169 - Diocèse de Montpellier

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Eglise en Pays d’Hérault n° 169 1 c’était hier Dialogue judéo-chrétien : “Il faut nourrir la confiance réciproque”. Avec cinq autres évêques français, M gr Guy Thomazeau est parti début mars aux Etats-Unis pour rencontrer les communautés juives orthodoxes de Washington et Brooklyn. Il revient sur ce déplacement et le situe dans l’enjeu du dialogue judéo-chrétien. Avec une délégation d’évêques français, vous êtes allé début mars à New York et à Washington à la rencontre de grands rabbins et des communautés juives orthodoxes de ces deux villes. Pourquoi ? Cette démarche s’inscrit dans le sillage de la déclaration “Nostra Aetate” du Concile Vatican II. Il s’agissait d’une mission rapide, visant à assurer le prolongement des précédents symposiums initiés par le cardinal Jean-Marie Lustiger, archevêque de Paris, qui réunissaient aux Etats-Unis des évêques catholiques de différents pays et des grands rabbins orthodoxes. J’ai participé à ces rencontres en 2005 et 2006. Cela a été des moments très forts de part et d’autres. Après la mort du cardinal Lustiger, le 5 août 2007, son successeur le cardinal André Vingt-Trois a eu la conviction qu’il ne fallait pas laisser sans suite ces initiatives, qui avaient déjà porté des fruits en matière de dialogue. La délégation, restreinte cette fois-ci, réunissait six évêques : le cardinal Vingt- Trois, M gr Jérôme Beau, évêque auxiliaire de Paris, M gr Robert Le Gall, archevêque de Toulouse, M gr Bernard-Nicolas Aubertin, archevêque de Tours, et moi-même, ainsi que le Père Patrick Desbois. Quel a été votre programme ? Pour faire bref, après des rencontres et des visites de Yeshivots (écoles juives) à Brooklyn (New-York), nous nous sommes rendus au musée fédéral de Washington sur la Shoah, le “United States Holocaust memorial Museum” pour une journée de travail commun. Nous avons rencontré les responsables de ce musée, et notamment le directeur du centre de recherche. Nous avons également rencontré les communautés juives à Washington (deux synagogues). De retour en France, j’ai eu le sentiment qu’on avait accompli un service de continuité, porteur d’avenir. Avez-vous eu l’impression que la mort du cardinal Lustiger rend plus difficile l’avenir de ce dialogue ? Non, je ne pense pas. La mort du cardinal Lustiger a eu des échos très importants aux Etats-Unis. Et ceux que l’on a rencontrés ont la conviction qu’il faut continuer dans cette voie. A ce titre, le témoignage du P. Patrick Desbois, responsable du service national pour les relations avec le judaïsme, compte beaucoup. Lui-même vient de faire un travail de recherche sur ce qu’on appelle la “Shoah par balles” : entre 1941 et 1944, près d’un million et demi de Juifs d’Ukraine ont été assassinés suite à l’invasion de l’Union soviétique par l’Allemagne nazie. La très grosse majorité est morte sous les balles des unités militaires nazies. Depuis 2004, le P. Patrick Desbois et l’association Yahad-In Unum mènent un travail sur cette partie peu connue de la Shoah (NdlR : le P. Desbois vient de sortir un livre sur la question : “Porteur de mémoires. Sur les trace de la Shoah par balles”, édition Michel Lafon, 20,90 euros - voir le site Internet : www.yahadinunum.org) Vous êtes engagés depuis longtemps dans le dialogue avec le judaïsme : vous avez signé la déclaration de repentance de Drancy en 1997, vous êtes membre du conseil pour l’unité des chrétiens et les relations avec le judaïsme… D’où vous vient cet engagement ? Je dois d’abord dire que dans mon premier ministère, j’étais aumônier du lycée Molière à Paris, un lycée de jeunes filles où 30 % des élèves étaient juives. Là, j’ai eu concrètement à connaître ce dialogue avec les familles juives. Et puis surtout j’ai rencontré sur ma route le Cardinal Jean-Marie Lustiger : avoir travaillé de très près avec lui (NdlR : M gr Thomazeau a été vicaire général de M gr Lustiger de 1981 à 1988, avant d’être évêque auxiliaire de Meaux, puis évêque de Beauvais et archevêque de Montpellier), m’a ouvert un horizon que je n’avais pas avant. Cela a été une très grande ouverture. Par la suite, j’ai été à Rome en 1986 quand pour la première fois un pape, Jean-Paul II, se rendait à une synagogue. Le cardinal Lustiger était très proche du Saint Père. Jean-Marie Lustiger continuait d’affirmer très simplement que sa foi chrétienne n’effaçait pas le fait qu’il était juif. Ce dialogue interreligieux avec nos “frères aînés dans la foi” est très important. L’Eglise entretient le dialogue avec le judaïsme sur des bases religieuses et non politiques. Ici dans l’Hérault, quelle est la relation de l’Eglise catholique avec le judaïsme ? Ici à Montpellier, la communauté juive est ancrée depuis longtemps, venant notamment d’Espagne au XII e siècle. Il y a l’institut universitaire juif Maïmonide et l’un des mi- M gr Thomazeau, avec le pasteur Michel Freychet (à gauche) et le grand rabbin René-Samuel Sirat (à droite), en 2003. qvés (bain rituel juif) les plus anciens d’Europe (XII- XIII e siècle). Aujourd’hui, la communauté juive est bien vivante à Montpellier, avec des familles venues d’Afrique du Nord. Et nous entretenons d‘heureuses relations : je suis par exemple allé au dîner du conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) du Languedoc-Roussillon. Il faut nourrir la confiance réciproque. Recueilli par Pierre Schmidt
Hommage Chiara Lubich, Fondatrice des Focolari Une spiritualité qui prend sa source dans la parole “Que tous soit un !” (Jn.17-21) “C’est pour ces paroles que nous sommes nés, pour l’unité, pour contribuer à la réaliser dans le monde”. Chiara Lubich Le 14 mars 2008, la fondatrice du mouvement des Focolari est décédée. Mais le charisme de l’unité apporté par celle-ci est plus que jamais vivant et chacun de nous peut y puiser la sève vitale pour vivre l’Evangile au quotidien. Dans notre diocèse de Montpellier, de nombreuses personnes de tous âges, de professions, de milieux sociaux différents adhèrent à cette spiritualité. Si vous interrogiez chacune d’elles, elles vous diraient que, dans des circonstances très différentes, la rencontre avec Dieu à travers cette spiritualité les a saisies intérieurement, comme s’Il se faisait proche pour elles et les invitait à Le suivre là où elles étaient. Comme si à cet instant leur vie basculait et qu’elles se trouvaient devant un choix : soit continuer à vivre comme avant, soit s’abandonner à l’amour, à la volonté de Dieu et commencer ainsi une aventure divine. “A qui m’aime je me manifesterai” (Jn.14-21) . Aimer, aimer chaque personne qui passe près de nous, aimer en essayant de bien faire tout ce que nous avons à faire à la maison, au travail, en essayant de garder la Parole et de la mettre en pratique. A la suite de Chiara qui, dans une attitude radicale , expérimentait que si elle gardait la Parole et la vivait, ce que Jésus promettait se réalisait , nous nous sommes sentis invités à la suivre, formant une grande famille. Les groupes “Parole de Vie” Nous nous retrouvons localement, tous les mois, par petits groupes, pour relire ensemble cette Parole, la “Parole de Vie”- issue d’un texte de la liturgie du mois- choisie et commentée par Chiara,(traduite en 91 langues et vécue en tous les points du globe), pour la laisser agir en nous, dans un climat d’amour réciproque et pour partager les effets de cette Parole en nous. L’essentiel étant que les personnes qui sont dans le groupe, soient dans une disposition d’écoute de l’autre, sans jugement. Femme d’une grande foi, doux messager d’espérance et de paix ayant rendu un service silencieux et incisif Nous réalisons que la Parole de Dieu, n’est pas ou n’est plus un texte de l’Ecriture à étudier mais bien une Parole à vivre ici et maintenant. C’est cet échange d’expériences de vie autour de la Parole de Dieu qui alimente l’amour réciproque et fait grandir entre nous l’unité. A travers sa Parole, c’est Dieu luimême qui nous rejoint et nous donne d’accéder à la paix, à la joie, et à la force d’aller de l’avant. © CSC Audiovisi/service d’information des Focolari Des branches nées de ce charisme : “ Famille Nouvelle”, “Humanité Nouvelle” Nous sommes appelés à des engagements différents : les uns dans la famille, les autres dans nos professions. A M o n t p e l l i e r, p a r exemple, des rencontres mensuelles en famille sont aussi l’occasion de mettre en pratique la vie de la Parole, autour de thèmes très actuels, concrets. Au niveau professionnel, c’est dans plusieurs milieux : éducatif, social, économique etc., que des personnes se réunissent pour réfléchir et partager les expériences de construction de l’unité au quotidien. L’unité avec les autres mouvements L’unité étant la finalité du mouvement, il est important pour nous de construire avec les autres mouvements d’Eglise ou des frères d’autres religions ainsi qu’avec tous les hommes de bonne volonté des actions collectives promouvant une fraternité universelle ; comme lors de la retransmission de la rencontre à Stuttgart en 2007, “Ensemble pour l’Europe” vécue pour la première fois à Montpellier l’an dernier. “Femme d’une grande foi, doux messager d’espérance et de paix (...) ayant rendu un service silencieux et incisif, toujours en syntonie avec le Magistère” : ces mots de remerciements du Pape Benoît XVI nous encouragent à vivre toujours plus, ensemble, cette spiritualité, au quotidien pour construire cette unité et cette fraternité dont le monde a tant besoin. Des membres du mouvement des Focolari dans l’Hérault. BALISE IDF Institut diocésain de la formation Suggestus L’icône, réalisée lors du dernier synode de notre diocèse, représente le Christ dans l’attitude de celui qui enseigne. Avezvous remarqué que ses pieds sont posés sur une plaque ? En effet, il n’est pas rare de retrouver cela dans une écriture d’icône latine. Cet objet signifie l’autorité de celui qui enseigne. C’est un suggestus ou suggestum qui vient du latin suggero qui signifie mettre sous, porter sous. Ceci est un héritage des pratiques de l’antiquité, l’empereur romain, les magistrats ou encore le général dans son camp prononçaient leur discours étant élevé sur un suggestus. Sans doute que le coussin qui était au pied des papes, n’était donc pas un signe de confort, mais bien l’expression culturelle de leur autorité en tant qu’évêque de Rome, successeur de saint Pierre et garant de la communion universelle de l’Eglise. P. Jean-Sébastien Strumia EPH n° 169 - 10 avril 2008 1
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