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LES VOYAGES DE GULLIVER

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grande île ou un continent (car nous ne sûmes pas lequel des<br />

deux), sur le côté droit duquel il y avait une petite langue de<br />

terre qui s’avançait dans la mer, et une petite baie trop basse<br />

pour qu’un vaisseau de plus de cent tonneaux pût y entrer. Nous<br />

jetâmes l’ancre à une lieue de cette petite baie ; notre capitaine<br />

envoya douze hommes de son équipage bien armés dans la<br />

chaloupe, avec des vases pour l’eau si l’on pouvait en trouver. Je<br />

lui demandai la permission d’aller avec eux pour voir le pays et<br />

faire toutes les découvertes que je pourrais. Quand nous fûmes<br />

à terre, nous ne vîmes ni rivière, ni fontaines, ni aucuns vestiges<br />

d’habitants, ce qui obligea nos gens à côtoyer le rivage pour<br />

chercher de l’eau fraîche proche de la mer. Pour moi, je me<br />

promenai seul, et avançai environ un mille dans les terres, où je<br />

ne remarquai qu’un pays stérile et plein de rochers. Je<br />

commençais à me lasser, et, ne voyant rien qui pût satisfaire ma<br />

curiosité, je m’en retournais doucement vers la petite baie,<br />

lorsque je vis nos hommes sur la chaloupe qui semblaient<br />

tâcher, à force de rames, de sauver leur vie, et je remarquai en<br />

même temps qu’ils étaient poursuivis par un homme d’une<br />

grandeur prodigieuse. Quoiqu’il fût entré dans la mer, il n’avait<br />

de l’eau que jusqu’aux genoux et faisait des enjambées<br />

étonnantes ; mais nos gens avaient pris le devant d’une demilieue,<br />

et, la mer étant en cet endroit pleine de rochers, le grand<br />

homme ne put atteindre la chaloupe. Pour moi, je me mis à fuir<br />

aussi vite que je pus, et je grimpai jusqu’au sommet d’une<br />

montagne escarpée, qui me donna le moyen de voir une partie<br />

du pays. Je le trouvai parfaitement bien cultivé ; mais ce qui me<br />

surprit d’abord fut la grandeur de l’herbe, qui me parut avoir<br />

plus de vingt pieds de hauteur.<br />

Je pris un grand chemin, qui me parut tel, quoiqu’il ne fût<br />

pour les habitants qu’un petit sentier qui traversait un champ<br />

d’orge. Là, je marchai pendant quelque temps ; mais je ne<br />

pouvais presque rien voir, le temps de la moisson étant proche<br />

et les blés étant de quarante pieds au moins. Je marchai<br />

pendant une heure avant que je pusse arriver à l’extrémité de ce<br />

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