La Gazette nº 7 - Middlebury College
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L’été, comme d’habitude, est passé bien trop vite et nous<br />
arrivons au terme de cette session. J’espère de tout cœur que<br />
vous en avez retiré autant de plaisir et de bonheur que j’en ai<br />
eu à la préparer avec toute l’équipe administrative et enseignante<br />
de l’École française (équipe que je remercie ici au<br />
passage). Je sais que pour vous l’été fut intense et studieux,<br />
et je veux saluer ici votre persévérance et votre engagement.<br />
Comme me le disait un de vos professeurs : «J’ai déjà connu,<br />
ça et là, des étudiants qui étaient extrêmement motivés,<br />
mais je n’ai jamais vu une école entière d’étudiants aussi<br />
motivés. C’est un bonheur!».<br />
Certains étudiants de Maîtrise terminent cette année et<br />
recevront leur diplôme à la cérémonie du 18 août. Félicitations<br />
à Reema, Oliviya, Claudia, José Aléjandro, Adam,<br />
Ruth, Andrew, Monica, Natalie, Michael, Michele, Ashleigh,<br />
Deidra et Christina. Nous vous regretterons …<br />
Bonne chance aussi à tous ceux qui sont venus passer<br />
simplement un été en notre compagnie, et n’hésitez pas à<br />
revenir nous voir.<br />
Pour tous ceux qui projettent de revenir l’été prochain, je<br />
vous promets une session 2007 aussi riche en conférences,<br />
en évènements artistiques et co-curriculaires, et en choix<br />
de cours, que ne l’a été cette session 2006. <strong>La</strong> session prochaine<br />
sera sous le signe de l’ouverture et du regard des<br />
autres et vers l’autre. En effet, le thème de la Francophonie<br />
sera toujours à l’honneur, mais exploré cette fois-ci sous un<br />
angle légèrement différent, puisque dans ses rapports de<br />
force et influences géopolitiques, économiques, culturelles,<br />
littéraires et linguistiques avec les autres pays et cultures<br />
DANS CE NUMÉRO...<br />
p. 2 <strong>La</strong> Francophonie est une chance<br />
p. 4 D’où venez-vous ?<br />
p. 6 Pour des «États-Unis d’Europe»<br />
p. 9 «Adieu jusqu’au revoir»<br />
p. 12 Mettons un peu de poésie<br />
p. 14 Étapes dans le travail d’écriture<br />
p. 18 Paroles des femmes<br />
<strong>La</strong> <strong>Gazette</strong> <strong>nº</strong> 7<br />
ÉCOLE FRANÇAISE / SESSION 2006<br />
go/segue-french<br />
gazette@middlebury.edu<br />
édition de la semaine du 16 août<br />
au revoir et … à l’été prochain!<br />
du monde. Nous pouvons déjà avoir un avant goût de cette<br />
ouverture vers les questions européennes et les relations<br />
internationales dans l’article sur les «États-Unis d’Europe»<br />
que Rachel <strong>La</strong>uthelier-Mourier nous offre dans ce dernier<br />
numéro de la <strong>Gazette</strong>.<br />
Quelques cours sur les langues et littératures des pays du<br />
pourtour méditerranéen (un cours sur « Les littératures du<br />
Sud » et un cours de linguistique sur les langues romanes,<br />
par exemple) viendront aussi souligner la création éventuelle<br />
d’une nouvelle spécialisation en Etudes méditerranéennes<br />
au niveau de la maîtrise.<br />
Théâtre, cabaret, Petit conservatoire, chorale, concerts,<br />
ateliers co-curriculaires, et j’en passe…, seront bien entendu<br />
au rendez-vous. Un atelier d’écriture créative, avec<br />
Tierno Monénembo, notre écrivain en résidence de cette<br />
année, viendra probablement se rajouter à la longue liste des<br />
activités. Et si j’en crois notre Monsieur Cinéma de l’École<br />
française, Romuald Fonkoua, un festival sur le film policier<br />
français pourrait agrémenter nos soirées.<br />
J’espère en tout cas avoir le plaisir de vous revoir très nombreux<br />
l’été prochain. Mais avant de nous quitter, je vous<br />
donne tous rendez-vous au Banquet final de l’École française<br />
le jeudi 17 août à Proctor. C’est un événement à ne pas<br />
manquer !!!<br />
Aline GERMAIN-RUTHERFORD<br />
Directrice
2 deux<br />
<strong>La</strong> francophonie est une chance<br />
Un arbre est plus qu’un arbre ; il est tronc, racines, sève,<br />
feuilles, fruits, vent dans les branches d’où s’échappent les<br />
oiseaux du ciel. C’est la plus belle image que m’inspire la<br />
francophonie. Antoine Maillet<br />
J’ai lu avec intérêt l’article publié par Amin Maalouf dans les<br />
colonnes du Monde des livres (du 10 mars), où il considère<br />
que que la notion d’«écrivain francophone» ne repose sur<br />
aucun critère défini et conduit à une sorte de ghetto en<br />
créant une discrimination inacceptable entre littérature<br />
française et littérature écrite par les étrangers en français.<br />
Cet article soulève des questions pertinentes (l’absence<br />
de critères précis, les réticences de certains à considérer<br />
les auteurs français eux-mêmes comme «francophones»<br />
ou leur refus d’inclure les écrivains francophones dans les<br />
traités de littérature française...) et exprime bien le malaise<br />
qu’éprouvent les écrivains étrangers installés en France et<br />
naturalisés français dans la mesure où leur intégration demeure<br />
incomplète à leurs yeux tant qu’ils sont qualifiés de<br />
«francophones».<br />
Mais il n’est pas à l’abri de la critique : poussé à<br />
l’extrême, le raisonnement d’Amin Maalouf conduirait<br />
à abolir tous les particularismes et à faire abstraction de<br />
la langue et de la nationalité pour aboutir à une sorte<br />
d’écrivain sans passeport. Pour séduisante qu’elle soit,<br />
cette vision est utopique et va à l’encontre des efforts entrepris<br />
pour protéger la diversité culturelle (que Maalouf<br />
lui-même considère comme «notre première richesse»)<br />
et s’opposer aux dangers connus de la mondialisation.<br />
En outre, la thèse de l’auteur du Rocher de Tanios reflète<br />
telle que nous l’éprouvons, nous autres, écrivains «francophones»<br />
ou «d’expression française» établis hors de<br />
France.<br />
Dire d’un écrivain libanais, québécois, tunisien ou<br />
sénégalais qu’il est «francophone» n’est pas réducteur, bien<br />
au contraire : ce statut lui confère une certaine universalité<br />
en le plaçant, d’emblée, au sein d’un ensemble qui compte<br />
aujourd’hui une cinquantaine de pays francophones et lui<br />
permet de s’adresser à deux publics : «celui, immédiat, qui<br />
partage son univers référentiel, et un autre, plus éloigné, à<br />
qui il doit rendre sa culture intelligible», selon la formule<br />
de Lise Gauvin.<br />
<strong>La</strong> francophonie apparaît plutôt comme une<br />
chance tant pour les écrivains étrangers que pour les Français<br />
eux-mêmes. Les premiers s’intègrent, du fait même<br />
de leur adoption de la langue française comme monnaie<br />
d’expression et de communication, dans la vaste famille<br />
francophone et peuvent, à partir de cette tribune, mieux<br />
défendre leur identité culturelle et mieux transmettre les<br />
idées qui les préoccupent, sachant, du reste, correspondances<br />
frappantes, aussi bien thématiques que stylistiques,<br />
entre les différents auteurs francophones ; les seconds<br />
trouvent dans ces écrivains venus d’ailleurs de nouvelles<br />
sources d’inspiration, des formes inédites d’expression,<br />
des images et des mots savoureux... Au demeurant, le<br />
«clivage» dont parle Amin Maalouf, lui-même lauréat du<br />
plus prestigieux prix littéraire français, n’est pas patent : il<br />
existe entre littérature francophone et littérature française<br />
une osmose permanente, une synergie féconde, un enrichissement<br />
mutuel.<br />
Lors de son passage à Beyrouth en 1994, François<br />
Nourissier avat bien souligné cette idée : «De 1973 à 1993,<br />
cinq écrivains francophones de la Suisse, du Canada, du<br />
Maroc, des Antilles et du Liban ont obtenu le prix Goncourt.<br />
Il est certain qu’il y a là une volonté très claire... Cela<br />
est d’ailleurs bien accepté par les auteurs français et par<br />
le public. <strong>La</strong> littérature francophone peut être bénéfique<br />
à la langue française à deux niveaux. D’abord, au niveau<br />
de la langue. Le français est une langue assez fixe (...). De<br />
nouvelles façons d’écrire, des mots nouveaux empruntés<br />
à un autre langage peuvent l’enrichir (...). D’autre part, du<br />
point de vue de la richesse d’inspiration, la littérature francophone<br />
peut beaucoup nous apporter. Une des faiblesses<br />
du roman français contemporain, c’est quand même une<br />
certaine répugnance à traiter les grands problèmes : on fait<br />
de l’intimisme, on fait du laboratoire, on fait de la littérature<br />
de recherche, très cérébrale. Il n’y a plus d’équivalent<br />
aujourd’hui au travail de Zola, Flaubert ou Balzac ; il n’y<br />
a plus, sur les grands problèmes de la société française,<br />
une sorte de compte-rendu romanesque de grande qualité.<br />
C’est une inspiration que nous avons perdue. Or, il y a<br />
un souffle différent qui passe avec des écrivains qu’on va<br />
chercher un peu plus loin...» Pourquoi, dès lors, remettre<br />
en question l’idée de littérature «francophone», pourquoi<br />
semer le doute dans les esprits ?
(suite de la page 2)<br />
L’indifférence affichée quelquefois à l’égard des littératures<br />
francophones n’est pas signe d’hostilité, mais de<br />
méconnaissance. Nous n’avons jamais éprouvé en France<br />
cette prétendue ségrégation vis-à-vis des auteurs francophones<br />
; nous n’avons jamais perçu chez les Français la<br />
volonté de nous «exclure» sous prétexte que nous sommes<br />
«francophones». À l’heure où s’achève le Salon du livre de<br />
Paris, qui a réuni des dizaines d’auteurs ayant le français<br />
en partage, affirmer que la francophonie est un «outil de<br />
discrimination» est profondément injuste : elle est, et restera,<br />
un formidable espace d’échange, de fraternité et de<br />
dialogue.<br />
Ces considérations faites, force est de constater que<br />
le véritable enjeu, aujourd’hui, est moins le statut des écrivains<br />
francophones que l’avenir de leur langue d’adoption,<br />
menacée, de moins en moins présente à l’étranger, margi-<br />
Bravo, Aline !<br />
Vous ne saviez problablement pas<br />
qu’Aline Germain-Rutherford vient<br />
de publier trois livres. En revanche,<br />
la nouvelle ne vous aura pas du tout<br />
surpris!<br />
Notre directrice infatigable a préparé<br />
deux manuels qui assureront aux<br />
membres de la fonction publique<br />
canadienne un apprentissage cohérent, compréhensif et<br />
autonome du français, une des deux langues officielles de<br />
leur pays.<br />
Aline a tout prévu ! Son Introduction au français langue<br />
seconde ne se limite pas à l’aspect grammatical, lexical et<br />
phonétique du français, bien au contraire. À des éléments<br />
de langue bien choisis s’ajoute une gamme généreuse<br />
d’exercices pratiques et engageants qui tient compte du<br />
vécu, professionnel tant que personnel, des étudiants de<br />
l’École de la fonction publique du Canada. Des prestations<br />
vidéo et sonores leur permettront de discerner les décalages<br />
entre l’écrit et le parlé ; les exercices reconnaissent le<br />
caractère multiculturel des milieux de travail ; et des jeux<br />
de simulation invitent les étudiants à incarner des rôles<br />
intéressants et authentiques. Bref, ce dispositif langagier<br />
qui se situe à la fine pointe de la didactique comblera une<br />
lacune significative : jusqu’ici les fonctionnaires ne disposaient<br />
pas d’un matériel pédagogique solide qui reconnaît<br />
aussi leurs besoins particuliers.<br />
nalisée dans les domaines des nouvelles technologies de la<br />
communication et de la recherche scientifique. Comment<br />
organiser « le combat pour le français » ? Par quels moyens<br />
les instances de la francophonie entendent-elles consolider<br />
la place du français dans le monde ? Comment faire<br />
face à l’hégémonie d’une langue unique et aux dangers<br />
réels d’une pensée unique ? Il est heureux que des auteurs<br />
comme Claude Hagège ou Dominique Wolton se mobilisent,<br />
dans des ouvrages récents, pour réveiller les consciences<br />
et inciter le pouvoir politique à mieux défendre le<br />
français. Dans ce combat, les écrivains francophones seront<br />
assurément en première ligne. Car défendre la langue<br />
française, c’est, avant tout, se battre pour une certaine idée<br />
de la liberté.<br />
Et ce n’est pas tout ! Le livre de base s’accompagne de <strong>La</strong><br />
correction phonétique en français : regard théorique et applications<br />
pédagogiques qui “(...) traite de l’enseignement<br />
de la prononciation du français et de l’intégration d’un tel<br />
enseignement dans les cours de langue.” Aline propose<br />
“un va et vient constant entre l’explication théorique et<br />
l’application pédagogique” et son approche compréhensive<br />
permet aux apprenants de comprendre - et de pratiquer!<br />
- la phonétique, la chaîne parlée, le rythme et d’autres<br />
phénomènes prosodiques du français. Le dernier module<br />
du deuxième livre porte sur l’enseignement de la prononciation,<br />
et propose un modèle d’intégration de l’oral et de<br />
l’écrit qui retiendra l’intérêt de tout professeur de français<br />
langue seconde ou étrangère.<br />
Le troisième livre se destine aux enseignants. Le Guide<br />
pédagogique initie les professeurs à la méthodologie<br />
unique que propose Aline. Les présentation, plan et philosophie<br />
de la formation ; les tests et fiches diagnostiques<br />
et les scripts des vidéos ; et les autres conseils traduisent<br />
la compétence linguistique, le don de la réflexion et l’esprit<br />
de synthèse qui caractérisent les trois livres.<br />
En écrivant ces beaux volumes, Aline a su bien encadrer<br />
les étudiants tout en guidant leurs professeurs, et désormais<br />
les débutants fonctionnaires aborderont sans gêne<br />
l’apprentissage du français. <strong>La</strong> nouvelle qu’Aline a reçu<br />
l’an dernier le Prix national d’excellence en enseignement<br />
3M vous surprendra aussi peu que celle qui a motivé cet<br />
article !<br />
Bravo, Aline !<br />
Alexandre NAJJAR,<br />
paru dans Le Monde en mars 2006<br />
Alex FANCY<br />
trois 3
D’où venez-vous ?<br />
Les étudiants sont généralement embarrassés pour dire de quel état ils viennent ou dans quel état ils sont<br />
nés, souvent à cause de la préposition à employer. Plusieurs d’entre eux nous ont dit qu’il faudrait faire un<br />
tableau. Le voici :<br />
ÉTATS CODES CAPITALES JE VIS<br />
JE SUIS NÉ(E)<br />
4 quatre<br />
PRÉPOSITION + NOM GÉOGRAPHIQUE<br />
Rappel de la règle telle qu’elle figure dans <strong>La</strong> Grammaire du Français, Hachette 1999,<br />
Dominique Jennepin et Collègues<br />
EN et DANS + noms de régions<br />
EN + nom féminin et + nom masculin commençant par une voyelle :<br />
en Anjou, en Bretagne, en Californie, en Andalousie<br />
DANS + article + nom masculin commençant par une consonne :<br />
dans le Périgord, dans le Piémont, dans le Michigan<br />
JE VIENS<br />
JE SUIS ORIGINAIRE<br />
l’Alabama AL Montgomery mas en AL ou dans l’AL d’AL ou de l’AL<br />
l’Alaska AK Juneau mas en AK ou dans l’AK d’AK ou de l’AK<br />
l’Arizona AZ Phoenix mas en AZ ou dans l’AZ d’AZ ou de l’AZ<br />
l’Arkansas AR Little Rock mas en AR ou dans l’AR d’AR ou de l’AR<br />
la Californie CA Sacramento fém en CA de la CA<br />
le Colorado CO Denver mas dans le CO du CO<br />
le Connecticut CT Hartford mas dans le CT du CT<br />
le Delaware DE Dover mas dans le DE du DE<br />
la Floride FL Tallahassee fém en FL de la FL<br />
la Géorgie GA Atlanta fém en GA de la GA<br />
Hawaii HI Honolulu mas? à HI d’HI ou de HI<br />
l’Idaho ID Boise mas en ID ou dans l’ID d’ID ou de l’ID<br />
l’Illinois IL Springfield mas en IL ou d’asn l’IL d’IL ou de l’IL<br />
l’Indiana IN Indianapolis mas en IN ou dans l’IN d’IN ou de l’IN<br />
l’Iowa IA Des Moines mas en IA ou dans l’IA d’IA ou de l’IA<br />
le Kansas KS Topeka mas dans le KS du KS<br />
le Kentucky KY Frankfort mas dans le KY du KY<br />
la Louisiane LA Baton Rouge fém en LA de la LA<br />
le Maine ME Augusta mas dans le ME du ME<br />
le Maryland MD Annapolis mas dans le MD du MD<br />
le Massachusetts MA Boston mas dans le MA du MA<br />
le Michigan MI <strong>La</strong>nsing mas dans le MI du MI<br />
le Minnesota MN St. Paul mas dans le MN du MN<br />
le Mississippi MS Jackson mas dans le MS du MS<br />
le Missouri MO Jefferson City mas dans le MO du MO
le Montana MT Helena mas dans le MT du MT<br />
le Nebraska NE Lincoln mas dans le NE du NE<br />
le Nevada NV Carson City mas dans le NV du NV<br />
le New Hampshire<br />
NH Concord mas dans le NH du NH<br />
le New Jersey NJ Trenton mas dans le NJ du NJ<br />
Le Nouveau<br />
Mexique<br />
l’État de New<br />
York<br />
la Caroline du<br />
Nord<br />
le Dakota du<br />
Nord<br />
NM Santa Fe mas dans le NM du NM<br />
NY Albany mas dans l’État de NY de l’État de NY<br />
NC Raleigh fém en C du N de la C du N<br />
ND Bismarck mas dans le D du N du D du N<br />
l’Ohio OH Columbus mas en OH ou dans l’OH d’OH ou de l’OH<br />
l’Oklahoma OK Oklahoma City mas en OK ou dans l’OK d’OK ou de l’OK<br />
l’Orégon OR Salem mas en OR ou dans l’OR d’OR ou de l’OR<br />
la Pennsylvanie PA Harrisburg fém en PA de la PA<br />
le Rhode Island RI Providence mas dans le RI du RI<br />
la Caroline du<br />
Sud<br />
SC Columbia fém en C du S de la C du S<br />
le Dakota du Sud SD Pierre mas dans le D du S du D du S<br />
le Tennessee TN Nashville mas dans le TN du TN<br />
le Texas TX Austin mas au TX du TX<br />
l’Utah UT Salt <strong>La</strong>ke City mas en UT ou dans l’UT d’UT ou de l’UT<br />
le Vermont VT Montpelier mas dans le VT du VT<br />
la Virginie VA Richmond fém en VA de la VA<br />
l’État de Washington<br />
la Virginie de<br />
l’Ouest<br />
WA Olympia mas dans l’État de WA de l’État de WA<br />
WV Charleston fém en V de l’Ouest de la V de l’Ouest<br />
le Wisconsin WI Madison mas dans le WI du WI<br />
le Wyoming WY Cheyenne mas dans le WY du WY<br />
Porto Rico PR San Juan mas à PR de PR<br />
LA CÉRÉMONIE DE REMISE DES DIPLÔMES, qui comme vous le savez porte un nom que l’on peut considérer comme<br />
français - « Commencement » - et qui indique que c’est la fin (!), aura lieu dans la Mead Chapel à 17 heures le vendredi 18<br />
août.<br />
<strong>La</strong> cérémonie durera environ deux heures. Les diplômés devront s’assembler devant la Chapelle à 16h1 . (S’il pleut : dans la<br />
Hepburn Lounge.) Si vous arrivez en retard, il vous sera difficile, voire impossible, de vous glisser dans la procession.<br />
À la suite de la cérémonie, les étudiants diplômés et leurs familles et invités dîneront à Proctor, les professeurs et autres<br />
étudiants iront dîner à Atwater.<br />
Tous ceux de l’École française qui aimeraient féliciter les nouveaux diplômés (y compris la famille et les amis) pourront se<br />
retrouver pour un dernier adieu au Grand Salon du Château à partir de 19h30. Après le dîner, venez nombreux !<br />
cinq
C’était une belle journée de printemps:<br />
le 29 mai 200 aurait pu devenir une<br />
de ces dates qui marquent profondément<br />
l’histoire d’un peuple. Mais ce<br />
jour-là, rien ne s’est passé comme<br />
prévu : les Français ont refusé, à près<br />
de %, d’adopter une Constitution<br />
(plus exactement et modestement,<br />
en réalité, un traité constitutionnel)<br />
pour l’Europe. Pourtant l’Allemagne,<br />
la Hongrie, l’Italie, la Lituanie, Malte<br />
et la Slovaquie avaient déjà ratifié le<br />
traité, par voie parlementaire. Les Espagnols,<br />
consultés par référendum,<br />
avaient approuvé le texte à une très<br />
forte majorité (plus de 7 %).<br />
Que s’est-il donc passé en France,<br />
dans ce pays qui a si puissamment<br />
contribué à la construction européenne?<br />
Pourquoi les Français ont-ils voté<br />
contre la ratification du traité constitutionnel<br />
européen, donnant ainsi un<br />
coup d’arrêt, au moins pour un temps,<br />
à un processus voulu par l’ensemble<br />
des gouvernements de l’Union ?<br />
Certes, l’Europe est avant tout une<br />
fierté : la fierté d’appartenir à un continent<br />
enfin en paix avec lui-même<br />
et avec le reste du monde. Mais c’est<br />
aussi une contrainte. Les Européens<br />
répètent souvent – et ils n’ont pas<br />
tout à fait tort – qu’ils n’ont plus le<br />
droit de pêcher ou de chasser comme<br />
ils le veulent, qu’ils n’ont plus le<br />
droit de cultiver leur terre comme<br />
ils l’entendent. Parce qu’une communauté<br />
de gouvernements, dont le<br />
leur, se sont mis d’accord sur ce que<br />
doit être une bonne utilisation des<br />
ressources naturelles et humaines,<br />
et parce que certaines nations plus<br />
sensibles que d’autres à la détérioration<br />
des matières premières et au respect<br />
de l’environnement ont poussé<br />
l’ensemble du continent à adopter<br />
leurs vues. Ce sont des choix, évidemment<br />
louables sur le long terme, mais<br />
parfois difficiles à vivre pour celles et<br />
ceux dont le travail et plus généralement<br />
la vie se trouvent ainsi profondément<br />
modifiés. Et l’acceptation est<br />
d’autant plus difficile que les inter-<br />
6 six<br />
Pour des « États-Unis d’Europe »<br />
locuteurs européens («les technocrates<br />
de Bruxelles») parlent un langage<br />
souvent abscons, et où l’affectif<br />
– c’est-à-dire, au fond, la dimension<br />
proprement politique – n’a pas droit<br />
de cité.<br />
Car l’Europe, c’est aussi la Commission.<br />
Elle propose et met en œuvre les<br />
politiques communautaires, presque<br />
indépendamment des gouvernements<br />
des États membres. Cela ne se fait<br />
certes pas à leur insu, mais de plus<br />
en plus d’Européens pensent que les<br />
États ne sont pas assez consultés dans<br />
un processus qui modifie peu à peu<br />
les droits sociaux et économiques de<br />
chaque nation de l’Union. Et au fur et<br />
à mesure du processus, un fossé croissant<br />
s’est fait sentir entre les peuples<br />
et ceux qui sont supposés les conduire:<br />
le «non» du 29 mai a constitué<br />
une illustration grandeur nature de ce<br />
décalage.<br />
Cet écart entre l’institution et les peuples<br />
s’est particulièrement fait sentir<br />
au printemps 200 , justement en pleine<br />
campagne référendaire : une directive<br />
européenne fort importante, qui<br />
avait déjà été votée par le Parlement<br />
en 2003 et avait rencontré une forte<br />
opposition, devait être reproposée au<br />
vote. Cette directive, relative aux libertés<br />
d’établissement des prestataires<br />
de service et à la libre circulation des<br />
services dans le marché intérieur,<br />
dite «Directive Bolkestein» (du nom<br />
de l’ancien commissaire européen<br />
au Marché intérieur), a été utilisée,<br />
à la fois par la gauche et par la droite<br />
souverainiste, pour montrer les dangers<br />
réels ou supposés que fait courir<br />
l’Europe aux nations qui la composent.<br />
<strong>La</strong> Directive Bolkestein a cristallisé le<br />
débat sur l’ «Europe libérale», certains<br />
ayant même stigmatisé ce «plombier<br />
polonais» qui viendrait voler l’emploi<br />
d’un Français : le retour à l’avantscène,<br />
pour le moins inopportun, de<br />
ce projet d’inspiration libérale, et son<br />
exploitation politicienne par certains<br />
tenants du non, ont participé à augmenter<br />
la méfiance nationale à l’égard<br />
des institutions européennes.<br />
À cela s’est ajoutée la peur, largement<br />
partagée par nos pays, d’une adhésion<br />
possible de la Turquie à l’Union.<br />
À partir de critères dits «de Copenhague»,<br />
qui permettent d’évaluer<br />
chaque pays candidat, la Commission<br />
avait affirmé en 2004 que le niveau<br />
requis par l’Union en matière de<br />
démocratie était désormais atteint par<br />
la Turquie (Constitution et lois nationales<br />
euro-compatibles, adhésion aux<br />
conventions internationales, réforme<br />
progressiste du code pénal et abolition<br />
de la peine de mort). Or, beaucoup<br />
de citoyens européens étaient<br />
et sont encore réticents à l’adhésion<br />
d’un pays de culte très majoritairement<br />
musulman, où de surcroît, selon<br />
la Commission, «beaucoup reste à<br />
faire» dans la mise en œuvre effective<br />
des droits de la femme, des droits<br />
syndicaux et de la liberté religieuse.<br />
Cette réticence est d’autant plus forte<br />
que l’élargissement tout récent de<br />
l’Union, de quinze à vingt-cinq membres,<br />
n’a pas été économiquement<br />
et socialement très bien vécu – certains<br />
soutenant que l’heure n’est plus<br />
maintenant à l’élargissement, mais<br />
à l’approfondissement. De même, le<br />
passage à la zone «euro», qui date de<br />
1999, est encore l’objet de critiques<br />
virulentes, particulièrement quant à<br />
la baisse ressentie du pouvoir d’achat.<br />
En d’autres termes, les citoyens européens<br />
estiment avoir fait beaucoup<br />
d’efforts d’adaptation ces dernières<br />
années, et avoir peu reçu en retour.
C’est d’ailleurs parce qu’il estimait<br />
que «les Français étaient directement<br />
concernés» par la ratification de la<br />
Constitution, que le Président Chirac<br />
a choisi la voie du référendum, malgré<br />
tous les risques qu’un tel processus<br />
représente.<br />
<strong>La</strong> bataille du référendum s’annonçait<br />
donc délicate : or, les responsables<br />
politiques favorables à la ratification<br />
du traité, de gauche comme de droite,<br />
n’ont pas su réellement trouver les<br />
mots pour rassurer les Français. Reconnaissons<br />
à leur décharge qu’il est<br />
plus difficile de parler des avantages<br />
de l’Europe que des contraintes multiples<br />
qu’elle impose – et cela d’autant<br />
plus que, depuis un quart de siècle,<br />
tous les gouvernements brandissent<br />
la «contrainte européenne» pour faire<br />
passer les pilules les plus amères ! Il<br />
faut aussi ajouter que la France, comme<br />
beaucoup de grandes démocraties<br />
occidentales, subit actuellement une<br />
crise politique assez profonde, due en<br />
partie à des modes de gouvernance qui<br />
ne sont sans doute plus adaptés à la<br />
vie d’aujourd’hui. Finalement, le débat<br />
référendaire, qui aurait pu être riche<br />
et enthousiasmant, fut au contraire<br />
assez stérile, et en tout cas particulièrement<br />
morose. Je regrette surtout<br />
que les tenants du «oui» aient trop<br />
souvent oublié de revenir aux fondamentaux<br />
de l’Europe : à ce qu’elle nous<br />
a apporté, et nous apporte encore.<br />
Car l’Europe, c’est avant toute chose<br />
la paix, une paix durable que bien peu<br />
de nations dans le monde connaissent.<br />
Les jeunes hommes de notre génération<br />
sont les premiers Français à ne<br />
pas avoir été appelés à combattre sous<br />
le drapeau tricolore. Mon grand-père<br />
a connu deux guerres : il s’est couché<br />
dans les tranchées de Verdun et, un<br />
peu plus de vingt ans après, il a combattu<br />
dans les Ardennes, où il a laissé<br />
la vie, comme tant d’autres Français.<br />
L’Europe s’est construite sur un charnier<br />
séculaire : le «plus jamais ça» est<br />
notre ciment le plus solide.<br />
Bien avant la seconde guerre mondiale<br />
qui, malgré ou à cause de son<br />
cortège d’atrocités, a été le véritable<br />
déclencheur de la construction européenne,<br />
la fédération des nations était<br />
une sorte d’utopie, que les États-Unis<br />
d’Amérique avaient réalisée. Les nations<br />
d’Europe ont longtemps porté<br />
en leur sein ce désir fédéraliste. <strong>La</strong><br />
France l’a exprimé dès 17 1, devant<br />
l’Assemblée législative, à l’occasion<br />
de la révision de sa Constitution. Et<br />
plus tard, en 1849, lors du Congrès<br />
de la paix de Paris, Victor Hugo a<br />
prononcé un discours vibrant sur les<br />
États-Unis d’Europe : «Un jour viendra<br />
où les armes vous tomberont des<br />
mains, à vous aussi !». En Allemagne,<br />
ce désir s’est exprimé avec L’Essai sur<br />
la paix perpétuelle (179 ) de Kant,<br />
qui est sans doute l’expression la plus<br />
profonde de cette utopie : pour la première<br />
fois, une grande voix clamait<br />
que l’action politique doit être guidée<br />
par des valeurs universellement partageables.<br />
Il aura fallu deux siècles et<br />
de douloureux conflits, dont deux qui<br />
ont engagé les forces du monde entier<br />
et ont fait des dizaines de millions de<br />
morts, pour que cette idée se concrétise<br />
enfin.<br />
Grâce à la volonté de quelques hommes<br />
qui avaient vécu l’horreur indescriptible<br />
de la guerre, avec l’accord<br />
tacite de peuples qui n’aspiraient<br />
qu’à une paix durable, l’Europe a<br />
donc enfin vu le jour. D’abord avec<br />
un traité instituant la Communauté<br />
européenne du charbon et de l’acier<br />
(la CECA), signé à Paris en 19 1.<br />
Puis avec l’acte fondateur de la Communauté<br />
économique européenne<br />
(CEE), signé à Rome en 19 7 par<br />
l’Allemagne, la France, l’Italie et les<br />
trois pays du Bénélux. Le même jour,<br />
les mêmes pays ont signé le traité de<br />
l’Euratom (la Communauté européenne<br />
de l’énergie atomique). L’Europe<br />
de l’économie existait désormais. Elle<br />
s’est vite dotée d’instances institutionnelles<br />
complémentaires pour gérer<br />
la Politique étrangère et de sécurité<br />
(PESC), la Justice et les affaires intérieures<br />
(JAI). C’est l’entrée en vigueur<br />
en 1993 du Traité de Maastricht, dont<br />
la ratification en France a été autorisée<br />
par référendum (avec 1% des voix),<br />
qui marqua le passage de la Communauté<br />
à l’Union Européenne. Il lança<br />
également l’Union économique et<br />
monétaire (UEM) qui conduisit à la<br />
création de l’euro en 2001. Enfin, au<br />
tout début des années 1990, les pays<br />
de l’Union ont commencé à appliquer<br />
la convention de Schengen (signée<br />
par les États membres en 198 ), qui<br />
supprime les contrôles d’identité aux<br />
frontières entre les pays signataires.<br />
Ce sont aujourd’hui des centaines de<br />
millions d’Européens qui partagent<br />
une même monnaie, voyagent, étudient<br />
et même travaillent en toute<br />
liberté dans l’ensemble des pays qui<br />
composent l’Union. Petit à petit, nos<br />
différences (à commencer par celle des<br />
niveaux de vie) s’amenuisent, tandis<br />
que grandit l’idée d’une communauté<br />
de destin, fondée sur l’amitié entre des<br />
peuples qui se sont déchirés dans des<br />
conflits que d’aucuns pensaient inexpiables.<br />
Être Européen a aujourd’hui<br />
un sens concret. C’est un sentiment<br />
d’appartenance que nous serons de<br />
plus en plus nombreux à partager : six<br />
fondateurs en 19 7, neuf membres en<br />
1973, douze en 1986, quinze en 199<br />
et vingt-cinq depuis l’élargissement<br />
de 2004. Le «rêve européen» (Jeremy<br />
Rifkin) d’une Europe s’étendant, comme<br />
l’avait prédit le Général de Gaulle,<br />
de l’Atlantique à l’Oural, n’est plus<br />
tout à fait une utopie.<br />
Dans leur histoire récente, plusieurs<br />
de ces nouveaux pays européens ont<br />
connu des dictatures, la plupart ont<br />
mené ou subi des guerres, mais tous<br />
aspirent maintenant à la paix. C’est<br />
d’ailleurs une condition préalable à<br />
l’adhésion à l’Union. Car les nations<br />
de l’Union partagent les mêmes va-<br />
(suite à la page 13)<br />
sept<br />
7
Pour 4 personnes<br />
8 huit<br />
Une recette de Josette...<br />
LA PIPERADE<br />
(PRONONCER ‘PIPÉRADE’)<br />
<strong>La</strong> piperade c’est le Pays Basque dont elle porte les couleurs : le rouge, le vert et le blanc. Elle est faite de<br />
tomates bien mûres, d’oignons et de ces célèbres piments verts ramenés du Mexique par les navigateurs<br />
de Christophe Colomb. Elle constitue la base indispensable de plats traditionnels tels que le poulet à la<br />
basquaise et le thon à la basquaise mais elle est royale, seule, accompagnée d’œufs frits ou en brouillade et<br />
de belles tranches de jambon… de Bayonne, bien sûr !<br />
<strong>La</strong> piperade est une coquine, elle flirte avec ses voisins du Pays Basque espagnol où on la retrouve plus<br />
épicée et le Béarn à qui elle doit son nom ; «lou piper» en béarnais, c’est ce délicieux piment doux et parfumé<br />
qui lui confère tout son caractère.<br />
À déguster sans se presser, l’été, sous les ombrages des platanes sur une nappe basque.<br />
6 tomates pelées, épépinées et coupées<br />
en morceaux<br />
6 ou 8 piments verts épépinés et<br />
taillés en lanières<br />
2 gros oignons émincés<br />
huile d’arachide ou d’olive<br />
4 gousses d’ail<br />
une branche de thym frais<br />
sel et poivre du moulin<br />
4 belles tranches de jambon de<br />
Bayonne<br />
la couenne ( bordure ) des tranches<br />
de jambon<br />
1. Dans une poêle épaisse, faire blondir les oignons émincés<br />
2. Ajouter les piments. Ils ne doivent pas brûler ni se colorer. <strong>La</strong>isser<br />
mijoter<br />
3. Ajouter les tomates<br />
4. Saler, poivrer<br />
. Ajouter l’ail hâché, le thym et la couenne pour parfumer<br />
6. <strong>La</strong>isser mijoter 30 à 40 minutes. <strong>La</strong> piperade est prête lorsque l’eau<br />
des tomates est évaporée<br />
7. Retirer la couenne<br />
8. Ajouter de l’ail frais hâché<br />
Servir avec des œufs frits et des tranches de jambon à peine poêlées<br />
ou bien<br />
Casser des œufs, ( 2 ou 3) les battre en omelette et les verser dans la<br />
piperade pour faire une brouillade.
« Adieu, jusqu’au revoir »<br />
Lorsque Jason m’a contactée pour écrire cet article<br />
pour cette ultime gazette, je dois reconnaître que<br />
j’ai été fort perplexe. Premièrement, parce que le<br />
thème tournait autour des adieux et que je déteste<br />
cet instant où tout finit. Cela me laisse toujours un<br />
goût amer dans la bouche et me fait, en général,<br />
déprimer. Ensuite, parce que dire adieu ne donne pas<br />
lieu à toute une réflexion. On se dit adieu, point final.<br />
Tout du moins, telle est mon opinion. Alors, plutôt<br />
que de donner le bourdon à toute l’école française et<br />
donner l’impression que j’ai pris la mouche (et non<br />
le moustique), j’ai choisi d’aborder le sujet sous un<br />
autre angle.<br />
Je me suis d’abord dit que je pourrais profiter de cet<br />
écrit pour vous enseigner les différentes façons de<br />
dire «au revoir» dans tous les dialectes que compte<br />
la Francophonie (le thème de l’année à venir). Ainsi,<br />
vous seriez préparés et je n’aurais pas l’impression<br />
d’avoir travaillé en vain. Mais, mon distingué collègue<br />
- et néanmoins ami - Pascal Somé m’aurait<br />
certainement reproché l’oubli de certains parlers<br />
obscurs de son Burkina Faso natal. J’ai donc dû abandonner<br />
cette idée.<br />
J’aurais également pu vous faire un résumé succinct<br />
de ce que fut pour vous cette session : la chaleur, les<br />
moustiques, les devoirs à rendre, les machines à laver<br />
en panne d’Atwater, les exploits culinaires de Proctor,<br />
l’odeur des vaches certains matins et/ou soirs,<br />
les bons moments passés entre amis autour d’un ou<br />
de plusieurs verres, les spectacles, le temps qui passe<br />
à une vitesse folle, j’en passe et des meilleurs….<br />
Mais là encore, j’aurais sans doute passé sous silence<br />
quelque expérience que l’on m’aurait reprochée plus<br />
tard. Encore une idée non retenue.<br />
Et puis, Samedi, tel Paul Claudel dans sa cathédrale,<br />
une soudaine illumination me vint à la bibliothèque<br />
en redécouvrant cette citation de notre Jean-Baptiste<br />
Poquelin national, j’ai nommé Molière : « Adieu,<br />
jusqu’au revoir». J’avais enfin trouvé la trame de cet<br />
article. Je ne disserterai pas pendant des heures<br />
sur les adieux de <strong>Middlebury</strong>, un peu à l’image des<br />
adieux de Fontainebleau par Napoléon. Non, au lieu<br />
de cela, j’évoquerai l’espoir que, un jour ou l’autre,<br />
nous nous reverrons. 1<br />
Cet article se veut donc résolument optimiste et<br />
porteur des meilleurs vœux de réussite pour cette<br />
année scolaire nouvelle qui s’ouvre. Ainsi, quoi que<br />
vous fassiez après la session, lorsque vous quitterez<br />
cette bulle «<strong>Middlebury</strong>enne» dans laquelle vous<br />
vivez depuis environ sept semaines (six pour les plus<br />
chanceux d’entre vous), que vos rêves les plus fous se<br />
réalisent et nous espérons qu’un jour ou l’autre, nos<br />
chemins se croiseront de nouveau. Jusque là, donc,<br />
«Adieu, jusqu’au revoir».<br />
1 Référence à une chanson de Charles Aznavour<br />
Barbara SICOT-KOONTZ<br />
Tous les ans, l’École française décerne le PRIX FRIEDA DERDEYN BAM-<br />
BAS, du nom de la personne qui subventionne ce prix, à l’étudiante ou<br />
l’étudiant de Maîtrise qui a démontré au cours de sa scolarité avec l’École<br />
un niveau d’excellence en étude littéraire.<br />
Je suis très heureuse de vous annoncer que cette année l’heureuse bénificiaire<br />
de ce prix est Ruth Shinenge GYUSE, étudiante en quatrième année<br />
de Maîtrise, en reconnaissance de son travail de grande qualité dans les<br />
nombreux cours de littérature qu’elle a suivis au fil de ses étés à l’École française.<br />
Ce prix sera publiquement annoncé lors du Banquet final de l’École<br />
française le jeudi 17 août et lui sera officiellement remis lors de la cérémonie<br />
des diplômes le 18 août à Mead Chapel.<br />
neuf<br />
9
<strong>La</strong> page des débutants<br />
Très bientôt, vous rentrerez chez vous, après sept semaines intensives d’études et d’activités. Nous savons<br />
qu’il vous sera difficle de parler anglais (vous l’avez peut-être même oublié !), donc nous vous donnons<br />
quelques mots de vocabulaire et expressions pour que votre retour chez vous soit plus facile.<br />
LES MOYENS DE TRANSPORT<br />
une voiture un bus un avion un train<br />
QUELQUES EXPRESSIONS UTILES<br />
lever le pied : ralentir<br />
rouler au pas : avancer lentement<br />
appuyer sur le champignon : accélerer<br />
boîte de vitesses manuelle : presque toutes les voitures européenes sont équipées...la voiture est dotée d’un embrayage<br />
activé avec le pied<br />
faire de l’autostop/faire du stop : attendre que quelqu’un s’arrête pour monter dans sa voiture<br />
décoller : s’envoler, quitter le sol (idem)<br />
atterrir : se poser sur le sol (pour un avion ou un hélicoptère)<br />
composter : valider un billet de transport<br />
acheter un billet pour : un aller simple, un aller-retour<br />
avoir le mal de l’air : être malade en avion<br />
avoir mal au coeur/avoir la nausée : être malade en voiture et/ou en avion<br />
Et quelques conseils, pour les futurs débutants...<br />
1. Ne parlez pas en anglais !<br />
2. Écoutez vos professeurs !<br />
3. Soyez toujours ponctuels en classe et n’appelez jamais votre professeur “ vache” ! C’est de l’impolitesse !<br />
4. Prenez le temps de parler avec les autres étudiants ! Vous n’avez aucune raison d’être timide ou d’avoir<br />
peur. Tout le monde à <strong>Middlebury</strong> est très gentil et disposé à vous aider.<br />
. Allez à la pâtisserie-boulangerie “ Otter Creek Bakery”, vous y trouverez de la cuisine incroyable !<br />
6. Sachez que le temps passe à une vitesse folle!<br />
7. Veuillez apprendre le français ! Autrement, ne soyez pas ici !<br />
8. Appelez votre père et votre mère. Vous leur manquez !<br />
9. Achetez quelques livres en français ou empruntez quelques livres à la bibliothèque !<br />
10. Couchez-vous à une heure raisonnable !<br />
11. Croyez en vous et vous réussirez !<br />
12. Sachez que c’est normal pour les débutants !<br />
13. Surtout, amusez-vous à <strong>Middlebury</strong> !<br />
10 dix
Les Murs de Ma Chambre<br />
Les murs dans ma chambre me ressemblent.<br />
Je me suis mis sur les murs et je le vois.<br />
Je vois optimisme et j’ai clairvoyance<br />
Grâce à Magritte et sa peinture.<br />
Un oiseau d’un œuf est la pensée correcte.<br />
Sous, Jules et Vincent voient dur<br />
Mais ce n’est que mon rêve de Fiction.<br />
Je ne suis pas un Wise Guy sauf déterminé.<br />
À côté de, trois personnes s’asseyent sans parler.<br />
Parfois je suis comme Hopper et ses Night Hawks,<br />
Et j’apprécie les moments où je peux réfléchir.<br />
quelques photos du cabaret...<br />
Par-dessus, Dino m’offrit sa boisson avec un sourire.<br />
Comme toujours, je dis « oui » et me sentir frais.<br />
Je veux la confiance et style du Rat Pack.<br />
Je ne suis pas une rebelle sans cause, mais<br />
Irvine Welsh me fait rire à l’idée<br />
Que je pourrais être comme un Trainspotter.<br />
Finalement, je suis dans mes murs avec<br />
Mon lignage. Je vois un drapeau du pays de Galles<br />
Et un grand produit et exportation de St. James’s Gate.<br />
Je me montre avec les choses que j’aime.<br />
Pas tous, mais c’est la vérité simple de qui je suis.<br />
Owen PHILLIPS<br />
onze<br />
11
Mettons un peu de poésie...<br />
12<br />
douze<br />
...dans les mots de tous les jours<br />
…et pour finir provisoirement cette liste d’expressions idiomatiques qui ne demanderait qu’à continuer, mettons<br />
en vrac celles qui nous semblent les plus croustillantes, les plus «à propos» , les plus efficaces pour épater<br />
vos amis français quand vous viendrez les rencontrer en France, à Paris, à Aix , à Montpellier, à Reims,<br />
à Bordeaux ou …aux États-Unis, surprendre vos collègues enseignants ou peut-être tout simplement parler<br />
à un pauvre français perdu dans le grand désert du Colorado ou dans la jungle des villes de Chicago, New<br />
York, Los Angeles ou encore Philadelphie. Bref, apprenez-les par cœur et brillez en sachant les employer à<br />
bon escient dans la conversation, c’est « tout le mal » que je vous souhaite... bon voyage !<br />
Ange<br />
Être aux anges (être très heureux/<br />
heureuse)<br />
Aise<br />
À l’aise Blaise ! (être bien dans ses<br />
baskets, «cool», tranquille)<br />
As<br />
Tu es un as ! (être le meilleur)<br />
Baba<br />
J’en suis baba ! (ça m’étonne !)<br />
Barbe<br />
Quelle barbe, c’est la galère ! (dire de qqch que c’est très<br />
ennuyeux à faire)<br />
Baskets<br />
Lâche-moi les baskets ! (laisse moi tranquille/fiche-moi la<br />
paix [familier])<br />
Beurre<br />
Mettre du beurre dans ses épinards ! (dépenser plus<br />
d’argent que d’habitude)<br />
Tu veux le beurre et l’argent du beurre ! (vouloir gagner<br />
sur tous les tableaux)<br />
Boire<br />
Tu bois comme un trou ! (boire trop – c’est un reproche !)<br />
Bouche<br />
On ne parle pas la bouche pleine ! (c’est incorrect de parler<br />
en mangeant même si depuis le début de la session c’est ce<br />
que nous faisons, nous, les profs à Proctor !)<br />
Bouffe<br />
J’ai bien bouffé ! (J’ai bien mangé [familier])<br />
J’ai envie d’une bonne bouffe ! (avoir envie de bien manger)<br />
Boulot<br />
Métro, boulot, dodo ! ? ([dicton datant de 1968] la vie est<br />
monotone)<br />
Branché<br />
Tu es branché toi ! (tu es à la mode)<br />
Cerise<br />
C’est la cerise sur le gâteau ! (C’est un comble ! C’est le petit<br />
détail qui fait que la situation est parfaite en bien comme<br />
en mal)<br />
Christine GUYOT-CLÉMENT<br />
Chandelle<br />
Brûler la chandelle par les deux bouts (travailler et faire la<br />
fête en même temps)<br />
Chaud<br />
Ça va être chaud ! (ça craint [familier] / ça va être dur)<br />
Ça me fait ni chaud ni froid (ça m’est égal / indifférence)<br />
Clair<br />
C’est clair comme de l’eau de roche ! (c’est limpide, on<br />
comprend bien l’expression verbale ou écrite)<br />
Dalle<br />
Je pige que dalle ! (je ne comprends rien [familier])<br />
J’ai la dalle ! [familier] (j’ai faim, très faim)<br />
Eau<br />
Notre projet est tombé à l’eau !? (notre projet n’a pas<br />
réussi)<br />
Gaffe<br />
Fais gaffe (fais attention)<br />
<strong>La</strong>ngue<br />
Alors tu as perdu ta langue ! (Pourquoi tu ne parles plus !)<br />
J’hallucine ! / Je n’en reviens pas / Cela me surprend<br />
Ce dernier verbe est LE verbe le plus employé par les<br />
jeunes Français en 2006
(suite de la page 7)<br />
leurs et les mêmes aspirations profondes.<br />
Ainsi, tout pays souhaitant<br />
adhérer à l’Europe doit vivre en<br />
démocratie, respecter les droits de<br />
l’homme et ne pas appliquer la peine<br />
de mort, veiller à l’égalité entre les<br />
femmes et les hommes, adhérer aux<br />
conventions internationales majeures<br />
et estimer que la liberté religieuse est<br />
un principe fondamental. Ce sont des<br />
valeurs qui permettent aux individus,<br />
mais aussi aux nations, de vivre en<br />
paix. Nous les avons choisies ensemble,<br />
nous y adhérons profondément. Il<br />
n’est pas impensable que ces valeurs<br />
s’universalisent petit à petit…<br />
Ce n’est en tout cas pas un hasard si<br />
la France et l’Allemagne ont été les<br />
premiers pays, dans leur processus de<br />
pacification, à les avoir partagées. <strong>La</strong><br />
coopération bilatérale entre les deux<br />
pays a débuté en 19 8, sous la présidence<br />
française de Charles de Gaulle<br />
et alors que Konrad Adenauer était<br />
chancelier de la République fédérale<br />
allemande. Le lien de confiance et de<br />
respect entre ces deux hommes a joué<br />
un rôle décisif dans la formation de<br />
l’amitié franco-allemande : le Traité<br />
de l’Élysée, signé en 1963, a officialisé<br />
la réconciliation et le rapprochement<br />
entre nos deux peuples. Aujourd’hui,<br />
alors que l’idée même d’une guerre<br />
entre ces deux pays – modernes Atrides<br />
– est devenue une incongruité,<br />
il nous arrive souvent de parler du<br />
«moteur franco-allemand». Et pour<br />
cause : les Conseils des ministres<br />
franco-allemands, qui se réunissent<br />
désormais deux fois par an, donnent<br />
une impulsion au plus haut niveau à<br />
cette coopération bilatérale au sein<br />
de l’Europe. Ce partenariat privilégié<br />
permet de tester à petite échelle<br />
ce que la Communauté européenne<br />
pourra ensuite proposer à ses vingtcinq<br />
États membres.<br />
<strong>La</strong> France et l’Allemagne partagent<br />
plus que des valeurs : elles partagent<br />
une histoire. Lorsque j’étais en charge<br />
des relations internationales au cabinet<br />
du ministre de l’Éducation na-<br />
tionale, de l’Enseignement supérieur<br />
et de la Recherche, j’ai eu l’occasion<br />
de préparer trois Conseils des ministres<br />
franco-allemands qui, pour ce<br />
qui concerne l’éducation secondaire,<br />
avaient pour priorité l’édition d’un<br />
manuel d’histoire franco-allemand.<br />
Et non franco-allemande, la nuance<br />
est importante : il ne s’agissait pas en<br />
effet d’écrire une histoire franco-allemande,<br />
mais bien de présenter une<br />
vision commune d’une histoire commune.<br />
Lorsque ce manuel m’a été<br />
présenté, j’ai évidemment pensé à<br />
cette photographie inoubliable, prise<br />
à Verdun en septembre 1984, sur<br />
laquelle on voit le Président François<br />
Mitterrand et le Chancelier Helmut<br />
Kohl se tenir solennellement et amicalement<br />
par la main, incarnant pour<br />
ainsi dire presque physiquement le<br />
lien qui, désormais, unit deux pays<br />
frères. Cette image, qui est devenue<br />
un symbole de la réconciliation, et ce<br />
manuel d’histoire, transmettent cette<br />
aspiration fondamentale de «paix<br />
perpétuelle », que partagent toutes les<br />
nations de l’Union européenne.<br />
Au sein de cette Europe multiple, tous<br />
nos pays n’ont pas la même histoire,<br />
mais tous partagent les mêmes valeurs.<br />
Ce qui, me semble-t-il, est plus<br />
essentiel encore que de partager des<br />
traditions. Lorsque la question de<br />
l’adhésion de la Turquie à l’Union s’est<br />
posée, celle des frontières de l’Europe<br />
a aussitôt surgi, d’aucuns soutenant<br />
que la Turquie, faute de faire partie<br />
de l’Europe géographique, ne pouvait<br />
faire partie de son organisation<br />
politique. <strong>La</strong> division de la surface<br />
terrestre en continents est communément<br />
admise : mais où se situent précisément<br />
les limites de l’Europe ? À<br />
l’Ouest, la Grande-Bretagne, l’Irlande,<br />
l’Islande sont-elles géographiquement<br />
européennes ? Au Sud, que dire de<br />
Malte et de Chypre ? Quant au bloc<br />
eurasien, est-il européen ou oriental ?<br />
Bref, les frontières sont-elles naturelles<br />
(c’est-à-dire intangibles), ou au moins<br />
en partie culturelles (et donc, comme<br />
telles, susceptibles d’évolutions) ?<br />
En d’autres termes, qu’est-ce que<br />
l’Europe ? Des pays qui occupent<br />
géographiquement le continent européen,<br />
ou une fédération de nations<br />
qui partagent le même mode de vie,<br />
les mêmes traditions et les mêmes aspirations<br />
? Je crois pour ma part que<br />
l’Europe est, en effet, une fédération<br />
de nations qui aspirent à un futur<br />
apaisé, en démocratie, où les droits<br />
de tous les citoyens seront respectés.<br />
Si l’on accepte ces prémisses, qu’estce<br />
qui s’oppose alors à ce que l’Union<br />
de l’Europe déborde des frontières de<br />
son territoire ? <strong>La</strong> Turquie la rejoindra<br />
sans doute, l’Ukraine et d’autres États<br />
de la Fédération de Russie peut-être.<br />
Et pourquoi pas, un jour, le Canada à<br />
l’Ouest et le Maghreb au Sud ? Pourquoi<br />
pas Israël ? Nous serons alors bien<br />
en peine de délimiter les contours de<br />
l’Europe, car l’Europe grossira d’ellemême,<br />
à cause du désir qu’elle saura<br />
faire naître, accueillant en son sein<br />
ceux qui veulent adhérer aux valeurs<br />
et à la citoyenneté européennes. Car,<br />
«Consciente de son patrimoine spirituel<br />
et moral, l’Union se fonde sur les<br />
valeurs indivisibles et universelles de<br />
dignité humaine, de liberté, d’égalité<br />
et de solidarité ; elle repose sur le<br />
principe de la démocratie et le principe<br />
de l’État de droit. (Préambule de la<br />
Constitution). Elle se caractérise par<br />
«le pluralisme, la non-discrimination,<br />
la tolérance, la solidarité et l’égalité<br />
entre les femmes et les hommes»<br />
(art. I-2). «Liberté, égalité, solidarité»<br />
pourrait un jour devenir la devise de<br />
l’Europe…<br />
Et pour ceux qui ont peur de voir plus<br />
de 70 millions de citoyens turcs, en très<br />
grande majorité musulmans, nous rejoindre,<br />
rappelons que la Constitution<br />
dont l’Union veut se doter et se dotera<br />
nécessairement reconnaît l’héritage<br />
religieux, mais est d’abord fondée sur<br />
le principe de laïcité. Je crois qu’à long<br />
terme, seul ce concept, qui garantit la<br />
liberté de croire (ou de ne pas croire)<br />
et reconnaît la libre pratique des religions,<br />
peut apaiser les conflits reli<br />
(suite à la page 19)<br />
treize<br />
13
étapes dans le travail d’ecriture<br />
Écrire, n’est-ce pas aussi et surtout réécrire, réécrire et sans cesse réécrire ? Voici quelques textes d’étudiants du 3411<br />
«Écrire» qui ont accepté de partager avec vous une étape dans l’écriture d’un de leurs textes.<br />
UNE HISTOIRE FICTIVE À PROPOS DE FREUD<br />
Un jour en Autriche, au XIXe siècle, il y avait un petit garçon<br />
malheureux qui s’appelait Sigmund. À l’école primaire, les autres<br />
enfants n’aimaient pas jouer avec Sigmund. Il jouait avec ses copains,<br />
mais quand il a fait des commentaires sur l’homosexualité<br />
latente dans leur jeu de football, ils ont cessé de jouer avec lui. Il<br />
jouait avec ses copines, mais quand une fille a proposé de faire<br />
semblant d’être la mère et lui a demandé de faire semblant d’être<br />
le père, il a répondu, « Pourquoi jouer les remplaçants ? C’est<br />
ton vrai père que tu veux épouser. Mais n’oublie pas de tuer ta<br />
mère d’abord. » Après cela, les filles aussi refusaient de jouer<br />
avec Sigmund.<br />
Pauvre Sigmund ! C’est dur d’apprécier la vie quand personne<br />
ne vous aime ! Il essayait cependant de garder une attitude positive.<br />
Il travaillait bien à l’école. Il fréquentait une école de langue<br />
d’été pour améliorer son anglais. C’était une école très célèbre.<br />
Elle se trouvait dans une petite ville en Autriche qui s’appelle<br />
Middleburg.<br />
Un jour, Sigmund est allé au marché et y a découvert une grande<br />
boîte mystérieuse. <strong>La</strong> vendeuse lui a dit qu’elle servait à traverser<br />
le temps. Parce que le soir précédent, il avait rêvé d’une<br />
jeune femme qui ressemblait à cette vendeuse, Sigmund a acheté<br />
la grande boîte mystérieuse et l’a rapportée chez lui. Il est<br />
entré dans la boîte, et quand il en est sorti, il se trouvait au XXIe<br />
siècle.<br />
D’abord, toutes les nouvelles choses qu’il voyait l’intimidaient,<br />
mais après quelques mois, il appréciait les machines à café, les<br />
réfrigérateurs, le système d’égouts, la télévision. Il riait chaque<br />
fois qu’il pensait à ses contemporains encore au XIXe siècle.<br />
Sigmund a vu une photo de New York City. Il aimait bien le<br />
symbolisme phallique des gratte-ciel. Il a alors déménagé à New<br />
York. Grâce à la formation reçue à l’école de langue d’été, il pouvait<br />
communiquer parfaitement en anglais. Sigmund a passé<br />
le reste de sa vie à Brooklyn. Il est devenu psychanalyste, un<br />
psychanalyste vivant avec contentement dans l’opulence.<br />
CAUCHEMAR À PARIS<br />
Kayla ANDREWS<br />
Ce matin-là, nous nous sommes réveillés tôt pour voir la<br />
ville. Le soleil brillait dans les rues où les Parisiens marchaient<br />
vite et parlaient avec leurs amis. Nous allions voir une vieille<br />
tante de mon mari, Paul. Paul n’avait jamais rendu visite à cette<br />
tante en France ; il l’avait vue seulement quand elle était venue<br />
aux États-unis pour voir sa famille. Je ne l’ai jamais rencontrée.<br />
C’était elle qui nous avait invités à séjourner dans ce petit hôtel<br />
parisien, près d’elle.<br />
Avant de quitter l’hôtel, nous avons vu une vieille dame<br />
en train de se disputer avec l’hôtesse. « Tante Amélie ? » Paul<br />
a-t-il dit. <strong>La</strong> dame, qui portait une robe noire et un grand chapeau<br />
avec une plume de paon, s’est retournée et s’est exclamée,<br />
14 quatorze<br />
« Paul, mon petit ! » Elle était sur la pointe des pieds pour lui<br />
donner trois bises sur les joues.<br />
Paul a pris ma main : « Tante Amélie, je vous présente<br />
ma femme, Joanna. »<br />
Elle m’a regardée avec les yeux écarquillés. « Quelle jolie<br />
femme ! Et maintenant, je vais vous montrer Paris ! » s’est-elle<br />
écriée, et le cauchemar a commencé.<br />
Elle n’écoutait pas nos explications que nous voudrions simplement<br />
nous promener, regarder les Parisiens et prendre du café<br />
dans les rues de Paris. Elle supposait que nous étions comme<br />
tous les touristes américains. Au début, elle nous a amenés à la<br />
Tour Eiffel. Mon mari et moi avons essayé de lui expliquer que<br />
j’avais une peur terrible des hauteurs, mais elle a dit que tout le<br />
monde adorait le symbole de Paris. Nous avons pris l’ascenseur,<br />
et au sommet, j’ai couvert les yeux avec les mains. Tante Amélie<br />
a crié que j’agissais comme un bébé. À ce moment-là, il a commencé<br />
à pleuvoir. Trempée et toute tremblante, j’ai soupiré de<br />
soulagement quand nous sommes redescendus.<br />
Paul a suggéré que nous trouvions un restaurant pour<br />
prendre le déjeuner. Quand nous sommes arrivés au restaurant,<br />
Amélie a insisté pour faire la commande. Elle voulait que<br />
nous essayions de nouvelles entrées, et bien que je lui aie dit<br />
que j’étais végétarienne, elle m’a commandé de la viande. Elle<br />
m’a dit qu’elle n’avait jamais entendu dire qu’une personne<br />
pouvait manger seulement des légumes et continuer à vivre.<br />
Elle m’a demandé d’essayer du lapin et du mouton. J’ai quitté<br />
le restaurant sans rien manger. À la fin de la soirée, elle est<br />
revenue avec nous à l’hôtel et a commencé encore à se disputer<br />
avec l’hôtesse. Elle a dit que nous avions besoin de la meilleure<br />
chambre de l’hôtel. Finalement, l’hôtesse nous a demandé de<br />
partir. Nous devions dormir sur le plancher de l’appartement<br />
d’Amélie. Ce n’était pas une bonne nuit ! Le jour suivant, Paul<br />
a parlé avec Amélie pendant un long moment. À la fin, elle a<br />
dit qu’elle espérait nous rendre visite bientôt en Amérique. Je<br />
souriais. Dans l’avion, j’ai demandé à Paul de promettre qu’il<br />
s’occuperait de sa tante si elle venait.<br />
LE DERNIER AMOUR DE PICASSO<br />
Lola GRILLO<br />
Demoiselle au long cou, à quoi penses-tu? Tu as
l’air de contempler un jardin de roses en fleur. Celles-ci sont<br />
fragiles mais peut-être ne sont-elles pas aussi fragiles que<br />
toi. Tu regardes par la fenêtre, mais tes yeux ne sont pas fixés<br />
sur le paysage. Tu as le regard perdu. D’horribles pensées te<br />
dérangent-elles ? Ton visage blanc et impénétrable est rigide.<br />
Ta posture rappelle les hiéroglyphes égyptiens et te donne<br />
l’air d’une princesse—mais pas une princesse vivante. Je peux<br />
t’imaginer en l’an 2000 avant Jésus Christ, assise sur le trône<br />
dans une salle construite en pierre. Les voix sourdes de tes<br />
conseillers résonnent lorsque ceux-ci attendent ton signe. Tu<br />
n’es pas pressée de leur donner une réponse. C’est une guerre<br />
qu’ils voudraient commencer ou peut-être voudraient-ils arranger<br />
ton mariage ! Comment pourraient-ils savoir que ton<br />
amour a déjà été donné à un autre. Et quel autre alors ! C’est<br />
un artiste de ton royaume. Tu as fait sa connaissance il y a trois<br />
ans quand tes conseillers l’ont engagé pour faire ton portrait<br />
à l’occasion de ton vingtième anniversaire. Il était marié et tu<br />
étais princesse—mais votre amour ne pouvait pas être étouffé.<br />
Tu gardes les pensées de ce profond amour même à l’intérieur<br />
de ta cour. Mais le trône n’est pas un bon siège pour ces sentiments.<br />
Ton dieu t’a dessinée avec une intention spécifique.<br />
Il t’a donné un pouvoir incontestable. Ta présence force le<br />
respect. Tu es douce, sage, et gentille. De plus, tu es belle.<br />
C’est pour cela que tes sujets t’adorent. Mais qu’as-tu dit ? Il<br />
me semble que tu me caches quelque chose. N’y a-t-il pas une<br />
larme sur ta joue ? Tu me dis que c’est seulement une ombre.<br />
C’est vrai que la lumière dans cette salle transforme les formes<br />
et rend la réalité plus étrange. <strong>La</strong> lumière produit des trompel’oeil<br />
dont tu formes une partie. Mais où est-il, ton cher artiste?<br />
Tu attends. Tu l’attends. Sans ton amant, le temps passe très<br />
lentement. Il est dans une chambre souterraine. Il crée un<br />
nouveau chef-d’œuvre. Es-tu son sujet ? Ou en a-t-il choisi un<br />
autre ? Les fleurs de ton jardin n’ont pas les réponses que tu<br />
cherches. Tu es comme une femme sculptée en pierre. Tu es<br />
immobile. Tu es belle. Tu attends.<br />
LE CRÉPUSCULE<br />
Kerry HARTMAN<br />
Le ciel a commencé à s’assombrir. <strong>La</strong> nature agissait comme<br />
si elle voulait me capturer : elle montrait toute la beauté des<br />
feuilles sur terre aux nuages dans les cieux. <strong>La</strong> lourde chaleur<br />
qui nous avait épuisés tout la journée diminuait. Sous mes<br />
pieds la fraîcheur de l’herbe m’apporterait un calme qui transcendait<br />
toute raison en m’obligeant à oublier les complexités<br />
de la mondialisation, du cinéma, et de la grammaire. <strong>La</strong> soie<br />
verte caressait la peau délicate de mes pieds ; avec chaque pas<br />
les détails du jour disparaissaient, comme si les brins les absorbaient.<br />
L’élégante fleur coincée entre mes orteils m’éblouit ; j’étais<br />
heureuse qu’elle m’ait choisie pour partager sa beauté. Tout à<br />
coup j’ai vu, comme si c’était pour la première fois, la multitude<br />
des petites fleurs blanches qui dansait autour de mes doigts de<br />
pieds, chatouillée par la brise qui roucoulait dans mes oreilles.<br />
Le souffle suave accouplé avec la douce mélodie des grillons<br />
invisibles et des moustiques ennuyeux me rassasiait. Deux lucioles<br />
quittaient leurs maisons d’arbres et leurs rêves, se réveillaient<br />
avec la nuit en pétillant comme les étoiles, car toutes les<br />
deux avaient fui le soleil toute la journée. Mais elles sortaient<br />
avec la lune et restaient inaccessibles pour moi.<br />
Le gentil bruit causé par la danse entre les feuilles et la brise<br />
c’était comme la voix de Dieu dans ce coin de paradis sur la<br />
terre disant « Bonsoir, je t’aime ». Les cris joyeux et sauvages de<br />
gamines en chassé-croisé flottaient depuis les champs lointains,<br />
en se mélangeant avec la subtile présence de Dieu.<br />
À côté de moi la forêt était comme un grand bataillon de<br />
soldats impressionnants qui gardaient la frontière entre la terre<br />
verdoyante et le ciel changeant et coloré. Les branches allongées<br />
maintenaient cette frontière, laissant seulement les rayons<br />
du soleil la traverser et les spectateurs la regarder avec admiration.<br />
Le soleil était mon meilleur ami à ce moment-là ; il me<br />
caressait avec ses rayons de couleurs vibrants : le blanc le plus<br />
pur, le doux bleu, l’or fascinant, l’orange si frais que je pouvais<br />
le manger, le gris presque à ma portée, le rouge brûlant, et<br />
toutes les couleurs mélangées.<br />
<strong>La</strong> paix qui existait dans ce monde-là me plaisait et je voulais<br />
crier, danser, chanter et gambader pour signaler que j’acceptais<br />
la réanimation et tout ce que la nature m’avait donné. J’ai commencé<br />
à chanter. <strong>La</strong> nature était heureuse comme si elle avait<br />
gagné un prix : en fait, elle a reçu mon âme et l’a menée aux<br />
cieux avec le crépuscule.<br />
Michèle HERNANDEZ<br />
LA PLUS BELLE FEMME DU MONDE<br />
Quand on la regarde, c’est évident qu’elle est la plus belle<br />
femme du monde. Elle mesure 1,66 mètre. Elle est très mus-<br />
(suite à la page 17)<br />
quinze<br />
1
16<br />
<strong>La</strong> page des Jeux<br />
les mots croisés : les parties du corps<br />
(vous trouverez les réponses au bas de la page)<br />
1. On écoute la télé avec ces deux-là<br />
2. Ils servent à frapper sur un ballon<br />
3. Elles rougissent quand on a froid<br />
4. Il pousse au bout du doigt<br />
. Elle sert à parler et manger<br />
6. Un doigt de pied<br />
réponses aux mots cachés de la semaine dernière<br />
Il relie la France à l’Angleterre : tunnel sous la manche.<br />
seize<br />
7. Il nous aide à lire cette question<br />
8. Le petit renne a celui-là très rouge<br />
9. On peut montrer quelque chose avec lui<br />
10. À peigner pour qu’ils soient beaux<br />
11. Les filles mettent parfois du rouge sur celle-ci<br />
12. Elles nous aident à courir un peu partout<br />
1. oreilles 2. pieds 3. joues 4. ongle 5. bouche 6. orteil 7. oeil 8. nez 9. doigt 10. cheveux 11. levre 12. jambes
(suite de la page 15)<br />
clée. <strong>La</strong> brutalité du travail a sculpté ses biceps et ses mollets<br />
; ils sont aussi durs que les pierres. Sa peau, douce et lisse<br />
comme le satin, couvre chaque membre de son corps comme<br />
une couverture confectionnée par les mains de Dieu. Sa peau,<br />
couleur d’ébène, avait été caressée par le soleil de midi. Ses<br />
plantes de pieds, dures, qui n’ont jamais connu de chaussures,<br />
sont sales de la poussière des champs mêlée à son propre sang.<br />
Le sang de ses pieds se mélange avec celui qui coule de son<br />
dos. Son dos est une carte de sa vie où sont gravées les rues<br />
de la liberté que sont les blessures et les cicatrices laissées par<br />
le fouet. Son sang est comme de la colle qui tient les lambeaux<br />
d’une robe blanche brillante contre son corps.<br />
Le col de cette robe enveloppe un long cou marqué par les<br />
empreintes d’une corde. Comme un voile de la couleur de la<br />
misère, ses cheveux gris touchent ses épaules et caressent son<br />
cou.<br />
Son corps contraste avec son visage. Ses lèvres, couleur café<br />
crème, sont légèrement mouillées par les larmes qui coulent<br />
de ses yeux. Ses larmes, perles de vie, s’échappent une à une<br />
des yeux qui sourient. Les yeux de cette belle femme sont les<br />
seuls souvenirs d’un père qui haïssait la simple pensée de son<br />
existence. Elle est le produit de la haine, de la jalousie, et de<br />
l’ignorance, mais elle a un sourire qui montre sa fierté. Ce<br />
sourire réchauffe le cœur de son peuple, mais il inquiète celui<br />
de son oppresseur. Pour cet oppresseur, elle est comme le Rubik<br />
cube qu’il est presque impossible de comprendre et même<br />
s’il la brisait c’est lui qui serait le perdant.<br />
Cette femme debout est la huitième merveille du monde. Elle a<br />
donné naissance à un peuple : les Noirs des États-Unis. Esclave<br />
du 19ème siècle, elle a été battue en vain. Elle est plus qu’un<br />
conquérant ! Quand on la regarde, elle est comme Cendrillon:<br />
son histoire de souffrance est la marraine qui fait d’elle la plus<br />
belle femme au bal du siècle.<br />
LETTRE AU PRÉSIDENT<br />
Monsieur le Président des États-Unis d’Amérique,<br />
Evette LANG<br />
J’ai l’honneur de vous faire remarquer que les États-Unis sont<br />
en train de perdre leur position de puissance mondiale à cause<br />
de notre propre ignorance, mais vous pouvez nous sauver si<br />
vous agissez très vite ! Tous les enseignants américains, y compris<br />
ceux qui ont formé vos enfants, ont besoin de votre aide.<br />
Nous sommes surmenés et sous-payés, mais nous sommes<br />
aussi les personnes les plus importantes dans la société américaine<br />
et il est temps que nous soyons mieux rémunérés. Sans<br />
nous qui enseignons à chaque élève aux États-Unis, il n’y aurait<br />
pas de médecins, de pompiers, d’avocats, etc. Sans nous, où<br />
seriez-vous ? Les enseignants sont la fondation de notre pays<br />
et il semble que nous soyons traités comme des chiens ? Je sais<br />
que vous êtes un homme très intelligent qui fera ce qui est bon<br />
pour l’avenir de votre pays !<br />
J’exige que vous établissiez un taux de rémunération national<br />
pour les enseignants qui travaillent dans les écoles primaires,<br />
les collèges, et les lycées. Je comprends que l’indice du coût de<br />
la vie varie en fonction des différentes régions de notre pays,<br />
alors je suggère que vous éleviez les taux annuels déjà existants<br />
de $1,000 à $ ,000. Nous avons répondu présents quand vous<br />
nous avez demandé de mieux former les élèves. Nous avons<br />
passé plusieurs heures après et avant la journée d’école pour<br />
aider les élèves qui avaient besoin d’une aide complémentaire<br />
et leurs scores d’examen nationaux se sont et continuent à<br />
s’améliorer d’année en année. Nous avons répondu à votre appel.<br />
Maintenant, vous devez faire quelque chose pour nous. Il<br />
est regrettable qu’il y ait, dans notre société, un grand nombre<br />
d’enseignants qui gagnent moins qu’un éboueur. Si nous devons<br />
dépenser plus de cent mille dollars pour obtenir l’excellente<br />
formation que vous attendez de nous, nous devrions recevoir<br />
une compensation juste dans notre emploi. En plus du taux<br />
national, je demande que nous recevions au moins deux semaines<br />
de congés payés, l’assurance médicale libre, et un remboursement<br />
d’au moins cinquante pour cent de nos dépenses<br />
de formation universitaire afin qu’il y ait des enseignants de<br />
bonne qualité dans le futur, qu’ils aient la possibilité de rester<br />
de bonne humeur toute l’année et d’aller chez le médecin<br />
quand leurs élèves leur transmettent leurs maladies. Je suis<br />
sûre que votre femme serait également d’accord avec nous !<br />
Monsieur le Président, soyez compatissant et raisonnable, et<br />
n’oubliez pas ce que vos enseignants vous ont apporté, quand<br />
vous prendrez la décision de nous donner ce qui nous est dû.<br />
Mes sentiments les plus respectueux,<br />
PETITE ANNONCE<br />
Rischelle BAYLESS<br />
Si vous habitez près de Philadelphie et/ou cherchez<br />
un poste en français, contactez de toute urgence :<br />
Elizabeth C. Speers, Assistant Head of School and<br />
Dean of Faculty, Episcopal Academy<br />
376 North <strong>La</strong>tches <strong>La</strong>ne<br />
Merion, PA 19066<br />
610-667-9612 x 2231<br />
610-668-4713 fax<br />
speers@ea178 .org<br />
dix-sept<br />
17
Paroles de femmes : aspects de la<br />
«Absente de partout ! Absente des livres et des lieux de<br />
la mémoire. Absente du présent et du passé. Absente<br />
de l’Histoire. Absente de la Parole. Absente de la scène<br />
politique. Absente de la société. Sa place n’est nulle part.<br />
Oubliée, recluse. Elle se confond à l’ombre. L’ombre<br />
du silence. Silence des traditions.» C’est en ces termes<br />
qu’Angèle Bassolé définissait la place dévolue à la femme<br />
africaine dans un article assez virulent intitulé «Les<br />
mémoires absentes ! Femmes, Afrique, parole et écriture<br />
!» et paru dans la revue Mots Pluriels 1 . Si elles ont<br />
longtemps été absentes du monde des lettres, les romancières<br />
africaines se sont progressivement imposées sur la<br />
scène littéraire, grâce à des romans écrits sous forme de<br />
témoignages d’abord, grâce à des œuvres rebelles ensuite,<br />
qui ont ouvert la voie à cette littérature plurielle qui est<br />
apparue ces dernières années.<br />
Une littérature de témoignage : la littérature africaine<br />
féminine des années soixante-dix et du début des années<br />
quatre-vingts<br />
Les œuvres des romancières africaines qui sont apparues<br />
et se sont affirmées dans les années soixante-dix et au<br />
début des années quatre-vingts ont en commun d’être<br />
des œuvres de témoignage, s’inscrivant dans la lignée<br />
de L’Enfant noir de Camara <strong>La</strong>ye. Ce sont principalement<br />
des œuvres auto- ou semi-autobiographiques dans<br />
lesquelles la narratrice, qui est souvent la protagoniste,<br />
traite de ses problèmes de couple, des souffrances du<br />
quotidien dans une structure polygame, de la stérilité,<br />
en définitive, de la difficulté d’être une femme dans les<br />
sociétés africaines… C’est le cas de romans comme Un<br />
Chant écarlate, de Mariama Bâ (1981), de Lézou Marie<br />
ou les écueils de la vie, de Yaou Régina (1982), de Vies<br />
de femmes, de Delphine Zanga Tsogo (1983), ou encore<br />
d’Une Vie hypothéquée, d’Anne-Marie Adiaffi (1984).<br />
Une littérature rebelle : la naissance d’un «nouveau<br />
roman africain au féminin» au début des années quatre-vingts<br />
et dans les années quatre-vingt-dix<br />
À cette littérature a fait suite une littérature plus engagée,<br />
rebelle, rompant avec l’autobiographie, multipliant<br />
les voix narratives, pour mettre en scène des personnages<br />
marginaux, poursuivant des itinéraires singuliers,<br />
s’appliquant littéralement à faire exploser les tabous, et<br />
à contester la toute-puissance masculine, continuant de<br />
fustiger les idées reçues et préjugés liés à la polygamie, à<br />
la stérilité et à la place dévolue à la femme dans les sociétés<br />
africaines, mais ne s’interdisant plus de parler de désir,<br />
de sexualité ou de passion, dans des structures romanesques<br />
plus complexes. Parmi les œuvres qui ont par-<br />
18 dix-huit<br />
ticipé à cette rébellion figurent notamment Le Boabab<br />
fou, de Ken Bugul (1983), Étrange héritage, de Gad Ami<br />
(198 ), Fureurs et cris de femmes, d’Angèle Rawiri (1989)<br />
ou encore <strong>La</strong> Tache de sang, de Philomène Bassek (1990).<br />
À la fin des années quatre-vingts et durant les années<br />
quatre-vingt-dix, cette littérature est devenue moins vindicative.<br />
Par la voix notamment d’une romancière comme<br />
Calixte Beyala, la femme africaine est apparue d’une<br />
remarquable modernité, en faisant fi des traditions et en<br />
vivant pleinement son émancipation, telle la protagoniste<br />
de l’un de ses romans les plus humoristiques, Maman a<br />
un amant (1993).<br />
Une littérature plurielle entre divertissement, témoignage<br />
et rébellion : la littérature africaine féminine<br />
d’aujourd’hui et de demain<br />
C’est dans cette veine divertissante que s’inscrit un roman<br />
comme <strong>La</strong> Rue Félix-Faure, de Ken Bugul (200 ), que la<br />
romancière a écrit après avoir évoqué sans concessions<br />
son itinéraire entre traditions et modernité, entre son sol<br />
africain et le continent européen, entre son marabout<br />
et son amant parisien dans sa trilogie –Le Baobab fou<br />
(1983), Cendres et braises (1994) et Riwan ou le chemin<br />
de sable (1999)–, et composé deux romans jubilatoires<br />
aux stratégies narratives aussi différentes qu’originales,<br />
<strong>La</strong> Folie et la mort (2000) et De l’autre côté du regard<br />
(2003). Comme pour montrer qu’une romancière africaine<br />
sait aussi rire. Le rire n’est pas absent des œuvres<br />
de Fatou Diome, qu’il s’agisse de son recueil de nouvelles,<br />
<strong>La</strong> Préférence nationale (2001), ou de ses romans, Le<br />
Ventre de l’Atlantique (2003) et Kétala (2006) mais c’est<br />
un rire noir qui permet de mieux fustiger l’absurdité ou<br />
la violence des situations auxquelles sont confrontés ses<br />
protagonistes, que ce soit ici, en France, ou là-bas, en<br />
Afrique. Mais l’un des romans écrits et publiés par une<br />
femme les plus étonnants de la dernière rentrée littéraire<br />
est sans doute celui de Frieda Ekotto, Chuchote pas trop<br />
(200 ). Retraçant les destins de femmes en proie à leurs<br />
souffrances, à leurs attentes et à leurs désirs, entre si
littérature africaine au féminin<br />
lences, chuchotements et cris, Frieda Ekotto renoue avec<br />
les écritures rebelles des années quatre-vingts et quatrevingt-dix,<br />
mais les renouvelle grâce à une narration savamment<br />
élaborée, complexe à souhait, revêtant la forme<br />
d’un lacis de voix anonymes, et dont on ne découvre que<br />
dans les ultimes pages, les histoires et les secrets…<br />
S’il est vrai que les femmes africaines ont longtemps été<br />
condamnées au silence, et s’il a fallu attendre les années<br />
soixante-dix et la parution des romans de Camara <strong>La</strong>ye,<br />
Mariama Bâ et Werewere Liking, pour voir des femmes<br />
s’affirmer comme romancières, c’est au début des années<br />
quatre-vingts qu’a émergé une génération de femmes<br />
«rebelles» désireuses de faire entendre, par-delà leurs<br />
voix, celles de leurs contemporaines vouées au silence, et<br />
de décrire sans aucune concession, dans des romans à la<br />
structure élaborée et à l’écriture vindicative, le quotidien<br />
et la destinée des femmes africaines, donnant naissance à<br />
ce type de roman auquel Odile Cazenave a donné le nom<br />
de «nouveau roman africain au féminin». À cette littérature<br />
rebelle a succédé ces dernières années une littérature<br />
plurielle, entre divertissement, témoignage et rébellion,<br />
qui atteste la vitalité et la créativité croissante des romancières<br />
africaines, et apporte la preuve irréfutable que le<br />
temps où on pouvait stigmatiser leur absence est bien<br />
révolu.<br />
(suite de la page 13)<br />
gieux : la laïcité européenne peut être<br />
un rempart contre ce «choc des civilisations»<br />
que certains prédisent, et qui<br />
n’a rien d’inéluctable.<br />
D’aucuns pensent aussi que cette<br />
Communauté élargie est une porte<br />
ouverte à la mondialisation, que<br />
nous y perdrons nos acquis sociaux<br />
et que notre niveau de vie en souffrira.<br />
Mais face à la mondialisation,<br />
que «pèsent» 62 millions de Français,<br />
ou 82 millions d’Allemands ? N’est-ce<br />
pas dans l’union de ses 4 6 millions<br />
de citoyens (la troisième population<br />
mondiale, derrière la Chine et l’Inde<br />
mais bien avant les États-Unis) que<br />
l’Europe peut construire une alternative<br />
crédible à une mondialisation<br />
purement libérale ? 4 6 millions de<br />
femmes et d’hommes parmi les mieux<br />
formés au monde, les plus productifs<br />
de la planète (et de loin), bénéficiant<br />
de la meilleure espérance de vie… et<br />
1 Angèle Bassolé, « Les mémoires absentes ! Femmes,<br />
Afrique, parole et écriture ! » [in] Mots Pluriel, no.13,<br />
avril 2000.<br />
Orientations bibliographiques<br />
les plus pacifiques. Cela prendra du<br />
temps, et peut-être faudra-t-il que<br />
chacun de nos pays fasse des concessions<br />
au bien commun, mais seul le<br />
modèle social particulier de l’Europe<br />
(ce qu’on appelle l’économie sociale<br />
de marché) permet une paix durable<br />
entre les personnes et les nations, et<br />
une solidarité effective entre les pays.<br />
Moi-même, j’ai longtemps douté. J’ai<br />
voté non à Maastricht parce que ce<br />
Traité dévaluait à mon sens ce qu’est<br />
vraiment l’Europe. Parce qu’on y<br />
voyait avant tout une union de marché<br />
en construction alors qu’elle est pour<br />
moi depuis toujours une communauté<br />
de valeurs. Mais je reconnais<br />
aujourd’hui que Maastricht était<br />
une étape obligée. Que l’utilisation<br />
de la même monnaie, outre qu’elle<br />
a imposé l’Europe sur les marchés<br />
mondiaux, a participé à un sentiment<br />
d’appartenance général. Avec<br />
l’adhésion à un futur traité constitu-<br />
BASSOLE, Angèle, « Les mémoires absentes ! Femmes,<br />
Afrique, parole et écriture ! » [in] Mots Pluriel, no.13,<br />
avril 2000. http://www.arts.uwa.edu.au/MotsPluriels/<br />
MP300anb.html.<br />
CAZENAVE, Odile, Femmes rebelles. Naissance d’un<br />
nouveau roman africain au féminin, Paris, L’Harmattan,<br />
1996, « Critiques littéraires »<br />
Dominique LANNI<br />
tionnel réaménagé, nous renforcerons<br />
cette appartenance à la fédération des<br />
États-Unis d’Europe. J’aimerais tant<br />
qu’il soit possible d’emmener chaque<br />
«eurosceptique» dans une salle des<br />
Conseils des ministres européens,<br />
à Bruxelles : vingt-cinq femmes et<br />
hommes prennent place autour d’une<br />
table et échangent leurs points de vue.<br />
Le temps de parole est également limité<br />
pour chacun, qu’il soit allemand,<br />
français ou chypriote. Chacun écoute<br />
l’autre, dans le respect mutuel. Il n’y<br />
a pas de «petit pays», il n’y a que des<br />
partenaires dans une même aventure,<br />
complexe certes, mais riche et forte.<br />
Lorsque l’on a la chance de participer<br />
à ce type d’événement, on comprend<br />
que l’Europe à un sens et une direction.<br />
Et que tout cela fonctionne, finalement,<br />
plutôt mieux qu’on ne le dit.<br />
Rachel LAUTHELIER-MOURIER<br />
dix-neuf<br />
19
la chorale de l’école française<br />
vous présente un panaché d’oeuvres du monde francophone<br />
de<br />
TOMASI, di LASSO, YAMAGUCHI et autres<br />
LE MERCREDI 16 AOÛT (CE SOIR)<br />
20H00<br />
MEAD CHAPEL<br />
Un avant-goût du diaporama de l’École française...<br />
20 vingt