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LA KABYLIE.
vivre que par l'âme et l'intelligence, tant sont extrêmes son épui
sement et sa misère, nous fait encore voir,
en implorant notre
pitié et nos secours, des mains horriblement déformées. Voici la
raison des lésions que présentaient les extrémités supérieures :
objet de dégoût et d'horreur pour ses voisins et ses parents, Mo
hammed Saïd était resté abandonné dans sa maison. Obligé de
pourvoir seul aux soins de sa malheureuse existence, il employait
le moyen de locomotion suivant: assis à terre,
comme un cul-de-
jatle, il s'aidait de ses deux poings fermés pour se traîner d'un
endroit à un autre. Peu à peu,
ses doigts s'étaient déviés sous le
poids de son corps; les articulations phalangiennes et carpiennes
s'étaient enflammées chroniquement , des tumeurs blanches s'étaient
enfin développées sur plusieurs d'entre elles. Ces accidents n'étaient
autre chose qu'un réveil de la diathèse scrofuleuse qui avait passé
sur le jeune âge du sujet, et dont les traces se retrouvaient facile
ment sous forme de cicatrices à la région cervicale.
Deux amputations des jambes furent pratiquées successivement,
à un mois d'intervalle, au lieu d'élection; les moignons se cicatri
sèrent assez rapidement et sans accidents. Mohammed Saïd, retenu
longtemps à l'hôpital par l'état de ses mains, en sortit enfin, au
bout d'un an, dans un état assez satisfaisant, obtenu par un traite
ment dont l'iodure de potassium, l'huile de foie de morue, les
ferrugineux et le quinquina avaient été les composants. Ses forces
étaient revenues, et il marchait parfaitement sur deux pilons, en
s'aidant de béquilles.
L'examen des jambes amputées démontra l'existence dans les
artères, au-dessus du cercle éliminatoire, de caillots obturateurs,
qui remontaient, dans chaque vaisseau , à peu près jusqu'à la partie
moyenne des membres. Les amputations avaient donc été prati
quées au-dessus des obstacles au cours du sang. Les parois arté
rielles ne présentaient pas de traces d'altérations organiques.
2°
Mohammed ou Ali, du village des Aït Ali , des Ait Iraten, âgé
de vingt-deux ans environ, est apporté, le 6 mars i 866 , à l'hôpi
tal de Fort-Napoléon, dans l'état suivant : la jambe droite s'est dé-
tarhéc spontanément au tiers moyen; le pied et le tiers inférieur