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402 LA KABYLIE.
gangrène spontanée en Kabylie, il est impossible de ne pas croire
à l'existence d'une cause unique, ou au moins de circonstances
similaires capables de développer cette grave affection chez les dif
férents individus qui en sont atteints.
Nous avons eu tout d'abord l'idée de diriger nos recherches
vers la qualité des substances alimentaires,
voyant dans les faits
que nous venons de résumer une analogie frappante avec Yergo-
tisme. Cependant, le seigle, qui de toutes les céréales produit plus
spécialement l'ergot, n'est pas cultivé en Kabylie. Le blé, l'orge,
le maïs, qui servent à l'alimentation des Kabyles, ne présentent
que par exception, on le sait, le champignon vénéneux dont nous
parlons;, ils sont plus souvent le siège d'une autre production pa
rasitaire, la rouille, à laquelle il est difficile d'attribuer une action
toxique. La rouille, en effet, est une poussière très-ténue, qui est
éliminée des grains par l'opération du battage et ne peut entrer,
par conséquent, qu'en proportion très-faible dans la composition
des farines. Mais n'y a-t-ilpas en Kabylie des substances alimen
taires capables de développer une maladie semblable à l'ergo-
tisme?
Nous avons déjà parlé des accidents convulsifs dus à l'usage de
la farine de jarosse. En comparant ces accidents à ceux de la pre
mière période de l'ergotisme,
leur identité.
on ne peut se refuser à constater
Nos Kabyles atteints de gangrène nous ont déclaré avoir mangé
plus ou moins immodérément de Yajilban. Aucun d'eux ne se
souvenait d'avoir éprouvé des convulsions; un seul, Mohammed
Saïd,
avait des souvenirs vagues de troubles nerveux de cette na
ture. Chez le marabout de M. Dufour, les contractures et la gan
grène avaient marché de pair. La question de l'action physiolo
gique de Yajilban méritait d'être résolue expérimentalement : un
chien , nourri pendant deux mojs avec cet aliment , n'éprouva aucun
trouble de la locomotion ni de la circulation. Quoi qu'il en soit,
les convulsions toniques produites par la jarosse chez l'homme
sont trop bien constatées parla tradition kabyle et par des exemples
authentiques en France, pour qu'on puisse les mettre en doute,