LES VOYAGES DE GULLIVER
LES VOYAGES DE GULLIVER LES VOYAGES DE GULLIVER
personne et d’être présent à la cérémonie de ma délivrance. Je rendis de très humbles actions de grâces à Sa Majesté, en me prosternant à ses pieds ; mais il me commanda de me lever, et cela dans les termes les plus obligeants. Le lecteur a pu observer que, dans le dernier article de l’acte de ma délivrance, l’empereur était convenu de me donner une quantité de viande et de boisson qui pût suffire à la subsistance de dix-huit cent soixante-quatorze Lilliputiens. Quelque temps après, demandant à un courtisan, mon ami particulier, pourquoi on s’était déterminé à cette quantité, il me répondit que les mathématiciens de Sa Majesté, ayant pris la hauteur de mon corps par le moyen d’un quart de cercle, et supputé sa grosseur, et le trouvant, par rapport au leur, comme dix-huit cent soixante-quatorze sont à un, ils avaient inféré de la similarité de leur corps que je devais avoir un appétit dix-huit cent soixante-quatorze fois plus grand que le leur ; d’où le lecteur peut juger de l’esprit admirable de ce peuple, et de l’économie sage, exacte et clairvoyante de leur empereur. – 30 –
Chapitre IV Description de Mildendo, capitale de Lilliput, et du palais de l’empereur. Conversation entre l’auteur et un secrétaire d’État, touchant les affaires de l’empire. Offres que l’auteur fait de servir l’empereur dans ses guerres. La première requête que je présentai, après avoir obtenu ma liberté, fut pour avoir la permission de voir Mildendo, capitale de l’empire ; ce que l’empereur m’accorda, mais en me recommandant de ne faire aucun mal aux habitants ni aucun tort à leurs maisons. Le peuple en fut averti par une proclamation qui annonçait le dessein que j’avais de visiter la ville. La muraille qui l’environnait était haute de deux pieds et demi, et épaisse au moins de onze pouces, en sorte qu’un carrosse pouvait aller dessus et faire le tour de la ville en sûreté ; elle était flanquée de fortes tours à dix pieds de distance l’une de l’autre. Je passai par-dessus la porte occidentale, et je marchai très lentement et de côté par les deux principales rues, n’ayant qu’un pourpoint, de peur d’endommager les toits et les gouttières des maisons par les pans de mon justaucorps. J’allais avec une extrême circonspection, pour me garder de fouler aux pieds quelques gens qui étaient restés dans les rues, nonobstant les ordres précis signifiés à tout le monde de se tenir chez soi, sans sortir aucunement durant ma marche. Les balcons, les fenêtres des premier, deuxième, troisième et quatrième étages, celles des greniers ou galetas et les gouttières même étaient remplis d’une si grande foule de spectateurs, que je jugeai que la ville devait être considérablement peuplée. Cette ville forme un carré exact, chaque côté de la muraille ayant cinq cents pieds de long. Les deux grandes rues qui se croisent et la partagent en quatre quartiers égaux ont cinq pieds de large ; les petites rues, – 31 –
- Page 1 and 2: Édition du groupe « Ebooks libres
- Page 3 and 4: Chapitre IX........................
- Page 5 and 6: Chapitre I L’auteur rend un compt
- Page 7 and 8: Il est inutile d’ennuyer le lecte
- Page 9 and 10: ces insectes humains se mirent en f
- Page 11 and 12: les faire entendre. Aussitôt cinqu
- Page 13 and 14: le reste des cordons ; et, après c
- Page 15 and 16: Chapitre II L’empereur de Lillipu
- Page 17 and 18: La nouvelle de l’arrivée d’un
- Page 19 and 20: Les premiers mots que j’appris fu
- Page 21 and 22: coffre d’argent avec un couvercle
- Page 23 and 24: « Signé et scellé le quatrième
- Page 25 and 26: Chapitre III L’auteur divertit l
- Page 27 and 28: audriers, leur servent dans la suit
- Page 29: « IV. En se promenant par lesdits
- Page 33 and 34: haute de vingt-trois pouces, et, à
- Page 35 and 36: constitution ; mais, quoi qu’il e
- Page 37 and 38: l’ennemi, n’est pas moins consi
- Page 39 and 40: de la grosseur d’une aiguille à
- Page 41 and 42: qui s’étaient attachées à mon
- Page 43 and 44: obligea les ambassadeurs à présen
- Page 45 and 46: Chapitre VI Les mœurs des habitant
- Page 47 and 48: tirée d’un fonds destiné à cet
- Page 49 and 50: maîtres habiles forment les enfant
- Page 51 and 52: sachent les goûter philosophiqueme
- Page 53 and 54: aisonner sur l’ordre et le mouvem
- Page 55 and 56: Sa Majesté a pris une fâcheuse r
- Page 57 and 58: faire mourir d’une mort cruelle e
- Page 59 and 60: conseil jugeait la perte de vos yeu
- Page 61 and 62: impériale de me rendre auprès du
- Page 63 and 64: grande fatigue était passée ; je
- Page 65 and 66: en doublant treize fois ensemble le
- Page 67 and 68: courus m’avaient fait tourner la
- Page 69 and 70: VOYAGE À BROBDINGNAG - 69 -
- Page 71 and 72: misaine ; mais, l’orage augmentan
- Page 73 and 74: champ, qui était enclos d’une ha
- Page 75 and 76: le premier, dont ils semblaient êt
- Page 77 and 78: Cependant je ne pouvais m’empêch
- Page 79 and 80: Il était environ l’heure de midi
personne et d’être présent à la cérémonie de ma délivrance. Je<br />
rendis de très humbles actions de grâces à Sa Majesté, en me<br />
prosternant à ses pieds ; mais il me commanda de me lever, et<br />
cela dans les termes les plus obligeants.<br />
Le lecteur a pu observer que, dans le dernier article de<br />
l’acte de ma délivrance, l’empereur était convenu de me donner<br />
une quantité de viande et de boisson qui pût suffire à la<br />
subsistance de dix-huit cent soixante-quatorze Lilliputiens.<br />
Quelque temps après, demandant à un courtisan, mon ami<br />
particulier, pourquoi on s’était déterminé à cette quantité, il me<br />
répondit que les mathématiciens de Sa Majesté, ayant pris la<br />
hauteur de mon corps par le moyen d’un quart de cercle, et<br />
supputé sa grosseur, et le trouvant, par rapport au leur, comme<br />
dix-huit cent soixante-quatorze sont à un, ils avaient inféré de la<br />
similarité de leur corps que je devais avoir un appétit dix-huit<br />
cent soixante-quatorze fois plus grand que le leur ; d’où le<br />
lecteur peut juger de l’esprit admirable de ce peuple, et de<br />
l’économie sage, exacte et clairvoyante de leur empereur.<br />
– 30 –