LES VOYAGES DE GULLIVER
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que jamais objet ne me parut plus effroyable que les seins de cette nourrice, et je ne sais à quoi je puis les comparer. Après le dîner, mon maître alla retrouver ses ouvriers, et, à ce que je pus comprendre par sa voix et par ses gestes, il chargea sa femme de prendre un grand soin de moi. J’étais bien las, et j’avais une grande envie de dormir ; ce que ma maîtresse apercevant, elle me mit dans son lit, et me couvrit avec un mouchoir blanc, mais plus large que la grande voile d’un vaisseau de guerre. Je dormis pendant deux heures, et songeai que j’étais chez moi avec ma femme et mes enfants, ce qui augmenta mon affliction quand je m’éveillai et me trouvai tout seul dans une chambre vaste de deux ou trois cents pieds de largeur et deux cents de hauteur, et couché dans un lit large de dix toises. Ma maîtresse était sortie pour les affaires de la maison, et m’avait enfermé au verrou. Le lit était élevé de quatre toises ; je voulais descendre, et je n’osais appeler ; quand je l’eusse essayé, c’eût été inutilement, avec une voix comme la mienne, et y ayant une si grande distance de la chambre où j’étais à la cuisine, où la famille se tenait. Sur ces entrefaites, deux rats grimpèrent le long des rideaux et se mirent à courir sur le lit ; l’un approcha de mon visage, sur quoi je me levai tout effrayé, et mis le sabre à la main pour me défendre. Ces animaux horribles eurent l’insolence de m’attaquer des deux côtés ; mais je fendis le ventre à l’un, et l’autre s’enfuit. Après cet exploit, je me couchai pour me reposer et reprendre mes esprits. Ces animaux étaient de la grosseur d’un mâtin, mais infiniment plus agiles et plus féroces, en sorte que si j’eusse ôté mon ceinturon et mis bas mon sabre avant de me coucher, j’aurais été infailliblement dévoré par deux rats. – 82 –
Bientôt après, ma maîtresse entra dans la chambre, et me voyant tout couvert de sang, elle accourut et me prit dans sa main. Je lui montrai avec mon doigt le rat mort, en souriant et en faisant d’autres signes, pour lui faire entendre que je n’étais pas blessé, ce qui lui donna de la joie. Je tâchai de lui faire – 83 –
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