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476 LA KABYLIE.
brication au moyen de matrices. Les flans étaient fondus clans des
moules spéciaux.
En 1862, un essai de contrefaçon de nos monnaies d'or fut
tenté chez les Aït Ouasif. Le fabricant désigné par la rumeur
publique ne put être poursuivi, faute de preuves, mais l'un des
émissionnaires fut arrêté et condamné, ce qui coupa court à cette
tentative, la seule, croyons-nous, qui ait jamais été faite par des
Kabyles. Les pièces contrefaites étaient en étain fondu, et attiraient
l'attention, au plus simple examen, parle manque de netteté et
surtout par le défaut de poids. Les anciens faux-monnayeurs que
nous avons interrogés nous ont dit que la dorure avait dû être
obtenue au moyen d'une eau que vendent quelques juifs d'Alger,
et qui, vraisemblablement, n'est autre chose qu'une dissolution
de cyanure d'or.
La fausse monnaie se faisait ordinairement sur commande,
chaque acheteur désignant l'espèce de monnaie qu'il désirait, sui
vant le pays qu'il avait l'intention d'exploiter.
Le fabricant travaillait, soit à façon,
soit à son compte. Dans
le premier cas, il percevait 60 centimes par douro ou pièce de
5 francs livrée; l'acheteur fournissait les métaux. Dans le second,
il se chargeait de toutes les fournitures et vendait sa marchandise
à prix débattu.
Les prix courants étaient : pour les monnaies
d'
étain, du
vingtième au dixième de la valeur représentée par les pièces ven
dues, et pour les monnaies d'alliage, la moitié. Ainsi, vingt pièces
de 5 francs en étain se payaient de 5 à 1 o francs , et , en alliage ,
5 0 francs. Ces prix variaient, du reste,
suivant l'habileté du fabri
cant, qui faisait payer à l'acheteur les chances de réussite que son
talent lui assurait.
Les fabricants de fausse monnaie n'émettaient jamais eux-
mêmes leurs produits. Par un scrupule assez singulier, ils auraient
cru se déshonorer en se livrant à ce commerce, dont s'abstenaient
également les autres membres de la tribu. On ne cite, chez les
Ait Yenni, qu'une seule famille qui ait osé braver, à cet égard,
l'opinion de ses concitoyens.