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498 LA KABYLIE.
COMMERCE.
Les souvenirs commerciaux sont ceux que les Kabyles ont le
mieux conservés. Les tribus qui s'adonnent au trafic savent par
la tradition que, dès les temps les plus reculés, leurs ancêtres
s'y livraient comme elles, et à peu près dans les mêmes condi
tions : d'où l'on peut conclure que, depuis de bien longues an
nées, la population des montagnes kabyles est trop nombreuse
pour que le sol qu'elle habite puisse la nourrir. Il fallait, en effet,
avant la pacification générale de l'Algérie, que la nécessité qui
pousse les montagnards hors de leur pays fût bien pressante pour
•
leur faire braver les ouslga1
ou représailles, les pillages et les
violences de toute nature. Reaucoup étaient ruinés, d'autres y
perdaient la vie; mais ces exemples n'intimidaient pas les survi
vants, etjamais, à aucune époque, le commerce n'a, été interrompu.
Le marchand partait comme s'il allait à la guerre, et le village
frappait d'amende celui qui négligeait de se pourvoir d'armes el
de munitions. Les Igaouaouen organisaient des caravanes nom
breuses d'hommes résolus,
qui se frayaient un passage par la force
et allaient, jusque dans le Hodna et la province de Constantine,
faire le commerce à main armée. Les entreprises commerciales
étaient ainsi de véritables expéditions de guerre; ce qui explique
la considération dont la profession de marchand est entourée chez
un peuple aussi belliqueux. Si le nom de « marchand de sucre»
(skakri), qu'il applique au paisible habitant d'Alger, est dans sa
bouche une injure, ce n'est pas à la profession qu'elle s'adresse,
mais aux habitudes de mollesse et à l'humeur débonnaire de
celui qui l'exerce.
Voir au Droit pénal le chapitre de VOusiga.