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MALADIES ET MÉDECINE. 403
malgré l'insuccès de notre expérimentation sur un chien; elles
doivent, "croyons-nous, entrer en ligne de compte dans l'étiologie
des gangrènes que nous avons observées.
L'action de la jarosse sur le système nerveux de la vie de rela
tion ne peut-elle se propager, par l'intermédiaire du grand sym
pathique, aux nerfs vaso-moteurs, et déterminer par leur excitation
convulsive la paralysie tonique, la contracture prolongée des ar
tères des extrémités des membres? Cette contracture, à son tour,
ne peut-elle favoriser la formation de caillots, par ralentissement
de la circulation dans un sang altéré? Nous reviendrons plus loin
sur l'état du sang de nos malades. Chez nos deux amputés nous
avons trouvé, avons-nous dit, des caillots oblitérants dans les ar
tères , dont les parois n'offraient pas de vestiges d'un travail patho
logique quelconque.
Hâtons-nous de le dire, la cause que nous invoquons ici,
et que
nous ne présentons qu'avec réserve , n'explique pas suffisamment les
faits. Si l'on s'en rapporte aux expériences d'Hébréard et de Wolf ,
les troubles de l'innervation ne peuvent,- à eux seuls, produire la
gangrène.
Avons-nous eu affaire à de véritables gangrènes emboliques,
c'est-à-dire se produisant par le fait de caillots migrateurs formés
plus ou moins loin de l'arbre circulatoire où on les trouve? Les
caillots constatés dans les artères des jambes de Mohammed Saïd et
de Mohammed ou Ali étaient parfaitement symétriques, s'arrêtaient
dans chaque vaisseau à la même hauteur, et semblaient, par con
séquent, avoir été formés sur place. On ne comprendrait la gan
grène symétrique des extrémités inférieures par embolie que dans
le cas où le caillot obturateur se trouverait situé au-dessus de la
bifurcation de l'aorte ou, en d'autres termes, au-dessus de l'ori
gine des iliaques primitives. Ce fait peut se produire, il est vrai,
mais par exception, eu égard au calibre de l'aorte; dans ce cas,
toute l'étendue des membres inférieurs serait envahie par la gan
grène. Dans l'observation de M. Pierre ', les caillots avaient été
Voir Bulletin de la Société anàlniuique, janvier i 858.