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AGRICULTURE. 42'J
la puissance surnaturelle, dont seraient douées certaines femmes,
de faire passer d,ans le pis de leurs vaches le lait des vaches du
voisin;
ce pouvoir s'étendrait même au beurre et à l'huile. Les
annales des villages fourmillent d'exemples d'amendes imposées à
ces sorcières. Les Kabyles, néanmoins, n'ont jamais songé à les
brûler.
Quand le berger d'un village revient, au milieu du jour, passer
à la maison le temps de la chaleur, il ne doit pas un seul ins
tant se dessaisir du bâton qui lui sert de houlette. Celui qui
parvient à s'en emparer fait passer immédiatement fout le lait
du troupeau dans les mamelles de ses vaches. Le berger con
vaincu d'avoir vendu son bâton, ou de l'avoir laissé prendre pen
dant la sieste, est mis à l'amende, ainsi que l'auteur du prétendu
larcin.
La naissance des bestiaux est toujours l'occasion de pratiques
superstitieuses ayant pour objet de préserver de tout malheur le
noûveau-né et ses maîtres.
La maison où est né un veau doit, pendant sept jours, refuser
du feu aux voisins ; sinon , l'animal prendrait l'habitude de manger
les vêtements et deviendrait dangereux pour les hommes. Le lait
de la
vache,'
pendant cette période,
est destiné à confectionner
deux mets , qui ont des propriétés mystérieuses. Le premier, appelé
ir'ounan, est mangé par les membres de la famille , le troisième jour
après la naissance du veau; le second est distribué aux voisins, le
septième jour : on le nomme ader'ès.
Si un agneau ou un chevreau naît dans les champs , le berger,
après l'avoir soigneusement essuyé, le prend par l'oreille et lui
crie trois fois : «Méfie-toi toujours, et souviens-toi toujours que le
berger est ton ami, et le chacal, ton ennemi. » Le soir, quand il le
ramène à la maison, il reçoit pour sa récompense un gâteau beurré
(thakerlst Imeksaouen , «le pain des bergers»), qu'il doit manger à la
place même où est né l'animal.
Ces allocutions faites sérieusement aux animaux sont très-fré
quentes dans la vie kabyle. La femme qui fait couver une poule
ne manque jamais de dire sept fois, pour empêcher que
ton-
le