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LES VOYAGES DE GULLIVER

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Je découvris de grands arbres, de vastes herbages et des<br />

champs où l’avoine croissait de tous côtés. Je marchais avec<br />

précaution, de peur d’être surpris ou de recevoir quelque coup<br />

de flèche. Après avoir marché quelque temps, je tombai dans un<br />

grand chemin, où je remarquai plusieurs pas d’hommes et de<br />

chevaux et quelques-uns de vaches. Je vis en même temps un<br />

grand nombre d’animaux dans un champ, et un ou deux de la<br />

même espèce perchés sur un arbre. Leur figure me parut<br />

surprenante, et quelques-uns s’étant un peu approchés, je me<br />

cachai derrière un buisson pour les mieux considérer.<br />

De longs cheveux leur tombaient sur le visage ; leur<br />

poitrine, leur dos et leurs pattes de devant étaient couverts d’un<br />

poil épais ; ils avaient de la barbe au menton comme des boucs,<br />

mais le reste de leur corps était sans poil, et laissait voir une<br />

peau très brune. Ils n’avaient point de queue, ils se tenaient<br />

tantôt assis sur l’herbe, tantôt couchés et tantôt debout sur leurs<br />

pattes de derrière ; ils sautaient, bondissaient et grimpaient aux<br />

arbres avec l’agilité des écureuils, ayant des griffes aux pattes de<br />

devant et de derrière. Les femelles étaient un peu plus petites<br />

que les mâles. Elles avaient de forts longs cheveux et seulement<br />

un peu de duvet en plusieurs endroits de leur corps. Leurs<br />

mamelles pendaient entre leurs deux pattes de devant, et<br />

quelquefois touchaient la terre lorsqu’elles marchaient. Le poil<br />

des uns et des autres était de diverses couleurs : brun, rouge,<br />

noir et blond. Enfin, dans tous mes voyages je n’avais jamais vu<br />

d’animal si difforme et si dégoûtant.<br />

Après les avoir suffisamment considérés, je suivis le grand<br />

chemin, dans l’espérance qu’il me conduirait à quelque hutte<br />

d’Indiens. Ayant un peu marché, je rencontrai, au milieu du<br />

chemin, un de ces animaux qui venait directement à moi. À mon<br />

aspect, il s’arrêta, fit une infinité de grimaces, et parut me<br />

regarder comme une espèce d’animal qui lui était inconnue ;<br />

ensuite il s’approcha et leva sur moi sa patte de devant. Je tirai<br />

mon sabre et je frappai du plat, ne voulant pas le blesser, de<br />

– 197 –

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