nommes Calenders. Les Arméniens 

d'Ifpanan qui demeurent dans le 

quartier de Julta* ont-auffiun Chef qui 

porte- le nom de Calchdcr > & en çetjs 

qualité c*cft luj qui reprefente les; befoinf. 

de fa Nation auRoidePerfcou à fesMiniftres, 

& qui fiit exécuter les intentions 

de la Cour par fa même Nation. 

On prefenta un jour au. Calife 

Haro*»' Eadkhid yn de,ics Sujets 

qui Ce difbit Prophète. : Le Calife 

qui ne douta pas que le prétendu; 

Prophète n'eût la cervelle renverfee 

, afîèmbla fes Médecins pou* 1 

une cdnfûkation touchant le remède, 

qu'on pourrait lui hjrç. Les' 

Médecins convinrent que les mé-t 

chantes nourritures avoient caufé ce 

bouleversement d'efprit, & dirent, 

au Calife que 4? bons ahmens poufe* 

roient lui procurer la guerilbn. Le 

Çâlifp.ordpena. quWprîtJrfo&ide 

le bien nourrir pendant-quarante 

jours, & pour cela qu'on le conduiiîtàJaQUifiiîedeibnPakis. 

Lesquai 

, i ' " ' tante

i& Les bons Mots r 

fante jours expirés le Calife le fit venir, 

&lui demanda s'il étoit encore 

(Prophese, & fî l'Ange Gabriel 

verra il toujours lui, annoncer Ic&otdres 

'4e Dieu ? Lefaux Prophète répondit:" 

L'Ange Gabriel me marque 

que Dieu, parce que je lui fuis 

agréable, m'a fait une grâce toute 

fingaUece en me procurant la bonne 

CuUjnCetrjefûisj & me commande' 

den'enpas/ortir. 

• XEAMRQlJES. HafounErrefchidfut 

le cinquième Calife de la race desAbbaffîdes, 

& mourut l'an de l'Hegire taj. de 

y. C.l'an 808. •/••-- 

TL.es Mkhometâns^ tiennent que Diert 

fait faite toui Tes Mcflages par ! 'Ange Gabriel, 

&c'eft delà qu'ils veulent que ce 

foi: lui qui ait difté l'Alcoran à Mahomet 

, & qu'ils appellent les rêveries qui y 

font contenues, la parole de Dieu. 

*• Un bon homme deSivri-Hiflâr 

diieut à un de les voifiris qu'il avoir 

grand mal à un œil &luidemandoit 

fil ne fàvoit pas quelque remède » 

vV.i " Le

àesOrientaux. Yy 

Le voifin répondit :_ J'ayoisl'an paffe.un 

grand mal à une dent, je la fis 

arracher & j'en fus guéri, je your 

cbrifêilledevous fervirdu^mcmere- 1 

mede. 

REMARQUE, Sivri-Hiflareftone petite 

ville de. l'Auatolie dont les Habitant 

ont la réputation d'eue (impie?. 

-. Dans la même'ville deSmi-H)Cfàr 

un homme enfcrmoit tous 1er 

jours là hache à la clef dans un C0& 

fre. Un jour fa femme lui en demandant 

la raifon, il répondit: Je, 

crains que le chat ne la mange. La. 

femme repartit: Vous vous mocquez, 

les chats ne mangent point 

de haches. Le mati répliqua : Le 

bourreau ! il nous a mangé un foie 

qui nous coûtoit unafpre&demi, 

pourquoi voulés-vous qu'il ne mange 

pas une hache qui en coûte vingt \ 

• REMARQUE. Un Afpreeft une petite 

monnoye d'argent de la valeur d'en- 1 

yiton deux Raids, qui a cours dans l'£mpirt

i3r 

Lts bons Mots 

pire Ottoman que les Turcs appellent 

Afcgeh, cVfr-à-dire un blanc, & les 

Qtccsdnt yidoitee mot dans leur langue 

papseJait dt Srrt*» $** %"'§* •«'T 1 °nJ; 

blauc, Deî, nos Mafchans François qui 

(ont aCô'nftamiriopIë & en d'autres Echelles 

du Levant» & même nos Voyageurs, 

ont fait celui d'afpre » que l'ufagc-'fémblc 

avoir autorifé plutôt que nôttt 

mot de blanc , qui cependant en feroit 

la véritable-interprétation. 

- lEic Mfahometane d'une grande 

laideur , démandoit à fon mari : A 

quitte vos parens'voulez-vous que 

je me fafle voir ? Le mari répondit : : 

Ma femme, fàires-vous voir à qui' 

>*>ès voudras, j'en ïèrai content, 

pourvu' que je puifle ne vous pas 

voir. 

:g$tf4t:pQp£, Puifque cetfe fermât 

e'tojt iî laide on pouiroi t demander DOUJCqfuoi 

le mari l'avoit e'poufcc ? mais, il 

ettatfe* de répondre que parmi IcsMahortoetans 

de même que parmi nous, on 

prent des femmes par intérêt de famille, 

& parce que le père & la mère le veulent. 

De plus, c'eftauflï parce qu'on les prent 

pxefqup toujours (ans les avoir, veuës aupara-

pâmant le vifage découvert, & quand 

on les a époufecs elles ne, peuvent'fe dé- 

ODUTtir le viiàge! d«*âht pétibnne qu'a' 

vecJa ptrmiUjQi* du marin parce que 

c'eftun peçhéâ>une femme Mabometa^ 

rie defe faire voir 'à un autre Mahometaoqu'à 

fon mari. Mais l'ai lu dans un 

dc/JeursXiyresquB cen'eft pas un peehe? 

pour elles de fe faire voir à d'autres qu-'à 

des MaKoirje,taas.:,En raiibnpanx fmvanç 

leurs! principes en voici la-raifon, fi iene 

merrompè. C'eft qoNls éroyent que leurs 

femmes eu Te faifact voir a des Crrfêrjeus, 

par cieajple, oui de» Juifs, o« 

feront pas faciles a fe laùïen corrompre ,, 

premièrement & caufe de l'àverfioi» con-i 

»tc les uns'& contre les autre? dans laquelle; 

ib»«i» loin de les! élever, & crf 

fecpndljeu àcaufedu tudeehâijment de» 

lapidation ou de fubrneriîon auquel elle» 

font condamnées lôrfqu'elles (ont convaincuiisde 

cqcrirhe. Ils regardent au(S 

le grand bien qui peut en revenir à leu* 

Religion > en ce que les Chrétiens ou les 

Juifs retenus d'entreprendre de.corrompre 

des Mahometanes de la crainte dtj 

feu, peuvent par ce moyen en devenir 

amoureux & abandonner leur Religioa 

pour en époufer quelqu'une. Il eft certain 

qu'ils ont cette yeuë & qu'elle ne, 

leur a reùlC & ne. leur réulfit encore qu» 

trop.

ïb Les bons Mots 

Un Cadis interrogeqit en prefçnce 

d'un.Syltan, -un Mahometat* 

qui fe difoic Prophète, 8t lé fomV 

môit de prouver la Million par un' 

Miracle. Le Prophète prétendu dit 

qiie fa.Million eftoit évidente ence 

qu'il reïTufçitoit les morts. ', Lç 

GaJisaïant répliqué que c'eftQÙ cequ'il 

jfalloiî voir; & qu'ilnelûfnïoit 

pas de le dire, il dit au Cad»: Si 

TOUS ne me croies pas, faites moi 

donner uYr labre que je vous coupe 

Ta tçfte , & je m'engage,dervous 

rtllurciçer. Le Sultan demanda au 

Cadis ce qo-'H avôit à dire là-deffus ? 

Il répondit: Il n'eft plus befoinde 

miracle, je l'en tiens quitte, &je 

çroi qu'ileftProphete. - 

r, ,.• •>-.:•,• •• • ••-•'• •-•• les Mahometaus qui, 

îroyent que Mahomet eftle dernier des 

Prophètes & que Dieu s'éft fait une loi 

de n'en plus envoyer après lui, tiennent 

pôureonftaut qu'il apanage* la Lune en 

deux du bout de (bu doigt, &furcefaor 

miracle,

desOrjent4u$. ï% 

miracle, lls.pnt, ljaveuglempoic^Jj:Jr.tenir 

pour Prophète, &,'d'aj(Ojû;çr. &# àô^t 

ce qu'il leur enfagne dans l'Alcoran. . 

1 , 1 - * 

,, Dans la ville de Satnarcande, un 

Savant pritplacedanstmcaflèmblée 

an dc-ffas-d'un Mahbmtran qùr ftvoit 

rAlçoran;â'iremifi' jS'e^â 

offenfë dé ta nardieiîe du Savant, 

demanda à h Compagnie: D'un 

Alcoran & d'uniautre Livre, /î c'étoit 

le Livre, ou l'Alcoran -qu'on 

..mectoit deflùs,î. Le Savant qui conv 

* pritlon intention dit j Qeft 1 AÎcorat 

qu'on met demis,, nuis non pas 

l'étui de PAcoran. 

, S£MXSQ!IJE. Lcs'.^àfeotti.et'aivi oit 

. des gens qui fout pr6fc|rion dt'&vcfir 

l'AJcoraç pat ccew;.* *n?b Je plus faaycttc 

' ils né favçnt autre cb,ofe. On les appelle 

du nom d'Hafiz formé d'un verbe qui 

figriifieconfcfTcrdajKfarnemoire.Mais, 

parce qu'il* se foiir recoMtoandablçs 

. que.parut)efforcéen>ori>

ÏI Les bons Mets 

©» iè TavtqtSitiifietaètit dans un e*tui de 

it*p pour lectfflferver ; "& ce drap eft 

preique toujours yerd. On Jemetauffi 

dah&des tftuisde turroude carton. On 

fait.de mênxdesrt'tmï'de 'ftinott de Canton; 

pgurlldi , .aiwrç#, «tr^ç -,' ;,p$rfi(s*Jiçis- 

"mentïars que la. «Ji.eure n/.cft pas con>touhei;&3ù''oii'vâc'Ucp 

! nfçrver. : 

. :::f ! J-- '-•' >U>: n : , '.:> ' > 

Un GhrèftWh'/e £t>ftîrfïulrnaft. 

Six' mois après, fès- ttoifiiis qui IV 

•votenÉ'bbfervè 1 , «d qui'avoferit remarque 

qu'il fe-tiifptrtfoit dç feife 

-pat jour 'les 1 cinq prieras aùfquellts 

iljéroit obligé comme tous les autres 

Mahometans, ils le menèrent au 

. Cadis afityqvMljen fift le

des Orientaux., ... $| 

ê vous demande fi vous obligés les 

enfans de fix rnois de faire la prière } 

REJiïAXÇQJÈ. Ceci fait voir cjue chez 

les Mahometans, les câufes qui regardent 

la Religion font jpgées par,.les Cadis 

de même que les cajifes civiles, 

,- • - i •..'•;•.,-.-, 

Un autre Màhometanquînefaifoit 

pas la Prière rut mené de même 

en Juftice. Sur U demande qup le 

Cadis lui fit de k caufe de cette négligence, 

il répondit : Seigneur, 

j'ai une femme Se des enfans à nourrir, 

je fois pauvre, &jenepuisga- 

,gner dequoi nous nourrir ma fàmitte'&mol 

Ï4 ht s jhws Mots 

lut en fit une grande réprimande, 

& lui demanda pourquoi il neièlavoitpas? 

Il répondit: Seigneur, fi 

vous youlés -que je me lave avant 

que dç foire la prière faites-moi donner 

quatre afpcé&ouilieu de deux. 

Ceft pour ' perdre- moins tfe terns 

que je ne me lave pas. 

REMARQUE. Quoique chacune des 

Prières que les Mahomerans font obliges 

de faire chaque jour foit courte ; néanmoins! 

en y comprenant le tems qu'il 

faut qu'ils emploient à fe laver, ce qu'ils 

' font avec circonfpeâion & avec menue, 

ils ne peuvent pas y eu mettre moins 

'qu'une demie heure : Les cinq tems pre- 

•Ictits.pour cela font à la pointe du jour', 

à midi, à deux heeres-S; dente %vant le 

coucher du foleil, 'au coucher du foleil.> 

'& a prie heure & demie après le coucher 

du foleil. Ainfi dans tous les païs où l'on 

fait profèflîon du Mahometifme onlèlo 

Te généralement de grand matin en quelque 

tems, que ce (oit $ car il n'y appoint 

d'exception, .Princes,' Seigneurs, nobles 

tt roturiers, tout le monde y eu obligé 

.qiupd on eu en âge de la feue. , .'.; 

UnCalendcr qui avoitunegran- 

1 •"'- ••••"; de

des Orientaux. 2$ 

de faim prefenta fou bras à un Médecin 

afin qu'il lui tâtât lcpoulx & 

lui dit qu'il étoit malade. Le Médecin 

qui connut que le Calender n'avoit 

pas d'autre maladie que la faim, 

le mena chez lui & lui fit apporter 

un grand plat-de Pilau. Quand 

le Calender eut achevé de manger, 

il dit au Médecin : Monfieur le Docteur, 

vingt autres Calenders ont la 

même maladie que moi dans noftrc 

Couvent. 

REMARQUE. Le Pilau e(t du ris 

cuit & préparé avec du beurre ou avec de 

la graille ou debon jus de viande. Mais , 

par cette manière de préparer le ris, les 

grains Font dans leur entier & non pas 

écachés comme quand nous en préparons 

avec du lait ou en potage 

On loiïoit dansuneaflèmbléeun 

Savant qui paroiiloit avoir l'eiprit 

un peu égaré, &quimarchoit toujours 

la telle levée, 8c entre autres 

icienccs, on dhoit qu'il étoit bon 

Aftronome. Baffiri qui étoit de la 

•••;•• B con -

a 6 Les bons Mots 

converfàtion, dit: Je ne m'en étonne 

pas, il regarde toujours aux 

aftres. 

REMARQUE. Baffiri e"toit un Poëte 

Turc des confins de la Perfe, qui vint 1 

la Cour de Conftanrinoplc fous le règne 

de Sultan Bajazid fils te fucceflèur de 

Sultan Mehemmed Second, où il fefit 

diftinguer par les Pocfies en langue Turque 

& en langue Perfane. Lctifi qui parle 

de lui dansfon ouvrage touchant les Poètes 

Turcs, remarque qu'il écok agréable 

dans la conversation & qu'il avoit toujours 

le mot pour rire. Baflîri eft un mot 

tiré de l'Arabe» & figmfie le voyant, 

l'intelligent. Peut-être que l'occafioniè 

présentera ailleurs de parler des noms dei 

Poètes Orientaux. 

Un Calife avare recevoit les Poëfies 

faites à fa louange qu'on lui prefèntoit; 

mais pourrécompenfe, il 

ne donnoit qu'autant que le livre ou. 

l'écrit pefoit. Un Poé'te quilavoic 

fa coutume, s'avifà de faire graver 

fur un gros marbre une pièce de 

Poëfie qu'il avoit faite pour lui, & 

lorfque

des OràntattÀ if 

lorfqne la gravure fut achevée" il fit 

charger le marbre (ur un chameau & 

le fie porter jufques à Ja porte du 

Calife, avecorefre d'attendre. Ce-.' 

pendant i il alla faire (à cour, ôcen 

eriaat de fon travail au Calife, il 

i demanda s'il aurait pour agréable 

qu'il fift apporter le marbre. Le Calife 

répondit: Non, ne le faites 

pas apporter,: mais composons. 

REMARQXj£S. La eompoûuon fat de 

cinq mille afpres» c'eft à dire, de cent' 

vingccinq livres que le Calife fit compter 

a l'Auteur; mais cen'étoit pas uoe 

r&ompenfê ni pour (à peine ni pour la 

gravure. C'eft pourquoi, il y a apparence 

que c'eftoient des drachmes, monnoîe 

d'argent au coin de Califes > & qu'ainfi 

la fomme fat un peu plus conjidcrable. 

Cette pièce de Poëfie tftoit une de celles 

que les Orientaux appellent Caçtdeh» 

donc la plus courte eft au moins de cinquante 

diftiques, 8c là plus longue de 

cent plus on moins. Les deux premiers 

Vers riment enfemble ides autres fo«le- ' 

ment alternativement,• toasfu» ope maint 

rimes de foire que tes plus longues 

B \ font

*8 Lts bons Mois 

font celles qui font fut une lettre ou fut 

une terminaifon qui fournit plus de rimes 

qu'une autte. Elle e(t principalement 

confactee à la loùangedcs Ptinces & des 

grandshommcs. 

Schahroch (ils de Timour, c'eft. 

S-diredeTamerlan, étok un Prince 

naturellementavare & d'un grand 

ménage. Uu vendeur de pots de terre 

fe préfenta à lui & lui demanda , 

s'il ne tenoit pas pour véritable la 

doctrine de la religion Mahometane 

, qui enfeigne que tous les 

Muflulmans font frères ï Schahroch 

répondit qu'il la tenoit pour véritable. 

Le vendeur de pots repartit : 

Puifque nous femmes tous frères, 

n'eft-ce pas une injuftice que vous 

aies uiiïi grand threfor& que je (bis 

dans le befoin d'une pauvre maille. 

Donnés-moi au moins la portion 

qui me touche en qualité de frère. 

Schahroch lui fît donner une pièce 

de monnoïe d!argent de la valeur 

d'-cnviïon trois fois ; mais il n'en 

; " : "." '• fut'

des Orientaux* 29 

fit pas content, & il dit: Quoi! 

d'un fi grand threfor il ne m'en 

revient que cette petite portion c 

Schahroch le renvo'ia, & lui dit: 

Retire toi & ne dismotaperfbnne 

de ce que je t'ai donné. Ta portion 

ne fèroit pas fi confiderable, fi tous 

nos autres frères le favoient. 

REMARQUE. C'efl un Ecrivain Turc 

qui taxe ici Schahroch d'avarice & de ménage. 

Néanmoins, c'éroit un,grand8c 

'imitant Monarque > comme on pourra 

I 

c connoiftre pat Ton hiftoire que j'ai tra 

duite du Perfan en nodre langue. Ce qui 

peut faire croire qu'il eft quelque choie 

du vice qu'on lui reproche, eft, qu'il" 

paroit que les gens de lettres s'attachoient 

pluftoft aux Princes Tes filsqu'à lui. Mait 

pour l'excufer de ce défaut >. on peut dire 

qu'il paroiito'it l'avoir , parce qu'il fe 

«onnoit tout entier au foin du gouvernement 

de Ces Eftats,. qui s'eftendoient depuis 

la Perfe jùfques à la Chine, & qu'il 

ne le donnoic pas l'application qu'il falloir 

pour connoltre dans le détail ceux qui 

metuoient d'être récompenrési •" 

Avant que de manger, un Mali 

î hometan

zo Les bons Mots 

hometan avare difoit toujours deux 

fois Bifmi-lbb , c'eft-à-dire , au 

mm d* Dieu. Sa femme lui en demanda 

un jour la raifon. Il dit: La 

première fois, c'eft pour châtier le 

JDemon, & la féconde, pourchaC 

ferlesécorniflcurs, 

XEMJRÇtpË. Les Mihometans ne 

prononcent pas, Sijmi-llaht feulement 

avant que de manger ; mais encore en 

commençant de marcher , de travailler 

& de faire quelque ouvrage que ce 

foir. 

Dans une aflemblée en préfence 

de Sultan Mehemmed fécond Empereur 

de Conftantinople , quel, 

«uj'un avança que Mina Khan avait 

promis mille pièces de monnoîe 

d'or à celui qui lui feroit voir une 

ièule faute dans les ouvrages des 

Poètes de fàCour. Sultan Mehemmed 

dit: J'épuilerois mes tréforsfi 

je voulois imiter Mirza Khan. 

X£M4BÇ%7£S. Sultan Mehemmed eft 

Celui qui prit Conftantipople. Quoiqu'il 

cuit


cuit fi peu bonne opinion des Poètes de fa 

Cour ; néanmoins il y avoir de'ja de bons 

Poètes Turcs de fou temps > comme 

Letifi l'a remarque'. 

Le mot de Mirza dans la Perte te dans 

les Indes lignifie le fils ou le parent d'un 

Souverain, & il fc dit par abbreviatioa 

au lieu d'EmirZadeh, qui lignifie en Perfàn 

né d'un Emir. Jecroî qu'il y a faute 

dans le nom du Prince de qui il eft ici parle", 

& quec'étoit un Prince de la famille 

de Tamerlan, qui porcoit encore un 

autre npm arec celui Je Mirza & de 

Khan- Le root de Khan chez les Tarares, 

fignifie un grand Monarque. Les Empe-. 

teurs Turcs qui prennent leur origine du 

Turqueftan qui fait partie de la grande, 

Tartarie, le prennent avec le nom de 

Sultan. Ainfi on -dit & on écrit chez les 

Tores : Sultan Mchcmmed Khan, Sultan 

Ahmed Khan, Sultan Murad Khan! 

&c. 

Un Imam avoit fa maifbn fort, 

éloignée de la Mofquée dont il étoit 

Imam. Les Mahometaris qui en dependoîent 

fui dirent:un jour : Vôtre 

mailon eft trop éloignée, & vous ne 

pouvez vous rendre chaque foir àla 

Mofquée pour faire la Prière à une 

B 4 beure

32 Les bons Mots 

& demie de nuit. C'eft pourquoi 

nous vous en exemptons: Nous la' 

ferons entre nous, fans qu'il foit 

neccflaire que vous preniés la peine 

devenir. L'Imam répondit : Muffùlmans, 

Dieu vous rafle milericorde, 

vous m'exemptes de cette Prière 

, ôc moi je vous exempte de la 

Prière du matin. 

REMARQUES. Le mot d'Imam eft 

Arsbc, Si Signifie proprement la même 

chofe c]ue le mot tarin > Antifiet., c'eftà 

dire» celui qui eft à la tête des autres 5 

Se en cette lignification chez les Mahometans, 

c'eft celui qui fait la Prière publique 

> non feulement dans la Mofque'e, 

mais encore en quelqoe endroit que ce 

foit, & ceux qui font derrière lui, font 

en même temps les mêmes génuflexion», 

les mêmes profternations contre terre, 

& tous les geftes qu'ils lui voient faire. 

Les Turcs appellent en leur langue, 

Wpnumtui, cette Prière qui le fait a une 

heure & demie de nuit, c'eft-à-dire , 

Prière du coucher, Prière qui fêtait 

avant que fccoucher. 

Un Mahometan qui faifoit peur 

à voir

des Orientaux* 3? 

à voir tant il étoit laid, trouva un 

miroir en (on chemin , & Taxant 

ramaflé il s'y regarda; mais, comme 

il fevitn difforme, illejettade 

dépit, & dit : On ne t'auroit pas 

jette, fi tu étois quelque choie de 

bon. 

• Un Calife étoit k table & on v£, 

noit de lui fervir un agneau rofti , 

lors qu'un Arabe du defèrt fe présenta. 

Le Calife lui ditd'approchet- 

& de prendre place à ià table. L'Arabe 

obéit & fe mita, manger avec 

avidité, 8c. morceaux fur morceaux. 

Le Calife à qui cette manière déplut, 

lui dit : Qui êtes-vous donc qui dépecés 

ce pauvre agneau avec tant de 

furie ? Il femble que fa mère vous 

ait donné quelque coup de cornes. 

Il répondit: Ce n'eft pas cela; mais, 

vous avés autant de dépit de .voir 

que j'en mange que û fà -mère ayotc 

été vôtre nourrifle. 

' REMAÇÇQJE. les Arabes

34 Les bons M*$ 

meurent dans les Tilles» mais ils nelaifient 

pas d'avoir de l'efprit & du bon fens » 

Zc de vivre entre eux avec plus de bonnt 

toi que ne virent les autres Arabes. 

OnprioitBehloul décompteriez 

&OS de la ville de Bâfra d'où il étoit, 

il répondit : Vous me demande? 

JOoe chofe qui n'eft pas poffible, 

paifle , fi vous nie palliés des Sa- 

•ans , ils ne font pas en fi grand 

sombre. 

XEMJRQSJES. Bâfra eft fuivant nô* 

Géographes lavtlkdeBalforarbr leGol» 

SePerfique. 

Behloul étoit un Savant de ta Cour da 

tCalife Haroun-errefchid, qui avoir l'ef- 

rit agréable. Le mot de Behloul en Arae 

lignifie un mocqueur, un railleur, te 

particulièrement un nomme oui a l'effrit 

gai, d'où vient le Proverbe Arabe r 

Qui a l'efprit gai, danfe fans tambour 

debafque; ou» mot de Behloul eft emploie 

endette fignifieatioo. CeBehlout 

: apparemment «voit un antre nom , te 

tclui-ci étoit un fobriquetqui lui eft dçaiearé. 

Behloul arrivant pour faite û. 

cour

des Orientaux?. tf 

coût au Calife , le grand Vizir lui 

dit,: Behloul, bonnenouvelie, le 

Calife te fait l'Intendant des linges 

& des pourceaux de Tes Etats. Behloul 

repartit au Vizir : Préparésyous 

donc à faire ce que je vousçommanderai 

: car , vous êtes un 

de mesfujets. 

Un Savant écri voit à un ami, Se 

on importun était à côté de lui qui 

regardoit par deffus l'épaule ce qu'il 

écrivoit. Le Savant qui s'en apper. 

eut, interrompit le ni delà lettre Se 

écrivit ceci à la place: Si an impertinent 

qui eft à mon côté ne regarr 

doit pas ce que j'écris, je vous ecrirois 

encore pluueurs chofès qui'ne 

doivent être lues que de vous& de 

moi. L'importun qui liibit toujours 

prit la parole y & die : Je vous 

jure que je n'ai regardé ni lu ce que 

vous écrives. Le Savant repartit: 

Ignorant que vous êtes, pourquoi 

donc me dites-vou* ceque vous dite»! 

B 4. U»


UnTifleran qui avoit donnéuà 

dépôt en garde à un Maître d'Ecole, 

vint le redemander , & trouva le 

Maîrre d'Ecole à fa porte , affis & 

appuyé contre un couffin fàifànt la 

leçon à fesEcoKersqui étoienr affis 

autour debi. Il dit au Maître d'Ecole: 

J'aibefoindu dépôt que vous 

fàvés, je vous prie de me le rendre. 

Le Maître d'Ecole lui dit de s'afleoir 

& d'avoir la patience d'attendre qu'il 

eût achevé de filtre la leçon. Mais 

le Tifleran avoit hâte & la leçon diu 

roit trop long- tems. Gomme il vit 

que le Maître d'Ecole remuoit la tête 

par une coutume qui lui étoit ordinaire 

enfaifant h leçon à fes Ecoliers 

, il crut que faire la leçon n'étoit 

autre chofe que de rémuer k tête, 

& il lui ditï De grâce, levésvous, 

& laifles- moi a vôtre place, 

je remuerai la tête pendant que vous 

ités. prendre ce-que je vous demande 

, parce, que je' n'ai pas-le tems 

d'attendre. Cela fit rite le Maître 

d'École & les Ecoliers. RE~

des Orientaux: 37 

REMARIES. H faut entendre que 

ce Maître d'Ecole croit aflîs les jambes 

croifees ou fur les talons, fut un tapis ou 

fur une natte fui vant la coutume du Levant. 

Les Mahometans ont cette coutume 

dans tout le Levant de branler la tête en 

devant & en arrière lors qu'ils liicnr 5 Se 

comme les enfàns qui lifoient fous ce 

'Maître d'Ecole brantoient la tète , le 

Maître d'Ecole branloit aoflï la tienne, 

quoi qu'il eût pu s'en abftenir » maisc'étoit 

fa coutume. Les Juifs branlentaufli 

la tête dans leurs Synagogues en priant 

Dieu , mais d'une épaule à l'autre, 8c 

lion pas en devant 3t en arrière comme le» 

Mahometans. Les uns & lés autres prétendent 

que cette agitation les rent plus 

attentifs à leurs Prières. 

• Dans unennit oblcureun aveugle 

marchoit dans les rues avec une 

lumière à la main & une cruche 

d'eau fut le dos. Un coureur de pa-^ 

vé le rencontra, & lui dit: Simple 

que vous ères à quoi vous fert cette 

lumière ? La nuit Se le jour ne iontjfe 

pas là même choie pour vous? 

L'aveugle lui tépondit en riant: Ce 

B 7 n'eft

3 8 Les bons Mots 

n'eft pas pour moi que je porte cette 

lumière , (fett pour les têtes folles 

qui te reflcmblcnt, afin qu'ils nà 

viennent pas heurter contre moi 8ç 

me faire rompre ma cruche. 

Un Savant qui étoit d'une laideur 

extraordinaire s'entretenant dans là 

rue avec un ami, une Dame allés 

bien faite qui pafToit s'arrêta & le 

regarda fixement pendant quelque, 

tems, après quoi elle continua ion. 

chemin. Quand elle tut partie, le 

Savant envoya fôn valet après elle 

pour lavoir ce qu'elle fouhaittoit. 

Elle dit au valet afin qu'il le redît à 

fonMaître: Jai commis un péché 

énorme pas les yeux y & je cherchois 

à les punit par un châtiment 

conforme à l'énormitér du péché. 

J'ai crû que je ne pouvois leur cailler 

an plus grand' fùppliee, que de lesemployer 

à regarder la vilaine face 

4c ton Maître. 

Le même Savant racontoit que 

jamais on ne pouvoir avoir une mostifc.


tîfication plus grande que celle qu'il 

avoit eue un jour. Il duoit: Une 

Dame me prit un jour par la main 

dans la rue & me mena devant la 

boutique d'un Fondeur, à qui elle 

dit: Comme cela» entendes-vous? 

& après ces paroles elle me laifîà. Je 

fus d'autant plusfùrprisde l'avantuxe 

que je ne favois pas ce que cela 

vouloir dire. Je priai le Fondeur dp 

me dire ce que c'ecoit, & il me dit : 

Cette Dame étoit venue pour me 

{aire fondre la figure d'un Diable, 

& jeluiavois répondu que jen'avois 

pas de modèle pour lui rendre lefè*» 

rice qu'elle fbuhaittoit. Elle vous a 

rencontré & vous a amené pour me 

dire que j'en prenne le modèle fur 

-Tous. 

Un Mahometan âgé de dhquari* 

te ans qui avoit un grand nez» falfoit 

1 amour à une Dame & lui difoic 

qu'il n'éroit pas léger & inconftant 

comme les jeunes gens & fur toute 

chofe qu'il .avoit de la patience» 

quelque


quelque facheuie & peu fege que 

puft être une femme. LaDame lui 

dit : Il faut bien que cela foit ; car , 

(î vous n'aviés pas la patience de 

fupportcr une femme, jamais vous 

n'auriés pu porter vôtre nez l'efpace 

de cinquante ans. 

Un Mahometan propre Si poR 

vo'iant un autre Mahometan négligé 

de manière qu'un poil 

ne palTe pas l'autre. & cela donne tout 

un autre air au vifage. 

Un descendant d'Àlï avoit querelle 

avec un autre Mahometan } 

& lui dilôitr pourquoi eftes-vous 

mon

des Orientaux. 4* 

mon ennemi, pendant que la religion 

vous oblige de dire dans vos 

Prières: Mon Dieu, beniflésMa* 

homet & ceux qui (ont de (à race. 

L'autre répondit : la Prière porte» 

pour ceux de fa race qui /ont bons 

& purs ; mais vous n'eftes pas de 

ce nombre-là. 

XEMJRQUE. Les defeendans d'Ali 

font confédérés dans la Perte, tant àl« 

confîderationd'Ali que de Fatime fille de- 

Mahomet & femme d'Ali, parcequ'ilt 

(ont ceillés defcewdre de Mahomet par 

fatime. Les Sctcnfs chez les Turcs font 

les mefmes que les defeendans d'Ali chea 

Tes Perfans. Mais, les Turcs ne croient pas 

avec les Perfans que les defeendans H'Ali 

fuflent les véritables fuccefJeursde Mahomet 

à la dignité 1 de Calife, & ne regardent 

pas la noblcfïe de leurs Scherifs par cet endroit-li; 

mais par Fatime de qui ils defcendent. 

Un Arabe du defertetoit à la table 

d'un Calife, & k Calife le regardant 

manger, apperçut un poil 

ivt un morceau qu'il alloit mettre a 

la bouche , ÔC lui dit : Arabe, 

prenc§

Jf.ï Les bons Mots 

preucs garde, ôtéslepoil que voila 

fur vôtre viande. L'Arabe lui dit: 

On ne peut pas manger à une table 

dont le maître ptent garde aux 

morceaux de fi prés qu'il y apperçoit 

un poil; Se en difànt cela, il 

îe leva & jura que jamais il ne mangerait 

à la table du Calife. 

Un Mahometan fort riche étant 

mort fous le règne d'un Tyran, le 

Vizir du Tyran fit venir le fils du 

deffunt & lui demanda compte des 

biens quefon père lui avoir laifles. 

Le fils lui rendit un compte exact 

de tout, & à la fin il ajouta : mon 

père vous a fait héritier de tout cela 

par portion égale avec moi. Le 

Vizir rit en lui-même de J'addreflè 

du fils , & Ce contenta dé prendre, 

la moitié des biens pour le Tyran. 

' On demandoit à un Turc ce. 

qu'il aimoit le mieux, ou de piller 

aujourd'hui, ou d'entrer demain 

dans le Paradis ? Il répondit ; Jeprens 

> je pille & je vole aujourd'hui


tThui tout ce qui m'accommode, 

& je fuis .prêt d'encrer demain dans 

le feu d'enfer ponr tenir compagnie 

à Pharaon. 

REMîRÇ&JE. Le Turc de qui il eft 

ici parle* n'étoit pas un Turc de Conftaotinople 

ni de 1 Empire qui en dépent > 

mais, un Turc du Turqueftan dans la 

grande Târtaric de ceux qui croient accoutumés 

à piller > 0c qui fortoient de 

terrien tems de leur païspour faire des 

eourfes en deçà de l'Oxus. ou pour fe 

louer & fe mettre i la foldc des Princes 

qui les prenokrit à leur fer-vice. Quoique 

les Turcs de Conftantinople tirent 

leur origine d'une inondation faite dans 

une de ces eourfes j neanmoins-ils ne fe 

donnent pas ce nom-là. Us le donnent 

fçulcroçnt aux païUns Mahometans d'Anatotie&deRoroelie. 

Se forte que chea 

eus un Turc «ft un komme gtoflîer » 

xuftique> incivil & mal appris. 

Un pauvre demandoit l'aumône 

à la porte d'une maifbn. Le Concierge 

lui dit ; Dieu TOUS affifte, il 

n'y a perlbnne à la maifbn. Le pauvre 

repartit : Je demande un morceau


ceaudepain, je n'ai rien à démêle* 

avec les gens de la maùon. 

Le fils d'un Mahomcran étant à 

1 agonie, le Mahometaiv donna ordre 

de faire venir le laveur pour le 

laver. Ses gens lui dirent qu'il n'étoit 

pas encore mort& qu'il falloic 

attendre. Le père repartit : Il n'importe 

, qu'on le fafle venir il fera 

mort avant qu'on ait achevé de le 

laver. 

REMARIE, Les Mahometans font 

cxa&s à laver les corps de leurs morts 

avant que de les enfcvelir , 8c c'eft une 

cercmouie de leur Religion dont ilsncfe 

difpenfcnt pas. 

On demandoitk un artilan qui 

étoit l'aîné lui ou Ion frère î II répondit: 

je fuis l'aîné; mais quand 

mon frère aura encore un an, nous 

ferons lui & moi de même âge. 

Un Mahometan' étoit \ l'agonie, 

Si un de fes voilîns qui avoit Fhaleine 

puante l'exhorwit à la mort, & 

le

des Orientaux'. 45 

le preflbit fortement de prononcer 

kprofeffion de foi de la Religion en 

lui fbufHantfôus le nés, &plus l'agonuant 

tournoit la tête de l'autre 

côté , plus il s'avançoit & plus il 

l'irnportunoit. A la fin l'agonifant 

ne lâchant plus comment fe délivrer 

4e lui, dit: Eh de grâce, pourquoi 

ne melaiflés-vous.pasmourir purement? 

Voulés - vous continuer de 

m'infeâer de vôtre haleine que je 

trouve plus odieufe que la mort. 

REMARQUE. Tout le monde fait que 

cette profeffion de foi conûïle eu ces paroles: 

L*-i/uhi/U-//ah, Mehemmed refouLulUh. 

C'eft-à-dire. Il n'y a pas 

d'autre Dieu que Dieu , Mahomet eft 

fou Envoyé". Les Mahometans, autant 

qu'ils le peuvent) la font prononcer par 

les agonilans s parce qu'ils croient que 

cela efttiecelTaire pour entrer dans le Paradis 

qu'ils attendent. 

On demandoit à un boffu ce qu'il 

aimoit mieux, ou que Dieu le rendit 

droit comme kfavwres hommes, 

- - •-•• ou

46. Les bons Mots 

ou qu'il rendit les autres hommes 

boflus comme lui ; U répondit : 

J'aimerois mieux qu'il rendit les autres 

hommes boflus comme moi, 

^fin que j'eufle le plaifir de les regarder 

du même œil dont ils me regardent. 

Des amis allèrent (è promener env 

campagne avec de bonnes provisions 

, & s'étant arrêtés à l'ombre 

dans un endroit extrêmement agréable, 

ilsiè mirent à manger ce qu'ils 

avoient porté. Un chien s'approcha 

d'eux, & un de la compagnie 

lui jetta une pierre, de la même manière 

que s'il lui eût jette un morceau 

de pain ou de viande. Le chien 

flaira la pierre & fe retira. On l'appella, 

mais jamais il ne voulut retourner. 

Cela Ht dire à un autre de 

la compagnie: Savés-vous ce que 

ce chien dit en lui-même? Il dit: 

Ce (ont des chiches & des vilains, 

il ne mangent que des pierres. Il 

n'ya rien à faire pour moi auprèsd'eux. 

On


On demandent à un fils s'il ne 

lôuhaitoit pas la monde ion père, 

afin d'hériter de Tes biens. Il répondit 

: Non , mais je fouhaiterois 

qu'on le tuât, afin qu'avec l'hérita» 

ge qui me viendrait j'heritaflê encore 

du prix de (on fàng. 

REMJRÇQJE. Onpaïe toujours chez 

les Mahometans Jefangdecelui quiae'td 

tué, ioit aux dépens de I'aflàffîn ou des 

yoilîns du quartier où Tafîaffinat s'eft 

commis, ou d'autre manière. 

Un Poète Perfàn lifoit de meV 

chansvers delà façon aune pcrfbnne 

d'eiprit & de bon goût , & en 

achevant de les lire, il dit qu'il les 

avoit faits étant aux lieux. Laperfonne 

reprit: Je n'en doute pas, il» 

en portent l'odeur avec eux. 

Un Poète s'addrerla à unMedc» 

cin, & lui dit qu'il avoit quelque 

chofe fur le cœur qui luicauioit des 

défaillances de tems en tems avec 

des fruToaaçrnças, & que cela lui 

' - - fax-

'4.8 Les bons Mots 

faifoit drefler le poil par tout le 

corps. Le Médecin qui avoit l'efprit' 

agréable êc qui connoifloit le 

peribnriagCj lui demanda: N'âvës- 

Vbus pas Fait quelques vers que 

Vous n'aies encore recité à perfonne. 

Le Poe'te lui ayant avoué la chofè, 

il l'obligea de reciter fes vers ; & 

quand il eut achevé, il lui dit: Allés, 

vous voila guéri, c'étoientces 

vers retenus qui vous caufoient le 

mal de cœur qui vous tourmentoit. 

" Un Prédicateur qui faifoit de médians 

vers , affectoit de les citer 

dans fcs Prédications , & quelquefois 

il difbit : J'ai fait ceux-ci en failânt 

ma prière. Un des auditeurs indigné 

de là vanité &defà préfomption 

, l'interrompit &r dit : Des 

vers faits pendant la prière valent 

auffi peu que la prière pendant laquelle 

ils ont été faits. 

Un Poète Perfan lifoit au fameux 

Poète Giami un Gascl de (à façon 

étt Orientaux. 49 

tnifquCT qu'il

$o Les bons Mots 

çhanga s'aflèmblent trois fois lafemaine 

dans le Divan où ils ont tous feancc. 

L'amour cftlcfujet le plus ordinaire des 

-Gazels. Néanmoins, Hafiz, Giami Se 

•d'autres Poètes Perfàns traittent des matières 

les plus fublimes de la Théologie 

affective dans ceux qu'ils ont compol'e's 

fous les termes allégoriques d'amour & 

de debauche. 

•Giami eft un Poè'te Perfan des plus fameux, 

qui fait connoître lui-même dans 

ion Bahariftan qu'il étoitdans le plus fort 

de là réputation fous le règne deMirza 

Sultan Hufiein, le dernier des fuccefleurs 

de Tamerlan dans les Roïaumes du Kha- 

.raflan & de la Perfc. Il mourut 1 an 8 9 8 > 

de l'Hegire, dejefus Chrift l'an 1485. 

agi de 81 • ans fuivanc l'Hiftoircdes Poètes 

PcrfanS de Sami Prince de la famille 

-des Sofis de Perte d'aujourd'hui. Il a 

compofd un grand nombre d'ouvrages 

tant en Vers qu'en Profe, & l'on compte 

cinq Divans parmi fes Poëlîes, c'eftàdire. 

cinq recueils complets de Gazels 

par ordre Alphabétique. II. s'appelle 

jcommunément Mevlana Giami, & Mevlana 

eft un mot Arabe qui f gnifie, Nôtre 

Maître. Ce titre le don ne aux Savans, 

/bit dans la Religion , (oit dans les Lois > 

ibit dans les autres Sciences > & fe joint 

aui noms de ceux qui fe (ontdiftinguez 

par deflùs les autres. Nos Do&eurs le 

don-

des Orientaux. -51 

«tonnent de même le titre de, Magifter 

nofter. 

Ce Gaze! où il n'yavoit pasd'EIifme 

donne occafîon de remarquer que les 

Grecs ont eu le même rafînement dans 

leur Poëfïe de faire des Poëmes entiers 

où l'on ne trouvok pas une certaine lettre 

de l'Alphabet. 

Meflihi & Schemi Poètes Turcs 

& amis qui vivoient à Conftantinople, 

allèrent un jour enfemble à une 

Eglise deGalata, exprès pour y voir 

les belles deGalata. Cela fit dire à 

un autre Poète que Meflihi avoit 

porte un cierge a l'Eglife. 

REMARÇQJE, La pointe confifle en 

ce que Meflihi eft un mot Arabe qui lignine 

un Chrétien, & que Schemi en eft 

un au're qui (îgnifie un cierge, une chandelle 

ou une bougie. Meflihi & Schemi 

vivoient fous le règne de Sultan Soli man, 

au rapport de Letifi dans Ton Hifloue des 

Poètes Turcs. 

Le Médecin Mehemmed fils de 

Zekeria, accompagné de quelquesuns 

de fes difciples , rencontra un 

C z fou

5 2 Les bons Mots 

fou qui le regarda long-tcms fixejnent, 

& qui enfin fe mit à rire. En 

centrant chez lui Meherumed fk 

•d'abord préparer de rEpkhyni& le 

prit. Ses difciples lui demandèrent 

pourquoi il prerioit ce remède dan? 

un tems où il fcmbloit qu'il n'en 

«voit pas bclôin ? Il répondit : C'eft 

parce que ce fou de tantôt a ri en me 

voyant. Unel'auroir pas fait s'iln'ar 

voit va en moi quelque chofc de h. 

bile qui l'accable, Chaque oifeau 

voleavec lesoifeau* defone(pece. 

REMARQUES. Mehemmed fils de 

•Zckeria , de qui il eft ici parlé". eftlé fameux 

Médecin Arabe , conna fous te 

nom deRazis, qui n'eftpasibn propic 

nom; mais, le nom appellatiFde la ville 

de Reï dans le Roïaume deiPerTed'où 

il rftoit, fnivant les règles tJe la Grammaire 

Arabe, de mêmeque deParis on 

fait Pari lien. Ainfi , Razts nVroit pas 

Arabe, maisPerfanj &;s'i(doit êtreappelle 

Médecin Araie, c'eft parce qu'il a 

c'criteo ArtbeSf qu'il a pratiqué* «nftigné 

la Médecine des Arabes. Ceux qui 

connoiflenc les plantes lavent que l'Epithym

dts Orientaux. 53 

thym eùcaquicroii furleThyn» parfilamens, 

dont le» Médecins fe fervent encore 

aujourd'hui pour purger labilc. 

Cette particularité de u vie de Razi* 

eft tirée de l'Inftruâion enPerfan d'Emir 

Onfot ei MaaJi Kikiaous Roi du Mazanderan 

pour fon fils GhilanSchah fous 

k Titre de Kâbous-ijameh. Ce Roi vivoit 

dans le cinquième fiecle de l'Hegjrc » 

puis qu'il marque dans cet ouvrage qu'il 

fit le pèlerinage de h Mecque fans lcxegne 

du Calife Caîm-billah qui commença 

de régner l'an 410. de l'Hégire, c'eftadircl'ande 

j. C. 1019. 

Une femme confultoit Bouzourgemhir 

Vizir de Khofrou Roi de 

Perfe fur une affaire, & Bouzonrgcmhir 

n'eut pas de réporlfe à toi 

donner. La femme lui.dit: Puifqutvous 

n'avés pas.de réponfe à me 

donnée > pourquoi étçs-vous dans 

b cWasge que vous otaupés ? Les 

appointènsero. & i

54 £« bons Mots 

XEM^RQUE. Khofrou eft le même 

Roi de Perfe, qui s'appelle Noufchirvaft 

& Anoufchtrvati fous qui Mahomet naquit 

, & Bouzourgemhit Ccoïc Ton premier 

Miniftre. Les Orientaux parlent de 

Noufchirvan comme du modèle d'un 

Prince accompli. & ils propofent Bouzourgemhir 

pour fctvix d'exemple à tous 

ksMnijftres. 

Un Tailleur de Samarcande, qui 

demeurait près de la porte de la ville 

qui corïduifoit aux Ccmetieres, 

avoir en fa boutique un pot déterre 

pendu à un clou, dans lequel il jettoit 

une petite pierre à chaque more 

qu'on port oit pour êcre enterré, & 

a ta fin de chaque Lune il comptait 

les pierres pour {avoir le nombre des 

nions. Enfin, le Tailleur mourut 

lui-même , & quelque tems après 

£k mort quelqu'un qui n'en avoic 

rien fû voyant & boutique fermée, 

demanda où il étoit, & ce qu'il 

étoit devenu ? Un des voifins répondit: 

Le Tailleur eft tombé dans 

le pot comme les autre*. 

RE-

des Orientaux. ff 

REMARÇQJE. Kikiaous rapporte cette 

plaifanterie dans l'ioftrucljon pour le 

Prince fon fils , en lui marquant qu'il 

faut tous mourir jeunes & vieux. 

Un jeune homme raillenr rencontra 

un vieillard âgé décent ans, 

tout courbé, &quiavoit bien de ta 

peine à fe foûtenir avec un bâton, 

& lui demanda : Scheich , ditesmoi, 

je vous prie, combien vous 

avés acheté cet arc , afin que j'en 

acheté un de même ? Le Vieillard 

répondit: Si Dieu vous donne de lit 

vie, ckfi vous avés delà patience, 

vous en aurez un de même qui ne 

vous coûtera rien. 

REMJ8QIÏF. Scheich , qui fignifie 

un Vieillard , eftauflï un titre d'honneur 

& de dignité, & il paroït pat les Hiftoires 

du Levant qu'il le donne même aux 

enfans pour être joint à leur nom. Ainfî , 

dans l'Hiftoire deTamerlan onaMiiza 

Omet Scheich qui c'toit un de fes fils. 

Kikiaous Roi du Mazanderan, 

dans lmftruâion pour fon fils, rap- 

C 4 porte

5& Lis Ims Mots 

porte le conte qui fuit , ôt dit en 

ces termes: Camilun desChiaoux 

de mon père , âgé de plus de 70. 

ans, voulant acheter un cheval, un 

maquignon lui en amena un d'un 

beau poil& vigoureux en apparence 

Il lui plut & il l'acheta. Quelque 

tons après il s'avifade le regarder 

à la bouche, & trouva que c'étoit 

un vieux cheval. Il chercha aat 

iVtot à s'en défaire & le vendit à un 

antre, je lui demandai pourquoi il 

s'en étoit défait, fie pourquoi l'autre 

s'en étoit accommodé. Il répondit: 

C'eft un jeune homme qui n'a 

pas connoiûance des incommodités, 

de la vieilleflè. Il eft excufable de 

s'être îaiffê tromper à l'apparence ; 

mais, je ne leferoispas fi je l'avois 

gardé, moi qui fais ce que c'eft que 

la vieilleflè. 

Un Roi dePerfè en colère, dépofa 

fon Grand Vizir & en mit un 

autre à fa place. Néanmoins, parce 

que d'ailleurs il étoit content des 

fer.

des Orientaux: 57. 

fçrvices dudépelc y ^ iuî

$8 Les bons Mois 

dans tous les Pais dont le fora m r a> 

voit été confié. Ce que j*en ai fait, 

a été afin queV.M. rat elle-même 1 

en quel état je les lui rends, & qu'elle 

en charge un autre qui puifle lui 

en rendre un auffi boit comte*. 

R£MAR


Sultan Mahmoud fit expédier une ' 

lettre addrcfTée au Gouverneur,' 

par laquelle il enjoignoit au Gouverneur 

de rendre au Marchand ce 

qu'if luiavdit pris. Le Gouverneur 

reçût la lettre; mais, dans lapenfée 

que le Marchand ne prendroic 

pas la peine de retourner une autre 

fois à la Cour, il fe contenta delà 

lire, & ne fit rien de ce qui lui 

étoit commandé. Le Marchand ne 

fe rebuta pas, il retourna une autre 

fois à Gaznin , & prenant le 

tems que le Sultan fortoit de for» 

Palais , il demanda encore juftice 

contre le Gouverneur, les larmes 

aux yeux, 5c en des termes accompagnés 

de gémiflêmens & de fan» 

glots. Le Sultan commanda qu'on 

lui expédiât une autre lettre. Le 

Marchand lai reprefèma: Je lui ai 

déjà porté une lettre de la part de 

V. M. à laquelle il n'a pas obéi, 

il n'obéira pas encore a celle-ci. 

Sultan Mahmoud qui avoit L'efpnt 

C < occupé

6e> Lts bons Mots 

occupé ailleurs, repartit: Je ne 

puis faire autre chofe que de lui. 

écrire; mais s'il n'obéît pas, met» 

fa. tête fous tes pieds. Le Marchand 

répliqua: Je demande pardon à V. 

M. Ce fera lui qui me mettra les 

pieds fur la tête en recevant cène féconde 

Lettre. Le Sultan rentra en 

lui-même, Se dit: J'ai mal parlé» 

c'eft à moi à le perdre & non pas à 

toi. En même rems il dépêcha des 

Officiers au Prévoit de la Ville de 

Mfa, avec ordre de faire rendre 

au Marchand ce qui lui appartenoir , 

& de faire pendre le Gouverneur. 

Le Prévôt exécuta ces ordres, & 

en faifant pendre le Gouverneur 

arec k lettre du Sultan-, il fit crier 

à hante voix que c'étoit-là le châtiment 

que meritoient ceux qui n\> 

béïflbient pas aux lettres du Prince 

leur Maître. 

REM^RQIJES. Sultan Mahmoud Sebekwghi 

n écoit fils de Sebekteghin, & Sekckceghiii 

fac d'abord délaye * laCcrar des 

Sama-


Samankns, qui l'avaucereut fi avança* 

seulement aux premières Charges de 

leurs Etats > qu'il fucceda enfin à leur 

paiffatice dans le Khoraflan. Après fa 

mort Sultan Mahmoud lai fucceda & augmenta 

Tes Etats par de grandes conquête» 

dans les Indes. 11 regnoit dans le quatrième 

fiededePHégire, c'eft-à-diredansle 

«fixiéme fiecle de nôtre Epoque > & fa Capitale 

«ftoic la Ville de Gaznin aux confias 

des Indes > qu'il avoit préférée à Bokhara 

où les Samaniens avoient fait leur rcfidcnce, 

afin d'être plus voifin des conquêtes 

qu'il avoit faites, & plus en «toc de le* 

fbûtenir. 

Ni fa eft une Ville confiderable du Kholaflan 

, fameufe par l'excellence de fes 

pafturages & par fes bons chevaux. 

Sultan Mafoud fils de Sulrart 

Mahmoud Sebe&eghin » écoitbra- 

YC 6c vaillant; mais, ils ne (avoir. 

pas l'art de gouvernée comme ion 

père le lavait. Pendant qu'il étoic 

dans les divertiflemens, au milieu, 

des concerts arec les Dames de fou 

Palais» les Gouverneurs de fes Provinces 

& fes troupes vivoient dans 

la (kmicjrebtence&cammeaoient 

C 7 de


de grandes violences. Une femme 

maltraittée lui fit des plaintes, &il 

lui fit drefler une lettre en fa-faveur 

pour le Gouverneur de qui elle (è 

plaigttoir. Mais, le Gouverneur ne 

fit rien de ce qui lui étoit ordonna 

Elle retourna au Sultan, & s'étant 

meflée parmi La foule de ceux qui 

demandoient juftice, elle lui préfènta 

un fécond placct. Sultan Mafoud 

ordonna qu'on lui expédiât 

«ne féconde lettre; & fur ce qu'elle 

reprefènta que le Gouverneur n'avoit 

pas obéi à la première, le Sultan 

ayant dit qu'il ne pouvoit qu'y 

faire ; elle repartit avec bardieue : 

Donnés vos Provinces à gouverner 

à des gens qui lâchent obéir a vos 

lettres, & ne perdes pas le tem9 

dans les divertifTemens , pendant 

que vos peuples, qui font tes créatures 

de Dieu, gemiflent (bus la 

tyranniede vos Gouverneurs. 

Le Médecin Hareth difoit : Quoique 

la vie foit toujours trop courte^ 

nçajv

des Orientaux. 6 j 

néanmoins pour vivre long-temps , 

il feut manger du matin, il faut être 

léger d'habit & ufer de femmes 

fijbrement. Par la Icgcreté d'habit, 

i! entendott qu'il ne ialloit pas avoir 

dedebte. 

REMARÇgJM. Ce Medecien tfroit 

Aiabe de la ville de Taïef T qui exerça 

premièrement la Médecine en Perfe, Se 

depuis en fon Pî'is dans le temps que Mahomec 

vrvoit. Néanmoins • if n'eft pa9 

certain qu'il akétéMahometan; mats, 

il cft confiant qu'i I «feoit né Païen. 

Le Calife Manfour avoit pour 

Médecin George fils de Bachtjefchoiia, 

qui éroit Chrcftien, qu'il 

eherilloit, parce qu'ill'avoit guéri 

d'une maladie très - dangereufe. 

George qui étoit dans un âge avance 

étant tombé malade, le Calife 

voulut le voir, & commanda qu'on 

l'apporraft le plus commodément 

qu'on pourroit. On l'apporta, & 

le Calife lui demanda l'eftat de (k 

Enté. Le Médecin le fàcisfic, & le> 

fùpplia

64» Les bons Mots 

fiipplia de lui accorder la permUÇon 

de retourner en (on Pais, difànt 

qu'il fouhaîtoit de Voir là famille 

avant que de mourir , & particulierémentun 

fils uniquequ'iUvoii, & 

d'être enterré avec les ançeftres 

après là mort. Le Calife lui dit : 

Médecin, crains Dieu, & fais-roi 

Muflulman, je te promets le Paradas. 

Le Médecin répondit : En 

paradis ou en Enfer* je ferai content 

d'être où-font mes pères. 

RZMARÇgJES. Abou-Ifarage , qui 

«apporte cette Hrftoire> ajoufte que le 

Calife après avoir ri de la réponfe da 

Médecin , fit ce qu'il put pour le retenir ; 

mais à 1» fin, qu'il loi accorda-ce qu'il 

demandeit, * le MHTOÏa


il le defiroit; mais il y arriva rftant encore 

en vie. 

Le Calife Manfour s'appelloic Aboa* 

giafu Manfoui. C'ftoit le deuxième de 

U race des Abbiffides. Il mourut à peu' 

de diftance de la Mecque» il étoit allé 

en pèlerinage 1 l'an de l'Hégire 158. de 

J. C. 774. 

Jean (ils de Mefué connu fous le 

nomdeMciùé, Médecin du Calife 

Haroun-erreichid , étoit un railleur 

; mais, il ne put empêcher 

qu'un autre Médecin ne lui fermait 

là bouche dansuneconverlationen 

préïènce d'Ibrahim frère d'Harounerreichid; 

car ce Médecin qui s appelloit 

Gabriel, lui dit: Vous êtes 

, mon frère, fils de mon père. Aces 

mots Meiùé dit au frère du Calife : 

Seigneur, je vous prens à témoin 

iur ce qu'il vient de dire, parce que 

je prétens partager l'héritage de ion 

ère avec lui. Gabriel repartit: Cè 

E 

ne fcpeut, lesbaftardsn'héritent 

pas. 

RE-


REMAR QJJ E s. Mefué (ton der 

Syrie & Haroun-crrefchid qui l'avoir fiit 

venir , lui fît traduire en Arabe les 

anciens Médecins: Se d'autres ouvrages 

Grecs. Comme d'ailleurs if étoit très? 

favant, ilaroitétabli uiieccoleàBagdad 

où 11 enfei gnoit routes les factices. 

Gabriel étoit petit fils de George fils de 

Bic\\t Iefchoua de qui il eft fair mention 

ci deflus, & Médecin â I* Cour d'Harpon 

erre&hid , auprès de qui il Te mit 

dans un grand crédit, à I occafîon d'une 

Dame de Ton Palais. Cette Dame s'étoit 

étenduC > & en s'eteadanr Ton bras étoit 

demeuré roide à ne pouvoir s'en ftrvir. 

Après toutes les omftioiis Se toutes les fomentations 

dont Tes Médecins purent s'avrfer, 

le mal continuant toujours Gabriel 

fur appelle , & on lui dit de qaelle tau 

lucre il étoit ar rivé à la Dame. Sur ce rapport 

il dit au Calife qu'il favoit un moyen 

infaillible pour Ta guérir, & H le pria de 

ne pas trouver mauvais ee qu'il ferort 

pour cela enfàpréfcnee&enlapTéfence 

de la compagnie ; s'il avoir pour agteable 

de faire venir fa malade. Elle viiu par ordre 

du Calife, & lors qu'elle parut, Gabriel 

courut à elle en fe bai (tant, 8c tue 

prit le bas de la verte, comme s'il eût voulu 

lever U vcfVe. La Dame furprifè de cette 

action, changea de couleur. & porta 

la maiii du bras dont elle étoit incommodée


Je*e jufqo'au bas de fa vefte ponrempêcher 

oue le Mrdecin ne la levât. En même 

tems le Médecin dit au Cabfe qu'elle dtoil 

guérie. En effet, dès ce moment la Dame 

remua fon bras de tous les cotez, comme 

fi jamais elle n'y a voit eu de mal, & le 

Calife fut fi fatùfaic qu'il fit donner cinq 

cent mille Drachmes au Médecin. Les 

Drachmes croient rnonpo'fe d'argent, Se 

cène (omme faiibit environ trois cent 

cinquante mille livres. 

Le Calife Vathek Billa pefchoit 

à la ligne for le Tigre , & Mefûé 

fon Médecin étoit près de lui. Le 

Calife chagrin de ce qu'il ne prenoit 

rien , dit à Mefué : Retire-toi , 

malheureux, tu me portes malheur. 

Meiné piqué de cette rebufade, dit 

au Çakfc: Emperenr des croyans, 

ne m'accnfés point de ce qui n'tft 

pas. Il eft vrai que mon père étoit 

un fimpk Bourgeois de Khôtiz, & 

que ma mère Recala avoir été efclave. 

Mais avec cela, je n'ai pas taî»- 

Ct que d'arriver au bonheur d'être 

favori de plufieurs Califes, de 

manger, de boire avec eux, & 

dette

68 Les fous MtU 

d^tre de leurs divertiflemens; & 

par leurs bien-faits, j'ai des biens 

& des richeffes au delà del'efperance 

que je pouvois concevoir. Cela 

ne peut pas s'appeller être malheureux. 

Mais, fi vous voulés bien me 

le permettre, je vous dirai qui eft 

celui qu'on peut véritablement appellermalheureux. 

LeCalifeayanr 

témoigné qu'il pouvoir sVfcpliqutr, 

iLreprit: C'eftunSeJgneurdcken-. 

du de quatre Califes, que Dieu a 

fait Calife comme eux , lequel laiffànt 

à part dignité, grandeur, Sf Palais, 

eft aûjs dans une Cabane de 

vingt «oudées en toutes fès dimensions, 

expoféûn coup de vent qiri 

peut le iùbmerger, Se qwi faù ce 

que font les plus pauvres Arles plus 

dugratiés de tous les hommes. 

.SEMJ&QSIES- ,AJbo«-l*Kage retnupe 

que le Calice fui oiwtédc la bardieflç 

3cMcfue; mais.! quelapgeTcncede Nlutévekkd 

al*-llah Ton frère, qui fut CalifeaprèsM» 

l'tnp&ktd'ecbcer. 

Le

•des/Mentaux. £9 

Le Calife Vathek Biflah moitnit l'an 

iji. del'Hegire, c'eft-à-dtre l'an846. 

•de J. C. 

• Le Médecin Bacht Iefchonaalla 

un jour faite là cour au Calife Mutevekkel-aU-llah 

& le trouva fèul. Il 

s'affit près de lui, comme il avoit 

coutume de le faite; & comme là 

yefte écoic un peu découiùc pat le 

bas,, le Calife endifeourantacheva 

infcmlîblemcnt delà découdre jufques 

a la ceinture; & dans ce moment, 

fuivant lefujet dont ils s'entretenoient, 

il demanda au Médecin 

à quoi l'on connoifTbit qu'il étoit 

temps de lier nn fou ? Bacht Ief- 

-choua répondit : Nous le lions lors 

qu'il eft venu au point de découdte 

J !a vefte de ion Médecin juiquesàla, 

ceinture; 

XEMJnQPES. Au rapo« d'Abou- 

.IfiMgçlé GaUferiffi fort ûe fa réponfe rfu 

Modecio, qu'il Ce Uifla aller à la*enverfè 

fur le «apis où il étoit aflis, £a mefinc 

temps il lui fit apporter une autre vefte 

( fort

jo Les bons Mots 

fort richeavec une Comme d'argent trètconfiderable 

qu'il lui donna. 

Ce Bach: lefchoua «ftot fils de Gabriel 

de qui ilcft parlé* ci-defTus. Mais, nonobftant 

cette grande familiarité*, il lui arriva 

mal d'avoir fait un grand feftin au même 

Calife, qui fut choqué de fa magnificence 

& de la grande opulence avec laquelle 

il l'avoir régale* ; car, peu de rems 

après il ledifgracia, Se exigea de lui des 

fommes très-confiderablcs. Il eft remarue* 

que de la vente feule du bois, du vin. 

3u charbon & d'autres provifions de fa 

mai Ton , on fit une fbmme d'environ 

trente fix mille iivtes. 

Mehemmed fils de Zckeria ou 

plutôt Razis , de qui il a déjà été 

{ >arlé, devint aveugle dans la vieileflè, 

Se un Empirique s'offrit de 

lui rendre la veu'c en faifant l'opération. 

Razis lui demanda combien 

l'œil avoit de tuniques* L'Empirique 

répondit qu'il n'en lavoir rien; 

mais, que cela n'empêcheroit pas 

qu'il ne le guérit. Razis repartie: 

Qui ne (ait pas combien l'œil a de 

tuniques ne touchera pas à mes 

yeux.

des Orientaux. yi 

yeux. Ses parens & tes amis le 

prcflerenr, en lui reprefentant qu'il 

n'hazardoit rien quand l'Operateur 

ne réiïflkoit pas, & qu'il pouvoir 

recouvrer la ve'rie s'il réuffiflbir. 

Mais, il s'en excufà, & dit; J'ai 

vu le monde fi long-tems, que je 

n'ai point de regret de ne le pas voir 

davantage. 

Le Caliphe Caher Billah avoir 

chargé Sînan fils de Thabet fbn Médecin 

de (aire fubir l'examen, à 

ceux, qui voudraient faire profeffion 

de la Médecine. Un jour, un 

Vieillard de belle taille , grave & 

vénérable, étant venu fè prcfènter 

à lui, il le reçut avec tous les honneurs 

que meritoit un homme de 

cette apparence j Se après lui avoir 

fait prendre place, & avoir témoifné 

qu'il écouterait avec plaifir les 

onnes choies qu'il attendoit de là 

capacité; il lui demanda de qui il 

«voit appris la Médecine? A cette 

demande, le Vieillard tira de fa 

man-

ji Les ions Mats 

manche un papier plein de pieces 

de monnoye d'or qu'il mit fur le 

«apis devant Sinan en le lui prefentant» 

Se répondit: Je vous avoue 

franchement que je ne fai ni lire ai 

écrire. Mais, j'ai une famille, il 

faut que je trouve tous les jours de 

quoi là faire (ubfifter. Cela m'oblige 

de vous (ùpplier de ne me pas foire 

interrompre le train de vie auquel je 

fuis engagé. Sinan fourit & dit : Je 

le veux bien; mais, à la charge que 

vous nevecrés point de malades de 

qui vous ne connoîtrez pas la maladie, 

& qne vous n'ordonnerez 

ni iâigiiéeni purgatkm que dans les 

maladies qui vous feront trés-connues. 

Le Vieillard répondit que 

ç'étoit kmethode, & qu'iln'avoir 

jamais ordonné que de l'Oxymel 

Se desjuleps. Le lendemain, ua 

I'eune homme proprement vêtu, 

>ien fait Se d'un air dégagé, vint 

le trouver pour le même Eijet, Se 

§inan lui demanda de qui il avoic 

pris

dès Orientante. 

'^rîs dés leçons dé Médecine, fl 

'répondit qu'il les avoit prifês de foi» 

père, &éjuefonpereéroit leVieil- 

'iard à qui ! il àivoit donné le pouvoir 

êxticet la Médecine 1e jour précèdent. 

Sinan reprit: C^èft iinbrave 

homme,-vous fervez - vous de là 

même methadedont ilfèfert? Le 

jeune homme

^ Les bons Mots 

jfiêvrç tierce; mais, au lieu- de le 

igiêrir, les remèdes qu'il lui donna 

.firent changer la fièvre tierce en de- 

: tn^jçrce, de forte que les parens le 

. jenvpyerent ,, £ç ne voulurent pas 

.qu'il approchât davantage du malice. 

I] leur dit: Payés moi donck 

^moitié, de la fomme qui m'a été pro- 

• :#)ife, jiuifque j'ai cfiajflé la moitié 

•de la maJadie.JiJl étpjt fi ignorant, 

•,gir'il s.'arrçcoit a»*, nptn, ; Çc qu'il 

çroyoit^que; j^^re^^çnù.-tierce 

c'toit moins que la fièvre tierce, 

quoi quelle foir double de la tierce ; 

oj

ce qu'il difait ne fptisî(bit;fpa$ fa 

Dame., Alafiniliptût, &; la Dame. 

Kii jetta une Drachme. Sur le peu 

W-élie ;lui dqnnoit, , J'Àftrolqgue 

. ajoura qu'ilyoyoit encore par la figti- 

'{é. qu'eue n'étyit>pas des plus aifpçs 

Iccéz-eHe/ni bien riche. Elle, luid^c 

"qjïe cela étpit vrai. L'Aftrologue 

regardant toujours la figure, luide- 

.manda: N'aurwfs vous rien perdu» 

Ej|e répondit: J'ai perdu l'argent 

'qîiejeyéjUsaLdonnéL 7; _ . 

' ttÉMXRQjJE. Nous avonsf d«fij» dît 

• qu'dnc Dràchmc'rftit une monit^ A-d'argent. 

Elle &ojt dé J« valeur de huit à dix 

fols. , 

" Les Sayahs ilesindcs tombpienjt 

d'aceprd de, la capacité & de la granr 

; de fageffe de Bouzourgemhir j niais, 

ils trouvoient a dîré qu'il feriguoit 

ceux qui le confùltoient par l'attente 

de (es réponfès. Bouzourgemhir 

qui fut cet qu'ils lui reprbehoient, 

dit : II êft'plus à propos qyje jepënfc 

' '' ''' ' • Di' " ace

yÇ Lés'bmsMets, 

àc^qûe je dois dire, quedcméfér 

"Çéntir devoir prononcé quelque 

thpfe mal à propos. - 

*• -lïnKéi aWt'pïrorionc'é : Sériten& 

^rnorr c&htre ùrV ctftninël, HS^'-fe 

?c#i*iincl qu'on airdtfêxcditèrèttu 

^éftnce, n^^r^ftqùëklàngufc 

dohftfpuft'dùpdfér,' vomifï&itmilie 

injures & mille malédictions contre 

lé Roi. té^Rpi ayant demandé 

\z ;qu*il tfifoft,. ; un dé^fes Vï^rs" cjûi 

ne vouloir pâsTaïgtîf davantage 

^contre ce, malheu)[eux,prit ,1a parole, 

%. dit que lecrimiaçldifoit que Dieu 

cherifloit ceux qui' fe moderoient 

dans leur colere,& qui pardonnoiehc 

à ceux qui les avpient offenfè. Sur ce 

Rapport U Roi fut't

dçs Orient aux< jy, 

a^piofçtf des choies indignesconcyq 

b. M. pp Roi. en cpjere de. ce-dif, 

cours, dit : Le nienfojigç ,de ton" 

Collègue m'eft beaucoup plus a-' 

greable que Ja vérité que tu viens de 

médire. f 

.^MAflQlJJS, \& premier Chapitre 

qu Guliflao, comrnençe par cette, petite 

Hifroiic ; majs , }c .remarquerai cnpaf- 

^tnc.qaCjGcntiuf qui l'a traduite e/jI-W 

tin n'a pas bien entendu l'endroit,qu'il 

a traduit en ces termes : Ltngu* q**n 

callcbat corrvitiit regem projcinderc cepit. 

U-.fidJftit .traduire: Liitgf* f*»w? /y*«- 

£«>, ou ?«r,e itii fupertràt, & l'entendre 

7,8 Les bons Mots 

fige& âvifë eftplùseftimaHcqu*un 

gran\i homme, gtoffier & fans efrfirit! 

Tout ce qui eft gros 6t grand , 

n'eft pis toujours le plus précieux. 

La brebis eft blanche & nette, & 

1 éléphant fàle & vilain. 

•>• REMARQUE? te fnccA nYToirqn* 

te Prince avoir plus deccriirqùefesfrc^ 

itsj car, il 1 fe-fignala à la guerre par cfe 

focaux exploits , pendant que fes frère» 

ti 'eurent pas le courage de parokrc devant 

l : 

l'ennemi. 

; Un Roi s'embarqua dans un de 

JfèsPorts pour faire uji trajet_h.SÇun, 

de fes Pages ne fut pas pîûtôcfurie 

vailTeau que tout le corps lui tremtAa

des orientaux. 79 

Roi lui ayant témoigné qu'il lui feroit 

plaifir, ilfic jetterle Page a la 

mer. Mais, ceux qui l'y jerrerem 

avertis de ce qu'ils dévoient faire,' 

eurent l'addrefle de le plonger feulement 

deux ou trois rois & de le re-tirer 

parlés 1 cheveux dans le terris 

qu'il s'étôit pris4U timéh, Croyant' 

qu'on vouloicle faire hoïer tout 

ce*) en demanda la raifôn au Savant, 

qui dit: Le Page n'avoir \*à 

maisfu ce que c'étoit que!d'en» 

plongé dans la mer, ni ce que c'était 

que d'être delivrç du danger d'être 

noyé, &le mal qu'il afouffert 

feitqu'ilgdûte mieux le;plaifir d'en 

êtreéchâpé. , . ... ; : -'} 

" H6rmo.u»R,pi4e Perfe^ peu 4s 

tems après ton élévation fur leThrô- 

Àe&t 'emprifonner> te* HWîiisJnuî 

«voient été sur fesvtee! du-Roi' (o»i 

père; Oa lui demanda que} crimp 

D 4 ils

Vpr Les,bonsMu 

ils àvoieftt commis pour l'obliger ï 

leur faire ce traittement } II répondit,-. 

Je: n'ai rien remarqué & jpne 

fî «eux tien de criminel. Mais, 

maigre les ailurances que je leur 

a vois données de ma bonté & de ma' 

clémence, j'ai conniï qu'ils avoienn 

toujours le cœur faifi de frayeur, ÔÇ, 

qu'ils- n'avoieiir. :pas de confiance 

ihes paroles j cela m'a fait craindre 

qu'ils nefe portailent à me faire périr/*, 

&. en ce que j'ai fait, .j'aiÛHvi. 

le, coufeil des Politiques , qui rdifenc, 

qrt'il faut craiudfce cejuj qui 

ijoustrain^. . ;, ...., .-, .•> ; ' • ; 

ntMARQÙi. Ce quatre anciens-Roir 

de Perre nommés Hormouz, comme if 

eft encore marqué plus bas, celui- ciltoic 

le premier pu le fécond du nom, parce 

que l'un & l'autre ont tlcc de bons Prince?. 

Le troifiéme ctoit un' Tyran & le 

âacriéàie ne régna qu'un ari : 

; Un Roi des Arabes cafle de vieil+ 

leffe, étoit,malade, à la mort, lors 

qu'un Ccnirierviiit lui annoncer quç 

fes

fcs Troupes avoient pris une Place 

qu'il nomma.,' qu'elles avoient fait 

pruonniers dt çueeve ceux qui 

avoient fait refiftance , & que le 

reftô>& les pïufdéi s'étoiènt fournis 

à ion obéïflàrice. A'ce dilcours il 

s'écria avec un grand foupir: Cette 

nouvelle ne me regarde plus , elle 

regarde mes ennemis. 

' REM^ÉÇQJÊ. il etitendoic pirjer de 

fts héritiers, qu'il regardok comme dés 

ennemis. ' - ' 

-' Hdgiage'éfokunGotiverneùf de . 

l'Arabie fous le règne du Calife Abd'ulmelec-fils 

deMervan de la race 

4de*Ofl((fHiades$ cnaisil étoit extrêmement 

haï a caufe de fes vexations 

& de fes cruautés. Ayant eu à fa ron- 

-contre un Derviche de Bagdad, 'il 

& recommanda à fes prières. En 

M&nctems le Derviche levais les 

^«tt* au Ciel >. éfc : " Grand Dieu -, 

préftésfènarne. Hagiage ne fut pas 

«ontebt de cette prière ,& il en 

> . D 5 gron-

8î htstmtMo&, 

gconda le Derviche. Mais, leDer£ 

viche repartit: Elle eft bonne pour 

vous & pouttousks Muflnlmaiia. i 'j 

y. ••: [> 'Jj ,i': , .,fi.l :!-.-. :;••.' Of.i 

fils d-Ioufbnf& PAuteut du GuIiitanHagiàge'Ioùfatrf. 

ïî faut 'sUffriêmàrcpxi 

i}u'AW'ulnjickc fils lie Memn'ïut fait 

Califcl'an éo.de I'Hcgiçç, fc^l'A*tcur 

du Gulifran's'cfl: trompe en écrivant 

ouçle.îîçrvjcheetpjtêBagdad,;^cart la 

.Tillê de Bagdad' ne tuftâncouç r.âu ^4,jT 

"del'Hcgîrc,' déJ.-C.I'an 761.'.''ï. ,', 

«,h Un Priiœe je» (accédant au Roi 

•ion père, fe trouva Maître d'urt 

thréior confnlerable, di>nc U fit 4e 

grandes lajgçflès* fe>ï>eHp«s; &* 

Xèsfujets. ;Uo!deifesFaYQtis:YPulm 

-lui donner ç^feil làideffus,! &h» 

, dit limpr.iSdeïïimeriç. t. YQ& ancêtres 

ont amallé ces riclieflès avec beaucoup 

de peine & de foins. VouSnp 

,

desQrimt*ux>\ $£ 

arriver dans l'avenir>,& vous ayes, 

des ennemis qui Vous/ obîèfvenr.J 

Prenez garde que tour ne vous.man^ 

cme,4ïnsle besoin.,,Le Roi inçjjgne: 

de cette remontrance , repartit ;. 

Dieu m'a

&£ Ltsbàns Mots 

Je ont 1 étf leur Commencement de 

très-peu de chofe, Scdans la fuite 

elles ont tellement augmenté qu'elles 

font arrivëesau comble où'bn les 

•voit; : - •' •-/- '"• ]-'• -^ 

Sans conrçftatïo^, leLidneftle 

Roi des animaux, & fA'fnele dernier 

detous. Cependant, les Sages 

ne laiflent pas que de dire : Un Aflie 

qui porte (4 charge vaut mieux 

«ju'un Lion qui dévorç fes homme*. 

; • V • '•',;'.• 

Un Marchand de bois extrêmement 

intèrefTé, achetoit Je bois «i 

bon marché des pauvres Paifans qui 

le lui apportoient& levendoit chèrement 

aux riches. Une nuit le feu 

frira (a cuîfioe, fè communiqua au 

rn'agazin de bois &Je confuma entièrement. 

Quelque rems apris il 

diloit : Je ne faj commentle feu prit 

chei moj. Un de la compagnie lui 

repartit : Il y prit de la fumée qui 

étoit fortie du cœur de< pauvres que 

"TOUS avés rançonnés par vôtre avatkc. 

Um

des Orientaux. 8$' 

Un Maître Luiteur, de trois cent 

foixante tours daddrefledefbnarr,' 

en «voit enlcigné trois cent cinquante- 

neuf à un de fès dffciples, & né 

s'en érqit refervéqu'un féal. Le difciple 

jeune&difpos, qui avoit bien 

profité des leçons qu'il avoir prifes, 

cutlahardiefle de défier ion Maître 

à luiter contre lui. Le Maître accepta 

le défi, & ils parurent l'un & l'autre 

devant le Sultan qui n'approa* 

voitpas la tcmerirédudifcipledçai 

préfence d'une grande foule de peu-; 

pie. Le Maître qui n'ignoroit pas 

quelbndifciple avoit plus de force 

que lui, ne lui donna pas le tems 

de s'en prévaloir. D'abord y il l'enleva 

de terre adroitement avec lei 

deux mains, & l'ayant élevé jufquei 

fur là tête, il le jetta contre terré 

aux acclamations de toute Paflemblée. 

Le Sultan récompensa le Maître 

& blâma le dùciple, qui dit qu'il 

h'avok pas été vaincu par la force î 

mais fenkment par an tour de Tait 

: : D 7 qui

%6 Les bons Mots 

qui lui avoit été caché. Le Maître 

repartit: lleftvrai; mais je me Pétois 

refctvé pour un tel jour qu'au-, 

joucd'huii parce que je favois, la maxime 

des Sages, qui ditt quelque 

affection qu'on ait pour ; un ami , 

que jamais il ne faut lui donner un 

avantagea pouvoir s'en prévaloir s'il 

devenoit ennemi. 

~ HEMJRÇ$JE. Il y a ébeore des Lut- 

HUtt c\uï Uf Orientaux» qfti lakene 

çerjipc autrefois cHei les anciens, 1J« font 

puds, excepté qu'ils, ont un caleçon de, 

cuir depuis le deÏÏus des genoux juCû'a» 

éelTus des rems j & il ; feTrottcnrfe corps 

d'huile pour faire cet evercke. 

»... 

. UiiRoipaflbjt devait on Derviche, 

^leDervichenelevapas içulement 

la tête pour le regarder. Le 

Roj qui.étoit du .nombre de ces 

Rois qui ne favent pasfepoffèder, 

Çc que la moindre chpfe ofience, fut 

piqué de cette irrévérence ,.& dit : 

Ces fortes de gens vêtus dchaiHons 

^ntxomm^'d^s bêtes. Le Vizir dit 

au

desQrimtattà tj 

an Derviche: Pourquoi nerendez» 

youspàsauRoi le refpeâque vous 

lui deséte Xe .Derviçlê. «pondit i 

Dites, au Roi. qu'il attende ' des > réf. 

pedb dé ceux qui a«fêi« &sJpaens 

faitsi&G«4ié9- queksRo&'iôn* 

établis pouS kco»ifervatiQi*id«6fur 

jets ; mais que les fujets n'ont pas la; 

même obligation d'avoir du %efpeâ: 

pour lesRoiSiJUR

t$ï Les bons Mtï 

portance', &lesVizlrsprbpofoiènc 

chacun leur (èntiment. Noufchirvart 

avança jauffi fort avis -4c Bouzoucgertihir 

le.foiVjnO'6 demanda iBoùi 

ïdurgemhir pourquoi il aimit préfe-, 

féWvi^du Roiâ^visdes^Vizifs > II 

répdndk: Lëfuccés defafejredont 

il s'agit cft très-incertain, ôcj'aicrft 

qu'il valoit -mieux fuivte le confeil 

duRoi afind'êtrèàcouvertdefa-ccN 

feJrt attttas qdeia^cboiêioeréaffiffe 

pwA;- r -- ••>'•*• « ;,i ; '"- : '- 

"În'yagibond'idégUnTf fous l"h*i 

bit d'un defeeridant d'Ali, entra 

dans une Ville Capitale avec la Caravane 

des Pèlerins de la Mecque, 

publiant pat tout qu'il y enoit

des Orientaux. %$, 

Mecque? De plus fou. père ef> un 

Chrétien de la Ville de Malaria! 

Quel nipportd'uii defceiidant d'Ali 

avecuaChrétien? Avec cela, ilfc 

trouva que le Poème qu'il avoit re? 

cité étoit du Poète Env,eri. Le Roi 

ûi connutçjue c'étojt un trompeur 

commanda,qu'on lui donnât quelgués 

coups & qu'on le chaflât. A 

ce commandement le vagabond te 

jettant aux pieds du Roi, dit: Je 

fupplie V. M. de me permettre de 

dire encore un mot,, je me foumetf 

à,tel châtiment qu'il lui plaira d'or.donner,.ficeaueje;djrai,n'eilpaw€*ri.table.Le 

Roi le lui permir,& il dit.; 

Ce que j'ai a dire, eft que les voyageurs 

difcnt beaucoup de mensonges- 

• J^^*/?2t7£.y.Lçs Pèlerins de la Mecque 

célèbrent la fête du facrifice a la Montagne 

d'Arafat, où ils fàcrificntchacun 

unmoutea. Ainfi, puifquc ce jour-li.» 

l'impoftcur ctoit à Bâfra fur le Golfe Perlîquequi 

eft fort éloigne* de la Montagne 

d'Arafat, c'étoit une marque qu'il n'éxoitpa» 

Pclcrin delà Mecque. Malaria

$o Les bons Mots 

. Malaria eft uneVilled'Aaatoliedaus W 

Capaddce de$ anciens. 

Enveri eft un ancien Poète Pei&n. 

Deux frères étoient chacun dans 

un état fort oppofê l'un à l'autre. 

L'un étoit au fervice d'un Sultan * 

& l'autre gagnoit (à vie du travail 

de fes mains, de forte que l'un écoit 

à fon aife & que l'autre avoit de la 

peine à fubfifter. Le riche dit au pu- 

Vre: Pourquoi ne vous mettezvous 

pas au fervice du Sultan comme 

moi, vous vous délivreriés des 

înaux que vous {ouffrés. l*e pauvre 

Repartit:- Et vous, pourquoi hfe 

travaillés-vous.pas pour -vous 'délivrer 

d'un efclavage h méprifablé' ï ^ 

Un Courrier arriva à Noufchir-. 

van, & lui annonça que Dieu l'a-, 

Yoit délivré d'un de (b ennemis. Il 

ïui demanda: N'avez vous pas auflï 

à m'ànnoncer que je vivtai toujours 

& que je ne mourrai jamais ? 

Dans le confeil de Nbufchirvan 

OÙ Noufcturvan étoit prefent, on 

deli.

dt? Orientaux. - 91 

dëltbefoit fur Une affaire, & chaque; 

yizir dit ' fon avis, excepté Bbuv 

zxrorgefnhir. Lés autres Vizirs loi' 

en ayant demandé là raifon , il répondit 

: Les Vizirs font comme les - 

Médecins,' qui ne donnent des fe», 

rïiedfcs-aux malades qnë ; fors qu'uV 

font en-grand danger. Vous 'dites 

tous de fi bonnesenofes, qnefaù-' 

rois tort d'y rien ajourer du mien. 

" Le Calife Haroun-errefcnid après 

avoir conquis l'£gypte, y niirpoar 

6odvétheot ûri.tértaîri Colàïb,- Ièl 

pl'u^Til de fes efckùes r •& la té&iï •; 

qu'il-éh [apportait 'ÎMridigharion* 

qu'il àvoitrfé / ceqùeP'har3l6iiavojt J 

exigé que l'on crût qu'il étoitDieuv ; 

Or, Cofaïb étoit un Noir le plus 

groffier'& lé plus ruftique que l'on 

fjût imaginer, comme il lefirvoir* 

en plufieurs decafions , & parti'cu^. 

lierement en celle-ci. Les Laboureurs 

dans l'efperance deqoelque di-' 

mfnutioh des dfoits aulqueis fils' 

çtoient.obligés , lui firent «mon-, 

V'. . tranec

9*- r^W-#^ 

trance fur une inondation da^^r^ 

contre rems qui avoir, &it pjrtjr. le> 

terHe*, ilifent qui! «"toit fils de Philippe. 

Mais, Jes uns& les autres tombent d'accord 

de retendue de les conquêtes, Se 

lui attribuent ùnegrandéfagefle qui avotc 

tété cultivée par Artftoce J ion Précepteur. 

lis dilent açflî que dans leicbursdefe* 

.viâoirct il chercha la fontaine de vie.; 

mais, qu'elle ne fut trouvée qpe pat 

Hizir (on Général d'armée, & luivarie 

• leur penfée •' Hizir cft le même qu'Eliè, 

qui -n'eft pas mort parce qu'il but de cetié 

eau. Ils l'appellent auflî te Cornu 4 

.caufe de fa grande pui(Tance dans l'Orient 

J & dans l'Occident. Touchant'cette ap- 

>pellation, je dirai que je fuis comme 

pcrGiadéqide les-Otieuràur là luiont dott- 

.riée à t'oççaljqn des Médailles Grecques 

dé t.yfimachus i- & particulièrement de 

"celles 'qui font d'argent àuLy fi mâchas 

'ëft reprcfèhtéavecdes«ôriiets,'"acq«eces 

'Médailles..'érinr[ Tombées.etnue leurs 

,mains, ils les i>nt, prifcs'pour des Médailles 

d'Alexandre ; parce qu'ils ne u- 

•îe-nt' pas lire' K 6reC, &'qû'ai«fi ils*e 

i^vêrK'^WamfegSe'rl'uAd'aTcc l'antre 

i outre que ces Médailles'étant pins 

grandes que celles d'Aexandre, ilfemtJc 

' au'ils ont été bien fondés par leur grandeur 

,. Se, me/mo par leur beauté» de 

" croîrè'qù'élles «oient plutôt d'Alexandre 

que d'un autre. ' 5

ar un Sultan à manger à (à tablé, 

mangea beaucoup moins qu'il n'avoit 

coutume de manger fiiez, lu^, 

-afin 4e faire remarquer, qu'iliétoitiôbre^ô: 

après le repas il fit fa prière 

plus longue que les aùtreSjafih «ju'Ôii 

eût bonnne opinion de la dévotion. 

En rentrant chez lui il commanda 

qu'on mît la nappe, & dit qu'il 

vouloit manger. Son fils qui avoir 

de l'cfprK, lui demanda : Mais., 

mon père, n'avés-vous pas mangé 

àlataWe du Roi» Le Derviche répondit 

: Je n'ai pas beaucoup mangé 

, afin que ni lui ni fès Courtiiàns 

ne cruiïèntpasqueje fuÏÏe un grand, 

mangeur. ' Le fils répliquai : Mon 

père , il faut donc que vous recorqmenciés 

auffi vôtre prière, ellep'eft 

pas meilleure que le repas que vous 

avésfàir. 

XEMs4X

•deiXkitntaUie. *>f 

mènent une vie auftcre, qui pourroit faire 

croire qu'ils ont du rapport avec nos 

Religieux ; néanmoins, excepté les Calenders 

, qu'ils fe Avarient pf efque tous. 

%ja Mahometans n'y trouvent rien à dite 

j parce qu'ils ont pour maxime, qu'il 

'n'y a pas de Mbinêrie'dans la Religion 

"Muffulmanne : LA rubbaniet Jil'iJUm , 

4Jc par-là ils entendent que Je van de 

Châftetc n'y eft pas reçu. 

L'Auteur du Guliftan en parlant 

de lui-même, écrit en ces termes; 

Çcuition jeune, j'avoi&coûtume de 

me lever U nuit, pour prier Dieu, 

pour veiller & pour lirerAlcoran. 

Une nuit que j'étois dans ces exercices, 

& que toute la famille dormoit, 

excepté mon père, prés de 

.qui j'étois ,..,je dis .£, mon. père : 

Voyés, pas; un ne levé feulement la 

-tête pour, prier Dieu, & ils dorment 

tous d'un fommeil fi profond, 

qu'il fèmble qu'ils foient morts. 

Mon père me fermaJajbpuche, en 

me ;di(ant : Mçn • $s,. Ù yaudroit 

mieux que yxjusdormiffi^z comme

y6 -Les bons Mte 

ils dorment, que d'obfervcr leurs 

défauts. 

On louoit dans une aflemblée 

tme perfonne de remarque qui étok 

préfente, & l'on en,partait trèsàvantageufément. 

La. perfopne leva 

la tête & dit : Je fuis tel que je 

le fai. 

Un Roi demandait à un Derviche 

fi quelque fois'il^ne'fefouvenoic 

pas de lui} Le Derviche téporiditï 

je m'en ïôuviens,;- rnfciis c'eft'kK'A 

quejenepçhfepasraDieûi - • 

Un Dévot vit en fongé urfRoî 

dans le Paradis & un Derviche en 

Enfer. Cela ¥étonna, & il s'infortoad'où-vënoit-que^ 

ûn & 1 autre 

étoiejit thacun • dans ton lieu- oppoié 

à celui dans lequel on s'imagine 

ordinairement qu'ils doivent «are 

«prés leur mort? On lui répondit: 

Le Roi eft en Paradis à caufe de l'amour 

qu'il a toujours eue pour les 

Derviches , - •& le Derviche £ft en 

Enfer à eaafe-dé Pattacfiequ'il à-euë 

«uprés des Rois. Un


Un Derviche masgeoit dix livres 

de pain par jour & pafloit rotjtc la 

nuit en Prières jinquesau matin. 

Un homme de bon.fens lui diu 

Vous fériés beaucoup mieux de ne 

manger que la moitié d'autant de 

pain & dormir. 

L'Auteur du Guliftan dit encore 

en parlant de lui-même: j'étois enclave 

à Tripoli chez les Francs, lors 

qu'un amixl'Halep qui me reçonijuc 

en paflant, me racheta, poux dix 

pièces de monnoy.e d'or & m'emmena 

avec lui à Halep , où il me 

çlonna (à fille en mariage & cent, pieces 

de monnoye jd'orjppur, fâ doç. 

Mais, c'çrojt une mechantç lan^ 

gue , ; Se elle ,étoit dîune: humeur 

trés-facheiile. Quelque.tçms après 

nôtre mariage , -elle me reprocha 

ma pauvreté, & me d« : iMon père 

ne vous a-tTil pas délivré >des .chaînes 

des Francs pour dix, pièces de, mon,, 

noyê.d'ofc?, Je répondis: Jl'eft vrai, 

il m'a procuré la liberté pour Je prix 

! .' E ' que

$8 LésVotosùfots 

ïjuë vous dites, mais flrh'a raitvôtre 

/ éfclav'cp6urcent. 

Dahsùrfc affaire dtgfahde'irn- 

ôTtariteV tih < Rbi J fit vtiéti, s'il en. 

Benoit k bbut, âe diftribueïtiri'c 

ïbmtne : d*argetft tonfiderable ait* 

Derviches. L'affaiteT«iffittpttime 

ftfotmakdir, & alors, pour accomprir'lon-vteù, 

il mit laibmnïe dans 

IJWc bouffe, & en'fo confiant à Un 

Officier , il'ldi dr'dtoiina d'en aller 

ïâkelâ (fiftribtttibri. L'Officier dtri 

favoh qaellefdrceilegcnsréroiefttles 

Derviches', ^gardala bduffe.jtiïques 

*u loir, -& en là rcmetcant entré les 

«ttkins du Roi; il-M dit qu'il nV 

"Vôit pas trouvé Un ! feul DerVfche. 

ïbeRëitlit-:


pain fondée pour les Derviches î 

Il répondit: Si Les Derviches le mangent 

dans l'intention d'avoir plus 

de forces pour fervirDieu, il leur 

ipo Les kns Mots 

bre de Collèges- fondes par.dps Sultans te 

_par des particuliers, où des Profeflèurs 

gages énfeîgnent ce qu'ils doivent favoir 

•pour acquérir le titre de SaVanr. Us y at- 

Tivent par.dcgre's, de même .qu'on arrive 

au titre de Dodeur dans les Uni ver fi te 1 * 

de l'Europe, & les feiences qu'ils apprenaient 

regardent la Religion & les Loi* qu"i 

•font chez eux irifepa râblés de la Religion. 

-. Un.Mahometan quiavoicdonné 

-plufieuf s preuves "* dHine force ex* 

rtraoïdinairef éroit ctatmuieïigrande 

coierer qu'il «efè podèdbitplos^ 

l&.qu'ii écumoitde rage. Un homme 

-fàge qui le connoilloit le voyant en 

-cet érat, demanda ce qu'il avoir, 

-& il apprit qu'on lui avoir; dit une 

• injuie.. Cela Jui- J i« dire: Cotrtment! 

ce mifèrable porte un poids 

de mille livres , & il ne peut pas 

fupporter une parole ? 

$EM4çQ,pJï.,t Ce njot eftplus jufte 

dansk Tctlmi que dans le François, en 

jcç cjue le mefme rapt qui lignifieporter 

iîgmfîc auffî fupporter. . 

•••'..• .', :•-.:.• ' .1 

: ' . i Un

4es Orientaux* IôI 

Un Vieillard dé Bagdad avojt 

-donné fà fille enïrîariage à uti Cordonnier 

,.& le Cordonnier en la 

feaifant la mordjt à la lèvre jufqu'au 

fàng. Le Vieillard lui dit: Les lèvres 

de ma fille ne font pas du cuir. 

Un Savant ne fâchant à qui donner 

fa fille en .mariage à caufedefà 

laideur , quoique h dot qu'il lui 

donnoit,fût irès-confiderable , la 

maria enfin avec un aveugle. La 

rnefme année, un Empirique qui 

rendoit la veuë aux aveugles, arriva 

de rifle deSerendib, & l'on demanda 

7 au Savant pourquoi il ne 

rhetcoir pas' fon gendre entre les 

mains du Médecin î II répondit : 

Je crains, yjl voïoit, qu'il ne répudiât 

ma fille. Etant auffî laide 

qu'elle eft^ il vaut mieux qu'il de? 

iasureaveugls. î .".

iQ3 Les bats Mat 

ailleurs pins amplement, Curant h tradition 

de» Orientaux. . ; r ; 

OnDervicfieparrbirâunRoiqnî 

ne faifôit pas beaucoup d'eftimedçs" 

gens de fâ forte, ôduidifoit: Nous 

n'avons nt les forces ni lapurflàneé 

qoc^rousav^seri ce monde; mais» 

nous Vivons plus cdnténsquevôrii 

ne vives.- Avec cela, la mort nous 

rendra tons égaux, & au pur drt 

îgement nous aurons l'avantage 

d'être au cteflusde vous. 

Jt£Af^JtÇJJ£. Les Mfttnmctata., 

«•mme les-Quc'ciens,, attendent un, Ja» 

gement univetfcl pour le châtiment des 

taichins Se pour la récompenfc des bons'. 

Dans h ville d*H*lep, un pauvre 

# Afrique «tiioit à. des Marchands 

afiêmblés: Seigneurs qui êtes riches, 

fi vous faifiéscequei'équké 

voudrait que vous fifliés, & fi nous 

tacrespMivrfcs étionsdesgehsà nous 

contenter, on ne verroit plus de 

mencuans dans le monde. /, 

Deu?

4es OmntMPî. xo? 

Deux Princes fils d?un Roi d'£eypte, 

s'appliquèrent Tup amç Iticnccs 

&rautreârnajîe,rdes richelles,; 

Le dernier, dev^t Roi & reprocha 

au Peines iôr* frère le peu de bien 

qu'il ayoit en partage. Le Prirjce 

repartit: Mon frère, je loue Dieu, 

4'ayoù; l'héritage des Prophètes, eo. 

partage, c*eft-à-dke , là fàgefle. 

Mais, vôtre partage n'eft querhetitage 

de Pharaon & d'Hamaii, 

ç'eit-à-direk Royaume d'Egypte. 

MEMJRQSJS. Ça Pharaon eft «loi 

que Ditti, fuivaçt taNciai Teftapjeor» 

£gfubmerger d^nslaMer togge • & ttap 

man, fuiwuu les Traditions des Mabor 

metans s étok fon premier Miniftre te 

l'exécuteur do fes tnçcbantcs inceruiou». 

Suivant les mêmes Mahomccans, cçPbalaou 

fat .le premier des Rois d'Egypte qui 

jorterew le nom de Pharapn v car » û 

BOUS le» en croyons, il o'é'toit point dfi 

race Royale, maisdefort baiTenajflàoce. 

Voici ce qu'ils en diiènt. Son père qui 

s'appclloit Maflib, & qui pptdoit les vaches 

exact mqrt dans le tems qu'il étoit 

eiKore tubasaee , fa mtre lui fit apprendre 

le mfticidçMfinuiû'eri n»is, cette 

E 4 P I(> -


profeffion ne; lui ayant pas plû, il abandonna 

(à mère & fon pais & Te mie chez 

un vendeur de fruits, chez lequel il ne 

demeura pas long tems. S'étant mis dans 

le négoce > il alla à une Foire ; mais > il 

en fut dégoûté, fur ce^qu'on exigea de 

lui à un paflage un droit dont la (omme 

égaloit le prix de fa marchandiie > & de 

dépit il fe fit voleur de grands chemins. 

Infuite, il trouva le moyen de s'établir 

à une des portes de la Capitale deTEgypte, 

& quoique ce fût fans aveu. J'exiger 

au nom du Roi un droit fur tout ce qui 

paflbit ; mais , ayant été découvert en 

voulant exiger le même droit fur le corps» 

d'une fille du Roi d'Egypte que l'on portoit 

pour être enterrée, il Ce délivra de la. 

more par le« grandes (bmmes d'argent* 

qu'il avoie amalTées. La fortune ne l'abandonna 

pas pour cela, ileut encore aP 

fez d'intrigue pour devenir Capitaine dut 

Guet, &dans cet emploi il eut un ordre 

exprès du Roi d'Egypte de faire mourir 

tous ceux qui marcheroient pendant là 

nuit. Le Roi d'Egypte, fans lui donner 1 

avis de fon defleirt, -fortit lui-même une 

nuit pour aller-commnniquer quelque afi 

faite lécrete à un de lés Minières. La' 

Garde l'ayant rencontré, il fut arrêté & 

conduit à Pharaon, qui ne voulut pa* 

croire qu'il fût le Roi, quoi qu'il l'eût 

déjà dit aux gens du Guet, - qui n'a voient 

pas

tt&i 1 orientaux. iof 

-pasauffi «oulu le croire. Au contraire ! il 

Je rie de/cendre de cheval & lui fît couper 

'la tête. Après cette action, ayant connu 

•que c'e'toic véritablement le Roi, il

loé Lettons Mots 

• né occafion de faire voir deqtioi fs 

fuis capable. Mahomet lui dit: L* 

coutume de nôtre pais eft de manger 

feulement lors qu'on eftpsefle 

Er la faim, &decefièr de manger 

rs qu'on peut encore manger. Le 

Médecin repartit : Ceft-là le moyen 

d'être toujours enfanté, & de n'avoir 

pas befpin de Médecin. En 

difânt cela , il prit ion congé & retourna 

en Perfed'où il étoit venu. ' 

Ardefchir Babekan Roi de Perle 

demanda a un Médecin Arabe corn» 

bien iïfoftifoit de prendre de nou*. 

ïiturcpar)onr? Le Médecin répondit 

qu'il fiufifoit d'en prendre cent 

drachmes, & le Roi dit que ce n'étoic 

pas aflés pour donner de la force. 

Le Médecin repartit: Oeftaffés 

pour vous porter ^ mais, vous 

ie porwréstous-même, ûroaten 

pïené&dammtagci • • 

KEJtfMGyE. AriefthirBabeluntft 

ie prenùe* «e ta «ce des R"

des Orietttmx. 10; 

cnafle's par les Mahomctans. §on petc 

s'appeiloit Safan, d'où vient que lui Se 

les Rois qui lui fuccederent furent appel* 

le's Sa(àniens, fuivant l'Hiàoire ancienne. 

desPerfans dans ce qui nousenreftepat 

les écrits des Arabes. 

Deux Sofis de la ville de VaJêtc 

prirent de la viande à crédit d'un 

Boucher êc ne la lui payèrent pas. 

Le Boucher les preflqjr tous les 

jours pour en être payé, avec des 

paroles injurieulès, qui les met*. 

toient dans une grande confufion; 

mais, ils prenpient Je parti d'avoir 

patience, parce qu'ils n'avoient pas 

d'argent, lin homme d'efprh qui 

les vit dans cet embarras, leurdif: 

11 étoit plus aift d'entretenir vôtsfe 

appétit dansPdperancede 4abonnfc 

chère, que d'entretenir le Boucher 

dans l'efperance de îe payer. 

SZjfjnQPjES.. Les Spfis (ont lès Religieux, 

les plus diftitieu

io8 r Les bons Mots 

leucs mœurs, (uivanc l'origine Je letrr 

nom, qui lignifie les purs, les choiiis. 

Les Rois de Perfe > donc la race règne encore 

aujourd'hui, ont aufli pris Te nori» 

de .Softs- , à caufe qu'Hs font defcenJre 

leur origine de Mouça Calîem -le fepticmedes 

douze Imams, qui mourut environ 

l'an de r'H


les lèvres pendantes, il fortit d'abord 

(ans avoir ienlement ouvert la 

bouche pour lui parler. Le conducteur 

, qni l'attendoit, lui demanda 

pourquoi il écoir fôrti ;fi 

promptemenr. Il répondit: Sa mine 

ne me plaît pas, je le tiens quitte 

de k libéralité qu'il pourroit me 

faire. 

Hatemtaï de (cm tems ëtoit le 

plHsbten-'fiii(ànt& k plus libéral de 

lous les Arabes. -On lui demanda 

s'ilavoit vu quelqu'un ou entendu 

parler d'un lèul homme qui eût le 

lit Lts bms Mtft 

me répondit: Qui peut manger for» 

pain du travail de les mains, ne veuç 

pas avqir obligation à Hatemtai. 

Cet honîao* avoir t*amç plus noble 

que «toi. 

. Un Roi avoit bcfoi» d'une fomr 

jne d'argent pour donner aux Tartares, 

awd empêcher qu'ils ne fi^ 

fènt des courfes fur fes Etats, & at> 

^rit qu'un puvïç qui gueufok avoir 

que femme trés»confiderabIe. Il le 

fie venir & lui en demanda une pas- 

Vfe par emprunt , avec promeflè 

qu'elle lui feroit rendue d'abord que 

Jes revenus ordinaires (croient apportés 

au tbrefot. te pauvre répondit 

; Il ferpit indigne quç V. Nf, 

lp&lfôt fe$ mains en maniant l'affgau 

d'un mendiant tel que je fuit, 

i$œ l'ai am^é engueulant. LeRpi 

iï/îp^rtit i, Que cela ne te iafTe pas die 

.fqiifcwlJl! it'iwpwWÇy; ç'çft ppflr 

frfpiHHVWxTsrjarcç, feliq ggigc» 

tcEMJtRÇXJt: eeTartarofwucm

êtes Orientaux, i m 

À la grande Tartane, qui ont M de toyt 

rems de grands foi feu ri de courtes fut 

leurs voifins; & c'cft d'eux que lesTartarcs 

de fa Crimée, nonobftant leJonçjtems 

qu'il/a char*-

là Les bons Mets 

changeant de matière , il contfnuoit: 

Mon deflèin eft d'aller m'è?tablir 

en Alexandrie , parce que 

Pair y eftexcellent, llfereprenoit,, 

Scdtfoit: Honj jen'ifaipasàAle*. 

andrie, la Mer d'Afrique eft rrop 


dans une boutique. lien dit tant fur 

ce fiijet qu'à la fin il fè laffa de parler, 

&en finillant il ra'addrefla ces paroles 

: Je vous prie, dites-nous auffi 

quelque choie de ce que vous avés 

vu Se entendu dans vos voyages. Je 

pris la parole, & je lui dis: Avés* 

vous oiii dire ce que difbir un voyageur 

qui étoit tombé de ion chameau 

dans le deiert de Gour ? Il difôit 

: Deux choies feules font capables 

de remplir les yeux d'un avare , 

la fobrietéou la terre qu'on jette fuf 

lui après là mort. 

REMARQUES Outre que cette narration 

eft très belle par le portrait qufelle 

donne d'un Marchand qui ne met pas de 

bornes à (bu avarice •, elle eft encore très^ 

curieufe, en ce qu'elle faiteonnottrede 

quelle manière, & avec quelles marchandises 

le négoce fe fait dans le Levant. On 

fait encore aujourd'hui toutes ces routes 

ar terre . - & fouvent la rtvcme perfonne 

E 

s faix toutes, & quelqùefois.davantagç. 

LeTurqueftan eft une Province d'une 

vafle c'renauë dans la grande Tartarie, 

Aoath YilIedeCafchgM eft la Capitale.

H4 Les bons Mets 

£llf- a pris, foa nom des Turcs qui i'hab*«teni, 

& ç'c&dc là, que (bus ce nom une 

iafinhé de peuples font fonit en dtfteTens 

mus, d«M le» ?um>qai occupe* encart) 

»jeurd/l»Hl'5inpir«^Ç

des Orientaux, nf 

J& répondis.: Uenoftcle méHneqtie 

d'une vilaine écriture écrite e» ea# 

«âcwadJpr. . 

' MEMABÇ&IE. Eoecte aujourd'hui, à 

Confràminople, les Gens de Loi, ccft- 

JhKie, le Mouphti, lès. Cadileskers, 

Jes MaUaaoii le» Cadis du premier rtngi 

portent dc$;Turbans d'une groflettr fus-; 

prenante, & (ans exaggeraaonil yen a. 

qui ont pr&de «feux pieds dans leur plus 

grande largeur. Ils font faits avec beaucoup 

d'aï t te d'addtefle, & quoi qu'il» 

fbient fi gros; néanmoins il» font foin 

légers, parce qu'il n'y entre que de 1% 

toile tris fine & du Coton. Quand quelqu'un 

de ces Meilleurs n'a pas h» capacité 

qu'il doit Wok, malheur pour lut 9 

Les Turcs imitent l"excn>plt de l'Auteur» 

du Gulifïan , ils Ce mocquent de lui & 

de lagroflcur de fou Turban. 

Un voleur dfraandoitàuftrnendiant>s*il 

n'avoit pas honte d# tendre 

k main au pwmier qui (k pré» 

fentoàt, pour lui demander*!*! Ptft 

gent. Le mendiant répondit; H 

vaut mieux rendre la main pour obtenir 

une maille, que de (e la voir 

i couper

né Les bons Mots 

couper pour avoir.' voie un fol ou 

deux liards. •:, . 

Un Marchand fît une perte considérable 

, & recommanda à (on 

fîlS de n'en dire mot à personne. Le 

fils promit d'obéir \ mais , il pria 

fbn père de lui dire quel avantage 

ce filence produiroit. Le père répondit; 

C'eft afin quWlieU d'uir 

malheur, nous n'en ayons pas deux 

à {apporter, l'an, d'avoir fait cet» 

te perte , & l'autre, dé voir nos 

voifins s'en réjouir. 

.' Un fils qui âyoit fait de grands 

progrés dans lesctudes, maisi, ^naturellement 

timide & refefvé , 'fc 

trouvditavec d'autres perfonnes d'écude 

& ne difoit mot. Son père 

lui dit : Mon fils, pourquoi ne faites-vous 

. pas. laufli paraître ce que 

vous (à vés? Le; fils répondit: C'eft 

que' je crains qu'on ne ixie,demaade 

aufficequeje neiai pas; 

. Galieu vit un homme de la lie du 

peuple qui maltraitoit un homme de 

Lct-

ides Orientaux. 117 

Lettres d'une manière (indigne. Il 

dit de l'homme deLettres: Iln'aiu 

roit passade prifè avec L'aatres'il 

étoit véritablement homme de Lettres. 

. v ,.".: . ' / 

REMARQUE. , Galien o'étd t paç Ce a • 

lement Médecin , c'etoit encore un grand 

Fhilofo|>he. C'çft pourquoi il ne faut pas 

s'étonner que Saadi rapporte de lui ce bon 

mot qu'il, pouvoif avoir appris dansjquelque'livre 

traduit de Grec en Arabe, ou 

"entendu dire à quelque favant Chrc"tien 

-dansifès voïagra. •...-•:) 

Des Courtifans de Sultan Mah- 

( moud Sebejcteghin demaodojent à 

Haiïan deiMcïmendGrandTfrzirde 

.«e&inge, cpquel&SMlian lui avoit 

•c dit couchant xm certaine .afffawc. 

.LeiÇrartdjVizir s'pxcufe») ead&ac 

.qu'il.-Te garderont bien de rien apprendre 

à des personnes à; qui rjftn 

n'étoit caché & qui (àvoient toutes 

«hofcs. - Us repartirent : Vous êtes 

'le Mihiftre de PEtat, & leStrttah rie 

' daigne pas communiquer à des gens 

, ' com-

n8 Lésions Mots 

comme nous>ce i qu'il vous communique. 

Le Vizk reprit: C'efi qu'il 

6k que je ne fc dirai à pecfonne, êc 

vousaves ton demefaiee ladema». 

de que vous faites. 

PEMARÊ. Mèïiwendeft On? ville 

du Kfloraflàft d'où ctoit ee Grand Vizir 

de Sultan Mahmoud Scbokteghtn. 

Saadi dit encore impartent dé luimême 

: Je voulois acheter une maifbn& 

jen'étoispas eaeorei>ien *6folu 

de le faire, lors qu'un Juif me 

dit : Je luis un des ariciens du quar. 

lier, vous ne pouvés mieux vous 

addreïTer qu'à moi pour favoir ée 

ique cêft

des Orientaux. 1 r$ 

que pour les Chrétiens. C'eft pourquoi 

Saadi avoit de la peine à" prendre une maiibn 

dans un quartier où il y avoit des 

Juifs. 

< tin Poëtealla Voir Un chef de voleurs 

, & lui «cita des vcrs*qu*il 

avoit feits à fa louange; mais, an 

Kctt d'agréer fes vers •> le chef des 

voleurs le fit dépouiller & chaffer 

hors du Village, &àVec Cela, il fit 

encore techer les chiens après lui. 

Le 1 Poète'voulut prendre'une pierrts 

jpbutfe •dépendre contre les chiens} 

mai», il avoit gelé & la pierre tcnoit 

fi fort qu'il ne put l'arracher. 

Kkk fai fit dire, etrparfant des voleurs 

¥20 Les bons Mots 

vefte dont vous m'aves fait dépouiller. 

Le chef des voleurs eut compaflion de lui > 

& avec fa verte, il lui fit encore donner 

une vefte fouifre'c. 

lin mari avoit, perdu (à femme, 

qui étoit d'une grande beauté i.mais, 

la. mère de la défunte qui lui étoit 

fore odiçufe demeurait chez lui par 

une claufèdu contrad de mariage, 

au cas qu'elle furvéquît à fa fille, Un 

ami lui demanda comment il fupporcoit 

la perte de fi femme. Il ré* 

pondit : Il ne m'efl pas fi étrange de 

ne pi us voir ma femme, que de voir 

lamere. 

-•• J? l°gÇ°i? cnez , un. Vieillard de 

Etyaibekir qui.avoir du bien 3 ..(.ce 

font lqs termes de 1'iA.uteur duGuliitan 

) & ce Vieillard me difoit que 

jamais il n'avoit eu qu'un fils qui 

étôit préfent, que Dieu avoit accordé 

à les Prières plufîeurs fois réitérées'dans 

une Vallée peu éloignée de 

la Ville, où il y.avoit grande devo.tionprésd'un 

certainarbre. ; Le fils 

-''•' qui

des Orientaux, ni 

qui entendit ces paroles dit tombas 

Si Tes camarades: Je voudrais lavoir 

oùeft cet arbre, j'iroisy demander 

à Dieu la mort de mon père. 

XEMJRÇQJE. Diarbekireftnne grande 

ville de la Mefopotamie , que nos 

Géographe* appellent du nom de la même 

Ville. Comme elle eft fur la frontie» 

re des Etats du Grand Seigneur vers U 

Perfe, il y a un Pacha qui a planeurs San* 

giacs au deflbus de lui. 

Le même Auteur dit encore en 

parlant de lui-même: Par un excès! 

&par unemporrementde jeunefle, 

je maltraittois un jour ma mère de 

paroles. Sur ks chofes tacheufes 

que je lui dis, elle £ retira-dans ui> 

eom les larmes aux yeux, & me dit: 

Prefcntement que Vous avès la force 

d'un Lion, avés-vous oublié que 

vous ares été petit pour avoir Tint 

• ftnfibilité qae vous avès pour moi î 

Vous ne memaltraitteriés pas com-f 

fie vous le faites, fivouswtrçfou-i 

V yc*

iza Les bons Mots 

yeniés devôrre enfance & du rems 

que je vous, tenois dans mon fein. 

• -Leftls d'uaayareétoit dangerenfement 

malade , & des amis, conw 

fèilloient au père de faire lire l'A lcoran 

ou de faire uufacrifice, difant 

que cela fexoit peut-être que Dieu 

rendfoit la famé àfon fils.^ Leperc 

y'peniaun-momenr-, &dit: 11 eft 

plus à propos de fairelire l'AIcoran? 

parce que lfc troupeau eft trop loin. 

Un de ceux qui entendirent cette 

xéponfè,-.dit4 lia préféré la lecture 

de l'AIcoran, puce que l'AIcoran 

eft fur le bordée la langue ; mais j 

l'pr .qu'il lu^-endroit coûté pour 

acheter une viûirne^ eft au fond de 

(bname. .>'..• 

StMAR^JE, lesMahometanslifcnt 

ou font lire l'AIcoran entier du par parties 

en pliifîenrs rencontres , comme ,' 

S Dur l'une âtva défunt, pour vn malae, 

a.vaptflu'iincbatailleie^ld)uifc,daiiiB 

dcSfaiamiiés.pubJiques Si, en d'autxes uecenWs 

preilaritcs», dïnsîa çrdjïance que 

Ceft ' u'tt otoftfï pfopte pour : apparier Ië 

«-* -f f colère

tfej Orteàlauk. 323 

^^«çourlerrêîer ..Sç^feoch 

nls de TamerUn étant fur le point de 

donner une grande bataille à Etrrif C£ii 

Joufouf , qui s'écoit fait reconnolcre 

fildnà? lterfev># tyàï»vartJtflatii>Ûtrôet^fiàTaaitZf, 

rjp]««ridi4Ji8e'raille ibis h 

jChayicicde JïCo«|'iiete0 qui cttk+b. 

de l'Alcoran» par fwJiiioWcxftà>dire, 

par ceuxqui favoient l'Alcoran par 

c^r,lef^^ç^^Jaif?jte:^«&n 

Arrrfee.. Ce 'Cnapure eu de. 19. Ver- 

«fa,.: •

124 Les boni Mtàt 

Ce métier-là ne vous eu paspropre» 

vous de qui la maifon eft bâtie dp 

cannes. 

KEM^tt^JE. Les Orientant paiitot 

fouventdufeaGwgeois, flcpuceqa'ils 

«a dirent, il patokqoc le bitume entroit 


& tenoit ce difcours au fils, d'un 

pauvre homme : Le tombeau de 

mon père eft de marbre, rEpitaphe 

cft écrit en lettres d'or, & le pavé. 

à l'entour eft de marqueterie & à 

compartimens. Mais toi, en quoi 

conufte le tombeau de ton père i 

En deux briques , l'une à la tête, 

l'autre aux pieds , avec deux poignées 

de terre fur (on corps. Le fils 

du pauvre répondit : Tàifés-vous , 

avant que vôtre père ait feulemenc 

feit mouvoir au jour du Jugement la 

pierre dont il eft couv en, mon père 

kra arrivé au Paradis. 

XZMs4RQU£. C'eft use coutume 

chez les Mahomtrans. ide. «lettre une pieric 

aux pieds & à latltedes fepulturesde 

leurs morts. Plus le mort eft riche, & 

plus cette piètre eft polie & ornée , Se 

fouvent on y met de beau marbre blanc 

au lieu de pierre dans les heux où l'on en 

peut avoir i & alors le marbre ou la pierre 

eft en forme de colonne, & allés fréquemment 

avec un THrban en tculpture 

au haut de la colonne, conforme à la ptofeihoû 

ou à l'emploi du deifunt pendant 

F j qu'il

île Les bons Mot* 

qu 'il. vivait; ou avec un bonnet defent-,. 

me , fi c'eft une fepultwe de femrne. 

f)e plus, pour peu que laperfonne (bit' 

4e confiderâtiônV onvoit fur la colonne 

tth EpitapUe en fculpwre ou énearaderes 

{payés m telief, car .. je lie me fouyiens 

pas cVen avoir v(rs de gray


parens plantent à latétc &aux pieds du 

rofmann ou que (qu'autre plante. En de 

««tains lieux les femmes yoiitlç Vendredi 

•pleurêr/urlafepulture de leurs maris 

eu de leurs parens & amis'. 

" Le Grand Iskcnder, ou Alexandre 

le Grand, car c'eft la même cho-. 

fç, venoit de prendre une Place, 6c 

on lui du que dans cette Place il y 

afvoit lin Phrlofbphe de confideràtion. 

Il commanda qu'on le fît venir 

; mais t i\ fut fortfûrpris de YOir 

Un homme fort laid , & il ne put 

s'empêcher de lâcher quelques pa-> 

rôles qui marquoient fbn^tonne* 

ment.. Le Philofophe l'entendit,! 

Se quoi qu'il fut.dans.un grand de> 

iprdre à caufe du fajicaeement defa 

patrie; neanmpirts, ilnelaifla pas. 

que de lui dite ea fouriant :, Il eft 

vrai que. je fuis difforme; .mais, il 

faut coniîdeter mon corps comme; 

un fourreau dûnti'ameetLkiàbre.^ 

C'eft lefabrequi. «anche & non pas. i 

le fourreau. . ••'•'•'/ 

F 4 XE'

12$ Les bons Mots 

KBMjiRÇgJE. Je ne roefouvienî pas 

d'avoir lu ce trait de l'Hiftoirc d'Alexandre 

le Grand dans aucun Auteur Grec en 

Latin, ni entendu dire qu'ils'y trouvât y 

& je ne fâche pas au/fi qu'aucun des Philofophes 

que nous connoillions ait dit ce 

mot. En effet, il relient plutôt la iageC> 

le des Orientaux que des Grecs. .Quoi 

qu'il en foit, il cftjufte & digne d'être 

remarqué, & les Orientaux n^n fâchant 

sas le véritable Auteur , ont pu l'attribuer 

à Alexandre le Grand, qu'ils ont fait 

un Héros de leur Pa'ïs. 

' Un Philofophe difoit: J'ai éaic 

cinquante volumes de Philoibphie } 

mais, je n'en fus pas làrisfàit. J'en 

tkai fbixante maximes qui ne me 

Jànsfirent pas davantage. A la fin , 

de ces fbixante maximes j'en choifts 

quatre, dans lefquelles je trouvai ce 

quejecherebois. Les voici: 

N'ayeVpas la même confideration 

ni les mêmes égards pour les femmes 

que pour les hommes. Une 

femme eft toujours femme , de fi 

bonne maifon & de telle qualité 

qu'cllepuiflè être. 

$1

des Orientaux,1. 129 

r : Si grandes que piiiûent être vos 

ticheflcs» n'y ayés point d'attache,, 

parce que le» révolutions des terns - 

les diffipent. 

Ne découvres vos fecrets. à pet» 

{bnne > non pas même; à vos ami» 

lesplus intimes -, parce que iôuvent 

il arriveqa'on rompt avec un ami , < 

& que l'ami devient ennemi. 

Que rien dans le monde ne vous 

tienne attaché que la feience accompagnée 

de bonnes œuvres ; parce 

que vous (èriés criminel k l'heure de 

vôtre mort fi vouslaméprifiés. 

Les Philosophes des Indes avoîent 

une Bibliothèque fi ample» qu'il ne 

falloir pas moins de mille chameaux 

pour la transporter. Leur Roi fou» 

kaita-qu'ils en nflentun abrégé, & 

ils la redui firent a la charge de cent 

chameaux j & après plufieurs autres 

retranchemens, enfin tout cet abrégé 

fut redukà quatre Maximes. La 

première regardoic les Rois qui dévoient 

être juftes. La féconde preï'c 

«ri**

i go « Les bm& Mots • 

fcri voit aux peuples d'être ioup|ç s 8c 

obeïtlans. Lattoifiépieavoitla&i- ï 

té en vue, & ôrdonnoic de ne pas ; 

manger qu'on n'eût faim , & la ! 

quatrième recommandoitaùx femmes 

de< détourner leurs y eux detdefc'i 

fus lei^ttângets ; > Çc de tacher, leur- i 

vi&ge à ceaxàqui il n&leûr étoitpasJ i 

permis de le/faire voir. 1> '." , . , > 

f '. ' • . il? r. i •;•,!.. ;] . Mi,,. •:••; ; • ' ,- 

REMJRQXJE. ' A propos dé Rbtiothe- i 

que portée par des ebameaui , Saheb fils - 

d'Ibad Grand Viîr deêu^Rçus.de Per- ^ 

fc 'de là race des Bdijéns ? qui airriofr le» 

Lettres - , &qui rribtirut l'àh de THegire> 7 

3^S 5'. 

même dans les campagnes qu il tiroir 

obligé de,faire. .Le Granovizir Kupruli 

tué à la bataille de Salànkcmen, qui avoir ' 

une Çibliôtheqoe très fournie , n'adloit! 

aqfli en aucun ffidroif fu'i^ ne fît'porter 

avec lui pluficuns.coffres, remplis de Livres; 

car', tbut'letemS qd'il rie donnait' 

pasaux affairesV il le donnoit'àla lécîu-re 

buà enTcighér, ce qu'il pratiqua particulièrement 

au cbmmencement de cette 

dernière, guêtre conçre l'Empereur, 

qu'il n'eut pas d'emploi jufques à la mort

du Grand Vizir Cara Muâpha PaciTa., 

qui l'en avoit éloigné, parce que dans le. 

confeil il s'étoiroppole' lui fèul à ladécla-' 

ration de cette guerre. Dans cet intervale 

il/aifoit tops les jours leçon, à foirante 

écoliers» qu'il nournfloic aulTi & qu'il, 

hubilloit. Bien des gens peut être auront. 

dé 1 la peine à le croire, parce qu ils ne font' 

pas accoutumés i voir- de femblaHe» 1 

exemples devant leurs yeux. Cependant!,; 

cela s'eft fait & vu fur un Théâtre aile*, 

grand, puiiq ue c'exoic au milieu de Cooftantinople. 

•...-•• i 

Quatre puiflans Monarques de 

diffèréns' endroits de la terre ont 

rjrononcé chacun une parole rçmam 

quablc, à peu près fiirlç même fu4 

jet. Un Roi de Perle' a dit : Jamais 

je'né me fuis repenti de m'être tû^ 

mais , j'ai dit beaucoup de chofes 

dont je me fais cruellement repen- 

»'; "tin Empereur de la Grèce a dit 

de même : Mon pouvoir éclate bien 

davantage (yr. ce que je n'ai-pas dit i 

que fur céxjue j'ai dit; mais, je ne 

puis plus cacher ce que j'ai une foi» 

f»r ononcé. Un Empereur de la Chi- 

..... ,' ""* ïè 6 ni

;* Les bmt Mots 

ne a dit : Il eft beaucoup plus fâcheux 

de dite ce qu'on ne doit pas 

dite, qu'il n'eft aile de cacher le repentit 

del'avoit dit. Enfin, un Roi 

des Indes s'eft expliqué en ces termes 

fut le même fujet. je ne fuis 

plus maître de ce que j'ai une fois 

prononcé; mais, jedifpoièdetout 

ce que je n'ai pas avancé par mes 

paroles. Je puis le dire &ne le pas 

dire, fuivantma volonté, 

, XMMA]tQlJ£< Au heu de l'Empereur 

de ta Grèce, le texte de l'Auteur du Guliftan 

porte, l'Empereur de Roum» cequi 

£goifie lamefmechofe -x parce qu'en gérerai 

(bus ctnemdcRoutn, IesOriçntaux 

comprennent tous le* Pais qui ont 

été* occupes par tes Romains. Et quoique 

«les Romains ces Pals aïent paire* aux 

Grecs -, néanmoins. its ont toujours rcr*jçn.u, 

le Bom de Roum par. rapport à (À 

rçmiere. origine x de quoi il ne faut pas 

eftonner, putlque depuis les Romains 

te» Grecs fc font appeler & s'appellent 

«nc

dis Orientaux, rjjf 

natolîe, aïant fait leut Capitale de la V il' 

le d'Iconium « ce qui leur fit prendre le 

titre de Rois deRoutn. Cela rient de ce 

que les Empereurs de Conitaotinople 

aVant derrendu long-temps ces Païs-là 

confie les Mahomctarts, qui les connorf» 

{oient fous le nom d'Empereurs de 

Roum, les premiers qui s'en emparèrent 

& qui s'en rendirent Souverains afreâc- 

KDC de fe donner le même nom, 

Trois Sages, I*un de h Grèce, 

un autre des Indesôc Bouzourgenw 

hir, s'enrretenoient enpréfèncedu 

Roi de Perfe, 8c h converiatioi» 

tomba fur la queftion, (avoir, quel* 

leétoit iachofede toutes h phtsracheufè. 

Le Sage de la Grèce «fit que 

e'étoit la vieillefle accablée d'infirmités, 

avec l'indigence & la pauvreté. 

Le Sage des Indes dit que 

e'étoit d'être malade & de fournit' 

(a maladie avec impatience. Mais» 

Bouzourgemhif dit que e'étoit le 

voifinage de la mort deftimé de bon» 

nés oeuvres, 8c toute rafTemblée rue 

du même fèntiment, 

F 7 O» 

i

;34r itisfais'Mkt* 

- Ori demandoic à un Médecin' 

quand il fàlloit manger? Il répondit 

: Le riche doit, manger quand il '. 

a faim, & le pauvre quand il trouvë 

de quoi.manger. 

s Un Philofoph'edîfoît àfon'filsi 

Mon,61s, jamais ne fqrrés.de f£ 

miaifbn le rnati» qu'après avoir mangé 

, on a l'efprit plus radis en cet 

état» &au cas qiie J'on feit orfenfé 

par quelqu'un, on eft pksdi& 

polë à fouffrir patiemment. Car, 

la faim defleçhe" cfcrçnverfe la cervfclle» 

. •'• •.••'.. . 

.gÇMs4XQÙE. Je ne fai files Orientaux 

font fondés fur cette maxime qui eft 

de très bon fens & véritable ; mais généralement, 

ils mangent tous de grandi 

matin,, |c ordinairement aprè&la Prière 

in matin , qu'ils, font avant le levet do, 

Soleil,,.à ce qu'ils mangent font des-, 

laitages, des confitures liquides, &au-° 

très choies femblables & froides j maispas 

de viande, après quoi ils prennent le 

Café. Il eft certain que l'air fombre, 

(èrieuz & mélancolique que l'on remarque 

le matin dans ceux qui font à jeun, 

::..> " i ne

desuvc que trop If/ttêffite' de jp^ttre ; 

cette maxime en pxitique. . 

On demandort à Bouzourgera- • 

hir qui étoit le Roi leplas jatte* 11' 

répondit : C'eftle Raifbusleregne i 

dr.qu lesgens ide bien fônt,eaak» 

furânee, & qùelesméchanitcdo»*'; 

: Los Arabes cbfojeût à' Hagiagr; 

leur Gouverneur qui les maltrait-" 

toit : Craignes Dieu & n'affliges pa» • 

les Muflulmans par vos vexations. •* 

Hagiage qui étoit éloquent monta 

à "là tribune, & çn'leS 'haranguant 

il leur dit ': Dieu rrt'a, établi pour 

vous gouverner;'mais, quand je: 

rriourrois vous n'en fériés pas plus 

heureux; car, Dieu a beaucoup, 

d'autres ferviteurs-qui me -rçfjqjk ; 

blent, & quand je ferai mort ,' 

peut-être que jefèrai fuivixiain autre'Gouverneur 

qui ièra pbsfmé-'î 

chant que moi. ••••; : : u ~ 

Alexandre le Grand priva unOfc 

licier de fon emploi & luiendono* 

,-i.a :'••. un

ï$6 Lei bons Mots 

un autre-de moindre coriûderatton * ' 

& l'Officier s'en contenta. Quelque 

temsaprès Alexandre le Grand 

vit cet Officier & lui demanda conv 

ment, ilie trouvoitdans la nouvelle 

chargequ'âexerçoitî L'Oflicier répondit 

avec refpcd: Ccn'ettpasla 

charge qui rent celui qui l'exerce 

plus noble & plus confiderable; 

mais, la charge devient noble & 

confiderable par la bonne conduite 

«le celui qui l'exerce. 

-REMARQUE. Alexandre le Grand rut 

très-fatis/àit dé cette reponfe, & il rétablit 

cet Officier (fans f* première charge. 

Bansles Cours du Le»atU, qui font otajeufes, 

les CourtifanS ont befoin de ces 

Î 

artes d'exemples, pour ne pas fcdefef- 

perer tors qu'ils (ont contraints die reculer 

après y avoir aiancé'dans le fetvice. 

Un Derviche voyoit un Sulta» 

xort.ramtlieretnénc -y mais » il ob» 

fcrva un jour que le Sultan ne le regardai 

t pas de bon œil, comme il 

arc« coutume de le regarder, lien, 

/ . chercha


chercha la caufe , & croyant que 

cela venoit de ce qu'il fe prefentoit 

trop fbuyent devant lui, jls'abftint 

de le voir & de lui faire (à cour. 

Quelque tems après le Sultan le rencontra 

, & lui demanda pourquoi il 

avoit cefle de venir le voir. Le Derviche 

répondit : Je favois qu'il valoir 

mieux que V. M. me fit la demande 

qu'elle me fait, que de me 

témoigner du chagrin de ce que je la 

voy ois trop fbuvent. 

Un Favori faifoit cortège àCo* 

badRoidePerfe, & avoit beaucoup» 

de peine à retenir (on cheval, pour 

ne pas marcher à côté du Roi Cobad 

s'en apperçut, & lui demanda 

quel égard les Sujets-devoient avoir 

pour leur Roi, quand ils lui rai- 

(oient cortège \ Le Favori répondit: 

La principale maxime qu'ils doivent 

©bferver eft de ne pas faire manger 

à leur cheval tant d'orge que de coutume 

la nuit qui précède le jour auquel 

ils doivent avoir cet honneur» 

afia


afifi de n'avoir pas laconfufion que 

j'ai pïefèntement. 

REMARÇQJEp. Cobad Roi de Petfe 

étoit père $z Noufchitvaii qui lui fucccda, 

fons lequel Mahomet naquit. 

: On donne de l'orge aux chevaux dans 

le Levant & non pas de l'avoine qui a'j 

eft pas fi commune que l'orge. 

• Un jour de Nevrouz , Noufchir* 

van Roi de Perle regalant toute fà 

Cour d'un grand feftin, remarqua 

pendant le repas qu'un Prince de fes 

Earens cacha une tarie d'or fous fon 

ras; mais, il n'en dit mot. Lors 

qu'on fe leva de table, l'OHicicrqui 

avoit foin Je la vaifTelled'or , cria 

que peribnhe ne fôriit, parce qu'une 

taflé d'or étoit égarée, & qu'il 

falloir la retrouver; • Noufchirvan 

lui dit : Que cela ; rie te faffè pas de 

peirte; celui qui l'a p'rife ne la rendra 

pas, & celui qui l'a vu prendre: 

ne déclarera pas le voleur. 

&EMARÇQJE. Lç.Nevroiw effelejour 

auquel le Soleil entre dans le Bélier, & 

ce

des Orientaux. i^ 

ee mot figiîfe le nouveau jour , parc» 

eue cbtjjlçs ficcfaiw c'ieft le premier joui; 

de i 'année Solaire, qui reçoit fui vie fous le 

règne des anciens Rois de Pcrfc^ à Iaquel- 

UTes Mahometansont fait fui'vre 'l'anne*et 

bunatre. Néanmoins < depuis ce tems-4iles 

Perfans continuent de célébrer ce jourlà 

la fétefolemnelle qui s'y celebroit. Le 

Roi de Perle la célèbre lui-même par un 

grand régal qu'il fait à toute fa Cour, 

clans lequel le vin que l'on boit e&auffit 

fervi daotdes tafleâu-d'or., comme od< 

peut le remarquer dans, Jes relations des 

voyageurs de nôtre tenu. 

J Hormouz Roi de Feriê fils de Sa- • 

por, àvoit acheté une partie de perlas, 

qui lui avoit coûté cent mille 

pièces de mdnnored'or; mais ilnc > 

s'en accorrrniodott pas. Un jour, 

fori Grand Vizir lui reprefènta qu'un." 

Marchand en offrait deux cent mille, 

& que le gain étant fi confiderable, 

il feroit bonde les rendre, 

puis qu'elles, ne plaùoient pas à S. 

M. Hormouz répondit: C'eftpeu. 

de èhofè pour nous que cent mille 

pièces de monnoye d'or que nous ' 

avons

Ï4* Les bons Mots 

avons débourfées, & un gain trop 

petit pour un Roi que cent nulle au* 

très que vous me propoiès. De 

plus, fi nous faifbns le Marchand , 

qui fera le Roi, & que feront les 

Marchands} 

BEMjiRÇÇJE. On compte quatre Roi» 

4e Perfc qui ont porté le nom d Hormone 

. fuivant la hfte que nous en avons 

4ms les Hiftoires dcsOnentaui. Celuici 

eft le premier de ce nom & le troilîémc 

de la quatrième te dernière race des an-' 

ciensRois de Perle, que les mêmes Hiftoriens 

appcltenrSaiàruens de Safanpere 

d'Ardefchir Babecan premier Roi de cette 

race. Sapor (on pere avoit (ait bâtir 

Tcbendi Sapor dans le Khouteftan » d'oi 

rfcoicle Médecin htcbt-lc&bona, de qui 

nous avons parlé, ci devait. Avant celui» 

ci > il j avoii eu no autre Sapor Roi de 

Perfc} mais il étoit de ta race des Afcaniens, 

comme les apellent les Orientaux » 

& ce font les mefmes que ceux que nous, 

appelions Arfàcides, Il fut fuccelleur 

«TAsk, qui douna le nom à toute la race, 

& ce fut celui qui Ce rendit fr redoutable 

aux Romains. D'Asie les Grecs & les 

Romains ont fait Afak, & d'Abk Arfak, 

é'm eft venu le nom des Ariacidcs. 

Pcr*


Pendant la minorité dc'Sapor fils 

WHormouz Roi de Perle, Taïr 

Chef des Arabes fit une'cruelle 

guerre aux Perfins, dans laquelle 

H pilla la- Capitale du Royaume, & 

lit la Cœur de Sapor efdave. Mais , 

quand Sapor eut atteint l'âge de 

gouverner par lui-même , il attaqua 

Taïr & le prit dans une Forte- 

reflè par la trahifon de Melaca fit 

Eropre fille, qui ouvrit la porte de 

t Fortereffe, Après qu'il fc fut défait 

de Taïr, il fit un grand carnage 

des Arabes, & à la fin lafle de cette 

tuerie, afin de rendre (à cruauté 

plus grande pat une mort lente, 3 

ordonna qu'on rompit feuleraw le* 

épaules \ tous ceux qu'oh rencontreroit. 

Melikun des ancéftres de 

Mahomet lui demanda quelle animofité 

il pouvoir avoir pour exercer 

une fi grande cruauté contre les 

Arabes» Sapor répondit: Les Astrologues 

mont prédit. que le deftru&cur 

des Rois de Peaedoiiî naft* 

»re

J4«* .\,Les banihbts 

jtrethciles Arabes^ c'cft. en hline 

txuauxévdont'!vous Vousu ^laigriç). 

•Melikirapattit^MiPcat-être. 0 ':••; ;!.'•. .i .! \>;t\ 3i') 'i 

'VKEMÙRÇ^ÏÈ'. Sapçrdcqôîileft'pMlf 

en cerârie'lé'efWe'fécdrft! chï hôifrfiléli &• 

ce des Safanwùs, &>ftr»-,de .la 

niefme race. A caufedécotecruauté dç 

«aflèr les épaulés, lés Arabes tiiï'àqpt^'nt 

le no'rn' ife^Sapoi îjoti'tèctaf i 

JKveç: Jfiquelfilsle^yigtiejp; twjçW ^ 

antres,(lors, qft'ils. parler» ,

des Orientaux.x 

L4.3 

vokries. Le voleur-implota la clé-* 

«îemredùCàWè; &'lui dit; ÔieijÉ 

m'a créé âvét l'une & 1 autre, main. » 

je vous tuppAje 4e ne> pasvpermetrrq 

q»'on me rafle gaucher. Le Caiife> 

reprit: qù*bri ; lui coupe la rriàmy 

Dieu ne veut pas qu'on fouffre les 

voleurs. La mère qui et oit ptéfente 

repartit ; Empereur des Croyans,. 

c'eft mon fils> il me fait vivre dv» 

trayaildefésmains,••.jevpu.$en fù|>.-» 

plie pour l'amour de moi ne, foufs 

frés pas qu'il foi»; eftrppiç. Le Calife 

perfifta dans ce. qu'il avoit or^ 

donné, & dit: Je n^yeuX pas nifi 

charger


Vues, te après eux les Rois Arabes ea 

£fpapie le d'autres Princes Mahoroctant. 

Omar fécond fucceffeur de Mahomet le 

«rit le premier, au lieu du titre deSuccef- 

Knr de Djcu, qu'on lui atoit donné 

d'abordi & qui rat trouve* trop long, 

tomme Abou- Ifatage l'a remarqué. 

On amena un criminel à on Calife 

, & le Calife le condamna au 

supplice qu'il merîtoit. Le criminel 

dit au Calife : Empereur des 

Croyans, il eft de la juftice de prendre 

vangeance d'un aime ; mais , 

c'eftune vertu deme pas fe vanger. 

Si cela eft, il n'eftpas de la dignité 

d'un Calife de préférer la vangeance 

à une vertu. Le Calife trouva ce 

trait ingénieux à ion goût, & lus 

donna la grâce. ' 

*• Un jeune homme de la famille 

d'Hafchem, famille confiderable 

parmi les Arabes, «voit offênfé une 

perfonne de confideration t 8c l'on 

en avoit fait des plaintes à un oncle 

fous h direction deqniilétoir. Le. 

peveu voyant que iw oncle fe met» 

toit

des Orientaux. 14.Ç 

toit en état de le châtier , lui dit : 

Mon oncle, je n «ois pas en mon 

bon fens lorfque je fis ce que j'ai 

fait; mais, fbuvenez-vous défaire 

en vôtre bon fèns ce que TOUS allez 

faire. 

Hagiage interrogeoît une Dame 

Arabe qui avoit été prifè avec des 

rebelles, & la Dame tenoit les yeux 

baillés & ne regardoit pas Hagiage. 

Un des afliftans dit à la Dame: Hagiage 

vous parle & vous ne le regardés 

pas? Elle répondit : Jecroirois 

offenfer Dieu fi je regardois un 

homme tel que lui que Dieu ne regarde 

pas. 

SEMARÇU^JE. Nous avons déjà remarqué 

qu'Hagiage et oie un Gouverneur 

de l'Arabie > & qu'il y avoit cxeicé de 

grandes cruautés. 

On demandoit à Alexandre le 

.Grand par quelles voyes il étoit arrivé 

au degré de gloire & de grandeur 

où il étoit. Il répondit : Par 

G les


les bons traitemens que j'ai faits à 

mes ennemis, & par les foins que 

j'ai pris de faire en forte que mes 

amis furlent conftans dans l'amitié 

qu'ils avoient pour moi. 

Alexandre le Grand étant avec 

fes Généraux, un d'eux lui dit : 

Seigneur, Dieu vous a donné un 

grand & puiflânt Empire ; prenez 

plufieurs femmes , afin que vous 

ayez plufieurs fils, & que par eux 

vôtre nom demeure à la pofterité. 

Alexandre répondit : Ce ne font 

pas les fils qui perpétuent la mémoire 

des pères, ce font les bonnes 

aérions & lés bonnes mœurs. Il 

ne fèroit pas aufïï de la grandeur 

d'un Conquérant comme moi defc 

laiflèr vaincre par des femmes après 

avoir vaincu tout l'Univers. 

Sous le règne de Sultan Mahmoud 

Sebékteghin Fakhr.edde

des Orientaux. 14.7 

rut& laiflapour fuccefleur Meged* 

eddeylet fon fils en bas-âge, pendant 

fà minorité, Seïdeh fa mère 

Princefle d'une fàgeflê extraordinaire, 

gouverna avec l'approbation 

générale de tous les peuples du 

Royaume. Lors qu'il eut atteint l'age 

de régner par lui-même, comme 

il ne fe trouva pas avoir la ca.pacité 

neceflaire pour fbûtenir un 

fardeau fi pefànt, on lui laitla feuler 

ment le titre de Roi, pendant que 

Seïdeh continua d'en faire les fon* 

étions. Sultan Mahmoud Roi du 

Maverannahar, du Turqueftan , 

de ia plus grande partie du Khoraf? 

(an & des Indes, enflé de la porTef, 

fion de ces puiflâns Etats, envoya 

un Ambaûadeur à cène Reine , 

pour luifignifierqu'elle eût aie re^ 

connoître pour Roi, à faire prier 

à fon nom dans les.Mçafqnces du 

Royaume qui dépendoit. d'elle j • & 

de faire frapper laxnamioye à fon 

Coin. Si elle réfutait de fefbtunett 

G i tre


tre à ces conditions, qu'il viendrait 

en pcrfonne s'emparer de Re'i & 

«Tlfpahan , & qu'il la perdrait. 

L'Ambafladeur étant arrivé préfentala 

Lettre remplie de ces menaces 

dont il éroit chargé. ; La Lettre fut 

lue, &Seïdehditàl'Ambafladeur: 

Pour réponfe à la Lettre de Sultan 

Mahmoud, TOUS pourrés lui rapporter 

ce que je vas vous dire : Pendant 

que le Roi mon mari a vécu, 

j'ai toujours été dans la crainte que 

vôtre Maîrrc ne vint attaquer Reï 

&Ifpahan. Mais, d'abord qu'il fut 

mort cette crainte s'évanouit ; parce 

que Sultan Mahmoud étant un Prince 

très-fage , je ra'étois pet&adée 

qu'il ne voudfoit pas employer Ces 

armescontrc une femme. Puifque 

je me fuis trompée, jeprensDieuà 

témoin que je ne fuirai pas s'il vient 

m'attaquer, i & que je l'attendrai 

dans une'> bonne contenance, pour 

décider dermes prétentions. & de 

mon bon droit par les armes. .Si j'ai 

i- le


le bonheur de remporter la victoire, 

je ferai connoître à tout l'Univers 

que j'aurai fournis le grand Sultan 

Mahmoud, & ce fera pour moi une 

gloire immortelle d'avoir vaincu le 

Vainqueur de cent Rois. Si je fuccombe 

, Sultan Mahmoud ne pourra 

fê vanter que d'avoir vaincu une 

femme. 

XEAfARQJjES. Seïdehécoit fille d'un 

oncle de la mère de Kikiaous Roi du Mazanderan 

, comme il le marque lui-même 

en rapportant cetraitd'Hiftoiiedans 

l'Iiiltructioti pour Ion fils, dont il a déjà 

été parlé. Le même rrait eft auffi rapporté 

dans l'Hifroirechoifie, qui eft un 

abbregé de l'Hiftoire Mahometane eu 

Perlàn. 

Fakhr-eddevlet étoit Roi de Perfe, le 

feptiéme de la race de Boicti, qui commença 

à y régner l'an de l'Hégire 311. 

deJ.C. 9 ; ?. par Ali fils de Boieh, & Boieh 

le diibit defcendre de Bcheram Gour 

ancien Roi de Perle, -de la race des Saïaniens. 

Fakhr eddevlet régna onze ans & 

mourut l'an 587. de J. C. 997. Saheb 

Ifmail fils d'Ibad, qui faifoit porter fa 

Bibliothèque en campagne par quatre 

G 3 cent

x5o Les bons Mots 

cent chameaux, comme nous l'avons 

marque" ci-défliis, écoit Ton Grand Vizir. 

Seideh dcf arma Mahmoud Sebekteghin 

far fa fermeté & par fa réponfe. Mais, 

d'abord qu'elle fut morte il détiôna 

Mcged-eddevlet, & le fit mourir cnprifon. 

On demandoit à un Arabe ce 

qu'il lui fembloit des richefles. Il 

répondit ;C'eft un jeu d'enfant, on 

les donne; on ksreprent. 

• Schems-elmaali Roi de Gergian 

& du Tabariftan, ou ce qui eu la 

même chofe, Roi du Mazandcran, 

avoir de très-belles qualités ; mais, 

ilétoit emporté & faifoit mourir fes 

(ûjets pour la moindre chofè fur le 

champ ; car il n'en envoyoit pas un 

(cul en priion pour garder au moins 

quelque forme dejuftice. A la fin, 

(es ftijetslaflés de lefouffrir mirent 

la main fur lui, & en l'enfermant 

dans une prifbn où il mourut , ils 

lui dirent : Voila ce qui vous arrive 

pour avoir ôcé la vie a tant de 

monde. Il repartit; C'eftpour en 

avoir

des Orientaux. ifi 

avoir fait mourir trop peu; car, je 

ne ferois pas ici aujourd'hui, fi je 

n'en avois pas épargné un feul de 

vous tous. 

REMARQJE. Schems-elmaali s'appelloit 

Schems-elmaali Cabous • Se 

étoit grand père de KiMaous Auteur de 

l'Inftruciion dont nous avons déjà parlé 

plus d'unefois > qu'il a intitulée Cabousnameh 

pour lui faire honneur. Il mourut 

de froid dans cette prifon l'an 40 ;. de 

l'Hegire , parce qu'on l'y mitendefhabiflé 

, daus le même état qu'on l'avoit 

furptis » & on l'y laifla (ans lui donnée 

feulement ce qu'on donne aux chevaux 

pour litière, quoi qu'il le demandât ea 

grâce, & ce qu'on donne aux chevaux 

pour litière dans le Levant eft de la fiente 

de cheval feche. Scherns elmaali étoit 

favant en Aftronomic & en plusieurs autres 

feiences, & il a laiffé des ouvrages 

Perfàns en Profe & en Vers. 

Noufchirvan Roi de Perfè demanda 

à un Empereur des Grecs par 

un Ambafiadeur, par quels moyens 

il étoit fi ferme & fi fiable dans ion 

Empire ? L'Empereur lui fit réponiè: 

Nous n'jemployons que des per- 

G A. ion-


fonnes expérimentées dans l'adminiftration 

de nos affaires. Nous ne 

promettons tien que nous ne le tenions. 

Nous ne châtions pas fuivan: 

la grandeur de nôtre colère ; 

mais feulement fuivant l'énormité 

des crimes. Nous ne donnons les 

charges qu'aux perfonnes de naiffance, 

& nous ne prenons conlèil 

que des perfonnes de bon fens. 

Le même Noufchirvan voulut 

qu'on gravât ce mot fur fon tombeau: 

Tout ce que nous avons envoyé 

avant nous, eft nôtre Threlor; 

celui qui récompenfè plutôt le 

mal que le bien, eft indigne de vivre 

tranquillement. 

REMARQJJE. Par cette exprefGon : 

Tout ce que nous avons envoie avant 

nous, Noufchirvan a voulu dite: Toutes 

aos bonnes oeuvres. 

Platon difbit : La Faim eft un 

nuage d'où il tombe une pluye de 

fciencefic d'éloquence. La Satiété 

. eft

des OrwitateX. 153 

eft un autre nuage qui fait pleuvoir 

une pluye d'ignorance & de groflîereté. 

. Il difoit encore : Quand le 

ventre eft vuide, le corps devient 

elprit, & quand il eft rempli, l'efprit 

devient corps. Il difoit auiïï : 

L'ame trouve ion repos en dormant 

peu, le cœur dans le peu d'inquiétudes 

& la langue dans le filence. 

REMARQUE. Je ne fâche pas que ces 

paroles remarquables de Platon (èlifenc 

dans Tes ouvrages, ou fe trouvent dans 

aucun de nos Auteurs anciens. Te les 

ai trouvées dans un recueil de différentes 

matières en Arabe, en Perfan & en 

Turc , que j'ai apporté de Conftantinople. 

A chaque article le Collefteur 

cite l'Auteur d'où il t'a tiré» excepté eu 

quelques endroits.' comme en celui ci 

qui m'a paru digne d'avoir ici fa place. 

Un Poète liioit à un Emir des 

Vers qu'il avoit faits à fa louange, 

& à mefute qu'il lifoit, l'Emir lui 

difoit: Cela eft bien, cela eft bien. 

Le Poète acheva de lire, mais il ne 

lui dit autre chofe. A ce filence le 

G j Poète

t5+ Ees bons Mots 

Poète lui dit: Vous dites: Celaeft 

-bien, cela eft bien ; mais, la farine 

ne s'achète pas avec cela. 

REMARQUE. Par le nom d'Emir, il 

faut entendre un General d'armée ou un 

Gouverneur de Province. 

On dilbit à Alexandre le Grand 

qu'un Prince qu'il avoir à vaincre 

«oit habile & expérimenté dans la 

lierre, & on ajoutait qu'il ferok 

f 

on de le furprendre & de l'attaquer 

de nuit. Il repartit: Que diroit-on 

de moi, fi je vainquois en voleur. 

On demanda à un Sage ce que 

c'étoit qu'un ami î II répondit :C*eft 

un mot qui n'a point de lignification. 

Le Sage Locman érant au lit de 

4a mort fit venir fon fils, & en lui 

«donnant là benediâion, il lui dit : 

Mon fils, ce que j'ai de plus particulier 

à vous recommander -en ces 

derniers momens, eft cToblèrver 

fix maximes qui renferment toute 

la


la morale des anciens & des moder. 

nés. 

N'ayez de l'attache pour le monde 

qu'à proportion du peu de durée 

de vôtre vie. 

Servez le Seigneur vôtre Dieu 

avec tout le zèle que demandent les 

befoins que vous avez de lui. 

Travaillés pour l'autre vie qui 

vous attent, & confîderés le tems 

qu'elle doit durer. 

Efforcés-vous de vous exempter 

du feu, d'où jamais on ne fort quand 

une fois on y a été précipité. 

Si vous avez la témérité de pe- 

* cher, mefùrés auparavant les forces 

que vous aurez pour fupporter le feu 

de l'Enfer & les châtimens de Dieu. 

. Quand vous voudtés pécher 

cherchés un lieu où Dieu ne vous 

voye pas. 

Jg£ÀfAfiÇg7X. Les Orientaux ont un 

reçue i! de fables fous le norn de Locman, 

qu'ils appellent le Sage, &ce qu'ils en 

difent a beaucoup de conformité avec ce 

G (


que les Grecs difent d'Efope. Ilsneeonviennent 

ni du tems auquel il vivoit ni da 

pais d'où il étoit. Il y en a qui avancent 

ue c'étoit un Patriarche , & qu'il étoit 

Îis d'une feeurdejob, & d'autres écrivent 

qu'il étoit contemporain de David, 

& qu'il a demeura trente ans à fa Cour. 

La plus grande partie aflurent que c'étoit 

nn Abimn , Se pat confequent qu'il étoit 

Noir Efclave d'un Marchand. Mais • 

tous ceux qui en parlent conviennent qu'il 

étoit d'une grande prudence & d'une fagefle 

confommée, accompagnée d'une 

vivacité d'efprit extraordinaire. Sou tombeau 

, à ce qu'ils difent, eft à Remleh, 

qui eft ce que nous appelions Ramadans 

la Terre Sainte, entre Hierufalem & Japha. 

Mahomet a parlé de lui dans le 

trente-unième Chapitre > ou autrement > 

dans la trente nniéme Sourate de l'Alco- * 

tan, qu'on appelle la Soutate de Locman. 

On demandoit au même Loo 

man de qui il avoit appris la venu. 

Il répondit : Je l'ai apprifè de ceux 

qui n'en avoient pas ; car, je me 

fuis abftenu de tout ce que j'ai remarqué 

de vitiçux dans leurs actions. 

Ali

des Orientaux. ifj 

Ali recommandoit à les fils Hat 

fan & Huflèin de pratiquer ce qui 

fuit, & il leurdifoit: Mesenfans, 

ne méprifés jamais perfonne. Regardés 

celui qui eft au deflus de vous 

comme vôtre père; votre femblable, 

comme vôtre frère; & vôtre 

inférieur comme vôtre fils. 

Hagiage qui fut depuis Gouverneur 

de l'Arabie, affiegeoit la Ville 

de la Mecque, & Abd-ullah fils de 

Zebir la deîfendoit. Abd-ullah réduit 

à l'extrémité, & voyant qu'il 

alloit être forcé fe retira chez lui. 

Sa mère lui dit: Mon fils, fi c'eft 

pour le bon droit que vous combattes, 

il ne peut le maintenir que 

par vôtre bras. Retournés donc au 

combat, & confiderés que vous fêtés 

un Martyr fi vous fuccombés. 

Abd-ullah répondit: Ma mère, je 

ne crains pas la mort ; mais, je 

crains d'avoir la tête coupée après 

ma mort. La mère reprit : Mon 

fils, le mouton égorgé ne fent pas 

G 7 de

158 Les bons MOTS 

de douleur quand on l'écorchc. 

REMARQUES. Apres la mort du Calife 

Maavia fils d'Iczid , cet Abd ullah 

•'éroit emparé de la Mecque & de lès 

dépendances & d'autres pats > & il s'y 

maintint plus dr (fut ans > jufques à ce 

qu'il fut tué dansle dernier alTaut en deffêndant 

la Place. Après fa mort, Hagiage 

lui fit couper la tête, qu'il envoya à 

Jtfedioe, & fit mettre fou corps en croix. 

Ce fîege de la Mecque & la mort de cet 

Abdallah arrivèrent l'an 71. de l'Hegire 

fcdej. C. l'an 690. 

Les Mahomctans ne font point de 

guerre où la Religion ne (bit mêlée, c'eft 

pourquoi ils cro.yent que tous ceux qui f 

font tués font Martyrs. 

Le Calife Mehdi père du Calife 

Haroun - errefehid etoit dans le 

Temple de la Mecque, Se difoit à 

un certain Manfour: Si vous avez 

befôin de quelque chofe, demandez-le 

moi. Manfour répondit: Ce 

fcrott une honte pour moi de demander 

mes befoins dans le Temple 

de Dieu à un autre qu'à Dieu.

des Orientauxi "if $ 

. REMARQUE. Suivant 1* tradition 

des Mahometans > le Temple, de la Mecque 

eft le premier Temple confàcré à* 

Dieu, & ils veulent qu'il ait été' bâti par 

Adam & rebâti cnfoite par Abraham te 

par I fmacl. C'eft pour cela qu'ils v vont 

en pèlerinage par ua des cinq préceptes 

de leur Religion. • 

. Le Calife Haroun-errefchid voulant 

récompenfet Bakht - Iefchoua 

qui l'avoit guéri d'une apoplexie» 

le fît (on Médecin, & fui donna 

les mêmes appointemens qu'à ioa 

Capitaine des Gardes du Corps, en 

dilant : Mon Capitaine des Gardes 

du Corps, garde mon corps ; mais t 

JJakht-Iefchoua garde mon amc. 

XEM^fiQlJE. Bakht-Iefchooa eft le 

même que George fils de Bakht- Iefchoua 

de qui il eft parle ci-devant, llétoitfort 

jeune tors qu'il guérit Haroun-errefchid 

,de cette apoplexie, & ce fut le commencement 

de u fortmie à la Cour des Califes. 

Le Calife Mamoun fils d'Haroun- 

160 Les bons Mois 

pardonner, & il difoit : Si l'on lavoir, 

le plaifir que je me fais de pardonner 

, rous les criminels viendraient 

à moi pour fentir l'effet de 

ma clémence. 

REMARQUE. Mamoun n'e'toit pas 

feulement un Prince doux, bon & clément, 

comme il parole par ce trait de 

fon Hiftoire; mais, encore, il c'toit 

Jiberal & très habile dans l'art de gouverner. 

Avec cela, il a encore été le plus 

docte de tous les Califes. & comme il 

aimoit laPhilofophie & les Mathématiques, 

il fit traduire du Grec & du Syriaque 

en Arabe plufieurs Livres de ces (biences. 

11 e'roit même bon Aftronome, &il 

drefla ou fit dreflèr des Tables Aftronomiques 

, qui furent appelles les Tables 

de Mamoun. 

Le Calife Vathik Billah étant à 

l'article de la mort, dit: Tous les 

hommes font égaux & compagnons 

au moment de la mort. Sujets, 

Rois, perfbnne n'eneftexempr. Il 

ajouta en s'addrcflànt à Dieu : Vous 

de qui le Royaume n'eft point periflablc 

,


rifïablc , faites mifericorde à celui 

de qui le Royaume eft perifiàbie. 

REMARQUE. Le Calife VathikBillah 

rftoit petit fils du Calife Haroun - errefchid 

& neveu de Mamoun. Son père auquel 

il avoit fuccedé s'appelloit Mutaflèm 

Billah. Il étoit vaillant & libéral, & comme 

il étoit amateur de la Poé'lïe > les Poètes 

étoient bien venus à fa Cour, Se il 

leur faifoit du bien. Il ne régna que cinq 

ans & quelques mois & mourut l'an de 

l'Hegirei3i.deJ C. 845. 

Le Calife Mutezid Billah avoit 

befoin d'argent pour les préparatifs 

d'une campagne, & on lui dit qu'un 

Mage qui dcmeuroit à Bagdad avoit 

de groflès fômmes en argent comptant. 

L'ayant fait appeller il lui en 

demanda à emprunter, & le Mage 

lut répondit que le tout étoit à ion 

fervice. Sur cette bonne foi le Calife 

lui demanda s'il fe fioit bien à lui, 

&s'il ne craignoit point que fon argent 

ne lui fut pas rendu. Il répondit: 

Dieu vous a confié le commandement 

de fes fcrvkeurs Se lesPaïs 

qui

i6z Les bons Mats 

3ui reconnoiflcnt vôtre puiuancej 

eft public auffi qu'on peut fèfier 

à vôtre parole, & vous gouvernés 

avec juftice. Apres cela, puis-je 

craindre de vous confier mon bien î 

KEMâRÇÊ. Ce Calife mourut à 

Bagdad l'an de l'Hegire 489. deJ.C. 

l'an 901. 

Gelai-eddevlet Melec Schah un 

des premiers Sultans de la famille 

des Selgiucides, qui ont régné dans 

JaPerfe, fit un jour fa prière à Met 

ched dans le Khoraflan au Tombeau 

d'Ali Riza, dans le tems qu'un de 

fes frères s'étoit rebellé contre lui. 

En fortantdela prière, il demanda 

à fôn grand Vizir s'il devineroit 

bien ce qu'il avoit demandé à Dieu? 

Le grand Vizir répondit: Vous lui 

avez demandé qu'il vous donne la 

vi&oirc contre vôtre frère. Le Sut 

xan repartit : Je n'ai pas fait cette 

•demande > mais, voici ma prière: 

Seigneur, fi mon frère eft plus propre


pre que moi pour le bien des Mut 

Fulmans, donnés - lui la victoire 

contre moi ; fi je fuis plus propre 

que lui, donnés-moi la victoire 

contre lui. 

REMARQUE. Ces Sultans ou ces Rois 

Sclgiucidcs prennent leur nom de Selgiouc 

chef d'une pui (lance inondation de 

Turcs, qui pallerent en deçà de l'Oxus 

dans le Khoraflàn (bus le règne de Mahmoud 

Sebefteghin de qui il elt fait mention 

ci-deflus. Dogrulbcg petit fils de 

Sclgiouc commença leur Empire, qui 

fut partagé en plufieurs branches, l'an 

419. de rHegire , de J. C. l'an 1037. 

Quelques-uns de nos Auteurs, par une 

grande corruption , l'ont appelle T*ngrotipix, 

& Mr. Befpier dans fes Notes 

fur l'Etat de l'Empire Ottoman de Mr. 

Ricaut , s'eft donné beaucoup de peine 

pour en trouver la correction. Celle qu'il 

a donnée de Togrulbeg eft la meilleure, 

& il auroit trouvé auflï Dogrulbee s'il 

avoir fu que les Turcs prononcent le Ti 

des Arabes comme un D. mais, il ne pouvoir 

pas le (avoir t puisqu'il n'avoic appris 

le peu de Turc qu'il favoit qu'en 

Normandie. Ce mot ne vient pas au(E de 

Taiigri qui (îgnifie Dieu en Turc» comme 

il leprétenti mais, de drogu qui lignifie

164 £'•? bon* Mots 

gnihe droit , & Dogrulbeg ftgnifie, te 

Seigneur droit. Gelal-eddevlet Melek- 

Schah » qu'un autre Auteur appelle Gelai 

eddin , rut le troifiéme Sultan après 

Dogrulbeg, & mourut l'an de l'Hcgire 

48 5-deJ. C IOJX. 

Le Calife Soliman, qui étoit 

bien fait de là perfonne, le regardoit 

dans un miroir en prélènce d'une 

de (esDames, &diloit: Je iuis 

le Roi des jeunes gens. La Dame 

repartit : ,Vôus fériés la marchandife 

du monde la plus belle & la plus 

recherchée , fi vous déviés vivre 

toujours; mais, l'hommen'eftpas 

éternel, & je ne fâche pas d'autre 

défaut en vous que celui d'être pcriilable. 

REMARQUE. Le Calife Soliman étoit 

le reptiéme delà race desOmmiadesqui 

régnèrent avant les Abaffides. Il mourut 

l'an 99. de l'Hegire, de J. C. l'an 717. 

Au retour du fiege de Mouflbul, 

qui ncluiréullic pas , Salahh-ddin 

Roi d'Egypte & de Syrie tomba dans 

une


fine maladie très-dangereufè, dont 

peu s'en fallut qu'il ne mourût. 

Naflïr-eddinMehemmed fon coufin 

en ayant eu la nouvelle, écrivit 

auffi-tôtàDamas delaVilled'Hims 

eu il étoit, pour folli citer ceux qu'il 

croyoit lui être favorables de fonger 

à le déclarer Sultan, au cas queSalahh-ddin 

vint à mourir. Salahhddin 

ne mourutpas ; mais, peu de 

tems après Naflir-eddin Mehemmed 

tomba malade & mourut luimême. 

Salahh - ddin qui avoit été 

informé de la démarche qu'il avoit 

faite , s'empara de fes richefies & 

de tous (es biens, & quelque terris 

après il voulut voir un Bis âgé de dix 

ans qu'il, avoit laiiîé en mourant. 

On le lui amena, & comme il favoit 

qu'on avoit foin de fon éducation 

, il lui demanda où il en étoit 

de la lecture de l'Alcoran. Il répondit 

avec efprit &avec unehardiefle 

qui fùrprit tous ceux qui étoienrpréfens, 

OC dit: J'en fuis au verfètqui 

~. • dit;.


dit: Ceux qui mangent le bien des 

orphelins (ont des Tyrans. 

REMARQUES. Salahh-ddin eft le fameux 

Saladin de nos Hiftoires des Croifades, 

qui reprit Hierufalem l'an 585. 

Je I'Hegire, de J. C. l'an 1189. quatre 

ans après le fiege de Moufloul, donc il 

cft ici parlé, la feule de toutes les entreprifes 

qu'ilavoit faitesjufquesalors, qui 

ne lui réunit pas. Lors qu'il fut arrivé 

devant la Place, Sultan Atabek Azz-eddinMafoud 

lui demanda la Paix, en lui 

fàifant propoferlaceflîondetoute laSy.rie. 

Mais, Salahh -ddinperfuadé par 

fon confeil, s'obftina à vouloir faire le 

(îegequ'Azz-eddin foûtint fi vigoureufement, 

qu'il fuccontraint de le lever avec 

honte, & de Ce retirer après avoir fait 

une Paix qui lui fut bien moins avantageuse 

que celle qui lui avoit été offerte. 

Hims eft le nom que les Arabes donnent 

à la Ville d'Emeflè eu Syrie. 

Dans une Bataille que Ginghizr 

khan gagna, des Officiers de l'Arr 

mée ennemie faiioient.des actions 

furprenanres , & fâifoient retarder 

le moment delà viâoire. Ginghiz? 

Khan

des Orientaux. iéf 

khan les vit, & dit en les admirant: 

Un Monarque qui a de fi braves 

gens à fon fer vice peut vivre enfeuretc. 

REMARQUES. II n'y» presque que 

le petit nombre de ceux qui ont quelque 

intelligence des Livres Orientaux a qui 

Ginghizkhan (bit bien connu. Néanmoins 

, le public peut efpetcr d'avoir 

bien tôt le mente avantage par l'Hiftoire 

ue M. de la Croix le père en a recueillie 

S 

e difïèrens Auteurs Arabes» Perfans& 

Turcs qu'il doit faire imprimer. Cependant 

, a'iant à rapporter en cet endroit 

quelques-unes de (es paroles remarquables 

riréesde Mirkhond un de fesHiftoriens, 

afin de donner des marques défit 

grandeur, je dirai en partant que parles 

conquêtes il fut Empereur de (a grande 

Tartarie, de la Chine» des Indes, delà 

Perlé & de tous les Païs qui font au Sud 

Je la Mofcovie, au deflusde la Mer CaP 

pienne & de la Mer Notre. Il régna vingtcinq 

ans avec grand éclat, & mourut l'an 

TfeI'Hegire£t4.deJ.C.i'an ir%6. 

Il gagna la bataille dont ilcftîci parle* 

contre Tàïank Khan Roi d'une bonne 

partie de la grande Tartatie > dans laquée 

le ce Roi fat blefle fi dangereulèment que 

-peu de jours après il mourut de fèsblefla* 

tes.

i68 Les bons Mots 

tes. Cette viâoke lui ouvrit le chemin î 

toutes les autres conquêtes qui relevèrent 

au point de grandeur qui a été marqué. 

Giougikhan prioit Ginghizkhan 

fon père de donner la vie a un Prince 

de Mecrit fort jeune & très adroit 

à tirer de l'arc , de qui le père & 

deux frères venoient d'être tués dans 

un fanglant combat. Ginghizkhan 

le refuïa, & lui dit: Le peuple du 

Mecrit eft de tout le monde le peuple 

à qui il faut le moins fe fier. Le 

Prince pour qui vous me parlés n'eft 

préfentement qu'une fourmi ; mais , 

cette fourmi peut devenir un fèrpent. 

De plus , un Prince n'a jamais 

moins à craindre d'un ennemi 

que lors qu'il l'a mis au fond d'un 

tombeau. 

f. 

REMARQUES. Giougikhanétoit 

l'aîné des fils de Ginghizkhan qui lui 

donna le commandement abfolu fur tous 

les Pais qui s'étendent depuis la grande 

Tarrarie au deflus de la Mer Caipienne 

& de la Mer Noire, & une grande partie 

' d e

éti Orientaux. 169 

de la Mofcovie y etoic comprife.. II mourut 

quelque tcms avant la monde Gingnjzkhan. 

Le Pais de Mecrit éft une Province du 

Mogohftan dans.la grande Tartaric» 

dont le Roi & le peuple avoient cauféde 

grandes traverfes âGinghukhan dans Ta 

jeunette, & qui '«froienrentrés dans toutes 

les ligues qui s'étaient formées contre 

lui. ' .C'eft pourquoi > il ne faut pas 

s'étonner qu'il n'ait pas voulu écouter les 

prières de (on fils Giougi pour facrifier ce 

jeune Prince à fon relTcnriment. 

Un jour Gingfùzkhan: voyant fès 

fils &fes païens lesiptus proches a£ 

femblés autour de ' lui, tira une fléche 

de fon Carquois Se la rompit. 

Il en tira deux autres qu'il rompit de 

même tout à la fois. ' Il fit la même 

chofe de trois-&i de. quatre. !Mais 

enfin il en prit un il grand; nombre 

qu'il lui fut impoffibie de lesrompre. 

Alors, illeurtimcedifcours, 

&dir: Mesenfans, lamêrnechofè 

fera de. vous que de ces flèches. 

Vôtre perte fera ii^évîtab^, fi vous 

tombés un a un oUjdç^^êypc en- 

' H ' ' «e

1-70 Les bons Mats 

tre les mainsde vos ennemis. Mais, 

iî vous êtes bien unis enfcmble, jamais 

perfonne ne pourra vous vaincre 

ni vous détruire. Pour leur persuader 

davantage qu'ils dévoient vivre 

dans cette union, il leur difoit 

encore: Un jour qu'il fai&it grand 

froid , un ferpent à plufieurs têtes 

voulut entrer dans un trou pour Ce 

mettre k couvert &s'empccher d'ê^ 

tre gelé. Mais, à chaque trou qu'il 

rencontroit, les têtes Vembarra£foieot 

tellement l'une arec l'autre, 

qu'il foi fat impdffibk d'entrer dans 

aucun * & qu'à kfin y ayant été 

contraint de demeurtot à l'air, k 

froid le&ifit &kfe rhouric Dans 

le même terne, unàutrtqoi n'avoir 

qu'une tête & placeurs /queues fe 

fourra d'abotd avec toutes (es 

queues dans le premier trou qu'il 

rencontra & fàuvaià yic. 

REyT^RÇE&E. GingjmkW reiffic 

dans le dcfleinqu'iiavoïc conçu d'établir 

une bonne union' dan» û fiunille , ât 

• ' après

•dés Orientaux. 171 

après lui , elle dura une longtie ("uitfe 

à'années dans (à pofterité, qui conferva 

long rems le grand & le pui liant Empire 

«ju'SaToit forme* fons lecommwidwnerit 

abfolu d'un feul. Mais, celui quiaroit 

cecommaudement ne flouvernoir. point 

par droit de fucceïtion m d'aluede ; mais, 

par I'cleâiori qui s'en faifolt du confentement 

de tous dans une aflembWe ge'né- 

. raie pour jouir de la mf me autorité avec 

laquelle Ginghizkhan avoit régné. C'eft 

ce que l'on verra plus amplement dans 

THiftoire de Ginghizkhan & de fis fuc. 

cefleurs, lors qu'elle fera mffe au jour. • 

Ginghizkhan avoir pris à fônfèpvice 

le Seaeraire d'an Roi Maho^ 

metan qu'il avoit vaincu pourlVini 

ployer dans /es expéditions. Un 

jour, il eur à écrire au Roi de Moût 

foui pour lui mander de donner paC 

fâge a un détachement de (es Trou* 

pes qu'il avoit envoyé de ce côté-là, 

& il ht venir ce Secrétaire à qui il di t 

en termes fort précis cequ'il vouloir 

que la Lettre contint. Le Secrétaire 

accoutumé au ftile pompeux 8c renv 

pli de titras emphatiques que tous. 

H 2 les

17* Les bons Mots 

les Princes Mahomerans de ce tetrssv 

là fedonnoient, drefla une Lettre 

en Arabe tifluc de belles pen(ces& 

de mots recherchés, &la préfenta 

à Ginghizkhan pour avoir fon approbation. 

Ginghizkhan fe la ht 

interpréter en Mogol qui étoit là 

langue; mais, il la trouva d'un ftile 

oppofë à fon intention, &il die 

au Secrétaire que ce n,'étoit pas ce 

qu'il lui avoit dit d'écrire. Le Secrétaire 

voulut fè defFendrc, & die 

que c'étoit la manière ordinaire d'écrire 

aux Rois. Ginghizkhan qui 

ne vouloitpas qu'on lui répliquât, 

repartit en colère : Tu as l'eipric 

rebelle, & tu as écrit en des tetr 

mes qui rendraient Bedc-eddin (c'étoit 

le nom du Roi de Moufloul) 

plus orgueilleux enliiantma Lettre 

& moins difpofé à faite ce que je 

lui demande. 

REMARIES.. Ginghizkhan ne Ce 

contenta pas de cette rc\ rimende , il fit 

encore mourir Je S"i;tcrai:e pour avoir 

eu


en la hardicflc de'ne pas faite preafémenc 

ce qu'il lui avoit commande'. 

Bedreddin Roi de Mou flou I n'aroic 

tti premièrement que Miniftré de ce 

Royaume-là fous Azz-eddin Mafoud de 

la race des Atabcks, auquel il fucceda 

après là mort. Il régna long tems & 

mourut l'an de l'Hegire (59. de J. C. 

1160. 

Le Leéteur ne fera pas fâché de trouver 

ici le contenu de la Lettre que Ginghrzkhanccrivoit 

au Roi dcMouflbul en 

Ion propre ftile. Le voici tel qu'il eft, 

rapporte par Mirkhond : Le grand Dieu 

nous M donne C Empire de la Jwrface de la, 

terre à moi (£ à ma Nation. Ton* ceux 

gui fefoumettent fans fe faire contraindre 

ont leur vie, leurs tiens, leurs Etats, 

&'leurs en/ansJàufs. Dieuûi tfl tter- 

*ïlj~iiit juidoit !:xr arriver. siBedreddin 

fe fiumet & donne fajfage à nor 

troufes, il lui en arrivera tien. S'il fait 

le contraire 5 Que deviendront fes Etatf t 

fes richeffes CT la Ville de Moujfoul , 

lorfyue nous j ferons arrives avec toute* 

nos troufes rajfemtlcesi Ginghizkhan & 

fes fuccefleurs ne prenoient pas d'autres 

titres que celui de Khan. 

Ginghizkhan s'etant rendu maître 

de la Ville de Bokhara, fit af-! 

Hj • fem-


fcmbler les habitans, & en les haranguant 

, il leur dit entre autres' 

choies: Peuple, il faut que vos péchés 

foient bien énormes, puifiaue 

c'eft lacokrede Dieu toutpuiflant 

qui m'a envoyé contre vous, moi 

qui fuis un des fléaux de fon Thrône. 

KEM^nQUE. Bokhara eft une Ville 

du Maverannaliar ou de la Tianfoxiane, 

4p Orientaux. 175 

'defotdte que les Mogolsy :avoient 

cotpm.is «oit, auffi grand qu'on le 

ublioit. Il répondit ÔC en exprima 

Ê 

1 defblation en fa langue qui étoic 

Perfàne, en ce peu de mots: Ils 

font venus, ils ont détrui, ils ont 

bruflé, ils Ont tué* ils ont emporté. 

:.-..:, . .. . -.'..'. 

XÇMJRÇÇUE. Après avoir parle* de 

? incendie de Bokhara dans la Remarque 

précédente, pour dite un mot de l'efroiion 

de fang que l'armée de Cinghizkhan 

T fit j le jour qu'elle arriva devant la Place 

vingt mille hommes en fortircnt.-à 

-Feotrée de la nuit pour la furprendre. 

, Wais, les Mpgols les apperçurent, & ils 

, en firent une fi grande tuerie, qu'il n'en, 

rentra dans la ville qu'un très petit nombre. 

Le lendemain; ao lever d,u Soleil. les 

faabitans aïant obfervé de dcâus leurs 

remparts que la campagne ,paroiflqit 

çom.ine ungrand lac dcungXc'çfti'ey- 

'prefliou de îjïif&hond ) ils câpitulereat & 

-ouvrirent leurs portes-. ••>• • 

»'„'.. : "ju":.-''.'.: .1 >:>. ::." .' ;'.• • •'•••' •' 

- ; Jln ^phftçlid^RCigrandcircputation 

8c ,cl'un prçfond (avoir demeiïrqit 

dans la ViUe.de Kharezem Capiti 

4 talc

4 • 

176 LesbonsMoisrate 

du Roiaumc du rnjnfie nom, 

Ibrlqne Ginghizkhan fortic de k 

'grande Tartane pour étendre lès 

conquêtes du côté do Couchant.Les 

• Manomecans quiétoient auprès de 

lui ayant lu qu'il avoit refôlu d'envoyer 

affieger cettt Ville-là par trois 

Princes fes fils, le fupplierent dV 

. voir la. bonté de faite avertir !e 

.Scneich de (e rétirer ailleurs. Ginghizkhan 

leur accorda cette grâce, 

& on donna avis kceScheichdef» 

j>art qu'il feroit fagement de fonir de 

. la Ville pour n^ pas. are enveloppé 

;:

dcsOriektmx. 177 

peiloitNegem-cddinKebri, fut tué dans 

le fac de Kharczem ; mais auparavant, 

quoi qu'il fût dans une grande vieillcile, 

néanmoins, il ne lai (Ta pas que de tuer 

plusieurs Mogols de ceux qui le forcèrent 

dansfainaifon. - 

Sans parler des Kharezemiens qui fuient 

tués dans le dernier aflaut, par lequel 

ils furent forcés après un fiegede près de 

fix mois, Mirkhond rapporte que les 

Mogols quand ils furent maîtres de la 

Ville, en firent (ortir tous les habitans f 

fuivant leur coutume lors qu'ils prenoient 

une Place, qu'ils firent efdaves, favoir, 

les Marchands & les Artifans avec- ltt 

femmes & les enrans qui croient au delfous 

de quatorze ans, Se que lereftefut 

distribué aux foldacs pour les égorger. Il 

ajoure que les foHats étoient au nombre 

de plus de cent mille, & que des HiftotiensalTuroient 

que chaque foldat en avoir 

eu vingt-quarre en parcage. Si celacftoir, 

plus de deux millions qu&tre cent mille 

âmes auroient péri dans ce (eut carnage. 

On pourroit douter qu'une Ville eût pu 

contenir tant de monde, mais, il faut 

confiderer que la. Ville étoit grande , 

puifquec'étoit une Capitale, & que les 

habitaos des Villes voifines & les peuples 

d'alentour s'y e'toicnt réfugiés avant le 

fie SV 

H 5 ' Gingiha-

178 Les bous Mdts 

Ginghizkhan étant à Bokhar» 

après fes grandes conqueftes en deçà 

del'Oxus, fur le point de retourner 

en Ton Pays dans la grande Tartarie 

où il mourut peu de temps après fon 

arrivée, eut uri entretien avec deux 

Docteurs Mahometans touchant 

leur Religion, dont il fut curieux 

d'avoir la connoiflancej & à cette 

pecafion il dit plufiturs paroles trèsremarquables 

& de bon lens, qui 

méritent d'avoir ici leur place. 

Le Docteur Màhbmetan qui portoit 

la parole, lui dit: LesMufîulmans 

reconnoiflent un feulDieu 

Créateur de toutes chofes, ÔCqui 

n'a pas fon fèmblable. AcelaGm- 

;ghizkhan dit: Je n'ai pas de répugnance 

à croire la même chofè. Le 

Docteur pouifuivit : Dieu routpuiflant&trés-faint 

a envoyé a ies 

fèrviteurs un Envoyé, afin de leur 

enfètgner par fon entremife ce qu'il 

• falloir qu'ils obfervaflent pour faite 

le bien Se pour éviter le mal. Cedifcours

,coHrs ;ne déplut pas à Ginghizkhan 

plus que le premier, & iïyiépon- 

- dit en ces termes:... Moi qui fuis ferviteur 

de Dieu, j'expédie tous les 

joues des Envoyés pour faire/avoir 

à mica fujets ce que je veux qu'ils 

. faflent pu qu'ils, ne faflent pas, & 

je fais des Ordonnances pourladifcipline 

de mes armées. LeDoâeur 

reprit la parole, & dit: Cet Envoyé 

a fixé 4e certains tems pour 

ifcire laPricrc, &cncestems-là, it 

.« commandé ^'abandonner tout 

-travail & toute occupation pour 

adorerDie». Voyant queGinghiz- 

Jthan agréok cet article» il dit encote: 

U a suffi preferit de jeûner 

-Une Lune .entière, chaque année. 

Giogbinikh*n aepaotit :. Il .eft jnûc 

jde, manger »vec «efiwe l'eipaçe 

d'une Lune pour rçconnoàtre l

tSo Les bons Mots 

Envoyé a auffi ettjoint aux riches ; 

par exemple , de vingt pièces de 

monnoye d'or d'en donner la moitié 

des Orientaux. 1S1 

ctore qae'Ginghiikan (ur le* réponftj 

qu'il avoir faites étoit Mahometan.Mais, 

2 on Collègue foûtint le contraire) parce 

que Ginghiïkhan n'a voit pas reconnu la 

neceffirede faire le pèlerinage delaMetqne. 

Il avoir- 'raifori : Car, comme 

Mirkbondl'a remarqué, il eft confiant 

que Ginghizkhan n'a été attaché à aucune 

Religion particulière des peuples 

qu'il avoitfubjugués, qu'HIaiflèir à chacun 

la liberté de profefler celle qu'il vouloir, 

> §t qu'il ne contraignoit perfonne 

d'embrafler celle donr il faiCbit proref- 

' fion. > Au contraire, il avoitde laconfi- 

' dcrâtiôn pour tous ceux qui' avaient delà 

'vertu , du favoir & du mérite yfaiu 

avoir égard à leur Religion, comme il 

paroitpar fonHiftojre. Et, comme le 

remarque encore Mirkhond, c'eft une 

des grandes qualités qui le rendirent rccommandable. 

A confiderer fa Religion 

en particulier de rentrerien qu'il eue 

avec ces Doreurs , des autres çircon- 

' (tances"de (on Hirtoire & de l'Hiftoire de 

Tes fucceflèurs, ilfemblequ'dnpourroit 

-ihe qu'elle n'avoir pas beaucoup dégénère 

de celleque Japhct ou fa pofterité avoir 

portée dans la Tartarie. 

Soit que ce fût une opinion reçue par 

les Arabes du terris de Mahomet, qu Abraham 

& Kmaël avoient bâti un Temple 

à Dieu àla Mecque, ou que Maho- 

H 7 met

:t8i JJR bvttr Mets 

-.net ait tafeotc le fait', c'eftce qui I«{ 

«donnélie»de jEaircup «tticlede (àReligion 

, par .lequel il enjoint à tons fes 

Sénateurs d'y aller eo pèlerinage aa 

moins une fois en leur vie. Usl'ob&rvent 

encore aujourd'hui». & il jrenapta 

de ceux qui en ont les moyens qui ne je 

fartent i ou s'ils ne le font, qui ne croyept 

qu'ils y font oblige» &, qui n'ayeot defieJndelefaire. 

- Oa rapporta aOgtaikhan fils de 

ÇiflgfatzKhan &forï fuccefleur aux 

grands 8ç puiflaris Etats qu'il avoir 

laiflés, comme une nouvelle qu'on 

' cEoyoic devoir lui faire plaifir, qu'on 

avoit trouvé dans un Livre que le. 

"threfor d'Afrafiab ancien Roi du 

Turqueftan étoit dans un certain 

endroit qui n'etoit pas éloigné de 

là Capitale. Mais, il ne voulut pas 

; en entendre parler > & il dit; Nous 

n'avons pas befoin du trefor des autres 

, puifque nous diftribuons ce 

que nous avons aux fèrviteurs dé 

Dieu & à nos fujets. 

*EMjiR$yES. Ogt«ï étoit le trpifif 

flic

des Orientons?. il) 

trie fils de Ginghizkhan, qui le déclara. 

fon fucccfieur pat Ton Teftament préfe^ 

rablement à Giagata? Ton fécond fils , qôt 

/• fournit a la volonté de fon père, Se 

qui reconnut lui-même Ogtaï en cet» 

|ualitédansl'aflèmblée générale de tous 

Î 

es Etats, lots qu'il fut confirmé deux 

ans après la mort de Ginghizkhan. Cette 

Dicte ou cette Aflembltfe n'avoit pu A 

tenir plutôt, parce qu'il ne fallok pas 

moins de tenus à tous ceux qui dévoient 

la compoler pour s'y rendre des extrémités 

de l'Empire de Ginghizkhan. Ogtaï; 

khan mourut l'an de rjiegire 6JJ. dé 

J. C. l'an 1141, C'éroit un Prince : dtr 

ment & pacifique > 8c fur toutes ebofes 

très-libéral. comme on peut le remarque 

r par les articles qui fuivent. ' 

Ogtaï fut particulièrement appelle 

Kaan au lieu de Khan; mais* ce fut par 

corruption Si fuivant la manière plus 

groflîere des Mogols de prononcer ce 

mot au rapport de Mirkhond. 

Un Marchand préfcnta à Ogtaïkhan 

un bonnet a la mode duKhoraflàn, 

& alors Ogtaïkan ctoit un 

eu échauffé de vin. Le bonnet 

lu 

ui plut, & il fit expédier au Marchand 

un billet pour recevoir deux 

cent

1&4 Les bons Mots 

centbalifchçs. Le billet fat dreffé 

Se livré; mais, les Officiers qui dévoient 

compter la fômroe ne la 

payèrent pas, croyant qu'elle étoic 

exceffive pour un bonnet, & que 

je Khan dans l'état où il étoit n'y 

avoir pas fait réflexion. Le Marchand 

parut le lendemain v & les 

Officiers préfenterent le billet au 

Khan, qui le fouvint fort bien de 

l'avoir fait expédier; mais, au lieu 

d'un billet de deux cent balifches* 

il en fit expédier un autre de trois 

cent. Les Officiers en différèrent lé 

payement de même qu'ils avoient 

différé le payement du premier. Le 

Marchand en fit fes plaintes, &le 

Khan lui en fit faire un troifiéme 

de fix centbalifch.es, que les Officiers 

furent contraints dé payer. 

Ogtaï, le Prince du monde le plus 

modéré , ne s'emporta pas contre 

eux, fur le retardement qu'ils 

avoient apporté à l'exécution de (à 

volonté. Mais, H leur demanda 

s'il

des Orientaux. 18? 

s'ily avoitaumondequelque chofe 

qui fût-ctcrrid? Les Officiers 

répondirent qu'il n'y en avoir aucuiie4. 

Il reprit : - Ce que vous di-* 

tris ri'eft pas véritable ; car, la bon-ne 

renommée & le fouvenir des 

bonnes sciions doivent durer éternellement-. 

Cependant, par vos 

longueurs à distribuer les largefles' 

que je fais , parce que vous vous 

imaginés que c'eft le vin qui me 1rs 

Ëiit taire, vous faites voir que TOUS 

êtes mes ennemis; puifque vous ne 

voulés pas qu'on parle de moi dans 

le monde-.' 

-.XEAtJliQpE. Une b?!ifche chez les 

Mogols valoir environ cinq cent, livres, 

de nôtre monnoye. Ainfi , de la fomme 

qu'Oetaïkhan fit donner au Marchand 

pour le bonnet qu'il lui «voit préfenté, 

on peut juger de fa libéralité. En voici 

un autre exemple qui n'eft pas moins fur» 

prenant. 

' Un Perfan de la Ville de Schiraz 

fe piéfcnta devant Ogtaikhan , & 

lui

186 Les bons Mas 

lui dit que furlebruit dcfeslargeffès 

il venoit du milieu de la Perfe 

implorer (bnfecours pour s'acquitter 

d'une debtc de cinq cent balifches. 

Ogtaïle reçut fort bien, & 

ordonna qu'on lui. comptât mille 

balifehes. Ses Minjftres lui repréfentèrent 

quecenetok pas unelargefle, 

mais une prodigalité, ào 

donner plus qu'on jie demandoir.. 

Ogtaï repartit; Le pauvre homme 

a paflé les montagnes & lesdefertst 

fur le bruit de notre libéralité, &. 

ce qu'il demande ne fuf&tpas pour 

s acquitter de ce qu'il doit, ni pour 

la dépenfè du voyage qu'il a (ait & 

dwdwiqu'il-* ençoi* lfw« £°y*r 

retourner chez htf. 

XEMARQTJE. Scbirazeft la Capita*le 

de la partie de tout le Royaume de Pcri 

le , qui porte proprement le nom de; 

Perfe. Delà le Perfah de qui il eft ici 

parle* droit allé prefque à l'extrémité^ do 

fa grande Tartarie wers la Chine » la 

Cour d'Ograïkhan , & Ogtaïkhan eu* 

égard à la confiance en (à libéralité A'e«

des Orientaux. i%j l 

laquelle il avoit entrepris un fi grand 

voyage. 

En panant par le Marché de Caracuroum 

ià Capitale, Ogta'ikhan 

vit des Jujubes, & commanda à un 

Officier de lui en acheter. L'Officier 

obéit & retourna avec une 

charge de Jujubes. Ogtaïluidir: 

A la quantité qu'en voila, apparemment 

qu'elles coûtent plus d'u-; 

nebalifçhe? L'Officier crut faire (à 

cour, & dit qu'elles ne coûtoicnc. 

que le quart d'une balifche, & que > 

c'étoit même plus que le double de., 

ce qu'elles, valoient. Ogtaï lui die* 

Ciî CîCïGi jâtViàtS àenciclîi de ma 

qualité n'a pail'é devant la boutique 

de ce Marchand, & lui commanda 

en même tems de lui porter dix balifches. 

fEMARÇQJE. Caracoroum dans la 

Endc Tartarie e'toit le lieu de lanaifce 

de Ginehizkhan, & le patrimoine 

qui lui étoit échu après Tes ancêtres, dont 

il avoit fait la Capitale de fonEmpirev 

Sons le règne de fes fucccflcursellc devint • 

i•.•. . une


une très grande Ville par l'affluence des 

peuples qui y abordoieut de tous les endroits 

du monde. 

Un Marchand avoir perdu une 

bourfe remplie d'une fomme considérable 

& d'un bon nombre de 

pierreries, Se pour la trouver plus 

facilement il rit publier qu'il en donnerait 

la moitié à celui qui la lui 

rapporteroit. Un Mahometan qui 

l'avoit trouvée la lui porta; mais, 

il ne voulut rien donner, difànt 

que le tout n'y étoit pas. L'affaire 

alla jufques à Ogtaïkhan qui voulut 

en prendre connoiflance. Le Ma* 

hometan jura que ia bonne étoic en 

fôn entier & qu'il n'en avoit rien 

pris, & le Marchand foûxint par 

ferment qu'il y avoit plus d'argent 

& plus de pierreries. Ogtàiknan 

prononça, & dit au Mahometan : 

Emportés la bourfe, & gardés-là 

jufqu'à ce que celui à qui elle appartient 

vienne vous la demander. 

Pour le Marchand, qu'il aille chercher


cher ailleurs ce qu'il a perdu; car, 

de fôn propre aveu la bourfe n'cft 

pas à lui. 

Timour maître de l'Anatoliç 

après la défaite de Sultan Bajazet IIdirim, 

voulut voir le Scheichkoutbeddin 

de Nicée, fur la réputation 

de fa doétrine & de la vie retirée 

dont il fàifoit profcffionXe Scheich 

prit la liberté de lui dire : C'eft une 

indignité à un Conquérant de maffàcrer 

les ferviteurs de Dieu & de 

faccager les Provinces comme vous 

le faites. Ceux qui afpirent a la gloire 

doivent s'abftenir de verfer le 

fàng innocent. La Religion Mufliilmatie 

dont vous faites proicfEon 

demande que vous protegiés les 

Pais où elle eftfleuriflàrite. Timour 

répondit : Scheich, chaque campement 

que je fais , l'entrée de mou 

pavillon eft ouverte le foir du côté 

du Levant, & le lendemain matin 

jela trouve ouverte du côté du Couchant 

De plus, quand je fuis monr 

té

,i^p hes bons Mots 

.té à cheval, une cinquantaine de 

Cavaliers vifibles. à moi feul rnarr 

chent devant moi &me fervent de 

•guides. Le Scheich reprit : Je 

croyois que Vous étiés un Prince 

fàge; mais, ce que vous me dites 

me fait connoître que je me fuis 

trompé. Timout repartit : Comment; 

Le Scheich répliqua: Ceft 

que vous faites gloire de toutren- 

.verfer comme le Démon. 

REMARIES. Timour eft le véritable 

nom deTamerlan, & le mot de Tamerlan 

eft une corruption de Timourlenk, 

pour dite Timour le boittux, nom 

qui lui fut donné apparemment de fou 

tems par ceujrNqui avoient des raifons 

pbur ne pas l'aimer. Mais, itnedevroit 

.pas être en ufage parmi nous, qui n'en 

avons reçu aucun lu jet de chagrin. 

En venant de la Perfè dans i'AnaroIie> 

Timour entrait dans Ton pavillon par 

l'entrée qui regardoit le Levant , & eu 

fortoit par le coté du Couchant» parce 

qu'il venoit en avançant vers le Couchant. 

Il n'avoit pas une meilleure réponlè 

à faire au Scheich, c'eft pourquoi 

il lui fit celle-ci par raillerie. 

Timour

dès'Orientaux. 191 

Timour croit un jour au bahî 

•avec planeurs de les Emirs, parmi 

le/quels fe trouvoit suffi Ahmcdi 

Poëtc Turc, qu'il avoit attiré au-* 

•près de lui comme un homme dé 

Lettres & comme bel elprit. Il de*, 

manda à Ahmcdi : Si mes Emirs 

tjuc voilà étoient à vendre, a quel 

»rix les mertriés - vous ? Ahmedi 

Î 

es mit, chacun •> tel prix qu'il lui 

plut, .« quand il eut achevé, Timour 

lui demanda : Et moi -, que. 

puis-je valoir? Il répondit? je vous 

mets à quatre-vingt afpres. Timour 

reprit: Vôtre eftimation n'eft pas 

jufte? Le linge féal dont je iuis 

ceint en vaut autant.' Ahmedi répartit 

: Je parle aufli de ce linge; 

car, pour voue peribnne vous ne 

raies pas une maille. 

XEMJSQ$J£S. JI croit aifi? que h 

converâdou tombât fur ce fujet parmi 

des perfonnes chez qui les hommes fe 

;endoi«nc.& .s'achetaient tous les jours, 

comme il fè pratiqua encore aujourd'huidans 

tout le Levant'>• Stpanicuiierejnenc 

dans


dans un bain où il était fàcilede juger de 

l'embonpoint & des défauts du corps 

d'un chacun. 

Suivant ce qui a e*té remarqué ci-devant 

> quatre-wngt aipTCS, font quarante 

fols de nôtre mouiioïe. n ;• : • 

Timour ne (c fâcha pa? deJahardieHe 

du Poète j au contraire, il entendit raillerie. 

& ilnefccontentapasderiredeià 

plaifantetje -, il loi, fit encore tpréfent de 

tout l'attirail de bien dont il (èfervoiten 

cette occauon, lequel confiftoit çn des 

badins & en de grandes rafles d'Or & d'argent 

& des vafes de -même matière propres 

à verfer de l'ea». ' 

Les Mahomeians hommes & femmes 

par bien-feance fe ceignent dans le bain au 

deflbus des efpaules d'un linge qui eft 

ordinairement de toile bleue > dont ils 

font enveloppés prefque jufques aux pkds 

par devant & par derrière, de manière 

que rien ne bleflé la modeftie. Ils appellent 

ce linge Fota, duquel mot Cogia 

Efcndi s'eff fervi en rapportant cette plaisanterie. 

On fe baigne dans l'eau froide 

avec la même referve; mais, plutôt avec le 

caleçon qu'avec le Fota. Si la même ehofe 

fc praciquoit en France > on ne reprocheroit 

pas aux Dames la promenade en Eté 

le long de la rivière hors de la porte de 

Saint Bernard. 

Ahmedi étoit de, la Coar de Sultan 

Bajazec

des Orient tu*. 19; 

Bajazet Ildirim. Après que Timour fe 

fut retira de l'Anatolie, il fe donna à 

Emir Soliman fils du même Bajazet, & 

lui dédia l'Hiftoitc d'Alexandre le 

Grand eu Vers, qu'il avoit compofec 

fous le titre d'Iskendcr namefa. 

Un jour Timour expédia un Courier 

pour une affaire de confèquenee, 

& afin qu'il fît plus de diligence, 

il lui donna le pouvoir, quand 

ijknaurojtbefbin, dfeprendretous 

les chevaux qu'il rencontreroit en 

chemin , fans regarder à qui ils appartiendraient 

de tel rangiquexe put 

être. En padant par une Prairie, 

le Courier vit de très-beaux chevaux, 

& voulut en prendre un à la 

place de celui fur lequel il couroit. 

Mais, les Palefreniers s'oppofcrcnt 

^l'exécution dcfondeflèin, &luï 

caflerent la tête quand ils virent qu'il 

•ouloitufèr de violence. Contraint 

de iè retirer en cet eut, il montra & 

tête enfàngUntée à Timour, & fe 

plaignit du mauvais traiccement

i>9$ £** bons Moh 

qu'on lui avoitfait. Timoureneoi' 

1ère, commanda qu'on s'informait 

qui étoic le maître des chevaux 8c 

qu'on le fit mourir lui & les Palefreniers. 

Ceux qui eurent cetta 

commiflion ayant appris qu'ils appartenoknc 

au Mouphti Saad-eddin 

> ne voulurent pas exécuter l'ordre 

qu'ils avoient à caufe de la dignité 

de la personne, qu'ils n'en eut 

fnndorâaéayisàXtrnour, '& qu'il 

ne feus «ordonné un autre ordre. 

La colère de Ximoucs'-appaiA quand 

il fût que les chevaux appâttenoient 

au- Mouphti. Il fit venir le Courier » 

&lui dit: Si une femblable eholè 

Cjtoit arrivée àmonnlsSchahfoch, 

rien ne m'auroitempefché de le faire 

mourir. • Mais > comment puisje 

«n'attaquer à un homme qui n'a 

pas fôa pareil au monde, à un homme 

de qui la plume ne commande 

pas feulement dans tes> Pays de ma 

domination; mais- encore au* dehors 

& dans les ohrnats^ù mon fà-i 

fera ne peut arriver î •- &E~

"des Orientaux. icjf 

REMARQUE. CeMouph.i^toiitd'ui» 

Heu aux environs d'Herat, qui s'appellpic 

Taftazan. A caufe de (on habileté on le 

confultoit de tous les endroits où Ton fallait 

profeflion de la Religion Mahometane; 

c'eft pourquoi Timour eut pour 

lui le relpeâ qu'il s'étoit acquis par fa 

grande autorité. 

Mirza Orner petit fils de Ti-* 

mour, chaflé des Eftats que fon 

grand père lui auoit donné conjointement 

avec Mirza Miranfchahfon 

pere & Mirza Ababckir ion frère 

aifné, fe réfugia au Khoraflân au* 

prèsde Schahxoch fon oncle,' Schahi. 

roch non content de l'avoir bien 

reçu, le fît encore Souverain du 

Mazanderan, qu'il conquit peu de 

temps après fon arrivée. Mais , 

Mina Omet ne fut pas plutôt éftabli 

dans ce Royaume qu'il fe révolta 8t 

qu'il déclara la guerre aSchahroçh 

ion oncle & fon bienfa&eur. Lorfdue 

Schahroch reçut la nouvelle d« 

{a rébellion, un de fes Officiers eri 

qui il avoit beaucoup de confiance ^ 

: : 'ii 8c


& qui avoit été d'avis de ne pas faire 

à ce Prince le bon traittement qu'il 

lui avoit fait, le fit fôuvenir de ce 

qu'il .avoit eu l'honneur de lui dire 

fur ce fùjet, qu'il n'y avoit pas d'apparence 

qu'il dût vivre en meilleure 

intelligence avec un oncle qu'il n'avoit 

vécu avec fon père & avec fon 

frère, & remarquer en même temps 

que l'événement fàifbit voir qu'il ne 

s'étoit pas trompé. Schahroch lui 

dit: Nous ne lui avons pas fait de 

ruai, & le Royaume que nous lui 

ayons donné n'étoit pas à nous. 

Sachez que les Royaumes font à 

Dieu; il les donne&iUesôteàqui 

bonluifemble. 

SEM^R^JE. MirzaQmer ne profita 

pas long temps de fon ingratitude ; car, 

Schahrock le vainquit daus une bataille 

prefque fans coup ierir. Comme il avoit 

pris la fuite au travers des Etats de Sckah* 

loch, il y % ajrêce' & amené au vainqueur 

avec une grande bjeflurç qu'il avoit 

reçue eh Te 'deftèndant contre ceux qui 

l'a voient arrêté. SchaJbrocfreut encbielè 

- I bonté


bonté' de lui donner un Médecin & un 

Chirurgien, & de l'envoyer à fa Capitale 

pour y être traitte". Mais > il mourut 

eu chemin. 

Schahroch donnoit les Royaumes 

qui dépendoient de lui à fes fils , 

à Tes parens ou à (es Emirs ; mais 

ordinairement, k la charge d'un 

tribut & defraperlamonnoyeàfon 

Coin. Alors , il donnoit à chacun 

les avis dont il croyoit qu'ils 

avoient befoin pour bien gouverner 

, & la plupart de ces avis ont 

été recueillis par Abdurrizzac Efendi 

(on Hilconen. Il dit k ton fils 

Mira UlugBeg en le fanant Roi du 

Maverannànar ou de la Tranlbxia- ' 

ne & duTurqueftan: Le Toutpuiflant 

nous a fait le prêtent relevé 

dont nous joùiflons, «nous a gratifié 

de l'autorité abfolue que nous 

-avons en mainr (ans avoir égard k 

nos foible£esni k nos défauts. Le 

Souverain pénétré de quel prix eft 

un Empire , doit premièrement 

\ y Î4

x çS Les bons Mots 

lai rendre grâces de fès bien-faits. 

Enfuïte, il faut qu'il ait de la ten- 

TdrcueScdelacompaflion pour tous 

ceux qui font dans la neceffité, Se 

qu'il le fouvienne que Dieu a die 

au Prophète David qu'il l'avoit, éta- 

,blj fon Lieutenant fur la terre afin 

qu'il rendît la jufticeaux hommes. 

;Ayés de la vénération &du re£>e#: 

.pour les Savans, Se ne vous écartés 

pas des préceptes de la Loi ni 

.desdécifions de ceux qui l'ont ex- 

:jaliquée. Maintenés toujours, ceux 

.qui en fontles Interprètes dans leurs 

jhoaneurs &,daas leurs jdigtûtsés. 

-Appliqués-v'oifc. fortement 1 faite 

' en fftrte que Jfes Juges fanent leur 

.deyoir fuiyant. les Loi*. Preoés 

jfous vôtre particulière protection 

Jes peuples de la campagne , afin 

jqu'pn ne leur faffe aucune vexation} 

mais au contraire, afinqu'on 

leur faflè toute forte de juftice. Car , 

*c -font; eux qui contribuent an 

maintien Se a l'augmentation des 

^ ; ; _ Finan*

-des Orientaux. 199 

:Financesde l'Etat. Gouv

aoo Les bons Mots 

ferions qui fe formèrent contre lui t 

mais , particnliercmenc parla révolte de 

fon propre fils Mjrza-Abd-ullctif. Car > 

•ce fils dénaturé lui fit la guerre, le vainquit 

8c commit en C* perionne en le faiiant 

mourir un parricide d'autant plus 

déteftable, qu'il s'étoit acquis non feulement 

par fa valeur, mais encore pàc 

£i bonté, par la(age(Te> & fur tout par 

là domine Se par l'amour qu'il avoir 

pour les Lettres & pour les Savant, une 

réputation qui I'avoic diftinguii par defïus 

tous les autres Princes de fort tems. En 

, effet, parmi les Mahometans & parmi 

les Chrétiens on parlera toujours de 

l'Obfervatoire qu'il fic.baftir à Samarcandc, 

des Mathématiciens & des Agronomes 

qu'il y avoir attirés & qu'il yeùrre- 

-téiioit, & des Oblèrvations dont les Tables 

Agronomiques qu'ils mirent au jour 

fous fon nom furent le fruit. . i 

Comme l'Alcoraneft le fondement de 

la Religion & des Loix Civiles des Mahometans 

> les Interprètes de ce Livre Ce 

: font acquis une grande autorité, parmi 

•eux. C'eft pourquoi, Schahroch qui ne 

l'ignoroit pas , 8c qui étoit lui-même 

,très• religieux obfcr viteur de ce qu'il contient 

, recommande à Ion ' fils d'avoir de 

la vénération pour eux & de les mainte - 

: nir dans leurs donneurs & dans leurs dignités, 

comme un des principaux moyens 

pour 

/

des Orientant?. %o\ 

jour fefaire aimer des peuples. Car les 

penples ont de la peine a foufFrir patiemment 

qu'on méprife & qu'on maltraite 

les chefs & les adminiftratcurs de leur Religion. 

Le même Schahroch dit a Mirza 

Mehemmed Gehanghir un de 

fès petits neveux enlui donnant un 

Etat confiderable fous les conditions 

marquées ci-devant : Afin que 

vous vouscomportiés comme vous 

le devés, .confédérés que Dieu ne 

prive jamais ceux qui .font le bien 

de la récompense,qu'ils méritent. 

Soyés clément & bon envers ceux 

qui dépendent de vous, parce que 

ce font des créatures de Dieu. Comrnandés 

à vos. Officiers de ne les 

pas malcraitter, de fpulager les pauvres 

& d'obferver les Lobe & les 

Ordonnances. Pour ce qui vous 

regarde en particulier, ne faites 

rien qu'avec prudence & avec ,fà- 

;geffle , & ayes toujours devant les 

yeux les boas avis que je vous don-

i parce que 

c'eft un chemin par où vous vous 

perdriés. N'oubliés pas que les 

Royaumes gouvernés par des Princes 

juftes&équitables, quoiqu'infidelles, 

ne laiflènt pas que d'être 

de longue durée; mais, que le règne 

des Tyrans nefubfiftepaslongtems. 

Comportés-vous en toutes 

chbïès avec modération &avec fâgefle. 

Ayés foin de vôtre réputation 

& attirés-vous la bénédiction de vos 

îûjetsjpar vos libéralités & par vos 

fcien-taits. C'eftpaf-tàquevousregnerés 

long-tems. 

REM^RÇgJES. Mina Kidou e*toît 

fils de Mitza Pir Mehemmed fils de Mir- 

'zaGehanghtr l'aîné desfils deTjmoor» 

& Mirxa Gebangfair Aoit mortdaas te 

lems que Ton père vivoit encore,: Apre» 

4à more, timour avoir, donne* le Royao-

des Orientaux. ao|\ 

me de.Candahar à Mirza Pir Mehemined 

, qui avoit fait fa Capitale de la 

Ville de Balkh. Mais, Ton rcgnc ne fat 

pas de longue durée aptes la mort de Tirnour 

-, car. il fut allafliné pat Pir Ali 

Taz fur lequel il s'étoit remis du Gou* 

vemementde fesEtats. Schahroch châtia 

ce rebelle, & donna premièrement 

3alkh & fes dépendances à Mirza Kidooi 

& quelque tems après le Royaqmc de 

Candahar. Mais, ce Prince ne profita 

pas des avis de Scahroch comme il le de- 

Yoit. Il fe rebella quelques années après j 

mais, il; fut pris & arrêté > & Schahroch 

fe contenta de le renfermer dans une 

prifon. 

Les MahometanSt quoique fàufTement, 

font perfuadés qu'ils font dans la bonne 

Religion, & fàvent que les Rois juftes 

des autres Religions, comme dés Payens 

& des Chrétiens, ont régné & régnent 

long-tems. Ceftpotfr cela qu'ils ont fait 

la maxime dont Schahroch ft lèrt ici 

pour perfuadc'r à Mirza Kl don qu'étant 

dans' la bonne Religion « comme il le 

eroyoit, fon règne, â plus forte raifon, 

- (croit d'une longue durée par une bonne 

adminiftrationdelajuftice. 

Il dit de même k Mirza Baïkfa 

autcc ete-fes païens- eu lui donpant 

v. :: '""ifi- kS

£&$, Lès boni Mots . 

les Etats d'Hamadan & du Lorîftan :' 

Exercés la juftice envers les peuples 

que je vous confie, gouvemés-les 

paifiblement & doucementv & pcê-r 

liés garde que perfqnne n'èntrer' 

prenne de les maltraittcr. Ayés les 

mêmes égards pour les pauvres Se 

pour les roibles que pour lés riche? 

J8c pour lés grands. Prçitegés les 

Marchands & les Ncgotians. Ce 

fent lesotfcauxdes Etats. Usyportent 

l'abondance par le trafic qu'ils y 

font. ' i" • 

REMAKÇUJES. Miraa JBa'jkra n'eut 

pas plus d'cjtaâjtudeque MirzaKidou à 

profiter des leçons de Schahroch. Il fut 

xebellc comme lui. Mais , Schahroch 

eut pour lui la même indulgence qu'il 

swritcuë ponrMirzaK,idou, ., 

Eu appelant les Marchands ieçoifeaax 

«les Etats, Schahroch entent parlez de 

ceux qui tranfporrcnt des Matehandifcs 

de Royaumes en.Royaumes, comme il 

fe pratique encore aujourd'hui pat tout le 

Levant. 

Il dit encore à MirzaJfehinï Sultan

des Orientaux, iof 

tan fon fils en Tétabliflant Roi de 

Pérfe dans la Ville de Schiraz : La 

fplendeur la plus brillante d'un 

Royaume confifte à avoir de* trou* 

pes nombreufês & im grand- attirail 

xle train ','• - de fuite & d'équipage} 

rhais, fi force principale! eft d'avoir 

un bonGonfèil, de tenir les frontières 

fortifiées & les paflàgés biengardés, 

de ne pas fouler les fu jets & 

de maintenir la Religion. Grâce* 

à Dieu, mon fils, je fai que vous 

o'avéspasbefôindeconfeils. Néanmoins, 

la tendreflè paternelle m'oblige 

de vous, dire que vous devés 

faire enfbrte que vos fùjets vous beniflent 

fous l'ombre de vôtre clémence 

& dé vôtre bonté, & qu'ils 

goûtent parfaitement lesblaifirsd'unevicfûrc 

& tranquille & d'un bon 

gouvernement. Pour cela, ayés 

foin que vos Officiers n'exigent 

rien d'eux qu'avec juftice, & qu'ils 

n'excèdent pas les reglemens éta- 

Wiadaasl'ejcaciiem «des revenus du

ïoé Lts bons Mats 

Royaume. Par cette conduite, on 

nous eftimera vous & moi, on nous 

louera, on nous bénira, on nous 

fouhaitera toutes fortes de bon» 

heurs , & ces puiûans motifs fo 

Xpnt que jamais nous ne céderons de 

faire nôtre devoir. J'cïpere que 

vous pratiquerés toutes ces choies; 

car, je fuis perfuadé que vous afpirés 

à la gloire des Monarques les 

plus puiflans de la terre. 

REMARQUE. Mina Ibrahim Sultan 

•fit un bon ufàge de la bonne éducation 

des Orientaux. lof 

ta public l'Hiftoire la plus accomplie de 

ce Conquérant, toutes celles qui ont été 

publiées jufques à prefent étant trés-dcfe&ueufesen 

plufieurs manières. 

Avant que de donner le Royaume 

de Perfe a Mirza Ibrahim Sut 

tan, Schahrochenavoitdiipoféen 

faveur de Mirzalskenderunde (es 

neveux. Mais, MirzaIskender ne 

garda pas long-tems la fidélité qu'il 

devoir. Schahroch ne voulut pas 

ajouter foi à la première nouvelle 

qui vint de fa révolte } & fur ce 

que fes Miniftres lui représentèrent 

que jamais fon Empire ne fetoie 

tranquille pendant que ce Prince 

vivrok, il leur dit: Vousavésraifon, 

& vous parles en {âges Polir 

tiques. Mais, fi par ignorance oa 

par un emportement de jeunefle , 

mon fils Mirza Iskender s'eft porté 

à cette folle en treprifè, peut-êtrç 

qu'un bon confeil l'obligera de revenir 

à lui &de reconnoître fa farcie. 

S'il ne le fait pas, cèlera a nous 

'de

io8 Les bons Mots 

de faire enfortc qu'il ne trouble pa» • 

le repos de nos peuples. 

REMARQUES. Mirza Iskcnder étoit 

fils de Mirza Orner Scheich un des fils de 

Ximour, & Schahroch lui a voit donné 

le Royaume de Perfc après la more de 

Mirza Pir Mehcmmed autre fils de Mirza 

Orner Scheich. Sur h nouvelle certaine 

de fa. tevoltr > Schahroch tâcha de le ramener 

par une lettre remplie de bonté 

gu'il lui écrivit. Mais, fur ce qu'il apprit 

u'il perlîftoit, il marcha contre lui& 

S 

laie forcer dans la Ville d'Ifpahan qu'il 

•voie enlevée à Mirza Ruftem. Mirza 

Iskender prit la fuite ; mais, des Cavaliers' 

qui le pburfuivirent l'arrêtèrent & 

Famcnerent à Schahroch, qui le remit 

entre les mains de Mirza Rufterufon frère, 

en lui recommandant d'en prendre 

foin&deleconioler. Mais, Mirza Ruitem 

lui fit crever les yeux, afin de lui 

êter par là l'envie de remuer & d'entreprendre 

de régner une antre fois. 

De ces paroles remarquables de Schahroch 

& des autres particularités de fa vie, 

3ue nous avons rapportées pour fuivre le 

eflèin de cet ouvrage, on peutjuger que 

fon Hiftoire mérite d'être mi(e au jour. 

Elle eft d'autant plusconfiderable ou'elle 

renferme un règne de 41 • ans rempli d'étencinenj 

nès-fingulieri. Car» Schabroch


roch commença à régner l'an 1404 Se 

mourut en 1446. de J. C. Déplus, Abdurrizzak 

Efendi qui en eft l'Auteur a.été 

/onlmam & Juge de fon armée lors qu'il 

éujp/cn campagne , & Ton père aroit 

exerce' les mêmes emplois avant lui ; avec 

cela, Schahrach l'employa en plutîeuft 

Ambaflàdes , de Cotte qu'elle eft éctUK 

fur de bons Mémoires. La Traduction 

en François de cette HiftoireS de l'Hif- 

. toixe des fils de Schahtoch & de Tes fucceilèurs 

prefque jufques au commencement 

des Sofis de Perfe qui régnent .aujourd'hui 

écrite en Perûn par Je même 

Auteur, eft eu e'tat de pouvoir être imprimée. 

Sous le règne d'UlugBegRoi îa, 

Maverannahar & du Turqueftari, 

Kadi-zadeh Roumi fàvant dans les 

•Mathématiques étoit Prorellêur à 

Samarcande dans un Collège avec 

trois autres Profelîeurs, où il enfeignoit 

avec tant de réputation que ces ' 

ProfefT urs entendoient fès leçons 

avec leurs Ecoliers, après quoi ils 

fàùoient leur leçon chacun dans leur 

Clafle. Ulug Beg dépofà un de ces 

Profcflèurs & en mit autre à fa place 

Ccttç

3JO Les bons Mots 

Cette déposition fut caufc que.I£adi- 

?a4eh Rourni demeura chez lui & 

»ne fit plus de leçons. UlugBegqùi 

en eut avis, crut qu'il étoit malade; 

& comme il avoit beaucoup de ve> 

neration pour lui à cauiè de faDoo- 

-trine, il alla le voir& trouva qu'il 

étoit en' bonne fànté. Il lui demanda 

quel fujet pouvoit l'avoir obligé de 

discontinuer Tes leçons. Kadi-zadeh 

répondit: Un Scheich m'avoitdonne 

avis de ne pas m'cngager dans 

aucune charge de la Cour, parqe 

.qu'on étoit,fujet à en êyredepofé, 

çc je m'érpis engagé dans la charge 

'cle Profeueur, croyant qu'il n'en 

étoit pas de même. J'ai appris le contraire 

par l'exemple de mon Collègue. 

C'eft pour cela, que je me 

luis retiré pour nepas être expole au 

même affront. 

XEMJRQSJES. Ulug Beg prit cette 

'léponfc en très bontre part, & il ne Te 

contenta pasfeuferncnt de rétablir le Pro- 

.fefleur qu'il avoitdcpoféj mais encore >

des Orientaux, SII 

il fit ferment que jamais il ne lui arriretoit 

d'en dlpofèr aucun. •' • * -- 

Kadi-zadeh Roumi s'appeWoic autrement 

Mouça Pach», & a»oit en. pour.pere 

un Cadis de Broufle fous le règne

an ' Les bons Mots 

nari Cadis de Broufle fbus le règne 

de Sultan Bajazet Ildirim , étoit 

riche de cent cinquante mille Ce- 

? uins , & avoit grand train & grand 

quipage. Cependant» il arrectoit 

la pauvreté par un habit fort (impie 

& par tin petit Turban, quoique 

les Cadis de fon rang le portaflent 

fort ample. ^Mme il achetoit cet 

habillement.de l'argent qui lui venoit 

de la foye qu'il recueilloit des 

yers à (bye qu'il nourrifloit lui-même, 

pour excufer les richefles qu'il 

«voit d'ailleurs & la.iplendeurde& 

maifbn, ildifoit: je ne puis pas en 

gagner davantage par le travail de 

mes mains. 

REMARQUES. Cent cinquante mille 

fequins font environ la (bmme d un million 

de livres. 

Ce Cadis qui rftoit très-favaht, a comfoCi 

plufieuts Livres dont les Turcs fout 

. grande eftime. Il portait, le nom de Fanari, 

parce qu'il iio'u d'un village qui 

s'appelloit Fanai.

des Orientaux. aij 

Le Poëte Scheichi croit pauvre & 

vendoit un remède pour le mal des 

yeux afin de gagner de quoipouyoir' 

vivre. Mais, il avoit lui-même 

mal aux yeux, & il ne s'étoit pas 

aviie de fe fervir du remède qu'il 

yendoit aux autres. Un jour, une 

perfonne qui avoit befoin de ion remède 

lui en acheta pour un afpre, 

& en le payant, au lieu d'un afpre il 

lui en donna deux. Scheichi voulut 

lui en rendre un ; mais, l'acheteur 

lui dit : L'un eft pour le remède que 

je vous ai acheté pour mon ufage; 

&I*autre, je vous le donne afin que 

vous en preniés autant pour vous en 

frotter les yeux vous même, pui£ 

que je voi que vous y avés mal. 

XEMsiXQJjE. CèPoé'tevhoitda 

tems de Sultan Murad II. qui gag|na la 

bataille de Varna. Par Taris qui lui fut 

donné en cette occafion , il comprit fi 

fortement le ridicule qu'il y avoit de vendre 

aux autres un temede dont il ne fè 

lètvoit pas lui-même quoi qu'il en eût 

.bcfôiu , que jamais il n'y pciuoit qu'ij 

•iftniît bien fore Sultan

iuf Les bons Mots 

Sultan Murad IL après avoir gagné 

la bataille de Varna, pafloitpar 

Te champ de bataille & confideroic 

les corps morts des Chrétiens. Il dit 

à Azab Beg un de fes Favoris qui 

étoit prés de la perfbnne: Je fuis 

étonne que parmi tous ces Chrétiens 

H n'y en a pas un fèul qui n'ait la barbe 

noire. Azab Beg répondit : Si 

une feule barbe blanche fe fût rencontrée 

parmi eux, jamais un defl 

fcin fi mal conçu ne leur fèroit venu 

dans la penfée, ils ne s'y font engagé 

que paï un emportement de jeunefle. 

• R£M~AKÇgJE. L'a bataille de Varna 

fut gagjate pat Sultan Muxad 11. l'an de 

l'Hegire«48. & de J. C. l'an 1444. 11 

raouiut l'an 8 5 5. de l'Hcgire> de J. C. 

l'an 1451. 

Un Pacha qui toutes les fois qu'il 

ïè retiroit à l'appartement de fes 

femme* après avoir paru ea public 

tour donner audience y avoitçoûtui. 

t..-.- - ••'•• : -ta%

. êtes Orientaux. nf 

me de faire joiier les Tymbales, 

voulut railler un Poëte qui lui faifôit, 

ÙL cour ordinairement, & lui demanda: 

Quand vous retournes chez, 

vous, né toufles-vous pas pour, 

avertir que c'eft vous? Le Pûëtc 

qui railloit lui-même finement comprit 

ce que cela vouloit dire, & repartit 

: Je fuis un trop petit Seigneur 

pour imiter un Pacha comme vous, 

qui faites joiier les Tymbales, 

. JREMARÇJJES. Les Gouverneurs dey 

Provinces chez les Turcs fontappelles Pachas. 

Suivant quelques-uns, le mot de> 

Pacha eft Perfan & fe die au lieudcPaï 

Schah,. c'ertrà-dire,, le pied du Roi ; parceque 

les Pachas font valoir & reprefentew 

l'autorité Royale dans les lieux où. 

fes Rois ne. peuventpàs aller en perfbnne. 

, Les Tymbales. dont il eft ici,paxl«Sft)ht 

de petits Tymbales d'en vit on un demi 

tiedda/dtametre, delà nié me forme que 

les plus grands. Les Pachas onr auflt de 

grands 1 y m baies;, des Trompettes acides 

Hautboisqui-fbnncnc devant eux dans le» 

marches, Ht, dans les cérémonies, tous &' 

cheval,-: ;i. . ;.,.- . J : 

»•-.:•••'« * Ali

ai6 Les bons Mots 

Alidifoit qu'il avoir entendu di-. 

re à Mahomet : Quand l'aumône. 

fort de la main de celui qui la fait, 

avant que de tomber dans la main 

de celui qui la demande , elle dit ' 

cinq belles paroles a celui de la main, 

de qui clic part : Jétois petite &( 

vous m'avés fait grande. J'étois en. 

peu de quantité & vous m'avés multipliée. 

J'étois ennemie & vous, 

m'avés rendue aimable. J'étois pat' 

fagere & vous m'avés rendue per> 

manente. Vous êtiés mon Gardien 

Se je fuis pcéfentement vôtre 

Garde. 

REMARQUES, L'aumône fe prent 

ici dans une lignification paffive, c'eftà 

dire, pour ce quife donue par xamb-, 

ne. 

~ Ali eft le gendre de Mahomet & le 

quatrième de Tes fucceffeurs de qui ils 

cii parlé ci-devant. 

Un Cadisen arrivant au lieu ou 

il devoit exercer (à charge, logea 

chez le Commandant qui fit de Ion 

mieux

mieux pour le, bien régaler, pao? 

la conversation le Commandant die 

au Cadis : Peut-on, fans vous offenfèr, 

ybus dernander

aï$ Les béninois 

tnenc, jamais ils ne fléchiront. 

REMJRQ£JES. Les charges de Cadis 

chez Tes Mahometans, particulièrement 

'-Ûhét'les 'Turcs, ne fcmrtii-rénales, ni à 

-*le » ni Héréditaires, «ties (e itorfncrrt 

.an ipeiitje &9il»&pa"fiférpar Its-CadileCj&ers.cjuiile^ 

diûubucnt , & elles |bttt 

changées de deux ans' eh'deux ans. îje 

«lotte qu'airbemt dedéuriiisnrt^Gadis-eft 

ôbUfié *fc rtworrier à vCauôsinhiîle 

.poulirjHkirer ; d'iM ernpUâé'àilkttn, - à 

ntQin&qu'ilii'aît un Agentoujin ami cfai 

follici te pour lui & cjuibbtlinnt du'oh 

JVrlfeie'ên irtHUrtre'eriéroitfitfrnediaceiJtteitaprésltfKQtierdcIdBwnaiis 

»he«^. 

•Jtbedf urtçn c^t6,qn'tfpôitrpgar Far- 

.Reditiondcs Patentes en vertu •driqocll.es 

"ilsexc'rceiltléur charge, ti'ce drrtreft 

û^r^tdwCl^êtB^'îi^Wîpcdferit 

tan>0onvrdn CtaodnSafetwan Jlytfthuffi 

p«uc|qu^s fiaiiôo^jcsph^çicrs./le^.Cadiïeskers 

profitent. 

' tefMah6'merJfîctBftrit'c

-éiAOrtttitiatlx. o*. 

:lesnn£awrciuneép«&*;ks*8*i *vçc_._ 

- aie &dcs flèches. MjGjwbnift dans fts 

Notes far la Vie deMoïft qu'il a cradfiir 

te de l'Hébreu eh Latfo, ftty riqttés j

AV> :Z**Jm£)Mtos 

,J>y£., lÂife&tctda cetpsilwrr-donnek 

fl«W> il&Ltimuûe infinitrfdeïopakV âe 

,,&WS &

tais îOvkntauk 22 Tçœia&Equito^fdW}.' 

iHui demandoitfon 

nom, & ru»3^ppet»' 

loit Aboubçkir, un autre Orner* 

un autre Qfman, cVun autre d'un 

antrenorn djfferftntxle celui.d'Ali; 

dcloH»«u»lile5laifS3it tons Wiïe* 

«a^1fiicftè^rïr^?ae^îsi'Âprêi i 

ay^^^tter^du prelque; jujqgefcajki 

n^:,pîuicroiideipeiûÉy -il;fe< 

mit encore a pleuvoir & ledcfefpdijr 

alloirle prendre, lois qu'il vit'parole 

UuJbjojseiycj qujymasçhpit do-. 

V4ntuft&4£frM«f dMés!rméchant{ 

bo/s&;Îcteifii Ùs«pppochffdtn 

lui^lwidsmartd^rjameoril tfapv. 

pglloit,-? Lçbo«eu>;répondit qu'il 

s'appeljgit Ali, JU'autie lui demanda 

: Gopbienla charge de ton.afneî 

U réppndjt;' ; j^nné>ry!oUs:patie.«- i 

tant hwèùuTM&t 

ciil Ncipeqsntw.pa»faijqcoQnaf£ir^ 

' XËMÀ&fèjE^ Comme je l'aï déjà rei 

marqué, AU furie quatrième Calife après 

Matometymaisi kOlifcqui dctou pàGr 

*ilftf facf4f«B »ptè5lW».J«& aux» 

QmjmjWç»0J..j5nfaiB;, aax-.iibbi$4ç

marque que, Kufeh Egnific un, homme 

gai apeUdeflaftev ' *~2;K7Y :;,:;//! 

-ÊcAclcbtdEuujinttdlkniMOï qoi fii 

dpnt»âmi»rjQww 4«qwlqwiiw(6«w 

et. Ce wor. peut, vnoir' ïu>, W> tejJ&p» 

Gelcb ou Tcoeleb quU lignine les RLC-micfes*oré^l«-^f«H*Br«¥|»rtè-, 

tt rôètt. 

ce (fmnmah rkipurkei ayant» httfcn»» 

parce que les Turcs dosent ce-npm paiv 

riculiererhetu au* }eu6fs geris propres ," 

honnêtes, agréables, bicit¥fc»eV,'V|bi,. 

marquent plus d'efprit que leur âge ne 

porte. D'autres veulent qu'A Vîeirnè de 

Tcheteb ancien morTwcquJ fignifib* 

Dieu j mais,' cette itpmotogie mopa-J' 

roittropc'loigne'c. -'•• '' -' '"'T 

Des Juifs àConftaotiriopIc câ-' 

rent conteftatïou ayee des Tûtes, 

touchant le Paradis, & foûtiarann 

qu'ils feroient les feuls qui y auroient 

entrée. lies Turcs leutidtmanflerent.'i 

Poiique iccW.efti tinfiy>&â+. 

vant vÔKcièntiment, ouivaidés* 

vous àotvt que nou»-{oyons plioisj 

£esjui& n'eurent pas la hatdiefiè de 

due que ks Turc» eaferoient.e*clas 

K'4 «*-

*A£ Les bons MùÙ 

entièrement, ils rêpondirerit feule-' 

ment : Vous ferés hors des murailles 

fy vous BOUS regarderés. ' Cette 

difpute alla jufqu'aux oreilles du 

Grand y ait y qui dit: Puiïque le* 

Juiïs nous placent hors de f enceinte 

du Paradis,, il eft jufté qu'ils nous.* 

fonmiflent des pavillons, afin que 

notis 'ne fbyons gas expoles aux in- -, 

jyirçs de l'air. 

K&MÂR$&JE$. En même temps > le 

iÇjttnd :Visir taxa le corps des Juifs outre 

3e*ribm ordiuïiceàuuex;erjaincfomi»e 

«pour la de'pënfe dés payjUons du Grand ; 

Seigneur, qu'ils paient encore aujourd'hui 

depuis ce temps-là. ; • i \ 

"Je u*ai pas Iû ceci dans aucun livre j 

frmisvon le dit communément à ConâantinOpie 

ou je l'ai entendu dire, 

3

'itts'Ontnrauk. izf 

4rbJe dq le 'dicep i&re^rit: Ilsfcmc 

morts, apparempicnt, -&"ils vous 

ohtJiban4oi|iïéç)eii nfioura^tv.'EUé 

iepaixit 13 'Auxïi&itiaitie p.'rfeft imôi 

quijie& avuét &qukjeubaiôtè6i «iei 

ifi reeiiqâa :.iE^nfijnaoda5câj^cij«ft 

Aoitrianc qasiles aucrçs après avoik 

«fui de quelle u&aniere vous les avés 

traittéstous, ont encore de l'amour 

poric vous & ne prennent pas esem» 

pJeiqEeus. •'•• r-'" • '•> • •"aw\h.\J. 

-Uïu-.:.r. 'i'••jùr.t '.•!;.HJ!;J5 jhuniv r.!'.' 1 '' 

chez les Arabes-, qui lui attribuent pluîîétirs 

autres paroles cji^Vc.fc trouvent 

pa^ dar«4eNbuteaiiTeftattient$ mai», 

gui neJaiiTent'pa^cîdVire trjèfié

226 .Le?bans Mâts 

luwuêmcs 11 faut quej'crhpouonne 

la viande afin qu'ilsmeurenten 

fa mangeant^ & que je; jouifTe du 

tbrcfér moifeuL Il«xcéutafaade£ 

foin & raie du. paifafl «fans ce qu'il 

imposa.pâacmângâr.:. Mai?, les 

doux antres qucarcaient conçu le même 

défiera contre lui pendant (on 

abfencc, lafiaflutccent à fon retour 

8c demoureaan* les maîtres do chré^ 

for. Après l'avoi t tué, ils mangèrent 

de la viande ernpoifonnée & moururent 

àitffiVoosdejix. ; ffa'paffajiarcet. 

endroit-fa ay'ec (içsîÂpôtres, 8ç dît : 

Voila quel m le Monde. Voyésde 

quette manitre il a Maitté ces trois 

'përfbnnesr Malheur à. celui qui lui 

demande des richefies.' 1 ' 

r;::"i.' vj ?ic:; : TL ;.T-:;V-î nCÏ 

A- 

......t., -:. •.••.•'.! l'>:r,.t

LES 

MAXIMES 

DES 

ORIENTAUX.

... :i J 

2 3L i.-i I X A i./i 

8 3 CT 

.x u /: 'J" y/Aisi o

LES 

MAXIMES 

A«çai>ç?4e JQieujeft la plus 

, grande de% perfe#iQnsa£ç 

, Jevice, la, $\u$. grande^des 

^-. -^..'ifflperfeftiofls., -:.-;

^jq Les Maximes 

Le Culte de Dieu mortifie la concopifcence. 

"X ••""•• .-.—••••-; 

1 Le cukequç Foi? reor au Demoi i 

itaeiae àL \». pepcfitktn} irais,' le cul • 

'teqMe l'ottftlwtàDîea eft art gain. 

Ùe& ùà$ (jnedercçher unejfculi : 

fois; mais, ce n'eu pas affés de mille 

actes de culte envers Dieu pour le 

bien honorer. ' 

Ne méprifés paj Dieu en jurant pat 

fita N^m jj afin

dtsOtitnUmx. ïjî 

La Vertu, la fcience & les belles 

connoiflànces font les feules chofes 

qui nous rendent eftimables. 

L'orphelin n\Û pas celui qui a perdu 

ÇoopsKi mats, celui qui n'i ni 

fcience ni bonne éducation.. ' : , 

Le dcfeoc de bon fens eftle pire de 

tous les degrés depauvretc. ' 

. Rien ne cache mieux ce que l'on eft 

que le filence. 

. : L'cforit eft.la.plus riche de toutes 

ks.poflcûSoni. .•: 

On fe fait beaucoup .d'amis :par la 

douceur du difcour*.. ,, . > 

. Moins on a d'efprit, Se plus on 3 

devaoitjé. . 

Il n'y a pas de grandeur d'ame à fe 

vanger. . 

La fcience dans un enfant eft pour 

lui un diadème, & la fageflèun coït; 

lïerd T oir.. ..• . 

- C'eft êtreetuaecejtocntmaiheareut 

que de fe laiûerabbattredan&bttdifi: 

grâce. 

.. GeuxqHtaitneni.k«ertuttrIa:pnb: 

aquensfoui toâjoar»,. &. ceux qm la 

pratiquer», m;k£iint:n*sidaniitatt>. 

srlaperfoâioiineceâàrre. 

r Eft gnaffiptetrf; 8c J!â»wilit*t tof 

^ptdtttnsixÀiftncà^ i. tpênottcntiâUiF 

paCCOS. !:.'!J;;-i:.'l-.:/.li|

i Le" cœur- de l'infenfé eft dans 1 fa 

bouche i. Bch langue du Sage eft dans 

foncœUIV- 'o i . ..:.•;. :. 

* î'court bride abbatuë-guidé par 

Pefperançe, fe«conrr«.le dem,i« Moment 

de fa vie & tombe. '>' i :>-. v'À 

- : L\Èpvie n'a point de-repôs,! •; I 

Lorfque vousavez refû-iirt''tte#J 

{aie ne vous en-rendez pas indigne par 

le défaut de reconnoiflance.. ;' 

c Ledefirde vangéaaceeftun empêchement 

invincible pour vivre hjÉfuJ 

riujfqroonteiiE, •'-;'.--'- 

Lorfque vous 4v« de J'avantage» 

for vôtre eànemii-fiardaBnés-lai en 

aclion de grâce envers Dieu de cet 

aVantace.. ::.•' 

C'elt fe priver de l'honneur qu'on 

reçoitidedavifite d'an ami que délui 

éàiDcanauVajsvifage. < ;L ..r, :.':•' 

On ne doit pas compter furiaparo-i 

le

étt Orientait*> 2^3- 

- -Trois diofes tôt ««tard cûfent la 

perte de l'homnifr} fa ferhmc lofs 

qu'elle a donné foh cceUr à' un aùtrfc,. 

pfl férperit dans là même ma'tfon où il - 

demeure, & un ami qui manque de 

conduite. 

' Rien n'obtient le pardon plus 

promptement que le.repentir. 

C'eft une folie dé le pxçfénrér devant 

quelqu'un fans être appelle ; c'en 

eftune plus grande de-parler fans être '-' 

interrogé', 8c c'en eft âne doublement 

plus grande defe vanter d'être 

avant. ' 

• Il n'y a point d* maladies ^lus dan» 5 

gereafes que le défaut dé bon fens. 

De tous les vices, la vanité &l'a- ; ' 

moiir des Procès font ceux dont on fe 

corrige;le moins.> • ••'•'• 

Les difcours attirent le bien ou le 

mal qui nous arrive. 

Ce n'eft pas mal fait de rendre vifke; 

mais, il ne faut pas que cela arrive 

fi fouvenc, - que celui que l'on vîfirc 

foit contraint de dire , c'eft af- 

C'eft infiltre* , -que de reprendre' 

devant le monde. 

Le peu de paroles eft la marque d'une 

fageflè parfaite. 

i 

C'eft

, Ç'eftua &iiŒu& piojan>poiirabierùV^qft'pfraipequa^sf&ntliefv 

••; 

. Le véritable cuJtedtDwu dadWUb 

Frînce. eft.de demeurer dans-fffslHfci* 

tés, de maintenir les Traitez, defe 

contenter de ce qu'il a, & de fôuf&ic 

patiemment la privation de ce qu'il 

n'a pas. - 

. C'eft- fefouyenir d'avoir été offen- ' 

féqjae d'obliger de demander' pardoar 

une féconde rais. ; . : j 

Ou, a plus, befojn d'un Chef qui; 

agifle que d'un Cher qui parle.. ;, ;. •< 

Rien nereflemble davantage àde* 

fleurs plantées, far un fumier que le 

bien qu'on fait à un ignorant ou à unhomme 

de riçn. , 

, Ça quelque communauté, curapa* - 

gnie ou focieté que ce foit, ne Vous, 

engagez à rien de ce qui regarde tes 

affaires communes s parce que fi vot»: 

réuflîflez , la compagnie s'en attribuera 

lefuccez, Se 6 vous ne réuffiffezpas, 

chacun vous en attribuera la 

faute, -j ,' . . 

Lorfque l'on fouflfre avec impatien- ; 

ce , les chagrins & tes inquiétudes 

caufent des tourrhens beaucoup pinsgrands 

que fi l'on fouftoit avec patience.Lorf-

eï-orfijue l'ame-eft p&tvbpmitjqu'importe 

de mourir fur le Thrônttl 

cùdeinourirfbf brpouita» » 

.-Plus la malicedesiennemis cftca. 

chée plus on doit s'en méfier. 

Prenez exemple de ceux qui vous 

onrprécédé &efïbrcez-voui défaire 

le bien. ~ 

~ Ne fbïez pas • negbeene : •;. parce 

quîott œ; fera pas. négligent à vôtre' 

égard.

*$$: LctMixfàes > 

lipl/fi. . il "ni :!,.:'.! vL ::j'J(;«:!'i.p 

Le plut graSdirepcSs dont ianpaif&r. 

joujfçft celui dont on jottk lorsqu'on 

ne defire rjen. , . ' \ 

On iobtient. rarement, ce que l'on 

foufeitfc xk>rsqtt'pnler«hdtchè avec > 

trop d'emprefiemenr. . > : '. 

r -Pourquoi- me Teprochez.-irDus le 

pjffjljéqu&j'accionimis s. piriftjuc EMéu 

melepardonne? M,' 

Q^li pbtiflê la raillerie'pliiskrin .-.' ;'.• 

; .L'homme, que l'on peut veriiabiei 

ment appeller homme , ' fc, donnait ^ 

aui margàejquiiïiitent. Quelqueiccidenequ'ii 

lui arrive, ilieft inébran-r 

l*bl-, . Il ett humbie dans les grandeurs. 

Ilnelachepas le pied dans les 

qficaljonsoù il s'agit de faire voir qu'il 

aduççdttr. Jl n'ad/a»icre.but ; . .v;.-j 

.-Xîétafcd'iln homme'qul obéitàfesj 

aflions eft rare que l'état d'unrnife'rM. 

E 

le efclave. . i j 

,.J

:«fe jfo'lvtf^pire, , gf iJMrdonMr» au 

vaincu. , j, 

t : Souvent; on fe donne beaucoup de 

P e .WiffQ»riï4uffir7.nf«iihakie,1 

^.j 

Ifrquitflîiariefdc'I -f,no.-n si ûMP jnnvc 

-riV Lîaj»4ujfagçtw«iMe^ deï>r)é

fcj8 Ixs Maximes 

i: On ne fait fiu& eè qur Ton fiât 

guandonalecœurbleflé. •""' '' 

:i Soïés Sincère, quand rhêmètôtre 

afiBcerifédeTf^kvOuJcdûteftevid. " 

•-• JO«ie{Kâgé4 propor*i

que au tronc & aux ; branches ce qu'elles 

ée mauvais. 

Qui a do la considération & de 

l'honnêteté pour tout le mondé réttf- 

[}• J 

-" fnt'étfpreteztôûfSOTS'teeéiÀduwcde 

l tW ânrfi'par VéiâtîîièifAaS feVoràble 

, jufqu'à ce que vous-efl'aftpre- 

•'rliezijue'lqùe chofcquWâïfé' vôtre patience. 

' • > ©ttcrvei'voiàmîs, -exeêpté ceux 

de qui vous^MS'fftr y mais ydn-he peut 

3 6ire fùVqùç a'un^rriiHqUiâfeînte 

i 9MXéù>' : < •>>••' * --?

,24f> .htsMipcimii 

Aimés vos amis avec précaution. 

Les plaifirs du monde les plus paîtfaits 

font toujours, méfiés «kquçlque 

amertume. .,. .: , 

Qui confidere les fuites avec trop 

d'attention, n'çft,pas. ordinairement 

un homme de courage. t > 

-! Le monde eft un enfer;po]ir les 

Jbpns &>ua Paradis pour leswécfeaju. 

Les décrets de Dieu rendent inutiles 

tous les plus beaux projets du monde.- 

, :, ; . . •- .... _>_ 

-,,,,Les. précautions, ne feryQntde riflri 

ouPiettcpmrnands.' 0-,•!,.-: • .: 

; -.î YQVBinformés point dêsçhpfes 

, qui neônt pas arrivées} lepoinifOft 

; de. înformer de celles qui font arrivées, 

afin d'en profiter. , 

. lj.e$ bien-faits ferment la bouche à 

ceux qui ont:de mauvaifes intentions 

contre nous. . ; , ... r. •.: 

. •,. fcs yiri, quekue yiQlont qu'iît, 

n>fte\pa&pfo$ lefprit qûne,paûjQ)a 

^•«gléc,. •.-.• •-.. .'«-, , . ..,; 

- :> fca, véritable n9bl*0e"ÇÂnfi{te.darjs 

la vertu & dans le nombre des aïeuls,, 

, La meilleure éducation eftd'avoir 

T .des «jiçlioations louables. •., 

i ; .ft-npt m^w.baîfire k;fer,futuae 

enclume, que d'être debout devant

dts Orientaux. 2^ 

m -?mce â$s mains cro'iféjs fur Je 

fein. 

Prene's confeil dans vosaffeiresde 

ceux qui craignent Oieu. 

Rien nîjeftpiusJaclieBxquelapau'vrcte'. 

Néanmoins, lamauvai/econ^ 

4vite-eft^nc0fepJBsfacheufc, &c'eft 

pour cela que la fagefle cft.unrréfoc 

jneftimable. • : .• • 

Jamais on n'a de mauvais fucces 

quand on çoftooît bien de quoi l'on 

eft capable. 

Rien n'^Joigne davawagé toutes 

fortes de j»erfonnes d'auprès de foi 

fl«e la; ûfqp bonne Ppinion de foi-même. 

L'avare a le ebagrin de voir une 

grande folitude chez lui. 

Plus on aime à railler, & plus on 

s'attire de méchantes affaires. 

Qui a perdu la pudeur a le cûeur 

.mort. 

C'eft une imprudence de rejetter 

les W«n-foits qu'on nousoffre. Il y a 

4anger qu'on ne nous les refufe, lorsque 

nous voudrons les demander. 

Les pauvres doivent apprendre les 

feiences pour devenir riches , Se 

• Jes ricjbfs, afin qu'elles leur, fervent 

d'ornemeqt. 

L H

24* Les Maximes 

XI faut s'accommoder à la foibleflê 

de fes in ferieurs pour en tirer le fervicedontonabefoin. 

Tout profpere à celui qui fepréferve 

de l'avarice, de la colère & de la 

«oncupifcence. 

L'infenfé fe fait connoître par fes 

difçours. . 

Qui a abandonné toutes chofes 

pourembraflèrlavic retirée, ne doit 

avoir de la complaisance pour perlbnne. 

La langue du fagefe règle fuivant 

les mouvemens de fon cœur. 

Ne paies pas d'ingratitude le bien 

que l'on vous fait. 

En toute autre chute le mari doit 

paroître un enfant à l'égard de fa femme 

; mais, il doit paroître homme 

lors qu'elle demande ce qu'il a. 

Les penféesles plus cachées fe découvrent 

au difçours ou à la contenance. 

Il vaut mieux poflèderun art dont 

tan puiiTe gagner fa vie, que de tendre 

la main pour la demander. 

L'avare court droit à la pauvreté. 

Il mené une vie de pauvre ici bas ; 

mais, on exigera de lui un compte de 

riche au jour du Jugement. 

On


On reconnoît les richeues heureufes 

au foin que ceux qui les pofledenc 

ont d'en remercier Dieu. 

La bonne foi fepaïe parla bonne 

foi. 

Le plus grand avantage qu'on puiffe 

procurer à des enfans, eft de les 

bien élever. : 

Qui peut guérir l'entêtement d'un 

homme qui fait le vaillant, & qui cependant 

ne fait mal à perfonne ? 

Faites du bien à celui qui vous fait 

du mal, vous remporterez la victoire 

fur lui. 

Nous devons tenir pour frère celui 

qui nous fecourt de fes biens & non 

pas celui qui nous touche parle fang 

& gui nous abandonne. 

Lesamis de ce tems font les efpions 

de nos actions. 

Les hommes ont l'avantage de la 

parole par deffus les bêtes; mais, les 

bêtes font préférables aux hommes, 

fi les paroles ne font de bon fens. 

Les difgraces doivent fe tenir cachées 

fous le voile d'un dehors gai & 

honnête envers tout le monde. 

On vient à bout de fes deffeins avec 

la patience. 

La douceur la plus agréable à Dieu 

Lz e^,

8^4 Les Maximes 

eft la douceur d'un Chef jufte & de facile 

accès ; triais, la barbarie qui lui 

eftlaplusodieufe, eft celle d'un Chef 

Violent & emporté. 

Le plus grand ennemi de l'homme 

tft fa concupifcence. 

Les bonnes a étions font la bénédiction 

de nôtre vie. 

Les plus grands malheurs font eaufez 

par la langue. 

De quelque nation que Ton foit, 

On n'en eftimable qu'autant qu'on a 

é'induftrre à fe faire valoi r. 

Il faut acquérir à la fin de fa vie ce 

qu'on à négligé au commencement. 

Celui qui s eft retiré du monde, & 

qui a-de l'attache auprès des riches, 

eft encore du monde. 

• Une marque d'abondance eft d'avoir 

beaucoup de monde à fa tablée 

-' Ne contraignez pas vos filles de 

prendre an mari difforme ; parce 

qu^êttes aiment ce que vous aimez. 

Dieu raflé tnifencorde à celui qui 

nous découvre 1 nos vices. 

Troréchefer perdent l'homme: la 

vanité, l'avarice 8c la concupifeenée. 

Le plusfage des hommes eft celui 

ûi aie -plasdeconaflaifence- -pour les 

autres. On


On peutfe délivrer des châtiment 

de Dieu par la pénitence; mais, oa 

ne peut fe délivrer de la langue dc$ 

hommes. 

Le corps eft foutenu par les ali*. 

mens , & l'ame fe foûtient par Ici 

bonnes avions. 

Ne remettez pas. à demain ]a boor 

ne adtion que vous, pouvez, faire aujourd'hui. 

. Qui ne cormoît pas le mal, tombe 

dans le mal. 

• La bonté d'au difeours confifte 

dans la brièveté. 

La compagnie des honneftes gens 

çftuntréfor. 

La véritable gloire vient de Dieu. • 

Deux chofes font infeparables dm 

menfonge , beaucoup de promeflçs 

& beaucoup d'exeufer. 

Un homme doux & affable n'a be* 

foin dafecoursde perfonne. 

Recommandez aux paréos & aux 

alliez de fe voir & de fe rendre vifite ; 

niais, ne leur recommandez pasd'être 

voifins. 

Les vilains difeours & desboanèV 

tes font moins tolerables que la ma) 

propreté dans le manger. 

Les trompeurs , les menteurs Se 

L j tou-

i+6 Les Maximes 

toutes fortes de perfonnes de qui la 

vie eft déréglée, font enyvrezde la 

profperiré qui leur rit en toutes choies 

; mais , cette y vreflè eft la jufte 

récompenfe de leurs méchantes actions. 

On ne meurt pas pour n'avoir le 

Ventre qu'à moitié rempli. 

C'eft pofieder un treforquedepoffeder 

un art. 

Lifez les Poè'fies , c'eft nne marque 

de bonnes inclinations. 

r Le moïen le plus fiir pour vivre en 

repos, eft détenir la bride àfes partions. 

L'ami le plus fidèle eft celui qui 

nous met dans le bon chemin. 

L'efprit fe connoît dans la conver- 

Jàtion. 

Le bon ami fe connoît à la fermeté 

qu'il a de tenir fa parole. 

La meilleure femme eft celle qui 

aime fon mari & qui fait beaucoup 

d'enfans. 

Augmentez vos enfans & vôtre famille 

5 vous ne favez pas que c'eft à 

leur confideration que vous trouvez 

de quoi fubfîfter. 

m Le meilleur remède dans les afflictions 

eft de fe remettre à la volonté 

de Dieu. L'ef-


L'efprit de l'homme fe connoicà 

îes paroles; & fa naiflance àfes actions. 

II ne fert de rien de dire la vérité 

où elle ne fait pas d'effet. 

Le moïen d'être toujours joïeux & 

content, cft d'avoir beaucoup d'amis. 

Gardez-vous de l'amitié de l'infenfé. 

Quoi qu'il aît intention de vous 

rendre fervice ; néanmoins, il ne laifiera 

pas de vouscaufer du tort. 

L'avare ne tire pas plus d'avantage 

de fon argent que s'il avoitdes pier« 

res dans fes coffres. 

Toute la félicité des Rois confifte à 

bien rendre la juftice. 

On dit : Le fîecle eft corrompu. 

Cette faconde parlern'cfl pasnr/te. 

Cen'eftpaslefiecle, ce font Jes hommes 

du uecle qui font corrompus. 

C'eft trop de.commetrre une feule 

faute, & ce n'eft pas allez de faire 

toujours fon devoir. 

Quieftdanslaneceffité, reflemble 

à un infenfé qui. n'a pas d'autre route 

à fuivre que celle de fou malheureux 

fort. 

Le fouvenir d'avoir été jeune ne 

produit que du regret. 

14 

L y-

Xf8 Les Maximis 

L'yvroguerie eft la perte par oà 

l'on fe fait entrée aux chofts-dépendues. 

Rien ne confole plu» que 1» vile 

d'un ami fîncere. 

La tranquillité & le repofîfont touwlafatwfàâjondelavie. 

Nous nous affligeons lorfque nou* 

Devons pasde ric-heflfes, Si noas rfous 

«nibarraffons dans le&r amour lorfque 

nous en avons. 

La feience eft au deffi» derent ce 1 

qu'on peut s'imaginer de plus élevé. 

On a de la peinedans l'occupation; 

d'un autre côté, l'oirWeté eft pemioiaife. 

La naiflànceeft ravantcoweur àe 

la mort. 

. Le bon choix d*an amf eftla fri!»oe 

du boa efprii de celai qui IV 

3kit. L'amitié fe renouvelle arec les 

amischaqu*fb»qu?oolesvok. 

La comprehenfio»de Dteuconflle 

dan s la difficulté de lecompreadre. 

Jllaut plutôt s'attacher à embellir 

Famé qœ le corps. ; 

La mauvaife conduite doit fe confident* 

comme un précipice cfoù il eft 

difficile de fe tirei. 

Aïez


Aiez le cœur pur & net devant 

Dieu. Soïez généralement civil envers 

tout le monde. Maîtrifez vtitf 

paûlons , foïez fournis à vos fuperieurs 

, & fupportez leurs défauts. 

-Prenez coofail desfagesv Soïez door 

envers vos ennemi», refpeâueux envers 

lesSavans; & dans le filence devant 

les ignoraris. 

Par la mauvaile conduite des hommes 

ileftaiféde juger de cequllscachent 

le plus. 

Les nouvelles affaires font toujours 

les plus facheufes. 

Lesplaintes font les armes des foibles. 

On n'a pas de fâcheux actfidena à 

craindre avec la patience j triais y on 

n'a rien d'avantageux à efperer av«c 

l'impatience. 

Les difcowrs intuiles- déshonorent 

h&geffir. 

La mortel! une coupe que tous les 

• hommes doivent boire , & le tombeau 

eftune porte par où ils doivent 

cou* paner. 

Ce qui précède la mort eô plus, fàcbttn 

que la mon même » mais, la 

mort eu pk» tokraWe

a$o Les Maximes 

Les affaires vont mal, lorfque les 

j-ichefies font poffedées par des personnes 

qui n'en favent pas faire un 

ton ufage, que les armes font entre 

les mains de ceux qui ne peuvent pas 

s'enfervir, &que ceux qui ont la facétie 

en partage ne favent pas en profiter. 

L'avarice eft le châtiment du ri. 

che. 

• Un riche qui eft avare , eft plus 

pauvre qu'un pauvre qui eft libéral. 

{ Trois chofes retombent fur celui 

qui les pratique : l'iniuftice, le manquement 

de foi & laitromperie. 

Une des loix de l'amitié , eft de 

laiffer les cérémonies à part. 

Qui va le droit chemin ne peut jamais 

s'égarer. 

Qui écrit & ne fait pas reflexion fur 

ce qu'il écrit, pert la moitié de fa vie, 

de même que celui qui lit & qui n'entent 

pas ce qu'il lit. 

Le filence épargne & détourne de 

iàeheufes affaires. 

Il eft furprenant que les hommes 

veuillent demeurer dans des Palais 

• magnifiques, fâchant que le tombeau 

eft leur véritable demeure. 

On ne craint rien des entreprifes 

: des


des mal incentionnez lors qu'on a de 

bons amis. 

L'ignorant fe cache &: ne fe fait 

pas connoîtrc en gardant le fiknce. 

Soit que vous pardonniez, foitque 

vous châtiez , que vos paroles ne 

foient pas vaines , de crainte qu'on 

ne vous croie pas lorfque vous pardonnez 

, & qu'on ne vous craigne 

pas lorfque vous menacez. 

L'ofrenfela plusfacheufe eft d'être 

offenfé par un ami. 

Ne menacez pas de châtier plusrigoureufement 

que le crime ne le mérite. 

Si vous le faites, vous ferez injuftej 

& fi vous ne le faites pas, vous 

aurez dit un menfonge. 

La méchanceté la plus grande eft 

d'abandonner la Religion pour lui vre 

la vanité du monde. 

Vous ne ferez pas expofés à être repris 

des autres, fi vous vous reprenez 

vous-même. . 

Heureux celui qui a des richefles & 

qui en ufe bien. 

N'affedez pas de faire beaucoup de 

bruit toutes les fois que vous promettez. 

. • On peut dire que la vie eft longue 

lors qu'elle eft exempte de chagrins & 

tfaffiiOions. h 4 L°rf-

M 2 Les Maxim? 

Lorfque le bien fe préfente à Tons, 

embraflez-Ie; mais, rejettez le mal 

d'abord qu'il paroi t pour vous furprendre. 

Qui fefotimet à la volonté'de for» 

ennemi s'expofe à un péril inévitable. 

La tyrannie des Rois eft plus tolerable 

que te fouJerement des peuples. 

Les gémiflemens des opprimez ne 

font pas inutiles. 

La vie d'un tyran n'eft pas de longue 

durée. 

La longueur du difcoursenfàit oublier 

une bonne partie; cependant, 

c'eft contre l'intention que Pon doit 

avoir quand on parle. 

La mémoire eft préférable à un 

grand amas de livres. 

Soïez doux & comptaient, on aura 

le même égard pour vous. 

11 n'eft pas étonnant que celui qmi 

fouffre prenne patience ; mais, il 7 a 

lieu d'admirer celui qui fouffre & qui 

remercie Dieu de ce qu'tlfoufrre. 

C 'eir poflèder im tréfor que de joilir 

«Purtefânré parfaite. 

Ne mêlez pas vôtre fecret avec tes 

chofes qiie vous expofez en pobHc, 

vous vous en trouveriez m*/. 

Ne


Ne cachez aucune circooftance à 

celui de qui vous prenez confeil, le 

mal qui vous en arriverait ferait par 

vôtre faute. 

La gloire qui s'acquiert par laverai 

eu plus relevée que la gloire qui vient 

de la nobleflè. 

La bonne nainancefe fait connaître 

par rélevatioo des penfées. 

Les ingrats ne profitent jamais des 

bienfaits qu'ils reçoivent. 

Les ignorai» prennent facilement 

les premières places ; mais , les favans 

qui font pêrfnadez des devoirs de 

l'honnêteté ne le root pas. 

Dans l'efpace de rems dont vans 

jouiriez en ce monde, vous êtes en 

deçà de vôtre dernière henre. Avant 

que cette heure arrive, emploïezles 

mosnens que voos avez à vous, à prévenir 

ce qui dote voos arriver lors 

qu'ils feront expirez, & n'attendez 

pas qu'on vous ôte tonte efperxnce & 

qu'on vous renvoie à vos méchantes 

actions. 

C'eft affezà ton vieillard de l'infirmité 

de fon âge, il rte doit pas sfcnikwrrarffcrd'aurres 

chagrin». 

Sarivant tecoursdu monde» hvie 

cft nrifeofcle. fa» richefies , «c 1 

L 7 fa* 1 *

»54 Les Maximes 

iciencé fans dignité n'elt qu'un amas 

île dilcours bien fui vis, qui ne fervent 

à rien. 

Ce qui doit donner de laconfolation 

quand on a reçu quelque fanglant 

affront, eft qu'on n'a pas à vivre une 

éternité. 

Il ne fe commet point de méchancetez 

dans une nation que Dieu ne les 

fafle fuivre d'une affliction générale. 

Rien n'attire davantage les cœurs 

que la douceur des paroles. 

La vieillerie ne doit pasfe compter 

: pour une partie de la vie. 

Ne vous glorifiez pas. Quelle gloi - 

reeft-ce que celle d'être crée déterre 

pour y retourner fervir de paftureaux 

vers ? De vivre aujourd'hui & de 

mourir demain ? 

Redoutez les prières que ceux que 

vous affligez addreflent à Dieu. 

Aïez patience. Rien ne fe fait 

qu'avec la patience. 

Un Monarque favant nefe repent 

jamais de l'être. 

Prenez garde à ce que vous dites , 

- & en quel tems. 

C'eltune réputation très-méchante 

que celle qu'on prêtent acquérir par 

OQC iflfenfibùité pour toutes ebofes. 

Lorf-


Lorfque vous prenez confeit, dites 

la vérité, afin que le confeil qu'on 

vous donnera foit auflî véritable. 

Afin que vous aiez des avis, donnez 

entrée à tout le monde dans vôtre 

armée. 

L'inimitié la plus grande peut fe 

difliper par un accommodement, excepté 

l'inimitié de l'envieux. 

Jamais on ne fe repent de s'être 

tu. On fe fait un tréfor de toutes fortes 

de belles perfeâions dans la compagnie 

des honnêtes gens. 

Nefoïezpas rigoureux dans le châtiment. 

Il eft rude , quelque léger 

qu'il foit. Nevousenfervezpasauffi 

trop fréquemment, vous pouvez arriver 

à vôtre but par d'autres voies 

que par celle-là. 

Le principal point pour acquérir 

delà réputation confifte à bien pefer 

& a bien régler fes paroles. 

Qui n'a pas de richefies n'a pas 

d'honneur dans le monde, & qui n'a 

pas d'honneur fuivant le monde n'a 

pas de richefles. 

Combattez vaillamment dans le 

combat, & ne perdez pas courage, 

ypsfoldatslc pcrdroientauiB.

256 Les Maximes 

Le véritable emploi des richefles 

eft d'en faire des largeflès. 

Le monde & le Paradis peuvent 

•être comparez à deux femmes qui 

n'ont qu'un mari , lequel aime plus 

l'une que l'autre. 

Une amitié contraûéelavec uainfeofe 

jette promptement dans des 

malheurs. 

H vaut ratenx être feul que d'être 

dans la compagnie des médians. 

Correfpondez à l'amitié de vos 

amis, & aiez pour eux. la même CQOfideration 

qu'ils ont pour vans. 

Va avare qui garde fon angentrefferable 

à un hommcqui a du poia devant 

lui, & qui ne mange pat. 

Servez-vous de vos neheffes pour 

gagner la- bicu-vcillance de tout le 

monde. 

Noos femmes refpe&es & honorez 

tous les jours pendant que la mon 

eft plus presse nous.quektcooftnrede 

nosfoulèers. 

O* meurt ao imtim «tes piaifes Cs 

• de la débauche fans fimàr que l'on 

meurt. 

LespeBptem'abaxkaroeQtpa&leur 

. Monarque, Ar nrfaretm pas.de fin 

obciflaMKc faiw rifhée» defeâtg.

dis Orientais, t^f 

' Lefage ne peur être pauvre. 

Le menfongenc tire après lui que 

thudeshonfieur. 

Unmcnfonge qui tent à la paix eft 

préférable à une venté qui caufc une 

iedïtion. ' 

Qui vit «fans t»n entrer abandonnement 

du monde n'en traverfé d'aucun 

chagrin. 

Perfonne ne rait paroître davantage 

fa beRHe qaecdùî qui commence 1 

2e parler avant que celui qui parle ait 

achevé*. 

Il n'y a pas de véritables richefîes 

fans la vertu. 

Qui commet tmeafrarrede confequence 

à une perfonne qur n'a pas la 

capacité pot» en venir à bout, ferepent 

de lavoir fait, & fait connaître 

en même tems la légèreté de ton 

efprii aux perforrnes de bon fens. 

Un ennemi peut devenir ami par 

les bien-faits ; .mars , plus on flatte 

les parlions, plus elles fc rebellent. 

On acquiert la bien - veiHahce de 

fon prochain en lui procurant dû 

bien. 

Ce n'eff pas ht conduite éa fage de 

donner de Fefperance &dcFôier en 

firke. _ 

Ceux

358 Les Maximts 

Ceux qui feroienc des libéralisez 

n'ont pas de quoi les faire, & ceux 

qui onc de quoi les faire, ne font pas 

libéraux. 

Qui veut lui-même fe faire connoître 

pour favant, paue pour un ignorant 

devant Dieu & devant les hommes. 

Qui veut approfondir les bellesfciences 

ne doit pasfe laifler gouverner 

ni tnaîtrifer parles femmes. 

Les richefles font pour vivre plus 

commodément > mais on ne vit pas 

pour a ma/Ter des richefies. 

C'eft affliger les pauvres que de pardonner 

à ceux qui les foulent par leurs 

excoriions. 

Il faut fe garder de ceux que l'on ne 

connoît pas. 

Qui felaifie conduire par ks defirs 

eft ordinairement pauvre. 

. On vient à bout de ce que l'on a 

projette en cachant fon fecret. 

Deux fortes de perfonnes travail, 

lent inutilement, celui qui gagne & 

qui ne joiiit pas de ce qu'il gagne, & 

celui qui apprent d'un Maître de qui 

Jes actions ne font pas conformes à ce 

qu'il fait ni à ce qu'il enfeigne. 

Le favaqt de qui les mœurs font dere-


réglées , reflemble à un aveugle qui 

tient un flambeau dont il fait lumière 

aux autres i mais , dont il n'eft pas 

éclairé. 

On recueille du fruit d'un arbre 

u'on a planté ; mais, les hommes 

3étruifent ceux qui les ont établi dans 

le monde. 

U vaut mieux garder fon fecret foimême, 

que de le confier à la garde 

d'un autre. 

Qui vous fait des rapports de la 

conduite des autres , fait de même 

aux autres des rapports de vôtre conduite. 

Un favant connoît un ignorant 

parce qu'il a été ignorant; mais, un 

ignorant ne peut pas juger d'un favant 

, parce qu'il n'a jamais été favant. 

Le même qui vous flatte, vous detelle 

dans l'ame. 

Les Rois ont plus befoin du confeil 

desfàges, que les fages n'ont befoin 

de la faveur des Rois. 

Comment pourroit-on faire fondement 

fur l'amitié d'un ignorant, puis 

qu'il eft ennemi de lui-même ' 

Trois chofes ne font pas fiables 

dans la nature : Les richefles fana 

corn-

?6a Les Maximes 

commerce, la fcience &t» difpatey 

& un Royaume fans feverité. 

L'efperance mal fondée ne fe pctc. 

qu'avec la more. 

Cet faire tort aux bons que de 

pardonner aux méchàas. 

Piason raie d'expérience 5 plus Ott 

fe forme l'efprir. ' 

- Letnondêperirokfi sous les hotnmrs 

étoieot (àvao». 

La pareflTe & le trop donnir aedé» 

tournent pas feulement dater vice de 

Dieu, ils amènent encore la pauvreté. 

Le luxe diffipe tous les biens qm 

ftmt à fa difpoûuon. 

Il faut faire du bien fi l'on veut en 

recevoir. 

Il faut chercher un bon. voifin avant 

que de prendre une maifon., 8e 

ua bon camarade avant que df entreprendre 

un voïage. 

Ne déeouwés pas à vêtreami txut 

ce que vous avés de fecret, parco 

qu'il peut devenir vetee ennemi. Ne 

faites pasauffi à v&tre- ermetoi tout le 

mal que TOUS pourries lut faire, parce 

qu il peut devenir vôtre ami. 

Il faut avoir jutant de foin de fe 

blâmer Coi-mêmeiqae de blâmer les 

autres, La

des Orkntaux. «6j 

£,a colère commence par la folie 

;& finit par le repentir. 

Il ne peut arriver que du malheur à 

.celui qui laifle gouverner fa raifon-par 

fes.pa&ions. 

Un (âge ennemi eft plus eûimable 

qu'un ami infenfé. 

Il n'y a point de vertu femblable à 

la prudence, point de mortification 

égale à la fuite du vice , point de 

bonté pareille à la bonté des mœurs, 

& point de richefles égales au. plailîr 

d'être content de ce que l'on a. 

Qui fait amitié avec les ennemis de 

£ssamis, cherche à ofrenCer (esamis. 

Il n'eftjpas neceûaire de rifquerïfr 

vie dans les affaires qui peuvent fe terminer 

pas argent. 

Il vaut mieux être pauvre que d'avoir 

des richefles mal acquifes. 

Il eft d'une confequen.ce trop gtandede 

fuivre le eonfeil d'un ennemi : 

Néanmoins, il eft permis de l'écouter 

pour faire lecontrairc de ce qu'il 

dit, & Je bon fcns demande qu'on le 

£uTe. 

- Ricnfl'cft pire qu'un lavant de qui 

lafcience eft inutile, 

r Lalereexceffivechaflè d'auprès 

de vous ceux ajuica «pprochent, &

z6i Les Maximes 

les carènes à contretems leur font 

perdre le refpeâ. C'eft pourquoi, il 

ne faut pas avoir trop de feventé pour 

ne point s'attifer du mépris, ni trop 

de bonté, pour n'être pas infulté. 

Deux fortes de perfonnes ne fe contentent 

jamais; ceux qui cherchent la 

fcience & ceux qui amaflènt des richefles. 

Frappés la tête du ferpent de la 

main de vôtre ennemi, de deux bons 

effets que cela peut produire, un ne 

>eut pas manquer de vous arriver. Si 

1 'ennemi eft le vainqueur, le ferpent 

fera tué, &fi le ferpent à l'avantage, 

vôtre ennemi ne fera plus au 

monde. 

N'annoncez pas vous-même une 

méchante nouvelle à celui qui peut 

en être troublé, laides là annoncer 

par un autre. 

Qui n'a pas d'éducation reflcmble 

à un corps fans ame. 

N'accufés perfonne de rébellion 

auprès du Prince, que vous ne foiez 

(ur que le Prince vous écoutera, autrement 

vous vous perdrés vous-même. 

Le fage privé des chofes les plus 

neccflàtres, eft préférable à l'ignorant 

à qui rien ne manque. Le


Le ftupide, ou l'ignorant eft rempli 

de lui-même. 

Qui parle trop eft fujet à mentir ou 

à dire des chofes inutiles. 

Le trop de précipitation eft fuivi 

du repentir, & les bons fuccés ne 

viennent qu'après la patience. 

C'eft être riche, que d'être content 

de peu de chofes. 

Ecoute pour apprendre , & garde 

le (ïlence pour ta propre confervation. 

Les hommes font partagés en deux 

dalles : Les uns trouvent ce qu'ils 

cherchent & ne font pas contens, les 

autres cherchent & ne trouvent pas. 

Qui donne confeil à un homme 

rempli de lui-même, a lui-même bcfoinde 

confeil. 

Chacun croit avoir de l'efprit au 

fouveràin degré, & chaque père s'i- < 

magihe que fon fils furpaûe tous les 

autres en beauté. 

Des Sujets bien gouvernés valent 

mieux que de grandes armées. 

C'eft le rendre coupable de fe juftifier 

lors qu'on n'eft pasaccufé. 

Les Rois ne veulent pas d'égaux» 

les envieux n'ont pas de repos , 8c 

les menteurs n'ont pas de retenue. 

Gar-

a&4> Li$Max)m$ 

Gardez-vous des Grands, quand 

Vous vous ferez mocqué d'eux, d'un 

fou quand vous Taures raillé, d'un 

fage quand vous l'aurez offçnfë, & 

d'un médiane quand vous aurez fait 

amitié avec lui. 

Tout le monde ne fuffit pas iun 

. .jwarei mais, le fobre ne veut que 

du pain pour feraûafier. , ? 

LeOemon n'a pas de pouvoir fur 

les bons, ni le Prince fur les pauvres. 

Trois fortes de perfonnes ne tirent 

rien de bon de trois autres j le noble 

du roturier, le bqu du méchant, ni 

le fage del'ignorant. 

Les affaires quife font peu à peu 

.s'achèvent promptement. 

L'homme fe connoit par fa langue, 

de même qu'une méchante noix par 

Xa légèreté. 

.Qui difpute avec un plus Payant que 

lui pour jaroître favant, pafle à la 

lin pour un ignorant. 

. On doit .pofleder la feience d'qne 

manière qu'on puiflè la faire paraître 

ijuandon veut. 

II eft de la.bonneprudence de bien 

confideretla fin de toutes chofes. 

Le fer vice des jlois a deux faces i, 

refperance «T^voif du pain Se la 

crain-

des OritntMic. î$% 

çramte de perdre la vie : mais., il 

n'eftpasdela prudence du fage de fit 

jetter dans une femblable crainte pour 

une telle efperance. 

Trois chofes ne fe connoiiïent 

qu'en uoisoccafions. Onneconnoîc 

ja valeur qu'à la guerre, le fage que 

dans fa colère, & l'api que dans la 

neceflîté. :;. •• -.".,; 

Si quelqu'un a pris la parole avant 

vous , ne l'interrompez pas, quoi 

que vous fâchiez la chofe mieux que 

lui. . , . 

. Ne publiez pas les yices de votre 

prochain, parce quevou.slediflâmez 

Se que vous diminuez vôtre bonne réputation, 

.: j ..:.:;•[ 

On ne peut mettre qu'au nombre 

des belles celui quinefaitpasdiftinguer 

le bien d'avec le mal. 

S 

Qui apprent la feience & ne piati.ic 

pas-ce qu'elle enfeigne, refleme 

a celui qui labouie 5f qi*i ne feme 

. On peut connoître en un jour ce 

qu'un homme a d'acquis; mais, ne 

vous fiez pas à lui en ce qui regarde 

fpn intérieur; parce que {àméchanceté 

de fon ame ne pejK-fe, connojtre 

énpluficursànnécpvî irn :J; •>•

t6é Les Maximes 

Le fbiblè qui entréprenc de fe battre 

contre un plus fort que lui, aide 

lui-même fon ennemi à le faire périr. 

Qui n'écoute pas les confeils cherche 

à être repris. 

On augemente la fcience par l'exr 

perience, & l'on augmente le mcn* 

fonge en croïam trop facilement. 

Le fage qui fe tait dit plus que l'in-» 

fenfé qui parle. 

La fageflè ne paroît que parl'oppofition 

de la folie & de la ftupidîté. 

Nous fommes efclaves du fecret publié; 

maïs, le fecret eft nôtre erclavc 

ta«t que nous le tenons caché. 

-Appliquez-vous à la recherche de 

la fcience, depuis le berceau jufques 

à la mort. 

Le fage qui fe trouve parmi les 

ignorans ne doit s'attendre à aucun 

honneur. 

Rien n'eft plus difficile que dèlS 

connoître foi -même. . 

Il ne faut pas s'étonner que atfëïi 

quefois l'igrtOrant pa^tonfcawH'ernporte 

furie feMant, LVaieril .uïe les 

pierres prériêufes. 

II eft de Peftièhdêmient offùfqué par 

la eoncupifcêwce '-^kmàfl^vai marî 

gouverné par fa fer#tee.' : • "'''- 

>d J. Le

des Orientaux. a67 

Le (âge ne doit paefààlement exf 

cufer les légèretés du menu peuple^ 

iarce qu'il eaarrive du mal à l'un & à 

f 

'autre. L'autorité du fage en dimj* 

nue, & le menu peuplefeconfira» 

dans le dqfordpe. ' . il ; 

Qui loiie les mauvaifes aâtoroeft 

fujet à les commettre, i : : i 

L'attache pour le monde &pour 

les richcfles eft la fource de tous iei 

maux. 

Le Ciel a accordé de quoi vivre à 

tout le monde 5 mais, à conditiondç 

travailler pour l'avoir. 

La honte empefche qu'on n'obtienne 

ce que l'on fouhaite. ••••!: 

- On oublie te nom de celui- 4e qui 

l'on n'a pas mangé le pain pendant 

*ju'il vivok. 

Dans- une méchante année- il ne 

faut pas demander au pauvre eno.-l 

*• La meilleure conduite dans Itfs 

-grandes aflemWées eftdeneri

x68 Les Maximts 

fix fortes de marques; en ce qu'il fe 

fechefans fujet, en ce qu'il dit des paroles 

qui ne fervent de rien, en ce 

qu'il fe fie à toutes fortes de perfonnes, 

en ce qu'il change lors qu'il n'a 

pas lieu de changer , .en ce qtl il s'emfaaHafle 

de ce qui ne le regarde pas, 

& en ce qu'il ne fauroit faire ledifeernemerit 

d'un ami d'avec un ennemi. 

L'Ecolier qui apprent malgré lui, 

rcffemble à un amant qui n'a pas d'argent 

j le voïageur qui manque de bon 

fens, à un oifeau fans ailles; un fa- 

-yant qui nc'pratiqOe pas, ce qu'il fait, 

à un arbre fans fruit, & un Derviche 

ans fciertce, à une maifon fans porte.' 

Il n'eft pas du bon fens de prendre 

un remède douteux, ni de voïager 

fans caravane par un chemin qu'on ne 

.coflinoûipas. 

Lés richefles les plus complètes çonfiftent 

à fe contenter de ce que l'on a, 

:.& le? plus fâcheux de la pauvreté eft de 

ne la.pasfOppqrrer avec patience. 

On atteat inutilement cinq chofes 

: de. cinq perfonnes différentes: LTn 

préfent du pauvre j dufervicedunq- 

/gljgent» 4ufccours dçreo«Çiîlij du 

.u con-

des Orientaux. 5$$ 

confeil de l'envieux., & un véritable 

amour d-'une femme. 

On fe pert par deux fortes de 

moïens; parles richefles exceffives, 

& par la grande demangeaifon de 

parler. 

Ne vous preffez pas de vous infosmer 

de ce que vous pouvez fa voir un 

jour par vous-même ; parce que cela 

fèroit préjudice à la bonne opinion 

que l'on a de vous. ' 

On n'eft pas homme tant qu'on fe 

laine dominer parla colère. 

Mefurez vos paroles à la capacité 

de ceux à qui vous parlez. 

On eft riche lorsqu'on eftconteat 

de ce que Dieu dorme. '".'"• 

Un peu de beauté eft préfeïabie à 

beaucoup de richeffes: 

Qui fréquente les méchans ne laifle 

pas que de faire tore à fa réputation, 

quoi que leur compagnie ne l'ait pas 

encore corrompu. lien eft de même 

que de celui qui fréquente tes cabarets, 

on ne dit pas qu'il y prie Dieu; 

mais, qu'il y boit du vin. '•'- '•-^ 

La modération doit être çonfiderée 

comme un arbre dont la racine eft 

d'être content & le fruit d'être en repos. 

:••'•-. 

M i Le

Ujo Les Maxime* 

: Le pauvre de qui la fin eft hepreu» 

fe eft préférable au Roi de qui la fin eft 

jnalheureufe. 

, Il n'eft pas du fage de reprendre une 

Suite & d'y tomber lui-même. 

Le Ciel donne de la pluïe à la terj«i 

mai», la terre ne renvoie au Ciel 

que de la pouffiere : C'eft qu'on ne tire 

d'un vafe que ce qu'il contient. 

Le plaifir du monde eft d'avoir le 

neceflàire & non pas le fuperflu. 

Le trop grand commerce avec le 

monde jette dans le mal. 

L-'anaicié s'augmente en vifitant les 

amis; mais, en les vifitant peufou- 

:vent. 

Il appartient de donner confeil aux 

Rois, à ceux feulement qui ne craignent 

pas de perdre la vie , & qui 

n'attendent rien d'eux. 

Ferfonne ne fe fait plus de tort a 

lui-même que celui qui fait des fournirions 

à qui n'a pasoeconfideration 

. pour lui, & qui entretient une amitié 

; dont il ne tire aucun avantage. . 

Nelaiflez point pafler devant vous 

.ceuxquineconnoiflent pas vôtre mérite. 

Qui ne fouffre pas quelque temps 

avec patience la peine qu'u yad'ap- 

! psen-

des Orientaux* tft 

prendre , demeure long-teins dans 

robfcurite' de l'ignorance. 

L'homme eft la plus noble des créatures 

& le chien la plus méprifable. 

Cependant, il faut tomber d'accord 

qu'un chien reconnoiûant eft pluseftiniable 

qu'un ingrat. 

Les nobles qui fe rendent d'un facile 

accès en tirent deux avantages} 

l'un, en ce que cela relevé leur nobleffe, 

& l'autre, en ce qu'ils en font 

confiderez davantage. 

Qui obéît à Tes pallions n'eft capable 

de rien, & ceft aufli pour cçla 

qu'il n'eft pas propre à commander. 

La perfection conlifte en trois cho- 

(es: à obferyer fa Religion , à être 

patient dans les difgraces , & à (f 

conduire avec fagefle. 

Puifquclq monde n'eft qu'un panage, 

nous devons au moins nous étUr 

â'er à faire ea 6>rte qu'on y diie du 

àâendenojU6,; . ; . . , . 

Là douceur du ç^mcau eft fi grande 

, qu'un? énfeit pauî; le conduire 

fent lieues, loiftpar le licou. NeaOr 

moinsi^ PflftW* le. conduit par ujp 

chemin dangereux , il refifte & ne 

lui obéit plus. Cela fait voir qu'S 

faut rejetter la douceur lorfque Ja feve- 

.xitfeftnecefiairc. M 4 u »

ï/f Les Maximes 

i Un Prince qui n'a pas la jiiftïce a" 

reflemble à une rivière (ans eau. 

- ' De même que les 1 viandes font inutiles 

au malade j de même aufli tous 

les avertiflèmens, tous lesconfeils 8! 

toutes les Prédications ne fervent de 

rien à.celui quieftaveuglé de l'amour 

diimondbi ' v - .ï 

'-\ .. . ...... Plus


Plus un ennemi paraît fournis, : fia-: 

teur & complaifàot, & plus un bon 

politique doit fe méfier de lui. -. 

: Deux chofcs font embarafibtutes; 

fe taire quand il faut, parler, & parler, 

quand il faut fe taire. :•... i 

-. Unfeul hommeauplus, peut tuer 

cent autres hommes de fou fabrçj 

mais, il peur pair fa prudence détruire 

une armée entière. 

Le riche qui n'eft pas libéral reffcmble 

à un arbre fans fruit. 

Pourvu que vous ne vous laffiez pas 

de chercher, vous trouverez J ce que 

vouschercbez. i I [ 

Vous ne pouvez pas garder vôtre 

fccret j quelle, raifon avez-vous de 

vous plaindre qu'un autre à qui vous 

l'avez déclare le publie? ' l 

Le pauvre quiti'apas de patience, 

reïïembê à une lampe fans huile.;- I 

Quoique la patience foit amercï 

néanmoins le fruit en eit dôui. r . 7 

Celui à qui dans l'intention feule, 

ment défaire paraîtrefon éloquence 

& fon bel ejprit., il échapé de dite 

plus;qu'il n'eft capable de faire, n'eft 

f>aslong-temsàfe repentitdefonfimr 

prudence. -''- ' "'-i 

i • llie&de radmirriftiatton des. afFai-

SJJÇ Les Maxims 

rcs des Rois comme des voïages fur 

mer; on y gagne, on y pert; on y 

amafïe des tréfors , on y pert la vie. 

. Unef femme fans pudeur reflèmble 

à des viandes qui ne font pasaffaifon-i 

nées. 

! 

Lejjauvre volontairement pauvre 

ne poflede rien & rien né leponede. 

Le frère qui cherche {esjcommoditez 

au préjudice d'un frère , n'eft ni 

frère ni parent. 

Un fcul jour d'un favant vaut mieux 

tjue toute la vie d'un ignorant. 

; Il eft moins fâcheux de mourir dans 

]e befoin que de déclarer fa pauvreté. 

' 11 eft plus fouhaitable de mourir 

glorieufemenc que de vivre miferabletnent. 

Le méchant doit être réputé pour 

mort lors même qu'il eft vivant; mais, 

l'honnête homme vit même parmi les 

jnQrts. 

Un Roi cruel ne doit pas efperer 

que fcn règne foit de longue durée, 

un orgueilleux qu'on le folie, urmiéchant 

d'avoir beaucoup d'amis, un 

avare de paÉfbr pour humain oVpour 

un honnête homme, Se un incereflé 

d'être eftimé jufte & équitable. 

Jamais ii ne faon! découvrir fon 

avcr-

jverfîon ni à Tes envieux ait à Tes enne> 

'mis. 

L'amitié des grands, le tems chaud 

en hiver, les douces paroles des Daines 

& la joie des ennemis font quatre 

chofes aufquelles il ne faut pas Ce.fïcr. 

Jamais on ne doit rien',eaijjeprendre 

qu'après l'avoir bieu^xaminé. 

Le coeur d'une .perfonne qui ne dépent 

de perfonne, doit êtê le tombeau 

d'un fecret quand on le lui a 

confié, 

.- Il neia,ut ni ç'entrerçnir ni aijoir 

aucun commerce avec lestions^ parc* 

qiêVifnnçleurfaithonte. ; , , >;.,J 

.Qu^'p'offede; un. art •peut dire qu'jj 

eft grand Seien,eur. • - 

L'envie eft autant infeparable dé 

l'envie, que Je feu Sj la fumée font 

infeparables. 

t ,,Sirafp^jI!nfiréfl)|6i;ipasune fi?is, 

$réuuîtreniunamtpterns,;; - ;> 

-,}XÀ pais où l'on; njapas^'amis;, ~efk 

un méchant pais. . : 

l -, L'envie eû;u^ feu quj prenç, flampiédabord„ 

& qui brûle également 

le vert &lcfec. C'eft un torrent qui 

emporte chaumieres,§c Palais. , 

Grands' & petits font chafliass d

^ 6 IMP-Màxhaét 

homme âuracommifè en toute une 

nation. f . . . ' 

Les honneurs , les charges & les 

dignités ne recompenfent pas de : là 

peinetjtfôrffe donne poiïry arriver., : 

• SbuVeM J un ; eCciave mérite - élus 

rflèfttmé^h'iin noble. ' . 

En "d8iée*tàîns terris un'lrvretierrt 

lie#d'ùnfcâgreabk compagnie.; ' 

-'Sôuvetttlavie folitâire éfVùnéHriÇ 

de gens qirine peuvent &• qui ne veulent 

rien faire. , t • . ' 

-• Le jôùVàuqucTon nëfàitfjâs cjéel- 

^^fccSrmëaOTon i ne doit pas être 

mis au norribre dès jours de la'Vie',' 

lès-affaires & de toutes les entrepris 

fe?-. - • ,-•.'' ' '"-> : ' : 



de complaifirneë û'il W tiaifle'd'a 

irouBie'y 1 mêméehtre les paréfts 8f les 

alliez. . •' ' ' : ' -, , r " J 

-'• ©rfgr"a1id Monarque dôitaVofr la 

fcon'ne réputation pour objets parce 

que de toutes les grandeurs & de tout 

le fracaidu mondej c*efHa{pùie cho J - 

#>

âes Orientaux. \'fj 

La marque d'une grande ame,'eft 

d'avoir 'pinède fon ennemi lorsqu'il 

eildanslamifere. : ' ; • ; , J 

• Larlfberaliré eftiîagrea&lé à Dieu, 

biie c'éftpiir elle qu'il felaifle appaifef 

& ; qu'iïfairrrrifencdrde. -•' 

Peu de richeiles bien ménagées dulent 

lorïg'-items^ niais, degrandsiré; 

fors ne font pas de durée lors qu'on le$ 

prodigue. ' . 

Il ne faut pas fe'déracher d'un vieil 

ami pour fe donnërau'premier venu i 

parçeauè jamaifbn ne fe-trouve bien 

aécècnàngenieh'f.'- • '••'-'••• 

Qui feitrdu bien ne pert pas fije"fcompenfe. 

Ja'niais un bien - fait'nç 

périr ni deyanc Dieu ni devant les. 

hommes". ' . " 

Qui fe porte bien, &'qui a du pairt 

& urr lieu dé retraite, ne femet ai| 

fervicedeperfonnenihèvo'iag'e. T " 

SS";vous" aVêï' du refpecT: pouf'les 

fcravès & pour les perforûres de courage 

3 ils font tout à vous : mais, ït 

vous avez le môme égard pour [ei lâches 

, ils vous haïflent & en deviennent 

plus infoJens,. ' 

•L'avidité merte à l'infini, le plus 

fur eftdc fé fixer. i Ç

ijS Les Maximes 

Un peu de bonne amitié bien placée, 

vaut mieux qu'une grande ami. 

tié contraftée avec légèreté. 

. On ne peut fe démêler des grands 

embarras qu'en deux manières , ! pu, 

par une fermeté confiante, dp parja 

fcite. ,.....':'. '••••,',••." 

Un Monarque qui s'abandonne entieremerft 

aux divertiffemens » rent Ci 

vie la première vie du monde en fait 

de plaifirs ; mais , pour s'acquitter 

de ton devoir, il doit être dans.fqn 

Roïaumc comme la rofé au milieu 

d'un jardin ou elle couche fur les épines. 

, 

H ne faut pas méprifer les hommes 

à les voir rampans& niai vêtus. La 

mouche à miel cft un iriféfte défagreable 

à la vue; cependant fa ruche ne 

laide pas que de donner une grande 

abondance de miel. 

Lés grands honneurs élèvent un 

homme bien né; mais » ils abbauTent 

Un mal habile homme. 

Les peuples joûiflènt du repos lors 

qu'ils (ont gouvernez par des Princes 

qui ne mettent pas la tête fur le chevet 

pour en prendre. Le Monarque qui 

né s'en donne pas, le fait naître. ' 

Il faut conférer fon fenciment avec 

le

des Orient/m*, tf± 

le fentimentd'un fécond; parceaue 

deux trouvent plutôt la venté qu ut» 

fcul. i 

On ne doit pas fe. réjouir de la mort 

d'un ennemi. Nôtre vie ne fera;pas 

éternelle. .. _ ] 

. Il faut agir pour ne pw tomber daflft 

la parefle $ il faut auffi rapporter 4 

Pieu tout ce que l'on acquiert far le 

travail, autrement on eft dans uo* 

oifîveté continuelle & condamnable. 

Les fautes de la langue cauferw plufr 

de mal qu'un faux pas. LA telle paie; 

les fautes delà langue i mais» on-ne 

chope plus en marchant moins vite. , 

. Le meilleur des hornmeseft, celui 

qui fait du bien aux hommes. 

La difficulté eft grande de rendre 

lavant celui qui ne fait rien ; parce 

quefon ignorance lui fait croit* qu'il 

en fait puis que celui qui eotreprenc 

de I'inluuire. 

La. plupart de vos amis s'approchent 

de vous pour avoir part à votre 

table > & d'abord que vos biens diminuent 

, ils vous abandonnent. 

C'eft aflèzd'uh habit, d'unemaifon 

&dte la nourriture d'un jour. Si 

l'on meurt: à midi, on a la moitié de 

iàaoutritutedeluperflu. 

La-

fcîtf Les Mixiirtiiï 

- L'avare eft un objet de malédiction 

, tant à l'égard du mande qu'à 1 

l'égard de la Religion, & l'ennemi 

de tous les pauvres. «' '•'.:••'- 

• Il vaut- mieux que vous fefliez le 

bien & qu'on parle mal de vous, que 

6 vous étiez méchant & qu'on en dît 

du bien. : > ! 

Patientez contre les entreprifes de. 

vos envieux , votre modération les 

jetteradans ledefelpoir, &vousar- 1 

riverez au tems que vous tes veriez 

tOus; périr. ••* •" -'''•/ - •". :? . ' '' 

'- ! Les amis intereffefc- refiètrkblent 

au* chiens des places publiques, oui> 

aiment mieux leébsque ceux qui les 

leur jettent. - "> 

Quand vous ferez dans laprofperité, 

aïez foin de vous y bien maintenir 

5 parce que vous pourriez vous*» 

priver votrs-même pânvfrre faute.! 

Il ne s'agit pas de la naiflance ni de 

kt 1 valeur pour arriver sus grandes 

charges, mais de là vivacité & "4e lia» 

force dé 1 -éfprit. Il n'y a rien à qaoi 

onnepulfleafpirer quand on a de flefc 

prit. 

L'avantage-"auquel Un ftônnêta 

homme doit'aïMrer à ta< Cou*', eft 

d'arriver,s'il le pWjà u»e-4igni«é pli»i 

' '- - re-


Relevée que celle qu'il poffede, afiri 

d'être en état de faire du bien à fes 

amis, & d'empêcher .par l'autorité 

dont il èft revêtu, que fes ennemis né 

puiiïent lui nuire. 

•• Pour bien vivre, il faut mourir aux 

affeftions desfens & de tout ce qui eii 

dépenr. - . • - 

• Mille années de délices ne méritent 

pas qu'on hazardefa vienn fcul 

moment pour en jouir. : 

La paffibn de vivre à Ton aife & 

fans rien hazarder , eft l'avantcoureur 

d'une vie méprifable & ignomrnieufe. 

On-propofe de fe bien gouverner 

lôrs qu ott eft malade , & l'on nfcft 

pas pIUtoten> fanté qu'on retombc


pbferver cinq chofes. La première 

eft de corriger le penchant qu'il peut 

avoir aux emportemens par la douceur 

fit par la complaifance j la féconde 

, de ne pas fe laiflèr feduire pat 

le Démon de l'orgueil ; latroifiéme, 

de ne pasfe laitier vaincre par Tintetêt 

; la quatrième, d'être fincere & 

droit dans l'admintltration des aflfaites 

dont il fera chargé ; & la cinquième, 

de ne pas s'ébranler pour tpus 

les contre-temsquilui arriveront. 

Le fervice des Rois eft une mer 

vaûe où navigent des Marchands i les 

nos v font naufrage & les autres en 

rapportent 4e grandes richefles. • 

Eloignez-vous de celui qui ne con* 

noîi pas de ûoi il eft capable , qui 

p'obftine dans les entrepnfesqui font 

audeflusdefesforces, &quifelahT« 

conduire parfes paffions. Il aura de 

la fatisfâôion pour un jour & plusieurs 

années à fe repentir. 

r Les affaires font conduites parles 

Ages tant qu'elles vont bien j mais» 

les méchans s'en chargent d'abord que 

les fages les abandonnent. 

Craignez celui qui vous craint. 

II né faut rien faire fans deflein. ; 

- La prudence fiait la moitié dç la vie. 

Il


II faut s'abbaifier en demandant, 

afin d'être élevé en obtenant fà demande. 

La familiarité des Grands eu perilleufe, 

c'eu un feu auquel on (e 

brûle. 

Gardez-vous de la familiarité des 

Rois avec le même foin que le bois fec 

doit s'éloigner du feu. 

Unemechanse femme dans la maifon 

d'un homme de bien eu un enfer 

pour lui dans ce monde. 

Le commencement de la joie fuie 

immédiatement après la patience. 

Qui ne combat point craint le danger 

& n'arrive jamais à la gloire. 

On acquiert des ricbeSès avec là 

patience , & l'on eu à couvert des 

dangers par le filence. 

Ileft de l'intérêt des Rois de cultiver 

& de favoriiër les personnes de 

mérite, parce qu'ils en reçoiventties 

fcrvices proportionnez aux bien-faits 

par lefquels ils ont foin de les ména 

ger. 

( On ne peut pas dire de l'avare, 

tout attaché qu'il eft à fesrichefles, 

qu'il en foit le pofleflèur. 

La penféeau mal tire fon origine 

del'oinveté. / 

Faî.

484 Lès Maximes 

• Faites parade de vôtre propre vertu, 

&- ne vous fondez pas- fur l'antiquité 

de vôtre origine. Ne produifez 

pas un vivant par un mort, & ne donnez 

pasun mort pour un vivant. 

Ne dites point de mal des morts, 

afin que le bien que vous aurez fait 

demeure dans la mémoire des hommes. 

. 

Le bon emploi des rïchefles vaut 

•mieux que la recherche qu'on en fait. 

Les Rois & les fujets font également 

malheureux, où les perfonnes 

de mérite Ton méprifées, & où les 

ignorans occupent les premières charges. 

1 

Les richefles qui rie font pas employées 

à fuftenter ta vie, ne font 

utiles à rien. 

Afin de n'être pas infulté par les 

médians, il faut avoir delà eomplaîlànce 

pour eux. 

Le maleft plus grand de rendre le 

•mal qu'on a reçu que de commencera 

faire le mal. • . 

On n'obtient pas tout ce ! qûe l'on 

-fouhaite. 

Refpondez à ceux qui vous font des 

demandes d'une manière qu'ils ne 

puiffent pas fe fâcher. 

Le

des QrithUux. i8f 

; Le moien de punir les envieux j eft 

de les combler de bien-faits. 

Vos frertfs & vos amis font ceux 

qui vous affilient dans la neceffitç. - 

La prudence fouffre entre rimpof? 

Cbilité &rirrefolution. 

C'eft rendre graces,.à Pieu dçs riT 

chefles qu'il donne que d'en fairedes 

Jargefles. 

Ne faites amitiéavec perfonne qui 

ne fpit exempt de çolere. 

Quand vous parlez, faites en forte 

que vos paroles n'aient pas befoin 

-d'explication. 

i L'acquifition lajpjusprécieufe, eft 

celle d'.un ami fidelle, . .


mais, de la prudence & de labohne 

conduite. 

• La fagefiè eft préférable à la force , 

iarce qu'elle exécute des chofes dont 

S 

a force ne peut venir à bout. 

Le fage par fes paroles fait des chofes 

que Cent années jointes enfemble 

•ne peuvent pas exécuter. 

Heureux celui qui corrige fes défauts 

fur les défauts des autres. 

Les grâces ne font pas la récomnfe 

des bafiefles qu'il faut faire pour 

E 

[obtenir. 

Il ne faut point parler qu'auparavant 

on n'ait penfé à ce qu'on veut 

dire, ni rien faire fans raifon. 

Ceux qui croient trouver leur avantage 

dans les troubles & dans les feditions, 

ne manquent pas de les exciter. 

Les meilleurs amis de ce fiecle font 

les efpions de nos défauts. 

Jamais on n'aura d'amis fi l'on en 

veut avoir fans défaut. 

des Orientaux. . 287 

Le repos de l'ame confiftè à ne rien 

efperer. 

II ne faut pas craindre du côté dont 

on fe garde j mais, du côté" dont on 

s'imagine qu'on eft en fureté. 

Le favant indiferet eft à charge k 

tout le monde. 

Une méchante conftitution ne 

peut fe changer en une parfaite fanté ; 

jamais au (fi des mœurs corrompues 

ne peuvent fe changer en des mœurs 

louables & irréprochables. 

On eft confideré & refpecté en 

tout lieu quand on a de la vertu i 

mais, l'ignorant eft étranger en fon 

propre Païs. ' 

Qui met fon application à acquérir 

les feiences fe met en état de pofleder 

toutes fortes de biens. 

Donnés une bonne éducation à vos 

enfans, vous leur ferez plaifir. 

Qui ne réunît pas dans l'exécution 

des ordres qu'on lui a donnez, parce 

iqir'on l'en a crû capable, mérite d'étreexoifé 

; car, il eft à croire qu'il n'a 

rien oublié de fes foins pour en Venir 

àhout. 

Avoir de JTionnêteté, & de la cQnlîderàtkm 

pourlesméchans&ipoùrde 

njal-honnêtes gens, c'eft Culti veniné

288 Les-Maximes 

épine & nourrir'un ferpent dansfon 

lein. 

Faites du bien au méchant, vous 

le ferez devenir homme de bien. 

Les véritables richeflej; confîftent 

dans la vertu & non pas dans la poflèffion 

des grands biens, & la fagefle,fe 

trouve dans l'entendement & non pas 

dans les années. '',"..'.' -; 

Un ferviteuv enclin à mal faire, 

ne fort jamais du monde qu'il n'ait 

païéfon maître d'ingratitude. 

Les Rois ne font Rois que parce 

qu'ils ont des hommes,& les hommes 

ne peuvent vivre heureux fans Roi. . 

Vous qui êtes dans les charges & 

dans les dignitez-, pourquoi vous déchargez-vous 

fur un autre d'un foin 

qui vous regarde ? Pourquoi remettez-vous 

fur d'autres la faute que vous 

'faîtes vous-même ? 

Chaque aftion demande un génie 

particulier, r • . , 

Lés richeflès augmentent à mefure 

qu'on les diitribuè aux pauvres. 

. La trop grande réputation eft fou- 

Vent un embarras. 

. On.n'erVjpaçméprifable pour être 

Jauvre. L^Xipn.a la chaîne, n'en 

moins vaillant. 

Un

''• On (eul hopîiie n .e p.eut pa^sijuHrçr 

3r plirfieurs àirtres'. hommes. •' Uq'.rçvoii- 

2$o LtçQftxiptfis. 

c On ne peut arriver àlapoflçffîon 

de tout que par un abaridonnemçnt 

entier de toutes chofes, .'"' •, 

La Vertu ne commencepasplûtor, 

xl'éclater que ievicel'jnfiilteavecyï- 

,îbîence. /. loi j ,;.""/.' .'.'.['.;"'.,^ 

L'Homme n*4(Sa.s'ùp plusgr^n4â- 

"fremiquefônvetrtfe. '"' ' : .. ,• 

. Laviedeçemqad,eeftuojeud r en.. 

'fans. •'••• "' ''"' "" : ' , "'/" > 

On ne peut pas dire qu'on ait penfé 

"sneurement à ce'quç lonfair, jorf. 

oue la fin ne cbrrefpqnipas à ce qu*pji 

s étoitproppfé, : ,,;. .,. ^ ',' -/ ' 

"-' L^mi déqùl'ofiyMt faire Je mq|ins 

d'eitat, eftceluipôurquiii'fàiu:ayofr 

"deségards. 1 .' ''..,.'?". .,,-,..*. 

Afin que ce que Vous fouhaitëz 

"vous foie avantageux, ne fouhaitez 

rien au delà de ce qui vous eft cônvçnable. 

. r ,, : .......; ,,-j'" 

C'eft uné ; espèce 'djï"biéh-fè^nec 

parmi les 'peribrtdés de' débâuche.fife 

dire le rôrpônr rirô j mais, ,lajrieme 

liberté rr'eft pas bieln-jre'anfe, à,çeuK 

qui font prorè'riîqri d'êtrefêges» ' V" 

L'avidité eft une maladie bien dangereufe, 

elle attaque l'ame & l'e 

cœur & elle eflr'fi •pemicicufe,

des Orientaux, 291 

Les plus médians des hommes font 

ceux qui ne veulent point pardon- 

• ner. 

Comme on le prêtent, on ne peut 

pas éviter le deftui. Mais, ilefrbon 

de ne rien faire qu'avec précaution. 

C'eft faire un fécond préfent que de 

le faireavec un vifage ouvert. 

La nobleffe n'eu point parfaite 

qu'elle ne foit foûftenuë parles bonnes 

aâions. 

La médifance & la calomnie ne 

qninent jamais prife, qu'elles n'a ïent 

anéanti l'innocent qu'elles ont une 

lois attaqué. 

A la fin de vôtre vie, mettez or* 

tire aux chofes que vous avez négligées 

au commencement. 

On doit faire plus de fondement 

fur la promené des honnêtes gens cjue 

fur les dettes des médians païeurs. 

C'eft un crime & une rébellion à 

un Miniftre de porter un Roi à ne pas 

tenir fa parole. 

La juftïce caufe plus de bien que 

les grandes armées., & deffent plus 

ftrement que les citadelles les mieux 

fortifiées. 

Les amis intereflez reflèmblent à; 

•de méchaos chiens, qui n'ont pas 

N 2 d'au-

391 Les Maniâtes 

d'autre inclination que d'être toujours 

autour d'one table. 

Ne fréquentez pas ceux quinecon- 

«oiflèflt pas ce que vous valez. 

Le refpeâcft le lien de l'amitié. ; 

.Conftderez vôtre état & laiilez lbs 

jeux & les mots pour rire aux jeunes 

gens. . : . ' 

La colère veut être appaifée pat des 

addouçiflemens plutôt que par des 

voies d'aigreur. Pour éteindre un incendie, 

il vaut l mieux y jetter de 

l'eau que du feu. Lefeunefervirok 

qu'à l'augmenter. ..-., 

Cinq chofes font les. plus inutiles 

du monde: •Un flambeau on plein 

midi , un beau:, vifage devant- un 

aveugle, une pluie abondante dans 

un defert & fur une campagne ftertle, 

un bon feftin devant des gens -raffâjïez, 

& la veritéavec la fcicnce propofée 

à un ignorant. • i: ) 

Les fages n'ont que leur .oorifeii à 

donner. Ils ne font pas gaxanr.s;dé L'exécution, 

elle dépent de ceux qui les 

confirlrent s'ils ont du bon fens; - •• ' 

; On fe rent vénérable & refpeâabk 

en s'abftenant des décour-s & des 

tromperies. ! : • ; i 

Quatre chofes réjouiflearparticù- 

' ' .- A lie-

des Orientaux, 2#3 

Iierementla Vue. Une prairie émaiilée 

de fleurs, une eau coulante, un 

vin pur j & la prëfence des amis. 

• Il eftde la fcience& des belles connoiffanecs 

fans la pratique , comme 

de la cire qui n'aplusde miel, comme 

de la parole que l'effet ne fuit pas, 

& comme d'un arbre fans branche* 

qtti n'éft boti qu'à être jette au feu. 

Ne fréquentez pas l'ignorant qui 

croit être fiwant, 

Quiala faveur d*unPrince,rait tout 

le mal qu'il lui plaît, & on lui applaudit. 

Ne laifïez pas de dire la vérité,; 

quoi que vous fâchiez qu'elle- eftodieufe. 

Le nombre d*hoftes à table, eftlabénediftion 

de la maifon. 

Cinq chofes font inutiles quand elles 

ne font pas accompagnées chacune 

d'imeaotre chofe : La pa-role fans effet 

, les richefles fans œconomie, la 

fcîence ftfis les bonnes moeurs, l'aumène 

fans'-intention Si hofsdé;p*»pos, 

& la vie fans la farWé. . . > 

Si-vous voulez que v&tre'ennemi àe 

fâche pasv^tre facret, ne le révèle»' 

pasàvotreami. f ' 

L'avarice, la concupifcence & !-*• 

•- N j nl0ur

*94« hts Maximtt 

mour de foi-même font trois chofes. 

q*ii abbregent la vie. 

Le noble qui vit fans dignité ne. 

doit pas être cenfé au nombre des 

vivans. 

Si vous voulez vivre (ans inquiétude 

dans les dj gnitez > faites des adions 

dignes de vôtre caradere. 

Quand des fujets maltraitez pas 

des Officiers fubalcernes, ne peuvent 

pas faire de remontrances au Prince, 

parce que la trop grande autorité du 

JVIiniftre leur en ôtelesraoïensj leur 

fort eft femblable à celui d'un homme 

preiïé de la foif, qui s'approche 

du Nil pour boire 8f quiy apperçoie 

un Crocodile, dont lavûë lui ôte la 

hardiefle de prendre de l'eau. 

Le tombeau feul peut étouffer la 

concupifcence. 

Il vaut mieux fe laiflèr mourir de 

faim que d'arracher le pain des pau- , 

vr.çs. 

.Lis viandes font la nourriture dut 

corps; mais, les bons entretiens font 

la nourriture de l'ame. 

- La tfûféé d'Àfl mehïbnge tféït que 

d'un moment s mà&j 'fefVecitë firbfî- ; 

uVjùfâa^r du jugeant,, ; ' ;t ,4 

• Il eft des Princes comme dés beautez. 

Plus-une beauté à d'amans, dt: 

plus ifa gloire eft grande; 1 Dé même ,' 

plus)à Coiir d'ùh'Princëfeft itàmbreui; 

fe& remplie de Courrifans,; & pïué : 

lePflnceérfeftimé-'Sf confidere. 'S 

n Le ! plus,gràhd'des 'ànYoms'éft cèlifj' 

qu'ott Yeçoit torique ce qu'on a : a vàû-i 

ce eft connu publiquement pour faux. 

La plus grande des lachetçz eft d'avoir 

le pouvoir de faire du bien à qui' 

en a?befoi*P& de fie vouloir fô 1er 

faire. •'••«" ••' •"-: •• • : 

Le* bêtifié Wéïuh'doivent' être 

l'ornemeriWéfc, hdrhmè9 j &:j'orl'ornement 

des feibmes. ' 'i /•'•'? 

Si quelqu'un vous reprent de vos 

défauts ». ne -vous chagrinez pàscon/ 

tre lui, mais chagrinez-vous derè.h.ôftsq«mvMsd#i'- 

r ' ! •; !i >; ;; - *> 

La fcience eft^mmageàbîe à celui 

qtîtla ôflBde7 , fôi , k î qVéllè tféft'pas 

aBBo^pagWéVae i ftg* • t 

"Les viandes empoifonriéés 'fiant 

préférables à des dîtcoùrs dange-' 

re "X. •"„; 

ï'j. N 4 Si

*W JflNw??^ "HJ efperance :, E^mh 

J c 4'H t] fiÂ 7 pienuage, pa^cs qu'il nei 

fait que pajffer. ^'amijjie^s. viaNn--; 

W«9fl^"fl'jèffifcqrffeUg paffe §om* j 

mû!i^clair. ;âmpu^de.» ftmmes »i 

parce quj], ^•ei«.Jp1qqR, k J9PJndtft 1 

c Jl e .^. t ?// 1 ^^VÇfaupaGCftttîpli«iqw?^> 

lefoir. ,^s faunes loiian^Srjr.parce. 

qu'elles, n'abqutijn'enr.. à rien* ;& e.nfçii, 

rle> rkjfônj^,& les. biens die ce? 

qu ils fe confument. . :;; 

a$ vftW.de|r«. Wfls &&s^plaiâr,. 

n.atepjpqifjj d^tMçhe; «Wf!«W«-.*S ! -: 

qui fe pane dans le mojndô; • ', ' •;••:• 

r Cour ne p4^:recevoir un af&ont, 

lî'otçi pas de la, place, ce que vous, 

a'êvra'ppintpJaçi.;-, .„.;,

desOrientaux.. 297 

Ne faites rien par paffion , vous 

vous exempterez d',un.long repentir. 

Si vous voulez vous acquérir de. 

l'eSime,, aïezde.r;eftime pour les autres. 

Pour être agréable à tout le monde, 

accommodez vôtre difcours fui-, 

\ant l'inclination de chacun. 

. Ne riez pas fans fujct , c'eft une 

double folie de rire de cette manière. 

La belle raillerie eft dans le difcours 

ce que le iel eu dans les viandes. 

Raillez avec vos égaux, afin que 

vous ne vous fâchiez par «'ils vous 

rendent raillerie pour raillerie. 

On refiemble à ceux que l'on fréquente; 

. 

N'aiez jamais querelle avec perfon^ 

ne. .fcaquèrelleeiihTdigned'unhonnête 

homme. Il n'appartient qu'aux 

femmes .& aux en fans de quereller. 

Les richeflès les mieux employées 

font celles qu'on emploie pour l'amour 

de Dieu». 

Le remède d'uncœuraffligé eftdc 

fe remettre à la volonté de Dieu. 

• "i Si l'oecafion vous' oblige de quereller, 

ne dites pas tout ce que vous favez 

de celui contre qui vous aurea- 

N 5. q"e->

2îjff Les Maxim* 

querelle ; faites - le d'une manière 

qu'il y ait lieu de venir à un accommodement. 

- Laconcupifcence eft la maladie de 

l'aine. 

La parole eft la marque de l'efprir. 

àc l'homme , & Ces aâions font la 

marque du fond de fon cœur. 

lied plus difficile de bien ménager 

les richeffès que de les acquérir. 

La préfence des amis caufe une 

véritable joie & une joie de durée. 

Peu de richeffès ménagées avec œconomie 

valent mieux que de grandstréfors 

mal emploïez. 

- L'élévation des perfonnes qui n'ont 

pas de mérite, eft un fujet de chagrin, 

pour les hommes de bien. 

• La grande dépenfe ameiue la pauvreté. 

La grandeur des Rois éclate dan» 

Padminiitration de la Juftice. 

Le repos & la famé du corps s'acquièrent 

par le travail. 

Ne prêtez.de l'argent à vôtre ami 

que le moins que vous pourrez> pour 

éviter le chagrin de le redemander, 

iii vous ères obligé de lui en prêter, 

faites état que vous le lui avez donné> 

&ne

te ne le redemandez pas i mais, attendez 

qu'if vous le rende. 

_ Modelez • vous enveis celui ' qui 

vous c'aufé du mal> vous le, coûfoor 

^ïez. • . . . , . ; - : •'•• ,]] ...i 

La çonfolaqôn ,dés affligez eït,d$- 

«oirleursamisn ] '. < :: 

" TXn ami devient facilement ennemi, 

& quand une fois il eft ennemi > 

ileft difficile qu'il devienne ami une 

autre fois.; . ..,. 

L C'cft up défaut dommageable au^ 

çntrépr^fes aue de s'y.appliquer avec 

trop d'attacne ,&. trop d'empreflement. 

. Le? plaHîrs.que l'on goûçe auprès 

des Princes brûlent les lèvres. 

..L'éloquence eft la ïburce des richeflèsi'.'..'.;" 

'". ,'i'.,.,7 '•'•.'.'•;;. " 

: Faites part de çp que vous avez à 

ceux qui le méritent j ^nais, gardez^ 

vous,,-de convoiter fç£ qjie.îes autres 

pofledênt, û" v'otîs 'voulez pàue'r pûr 

imparfaitement honnête homme.' 

...Si vous voulez que vôtre femme 

foit fage, ne la prenez pas au deffus 

de vôtre état,,,.'' 'r.;.'V;. 

.-- Un .perçai; êtrç grave & férieux 

ayee ïgs. çnpnp,.' afin, qu'ils, ne ft m.é;, 

prifent pas ', & qu'ils le craignent tôflV 

içuts. N 6 Ho-'

jâtf EèsMaximèr 

Honorez vôtre père , vôtre fili. 

vous honorera de même. 

' Çàrdéï-vons d'un ami qui aime Vô-. 

ttéennemî.' Ciii •'' ''- fi " v " 

,L,e degré de la fcience jeft le pllis*- 

Kaurdtetous les d^rezd'élevatiotr. J 

Il faut rompr^ entièrement àv'ec' 

fcs amis qui rompent faiislûjet. 

Perfonne n'eft fans défauts) mais »" 

faites enforte que-vous n'en aïez pas. 

Il Faut fe faire,ami. des - nïechanr 

£•£ 'même qu'étés'hforis ; J pafce que , 

qtrelqjrefbis^fl'abéf&fn ' difl&rojtlrsdes 

premiers' cdvAtàir dà fecôiirVHes derniers. 

..•'•'' 

Ea joie de îa vie ' procédé d'une 

confidence pure 8: nette, 

' Une drachme' d'or donnée à tin 

pauvre de tef proches,, vaut plus quetfcnt 

drachmes données à un autre qui 

rtcteMictapavw->- •• V•'+• ' 

; J Mëfurcz'cn'àcuhfbiva'nlifjrmêfutt. ' 

Wifairt-de fën'Côtéïtre fidelle 8t\ 

fîneere en amitié', & vivre avec'fesr 

arrjis comme s'ils dévoient rompre un 

pur: On nefa^t fîà la fin ils nepoùr^' 

roicnt.pas.devenirennemis; •''•"•' ."."" 

Il eftpîus^îfê que- laïcj'emffc ^>eriffey 

qu'il i^Wïiifé iaue. ïësraivansmea*

As Orientaux jo* 

Fréquentez le monde , chacun à 

proportion de fon-merite. 

' ILà- devoriâH'dû peuple eft unefu» 

perdition. '•'•

j©2 Les Mtximei 

La méfiance eftune marque de &« 

geflTe & de prudence. 

. l»es plaifîrs que vous prenez en ce 

monde ne font que tromperie. : 

: Si l'on vous a imputé quelque mauvaife 

adtipn, aïez grand foin de vous 

en purger. ,^ 

.Si vous avez quelque ordre à exécuter, 

executez-le feul & (ans compagnon 

, afin que vous ne manquiez 

{•as dans l'exécution.', & que vous aïez 

approbation de celui qui vous aura 

commandé. .:."?:, 

; Si l'on vous demande pardon d'une 

ofiènfe qu'on vous aura faite , pardonnez 

d'abord & perfuadez - vous 

qu'on ne vous a offenfé que pour 

eprpuver vôtre clémence. 

. Les fa vans font les véritables nobles 

& les véritables Seigneurs dans 

«haqueNation. :., ;; . -, ,-, 

N'offenfez perfonnc pour n'êtrç pa* 

dans l'obrigatipa de demander pardon. 

- Les mœurs déréglées font l'y vrefle 

des mortels. 

» .;§ije malheurvouloir que vpusfuflîez 

obligé de demander pardon ; faites-le 

promptemenc, afiii d'éviter le 

blâme d'être opiniâtre. 

L'éle^


.L'élévation de l'homme confiftâ 

dans l'humilité. 

. Ne cherchez pas de dignitez que 

vous rie les méritiez» 

Il n'y a pas d'offenfe fi grande qui 

ne mente d'être pardonnée. 

L'opprobre de la feience, eft d'être 

pourvu de peu de feience. 

L'avarice eft le châtiment du ri» 

che. 

Un peu da discernement dans les 

actions vaut beaucoup mieux qu'une 

multitude, d'actions faites fens choix. 

& a vec inconfîderation. 

Vos cheveux blancs font les avantcoureurs 

de vôtre mort. 

Une des loix de l'amitié eft de n'être 

pas importun. 

il ne lui conreftera rien, il ne 

fera rien de contraire aux ordres qu'il 

aura reçus, Se il ne révélera à per-t 

jbnne le fecret qui lui. aura, été confié. 

. \ .-.:... , 

On perf le crédit que donnent le* 

. . richef-

3!04 Les Maximes 

rtcheflês, à proportion qu'elles diminuent. 

L'honnêteté confifte principalement 

en trois chofes; à faire les'chofts 

annuelles bneft engagé, à ne rien 

faire contre la-vérité, & àft modérer 

dans fcS actions. 

La patience vous fera venir à bout 

de toutes chofes. 

Ç'eft être plus que tyran de foi-mêmeque 

de s'humilier devant ceux qui 

n-'en favent pas de gré, &de s'attacher 

ceux: de quron : n'a aucun avantage 

à efperer. 

• Quand brr eflr envieux, on n'a plusd'égard 

ni pour les devoirs de la Religion 

, ni pour les loix de l'équité & 

delajuftice. 

Les voïages forment l'efprirr, 8f 

outre que par-là l'on apprentlâvertHi. 

c'eft aufltune voie pour acqjierir des; 

richeflès. 

On a du penchant à devenir ennemi 

lors qu'or> ne veut pas écouter leconfeil 

d'unamr: 

Les hommes fôntparoître de là fohé-encinq 

occafîbnsdiflferentes-j lors 

qu'ils ^rabsligfenti-lfciv bonheur fur le 

malheur d'autrui, lors qu'ils entreprennent 

de fé faire aimer des Dàdies 

' par

ies.Qmtâaioà. ys$ 

f^p-fe:âgueur i: i& enilcuridonjianc' 

p)^rôc,4es marques ude haine quedesma,rqt)^sd'a(Pûur,j.lorsqu'ils-veulent 

devenir favans au milieu du repos-& 

cêsipkiflrs, lors qu'ilscherchent des. 

amis fans.faire des avances, & lors/ 

qw'^çant.aipisUs neveuleBt:rien;faire 

pour fecourirleur aruisdans-^be«' 

foiflf ::•": ri.'.r : q ••;; .. :,'-... u::..^ 

it'feomme -fe .naâiiniwncj & fc «ira* 

dcs.oiéchaflreSf.a&Hwscpaii i« £n4erifé* 

,. •_•; . i •. .••; o.j •.•{'. , • '. 

Le filènceeft un voile fous lequel 

lîigJKttant ft«achc. :, 

3 : iûasuifeJrt de itous Ics-cdups'âlfc 

«Ju^tjaÎPhtôitïrjuiramri ^>i - «, 

- JQJ» dcpefjfbpbis".qa ? jta'a. dereva* 

Bjte swjJÛc-ii Jfcfiad^m&paiivnetMf; • • 

L'ordre & l'égalité font louable* 

«î'IetitéJ- chefet j. màis-.partrci$eje* 

ment dans les^flàires du ménage. 

- Le^psurres. onttaûjaursiles mains 

vuides, &jamai&ik n'obtiennent ce 

qu'ikfouhawtént. .'.,;••/; 

•j Quia le «XKUI étroit eft pire que ce* 

lui de qui la main n cft pas- ouverte. 

. ; On réuflît toujours mieux dans cft 

qui eft de fa profeffion que dans ce qn| 

t'en eft pas. 

L'eau, fitkircqu'elle puifieêtrei 

lu > n.'*

306: Les Maximes 

n'a pas la .vertu de blanchir du (drap 

teint en noir j de-même, riennêft: 

capable, dé faire changer un méchant : 

naturel. ' ' 

Lorfque vous vous approchez des 

Grands, que vôtre compliment foit 

courte parlez peuy & retirez-vous' 

prpmptement. .) 

Le monde eft trop étroit pour deux 

igrioran j'qiri ont querelle ertfembïe* 

. -On pèurbien tromper la créature ; 

mais , on ne trompe pas le Créateur. 

Trois fortes de peitfonnes inclinent 

ijf la rébellion. Le fujet qui nerent 

pas àfon Princeice qu'il lui doit, t* 

Wftladft'quioiclic fa maladie à fonJinedeçjoi 

&felui;qui ne découvre pi» 

fepauvrdtéàfbnamr. 

Pères, vos enfans & vos richefle» 

font caufe de tvotre perte. 

., .Qui -n'a pas la main ouverte; a toujours 

le cœur fermé. ' > t •>" 

Qui n'a pas d'amis devroïrfeêtfîi' 

ttr> dans un dofimpiurôt que de vivre 

parmiiles hommes." ••'. " '•"p 51 - "•' 

»;Toas cetéc qui paroifleritêrteamis 

©e Je font pas, ;& fou vent lors qu'on 

croit en avoir rencontré un bon ; il 

Wrive qu'on s'eftt/ompé. 

, ,1 Qui

dt$ Orientaux. '%of 

Qui ne fe donne pas un peu

'JeflR LwMàXtthët 

re ,'< éV Jes quatrièmes n'ont rîtfft en ce 

monde ni dansl'autre. 

-Evitez S es procès. Ils reffèrriblent 

à un feu qu'on a de la peine à étein-dre, 

• quarrd une fois il eft allumé. 

' ; ^î tyrannie renvcrfe le Tyran'err 

pû'aeTehips, • 

Le gouvernement tyrannîque de» 

Rois drplns-'tolcràblé que le gouverrfémentpopuiaire. 

.' 

La bonne réputation eft la chofe dm 

. nftbndielaplùsfoiihaitàble. 

Les grands font la cour à ceux qur 

font phis grands qu'eux. 

Si vous-faites du bien , on vous' 

rent bien pour bien j mais, fi vous 

fortes du mal, on vôt^ : r€nt un plus, 

grànd-mar.- < • - :u 

LA paflion desricheffès eft quelque 

chofe de plus violent que lafoif. 

On, eft efclave des préfens qUandi 

on eareçoft. '••'•'••' 

: Plus on. fe donne de peine-dans 

urte cntreprife, plutôt on eh- vient à ' 

bout. •• ; ? • ' ; ,•• '•• • 

1 X>t$ grandes âmes 'tiennent leurs 

prorqefles & excufent eéutf quî- rie ! 

«iênrierit pas ce qu'ils ont prbrhis. 

Le mieux eft que chacun faflefe» " 

propres aflàirçs pour en être content. 

Un

4ts Onàiflijffî. 309 

Un homme ,de (Lettres, fait plus 

iTérat d'une ligne des compofitjoi|s 

ïjjio -'Les Maximes 

'" Plus on eft avancé danslefervice 

& dans la faveur des Princes, & plus 

le danger auquel on eft expofé eft 

'grand'. ' 

L'attache pour le monde eft l'origî- 

'BeHe'tontvïcé. < ' . 

La compagnie dç ceux, pour qui oh 

~à' de I'àveflïon, eft quelque chofe de 

"pire que M mort. ' : 

La vérité eftft efTenrielléà l'homme, 

qu'il lui eft beaucoup plus avarttageux 

de ne point parjer, que de 

"rien dire qui lui foit.contraire. ' 

La marque d'une méchante caufe 

eft de dire, dès injures 1 contre fa pai 1 - 

: tie. ; • •"'.•' : 

' lia langue du fage eft derrière Ton 

cceuf, & lecceurdel'infenféderrierefa 

langue. 

La diligence fj'eft! bonne que dans 

les affaire* qui font aîféeS. 

La réputation que Ton acquiert par 

la vertu èft'préferable à l'éclat de la 

naïflàncè. ! ''-' • .' ' : - 

' - La ' véritable prudence eft de voit 

dès le 'commencement cPùné affaire 

quelle en doit être la fin. 

Jamais ce. qu'on entreprenc par 

ignorance n'a bonne iflfuë. ••' , 

' ; Uc rapport de quelque défaut au 

•de»

dps Orientaux 311 

defaya,n.tâge d'un honnête homàie, 

éft'un témoignage de fa vertu. , > 

II vaut mieux mourir avec honneui: 

quedeviyrefjanil'^famiei .>•< ,.; 

.'. Mo}nson.ad*arger)t3_ Sf,rjKUiHQi 

"a dé crédit dànsie mqnf}e,0 , >•., • ,;•..-• 

Lç* fage Lyçrïtablemepï fegéln'â 

point d'attacne.po^f iesjiicfetfflfcsjfif. / 

, • Chaque, cœur a fon;;foiri ,patiïculier. 

- 

Ne vous affligezpas;d'être privd des 

biens du monde, ils ne iqn.tjrien. VA 

même »ij[bn>ne. veut, pas,;wft\ jquc 

leur poffeflîôn vous (bit yn fujefcd'sij. 

.gueil,'.-.,? • ,..-. . ,. ,i 

t;".Qui riie(ravpir rejûiin bienifattj, 

de'truitlernçntedellavpirreçù.. , 

' IThorinête Homme ne meurt,ja

3 il -Ix&fflaxhifcï . . 

- Les Vieillards n'ont'paè&efôihd^ 

ne plus grande maladie que là Vie'iFlefle. 

••• •';•'.:.'.'•', \ 1 .. 

Le malheur des tnëcnàns ,éh que 

le fotfWih ir- de leur rtf ecïiaHceie' ' rie fe 

pert pas, quoi'qu'îlsiecorrigent., ,J 

i/-ftftût â%««rétehlr^Vecc*aciïn fui- 

Vant-la portée-'déTrin efprir; !: ; '/'. ' : "' 

-•:' La vjéiilèflfc ne'4aït point ; pam'e de 

la vie. 

• La fcience u'elï pas riuifîble à ua 

Monarque. •-•,•' 

» Lafeûle iiiimftFéaé'l'enviéux/éil iç- 

•«cericiliabk. •"< ; -''"' ; - l - •' ','," 

Il y a de grands profits à faire 1 dlrîs 

3es^


Oh ne peut pas faire de fondement 

fur l'amitié des Grands; parce qu'ils 

changent à la moindre occafion. 

Qui n'a pas la vertu n'eft pas riche. 

On recherche vos richefles de la 

même manière que vous recherchez 

les richeffes des autres. 

Ménagez-vous entre deux ennemis 

de manière qu'ils n'aient pas fujetde 

fe plaindre de vous, s'il arrive qu'ils 

deviennent amis. 

Lors qu'une affaire ne vous réuflit 

pas d'un côté ; tournez-vous d'un autre 

qui vousfoit plus avantageux. 

On s'acquiert de l'autorité fur fa 

nation par la libéralité. 

Il ne faut pas rifquer fa vie pour une 

affaire qui peut s'accommoder pour de 

l'argent. 

On devient heureux par l'amitié 

d'un ami heureux. 

Raflurez-vous, lorfque vos ennemis 

font en divifîon ; mais, fuïez lorf. 

que vous verrez qu'ils feront d'accord 

of unis enfcmble. 

Qui prent confeil de lui-même, a 

befom d'un autre confeil. 

On eft eftimé dans le monde à proportion 

qu'on a de bonnes qualitez, 

O de

jf4 Les Mtximeè 

de perfections & de belles connoiflïnces. 

Ne vous fiez pas aux carefles do 

vos ennemis, & DO vous enflez pas 

des louanges que les flateurs vous 

donnent. Les twis vous tendent des 

pièges & les autres.afpirent après vos 

biens. 

: C«iW qui parlent ne difent jamais 

rien de lsofi > qu'on ne leur ait fait 

connoùre qu'ils nôparient pas bien. 

Ne vous applaudifiea pas ni dans 

yofidifgQBPs., m dans vos penf&s, 

D';jp,pAaMdiûee pas an® au difeours 

d'un iporaflt, 

... 1/irflpatiejtëedaflsrafflàâion, eft 

le comble de l'aSiiftioa. 

Qui »e fait pas le bien dans la prospérité 

i feuffredavaotage dansladifgrâce. 

., Le tnaJirçurdja eduiqtii maltraite 

tout le monde, eft.de nepa9 trouve» 

Ufl w)i dans (a &ufere. 

La fatMé m s'accorde pas avec la 

&t*W£he. 

Ce que l'on acquim avscfecilicë 

«C d«W'P«sJoin«oti983S- 

Le filence eft la pias belle qualité 

d* l'ignojant. , & c« n'eft pas être 

igwsMtf qJKft ds.i'avoir. 

Lorf-

.î^priqpeiiflH^Hâ fajï.jUB récit: 

mieux ûe-yous^rteje ferjçz^fierin-; 

t£*ramp«?. nas, quqiqoe vous piquez 

bien {avoir la chofe.o . 

La fortune ne, vous eftpas favora-, 

hle ? Que celanc vous emparraffe pav 

accommodez-ypus, ? (es çapriçje§i .•, -j j 

; ;Ne pujjljeg pas, les défauts 4e j$jre 

6 och»n9 vo.usivc^&rsnde^mçprifavi, 

peftlebl^mafit....;,: ; .:..•• , -, 

Il n'eftpas «tonnant que le favanc 

garde le filence parmi les guerriers. 

î.e bïujç.des; ramjj>p»rs,!çtpui|e lt'har-, 

monieduluc. ;. * 

t H rj'eft p4s. %-d^: fefcr àjfUnçperfopaie 

dequi, l'humeur cft changeant 

t e . ' • , T . ' - 

Il ne faut.pas avoir honte de demander 

ce.qu'on ne fait pas. .., 

- /Qen'fift;pas.ur)fmalriqu£

Ji£ Les Maximes 

bres, 8f pas de cqnfortatif qui putflfc 

la faire revenir de (es égàremehs. 

; 

Ileftrude d'êtrefojet aucojfimandement 

après avoir commandé , & 

d'être expofé aux mauvais triitemens 

après avoir été élevé dans là délicateflè 

& dans les plaifirs. 

On ne regarde pas à mille Crimes 

d'un homme du commun j mais ,' 

pour une feule faute, on pourfuit un 

Prince d'un Pais dans un autre. 

C'eft faire fou venir que Ton a manqué 

, que de s'excufer plus d'une 

fois. 

• Ne maltraitez pas vos ddmeftiques 

mal à propos, vous ne les avez pas 

créés. Quittez vôtre humeur facheufe 

contre eux, & fou venez-vous qu'ils 

ont un plus grand Maître que vous. 

-• Il eft contre la bien-ftance de reprendre 

en public. : 

' Un bon intercefleur fort d'aides au 

demandeur. 

Les Rois font pour maintenir & 

pour faire obferver les Loix, &les 

Loix bien obfervées augmentent la 

gloire des Rois." ' • 

• Les largefles d'un ignorant f eflèmblentà 

de belles fleurs plantées fur un 

fumier. 

c •. .' Le

4es Ort0tt*u%> 317 

L; découragement eft beaucoup 

plus doulqurçu* que la patience. ; j 

_; •. JH'n'y a. pas: de Rois fans fujets; 

mais, fi ie^ûijets nefom riches, les 

Rois doivent les compter pour 

rien. 

Celui à qui l'on demande eft libre 

jufqu'à ce qu'il airpromis. 

La'raifon qui fait qu'on préfère fqn 

Paiis àtpst Autre,, eft qu'on croit y 

être plus en fiirete'qu'ailleurs. » .. 

L'ennemi le plus dangereux eft celui 

qui cache fes defleins. , 

Qui demande & qui obtient ce qui 

ne lui convient pas, pe peut en tirer 

aucun fe cours. 

. Qui écoute médire eftlui-même du 

nombre des médi fans. 

Le defir d'avoir le bien d'autrui eft 

de la dernière baffefle. 

La prudence dans les Héros doit 

•précéder la valçurj 

Les Traitez, ,les Contrats & les 

fromefles n'ont lieu qu'autant qu'qn 

a de bonne foi à les obferver. 

Le defîr déréglé n'arrive jamais où 

il afbire. , 

On connoît les perfonnesde courae 

dans les occafions perilleufes, un 

Êomme de confeience lots qu'il s'agit 

O j / oe

Ji8 Lts Maxitbès 

de rendre le dépôt qu'on lui a confié , 

& les amis dans là neceffite*. ' ; '! 

L'efclave deiespaffiohtf.eft plus di- 

- gne de méprisqtfun cïelâye achètera 

prix d'argent. ' 

L'envieux eft toujours çn, colère 

contre celui qui ne l'a pas offehTé. 

. Soj'ez toujours humble çn quelque 

f! étatqnevpUsVoustrcraviez. : 

•: 'On travaille fottvent à ce gui eft 

nuifible:' • ' ' : • 

" En quelque màïfon que vous en 

triez foïez Maître de vos yeux & de 

vôtre langue. 

: > 

Avant quitte parier"', rongez 1 aïe 

qu'on pourra vous dire. • l ' ; * 

• OndHibrefarisefperartçe, Scl'cCperanceeftefclave, 

' '' 

Il faùrfemodcrer en deux fortes de 

rencontres, dans le manger &jdans 

lé parler 1 .*

dîs Orientaux. Jj ! 9 

• MâUicureitx & maudits ceux qui 

n'ont pas d'autre penfeeque d'arnâfiferHmicBêîTesl 

IlsttV«ufèht v àla : fin, 

$20 Les Maxim s 

fois d'une aâion dont on s'eft déjà repenti 

? 

.., Pourquoi s'imagine-t'on que l'on, 

vit, lors qu'on ne vit pas indépenr 

nkmment de perfonne ? 

Pourquoi faites-vous amitié' avec 

des perfonnes qui n'ont pas de merife 

î Telles gens ne méritent pas qu'on 

ait ni amitié ni inimitié pour eux. \, 

. Eai tes juftice aux autres, afin qu'on 

vous la fafle à vous même. • 

Si vous voulez vous acquérir de 

l'autorité fans peine, fbïez complaifanr. 

Si vous fouhaitez que votre mérite 

foi: connu, connoiuez le mérite des 

autres. 

Pour être accompli, n'approuvez 

pas dans les autres ce que vous n'approuvez 

pas en vous-même. , 

La raillerie agréable fait dans la 

converfationilemêrrjîjeflFetque lefel 

dans les viandes i majij?nla raillerie 

piquante engendre l'aversion. 

Ne raillez pas avec vos inférieurs, 

a£u de ne pas commettre le refpe£l 

qu'ils, vous doivent} -mais avec vos 

çgaux , afin que yo^s n'aïez pas de 

confufion s'ils vous rendent raillerie 

pourraillerie, • , 

La

dis Orientaux. 32 x 

- La plus excel lente des vertus morales 

eft le peu d'cftime de foi-même. 

Elle a cet avantage, qu'elle ne s'attu 

re l'enviede perfonne. 

Ne donnez jamais confeil qu'on ne 

vous le demande , particulièrement 

à ceux qui ne font pas capables d'eri 

écouter. 

Dites de bonnes chofes, vous en 

entendrez de bonnes. 

Ne prodiguez pas vos bien-faits à 

ceux qui ne font recommandables par 

aucune boane qualité, vous feriez la 

même chofeque fi vous femiez dans 

des campagnes fallées. 

Quand vous n'avez pas des favans 

près de vous de qui vous puiffiez apprendre 

, apprenez des. ignorans eri 

obfervant leurs défauts pour éviter 

d'y tomber. 

L'ignorant n'eft pas homme, & le 

lavant fans la vertu n'eft pas favant. 

Rendez-vous eftimable par la reputation.de 

dire la vérité; afin que fila 

•aeçcûité vous oblige dédire un menfonge, 

on croie que vousaïez dit la 

vérité. 

Un menfonge agréable eft préférable 

à une venté qu'on né peut goûter. 

.':.'.' O 5 L'honv

3*y Lts\Ma)tbncf\ 

. Li'hotnme doit parler, parce que 

c'eft la parole qui le diftingue des. bêtes; 

mais en parlant,, il doit lavoir 

ce qu'il dit, afin qu'on connoiflfcqu'il 

efthotemiedFrlprit... ; . -, 

: Dhcs oequcvous/aivezea tems&r 

lieu ; maris, ne le dites pas à contre* 

tems , pour ne pas déshonorer la 

fâence. 

Ne parlez à perfonne en particulier 

dans les jcarapagnies» » quand mime 

Tons di riez dr bonnes chofes; parce 

niKnamrelkment iesihoaMnesfemé* 

nem ITSUMB desantres. 

Quoique vous foicE^rvant ; neantriai 

ns croiez;cn» vouséoes ignorant, 

«lîn que vous o« vous priviez pas de 

l/avarnagedapouvoirapprepcrre. 

i Quoiqaq celui qui parle faeaaconp 

foit fage d'ailleurs ; néanmoins ,' il 

patte dans le monde pour un indifcrec 

& pour un brouillon.- 

- (îidlqtrespetfeKaions quevous.aïez 

Uevous en vantez point ; : parce qu'on 

fie Tons en croira pas fur vôtre pah 

ttok. '.- i ••'. ;"•:••..!.. :. "•-> . .;: 

Ne vous laffez pas d'écouter; par* 

ctquYwi apprenti parler en écoutant 

lesamres. 

Comment ceux qui font dans h

dfs OriBfitasuaf, 3*1 

faveur des Rois dorment-ils en fureté 

? , 

Pourquoi n*appelle-t'on pas enne-, 

rrii celui qui voit & qui laifle maltraiter 

fon bienfaâteur. , ,. . 

On peurbiep: vivre farjs fïçre, mais 

on ne peut pas vi vre fans ami. 

Quelques amis que vous aiez, ne 

vous négligez pas vous-même. Quand 

vous en auriez mille, pas un neypus. 

aime plus que vous devez vous aimer 

Vous-même. « ... ; . , 

Comme, les Rpis fpat au derfuSide 

tous, ilfàutauflique leurs paroles & 

leurs avionsfurpaflènt les paroles & 

Ifisaaions de tous, afin qu'ils puiflent 

avoir la reputatiqn d^gr^pdeur.à jufte 

titre. .,:;-: M . -... 

Iêcaraôere d'un homme fage confine 

en; trois chofes, à faire lui-même 

ce qu'il die aux autres qu'il faut 

faire, a ne rien faire contre l'équité, 

& àfupporterles défauts defon prochain.; 

,, . -,, • •. •. • 

- La plus grande des obligations eftcelle 

dû difciple envers le Maître, ; : 

La force ne confirte pas à renverfer: 

un ennemi par terre ; mais, à dompter 

fa cplere. _ . 

' Ne ypus réjouiriez,pas de la jnorc 

' O u de

324 £** Maximes 

deperfonne, parce que vous ne vivrez 

pas toujours &que vous mourrez 

comme les autres. 

Qui eft ami des bons, n'a rien a 

craindre des mécharis. 

Deux chofeS caufent de l'affliction , 

un ami trifte, & un ennemi jôïeux. 

N'aïez point de liaifon avec huit 

fortes de perfonnes, avec un envieux, 

avec celui qui n'aura pas d'égard pour 

vous, avec un ignorant, avecunin-fenfé, 

avec un avare, avec un menteur 

, avec un homme du vulgaire, 

ni avec un calomniateur. 

La vie eft un fommeil & la mort 

eft le tems du réveil , & l'homme 

marche entre l'un & l'autre comme 

unphantôme. 

• Le libéral eft voilîn deDieu, voïfin 

des hommes , voifîn du Paradis 

& éloigné du feu de l'enfer. 

Quelque bien que vous aies fait à 

une femme, quelque long-rems qu'elle 

ait mangé du pain & du (el avec* 

vous, vôtre cadavreaprès vôtre mort 

n'eft pas encore dans la terre qu'elle' 

fbnge à prendre un autre mari. 

La haine entre les parens eft pire' 

que la piqueure d'un feorpion. Ladouleur 

que càufe la piqueure d'un 

?>•-•> fcor-

dés Orientaux. 325 

fborpion eft de peu de durée j maïs, 

la haine entre les parens dure toujours. 

: Le moïértdenepas's'erinuierdans 

les bonnes compagnies, eft d'y dire 

de bonnes chofes, ou de (é taire 8C 

d'écouter les autres. 

Un bon confeil fait beaucoup plus 

d'effetqu'unfabre, il peur, ruiner une 1 

armée entière, & c'eft beaucoup fi un 

fàbre peut ôrer la vie^f cent des ennemis. 

•' . "•' 

Le Corbeau deviendra plutôt Wanc, 

que celui qui cherche la fcience fans 

application ne deviendra favant. 

Qui veut fe marier fans argent, reffembleà 

unchaffeurqui veut prendre 

un Cerf fans chiens j &* qui fc met' 

dans la dévotion fansfeience, reft*em* : 

ble à un papier fur lequel rien ri'èft. 

écrit. 

En éré on fouhaite l'hiver , & 

quand l'hiver eft venu on le maudit, 

tant il eft vrai que l'homme ne peut 

vivre content dans un même état. ' ^ 

On eftimedansle monde ceux qui 1 

ne méritent pas d'être eftimez , & 

l'on y méprife les perfonnes demeri- J 

te: Mais, le monde reflèmble à la. 

mer, la perle eft au fond, & lâchai 

rogne furnage. O 7 N'cft-

3»6 LesAfaxmef.i 

N*eil-ce pas une chofe admirable 

uelevin, qui fait un homme libéra^ 

ï 'un avare? 

Onexcufelesyvrognesj mais, ;les 

amans ne font pas moins excufables 

dans leurs empouernens. 

Le monde eft comme une hoftcl-, 

lerie, où le voiageur couche aujourd'hui, 

& d'où il partie lendemain. 

Qui n'a pas d'argent eft comme un 

ojfeau fans aiflçs,, & comme un navire 

fans voiles.' :t 

La 'raillerie eft bonne, mars il ne 

faut pas qu'elle paflé les bornes de, 

l'honnêteté. 

. Ne fermez pa$ vôtre porte à qe.ux 

qui veulent entrpr,,. &ne,refufezpas 

votre pain à-ceux qui veulent man-, 

ger. • ... ..••,,-,. 

/ La volonté de Dieu détijuu la volonté 

des hommes. 

. Vous faites à Dieu le bien que vous 

faîtes à vôtre prochain. . ., •., , 

Prenez exemple des malheurs des, 

autres', afin que les autres ne prennent 

pas exemple des vôtres. , •; • ' 

Lés chofes qui nuifent, font de», 

enfei^nemens. . 

. Les paroles font pour les femmes,; 

lestions poujJcsJwmnies.

. Quoique vôtre ennemi ne parqiifë 

pas plus qu'une fourmi > néanmoins» 

Regardez-le comme un éléphant. 

Mangez , beuvez avec vos amisi 

mais., ne leur vendez rien ni n'achetez 

rien d'eux. 

.. C'eft parler à l'infenfé que de ne 

lui point parler. Plus vous lui parlerez 

plus vous vouscauferez de chagrin. 

; 

, Chacun doit parler de ce qui regard)C.faprpiîeffion>.&(npnipas 

dçcequ» 

regarde la piofeffion desautres. r 

• Le meilleur eft de ne point parler 

des chofes dont on ne peut fe fouvenu; 

fensdoukur. 

Ne demandez ni ne defirez, j'jm,* 

ppffiMe. ; : :,; : . . ,.; 

., Apprenez à.fupporf er çqrjft^mrrienç 

les changemens de la fortune, • 

Chaque nuit produit toujours quelque 

nouveauté, & l'on ne faitpasce 

qui idoitécloire avant que le Soleil fe 

- ". -Uns belle ieai_me. & le vin j font 

dedouxpoifons. 

" En quelque lieu quele pauvre arrive 

le foir., il y trouve fon Palais. 

Cent voleurs ne peuvent pas dé? 

pouiUerun f»tt Yf S honorée nud. 

.. < j L'hom*

$*£ Les Maxime 

L'hdnime s'en retourne delà même 

manière qu'il eft venu. 

Plus les chofes font deffenduè's, 

plus On y eft porté. 

- Qui veut un-amifans défauts, de-i 

meure fans ami. • -•' 

•Ne communiquez à perfonne ce 

que vous devez faire, parce qu'on fe 

mocquera de vous fi vous ne réuflîflez 

pas. 

Le repos dans l'un & dans l'autre 

monde confifte én

des Oriattaax. 329 

blement être appelle homme que celui 

qui ne fe fie a perfonne. 

Lemoïen denepasfajre deiàute» 

en parlant, ,e(t de garder le filence.' r 

Gardez-vous' une fois de vôtreen» 

Demi ; mais , prenez garde à deux 

fois à vôtre ami. 

L'efperance eft Une compagne ad« 

mirable, fi elle ne conduit pa$; toujours 

où l'on fouhait,e d'arriver i, ait 

moins fa compagnie eft agréable.. 

Qui pêche les perles fe plonge dans 

la mer, & qui afpire à la grandeur 

paffe les nuits dans les veilles. -., 

Qui connoît bien ce qu'il cherche, 

'pe regarde pas aux dangers qu'il doit 

rencontrer avant que de le'trouver. 

La facilité à donner eft autant condamnable 

dans les femmes, que l'a. 

varice dans les hommes. 

Les grandes âmes paroiflentenpu. 

blic, lors qu'ils ont de quoi faire du 

bien ; mais , ils fe cachent dans la 

pauvreté, & n'importunent perfonne 

en demandant. 

Quand vous voïez le pauvre à la 

porte du riche , plaignez le fort du 

pauvre d'avoir befoin du riche., &; 

plaignez le fort du riche de l'attache 

qu'ila pour les richefles. Mais,quanat 

vous

53 LesMaximes 

quand vous voïez le riche à la porte 

du pauvre, beniflez le pauvre de ce> 

qu?il n'a- befcrin de rien-, ' & béniflez 

le riche de l'honneur «jutl fà«âu pau-> 

vre. 

. Les longsdifedurs ennuient & endorment 

les plus patiens & les plus 

fàges. 

- Plus unlivrtfeft gros, & plus il pe- ; 

fedanslestmifts; mais, il n'en effc 

pas meilleur. 

: 

Coniîderez-vôus que ce que vous 

aimez eft une peau qui couvredu fàng 

&desos? î 

, "Ç*uiveutdeveftîrpuiflantSéigne'ur, . 

obtient ce qu'il Ibuhâitc à la Cour des" 

Rois.'- •'•• ' ••' 

Trois Chofes donnent accès auprès 

«les Rois, les beaux arts, les richcffes 

& l'éloquence. 

• Il n'eft pas du bon fèns de marcher, 

par un chemin que l'on ne cormoît 

fis. ' ; ' • • ' 

Trots cfyofes fendent le règne des 

Rois agréablej la facilité à îelauTer 

approcher, la juftice, & la libéralité. 

L'ignorance eftinjufte envers tout! 

lemonde. ,; -' -i 

•- Un conte éft vieux dès là pfémîerëi 

Ibis qu'il à été racontf. - ' ' 

i.. -•. Dans

des Orientaux. jjï 

. '. DansJc cemsoù nousibmmes, faire 

paioÎKB ce>qiift l'on Ait & de quoi 

• Von eft.cap*We : j eft .la même efeofe 

rqtfe dejeïtcrekkperhM axpi'ês'pouri'çs 

perdre.. • " < • '•• • • v " .' ; "- L 

Ne vous plaignez pas du monde ; 

car, quel bien peut-On en attendre ? 

'Les Rois eux-mêmes y fouffrenç, 

quel repos le pauvre ytfDtivèrti-t'il'? 

Srvous fcmhahez lé repos vous le 

trouvère» dans la retraite. ' 

Qui a delà vertu protège St tnatritient 

la vertu de même que ledra 1 - 

'maht polit le diamant ,< v& celui-là 

•protegela vertu qui la lotie & qn&che 

les défauts. ' - : ; - ..,!>;.. 

• ' IiaiVértu n'eft pfos au monde 1 , le 

miel en eftôté, lesguefpes yfomret. 

;«e*es. : : . '-> 

~ Le moins effimable des amis eft ce- 

-kiiquiraifd4s

2 a* Les Maximes 

a fupporter , & perfonne pouf cela 

n'a point de lettrés d'exemption. : 

L'homme doit être ferme & ftabje, 

comme un rocher» & non pas 

léger & mobile, comme le vent. 

La douceur eft le Tel des bonnes 

mœurs & des belles oualitez. 

La patience eft la colomne qui 

Soutient la prudence. • .. 

L'hopnête femme aime fon. mari 

, & quoique laide , elle ne laiflè 

pas que de faire l'ornement de fa mai- 

.fbn. 

Si pauvre que fofcun mari, il eft 

. heureux, comme un, Roi torique (a 

femme eft fage & foumifc. . . • : i\\ 

.• Au jugement deslàges, il faut éviter 

de prendre en manage cinq fortes 

de femmes : Une femme qui a dos 

enfaos d'un autre mari, une femme 

plus riche que foi, une femme qui regrette 

fon premier mari > une femme 

qui médit de fon mari en fonabfenctf; 

enfin, une femme'qui a de la beauté:; 

mais qui eft de baffe naiflànce. 

Ce font les menteurs qui font des 

fermens. . 

L:s perfonnes de naiflànce & de 

' probi té font amis au fouverain degré, t 

mais* l'amitié des perfoon«s qui/ont 

nées

des Orientaux. 33*3. 

nies & gui vivent dans la bàfléffe, 

n'eftpasfolide, • 

Les innocens partent avec har- 

«heffe. ' . ' ' >•• ' 

Qui n'a point d'envieux n'a point 

de belles qualitez. 

N'approuvez pas dans les autres ce 

que vous n'approuvez-" pas *n vous-' 

même. ' '- '"'. ' "* •»•• • 

Evitez la compagnie de ceux qui affligent 

les autres. II y a lieu de craindre 

defe brûler quand oneft près du 

feu. 

.'. Qui fait du bien aux médians, ait 

la même chofe qui s'il faifoit du mal 

aux bons. '•>••• \ 

La patience eft le meilleur bouclier 

du monde pour fe deffendre d'un affront. 

• De Jamanieredontlemondôcftaf'fligeam, 

-on ne peut pas y trouver de 

fàtisfaâion. ; > : , 

• Il faut travailler à faire des provivons 

pendant l'été, pour vivre en repos 

pendant l'hiver. 

Vous êtes efclave desplaifirs de vôtre 

corps 5 cependant '•, iln'y a pas de 

plaifirs que vous, ne -purifiiez goûter 

dans la pofleffion de vous-même. 

La querelle entre les amis fedreflè 

l'amitié. E°:

^34 Z>wMwitoes 

/ Erifeigner,unmésh»Wi c?e{£met* 

tre le fabre à la main d'ufl àfiaifinj. > 

. Une méciianteame.eftçapableîde 

faire tout le mal qu'on en peut peni 

f«|. -..:..';'•• • 

La raifon pourqupi les Courtifân» 

font la «çur aux Rois a,v,ectantdezelç 

8f ansfc WPtutkipaiJ^tti^ dî qu'ils 

favent que par-là ils arriveront à la 

gtaodçur à laquelle ikafpkent. 

Un Monarque qui cherche Tes plailîrs& 

fafatisfaction particulière, & 

quifoufFre quefesfujersfoient dans la 

miferciv voit bicnrtdt.'l'éclat de fa 

#Md*urobfcurici.i; . •; . ,.-! 

L'efperance vient après.leddefr 

pair , de même que la clarté vient 

aprèsune ouitobfcure. 

L'ignorant eft affis à la place d'honitair. 

& l'égarement eu fi grand, 

«M'on ne lajffe pasapprocher lefavarit 

delafaleoùilpréfide. - 

E*t qjjekiûe état de mifere que ce 

foit, labeaujé a cela de particulier, 

qu'elle attire les yeux de tout le 

«Jonëe.: .'.-! •:;.•.• . •. ••. < 

-. Qqi a, porfaiteoneiaî de; l'écrit fera 

praru|rede laterr* pourdes piarioriisf 

s'il l'eaBrepten*; •/.:;• •';•. -...;•.,•«;.• 

La fcknce a cet avantage qu'elle 

• i .'. .ÉUt

des Orientaux. 33^ 

fiit'que ceux qui la 1 poflèdent commandent 

à ceux aiifquels ils font fournis. 

'. •'•• '• • 

- Ce n'eft ni de nos richeflës ni de 

nos connoiflànces que nous devons 

faire gloire j mais y d'être favansi 

vertueux^debonnesrfleeuft» -' 

C'eft une grande ignominie qu'un 

fevant vïtieux j mais, un derviche 

ignorant eft encore quelque chdfe de 

ire, & l'un & l'autre enfeignênt la 

S 

Leligion qu'ils ignorent & qu'ils mé- 

prifent. < ' 

:• L'homme qui a de l'efprit & qui 

confulte les autres, n'eft qu'un demi» 

homme, celui qui n'en a point & qui 

neprentpojntconfeil, n'eft pas homme. 

' Ne vous infermez pasde celui avec 

qui vous voulez faire amitié ; mais * 

informez. - vous dé celui 1 qui eft fon 

*mi, parce que facilement chaciin 

fuit les mêmes traces que fon ami. 

S'il eft méchant ne feignez pas de 

vous en éloigner 5 mais, s'il eft bon, 

attachez-vous a lui, vous deviendrez 

ton.. •• :. r.-.: . i 

• "N'a'ieapoîdt de faitMÎiamé àvec'le 

pwefleux, fe nWcha*tcorrompt'*H& 

wentkbon. N* voïea-vous pas que 

le


le feu fçchange en cendre par le voifinage 

de la cendre ? 

La plus grande dette eft celle dont 

on eft redevable à un Maître qui en. 

feigne, &c'eft la première qu'il faut 

païer , même largement , non pas 

tant poyr s'en acquitter que par refpeûf 

ourfa perfonne. 

• Il eft de la fcience à l'égard des préfomptueux, 

comme de l'eau à l'égard 

des lieux élevez ; car, de même qu'il 

eft contre la nature de l'eau de s'élever, 

de même auffi il eft contre la nature 

delafcience d'arriver jufques aux 

préfomptueux. 

Vous defirezd'être favantfanstrayail. 

C'eft une de mille efpeces de folies 

qu'il y a au monde. 

Qui veille la nuit, fe réjouit la 

matin. 

'.. Que de honte ! Que d'aflionts l 

Que de chagrins caufe à l'homme la 

feule & damnableoifiveté I 

Qui enfeigne & ne pratique pas ce 

qu'il enfeigne, reffemble à la poule 

quia des ailles & qui ne vole pas. 

Les richefles après lefquelles vous 

courez avec tant d'ardeur, reflemblent 

à l'ombre qui marche avec vous. 

Si vous courez après elle, elle vous 

fuit,


fuit 1 u\vous U fiiie* , elle vous 

fuit. / 

. Vous gui ères ftvant, foïest content 

de votre fortune, decrainteque 

l'abondance n'accable & ne trouble 

vôtre efprir. Un ruifleau tire deseaux 

pures de fa fource'j mais, il eft troublé 

d'abord qu'il paffe par deflusles 

bords defon canal. 

Quelle autre chofe eft le tems qu'une 

routeprécipitée qui nous conduit 

continuellement à la mort malgré 

nous ? Et ce qui donne de l'étonné» 

ment aux fages, eft que le voïageur 

fait ce chemin même dans le tems 

qu'il eft en repos. 

Vous qui pleuriez au moment de 

vôtre naiuànce pendant que les amis 

de la maifon fe réjowflbieht" & 

rioiont, erforcel.vousdefarfô


Voulez-vous abbattre vôtre ennemi 

fans armes, l'accabler de chagrin 

Se le faire enrager ? Méprifez-le, pratiquez 

la vertu, ce font des moiens 

«Juile feront mourir plus cruellement 

quelefer. 

Quelque foin qu'on prenne d'éloigner 

tous les fujets de médifance, 

perfonnen'eft à l'abri de la langue des 

nommes. Us appellent muet celui qui 

garde le filence , avare celui qui ne 

>rodigue pas ce qu'il a, prodigue ce- 

Il ui qui fait largefTe de fes richeflèsj 

c'eft pourquoi laifîèz-les dire & ne 

craignezquele jugement de Dieu. 

Ne méprifez perfonne en quelque 

ctat de baffefle. qu'il foit. La fortune 

peut l'élever & vous abbaiflèr. 

j. Pendant que la fortune vous rit & 

que voua commandez aux autres; 

comportez -vous fagemeot 5 parce 

que vous abandonnerez bien-tôt roui 

tes chofes. Confiderez ceux qui font 

venus avant vous, confiderez les Empires, 

tout eft paffé, & de tout ce 

3ui a été, rien ne. refte queles traces 

elavertu.» -.: „:.;. 

La mémoire jepertj mais, i'écri-, 

ture demeure. 

' 1 N'a-


N'abrégez pas les longues nuits par 

le fommeil, 8c ne prolongez pas Ir 

jour qui eft fi. coure , par des cri • 

ines. • •-.:••'-• I 

Nous voïons mourir defaim c'eir» 

qui ont les plus b:lles qualitezj &le« 

plus indignes ait;milicu des ficheflès, 

& des efprits les plus élevez qui n'en 

ont pas lu la caufe ic font rangez du 

parti des derniers. 

Quel bouleversement caufe le temsl 

Les mœurs font corrompues , Pin. 

confiance règne en toutes chofes. Il 

en eftde même que de l'ombre furb' 

bord des étangs, où la tête quieft. 1» 

partie la plus noble tent vers le bas 

& les pieds quoique la partie la pfa> 

Yile, tiennent le deflus. 

: Le monde a perdu l'efprit, il favo. 

rife ceux qui lui reHèmblcnr. MaL 

heur à eux fi t» jour le monde deviens 

ôgel , : 

Si la feience fans la Religion étoir 

eftimable, rien ne ferait plus eftima* 

ble que le Démon. 

Eloignez-vous des Rois & de leur 

colère, &ne faites pas la cour à ceux 

de qui les paroles font auffinôt exécutées 

que prqnoncées.. 

P 2 Pour


Pour arriver au comble de la fagef. 

fe, il ne faut ni trop manger, ni trop 

dormir > ni trop parler, - . 

Rien n'exprime mieux un grand 

parleur* qu'une nuit longue 8t froide 

de l'hiver. ' > 

Tous lescrimes prennent leur orii 

jnedelavûë, de même qu'un grand 

i 

eu s'allume d'une étincelle. 

Un bon livre eft le meilleur des 

amis. Vous voire entretenez agréablement 

avec lui lorfijoe vous n*avee 

j>xs un ami à oui vous puiffie* vous 

lier. Il ne revête pas vos fècrets, 8£ 

ilivous enfeigne la fteeflfe. 

Le corps s'en»aifle àforeededor- 

*ûrj «nais, l'écrit augmente à force 

de veiller. • u •• < 

Qui s'attache^ 4a8iffl*ilfteSV pert 

ceatilurferWtwiJtt 1 1 . - 

Flux 00 a dtoprtt, » ittofofôtt* 

de paroles ; c'eft pourquoi , îl eft 

comme cerraih qtTan Jgrèhd pirkur 

n'a point d'efperc 

Perfonne de ceux «pi stemâftéent 

caafeifntfsKxMivetvQRipé, & : fcsaffiiranerealS(fewtpas.mtrirfs>bkrï- 

-. On vient à boittflte touttf»'choie* 

avec la patience j mais yc/efl une 

' '• vertu

inOrientaux. 341 

vertu que peu de perfonnes pratiquent 

& rarement. 

La grande force paraît en une heure 

de patience. 

Perfonnen'cftfi favanr que perfonne 

ne mufle être plus favant que lui. 

Méditez & vous comprendrez. 

Les paroles reflèmblent aux flèches 

qu'on dirige vers un but, avant que 

de les lâcher pour les y faire arriver. 

La fcience eft l'héritage de ïhom - 

me, il doirla prendcepar toutou il 

la trouve, Si laitier toute autre chofc 

comme n'y aïant aucun droit. 

L'amour des richeflès eft une maladie 

, c'eft être à l'agonie que de demander 

l'aumône , & c'en la mort 

même que d'être refufé. 

:Ori cherche des'richeflès & on ne 

les trouve pas j cependant , chofe 

étrange! on ne cherche pas la fin de 

fes jours & on la trouve. 

11 ne ferait pas fi fâcheux à un favant 

d'emploïer les ongles à polir le 

marbre r de! mardi» une enclume' 

avec les dents, de faire des voiaaes 

continuels pat mer ^ d'entreprendre 

levoïage delaMeoquefie n'avoirpasde 

quoi manger en cheoûn, d'aller 

P j a»

34* Les Maximes 

au Moor Caucafe & d'en rapporter 

une pierre de cent livres pefent, que 

de voie, iculemenp de ioin le vifàge 

d'un ignorant. 

- Qjii ne fe contente, pas de ce qu'il a 

fufrjlàmment pour vivre, neconnoîc 

pas Dieu ni ne l'honore. 

La fagefle Si le courage ne fervent 

de rien lorfque la. foraine nous abandonne. 

..• :..! ;.'.-. 

. La fortune, vierit les chaînes aux 

pieds j mais j Jars qu'elle fe retire, 

•Ueies.rompr toutes par l'effort qu'elle 

fait pour fuir. •> 

. Lorsqu'un Roi paffe les jours & les 

nuits dan&le jeu, dites, que fon Roïaume 

fera rempli de malheurs & deguerres. 

sRien rtîafilplus amer parmi les hommes 

que la perte dessin is. . . •. • > 

• Ou font Jes_Kois * Où font âutres 

hommes ? tUs ont fait le même 

chemin que tu tiens. Toi qui as préferéJe 

monde,jieriflàblei toutcautre 

chofe',, &qm ultimes, heureux ceux ; 

ui ©m fait Je marte choit que !ti»as : 

g 

lit, prienjidéce monde ce que la ne. 

çeffiné v'eun que.nueh.preiines; > fa-! 

voir , que la. mort en cil k dernier 

«ramène. ~ •; ~ ftc

desOritnlâux. 343 

• Ne prononcez poi nt de paroles dés-, 

fronnites.i fi vous en entendez pro-, 

noncer, foogez à autre chofe t & fai^ 

tes comme» fi vous né les entendiez 

pas. ., •:••'' i 

Le monde reflemble à un loge*, 

ment, ou l'on reçoit lesvqïageurs^ 

Celui qui néglige de faire l'es provisions 

dont il a befoin pour paffer plus 

outreeft uninfenfë -> l 

Ne vous laiflez pas feduire par la 

multitude, parce que vous ferez feul 

quand vous mourrez & quand vous 

rendrez vôtrecotnpte. 

Penfcr;d'où veto* éïes venu , où 

vous devez aller & où vous devez demeurer 

éternellement. 

Lesricnefle* cohfiftent dans ce qui 

fuffit & non pas-dans" ce qwcft de fuperflu. 

De même que le feu s'allume avec 

le bois, de même aufli la guerre s'ex« 

cite par les paroles. 

Le blâme dont la médifance ne peut 

s'excufer, eft de ternir la vérité. 

Ne vous étonnez pas de voir les 

perfonnes de vertu dans tes difgraces 

& dans le mépris, ni de voir les dignitez 

occupéesj>ar ceux qui ne les 

p 4 men-

34f Lts Maximes j &c. 

méritent pas : Ouvrez les yeux 8c 

confiderez que les étoiles qui font innombrables 

ne perdent jamais rien de 

leur lumière, &r que le Ciel tourne 

feulement afin de faire voir tantôt une 

éélipfe de Lune , tantôt une éclipfe 

deSobil. 

Fin dtt Maximet. 

TA-

TABL E 

PES PAROLES 

.REMARQUABLES 

ET DES 

B O N S MO T S. 

A- •; i ;'; 

Bdullah fils de Zebir. Pag. 157. 

A ISS- 

Ahd-urrizzakEfendi. 197. 

Aboubekir. 2. 

Afrafiab. . ?82. 

Ahmedi. .191.191. 

Aifchch, femme de Mahomet. 1. a. 

Alcoran. i

Table 

Atnrou Leits. 9. H. 1 

L'Ange Gabriel. ' 16. 

Arabe. V. Refpor.fi:. 

Arabe du de/eït. . . ., 33? 

Arafat. 85». 

Ard«;fchirBabekan« ,: ie . • 140. 

Afpre, monnoïe. I7« 

Avare qui veut faire lire l'Afcoran 

pour ion fils malade. 122. 

Aveugle qui porte une cruche. 3 7.. 

Aumône-, • 21/r. 

Azfaïî. 21.7.21&. 

B. 

T»Abeka«. ' "

des bons Mots. 

Bedr-eddin Roi de Mouflbul. 172; 

Bègue qui marchande une Fourrure» 

Behloul. 34. 

M.Befpier. I

TahU 

CoBad Roi de Perfe. 13 7.13 8. 

Cogia Efendi. : 211. 

Collège. 99.100. 

Cofaib. 91. 

Cornu, nom d'Alexandre> &pour- 

• quôh ' • i 93. 

Coulojgrou. 119. 

Courtifans de Mahmoud Sebekte- 

• |(hin. 117. 

Criminel qui obtient fa grâce d'un 

Calife. 144. 

D. 

- .• r ' ^ 

D• Ame. V. Refponfe. t 

ï)ame> comment guérie. 66. 

$)ime Egyptienne qui refpond à un 

' Aftrologue. 74. 

DârabRordePérfe. 91. 

Darius. •• ' ; • • • ibii. 

Derviche. V. Refponfe. IftvM à la 

table d'un Sultan. 94. -Qui Mân- 

^feoic dix livres de pain. 97. Qui 

• ' fort de fon Couvent.' 99; Qui pane 

• terdimeps àunRoi-. tôt. Qui nft 

arle pat à lui toélarichollque. içSl 

f 

'amilier avec un Sultan. 1 Jrf. Les 

Derviches' fêcïateurs de Dtogene. 

S7. Us Ce marient, 95, Us ne re- 

; çoivent pas d'argent. - ; 08. 

Dcf*


Defcendant d'Ali. 46.41.220. 

Diarbekir. IîQ. 121. 

Diflèrence entre un ikvaht & un Der. 

viche. ... 99.. 

Dirhem. S. 

Dogrulbeg. KJJ. 

Drachme, monnoïed'argent. 27. 

• E.. ' '- ;: 

"pMin. 4. ç. 

• J -'fimir. 154. 

Emir-elmoumenin. . 143. 

Empereur des Crdïans, ibid. 

Enveri. . „ . •. . { 149, 

F. 

Akhr-eddevla Roi de Perfc. I4

Table 

Fils héritier d'un riche Mahotnetatf. 

41. 

Fils qui garde le filencc 11

H! 

desbons^Mots. 

H. 

["Afiz. 21; 

l-Hagiâge. 81.13^14^,157; 

Hamadan. . " **» 

Haman.. '' "'['''. ' ' I0 3- 

Harerh, Médecine '. Ci. 6$. 

Haroun-errefchid. I

Ifa. 2l4.Zlid. 

Iskender. V. Alexandre le Grand. 

Iskender, Mirza Iskender. 204.106. 

Iftnaïl, RoiSamanien. 9, 

Jugement univerfel attendu par les. 

Mahometans. 10a. 

Juifs en conteftation avec des Turcs, 

aaj., Taxez à païer les Pavillons 

duGrand,S. , aa4. 

Julfa. iç. 

K. 

Aa»M l8j. 

K, KHan, explication de ce mot. j 1 .• 

Kharezcm., 175. 

KiJt zadeh Roumi. aoj>. aïo.an. 

Khoraflan. 4.6. 

Khofrou, RoidePerfe. ÇJ. 54. 

Khouziftan. . a. j. 

Kidou, Mirza Kidow. . • zov 

Kikiaous.V.Onfor: 

Kiof, explication de ce mot. aiï.- 

Koutb-cddindeNic^c. 189. 

K u p r ù l i . • • • < J J Q - 

Kufeh, explication-dé c« mot., aai. 

Kufeh Tchclebi. axa. 

Letifi.

Mi 


L. 

fetifî." a. LLôcmaa. XÇ4.15*. 

Loriftan. 204. 

Luiteur. S 5. 

M. 1 

"Aavia. a. 15 S, 

L Mage. . I

.Table . \. 

Mahometane difforme. 1J. 

Malatia, Ville. . : 90, 

Mamoun. 4^.1^ 

Manfour. 63.'£5.158. 

Marchand pérfecuré ç 8. • Pe-bojs. S4. 

. Grand voïageur. 111. Qui fait unç 

. perte confiderable. n 6. Quiavoït 

perdu une bourfe, 188. 

Mari qui avoir peïdu fa femme, iao. 

Mafoiyl. • ' itff; 

MaraCânde. • /. * 6. 

Martyrs chez les,Mahpmçtans,, x ç 7; 

Màverannaha'r.'"••' ' ' , 6. 

JU Mecque affiegée & forcée, iç.7; 

1*8. Son Temple. 159. 

Mecrit. 16Î.169. 

Médecin. V. Refponfe. Pu Grand 

' Seigneur vfonôÙToir.71. Grec, 

• fon ignorance. 7%.. Envoie sMa- 

" homet par le Roi d« Ferfe. IOÇ. 

Meèed-eddevlet Roi de Perfe. , 147. 

Mehdi, Calife. 158. 

Mehemmed. 2.5.30. 

Mehemmed Zeke.ria. V. Razis. , 

MehefaimcH fils'dè Taher. ' 6.-7. 

Mehemmed Gelunghi'r. 201^ 

Mehemmed. ; 51.219. 

Meimend. 1; nSa 

Mendiant V. Rélponft. 

Mer d'Afrique. lU- 

Mfr;

des fons Mots. 

Merou. 

4- 

Mefched. . -J 6 162. 

Meffihù 

y* 

Mefué. V. Jean." ">.'•• V 

MêvJajiâvexplifiatlondfectfHvot. ?o. 

Mirkhond. 

i«7. 

Mirza Baïkra. V, Baïkra. 

Mirza Ibrahim. V. Ibrahim. 

Mirza Iskendcr. Vi Lskender. 

iVlirzaKhan. 30. Explicationd umot 

-deiMirza.r... - ? 3'T. 

Mirza Kiiïlou; V. Ki

TabU 

o. 

Fficier. V. Refponfe; OOgtaïKhan. I8î. I8J.I8C.IS». 

Omar. 2. 

OnforelMaaliKikiaous. 53. 5


d'un voleur. 11 y. Qui Iifoit de» 

versa un Emir. 153. 

Prédicateur qui faifoit de mécjians 

vers. 4S. 

PrieredesMahotnetans. 24.112,. 

Prince. Repartie d'un Prince. Sz, 

- De petite taillé. V. Refponfe. 

Prophète, feux Prophète. 15. 

R, 

A?is. Ï2.70-, 

RRepartie d'un frère pauvre à un 

1 frère richci 90. D'un Prince à fon 

: frère Roi d'Egypte. 103. 

Refponfe d'une Dame interrogée par 

Hagiage. D'un artifan. 44- D'un 

• beflu. 45. D'un fils. 47- D'un 

Prince de petite taille. 77. Hardie 

• d'an Derviche. 87. D'un Dervi^ 

theà un Roi. yi. D*tm fils pauvre 

• âù ffls fi'un riche. 114. D'un Médecin. 

134. D'un Arabe, iço. 

' D'un mendiant. 110. D'un Officie* 

à Alexandre le Grand, ijtf. 

M.Rtarur. " 16$. 

Roî de Perte en toître. %7. Un Roi 

• ' Mt vœaéé farré une aumône à des 

• Derviches. ?8. Emprunte de l'ar- 

• gent d'un pauvre. iro.

•Table 

Roi des Arabes cafle de vieillerie. 80. 

RoiiiHj Empereur de Roum. ,132. 

' ' "s. : ' 

Aad-eddin. . 194.195", 

SSadi Poète Perfan, Auteur, du Guliftan 

repris par ion,père. .95. Se 

marie à Haleb. 97. Ne veut pas 

acheter une maifon dans le voifinage 

d'un Juif. tï8. Repris par & 

mère. ÏV9. 

Safïàr. Saflâricns. ','•'. 7«'& 

Sage, mot d'un fage à un Indien, j2 j. 

Sages, leslages. • 84. 

Saheb, filsd'Ibad. 130, 

Saladin, ou, Salahh-ddin. 164.166. 

Samael, nom d'un Ange. M 8. 

Samaniens. ,9- 

Samarcande.


Scheich, explication de ce mot. ç{. 

Scheikhi. ' 220.221. 

Schemi. 51. 

Schems-eddin Mehemmed Fanari. 

211. 

Schems elMaali. '*?o. IçT; 

Schiraz. iSf. i8tf. 205. 

Schoufchter. 2.3. 

Seïdeh Reine de Perfe. 147.149. 

Selgiucides, Selgioux. 

Senadab. 

Sépulture des Mahomerans. 

Serendib, Me. 

SinanfilsdeThabet. •- 

Siftan. 

Sivri-hiflar. 

Sofis. 

Sogdiane. -v .. 

Sojïman, Calife. 

Songe d'un dévot. 

Sufe. . i . • :• 

T. 

•TpAftazan. 

-*• Taher, Taherien. 

Taïankkhan, . ,. 

Taifleur de Samarcand» 

Tamerlan. 

16}, 

i- 

; Ï2Ç» 

101. 

• 7i- 

7- 

16.17. 

107. 

6. 

164. 

96. 

j. 

•ij?; 

4. ç. 

Itf7. 

54, 

190.191. 

Tangri, lignification de ce mot. 1 tfg. 

•• '. •!•' • " ' . ." ••'• Tan-

Table des bons Mots. 

Tangrolipix. Itfj. 

Taprobane. V. Serendib. 

Tartares. no. 

Tchelebi & Tchtkb, t2$* 

Tchendi Sapor. 140. 

Temple>de la Mecqtie. 1S1. V. la 

Mecque. 

Timour. V. Tamerlan. 

Tifleran. %6. 

Topai, explication de ce mot. 120. 

Tranfoxiane. rf. 

Turban, gros Turban. . 114.11S - 

Turc, explication de ce mot. 43« Hcfponfe 

d'un Turc. 42. 

V. 

XTAgabonddéguifé. 8$> 

.V.Varna, Bataille dé Varna. 214< 

VarhikBillah. . èj>Ï6o. I

TABLE 

DES 

MAXIMES. 

A. 

ABandonnement. 290. Du monde. 

2Ç7. 

Abondance. 244. 

Accompli. jod. 320. 

Acquifition. 28c. 307. 

Aâion, bonne, méchante. 244.245. 

24e.176.zS1.xiS.ibid.19S. 302. 

-[il. 319.32tf. 

aires. 234.249. 250. *57- 2

• ' Tablé ' 

2ÇI. 2

des 'Maximes. 

Bi?lftdpinopde. .jdpvâîk 

Biensd'atttrui; -".-.- ;j*^ 

Bien-fait. 234. 240. 241.-244.277. 

îïi.312. 321. 

Bienveillance. 2|7. 

Blâme. . . : ;i atfoi 

Bon, bons. * 2.64.'iitd.X6.7.ibid. 

Bonneschofes. . . : 353 j. 

c. "" •'.••'.; 

/•ÂpaWe."--.' al*. 

^-*Cérémonies. 2Ço; 331. #»î. 

Chagrin, homme chagtin. • 232. 

Charge. V. Dignité. ' • 

•ehâtityfeftïi ; .' 7 .< c .•'x'Çï.iorç*. 

Ghtfï\~--...i± .-:--a»3_4f. 

•Chemin. ." !i ' 33

•v Takk -..:. 

Conduits. 241.148.24^ 

Connoitre, fe connoître foi-même. 

. 340.186. 

Confcience. 285. Homme de con- 

. fcience. 317. 

Çonfeil. 238. i49;2') 3.2. 2J81. V. Service des Rois. 

.Courage. 240.25 5. 272. 317. 

Courtifan.. • '• 3J.4- 

.Craindre, crainte.282.287. Crain- 

. te de Dieu.. 229. ibid.ibid.ibii. 

.Crime- 33.9.340. 

Cruauté. .-"••. 274. 

.Cuite de Dieu. 2 jo. iùid.Jbid. 234. 

.CurLofitéfuperfluè.. 240. 

.'•''/ '. .'.'.• D» . . • 

/Vnger. 329. 

D 

Débauche. 3 £4. 

.Découragement. 317. 

. Décret de Dicu>. 240i. V» Volonté de 

Dieu. 

v ^ De&uu

des Maximes. 

Défaut. 239.295.29tf. Jt£ 

Deffendus, chofe défendue'. 328. 

Demande, demander. 483. 317» 

Dépenfe. 498.305'» 

Derviche. 268. 

J)efïr, defirer* fouhak , feuhaiter. 

ztt. 237. 258. 284. t?o, .3*7*. 

. ifid. J27. 

Deflèin. 182; 

Deftin. 291. 

Dette. J3«. 

Devoir. »47~ 

Dévotion. .foi. 

Difficile. 40». 

Dignité, charge. 288.294.303. 

Difigeneç. .•.••••_ V310. 

Difcernement. 1°1« 

Difcours. 43.}. 2.4*. Mî-frià' 247* 

252.295.297. 3^4.3*9» 330. 

Diferace. ^4J. 114^ 

JDilpute, 2tf4. 

Domeftiqae. . t.:. 31$. 

-Donner. 12». 

Dormit;. .-: itfo. 

Douceur., affabilité. 243.245.249. 

452.33a. 

Q.Î 

Ec«;

' ' . ' , . ' ' . 

.- taHtvL 

„••;.'•.•:..?,• Z .-. :'• ' t 

E. • . . / • > ; - » ^ i . : i > < • ; • ! M 

Ccflfeï. .•i.Wi:-..-f1Ji t-. ; .:''.'3(58. 

Ecooter. - g2i. 

Eériture. • '-'"358. 

Êdùcdtkm. i3.kiig8.u4b.tf**; 243. 

."flg5>rï87..i-cc .l'ri .-[- .i?^ 

Eloquence. '"-S^M?/ 

JE&Jbarras. • < : -*7»- 

£tttorunt. .n.igo?. 

•Ebfans. v 246.289; 306. 

Ênnemi. 2^2. 260.261. iMdi *6i. 

. 1 «58. 277. ibià. Z79.290.-301.304. 

•Efefeignement, enfeigneitf^ç&'jié. 

•t°§34-33 6 - .:norrr'r:>...àî 

«îîhlr^lfei ^jÇ«&t,SJ!5»9.-308.31*. 

3ÎIJ •**£ -f : .- r --r^ ^•'.-... 

•Ehfcrerenir, entretien. 311. 

•E&vie, envieux. 232.263. JP69. 275". 

• ; êid. 285". 304. 312. **H»'3g3; 

•Bduité. ••'-'•'i3>. 

•ETèkve. 476.318. 

«ETperahce. 432.- , i-39'.26o."a#7. ; 296. 

307. 318. 334. 328. $i$.l •'-'•' 

Efprit. xî.ibid. 246. 263.280. 334. 

Sans efprit. 267. 

Eftime, eftimer. 244.297.313.321. 

Exe-


Exécuter. 302. 

Exemple. 2^.237.326.344. 

Expérience. ' 260. 

F. . ' 

ifrAmiliarite*. 139; 

* Faveur. 293.323. 

Faute: 277.316". 

Femme. 246.2j8. 269. 274. 283. 

299.324.327.332. 

Filles. 244. 

Fier, fefier. V. Foi. 

Fin. 230.244.264.291. 

Flaterie, flateur. l 5"9- 3Ï4* 

Foi-, bonne foi, fe fier. 243. 27t. 

sp j\ 317: 329; Manquement de 

. |bi. XfQ, 

Foibleflè. 

folie, • ' 

• - • '•-

. Table 

G. 

Arder, fe garder* 263.264. 

GGloire, fe glorifier. 23/. 245". 

2f3.2j-4.301.33f. 

Gouvernement tyrannique. 308. 

Grâce. 286. 

Grand , grandeur. 283. 289. 308. 

328. 

Guerre, 365/. 

H, 

HAine. 324. 

Heureux. 290. 

Homme. 233. 236. 243. 244. 247. 

263.268.271.304.307.309.328. 

329.332.335". 

Honnête, honnêteté. 239.245*. xff. 

, 287.304.311. 

Honneur. 2ff. 276.278.31 t. 

Honte. 267.315". 

Humiliée * s'humilier. 303. 304. 

319. 

Jeune il


h 

JEune, jeuneflè. 247.289?- 

Ignorant. 2 yi.25-9.ibid. 262.264. 

266.271.274.279.284.287.307. 

314.316.321.330. 

Impatience. 234.249.314.334.33^ 

342. 

Impiété, . 229. 

Imprudence. 273. 

Incivilité. 231, 

Ingrat, ingratitude. 242.253.271. 

288.309. 

Inimitié. 237. ajf.' 

Injure. 310?- 

Injuftice. 2fO. 

Innocent. 133. 

Intercefleuc 316. 

Intereflé. 274. 

Interrompre. i6f. 31^. 

Inutile» inutilité. 292.293.340. 

Joïe, feréjouir. 292.300.323.336. 

S 337urer. 

230. 

uftice. 247.272.28p. 291.320. 

uftificr, fejuftifier. 263. 

Q_5 Lan»

Table • 

Angué. 232.242.244.24}-. 279*. 

L 31O.318. 

targette. 2%. 316. V. Libéral. 

Libéral, libéralité. 23J. 2 jS. 277. 

Liberté. • 238. 

Libre. 309.318. 

L'ivre. 276.330. 340. 

Louange. 267. 

M. 

~X/t AL, rendre le mal, maux.24f. 

*Y* 2f2.265". 284.331. • 

Malade. 331» 

Malheureux. 231. 

Maltraiter. 314. t 

Marcher. 319. . 

Mari, mariage, fe marier. 238.242. 

• 31* 33 2 - 

Méchanceté, m Vhant.2$'4.2j'&26f. 

• 267. 269.274. ibii. 291. 307.; 310. 

• 3"- 333- •'..•'' 

Médiocrité. 270, 

Médifance, médire. 237.239.291. 

31.7-338-343- 

Méditer. 341. 

Méî

des Marnes. 

Méfiance, fe méfier. 235-. 2 75;., 2855 

.-' 301.302. 

.Mémoire. .25-2.338. 

Jtténage. 277. 

Menfonge, menteur. 245". 257. »'/>»i. 

263.266.272. aipf. 321. 

Mépris, méprifer. 271.278.338. Mé- 

. pris île la Cour. . t • • • .1240. Wl. 

jWérice. • -,.'. .'••': ^70; 298. 300. 

•Mefcre,•.,.;• • :

Taèk 

Kourriture. 294. 

Nouveauté. 327. 

Nouvelle. 262. 

Nuifible. 318, 

O. 

Bligation. 302.323. 

OOftenfe, ônenfer. 25*1.302.303. 

Oifiveté. 24$. 279.283.330. V. Psu 

refle. 

Opinion. 24-1.269. 

Opprimer. . 25*2. 

Ordre. 305". 

Orgueil. 474. 

-Oraement. 301. 

Oubli. 267. 

P. 

Aïs. 31?' 

P 

Paradis. 25-6. 

Pardon., 23i:-234.2j*i. 2j"8.260. 

-•' '302.303.. ' 

•Pareffe, parefleux."si6b.33j'.V. Oifiveté. 

Parler, parole. 233.243-25'i.2$'4. 

2ff. 263.269^ 273.2&f. 286.298. 

314. 318.322. îbid.ibid.ibid. 326. 

- ^zy.ibid.ibid. 339. 340.341.343. 

jbpd. 

• •* .: ' Paf-


Paffions. 236.240.246.249. if,?. 

261.271.. 

Patience. 243.249.2^4. 263.270. 

273. ibid. 2SO. 283. ibid. 304, 307. 

33 a -333-34 0 - "-•• •• 

Pauvre, pauvreté. 231.242.2j8. ibid. 

. 261.264. 267. ibid. 268. 270.273. 

ibid. 274.2&Q. 2$8.294. ibid. 305. 

315". 317. ibid. 

Péché. 238. 

Penfer, penfées- 242.343. 

Père. 299.300. 

Perfection. 271. 

Perfeverance. 311. 

Pitié. 277. 

Pieté. 129. 

Plainte. 249. 

Plaifirs, délices. 238.240. 281.299. 

302„333. 

Précaution. 240..291. 

Précipitation-. 263. 

Prédiction. 237. 

Ptéfeat, don„ ,291.308. 

Préibmptioru 336. 

Prêter. 598. 

Prières. 2j"4. 

Princes? V. RpL, 

Procès. 233. 308. 

Prochain. . 265". 326. 

Piocha paient.- 30a- 

Pro-

Tahk '•> 

Profeffion. • • - - £jf 

Promeflè, promettre. 2jx 291. 3°?; 

Prospérité. • • a 4 l4 i°-- î ît 

Prudence. x6i.273.2»** 2**310. 

»^ 17 ' . .141. 

Pudeur. M, . n 

Punition. i8f>V. Châtiment. . 

^Jerclle. 397-»'^f 

R. •' 

T* Ailler, raillerie. 236. 241.291. 

•*^ 297.1^. 301.320.*^. 326. 

Rapport. 239. 

Rébellion. 262.306. 

Recevoir. 281. 

Récompenfe. 28 jr. 

Reflexion. 2#>. 

Religion. *5°:W- 

Remife. -'- : : 2'?6. 

Repentir. 233.319. 

Repos. 236.248.278.298:328. 

Reprendre, fereprendre. 233.2^1. 

316. 

•Reproche. 136 

Réputation. 25-4. 2^.276. 288.4*8 

èio, Rc-


Refifler.- : ' ïSç. 

Refpeâ.,. 2f6\277.292. ibid. 328. 

Refpondre. 284. 

Révolte. . z^cù 

Rire. 297. 

Rrcheflcs. 243.248.2^1.2^3.15'^. 

2j6.ï5'7.25-8.2/9.261.268. 2J69U 

ibid. 277.283.284.288. ibid. 289. 

297.298.299. 304.306.308.31 r. 

212.313. 319. 330.336. 339. 34t. 

ibid. 343. 

Roi, Prince, Monarque, Souverain. 

25*4.25-9.263. 274.278.283. ibid. 

288. 289. ibid.içf. 298.299. 31a. 

3*7- 3 X 9- 325- 33°- $*à> 33 1 - 334* 

„ 339-342- '' 

Roïaume. . 260. 

CAge, fagerTe. i^S.2fJ.ibid.ifp. 

& 262. 264. 265". ibid. 266. ibid. 

ibid. 267. 270.186. ibid. 307. 32'i. 

340. 

Santé. 2f 2. 298.307.314. 

Satisfaction. 24». 

• Savant,fcience. xî.ibid.ibid. 237. 

241.248. 2f 3. 25-4. 2y8. ibi.l. 2f ç>. 

»'£»'

Table 

ihiâ. 302.312.31?. 321.322.32$\ 

„ 334-33^337-339-34i-'*"*- 

Secours. 319. 

Secret. 2p. 25-8.2fç. 260.266.273. 

27?. 293.318.328. 

Sédition. 286. 

Sens, bonfens. 233.268. 

Serment. 332. 

Service. 277. 

Service des Rois, des Princes. 264. 

282.303.310. 

Sévérité. 271. 

Siècle. 247. 

.Silence. 231.249.25-0.2f 1.263.266. 

. 283.30j\ 309.314.329. 

Sincérité. 238.30 j. 

Sobre, fobrieté. 264.340. 

Soin. 311. 

Solitude, viefolitaire. 276.307. 

Sommeil. 340. 

Souffrance, fouflrir. 235". 2p. 301. 

3°7-337- 

Souhait. 325 , .V.Defir. 

Soulèvement. 2p. 

Soumiflion. 249.270. 

.Souverain V. Roi. 

. Succès. 263.285". 287. 

Sujets. 263.294. 

Superflu» 279.343. 

Tems,

des. Maximes, 

T. 

?ms. 15-3.337. 

T Tombeau. 25-0. 

Travail, travailler. 25-8.267.333. 

Tromper, tromperie. 250.306.309. 

•Tyrans, Tyrannie. 245-. 252. tègl. 

• 3 o8 -3°S>- 

V Aleur. 244. 26f. 

Vangeance. 231. 232. ibid. 

Vanité ,'fe vanter. 231.233. 

Vérité. 247. 279. 289. 293. 310. 

312. 321. 

Vertu, 231. 287. 290. 309. 311. 

3,»3. 33 1 - 343- 

Vetfë. 340. 

Vice. 244.261. 

Viaoîre. 237.311. 

Vie, vivre. 250. ibti. 2-fl. 281.291. 

293. 320. 324. 328.*'^. 

Vieillard, vieillerie. 25-3. 25-4.312. 

Vin. 240. 326. 327. 

Vifage. 232. 

Vifite. 233.245-. 

Voïage, voïager. 260. aob. 277. 

304. 312.

Table des Maximes. 

Voifin. 2.6b. 

Voleur. 3 2 7- 

Volonté de Dieu. 297. 326. V. Décret 

de Dieu. 

yEux, 

Yvrognerie. 

Y. 

Fin de la Table des Maximes. 

•318. 

248. 

C'A-

CATALOGUE 

Des Livres qui fe trouvent chez. 

LOUIS & HENRY 

VAN DOLE. 

•A Ntibaillet, ou Critique du Livre de 

Mr. Baillet, intitule' jugement des 

Savans, par Mr.Menage, i %. i voll. 

Académie Françoife, dernière Edition , 

augmentée de divers ouvrages, par 

Mr.PelIifon, iz. 

Art de jetter les Bombes, par Blondel, 

il. avec figures. 

Architecture de Vitruve, n.avecfîg. 

Àminte du Tafle , Italien & François, 

il. avec figures. 

l'Antiquité 1 destems rétablie, &de'fenduë 

contre le Juifs & les Nouveaux 

Chronologiftes, iz. 

Abre'ge' de la Nouvelle Méthode de la langue 

Latine par Mrs.de Port- Royal, 8. 

Amours des Dameslllufties de nôtre fre» 

de, n. ' •"' 

Actes & Mémoires des négociations delà- 

Paix de Niiriegue, 11.7 voll. 

Amours des grands hommes, parMad. 

deVilledieu. 

L'Art de Vivre heureux, iz. 

Art de Plaire dans la CnriVerûrion » 1 *. 

A&ions Héroïques de Charles V. 11. 

• -Ri . • -•• AT- 1

C A T A LOG-U.E, 

Aret de le Con(l j rver la Santé. i i. 

AincAesBêtw, ti. 

Abrège" de l'Hiftoire de'Franec par Meîerajr, 

H.) volt. 

Artsde l'Homme d'Epée , ri.'" 

Bibliothèque des AutheucïEcleJSaftiûes, 

4. 6 voll. 

Buruer Reformariorr d'Angleterre . n, 

4 voll. • '*• 

—. Voyage en Suiflè, 11. 

Bibliocnrcjue Univerfetle, 11.1 j voU. 

Btebeuf, Entretiens Solitaires, 11. 

— Defeiicede l'Eglife Cathodique , 11. 

BookeurSi Mal heur du Mariage > r 1. ;. 

Brantôme Vie des Hommes IUullres» 11. 

4 voll. - 

— Vie tks Dames G a! âmes, ii.ivoll. 

— Capitaines Ertrsiigers, n. 

— Dûmes lHuftres, 11. 

Bearivogjio Lentes eu François & Italien 

> 11. 

Boqlw>urs Remarques Nouvelles lus 1» 

_ Langue Fraiiçoifc, 11. 

-^.Maaierc de bien penfèr dans Ici Ou» 

vragesd'Efprit, n. 

.-- Entretiensd'Engeneâcd'Aride, ri* 

— Reccvil.desVcriChoifis, n, 

Boflir Poème Pique» n. 

BordelonCara&eresNatureJsdesHoffljmés 

Reprefeiwé'enceat. Dialogues, 11. 

Civilité Jfrauçoifc, n. 

Contes de^lr. h Ftmtaiuç» 1». 

Cosfcils de la Sageflç, 4 x\ 1 yoll. 

Corn-

CATALOGUE. 

Commentaires de Cxfai traduit par A» 

blancourt, ix. 

Converfations fur divers fujets par Made> 

moifelleScuderv, xi. tvoll. 

Cours de Philofophie fuivant le Syftemc 

& les Principes de Débattes par Mr, 

Régis. 4.3 voll. 

Comédies de.Terence Traduit en François 

avec des Remarques & le Latin a 

côté par Mad. Dacier, 11.3 voll. 

— de Plaute Latin & François avec les 

Notes par Mad. Dacier, 11.3 voll. 

— de Molière, 11. «voll. 

— & Tragédies de T. & P. CorneiHe 1 x. 

9 voll. 

— deBourfàuIt, n. 

Comparaifon des Grands Hommes de 

rAntiquite& des Modernes par Mr. 

Perrault, \x. 1 voll. 

Dictionàïrc Univerfel par Furetiere, 3, 

voll. folio. 

— Hiiîorique de Morer? augmente' par 

Mr.le Clerc, fôhô 4 vôIL 

— deRicheJec» quarto. 

— François & Italien par Duez, 8. i vôE 

— de Pomey Latin François & Aile» 

mand, quarto. 

_ François Se Flamand de Halima, 4. 

— de Mathématique par Oïanaoi, 4. ; 

— François & Latin par te Père Tacham 

quarto 1 vol!. 

— Géographique, 11. 

Dcfcripuon de l'Univers, contenantlêl 

R 3 diffe-

CATALOGUE. 

différents Syftemes du monde , 4» 

5 voll. avec figures. 

Devoirs de la Vie Civile, ii.zvoll. 

Délices de la Hol laude , 11. avec figures. 

Defcription de Paris. 11. x voll. 

Dialogues Saty riques Se Moraux, 11, 

Eflais dé Morale avec la Çontiuuauon. 

11. 9 voll. 

Nouveaux Eflais de Morale par Mr. la 

Placette, iz.i voll.. 

EmmeryRcceuïldeCuriofitez. it. ivol. 

Elemens de Géométrie par Hennon , 11, 

— de Géométrie par Dechales, 11. 

— de Géométrie par Mrs. du Port- 

Royal, ii. 

— de Géométrie du Père l'Amy, M. 

— de Géométrie par Ozanam , 11. 

Emblèmes d'amour en quatre langues 

gravé en cuivre, 8. 

Tables de Mr. de la Fontaine, 11. 

Fonctions des Officiers, 11. 

fortifications de Vauban, 11. 

—• deBlondc-1, n. 

_ de Ville, 8. , 

— de Vauban, de Ville & du Comte de 

Pagan, 11. 

_ de Pagan, 1 z. 

Fortifications d'Ozanam, 8. 

Guerre des Turcs avec la Pologne > la 

Mofcovie & la Hongrie, 11. 

Géographie Ancienne & Moderne pat 

d'Audifrer, 11. i voll. 

1— de Robbç, 11.1 voll. 

' Geogra-

CATALOGUE. 

Géographie de la Cioiz, 11.4 voll. 

Hiftoire de Philippe. de Valois & du Roi 

Jeau, 11. 

— del'EglifeparleSueuri it.8voll. 

_— du Monde par Chevreau, it. 4 voll.. 

. de l'Académie Françoife, 11., 

— desIndesOrientales parRcnnefort,! 1. 

_ du Schifmc d'Angleterre par Sanderus, 

11. 

— desJuifstraduitparAroaudd'Aiidili, 

ix. 5 vol. 

__ dç France, par Mêlerai> fol.} volt. 

de Louis XIV. par Médailles, fol. 

— Métallique de Ja Hollande, 8.} vol. 

avec figures. 

—- de France par Prade, 11. 5 voll. 

_— du Royaume de Siam , u. ivoll. 

avec figures. 

— de Florence par Machiavel 1 voll. 

Traduûion Nouvelle 1.1. 

— Secrète de Bourgogne, n.ivoll. 

._ du Trjomvirât

CATALOGUÉ. 

L'Uni vers en Abrégé par Pomey, 11. 

Lettres de Richelet, It. 

Méthode facile pour apreadre l'Hiftoire 

de France, n. 

— pouraprendrel'HiltoireRomaine,!*. 

Mémoires de Pontis, 11. i voll. 

Malheurs de l'Amour, première Nouvelle, 

it. 

Nouvelle Traduction des Satires , des 

Epiftires T ti de l'art Poétique d'He» 

race, n. 

Oeuvres du Père Maîmbourg. u, 

— de Corneille, n. 9 voll. 

_ de Molière, 1&. g voll. 

Poëfîes Parroralespar Mr. FontencUe, ix. 

Relation-dû Voyage d'Efpagne.n.xvoHs 

Traiti deMignacatepour a prendre alternent 

à peindre fans Mafttre» 

Teftameat Politique du Cardinal de Ri» 

chelieir, ii. 

_ deColbert, \%* 

T-acueawecdes-Norts, par Amolot de4a 

Houflaye, 1%. «,vott. 

^WyagedftWhekr, x*. 1 voll. avec ig, 

_ de Cktxrdirr ,• 1 s, ave* figer*». 

-^ deOeaftatetinep-le, n,- ' -'• — 

_ en Italie par le Prince de Gofldrf, 11. 

** cfbatie parMilfefi, i*. tres.

des Orientaux?. - Notes du mont Royal

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