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Édition 2004-05-01 (PDF document) - les nouvelles de roumanie

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SOMMAIRE<br />

Vie internationale<br />

Débat<br />

Politique<br />

Economie<br />

Social<br />

Actualité<br />

Société<br />

Evénements<br />

Faits divers, Justice<br />

Vie quotidienne<br />

Santé<br />

Enseignement<br />

Religion, Environnement<br />

Sports, Insolite<br />

Connaissance<br />

et découverte<br />

Littérature<br />

Livres,<br />

Musique<br />

Sciences<br />

Histoire<br />

Médias<br />

Tourisme<br />

Francophonie<br />

Infos pratiques, Humour<br />

Coup <strong>de</strong> coeur<br />

2 à 7<br />

8 à 11<br />

12 et 13<br />

14 et 15<br />

16<br />

17 à 21<br />

22 et 23<br />

24 à 26<br />

27<br />

28<br />

29<br />

30 et 31<br />

32 et 33<br />

34<br />

35<br />

36 à 39<br />

40 et 41<br />

42 et 43<br />

44 et 45<br />

46 et 47<br />

48 à 51<br />

52<br />

Numéro 23 - mai - juin <strong>2004</strong><br />

NOUVeLLes<br />

Lettre d’information bimestrielle<br />

Les<br />

<strong>de</strong><br />

ROUMANIe<br />

Adhésion à l'UE en 2007:<br />

entre raison et coeur<br />

Entres paro<strong>les</strong> rassurantes, parfois <strong>de</strong> circonstance, émanant <strong>de</strong> dirigeants <strong>de</strong><br />

pays européens, et avertissements <strong>de</strong> plus en plus nets sur son impréparation<br />

provenant <strong>de</strong>s milieux <strong>les</strong> plus divers <strong>de</strong> l'Union Européenne, la<br />

Roumanie peut commencer à se poser sérieusement <strong>de</strong>s questions sur son intégration<br />

communautaire à l'horizon 2007. Et, il faut le reconnaître, <strong>les</strong> arguments <strong>de</strong> poids ne<br />

manquent pas quant aux doutes qu'on peut entretenir sur le bien-fondé <strong>de</strong> cette échéance.<br />

Ils sont d'autant plus recevab<strong>les</strong> lorsqu'ils sont émis par <strong>de</strong>s amis mêmes <strong>de</strong> ce<br />

pays, qui se refusent cependant à abdiquer leur lucidité (Voir nos pages "Débats").<br />

C'est la cas <strong>de</strong> l'analyste politique britannique Tom Gallagher, qui n'accor<strong>de</strong> aucune<br />

confiance à la classe politique roumaine et déclare sans ambages qu'"avec ses milliards,<br />

l'Europe va permettre au pouvoir actuel <strong>de</strong> s'installer durablement à la tête du<br />

pays, stabilisant la domination totale qu'il exerce actuellement".<br />

Sans illusion, le politologue prédit que "la nomenklatura promettra toutes <strong>les</strong><br />

réformes que l'on veut, mais qu'elle n'existeront que sur le papier, pourvu qu’elle puisse<br />

continuer à s'engraisser sur le dos <strong>de</strong> Bruxel<strong>les</strong> ". Et, en proposant <strong>de</strong> repousser <strong>de</strong><br />

cinq à dix ans l'entrée <strong>de</strong> la Roumanie dans l'UE - le temps <strong>de</strong> voir émerger <strong>de</strong> nouveaux<br />

dirigeants, moins corrompus, et <strong>de</strong> préparer plus sérieusement <strong>les</strong> évolutions<br />

nécessaires du pays en lui accordant toute l'ai<strong>de</strong> et l'attention qu'il faut - il entend "préserver<br />

l'image <strong>de</strong> l'Europe aux yeux <strong>de</strong>s Roumains, seul espoir que ceux-ci conservent<br />

encore, afin qu'elle ne se déconsidère pas avec un système méprisé ou subi".<br />

Autre gran<strong>de</strong> amie <strong>de</strong> la Roumanie et spécialiste <strong>de</strong> ce pays, Edith Lhomel, tout<br />

en partageant l'analyse <strong>de</strong> Tom Gallagher, conclut qu'il faut cependant maintenir le cap<br />

sur 2007. "Fermer la porte, c'est encourager <strong>les</strong> tendances nationalistes voire xénophobes,<br />

dans une région <strong>de</strong> surcroît à hauts risques" s'exclame-t-elle, se <strong>de</strong>mandant si<br />

l'UE peut se déjuger après s'être prononcée en faveur <strong>de</strong> cette échéance.<br />

Là est bien la question. Peut-on pousser à la désespérance, en le renfermant dans<br />

ses frontières, un peuple qui souffre <strong>de</strong>puis plus d’un <strong>de</strong>mi-siècle et voit dans l'Europe<br />

son unique chance ? Peut-on laisser s'effondrer un pays qui y a sa place naturelle,<br />

alors que par centaines <strong>de</strong> milliers ses enfants <strong>les</strong> plus entreprenants le quittent ?<br />

Entre raison et coeur, Edith Lhomel s'interroge : "La classe politique roumaine<br />

est-elle capable d'assumer sa responsabilité historique ?". En cette année électorale,<br />

<strong>les</strong> Roumains ont l'occasion <strong>de</strong> répondre avec leur bulletin <strong>de</strong> vote.<br />

Henri Gillet


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

2<br />

SUCEAVA<br />

BAIA<br />

MARE<br />

<br />

IASI<br />

ORADEA<br />

<br />

TARGU<br />

<br />

ARAD<br />

MURES<br />

CLUJ BACAU <br />

<br />

VASLUI<br />

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DEVA<br />

<br />

<br />

TIMISOARA<br />

<br />

SIBIU<br />

BRASOV<br />

<br />

GALATI <br />

SINAIA BRAILA <br />

<br />

PITESTI <br />

TULCEA<br />

CRAIOVA<br />

<br />

<br />

BUCAREST<br />

CONSTANTA<br />

<br />

Un trafic <strong>de</strong> faux<br />

<strong>document</strong>s fait tomber<br />

un ministre anglais<br />

Immigrés roumains et bulgares<br />

auront fait tomber la ministre britannique<br />

<strong>de</strong> l'Immigration, Beverly<br />

Hughes, forcée <strong>de</strong> présenter sa démission,<br />

et tremblé Tony Blair, début avril,<br />

à la suite <strong>de</strong> la révélation par leur<br />

opposition d'un scandale portant sur la<br />

délivrance <strong>de</strong> visas par <strong>les</strong> ambassa<strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong> sa Gracieuse Majesté dans<br />

<strong>les</strong> ex-pays <strong>de</strong> l'Est, plus particulièrement<br />

à Bucarest et Sofia, et <strong>les</strong> services<br />

d'immigration <strong>de</strong> Gran<strong>de</strong>-<br />

Bretagne.<br />

Depuis quelques années, un trafic<br />

rapportant plusieurs dizaines <strong>de</strong> millions<br />

d'euros avait été mis en place<br />

permettant à <strong>de</strong>s dizaines <strong>de</strong> milliers<br />

<strong>de</strong> travailleurs <strong>de</strong> s'établir Outre-<br />

Manche, d'y obtenir un droit <strong>de</strong> séjour<br />

et une carte <strong>de</strong> travail, sur la base <strong>de</strong><br />

faux <strong>document</strong>s que <strong>de</strong>s officines<br />

loca<strong>les</strong> fournissaient aux services britanniques,<br />

auxquels <strong>de</strong>s entreprises<br />

avaient fait connaître leur besoin <strong>de</strong><br />

main d'œuvre.<br />

Ce scandale a entraîné l'arrêt <strong>de</strong><br />

toute délivrance <strong>de</strong> visas pour <strong>les</strong><br />

citoyens roumains et bulgares pendant<br />

trois semaines, <strong>les</strong>quels ont été rétablis<br />

mais uniquement pour <strong>de</strong>s séjours<br />

touristiques, d'affaires, <strong>de</strong> soins ou<br />

pour <strong>les</strong> étudiants, le 13 avril, à l'exclusion<br />

<strong>de</strong>s visas permettant <strong>de</strong> travailler<br />

sur place.<br />

Cette affaire éloigne encore un peu<br />

plus pour ceux-ci la perspective <strong>de</strong><br />

pouvoir accé<strong>de</strong>r librement à la Gran<strong>de</strong>-<br />

Bretagne et à l'Irlan<strong>de</strong>, <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux seuls<br />

pays <strong>de</strong> l'UE à maintenir <strong>de</strong>s restrictions<br />

à leur égard, malgré <strong>les</strong> promesses<br />

qui avaient été faites.<br />

Vie internationale<br />

Actualité<br />

L'UE ne croit pas à une immigration<br />

massive en provenance<br />

<strong>de</strong> ses nouveaux membres<br />

Un flux <strong>de</strong> 220 000 personnes<br />

par an <strong>de</strong>s ex-pays <strong>de</strong> l'Est attendu<br />

L'entrée <strong>de</strong> dix nouveaux Etats dans l'Union européenne, à partir du 1er<br />

mai, va-t-elle avoir pour conséquence une vague d'immigration massive en<br />

provenance <strong>de</strong> ces pays ?" se <strong>de</strong>man<strong>de</strong> le journal "Le Mon<strong>de</strong>" dans un<br />

article signé Thomas Ferenczi, indiquant que "cette perspective inquiète <strong>les</strong> actuels<br />

Etats membres, qui ont annoncé, dans leur quasi-totalité, leur intention <strong>de</strong> restreindre,<br />

pendant une pério<strong>de</strong> transitoire, le libre accès à leur territoire <strong>de</strong>s citoyens <strong>de</strong>s pays<br />

nouvellement adhérents”.<br />

Mais le quotidien parisien relève aussitôt<br />

que "Même si ces restrictions provisoires<br />

sont conformes aux traités d'adhésion,<br />

el<strong>les</strong> ne sont pas du goût <strong>de</strong> la<br />

Commission européenne <strong>de</strong> Bruxel<strong>les</strong>, qui<br />

s'appuie sur plusieurs étu<strong>de</strong>s pour juger<br />

infondées <strong>les</strong> craintes <strong>de</strong>s Etats membres,<br />

dont la <strong>de</strong>rnière confirme <strong>les</strong> résultats <strong>de</strong>s<br />

précé<strong>de</strong>ntes en évaluant à 220 000 personnes<br />

par an - soit, sur cinq ans, 1 % <strong>de</strong><br />

la population <strong>de</strong>s Etats adhérents en âge<br />

<strong>de</strong> travailler - le nombre <strong>de</strong>s immigrés qui<br />

quitteront leur pays pour gagner un <strong>de</strong>s<br />

Eurolines ou autres compagnies, <strong>les</strong> cars<br />

sont <strong>de</strong>venus lee moyens <strong>de</strong> déplacement<br />

<strong>les</strong> plus utilisés par <strong>les</strong> candidats à l’exil.<br />

actuels pays <strong>de</strong> l'Union".<br />

Antonia Mochan, porte-parole <strong>de</strong> la<br />

Commission européenne pour <strong>les</strong> affaires<br />

socia<strong>les</strong> et l'emploi, a souligné que, sur la base <strong>de</strong> ces chiffres, <strong>les</strong> inquiétu<strong>de</strong>s manifestées<br />

par <strong>les</strong> Etats membres sont exagérées.<br />

“El<strong>les</strong> le sont d'autant plus”, a-t-elle ajouté, “que, à en juger par l'exemple espagnol,<br />

l'émigration a plutôt tendance à diminuer qu'à augmenter après un élargissement”.<br />

Ainsi le nombre d'émigrants en provenance d'Espagne vers <strong>les</strong> autres pays <strong>de</strong><br />

l'Union est-il passé <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 200 000 en 1970 (instauration <strong>de</strong> la zone <strong>de</strong> libre-échange)<br />

à 120 000 à la fin <strong>de</strong>s années 1970 (<strong>de</strong>man<strong>de</strong> d'adhésion) pour se stabiliser entre<br />

2 000 et 3 000 au début <strong>de</strong>s années 1990 (après l'adhésion en 1986).<br />

Le véritable risque est celui d'une fuite <strong>de</strong>s cerveaux<br />

Il ressort notamment <strong>de</strong> ces étu<strong>de</strong>s que le chômage joue un rôle moins important<br />

qu'on pourrait le penser dans la décision d'émigrer. Seulement 2 % <strong>de</strong>s chômeurs ont<br />

fait part <strong>de</strong> leur "ferme intention" <strong>de</strong> partir. "Les effets négatifs sur le marché du travail<br />

seront limités et concentrés dans quelques régions et quelques domaines d'activité",<br />

estime l'auteur <strong>de</strong> l'étu<strong>de</strong>, qui explique que "la plupart <strong>de</strong>s vieux pays <strong>de</strong> l'Union<br />

seront à peine affectés".<br />

Les Etats membres n'auraient donc pas à redouter l'arrivée <strong>de</strong> nombreux migrants<br />

issus d'une population au chômage qui viendraient exercer "<strong>de</strong> fortes pressions" sur<br />

leurs régimes <strong>de</strong> sécurité sociale. En revanche, ils peuvent s'attendre à accueillir <strong>de</strong>s<br />

jeunes, souvent diplômés, qui constitueront pour eux "un apport <strong>de</strong> main-d'œuvre <strong>de</strong><br />

gran<strong>de</strong> qualité" et contribueront à leur développement.<br />

De sorte que le véritable risque est celui d'une "fuite <strong>de</strong>s cerveaux", préjudiciable<br />

aux pays adhérents, plutôt que celui d'une immigration <strong>de</strong> travailleurs non qualifiés,<br />

comme le craignent <strong>les</strong> Etats membres. Entre 2 % et 3 % <strong>de</strong>s diplômés et <strong>de</strong>s étudiants<br />

affichent en effet leur "ferme intention" d'émigrer vers un autre pays <strong>de</strong> l'Union. Parmi<br />

ceux-ci figure un nombre croissant <strong>de</strong> femmes.


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

Adrian Nastase et Romano Prodi.<br />

Désapprobation à l'égard d'éventuel<strong>les</strong><br />

discriminations <strong>de</strong>s pays d'accueil<br />

Actualité<br />

En donnant une large publicité à ces étu<strong>de</strong>s, la Commission européenne entend rassurer <strong>les</strong><br />

opinions <strong>de</strong>s Etats membres qui s'inquiètent <strong>de</strong> la possible concurrence <strong>de</strong>s nouveaux venus sur<br />

le marché du travail alors que le chômage <strong>de</strong>meure élevé dans la plupart <strong>de</strong>s pays. Elle veut aussi<br />

manifester sa désapprobation à l'égard <strong>de</strong>s mesures restrictives prévues par <strong>les</strong> Etats membres.<br />

"Certaines <strong>de</strong> ces mesures ne correspon<strong>de</strong>nt pas à l'esprit <strong>de</strong> l'élargissement", a déclaré Reijo<br />

Kemppinen, porte-parole <strong>de</strong> Romano Prodi. M. Kemppinen a précisé, en se référant aux dispositions<br />

annoncées par la Gran<strong>de</strong>-Bretagne, qu'aucune discrimination ne pourra être acceptée dans<br />

l'attribution <strong>de</strong>s ai<strong>de</strong>s socia<strong>les</strong> et que la Commission examinera la légalité <strong>de</strong>s mesures adoptées<br />

par <strong>les</strong> différents pays dès que cel<strong>les</strong>-ci lui auront été communiquées.<br />

L'arrivée <strong>de</strong>s économies <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l'Europe Centrale<br />

ne <strong>de</strong>vrait pas provoquer <strong>de</strong> bouleversements majeurs au sein <strong>de</strong>s Quinze<br />

Le 1er mai, l'Union européenne<br />

(UE) sera rejointe par dix nouveaux<br />

pays (Pologne,<br />

Hongrie, République tchèque, Slovaquie,<br />

Slovénie, Lituanie, Lettonie, Estonie,<br />

Chypre et Malte).<br />

Dans un article du mon<strong>de</strong>, Adrien <strong>de</strong><br />

Tricornot analyse <strong>les</strong> conséquences à<br />

venir <strong>de</strong> cet événement historique qui<br />

n'aura pas, en lui-même, disent <strong>les</strong><br />

experts, <strong>de</strong> conséquences économiques<br />

majeures puisque <strong>les</strong> économies <strong>de</strong>s<br />

actuels et nouveaux membres <strong>de</strong> l'Union<br />

sont déjà très imbriquées.<br />

Ainsi, 68 % <strong>de</strong>s exportations <strong>de</strong>s<br />

pays adhérents sont, par exemple, déjà<br />

dirigées vers l'Union Européenne. Par<br />

ailleurs, l'euro ne sera pas immédiatement<br />

la monnaie <strong>de</strong>s nouveaux pays<br />

européens, qui <strong>de</strong>vront d'abord passer au<br />

moins <strong>de</strong>ux ans dans le sas du<br />

Mécanisme <strong>de</strong> change européen (MCE<br />

II), dans lequel la monnaie peut varier <strong>de</strong><br />

plus ou moins 15 % autour d'un cours<br />

pivot avec l'euro.<br />

L’entrée dans la zone<br />

euro sera jugée au cas par cas<br />

Mais <strong>les</strong> économies <strong>de</strong>s nouveaux<br />

membres <strong>de</strong>vront se conformer aux<br />

critères <strong>de</strong> convergence prévus par le<br />

traité d'Amsterdam et contribuer ainsi à la<br />

bonne santé économique <strong>de</strong> la zone euro.<br />

Parmi ceux-ci figure notamment la<br />

fameuse règle <strong>de</strong> la limitation du déficit<br />

public maximum acceptable à 3 % du<br />

produit intérieur brut.<br />

Obligés à <strong>de</strong> massifs investissements<br />

<strong>de</strong> reconstruction et ployant sous <strong>les</strong><br />

coûts sociaux <strong>de</strong>s reconversions écono-<br />

miques, ces Etats peinent à atteindre cette<br />

norme. En décembre, <strong>les</strong> gouverneurs <strong>de</strong><br />

la Banque centrale européenne ont indiqué<br />

que l'admission dans l'euro <strong>de</strong>s dix<br />

pays entrant dans l'UE serait jugée "au<br />

cas par cas".<br />

La BCE ajoute même : "(...) Il serait<br />

sans doute opportun pour certains nouveaux<br />

Etats membres <strong>de</strong> n'envisager <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r à participer au MCE II<br />

qu'après avoir atteint un <strong>de</strong>gré <strong>de</strong><br />

convergence plus élevé".<br />

"On entre dans la zone euro et on<br />

n'en sort plus. Se précipiter pour <strong>de</strong>s raisons<br />

<strong>de</strong> facilité sans s'assurer d'une préparation<br />

rigoureuse constituerait une<br />

erreur pour le pays concerné et aussi<br />

pour le système tout entier", a indiqué par<br />

avance Jean-Clau<strong>de</strong> Trichet en septembre<br />

<strong>de</strong>rnier, quelques semaines avant d'être<br />

nommé prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la BCE.<br />

Une délocalisation<br />

déjà largement entamée<br />

Les actuels Etats membres s'interrogent<br />

toujours sur <strong>les</strong> autres conséquences<br />

possib<strong>les</strong> <strong>de</strong> l'élargissement sur leur économie.<br />

Selon une étu<strong>de</strong> du Centre d'étu<strong>de</strong>s<br />

prospectives et d'informations<br />

internationa<strong>les</strong> (CEPII) parue en avril<br />

2003, il n'aura qu'un impact faible et<br />

contrasté pour l'Ouest.<br />

Il <strong>de</strong>vrait, en revanche, bénéficier à<br />

l'Est, en augmentant <strong>les</strong> débouchés et <strong>les</strong><br />

transferts financiers, <strong>les</strong> pays baltes étant<br />

moins bien placés.<br />

"Les échanges-entre l'Europe <strong>de</strong><br />

l'Ouest et <strong>de</strong> l'Est- sont déjà largement<br />

libéralisés et <strong>les</strong> investisseurs ont anticipé<br />

l'adhésion ; c'est donc beaucoup<br />

moins à une concurrence massive<br />

concentrée sur quelques branches qu'il<br />

faut s'attendre qu'aux effets plus complexes<br />

<strong>de</strong> l'intégration <strong>de</strong>s marchés",<br />

écrivent ces experts.<br />

Depuis longtemps déjà, <strong>les</strong> entreprises<br />

<strong>de</strong> l'Ouest ont commencé à se délocaliser<br />

dans <strong>de</strong>s pays dont le revenu par<br />

habitant représente 40 % seulement <strong>de</strong> la<br />

moyenne <strong>de</strong> l'UE.<br />

"Plutôt qu'à une spécialisation sur<br />

<strong>les</strong> grands secteurs d'activité ou sur <strong>les</strong><br />

industries, c'est à une spécialisation au<br />

niveau fin <strong>de</strong>s produits, voire <strong>de</strong>s gammes<br />

<strong>de</strong> qualité, que l'on assiste", analysent <strong>les</strong><br />

économistes du CEPII, relativisant <strong>les</strong><br />

craintes liées aux éventuel<strong>les</strong> délocalisations.<br />

"L'impact <strong>de</strong> l'élargissement sur <strong>les</strong><br />

marchés du travail (...) ne sera pas nécessairement<br />

défavorable aux travailleurs<br />

non qualifiés <strong>de</strong>s économies à haut revenu",<br />

ajoutent-ils.<br />

“Dans l’élargissement,<br />

tout le mon<strong>de</strong> est gagnant”<br />

Cette thèse semble vali<strong>de</strong>r l'optimisme<br />

affiché par le prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la<br />

Commission européenne, Romano Prodi,<br />

qui a déclaré l'an <strong>de</strong>rnier : "dans l'élargissement,<br />

tout le mon<strong>de</strong> est gagnant".<br />

Toutefois, <strong>les</strong> experts estiment que le taux<br />

<strong>de</strong> change finalement retenu pour l'entrée<br />

<strong>de</strong>s monnaies dans l'euro sera déterminant<br />

pour la réussite <strong>de</strong> ce modèle<br />

"gagnant-gagnant" : il <strong>de</strong>vra ne pas être<br />

trop fort, afin <strong>de</strong> ne pas pénaliser l'avantage<br />

compétitif <strong>de</strong>s pays qui adhèrent à<br />

L'Europe unie, et pas trop faible, pour<br />

préserver leur pouvoir d'achat.<br />

223


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

224<br />

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BAIA MARE<br />

SUCEAVA<br />

ORADEA<br />

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TIMISOARA<br />

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BACAU<br />

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SIBIU<br />

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CLUJ<br />

DEVA<br />

PITESTI<br />

BRAILA <br />

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CONSTANTA<br />

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Près <strong>de</strong> 40 %<br />

<strong>de</strong>s financements<br />

européens SAPARD<br />

pour <strong>les</strong> "copains"<br />

Nouveau directeur <strong>de</strong> l'agence<br />

SAPARD <strong>de</strong> Roumanie, <strong>de</strong>stinée à<br />

financer <strong>de</strong>s projets économiques du<br />

mon<strong>de</strong> rural à l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> fonds<br />

européens, Gheorghita Corbu a<br />

révélé qu'après une enquête menée<br />

récemment et portant sur 156 dossiers,<br />

58, soit 37 %, avaient été retenus<br />

grâce à la complicité <strong>de</strong> proches,<br />

fonctionnaires ou membres <strong>de</strong>s commissions<br />

chargées <strong>de</strong> l'attribution <strong>de</strong><br />

ces sommes.<br />

Ces commissions comptent trop<br />

souvent dans leurs rangs <strong>de</strong>s actionnaires,<br />

<strong>de</strong>s associés, <strong>de</strong>s administrateurs<br />

ou <strong>de</strong>s employés <strong>de</strong>s firmes<br />

candidates qu’ils sont applées à choisir.<br />

Plus même, il est apparu que le<br />

personnel chargé <strong>de</strong> vérifier la bonne<br />

utilisation <strong>de</strong>s fonds en était également<br />

issu.<br />

Les ju<strong>de</strong>ts <strong>de</strong> Suceava<br />

et Dâmbovita dans<br />

la ligne <strong>de</strong> mire<br />

Le nombre le plus important <strong>de</strong><br />

ces cas <strong>de</strong> conflits d'intérêts a été<br />

enregistré dans le ju<strong>de</strong>t <strong>de</strong> Suceava<br />

(17), suivi par celui <strong>de</strong> Dâmbovitsa<br />

(Târgoviste, 11), Buzau (7), Vâlcea<br />

(6), Arges (Pitesti, 4).<br />

Gheorghita Corbu a décidé <strong>de</strong><br />

procé<strong>de</strong>r à 256 nouvel<strong>les</strong> investigations<br />

sur le total <strong>de</strong> 542 projets<br />

SAPARD menés actuellement en<br />

Roumanie, sans préciser, pour l'instant,<br />

la nature <strong>de</strong>s sanctions qui<br />

seront prises à l'égard <strong>de</strong>s ju<strong>de</strong>ts s'étant<br />

rendus complices <strong>de</strong> ces détournements.<br />

Vie internationale<br />

Actualité<br />

Moins <strong>de</strong> 24 heures après l'adoption par le Parlement européen du sévère<br />

rapport qu'elle avait dressé sur la Roumanie, à une très forte majorité, la<br />

baronne Emma Nicholson débarquait à l’aéroport Otpeni <strong>de</strong> Bucarest,<br />

son <strong>document</strong> à la main. Elle le distribuait aussitôt aux journalistes au cours d'une<br />

conférence <strong>de</strong> presse, volontairement tenue avant d'aller voir Ion Iliescu et Adrian<br />

Nastase, afin <strong>de</strong> leur couper l'herbe sous le pied.<br />

La député britannique, chargée <strong>de</strong> la Roumanie à Strasbourg, n'entendait pas<br />

qu'une nouvelle fois son rapport soit dénaturé par le pouvoir, <strong>les</strong> Roumains n'en<br />

connaissant pratiquement pas la teneur.<br />

Il y avait urgence, puisque dès le<br />

vote défavorable à Bucarest, le Premier<br />

ministre et le Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la République<br />

commençaient une nouvelle fois à se<br />

féliciter du succès remporté et <strong>de</strong>s<br />

encouragements reçus…<br />

Avec l'humour propre à son pays, la<br />

baronne indiqua, en préambule et dans<br />

une allusion à l'Irak, qu'avec le gouvernement<br />

<strong>de</strong> Tony Blair, "elle avait pris la<br />

mesure <strong>de</strong> la distance que certains dirigeants<br />

savent mettre entre la réalité et la<br />

manière <strong>de</strong> la rapporter".<br />

Puis Emma Nicholson mettait <strong>les</strong> pieds dans le plat : "C'est une douche froi<strong>de</strong><br />

pour le gouvernement roumain. Le message du Parlement européen est très dur et très<br />

ferme, et en même temps très clair sur ce qui ne va pas : corruption , corruption et<br />

encore corruption !".<br />

Tout en se déclarant convaincue que la Roumanie <strong>de</strong>viendra membre <strong>de</strong> l'UE, elle<br />

précisait que cela dépendait <strong>de</strong>s pas nécessaires que feraient <strong>les</strong> politiciens et l'administration<br />

publique : "s'ils abor<strong>de</strong>nt <strong>les</strong> problèmes évoqués avec volonté, je suis sûre<br />

que dans leur majorité ils se résoudront".<br />

La parlementaire européenne, <strong>de</strong>venue un personnage public en Roumanie, à la<br />

fois controversé, craint et respecté, définissait son rapport comme une ai<strong>de</strong>, loin <strong>de</strong><br />

toute idée <strong>de</strong> détruire. Et pour convaincre, elle indiquait qu'elle détenait <strong>de</strong>s preuves<br />

<strong>de</strong> manœuvres visant à tromper l'UE dans le domaine <strong>de</strong>s adoptions internationa<strong>les</strong>,<br />

mais elle préférait <strong>les</strong> gar<strong>de</strong>r pour elle, "afin <strong>de</strong> ne pas crucifier le gouvernement <strong>de</strong><br />

Bucarest et provoquer une tempête politique".<br />

Des cas d'orphelins maltraités à l'étranger<br />

"Corruption, corruption,<br />

et encore corruption !"...<br />

La baronne Nicholson vient elle-même<br />

mettre <strong>les</strong> pieds dans le plat à Bucarest<br />

La baronne Emma Nicholson a tenu à venir<br />

présenter elle-même son rapport à Bucarest,<br />

le présentant en priorité aux journalistes.<br />

Revenant sur le thème <strong>de</strong>s adoptions internationa<strong>les</strong>, la baronnee Emma<br />

Nicholson précisait qu'on avait porté à sa connaissance <strong>de</strong>s cas concrets d'orphelins<br />

roumains maltraités à l'étranger, ajoutant que la Roumanie n'avait pas l'argent, <strong>les</strong><br />

compétences, le personnel, l'expérience nécessaires pour assurer une protection sûre à<br />

ces enfants adoptés hors <strong>de</strong> ses frontières.<br />

Et <strong>de</strong> poser cette question : "Que <strong>de</strong>viennent ces jeunes <strong>de</strong> 17 ans et <strong>de</strong>mi, proposés<br />

à l'adoption sur Internet juste avant leur majorité, sur présentation d'une simple<br />

photo, et pourquoi vient-on <strong>les</strong> chercher en Roumanie ?".<br />

Toutefois la baronne a décerné un bon point au gouvernement Nastase pour <strong>les</strong><br />

lois sur la protection <strong>de</strong> l'enfance qu'il s'apprête à faire adopter, déclarant "qu'el<strong>les</strong><br />

pourraient représenter un modèle pour <strong>les</strong> pays voisins, notamment la Bulgarie où la<br />

situation en ce domaine est encore plus grave".


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

On nous écrit<br />

Comme vous le savez, l'ambassa<strong>de</strong> <strong>de</strong> France en<br />

Roumanie suit avec beaucoup d'intérêt votre publication,<br />

qui contribue à faire aimer et connaître la<br />

Roumanie d'aujourd'hui dans l'opinion publique française.<br />

C'est donc d'autant plus volontiers que je me permets <strong>de</strong><br />

relever que, dans votre éditorial du numéro 22 (mars-avril<br />

<strong>2004</strong>), vous écrivez que "plusieurs pays européens, dont la<br />

France, ne sont pas clairs (sur la question <strong>de</strong>s adoptions internationa<strong>les</strong>)<br />

ayant négocié en sous-main <strong>de</strong>s dérogations, en<br />

contradiction avec la position européenne".<br />

Je me vois obligé <strong>de</strong> vous indiquer que cette accusation est<br />

infondée. La "position européenne" prévoit tout à fait que <strong>les</strong><br />

procédures d'adoptions entamées avant le début du moratoire<br />

roumain sur <strong>les</strong> adoptions internationa<strong>les</strong> sont possib<strong>les</strong> et<br />

légitimes.<br />

Les memoranda adoptés en 2002 et 2003 et qui ont<br />

concerné 73 famil<strong>les</strong> françaises sur un total <strong>de</strong> 900 adoptions<br />

Actualité<br />

"La France a été claire dans le processus<br />

d'adoption <strong>de</strong>s enfants roumains "<br />

Costina Buzea, étudiante <strong>de</strong> 24 ans <strong>de</strong> Ianca (Braila), participe <strong>de</strong>puis quatre ans à la revue estudiantine <strong>de</strong> Galati<br />

"Aka<strong>de</strong>mia". A la suite <strong>de</strong> l'évocation dans nos colonnes (n°22) <strong>de</strong> la candidature <strong>de</strong> l'Américaine d'origine roumaine<br />

Lia Roberts à la prési<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> la République pour succé<strong>de</strong>r à Ion Iliescu, en novembre prochain, elle réagit :<br />

"J'apprécie beaucoup votre initiative d'informer <strong>les</strong> Français sur notre vie et <strong>de</strong> satisfaire la curiosité <strong>de</strong>s Roumains vis-à-vis<br />

<strong>de</strong> la perception <strong>de</strong>s Français sur nous. En ce qui concerne l'OPA <strong>de</strong> la candidate roumano-américaine Lia Roberts sur la prési<strong>de</strong>nce<br />

<strong>de</strong> la République, vous avez dit que "celle-ci se présente comme la seule alternative crédible face à la désespérance actuelle",<br />

mais Lia Roberts ne pourrait être une alternative, quelque soit notre désespérance, car <strong>les</strong> Roumains veulent être conduits par<br />

quelqu'un qui vit ses jours ici, qui sait ce que sont la faim, la souffrance, <strong>les</strong> communistes et la corruption. Sachez que nous voulons<br />

quelqu'un qui connaisse nos problèmes non pas par le biais <strong>de</strong> la télévision, mais <strong>de</strong> manière concrète, en <strong>les</strong> vivant sur place.<br />

Il est vrai que Lia Roberts est fort soutenue par <strong>les</strong> Américains, qu'elle a <strong>de</strong> l'argent et qu'elle aura une campagne électorale judicieusement<br />

pensée, mais <strong>les</strong> Roumains (voir l'opinion <strong>de</strong>s jeunes, <strong>de</strong>s vieillards, <strong>les</strong> blagues qui circulent déjà sur Lia Roberts, qui<br />

ne parle pas bien le roumain et le point <strong>de</strong> vu <strong>de</strong> personnalités roumaines importantes) ne la considèrent ni comme une "force" qui<br />

pourrait amener le changement, ni comme une candidate menaçante ou sérieuse. Vous le verrez, enfin…" Costina BUZEA<br />

La carence <strong>de</strong>s réseaux <strong>de</strong><br />

transport dans <strong>les</strong> ex-pays <strong>de</strong><br />

l'Est constitue un sérieux handicap<br />

à leur développement économique<br />

estime un rapport <strong>de</strong> la Commission<br />

Européenne.<br />

D'après celle-ci, pour remédier à<br />

cette situation, il faudrait construire, d'ici<br />

l'adhésion <strong>de</strong> la Roumanie et <strong>de</strong> la<br />

Bulgarie, 20 000 km <strong>de</strong> routes ou auto-<br />

routes, 30 000 km <strong>de</strong> voies ferrées, plusieurs<br />

aéroports, pour un coût global <strong>de</strong><br />

100 milliards d'euros.<br />

Avec la Roumanie, la Pologne est le<br />

pays le plus mal loti, ne disposant que <strong>de</strong><br />

500 km d'autoroutes et d'un réseau ferroviaire<br />

particulièrement archaïque. Elle<br />

<strong>de</strong>vrait recevoir 3 milliards d'euros <strong>de</strong><br />

l'UE pour financer la construction d'une<br />

autoroute la traversant d'est en ouest, d'ici<br />

environ ont <strong>de</strong> plus été le fruit <strong>de</strong> processus <strong>de</strong> décision tout à<br />

fait transparents, en conformité avec la loi roumaine et <strong>les</strong><br />

conventions internationa<strong>les</strong>. Les famil<strong>les</strong> françaises<br />

concernées ont été soumises à toutes <strong>les</strong> obligations et procédures<br />

- el<strong>les</strong> sont nombreuses et rigoureuses - prévues en<br />

France dans ce domaine. C'est donc faire bien peu <strong>de</strong> cas <strong>de</strong> la<br />

réalité mais aussi <strong>de</strong>s personnes en cause que <strong>de</strong> dire que la<br />

France "n'a pas été claire" sur ce dossier.<br />

Je vous serais reconnaissant, Cher Monsieur, <strong>de</strong> donner<br />

dans votre publication à cette réaction la publicité que vous<br />

jugerez utile et vous prie <strong>de</strong> croire à l'assurance <strong>de</strong> ma considération<br />

distinguée."<br />

Philippe ETIENNE<br />

NDLR : dont acte… d'autant plus volontiers que <strong>les</strong> amis<br />

francophones <strong>de</strong> la Roumanie qui se posaient <strong>de</strong>s questions sur<br />

ce problème, seront heureux <strong>de</strong> savoir que la France, pour sa<br />

part, a su faire prévaloir une solution conforme à son éthique.<br />

Doina Cornea : "Les Nouvel<strong>les</strong> <strong>de</strong> Roumanie contribuent à éveiller <strong>les</strong> consciences"<br />

"Je vous souhaite une très bonne année <strong>2004</strong>. Je suis persuadée que "Les Nouvel<strong>les</strong> <strong>de</strong> Roumanie" contribuent à éveiller <strong>les</strong><br />

consciences." Doina CORNEA<br />

Costina, étudiante <strong>de</strong> Ianca, 24 ans:<br />

“L’Américaine Lia Roberts n’est représentative en rien <strong>de</strong>s réalités <strong>de</strong> la Roumanie”.<br />

Equipement<br />

Philippe Etienne, ambassa<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> France à Bucarest:<br />

Cent milliards d'euros nécessaires pour mo<strong>de</strong>rniser<br />

<strong>les</strong> infrastructures <strong>de</strong>s transports dans <strong>les</strong> ex-pays <strong>de</strong> l'Est<br />

2006, et qui constituerait un maillon <strong>de</strong><br />

l'axe Berlin-Moscou.<br />

La République tchèque, elle, ambitionne<br />

<strong>de</strong> disposer d'une autoroute reliant<br />

Prague à Vienne et espère que ce sera<br />

chose faite en 2009. L'absence <strong>de</strong> relations<br />

routières mo<strong>de</strong>rnisées avec la capitale<br />

autrichienne lui avait fait rater l'obtention<br />

<strong>de</strong>s championnats d'Europe <strong>de</strong><br />

football, en 2000.<br />

225


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

226<br />

<br />

BAIA MARE<br />

SUCEAVA<br />

<br />

ORADEA<br />

<br />

TARGU<br />

IASI<br />

ARAD<br />

<br />

CLUJ<br />

<br />

DEVA<br />

MURES<br />

<br />

BACAU<br />

<br />

TIMISOARA<br />

<br />

<br />

SIBIU<br />

BRASOV<br />

BRAILA <br />

<br />

PITESTI <br />

TULCEA<br />

<br />

<br />

PIATRA<br />

NEAMT<br />

CRAIOVA<br />

<br />

<br />

BUCAREST<br />

CONSTANTA<br />

<br />

Le futur prési<strong>de</strong>nt<br />

allemand est<br />

d'origine roumaine<br />

Horst Koehler, 61 ans, qui sera<br />

vraisemblablement élu prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong><br />

la République alleman<strong>de</strong>, le 23 mai -<br />

il a été désigné par le Parti Chrétien<br />

Démocrate et le Parti Libéral, majoritaires<br />

au Bun<strong>de</strong>srath - a <strong>de</strong>s origines<br />

roumaines. Ses parents sont natifs<br />

<strong>de</strong> la région <strong>de</strong> Brasov et avaient<br />

émigré en Pologne en 1943, l'année<br />

<strong>de</strong> la naissance <strong>de</strong> Horst, septième<br />

<strong>de</strong> leurs huit enfants, avant <strong>de</strong><br />

rejoindre la RDA après la guerre,<br />

puis <strong>de</strong> s'enfuir en RFA, en 1953.<br />

Horst Koehler, qui a été secrétaire<br />

d'Etat sous le chancelier Kohl, avant<br />

<strong>de</strong> <strong>de</strong>venir prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la Banque<br />

Européenne pour la Reconstruction<br />

et le Développement, était jusqu'ici<br />

directeur général du FMI.<br />

Il est à noter que le chancelier<br />

Schroe<strong>de</strong>r est également marqué<br />

par l'histoire <strong>de</strong> la Roumanie puisque<br />

son père, qu'il n'a jamais connu, soldat<br />

dans la Wehrmacht, est mort sur<br />

le front dans ce pays où on a<br />

retrouvé sa tombe voici trois ans. Le<br />

nouveau lea<strong>de</strong>r conservateur,<br />

Michael Howard, 62 ans est aussi<br />

originaire <strong>de</strong> Roumanie que son<br />

père, Juif, avait quitté en 1939, ne<br />

s'y sentant plus en sécurité.<br />

Quand à l'actuel Premier ministre<br />

hongrois, Peter Medgyessy, 62 ans,<br />

sa filiation est également roumaine,<br />

son père étant natif <strong>de</strong> la région<br />

d'Hunedoara et ayant grandi à Cluj,<br />

où il avait occupé <strong>de</strong>s fonctions politiques.<br />

Peter Medgyessy parle le<br />

roumain qu'il a appris pendant son<br />

enfance, lorsque son père était<br />

diplomate hongrois à Bucarest.<br />

Vie internationale<br />

Actualité<br />

Trop dérangeant, Michael Guest<br />

dénonçait la corruption en Roumanie<br />

Les USA remplacent leur ambassa<strong>de</strong>ur<br />

George W. Bush a appelé son ambassa<strong>de</strong>ur en Roumanie à <strong>de</strong> nouvel<strong>les</strong><br />

fonctions, la Maison Blanche annonçant la nomination <strong>de</strong> Jack Gryer<br />

Crouch II pour le remplacer. Ancien secrétaire adjoint aux problèmes <strong>de</strong><br />

défense du Département <strong>de</strong> la Sécurité, et professeur d'étu<strong>de</strong>s stratégiques à<br />

l'Université du Missouri, celui-ci appartient au camp néo-conservateur entourant le<br />

prési<strong>de</strong>nt américain.<br />

Le rappel <strong>de</strong> Michael Guest, en poste à<br />

Bucarest seulement <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>ux ans et <strong>de</strong>mi - une<br />

durée inhabituellement courte pour cette fonction<br />

dont la durée moyenne est <strong>de</strong> quatre ou cinq ans -<br />

n'est pas pour surprendre. Sa nomination avait déjà<br />

choqué <strong>les</strong> secteurs traditionalistes roumains, car,<br />

dans un pays qui venait tout juste d'abroger sa législation<br />

répressive contre l'homosexualité, le nouvel<br />

ambassa<strong>de</strong>ur, tout en se montrant discret, n'avait<br />

pas caché qu'il vivait en couple avec un autre<br />

homme, provoquant <strong>les</strong> réactions indignées et insultantes<br />

<strong>de</strong> l'ultra-nationaliste Corneliu Vadim Tudor.<br />

Mais surtout Michael Guest s'était illustré en s'éloignant <strong>de</strong> la langue <strong>de</strong> bois <strong>de</strong>s<br />

diplomates pour appeler un chat… un chat, dénonçant publiquement et invariablement<br />

<strong>les</strong> tares <strong>de</strong> la société roumaine, dont la corruption <strong>de</strong>s hommes politiques, enfonçant<br />

le clou à chacune <strong>de</strong> ses apparitions, même en présence <strong>de</strong> ministres. Ces "sorties" fort<br />

peu diplomatiques et un véritable attachement à la Roumanie, l'avaient rendu populaire<br />

dans le pays mais, à contrario, indésirable pour <strong>les</strong> dirigeants et la classe politique<br />

ainsi montrés du doigt et qui ne doivent pas être étrangers à son rappel. Le profil <strong>de</strong><br />

son successeur <strong>de</strong>vrait davantage leur convenir. L'an passé, le nom <strong>de</strong> Jack Gryer<br />

Crouch II avait été mentionné dans un rapport du Bureau <strong>de</strong> contrôle financier américain<br />

épinglant <strong>de</strong>s officiels du Pentagone dépensant <strong>de</strong>s sommes exorbitantes dans <strong>de</strong>s<br />

voyages en avion en classe affaires.<br />

Michael Guest n'avait aussi, semble-t-il, montré aucun empressement à soutenir<br />

la candidature aux prochaines élections prési<strong>de</strong>ntiel<strong>les</strong> roumaines <strong>de</strong> la prési<strong>de</strong>nte du<br />

Parti Républicain du Nevada Lia Roberts, une Roumaine naturalisée américaine, qui<br />

avait été reçue à la Maison Blanche.<br />

"Malheureusement, la Roumanie n'a pas eu <strong>de</strong> Vaclav Havel…"<br />

Peu avant l'annonce <strong>de</strong> son remplacement, Michael Guest avait fait cette <strong>de</strong>rnière<br />

déclaration <strong>de</strong>vant <strong>les</strong> étudiants <strong>de</strong> l'Université d'Arad, au cours d'une cérémonie l'intronisant<br />

docteur "honoris causa" :<br />

"Quelques ex-pays <strong>de</strong> l'Est ont eu la chance d'avoir à leur tête <strong>de</strong>s lea<strong>de</strong>rs <strong>de</strong> la<br />

trempe <strong>de</strong> Vaclav Havel et Lech Wa<strong>les</strong>a, au crédit moral énorme, et <strong>de</strong>s citoyens<br />

décidés à imposer le changement… Il est clair que ce n'est pas le cas en Roumanie qui<br />

a conservé <strong>de</strong>s reliques <strong>de</strong> la désastreuse pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> Ceausescu. Ces dirigeants qui ne<br />

se sont pas débarrassés <strong>de</strong> la mentalité communiste, <strong>de</strong> son inertie, <strong>de</strong> la servilité et<br />

<strong>de</strong> l'opportunisme qui ont marqué cette époque, ne resteront pas dans l'histoire" avaitt-il<br />

dit, enchaînant : "Les signes <strong>de</strong> cette incapacité à pouvoir conduire <strong>les</strong> affaires du<br />

pays, due à cette pério<strong>de</strong>, ne se relèvent pas seulement dans le rapport récent du<br />

Parlement européen sur la Roumanie, mais se retrouvent aussi aux plus bas échelons<br />

locaux, dans chaque coin du pays. On y voit <strong>de</strong>s décisions qui sont prises marquées<br />

<strong>de</strong> l'empreinte <strong>de</strong> l'ère Ceausescu, ce qui est incompatible avec <strong>les</strong> structures occi<strong>de</strong>nta<strong>les</strong>".<br />

S'adressant directement aux étudiants, l'ambassa<strong>de</strong>ur avait conclu : "Un <strong>de</strong><br />

vos gros problèmes sera justement <strong>de</strong> vous confronter avec ceux, énormes, qu'on vous<br />

aura laissés à résoudre".


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

Vie internationale<br />

Actualité<br />

Comme six autres ex-pays <strong>de</strong> l'Est (Bulgarie, Pays baltes, Slovénie et Slovaquie), la<br />

Roumanie est <strong>de</strong>venue membre à part entière <strong>de</strong> l'OTAN, le 1er avril. Ce événement a été<br />

fêté par une journée nationale fériée, le vendredi 2 avril, la population bénéficiant ainsi<br />

d'un week-end prolongé, et marqué par un grand concert et feu d'artifice à Bucarest.<br />

Le drapeau <strong>de</strong> l'OTAN flotte désormais sur le palais <strong>de</strong> Ceausescu et a été hissé <strong>de</strong>vant Ion Iliescu<br />

et Adrian Nastase : une scène qui aurait paru surréaliste voici encore quinze ans et qui marque la profon<strong>de</strong>ur<br />

<strong>de</strong>s changements survenus.<br />

Avec leurs 190 000 soldats, dont près <strong>de</strong>s trois-quarts<br />

sont Roumains (90 000) ou Bulgares, sur <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux millions<br />

que compte l'Alliance Atlantique, <strong>les</strong> nouveaux adhérents<br />

contribuent mo<strong>de</strong>stement à son développement et <strong>de</strong>vront<br />

Drapeaux <strong>de</strong> la Roumanie faire <strong>de</strong> sérieux efforts budgétaires pour mettre à niveau<br />

et <strong>de</strong> l’OTAN côte à côte.<br />

leurs armées, ce qui leur <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ra une douzaine d'années.<br />

La Roumanie consacre actuellement un milliard d'euros annuellement à sa défense,<br />

contre 383 milliards pour <strong>les</strong> USA, 200 milliards pour <strong>les</strong> membres européens <strong>de</strong><br />

l'Alliance, dont 45 milliards pour la France, qui effectue le plus gros effort en faveur <strong>de</strong><br />

son armée, <strong>de</strong>vant la Gran<strong>de</strong>-Bretagne (43 milliards), l'Allemagne (35 milliards) et<br />

l'Italie (25 milliards). Elle <strong>de</strong>vrait récupérer une ou plusieurs bases américaines dans le<br />

cadre du redéploiement <strong>de</strong>s forces américaines en Europe, installées principalement en<br />

Allemagne. La Roumanie <strong>de</strong>viendrait ainsi, avec la Bulgarie, la plaque tournante <strong>de</strong>s<br />

opérations <strong>de</strong> l'OTAN tournées vers <strong>les</strong> Balkans, la Mer Noire et le Caucase.<br />

Déjà plusieurs <strong>de</strong>s nouveaux membres sont engagés sur <strong>de</strong>s fronts extérieurs :<br />

Kosovo, Afghanistan, Irak, la Roumanie étant présente sur le théâtre <strong>de</strong> ces trois conflits.<br />

La prochaine vague d'élargissement <strong>de</strong> l'OTAN <strong>de</strong>vrait toucher la Croatie, l'Albanie, la<br />

Macédoine, dans l'attente <strong>de</strong> la stabilisation <strong>de</strong> la situation en Serbie. A terme, tous <strong>les</strong><br />

pays <strong>de</strong> l'ex-Pacte <strong>de</strong> Varsovie <strong>de</strong>vraient s'y retrouver, à l'exception <strong>de</strong> la Russie,<br />

l'Ukraine, le Bélarus et la République <strong>de</strong> Moldavie.<br />

Les critères d'adhésion <strong>de</strong>s candidats reposent sur <strong>les</strong> standards <strong>de</strong> leurs armées, qui<br />

Le drapeau <strong>de</strong> l'OTAN flotte<br />

sur le palais <strong>de</strong> Ceausescu<br />

doivent correspondre à ceux <strong>de</strong> l'OTAN, mais aussi sur <strong>les</strong> transformations <strong>de</strong> leurs métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gouvernement et <strong>de</strong> leurs économies.<br />

Réformes démocratiques, bonne gouvernance, Etat <strong>de</strong> droit, lutte contre la corruption, liberté <strong>de</strong> la presse, respect <strong>de</strong>s minorités,<br />

instauration d'une économie <strong>de</strong> marché sont autant <strong>de</strong> critères exigés.<br />

Apartir <strong>de</strong> ce 1er mai, <strong>les</strong><br />

Roumains désireux <strong>de</strong> se<br />

rendre dans <strong>les</strong> pays voisins<br />

qui entrent à cette date dans l'UE<br />

(Hongrie, Pologne, République Tchèque,<br />

Slovaquie, Slovénie, Pays Baltes, Chypre<br />

et Malte) <strong>de</strong>vront être en possession à la<br />

sortie <strong>de</strong> leur territoire d'une somme<br />

double <strong>de</strong> celle qu'ils <strong>de</strong>vaient présenter<br />

jusqu'ici et qui était, au minimum, <strong>de</strong> 250<br />

€, ainsi qu'être munis d'un billet allerretour<br />

et d'une attestation d'assurance.<br />

En effet, ces pays entrent désormais<br />

dans le cadre <strong>de</strong> la réglementation s'appliquant<br />

aux pays <strong>de</strong> l'UE, pour <strong>les</strong>quels<br />

<strong>les</strong> douanes roumaines exigent que leurs<br />

concitoyens disposent d'une somme <strong>de</strong><br />

100 € par jour <strong>de</strong> séjour, avec un minimum<br />

<strong>de</strong> 5 jours, soit 500 €.<br />

Ces dispositions entravent encore<br />

plus la liberté <strong>de</strong> se déplacer <strong>de</strong>s<br />

Roumains, qui doivent également obtenir<br />

un visa pour se rendre en Turquie et<br />

en Ukraine, en rétorsion à la même mesure<br />

qu'a prise à leur égard la Roumanie, à<br />

la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'UE, laquelle souhaite<br />

mieux contrôler <strong>les</strong> frontières <strong>de</strong> l'Est.<br />

Ces restrictions sont durement ressenties<br />

par <strong>les</strong> frontaliers, notamment<br />

ceux qui <strong>de</strong>meurent à proximité <strong>de</strong> la<br />

Hongrie où ils se ren<strong>de</strong>nt souvent, vivant<br />

<strong>de</strong> petits commerces. 500 € est une<br />

somme très importante, représentant six<br />

mois <strong>de</strong> salaire… C'est un peu comme si<br />

un Lillois ou un Lyonnais <strong>de</strong>vait présenter<br />

10 000 € (65 000 F) pour aller visiter<br />

ses amis ou sa famille en Belgique ou en<br />

Suisse.Par ailleurs, le prix <strong>de</strong>s cartes<br />

vertes pour <strong>les</strong> automobilistes roumains<br />

se rendant en Hongrie va doubler, <strong>les</strong><br />

“Bah, voisin, trois jours <strong>de</strong> congés pour<br />

entrer dans l’OTAN, c’est bien... mais, tu<br />

verras, quand on va entrer dans l’UE, on<br />

n’aura même plus besoin d’aller au boulot”.<br />

Gazdaru (Gardianul).<br />

Nouvelle entrave pour circuler dans <strong>les</strong> pays voisins<br />

assurances s'alignant sur <strong>les</strong> tarifs pratiqués<br />

dans l'UE. Ils passent <strong>de</strong> 30 à 60 €<br />

pour quinze jours et <strong>de</strong> 50 à 100 € pour<br />

un mois.<br />

"Les Roumains peuvent désormais<br />

circuler librement <strong>de</strong> Brest à<br />

Vladivostok" titraient "Les Nouvel<strong>les</strong> <strong>de</strong><br />

Roumanie", le 1er janvier 2002, date historique<br />

<strong>de</strong> suppression <strong>de</strong>s visas obligatoires<br />

pour <strong>les</strong> Roumains désireux <strong>de</strong><br />

voyager dans l'Espace Schengen. A la<br />

barrière administrative a succédé une<br />

autre entrave, économique celle-là,<br />

notamment pour tous <strong>les</strong> jeunes, <strong>les</strong><br />

enseignants qui souhaitent tant découvrir<br />

l'Europe. Il ne reste que <strong>de</strong>ux pays où <strong>les</strong><br />

Roumains peuvent se rendre en toute<br />

liberté, sans risquer d'être refoulés : la<br />

Bulgarie,et la République <strong>de</strong> Moldavie,<br />

celle-ci jusqu’en 2007.<br />

227


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

228<br />

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<br />

<br />

BAIA MARE<br />

SATU MARE<br />

SUCEAVA<br />

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ORADEA<br />

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BUCAREST<br />

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IASI<br />

ARAD<br />

CLUJ <br />

BACAU <br />

DEVA<br />

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TIMISOARA<br />

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SIBIU<br />

BRASOV<br />

GALATI<br />

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BRAILA <br />

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PITESTI BUZAU TULCEA<br />

CRAIOVA<br />

<br />

TIAGU MURES<br />

CONSTANTA<br />

PIB : La Roumanie<br />

<strong>de</strong>vant la Bulgarie<br />

et la Turquie<br />

Début janvier, l'hebdomadaire<br />

français "L'Express" a établi le classement<br />

par catégories <strong>de</strong>s pays<br />

européens sur la base <strong>de</strong> leur Produit<br />

Intérieur Brut et équivalent en pouvoir<br />

d'achat, à partir <strong>de</strong>s données<br />

d'Eurostat. Dans la première catégorie,<br />

"Pays plus riches que la moyenne",<br />

en prenant comme norme 100,<br />

correspondant à la moyenne <strong>de</strong>s<br />

quinze pays membres <strong>de</strong> l'UE, on<br />

trouve le Luxembourg (189), suivi <strong>de</strong><br />

la Norvège (136), l'Irlan<strong>de</strong> (125), la<br />

Suisse (114), le Danemark (113), <strong>les</strong><br />

pays Bas et l'Autriche (111).<br />

Figurent dans "Pays dans la<br />

moyenne", l'Islan<strong>de</strong> (109), la Gran<strong>de</strong><br />

Bretagne et la Belgique (107), la<br />

Suè<strong>de</strong> et la France (1<strong>05</strong>), la Finlan<strong>de</strong><br />

(102), l'Allemagne (100) et l'Italie (98).<br />

Ce classement étonne par le rang<br />

attribué à l'Irlan<strong>de</strong>, mais aussi par la<br />

place somme toute mo<strong>de</strong>ste <strong>de</strong> la<br />

Suisse, que l'on imagine plus riche, et<br />

surtout <strong>de</strong> l'Allemagne qui obtient<br />

juste la moyenne.<br />

Dans la catégorie "Pays un peu<br />

moins riches que la moyenne", viennent<br />

: l'Espagne (86), Chypre (76), le<br />

Portugal et la Grèce (71), Malte et la<br />

Slovénie (69), la République tchèque<br />

(62), la Hongrie (53).<br />

Le groupe "Pays beaucoup moins<br />

riches que la moyenne" comprend la<br />

Slovaquie (47), la Pologne (41),<br />

l'Estonie (40), la Lituanie (39), la<br />

Lettonie (35). En queue <strong>de</strong> peloton<br />

viennent la Roumanie (27), la Bulgarie<br />

(26) et la Turquie (25) qui ferme la<br />

marche. Les anciens pays <strong>de</strong> l'URSS,<br />

qui se situent encore en <strong>de</strong>ssous,<br />

n'ont pas été pris en compte.<br />

<br />

Débat<br />

Actualité<br />

L'analyste politique Tom Gallagher a précisé<br />

dans plusieurs interviews son point <strong>de</strong> vue sur<br />

la candidature roumaine à l'UE. Un avis original<br />

et dérangeant, dans la mesure où il préconise un<br />

ajournement <strong>de</strong> l'entrée <strong>de</strong> la Roumanie dans la<br />

Communauté européenne afin que celle-ci soit mieux<br />

préparée pour qu'elle profite en priorité à la population et<br />

ne soit pas confisquée par la nomenklatura, héritière du<br />

régime communiste.<br />

Professeur <strong>de</strong> sciences politiques à l'université <strong>de</strong><br />

Bradford, en Gran<strong>de</strong>-Bretagne, spécialiste <strong>de</strong> l'Europe du<br />

Sud-Est, Tom Gallagher a effectué <strong>de</strong> nombreux séjours en Roumanie <strong>de</strong>puis près <strong>de</strong><br />

quinze ans. Mais il précise tout <strong>de</strong> suite que c'est en voyageant dans <strong>de</strong>s trains <strong>de</strong><br />

secon<strong>de</strong> classe et en ayant <strong>de</strong>s amis roumains dans <strong>les</strong> villages <strong>les</strong> plus reculés… et<br />

non en fréquentant <strong>les</strong> antichambres ministériel<strong>les</strong>, tout en ayant l'occasion <strong>de</strong> côtoyer<br />

<strong>de</strong> nombreux hommes politiques <strong>de</strong> différents horizons.<br />

Avouant que dans son pays il vote "labour" (travailliste), "sauf quand le parti<br />

Libéral propose <strong>de</strong>s mesures plus progressistes que le gouvernement Blair", l'universitaire<br />

livre, sans ambages, son opinion sur la situation roumaine. Voici quelques<br />

extraits <strong>de</strong> ses réflexions.<br />

"Bruxel<strong>les</strong> ignore la véritable<br />

nature du pouvoir en place à Bucarest"<br />

“En 1999, le démarrage <strong>de</strong>s pourparlers entre la Roumanie et la Bulgarie en vue<br />

<strong>de</strong> leur adhésion à l'UE ne s'est pas faite sur le thème <strong>de</strong> leur intégration future, mais<br />

sur la reconnaissance <strong>de</strong> l'ai<strong>de</strong> qu'el<strong>les</strong> avaient apportée dans sa confrontation avec le<br />

régime <strong>de</strong> Milosevic, ce qui fausse fondamentalement le processus.<br />

Bruxel<strong>les</strong> ignore qu'elle est la véritable nature du pouvoir en place à Bucarest,<br />

l'expérience totalitaire dont il est issu et dont<br />

il continue à être influencé. Ses bureaucrates<br />

considèrent avec fierté leur réussite pour<br />

tirer <strong>de</strong>s griffes <strong>de</strong> la dictature <strong>de</strong>s pays<br />

comme l'Espagne, la Portugal et la Grèce,<br />

pensant qu'ils peuvent en faire <strong>de</strong> même avec<br />

un pays ruiné par le communisme, tombé aux<br />

mains <strong>de</strong> ses héritiers prédateurs. Mais ils<br />

pourraient vite découvrir qu'ils sont en train<br />

<strong>de</strong> promouvoir un pays où existe une dictature<br />

silencieuse.<br />

Beaucoup d'officiels européens gobent<br />

sans réagir <strong>les</strong> attitu<strong>de</strong>s pleines d'autosatisfaction<br />

et d'arrogance du Pouvoir, notamment<br />

<strong>les</strong> Britanniques et <strong>les</strong> Irlandais "pleins<br />

d'optimisme". Tout est fait pour forcer le pas<br />

"Avec ses milliards, l'Europe<br />

va permettre au pouvoir actuel <strong>de</strong><br />

s'installer durablement à la tête du pays"<br />

Tom Gallagher : "Il faut repousser<br />

à cinq ou dix ans l'entrée <strong>de</strong> la<br />

Roumanie dans l'UE"<br />

L’Europe est une “bonne affaire”<br />

pour la nomenklatura et ses “barons”,<br />

dont on voit ici un <strong>de</strong> ses représentants,<br />

le prési<strong>de</strong>nt du ju<strong>de</strong>t <strong>de</strong> Dolj (Craiova).<br />

<strong>de</strong> l'adhésion. Le Commissaire chargé <strong>de</strong> l'élargissement se trouve dans la situation<br />

d'un général qui a ordonné à son armée d'avancer le plus rapi<strong>de</strong>ment possible, alors<br />

qu'il la conduit vers <strong>de</strong>s marais où elle va s'embourber.


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

"Le PSD est une énorme affaire<br />

<strong>de</strong> famille… et l'Europe une belle affaire"<br />

Quand, fin 2000, <strong>les</strong> partis modérés ont cédé la place à<br />

Iliescu et à ses alliés, l'UE aurait dû être plus vigilante. Que<br />

sait-elle exactement du PSD (Parti Social Démocrate au pouvoir,<br />

héritier du Parti communiste) ? Ses membres sont autant<br />

socialistes que ceux du PCR (Parti Communiste Roumain)<br />

étaient communistes dans <strong>les</strong> Années 80… C'est à dire qu'ils<br />

agissent avec la même mentalité :<br />

"Piston, connaissances et relations".<br />

Le PSD est une énorme affaire <strong>de</strong><br />

famille, dont l'objet est <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s<br />

affaires avec la politique. Il se dit un<br />

parti <strong>de</strong> gauche, parle <strong>de</strong> protection<br />

sociale, mais ce n'est pas le cas. On<br />

retrouve en son sein <strong>les</strong> plus grosses<br />

fortunes du pays, qui font la queue<br />

chez <strong>les</strong> notaires pour faire enregistrer<br />

<strong>de</strong>s actes qui leurs permettent <strong>de</strong> faire<br />

main basse sur <strong>de</strong>s terres et <strong>de</strong>s forêts,<br />

achetées à <strong>de</strong>s prix dérisoires, engrangeant<br />

<strong>de</strong>s millions.<br />

Son Premier ministre envoie ses<br />

enfants dans une école <strong>de</strong> privilégiés et se constitue une riche<br />

collection d'objets d'art, alors que son prédécesseur entre 1992<br />

et 1996, Nicolae Vacaroiu, actuel prési<strong>de</strong>nt du Sénat, était à la<br />

tête d'une importante banque privée. Beaucoup <strong>de</strong> ses députés<br />

sont entrés au Parlement non pas pour soutenir un gouvernement<br />

d'inspiration socialiste mais pour faire <strong>de</strong>s affaires. Quel<br />

est le principal soutien du PSD en Europe ? Sans-doute<br />

Berlusconi et "Forza Italia"… Malgré cela, <strong>de</strong>s lea<strong>de</strong>rs socialistes<br />

européens aveuglés et trompés, comme le Portugais<br />

Antonio Gutterres, lui ont permis d'être intégrés au sein <strong>de</strong><br />

l'Internationale Socialiste, à l'automne <strong>de</strong>rnier…<br />

L'Europe est une belle affaire pour ce parti, car <strong>les</strong> milliards<br />

qu'elle va apporter vont lui permettre <strong>de</strong> conforter son<br />

pouvoir et <strong>de</strong> l'installer durablement, stabilisant la domination<br />

totale qu'il exerce actuellement. Ces fonds vont faire l'objet <strong>de</strong><br />

détournements, <strong>de</strong> scanda<strong>les</strong>, d'évasions vers <strong>les</strong> paradis fiscaux.<br />

Bien sûr que <strong>les</strong> dirigeants vont promettre toutes <strong>les</strong><br />

réformes que l'UE leur <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ra, mais el<strong>les</strong> n'existeront que<br />

sur le papier, reprenant ainsi un vieil atavisme roumain… la<br />

forme, mais pas le fond. Bucarest présentera <strong>de</strong>s plans, <strong>de</strong>s<br />

rapports, <strong>de</strong>s diagrammes, <strong>de</strong>s programmes, <strong>de</strong>s mots, <strong>de</strong>s promesses,<br />

autant d'éléments dont on raffole à Bruxel<strong>les</strong>, mais<br />

rien <strong>de</strong> concret ne viendra.<br />

"Un oncle riche et bienveillant"<br />

De leur côté, <strong>les</strong> actuels partis d'opposition voient<br />

dansl'Europe "un oncle riche et bienveillant" et n'osent pas<br />

abor<strong>de</strong>r avec elle la question d'une meilleure utilisation <strong>de</strong>s<br />

fonds qu'elle fournit. Ils ne comprennent pas qu'on peut négocier<br />

avec l'UE, lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s conseils, faire du lobbying,<br />

alors que le PSD a réussi à imposer avec cynisme l'idée qu'une<br />

Roumanie qui manque aux règ<strong>les</strong> <strong>de</strong> la démocratie mérite<br />

cependant <strong>de</strong> faire partie <strong>de</strong> son giron.<br />

La Roumanie a fêté son entrée dans l’’OTAN avec du<br />

champagne... mais pour l’UE, c’est une autre histoire.<br />

Actualité<br />

L'Opposition ne propose aucune vision alternative méritant<br />

l'attention <strong>de</strong> l'UE. Le fait qu'elle soit accourue pour<br />

défendre le gouvernement à Bruxel<strong>les</strong>, lorsqu'il a été mis en<br />

cause en janvier-février, laisse à penser qu'il ne s'agit pas d'une<br />

vraie opposition, et même présager qu'une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> ses<br />

lea<strong>de</strong>rs pourrait se rallier à Adrian Nastase, dans le cadre d'un<br />

gouvernement d'Union nationale après <strong>les</strong> élections <strong>de</strong> fin<br />

d'année, s'ils dépassent <strong>les</strong> querel<strong>les</strong> personnel<strong>les</strong> et que la<br />

campagne ne dérape pas. Après tout, <strong>les</strong> milliards d'euros que<br />

l'UE va apporter constitue un gâteau<br />

assez grand pour le partager plus<br />

équitablement. On n'a jamais vu un<br />

politicien mourir <strong>de</strong> faim en<br />

Roumanie.<br />

Si cette perspective, vraisemblable,<br />

se vérifie, <strong>les</strong> Roumains en<br />

déduiront que la politique est véritablement<br />

pourrie. Ils savent déjà que<br />

<strong>les</strong> plus capab<strong>les</strong> d'entre eux, <strong>les</strong> plus<br />

enthousiastes, ne suivent pas cette<br />

voie, mais émigrent ou choisissent<br />

d'autres formes d'investissement personnel.<br />

Ils pourraient aussi en nourrir<br />

une forte désillusion à l'égard <strong>de</strong><br />

l'Europe à laquelle ils croient et qui pourrait être assimilée à<br />

une forme <strong>de</strong> complicité. Ils seraient aussi tentés <strong>de</strong> se retourner<br />

vers <strong>de</strong>s partis nationalistes autrement plus musclés et<br />

moins folkloriques que celui <strong>de</strong> Vadim Tudor.<br />

"Il s'agit <strong>de</strong> préserver l'image<br />

<strong>de</strong> l'Europe aux yeux <strong>de</strong>s Roumains"<br />

L'UE doit faire attention en négociant avec un tel régime,<br />

qui n'a aucun intérêt à instaurer un véritable Etat <strong>de</strong> Droit. Cela<br />

peut être un choc terrible pour son système nerveux car elle<br />

n'est pas le colosse aussi fort et plein <strong>de</strong> vitalité que l'on peut<br />

s'imaginer. Si elle se lasse <strong>de</strong>s problèmes que lui pose une<br />

Roumanie ayant adhéré, celle ci sera marginalisée, isolée <strong>de</strong>s<br />

autres pays. Cette expérience malheureuse découragerait<br />

l'Europe <strong>de</strong> poursuivre son extension vers l'ex-Yougoslavie, ce<br />

qui serait une tragédie.<br />

Il est clair qu'à cause du PSD et <strong>de</strong>s autres partis, la<br />

Roumanie a perdu l'occasion d'emboîter le pas immédiatement<br />

aux autres ex pays <strong>de</strong> l'Est qui viennent d'intégrer l'Union<br />

Européenne. Il ne s'agit pas <strong>de</strong> l'abandonner à son sort, mais<br />

d'adopter une nouvelle stratégie, basée sur <strong>de</strong>s réformes<br />

réel<strong>les</strong>, avec <strong>de</strong>s bénéfices visib<strong>les</strong> et plus rapi<strong>de</strong>s pour la<br />

population, comme dans la santé et l'éducation, et non pour <strong>les</strong><br />

avantages <strong>de</strong> l'oligarchie.<br />

Renoncer à l'objectif <strong>de</strong> l'entrée <strong>de</strong> la Roumanie dans l'UE<br />

en 2007 n'est pas une catastrophe si on peut faire mieux en<br />

cinq ou dix ans, délai qui permettrait aussi <strong>de</strong> faire apparaître<br />

<strong>de</strong> nouvel<strong>les</strong> forces politiques et <strong>de</strong> rogner le pouvoir et l'arrogance<br />

du PSD. Si l'on fait clairement apparaître aux Roumains<br />

que ce retard leur garantit un bien meilleur résultat, basé sur un<br />

partenariat largement ouvert en leur direction, il ne faut pas<br />

trop craindre <strong>de</strong> réactions négatives. Il s'agit <strong>de</strong> préserver<br />

l'image <strong>de</strong> l'Europe à leurs yeux”.<br />

229


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

22 10<br />

ORADEA<br />

<br />

<br />

BAIA MARE<br />

SUCEAVA<br />

<br />

TARGU MURES IASI<br />

ARAD<br />

<br />

<br />

BACAU<br />

<br />

<br />

GALATI<br />

TIMISOARA SIBIU<br />

BRASOV<br />

<br />

BRAILA <br />

CRAIOVA<br />

<br />

<br />

BUCAREST<br />

<br />

CONSTANTA<br />

<br />

CLUJ<br />

DEVA<br />

<br />

HUNEDOARA<br />

PITESTI <br />

CERNAVODA<br />

<br />

Une paysannerie qui<br />

donne <strong>de</strong>s frissons<br />

aux experts bruxellois<br />

Sauf remise en cause <strong>de</strong> l'échéancier<br />

qui lui a été fixé, la<br />

Roumanie entrera dans l'Union<br />

Européenne dans moins <strong>de</strong> trois<br />

ans… ce qui donne <strong>de</strong>s frissons aux<br />

experts bruxellois, <strong>les</strong>quels redoutent<br />

<strong>de</strong> voir une population non-qualifiée<br />

issue <strong>de</strong>s milieux ruraux débarquer<br />

dans <strong>les</strong> autres pays membres.<br />

Il n'a pas échappé à l'UE que plus<br />

<strong>de</strong> 40 % <strong>de</strong>s Roumains vivent <strong>de</strong> la<br />

terre, dans un état <strong>de</strong> chômage<br />

latent, ce qui ne peut manquer <strong>de</strong><br />

<strong>les</strong> pousser à trouver <strong>de</strong>s cieux<br />

meilleurs.<br />

Ainsi Bruxel<strong>les</strong> encourage-t-il<br />

l'ANOFM (ANPE roumaine) a monté<br />

<strong>de</strong>s programmes <strong>de</strong> qualification<br />

envers ces travailleurs dépourvus <strong>de</strong><br />

formation, afin qu'ils puissent<br />

apprendre gratuitement un métier ou<br />

ouvrir une affaire.<br />

Désormais, cette population pourra<br />

être assimilée aux <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs<br />

d'emploi et, <strong>de</strong> ce fait, <strong>de</strong>vrait bénéficier<br />

<strong>de</strong>s formations qui leur sont<br />

réservées et dont elle était exclue<br />

jusque là.<br />

Agro-tourisme, cultures spécialisées,<br />

apiculture, métiers du bois,<br />

charpenterie, maçonnerie, confection,<br />

coiffure, vente, sont autant <strong>de</strong><br />

pistes qui ont été avancées.<br />

L'ANOFM compte développer,<br />

d'autre part, son action dans 235<br />

communes particulièrement touchées<br />

par le chômage et créer plusieurs<br />

milliers d'emplois dans <strong>les</strong><br />

régions particulièrement sinistrées<br />

<strong>de</strong> la vallée <strong>de</strong> Jiu et du <strong>de</strong>lta du<br />

Danube.<br />

Débat<br />

Actualité<br />

Edith Lhomel:<br />

“L'avertissement <strong>de</strong> l'UE<br />

est-il un dialogue <strong>de</strong> sourds<br />

ou une admonestation salutaire?”<br />

Chargée d'étu<strong>de</strong>s à la Documentation française,<br />

rédactrice au Courrier <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l'Est, Edith<br />

Lhomel est une <strong>de</strong>s meilleurs spécialistes<br />

françaises <strong>de</strong> la Roumanie et est souvent appelée à donner<br />

<strong>de</strong>s conférences. Mais sa connaissance du pays prend une<br />

autre dimension, celle du terrain car, fondatrice et viceprési<strong>de</strong>nte<br />

d'Opération Villages Roumains France, elle<br />

s'est engagée dans l'action et la solidarité envers la<br />

Roumanie, s'y rendant fréquemment. Malgré l'amitié<br />

qu'elle lui porte, la chercheuse s'efforce à la lucidité.<br />

Savolonté <strong>de</strong> le voir réussir ne l'empêche pas <strong>de</strong> s'interroger<br />

sur l’échéance <strong>de</strong> 2007 pour son entrée dans l’UE.<br />

“Lutte contre la corruption, indépendance <strong>de</strong> la justice,<br />

liberté <strong>de</strong> la presse... le malaise n’est pas nouveau”<br />

"En adressant, le 7 février <strong>2004</strong>, une sévère mise en gar<strong>de</strong> à la Roumanie en raison<br />

<strong>de</strong> ses inquiétantes défaillances en matière <strong>de</strong> lutte contre la corruption, d'indépendance<br />

<strong>de</strong> la justice, <strong>de</strong> liberté <strong>de</strong> la presse, etc…, le Parlement européen a amené<br />

<strong>les</strong> observateurs à se poser la question du bien fondé <strong>de</strong> son adhésion à l'union<br />

européenne (UE) en 2007. Le malaise n'est pas nouveau et <strong>les</strong> retards enregistrés par<br />

la Roumanie dans le processus <strong>de</strong> négociation<br />

étaient déjà sévèrement pointés à l'issue<br />

du <strong>de</strong>rnier rapport régulier publié par la<br />

Commission, le 7 novembre 2003. Aux<br />

doutes émis sur la "fonctionnalité" <strong>de</strong> l'économie<br />

<strong>de</strong> marché du pays alors uniquement<br />

qualifiée <strong>de</strong> viable , la Roumanie se<br />

voit donc sérieusement suspectée <strong>de</strong> ne pas<br />

remplir un autre <strong>de</strong>s trois critères <strong>de</strong><br />

Copenhague qui porte, pour sa part, sur le<br />

champ du politique autant que sur celui <strong>de</strong><br />

la démocratisation.<br />

"La forme…mais pas le fond"<br />

Le Prési<strong>de</strong>nt Iliescu et la ministre <strong>de</strong>s<br />

Affaires européennes, Hil<strong>de</strong>gard Puwak,<br />

écartée à la suite d’un scandale.<br />

Il est un fait que le référendum organisé <strong>de</strong><br />

façon particulièrement démagogique le 18 octobre 2003, sur <strong>les</strong> amen<strong>de</strong>ments à<br />

apporter à la Constitution roumaine pour la rendre conforme à une entrée dans l'UE,<br />

tout comme la démission, à la même époque, <strong>de</strong> trois ministres soupçonnés <strong>de</strong> corruption,<br />

à commencer par la détentrice du maroquin <strong>de</strong> l'intégration européenne, n'auront<br />

pas réussi à donner le change. On peut, au contraire, constater que cette politique<br />

<strong>de</strong> "l'affichage" ("la forme …mais pas le fond" !), non seulement, ne répond en rien<br />

aux problèmes <strong>de</strong> fond mais, au contraire, finit par se retourner contre ses inspirateurs.<br />

Il en va d'ailleurs <strong>de</strong> même du remaniement du 8 mars <strong>2004</strong> qui a suivi l'admonestation<br />

du Parlement européen qu'on pourrait avoir la méchante pensée d'assimiler<br />

aux jeux récurrents <strong>de</strong> chaises musica<strong>les</strong>, <strong>les</strong>quels, à l'époque <strong>de</strong> Ceausescu, s'opéraient<br />

à la tête du gouvernement roumain, voire même du Comité central du Parti<br />

communiste aujourd'hui réputé défunt, aux fins, à l'époque, <strong>de</strong> laisser croire à un quelconque<br />

changement <strong>de</strong> ligne…


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

"Le problème n'est pas celui <strong>de</strong> la quantité<br />

<strong>de</strong>s fonds alloués, mais celui <strong>de</strong> leur utilisation"<br />

Le pavé dans la mare jeté par l'analyse sans concession et<br />

dûment fondée du politologue britannique Tom Gallagher<br />

oblige, tout comme cet avertissement du Parlement européen,<br />

à se poser <strong>les</strong> bonnes questions et à cesser d'entretenir ce climat<br />

d'hypocrisie auquel certains <strong>de</strong> nos propres responsab<strong>les</strong><br />

politiques, en France, participent, non pas par naïveté ou par<br />

ignorance, mais tout simplement par lâcheté, complaisance et<br />

vanité.<br />

Les propos <strong>de</strong> Tom Gallagher contribuent notamment à<br />

s'interroger sur l'efficacité <strong>de</strong> la politique communautaire d'assistance<br />

financière mise en œuvre au travers <strong>de</strong>s instruments<br />

dits <strong>de</strong> pré-adhésion (soit au<br />

total, Phare, Ispa et Sapard réunis,<br />

700 millions d'euros par an<br />

dans le cas <strong>de</strong> la Roumanie) qui,<br />

si pour <strong>les</strong> réseaux mafieux bien<br />

positionnés en haut lieu comme<br />

au niveau régional et local, ne<br />

pose pas à proprement parler (et<br />

malheureusement !) <strong>de</strong> problème<br />

d' "absorption", soulève, par<br />

contre, celui <strong>de</strong> l'adéquation <strong>de</strong><br />

ces outils aux réalités du pays.<br />

En revoyant son soutien à la<br />

hausse pour <strong>les</strong> années <strong>2004</strong>-<br />

2006, l'Union Européenne ne se<br />

piège-t-elle pas davantage, la question étant peut-être moins<br />

celle <strong>de</strong> la quantité <strong>de</strong>s fonds alloués (quand bien même, on le<br />

sait, <strong>les</strong> besoins sont énormes) que celle d'une utilisation judicieuse<br />

et strictement soumise au principe <strong>de</strong> conditionnalité ?<br />

"Fermer la porte, c'est encourager<br />

<strong>les</strong> tendances nationalistes, voire xénophobes"<br />

Est-ce à dire, pour autant, que l'échéance <strong>de</strong> 2007 <strong>de</strong>vrait<br />

être considérée comme compromise et, qu'en toute lucidité, il<br />

faudrait, à tout le moins, songer d'ores et déjà à la retar<strong>de</strong>r ?<br />

Les déci<strong>de</strong>urs bruxellois tout comme <strong>les</strong> représentants <strong>de</strong><br />

la Délégation européenne à Bucarest ne sont pas sans savoir,<br />

qu'en cette pério<strong>de</strong> électorale, dont la Roumanie ne sortira pas<br />

avant mars 20<strong>05</strong>, lui fermer la porte <strong>de</strong> l'adhésion comporterait<br />

le risque d'encourager <strong>de</strong>s tendances nationalistes, voire xénophobes<br />

que, même le PSD, tout reconverti soit-il aux réformes<br />

et à l'ouverture, pourrait ne pas se priver d'exploiter pour<br />

mieux se ménager une porte <strong>de</strong> sortie.<br />

Les dirigeants actuels auraient tôt fait <strong>de</strong> rejeter sur<br />

Bruxel<strong>les</strong> la responsabilité <strong>de</strong> leurs difficultés économiques et<br />

<strong>de</strong> "leur retard" dans <strong>les</strong> négociations, ce dont d'ailleurs ils ne<br />

se privent pas quand il s'agit <strong>de</strong> justifier le bien-fondé <strong>de</strong> la<br />

liquidation <strong>de</strong> tel pan <strong>de</strong> l'industrie ou <strong>de</strong> telle mesure d'austérité<br />

sociale. Ils ne constituent pas, à cet égard, une exception<br />

parmi <strong>les</strong> Etats candidats dans la mesure où la marche forcée<br />

entreprise par <strong>les</strong> pays post-communistes pour entrer dans l'UE<br />

a servi à tort ou à raison, <strong>de</strong>puis que le processus est engagé,<br />

<strong>de</strong> justificatif à la mise en œuvre <strong>de</strong> politiques nationa<strong>les</strong> sin-<br />

Actualité<br />

gulièrement rigoureuses, voire anti-socia<strong>les</strong>.<br />

Dès lors que, à l'issue du Conseil européen <strong>de</strong><br />

Thessalonique <strong>de</strong>s 19-20 juin 2003, l'UE s'est prononcée en<br />

faveur <strong>de</strong> l'adhésion <strong>de</strong> la Bulgarie et <strong>de</strong> la Roumanie à l'horizon<br />

2007, ne serait-il pas particulièrement maladroit <strong>de</strong> revenir<br />

sur "cet engagement" quand bien même <strong>les</strong> arcanes du discours<br />

européen sur l'intégration permet toutes <strong>les</strong> interprétations,<br />

toutes <strong>les</strong> nuances voire tous <strong>les</strong> revirements possib<strong>les</strong> ?<br />

"La classe politique roumaine est-elle<br />

capable d'assumer sa responsabilité historique?"<br />

L'UE est-elle d'ailleurs en capacité <strong>de</strong> se déjuger, voire <strong>de</strong><br />

réviser son approche actuelle ? Il ne faut pas oublier que cette<br />

évolution intérieure critiquable<br />

<strong>de</strong> la Roumanie ne constitue<br />

pas, loin s'en faut, le seul<br />

paramètre <strong>de</strong> Bruxel<strong>les</strong> pour<br />

déci<strong>de</strong>r <strong>de</strong> la pertinence <strong>de</strong> son<br />

adhésion en 2007.<br />

Les effets prévisib<strong>les</strong> (et<br />

imprévisib<strong>les</strong>) du Big Bang <strong>de</strong><br />

mai <strong>2004</strong> à la suite <strong>de</strong> l'arrivée<br />

<strong>de</strong> dix nouveaux Etats dans l'édifice<br />

européen, le casse-tête<br />

<strong>de</strong> l'ouverture <strong>de</strong>s négociations<br />

avec la Turquie, la fragilité<br />

La décision <strong>de</strong> principe <strong>de</strong> faire adhérer la Roumanie et la Bulgarie a récurrente <strong>de</strong> la situation en<br />

été prise lors du sommet européen <strong>de</strong> Thessalonique, en juin 2003.<br />

Europe du Sud-Est à l'égard <strong>de</strong><br />

laquelle l'UE a engagé un processus <strong>de</strong> coopération renforcée<br />

via <strong>les</strong> accords <strong>de</strong> stabilisation et d'association, la mise en<br />

œuvre <strong>de</strong> la politique <strong>de</strong> bon voisinage <strong>de</strong> l'Europe élargie dont<br />

la Moldavie est un pan important,sont autant <strong>de</strong> facteurs qui<br />

pèseront, dans <strong>les</strong> trois ans à venir, sur l'attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Bruxel<strong>les</strong><br />

à l'égard <strong>de</strong> Bucarest.<br />

Enfin, il ne faut pas oublier le défi <strong>de</strong>s futurs arbitrages<br />

budgétaires 2007-2<strong>01</strong>3 qu'il conviendra aux "Vingt-cinq" <strong>de</strong><br />

relever.<br />

Une chose est <strong>de</strong> repousser <strong>les</strong> échéances, une autre est <strong>de</strong><br />

réévaluer le processus d'élargissement <strong>de</strong> la construction<br />

européenne à mesure que celui-ci expose <strong>les</strong> politiques communautaires<br />

(Politique <strong>de</strong> cohésion économique et sociale et<br />

Politique agricole commune) à <strong>de</strong>s risques d'affaiblissement,<br />

voire <strong>de</strong> dilution.<br />

Ces paramètres, aussi décisifs soient-ils, ne diminuent<br />

cependant en rien la responsabilité historique qui incombe à la<br />

classe politique roumaine dont il est permis <strong>de</strong> douter qu'elle<br />

soit, du moins à court terme, capable <strong>de</strong> l'assumer".<br />

Edith Lhomel<br />

Cf . l'article <strong>de</strong> l'auteur Roumanie: un parcours encourageant,<br />

mais parfois sinueux, in “Le courrier <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l'Est”, n°1036-<br />

1037, juin-juillet 2003.<br />

Cf. Dov Lynch, Moldavie: laboratoire <strong>de</strong> la politique<br />

européenne <strong>de</strong> voisinage, “Le courrier <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l'Est”, n° 1042,<br />

mars-avril <strong>2004</strong>.<br />

Se reporter à la lecture d'artic<strong>les</strong> <strong>de</strong> presse souvent édifiants<br />

sélectionnés et traduits par Laure Hinkel in Le courrier <strong>de</strong>s Balkans<br />

(http//: www.balkans.eu.org)<br />

22 11


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

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ORADEA<br />

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SUCEAVA<br />

ZALAU<br />

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IASI<br />

TARGU MURES<br />

BACAU<br />

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CLUJ<br />

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DEVA<br />

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GALATI<br />

TIMISOARA SIBIU<br />

BRASOV<br />

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BRAILA <br />

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PITESTI <br />

TULCEA<br />

CRAIOVA<br />

<br />

<br />

BUCAREST<br />

CONSTANTA<br />

Le gouvernement<br />

se fixe 21 objectifs<br />

pour <strong>les</strong> dix<br />

prochaines années<br />

Un rapport du gouvernement réalisé<br />

en collaboration avec <strong>les</strong> Nations<br />

Unies détaille 21 objectifs à réaliser<br />

d'ici 2<strong>01</strong>5 pour que la Roumanie se<br />

mette au niveau <strong>de</strong> l'Europe.<br />

Réduction du taux <strong>de</strong> pauvreté, croissance<br />

du nombre <strong>de</strong> diplômés <strong>de</strong><br />

l'enseignement, amélioration du<br />

système <strong>de</strong> santé et développement<br />

<strong>de</strong>s communications, figurent parmi<br />

<strong>les</strong> principa<strong>les</strong> priorités.<br />

<br />

Ion Talpes,<br />

ancien chef<br />

<strong>de</strong>s sevices<br />

secrets,<br />

est <strong>de</strong>venu<br />

l’homme fort<br />

du pouvoir<br />

Ainsi le gouvernement entend<br />

diviser par <strong>de</strong>ux le taux <strong>de</strong> la mortalité<br />

infantile chez <strong>les</strong> enfants <strong>de</strong> 0 à<br />

4 ans et la pauvreté extrême, éradiquer<br />

la rougeole d'ici 2007, fournir<br />

<strong>de</strong>s médicaments essentiels à <strong>de</strong>s<br />

prix accessib<strong>les</strong> à l'ensemble <strong>de</strong> la<br />

population, doubler le nombre <strong>de</strong><br />

foyers reliés au réseau d'eau potable<br />

ainsi que celui d'abonnés au téléphone<br />

fixe et faire passer la superficie<br />

<strong>de</strong>s forêts <strong>de</strong> 28 à 35 % <strong>de</strong> celle<br />

du territoire. Il se propose également<br />

<strong>de</strong> continuer sa politique <strong>de</strong> subvention<br />

aux agriculteurs, <strong>de</strong> faciliter<br />

l'emploi <strong>de</strong>s jeunes et <strong>de</strong>s femmes<br />

et d'assurer l'accès à l'école aux<br />

enfants tsiganes.<br />

Actualité<br />

Politique Limogeage <strong>de</strong> la ministre <strong>de</strong><br />

la Justice et arrivée au gouvernement<br />

<strong>de</strong> l'ancien chef <strong>de</strong>s services secrets<br />

Rodica Stanoiu, ex-ministre<br />

controversée <strong>de</strong> la Justice.<br />

Début mars, Adrian Nastase a procédé à un<br />

léger remaniement ministériel dont <strong>les</strong><br />

<strong>de</strong>ux principaux événements ont été le<br />

départ <strong>de</strong> Rodica Stanoiu, ministre <strong>de</strong> la Justice, et l'arrivée<br />

<strong>de</strong> Ion Talpes, conseiller du Prési<strong>de</strong>nt Iliescu,<br />

comme ministre d'Etat, chargé <strong>de</strong> coordonner <strong>les</strong> secteurs<br />

<strong>de</strong> la Justice, <strong>de</strong> la Défense et <strong>de</strong> l'Intégration<br />

européenne. Le Premier ministre a obtenu <strong>de</strong> Ion<br />

Iliescu la révocation <strong>de</strong> Rodica Stanoiu, critiquée aussi<br />

bien à Bruxel<strong>les</strong> que dans son pays pour l'état <strong>de</strong> corruption<br />

et <strong>de</strong> dépendance vis à vis du Pouvoir dans<br />

lequel elle laisse le secteur <strong>de</strong> la Justice et son incapacité<br />

à le réformer. Cette décision n'a pas été prise sans<br />

mal, la ministre étant une protégée du Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la République, dont elle est <strong>de</strong>venue<br />

d'ailleurs conseillère, immédiatement après son limogeage. Elle a été remplacée<br />

par Cristian Diaconescu, jusqu'alors secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères.<br />

La nomination <strong>de</strong> Ion Talpes, autre proche <strong>de</strong> Ion Iliescu qui semble l'avoir<br />

imposé, a également provoqué <strong>de</strong>s remous, le nouveau ministre d'Etat étant l'ancien<br />

chef <strong>de</strong>s services secrets roumains, <strong>de</strong> 1992 à 1997, ayant rang <strong>de</strong> ministre à l'époque.<br />

Adrian Nastase a indiqué que cela ne risquait pas <strong>de</strong> nuire à l'image du gouvernement,<br />

car il avait occupé ces fonctions après 1989. Pour ses débuts, interpellé par <strong>de</strong>s<br />

députés au sujet <strong>de</strong> ses relations avec le pédophile américain Kurt Treptow, soupçonné<br />

également d'être un agent secret, et aujourd'hui emprisonné à Iasi, Ion Talpes a fait fort<br />

pour <strong>les</strong> faire taire, laissant entendre qu'il avait <strong>de</strong>s dossiers sur beaucoup <strong>de</strong> mon<strong>de</strong>…<br />

Adrian Nastase a fixé comme tâche prioritaire à son gouvernement remanié <strong>de</strong><br />

tout faire pour que la Roumanie obtienne à l'automne le statut d'économie <strong>de</strong> marché,<br />

afin <strong>de</strong> préparer son adhésion à l'UE en 2007.<br />

Des parlementaires découvrent<br />

ce qu'est survivre avec le salaire minimum<br />

Comme dans plusieurs autres<br />

ex pays <strong>de</strong> l'Est, une chaîne<br />

<strong>de</strong> télévision, Antena 1 avait<br />

proposé à plusieurs parlementaires <strong>de</strong> <strong>les</strong><br />

filmer pendant une semaine, du lundi<br />

matin au dimanche soir, alors qu'ils s'étaient<br />

engagés à vivre avec seulement<br />

400 000 lei (0,5 €, 68 F), soit l'équivalent<br />

pour la même pério<strong>de</strong> du salaire minimum,<br />

histoire <strong>de</strong> tester son niveau.<br />

Seuls quatre d'entre eux, Emil Boc,<br />

Maria Petre, Mona Musca et Raj Tunaru,<br />

ont tenu cette gageure, survivant sans<br />

dépenser plus. Ion Solcanu (député PSD)<br />

s'était retiré dès le premier jour, affirmant<br />

que son activité parlementaire et politique<br />

ne pouvait pas s'accommo<strong>de</strong>r du<br />

mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> transports en commun qu'il était<br />

obligé d'utiliser. Son collègue Mihai<br />

Lupoi (Parti <strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong> Roumanie),<br />

jetait l'éponge le jeudi, à court <strong>de</strong> crème à<br />

raser, <strong>de</strong>vant acheter <strong>de</strong>s médicaments et<br />

<strong>de</strong>s cahiers pour ses enfants. Egalement<br />

député PSD, Vasile Bleotu était disqualifié<br />

le samedi pour n'avoir par réussi à<br />

résister à la tentation d'acheter plusieurs<br />

paires <strong>de</strong> chaussure en sol<strong>de</strong> pour sa<br />

famille, dépensant ainsi 3 millions <strong>de</strong> lei<br />

(77 €, 510 F).<br />

Qu'ils aient réussi ou non, tous ces<br />

élus sont arrivés à la conclusion qu'il était<br />

impossible <strong>de</strong> vivre avec une telle somme<br />

et ont promis, soit <strong>de</strong> faire une déclaration<br />

politique, soit d'interpeller le gouvernement,<br />

soit <strong>de</strong> prendre une initiative<br />

législative pour faire en sorte que le salaire<br />

minimum soit majoré. Le plus décidé,<br />

Raj Tunaru, a même déclaré que si Dieu<br />

l'aidait à accé<strong>de</strong>r à <strong>de</strong>s responsabilités<br />

gouvernementa<strong>les</strong>, sa première décision<br />

serait <strong>de</strong> le porter à 6 900 000 lei (178 €,<br />

1170 F).


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

Politique<br />

Le lea<strong>de</strong>r<br />

ultra-nationaliste,<br />

Corneliu Vadim Tudor,<br />

met <strong>les</strong> bouchées<br />

doub<strong>les</strong> en cette année<br />

électorale, notamment<br />

en vue <strong>de</strong> la préparation<br />

<strong>de</strong> sa campagne prési<strong>de</strong>ntielle.<br />

Déjà son<br />

parti, le PRM (Parti <strong>de</strong><br />

la Gran<strong>de</strong> Roumanie) éditait un hebdomadaire, "Romania<br />

Mare", mais, fin mars, est apparu, en renfort, le quotidien<br />

"Tricolorul" ("Le Tricolore", en référence aux trois couleurs<br />

du drapeau national, rouge, jaune, bleu), qui se veut d'obédience<br />

"populaire, chrétienne et européenne". Ce journal est<br />

<strong>de</strong>stiné "à équilibrer le paysage médiatique roumain, asservi à<br />

la publicité et inféodé au Pouvoir, ainsi qu'à <strong>de</strong>venir une tribune<br />

pour lutter contre la mafia et ai<strong>de</strong>r le peuple roumain".<br />

Corneliu Vadim Tudor a également augmenté son emprise<br />

Apartir <strong>de</strong> <strong>document</strong>s publics,<br />

le quotidien "Evenimentul<br />

Zilei" ("L'Evènement du<br />

Jour") a tenté d'évaluer <strong>les</strong> sommes qui<br />

ont été détournées <strong>de</strong>puis la "Révolution"<br />

<strong>de</strong> décembre 1989, arrivant au chiffre<br />

impressionnant <strong>de</strong> 25 milliards d'euros<br />

(165milliards <strong>de</strong> francs) sur quatorze ans,<br />

soit la moitié du PIB annuel <strong>de</strong> la<br />

Roumanie. Les prêts douteux accordés<br />

par <strong>les</strong> banques publiques se montent à 7<br />

milliards d'euros (46 milliards <strong>de</strong> francs),<br />

la contreban<strong>de</strong> <strong>de</strong> pétrole à la même<br />

somme soit 500 M€ (3,3 milliards <strong>de</strong><br />

francs) par an. Il faut prendre aussi en<br />

compte le trafic d'alcools et <strong>de</strong> cigarettes<br />

sur le dos <strong>de</strong> l'Etat, <strong>les</strong> <strong>de</strong>ttes non<br />

acquittées par <strong>les</strong> grosses entreprises<br />

publiques, <strong>les</strong> remboursements illégaux<br />

<strong>de</strong> TVA, <strong>les</strong> entreprises sangsues qui<br />

prospèrent autour <strong>de</strong>s énormes combinats<br />

moribonds, <strong>les</strong> faillites <strong>de</strong>s banques et <strong>les</strong><br />

escroqueries au détriment <strong>de</strong>s petits<br />

déposants.<br />

Toutes ces combines, frau<strong>de</strong>s sont<br />

entrées dans le langage populaire d'aujourd'hui<br />

sous la forme <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux noms:<br />

“teapa”, au pluriel “tepe” (lance ou<br />

pique, arme qui a donné son nom à Vlad<br />

Tepes, Vlad l'Empaleur) qui s'applique<br />

aux "entourloupettes" <strong>de</strong> dimensions<br />

réduites, ou “tun”, au pluriel “tunuri”<br />

(canon, se dit <strong>de</strong> ce qui est très fort), qui<br />

caractérise <strong>les</strong> grosses entourloupes.<br />

Pour le journal, il est très facile <strong>de</strong><br />

réaliser <strong>de</strong>s "tunuri"… à la seule condi-<br />

Actualité<br />

Corneliu Vadim Tudor crée<br />

un quotidien, renforce son emprise dans<br />

la presse et s'attache un club <strong>de</strong> football<br />

dans la presse en passant <strong>de</strong>s alliances avec Tiberiu Nemet, qui<br />

contrôle <strong>de</strong>s journaux <strong>de</strong> Constantsa, et Mihai Geza, à la tête<br />

d'un groupe <strong>de</strong> médias bucarestois, dont le quotidien "Atac la<br />

persoana" ("Attaque à la personne") spécialiste <strong>de</strong>s rumeurs,<br />

ragots, <strong>de</strong>s attaques <strong>de</strong> bas étage, verse dans le chauvinisme et<br />

la xénophobie.<br />

Mesurant l'importance prise par le football auprès <strong>de</strong> l'électorat<br />

masculin, le lea<strong>de</strong>r ultra-nationaliste s'est aussi rapproché<br />

du club <strong>de</strong> football Farul Constantsa (Le Phare <strong>de</strong><br />

Constantsa), dont le prési<strong>de</strong>nt, Marcel Lica, est entré <strong>de</strong>rnièrement<br />

dans son parti.<br />

Augmenter son influence sur la scène médiatique roumaine,<br />

mais aussi présenter un personnage moins caricatural et<br />

extrémiste, ouvert à l'Europe, dénonçant la corruption et l'incompétence<br />

<strong>de</strong>s dirigeants (dont il était l'allié hier)… Vadim<br />

Tudor joue sur tous <strong>les</strong> registres. Celui dont <strong>les</strong> propos fleuraient<br />

voici encore peu l'antisémitisme, a même engagé un<br />

directeur <strong>de</strong> campagne israélien et inauguré un buste à la<br />

mémoire <strong>de</strong> Yitzhak Rabin. Cotroceni, le palais prési<strong>de</strong>ntiel…<br />

vaut bien un shabbat !<br />

25 milliards d'euros détournés <strong>de</strong>puis la "Révolution" ?<br />

tion d'appartenir au cercle restreint du<br />

pouvoir. Et <strong>de</strong> relever <strong>de</strong> nombreux traits<br />

communs entre <strong>les</strong> juteuses affaires réalisées<br />

selon cette pratique :<br />

- L'existence <strong>de</strong> participants, <strong>de</strong> complices<br />

ou <strong>de</strong> couvertures politiques.<br />

- Des liens fréquents avec <strong>les</strong> structures<br />

<strong>de</strong> l'ancienne Securitate.<br />

- Aucun <strong>de</strong>s principaux bénéficiaires<br />

<strong>de</strong> ces magouil<strong>les</strong> n'a été sérieusement<br />

inquiété ; au pire, on arrête et condamne<br />

<strong>de</strong>s exécutants <strong>de</strong> second ordre.<br />

- Les préjudices <strong>de</strong> ces escroqueries<br />

sont supportés par <strong>les</strong> contribuab<strong>les</strong> ou<br />

<strong>les</strong> petits épargnants.<br />

- Le silence retombe toujours sur ces<br />

scanda<strong>les</strong>, même s'ils ont été évoqués<br />

dans la presse.<br />

80 % <strong>de</strong>s parlementaires sont d'anciens membres du Parti communiste<br />

Une étu<strong>de</strong> effectuée par le Centre d'Etu<strong>de</strong>s et<br />

d'Analyses Politiques a révélé que 80 % <strong>de</strong>s<br />

députés et sénateurs actuels avaient été membres<br />

du PCR (Parti Communiste Roumain), 20 %, même, y ayant<br />

exercé <strong>de</strong>s fonctions <strong>de</strong> responsab<strong>les</strong>. 40 % <strong>de</strong>s parlementaires<br />

ont reçu une formation technique, ce qui n'est pas étonnant,<br />

l'accent ayant été mis par l'ancien régime sur l'industrialisation<br />

du pays, 17 % ont fait <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> sciences humaines ou <strong>de</strong><br />

lettres, 13 % <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s économiques et 12 % <strong>de</strong> droit. A<br />

chaque élection, 60 % du personnel politique a été renouvelé,<br />

ce qui explique l'âge moyen assez jeune <strong>de</strong>s parlementaires,<br />

entre 48 et 50 ans. En 2000, 16 % <strong>de</strong>s élus avaient déjà effectué<br />

trois mandats et seulement 17 avaient siégé sans interruption<br />

<strong>de</strong>puis 1990. Enfin, il a été également relevé que la fonction<br />

s'urbanisait <strong>de</strong> plus en plus, 60 % <strong>de</strong>s députés provenant<br />

<strong>de</strong>s vil<strong>les</strong>.<br />

22 13


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

BAIA<br />

SUCEAVA<br />

MARE <br />

<br />

ORADEA<br />

<br />

BISTRITA<br />

ZALAU<br />

TARGU<br />

MURES<br />

IASI<br />

<br />

ARAD<br />

<br />

<br />

CLUJ SIGHISOARA<br />

<br />

TIMISOARA<br />

BRASOV GALATI<br />

<br />

PLOIESTI<br />

BRAILA <br />

<br />

<br />

PITESTI <br />

TULCEA<br />

22 14<br />

CRAIOVA<br />

<br />

<br />

BUCAREST<br />

CONSTANTA<br />

<br />

Crédits: <strong>les</strong> banques<br />

rallongent <strong>les</strong> délais<br />

<strong>de</strong> remboursement<br />

Les banques ont répliqué aux<br />

mesures <strong>de</strong>stinées à durcir <strong>les</strong> conditions<br />

d'accès au crédit, prises par la<br />

Banque Nationale et entrées en<br />

vigueur le 1er février, en allongeant<br />

<strong>les</strong> durées <strong>de</strong> remboursement. Ainsi<br />

certains crédits immobiliers ont été<br />

portés <strong>de</strong> 10 ou 15 ans à 20 ou 25<br />

ans. Il en est <strong>de</strong> même pour <strong>les</strong> crédits<br />

à la consommation dont la durée<br />

pourra être dorénavant <strong>de</strong> 5 ans au<br />

lieu <strong>de</strong> 3 ans. Le porte-parole <strong>de</strong> la<br />

Banque Commerciale Roumaine, premier<br />

établissement bancaire du pays,<br />

encore sous le contrôle <strong>de</strong> l'Etat, a<br />

indiqué que ces mesures permettraient<br />

d'emprunter <strong>de</strong>s sommes plus<br />

importantes à <strong>de</strong>s taux moins élevés,<br />

facilitant le recours au crédit pour <strong>les</strong><br />

famil<strong>les</strong> plus mo<strong>de</strong>stes.<br />

Interhome s'installe<br />

à Bucarest et Ploiesti<br />

Interhome România, succursale <strong>de</strong><br />

la compagnie belge Interhome<br />

International, mettra en place une<br />

chaîne <strong>de</strong> magasins spécialisés dans<br />

la décoration intérieure et <strong>les</strong> matériaux<br />

<strong>de</strong> construction. D'ici 2<strong>01</strong>0, la<br />

compagnie compte y investir près <strong>de</strong><br />

50 M€ (328 MF). La Roumanie sera<br />

le centre <strong>de</strong> ses activités qui viseront<br />

la zone <strong>de</strong>s Balkans, dont dans un<br />

premier temps, la Bulgarie, la Croatie<br />

et la Serbie. Le 1 er magasin (3.000<br />

m2), qui sera inauguré à Ploiesti en<br />

août <strong>2004</strong>, représentera un investissement<br />

<strong>de</strong> 3,6 M€ (24 MF). Deux<br />

autres centres seront ouverts respectivement<br />

au mois <strong>de</strong> mai et septembre<br />

20<strong>05</strong>, à Bucarest.<br />

Economie<br />

Actualité<br />

La BCR, première banque<br />

du pays, reste à privatiser<br />

Le système bancaire roumain est en phase <strong>de</strong> recomposition après <strong>les</strong> nombreuses<br />

faillites et fermetures intervenues à la fin <strong>de</strong>s années 90. Sur 41<br />

banques, 8 sont <strong>de</strong>s filia<strong>les</strong> d'entreprises étrangères (dont la Banque<br />

Roumaine <strong>de</strong> Développement - BRD - dépendant du groupe Société Générale) et 33<br />

<strong>de</strong> droit roumain, dont 24 à participation étrangère majoritaire. La part <strong>de</strong>s banques<br />

privées, étrangères et roumaines, dans le bilan total, est <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 60 %, ce qui est<br />

faible par rapport aux autres anciens pays <strong>de</strong> l'Est. La raison en est simple : il reste en<br />

effet à privatiser la première banque du pays, la BCR (Banque Commerciale<br />

Roumaine) qui représente à elle seule 33 % <strong>de</strong> l'ensemble.<br />

L'assainissement <strong>de</strong>s comptes a permis une amélioration sensible <strong>de</strong>s ratios <strong>de</strong><br />

qualité <strong>de</strong> la <strong>de</strong>tte mais, compte tenu <strong>de</strong> leurs expériences passées, <strong>les</strong> banques sont<br />

encore réticentes à la prise <strong>de</strong> risques. El<strong>les</strong> se contentent souvent <strong>de</strong>s possibilités <strong>de</strong><br />

placements rémunérateurs dans <strong>les</strong> titres d'Etat ou <strong>les</strong> dépôts à trois mois <strong>de</strong> la banque<br />

centrale… ce qui explique leur faible niveau d'implication dans le secteur privé : <strong>les</strong><br />

crédits accordés représentent seulement 10 % du PIB et 39 % <strong>de</strong> leurs bilans.<br />

Aux yeux <strong>de</strong>s observateurs, le redressement définitif du secteur bancaire est toutefois<br />

indispensable au bon fonctionnement d'une économie <strong>de</strong> marché et, <strong>de</strong> ce point<br />

<strong>de</strong> vue, la BNR (Banque Nationale Roumaine) doit continuer à renforcer la réglementation<br />

et le contrôle pru<strong>de</strong>ntiel <strong>de</strong>s banques et <strong>de</strong>s crédits coopératifs (plus <strong>de</strong> 900<br />

établissements), ainsi qu'à poursuivre le mouvement <strong>de</strong> privatisation et le processus<br />

d'assainissement du secteur.<br />

La Roumanie <strong>de</strong>vrait retrouver<br />

l'an prochain le niveau <strong>de</strong> son PIB <strong>de</strong> 1989<br />

Après <strong>de</strong>s années <strong>de</strong> transition<br />

économique et une chute<br />

drastique <strong>de</strong> son activité, la<br />

Roumanie pourrait retrouver l'an prochain<br />

le niveau <strong>de</strong> son PIB <strong>de</strong> 1989, qui<br />

est actuellement <strong>de</strong> 51 milliards d'euros<br />

(335 milliards <strong>de</strong> francs), à condition <strong>de</strong><br />

continuer à bénéficier d'une croissance<br />

équivalente à celle <strong>de</strong>s trois <strong>de</strong>rnières<br />

années, c'est à dire 5 %. Du moins est-ce<br />

l'avis <strong>de</strong>s spécialistes <strong>de</strong> la Banque<br />

Autrichienne <strong>de</strong> Crédit qui notent que le<br />

pays <strong>de</strong>vient <strong>de</strong> plus en plus attractif pour<br />

<strong>les</strong> capitaux étrangers, même si <strong>les</strong> inves-<br />

tissements qu'il attire (1,4 milliards d'euros<br />

en 2003, 2,1 milliards espérés cette<br />

année) sont encore mo<strong>de</strong>stes par rapport<br />

aux pays voisins. La banque autrichienne<br />

note que si le déficit du compte courant a<br />

doublé en un an, passant <strong>de</strong> 1,6 milliards<br />

d'euro (3,3 % du PIB) à 2,9 milliards (5,8<br />

%), le déficit budgétaire reste limité à 2,2<br />

%, inférieur au seuil <strong>de</strong> 3 % exigé par <strong>les</strong><br />

critères <strong>de</strong> Maastricht. Elle évalue l'inflation<br />

<strong>de</strong> 2003 à 15,4 % (le gouvernement<br />

affichant 14,1 %), la plus forte <strong>de</strong> la<br />

région, mais estime qu'elle pourrait revenir<br />

à un seul chiffre, l'an prochain.<br />

Troisième hyper Carrefour<br />

à Bucarest qui sera aussi bientôt à Brasov<br />

Hyparlo vient d'inaugurer - fin février - son troisième hypermarché à l'Est<br />

<strong>de</strong> la capitale, à Colentina. Ce Centre Commercial est construit sur une<br />

superficie <strong>de</strong> 22.000 m², dont l'hypermarché Carrefour sur une surface <strong>de</strong><br />

ventes <strong>de</strong> 9.000 m² (50.000 références); il comprend également une galerie marchan<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> 31 boutiques et un parking pour 1.550 voitures. Le coût total <strong>de</strong> ce projet est <strong>de</strong><br />

35 M€ (230 MF). Le Centre emploie 800 personnes.<br />

La particularité <strong>de</strong> cet hypermarché est qu'il est géré par une équipe à 100% roumaine.<br />

Par ailleurs, la pose <strong>de</strong> la première pierre du 4ème hypermarché Carrefour a<br />

eu lieu le 17 mars à Brasov, en Transylvanie. Ce "Carrefour Shopping Center" se situe<br />

à l'entrée sud <strong>de</strong> la ville, sur la route nationale Bucarest-Brasov. Le montant <strong>de</strong> l'investissement<br />

est <strong>de</strong> 20 M€. Il emploiera 650 personnes.


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

Economie<br />

Le faible taux d'équipement <strong>de</strong>s ménages roumains<br />

influence tous <strong>les</strong> ans <strong>de</strong> fortes augmentations <strong>de</strong>s<br />

ventes d'artic<strong>les</strong> électroménagers, relève la Mission<br />

Economique française à Bucarest. Le marché <strong>de</strong>s équipements<br />

blancs (lave-vaisselle, réfrigérateurs etc.) a été estimé en 2003<br />

à 1,5 millions d'unités. Le chiffre d'affaires du groupe<br />

Electrolux s'est monté en 2003 à 1<strong>05</strong> M€, ce qui représente<br />

une augmentation record <strong>de</strong> 80% par rapport à l'année précé<strong>de</strong>nte.<br />

Il est le lea<strong>de</strong>r du marché en ce qui concerne <strong>les</strong> ventes<br />

<strong>de</strong> cuisinières et le <strong>de</strong>uxième pour <strong>les</strong> réfrigérateurs.<br />

Le groupe suédois (Zanussi) détient en Roumanie une<br />

unité <strong>de</strong> fabrication <strong>de</strong> cuisinières <strong>de</strong>stinées principalement à<br />

l'exportation. Le groupe américain Whirlpool, présent sur le<br />

marché local avec trois marques, Whirlpool, Ignis et Polar, a<br />

enregistré un chiffre d'affaires d'environ 50 M€ (330 MF), en<br />

hausse <strong>de</strong> 50 % par rapport à l'année 2002. Whirlpool est le<br />

lea<strong>de</strong>r du marché roumain en ce qui concerne <strong>les</strong> ventes <strong>de</strong>s<br />

machines à laver.<br />

Un autre groupe étranger aux résultats remarquab<strong>les</strong> sur le<br />

marché roumain est Merloni Elettrodomestici, qui commercialise<br />

<strong>les</strong> produits <strong>de</strong> marques Ariston et In<strong>de</strong>sit. Le chiffre d'af-<br />

Mains libres pour le futur<br />

propriétaire <strong>de</strong> PETROM<br />

L'acquéreur <strong>de</strong> la Société Nationale<br />

<strong>de</strong> Pétrole PETROM SA ne sera pas tenu<br />

<strong>de</strong> conserver l'ensemble <strong>de</strong>s effectifs<br />

(58.000 employés à présent) et aucune<br />

restriction ne lui sera imposée quant au<br />

processus <strong>de</strong> restructuration <strong>de</strong> l'entreprise<br />

a précisé le ministre <strong>de</strong> l'Economie et<br />

du Commerce. Les compagnies en lice<br />

<strong>de</strong>vaient déposer leurs offres fermes<br />

avant le 7 avril. Les <strong>de</strong>rnières négociations<br />

seront finalisées au cours <strong>de</strong>s mois<br />

<strong>de</strong> juin ou juillet prochains.<br />

Complexe<br />

Le ministère <strong>de</strong>s Transports, <strong>de</strong> la<br />

Construction et du Tourisme envisage <strong>de</strong><br />

Actualité<br />

Fringale d'équipements électroménagers:<br />

<strong>les</strong> gran<strong>de</strong>s marques étrangères<br />

en force sur le marché roumain<br />

réaliser au centre-ville <strong>de</strong> Bucarest, un<br />

complexe multifonctionnel (107.000 m2)<br />

regroupant <strong>de</strong>s centres "mall", <strong>de</strong>s<br />

immeub<strong>les</strong> <strong>de</strong> bureaux et <strong>de</strong>s hôtels à 10-<br />

20 niveaux. Le projet "Esplanada" serait<br />

mis en place en système <strong>de</strong> partenariat<br />

public-privé.<br />

Crédit <strong>de</strong> la Banque<br />

Mondiale pour la<br />

forêt roumaine<br />

La Banque Mondiale accor<strong>de</strong>ra à la<br />

Roumanie un crédit s'élevant à 25 M€<br />

(164 MF), sur 17 ans et avec une pério<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> grâce <strong>de</strong> 5 ans, pour la mise en place<br />

du projet sur le "Développement durable<br />

du secteur forestier en Roumanie". Le<br />

projet, dont le coût total s'élève à 34,3<br />

M€ (223 MF), vise également à améliorer<br />

la gestion <strong>de</strong>s forêts (le gouvernement<br />

envisage <strong>de</strong> restituer environ 3 millions<br />

ha <strong>de</strong> forêts, soit un tiers <strong>de</strong>s superficies<br />

boisées).<br />

Par ailleurs, la Banque Mondiale<br />

accor<strong>de</strong>ra à la Roumanie un prêt s'élevant<br />

à 100 M€ pour financer le "Projet <strong>de</strong> préparation<br />

en cas <strong>de</strong> désastres naturels".<br />

faires <strong>de</strong> Merloni s'est élevé à environ 49 M€, toujours après<br />

une augmentation <strong>de</strong> 50 % par rapport à 2002. La machine à<br />

laver In<strong>de</strong>sit est une <strong>de</strong>s plus vendues en Roumanie.<br />

Le groupe français SEB, présent sur le marché <strong>de</strong>s petits<br />

artic<strong>les</strong> électroménagers avec ses marques Moulinex,<br />

Rowenta, Krups et Tefal, a enregistré un chiffre d'affaires <strong>de</strong><br />

plus <strong>de</strong> 10 M€, le double <strong>de</strong> ses ventes effectuées en 2002.<br />

Devenu turc, Arctic,<br />

seul fabriquant local, tient bon<br />

Le seul fabricant local qui compte sur le marché d'électroménagers<br />

est l'entreprise ARCTIC, fabricant <strong>de</strong> réfrigérateurs.<br />

Cette entreprise a été achetée en 2002 par le groupe turc<br />

Arcelik. En 2003, Arctic a réussi à se maintenir en tant que lea<strong>de</strong>r<br />

du marché, grâce à une forte politique <strong>de</strong> promotion et évi<strong>de</strong>mment,<br />

aux prix bas pratiqués. Profitant <strong>de</strong> la notoriété <strong>de</strong><br />

la marque, <strong>les</strong> Turcs <strong>de</strong> Arcelik ont décidé <strong>de</strong> vendre <strong>de</strong>s<br />

machines à laver, <strong>de</strong>s cuisinières et <strong>de</strong>s aspirateurs sous la<br />

même marque Arctic. Leur chiffre d'affaires a aussi doublé par<br />

rapport à l'année 2002, atteignant 94 M€ (616 MF).<br />

A savoir<br />

Michelin investit 25 M€<br />

Michelin Roumanie a décidé d'investir<br />

25 M€ (164 MF) d'ici 2007 pour<br />

mo<strong>de</strong>rniser, développer ses <strong>de</strong>ux usines<br />

<strong>de</strong> Zalau et Floresti, et former le personnel.<br />

Le site <strong>de</strong> Zalau sera équipé pour la<br />

production d'armatures pour <strong>les</strong> enveloppes<br />

<strong>de</strong> pneu. Le manufacturier<br />

français a enregistré en Roumanie un<br />

chiffre d'affaires <strong>de</strong> 100 M€, l'an passé,<br />

en augmentation <strong>de</strong> 30 %, et table sur une<br />

augmentation <strong>de</strong> 25 % en <strong>2004</strong>. Sa production<br />

est exportée à 70 %.<br />

Le groupe suisse Ringier<br />

acquiert “Evenimentul Zilei”<br />

Le groupe <strong>de</strong> presse suisse Ringier a<br />

acquis le groupe roumain Expres qui<br />

possè<strong>de</strong> notamment le quotidien<br />

"Evenimentul Zilei" ("L'Evènement du<br />

Jour"), détenant ainsi trois <strong>de</strong>s journaux<br />

ayant le plus fort tirage <strong>de</strong> la presse nationale<br />

roumaine, avec "Libertatea" (quotidien<br />

populaire, n° 1 sur le marché), et<br />

"Pro Sport" (presse sportive). Ringier<br />

est ainsi présent dans tous <strong>les</strong> secteurs <strong>de</strong><br />

la presse quotidienne roumaine.<br />

22 15


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

22 16<br />

BAIA MARE<br />

SUCEAVA<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

ORADEA<br />

ARAD<br />

<br />

CPL. MOLDOVENESC <br />

IASI<br />

TARGU<br />

<br />

MURES BACAU<br />

CLUJ<br />

FOCSANI<br />

<br />

TIMISOARA<br />

<br />

SIBIU<br />

<br />

BRASOV<br />

GALATI<br />

<br />

BRAILA <br />

<br />

PITESTI <br />

TULCEA<br />

CRAIOVA<br />

<br />

<br />

CORABIA<br />

<br />

BUCAREST<br />

CONSTANTA<br />

Vrancea : <strong>de</strong>s patrons<br />

se plaignent du<br />

départ massif <strong>de</strong> leurs<br />

employés à l'étranger<br />

Plusieurs patrons du ju<strong>de</strong>t <strong>de</strong><br />

Vrancea (Focsani), en Moldavie, ont<br />

<strong>de</strong>mandé au gouvernement <strong>de</strong><br />

prendre <strong>de</strong>s dispositions pour alléger<br />

leurs charges socia<strong>les</strong> afin <strong>de</strong> pouvoir<br />

offrir <strong>de</strong> meilleurs salaires à leurs<br />

employés et <strong>les</strong> retenir. La crise <strong>de</strong> la<br />

main d'œuvre commence à <strong>de</strong>venir<br />

préoccupante, surtout dans <strong>les</strong> entreprises<br />

travaillant selon le système<br />

lohn (fourniture <strong>de</strong> main d'œuvre à<br />

bas salaire pour transformer une<br />

matière première peu chère importée<br />

et envoyée ensuite à l'exportation),<br />

qui représente 88 % <strong>de</strong>s exportations<br />

du ju<strong>de</strong>t. Le secteur du textile, à forte<br />

main d'œuvre féminine, est particulièrement<br />

touché, certaines entreprises<br />

n'arrivant plus à honorer leurs comman<strong>de</strong>s<br />

venues <strong>de</strong> l'étranger.<br />

Un patron <strong>de</strong> Focsani, à la tête<br />

d'une société <strong>de</strong> 1500 personnes se<br />

plaint d'avoir perdu 10 % <strong>de</strong> son personnel<br />

<strong>de</strong>puis 2002, essentiellement<br />

<strong>de</strong>s femmes parties travailler en Italie<br />

ou en Espagne, souvent suivies par<br />

leur mari. Un autre constate qu'il lui<br />

est très difficile <strong>de</strong> retenir <strong>les</strong> jeunes<br />

<strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 30 ans, mais également<br />

<strong>les</strong> femmes. Un <strong>de</strong> ses collègues se<br />

montre amer : "J'ai engagé une classe<br />

entière d'un lycée, j'ai formé ces<br />

jeunes et au bout <strong>de</strong> trois ans, quand<br />

ils ont bien su leur métier, ils sont<br />

tous partis à l'étranger".<br />

Le ju<strong>de</strong>t <strong>de</strong> Vrancea compte 10<br />

000 personnes travaillant dans le<br />

secteur du lohn et, selon <strong>de</strong>s statistiques<br />

non officiel<strong>les</strong>, 70 000 <strong>de</strong> ses<br />

habitants se trouveraient dans la<br />

seule Italie.<br />

<br />

Social<br />

Actualité<br />

En dix ans, le pouvoir<br />

d'achat aurait chuté <strong>de</strong><br />

plus <strong>de</strong> quatre fois<br />

D'après <strong>les</strong> chiffres <strong>de</strong> l'INS (Institut National <strong>de</strong> la Statistique), <strong>les</strong> prix <strong>de</strong>s<br />

principaux produits ont été multipliés par mille, au cours <strong>de</strong> la <strong>de</strong>rnière<br />

décennie, alors que le revenu moyen n'augmentait que <strong>de</strong> 233 fois, ce qui<br />

aurait entraîné une chute du pouvoir d'achat <strong>de</strong> 4,3 fois. La situation est encore pire<br />

pour <strong>les</strong> bas salaires, cette baisse étant <strong>de</strong> près <strong>de</strong> 5 fois : le salaire minimum brut n'été<br />

multiplié que par 212, passant <strong>de</strong> 13 200 lei, en 1993, à 2 800 000 lei (73 €, 480 F) à<br />

la fin 2003. Les hausses <strong>de</strong>s prix <strong>les</strong> plus spectaculaires concernent <strong>les</strong> vêtements, <strong>les</strong><br />

chaussures, <strong>les</strong> produits électro-ménagers, <strong>les</strong> combustib<strong>les</strong>, <strong>les</strong> terrains et <strong>les</strong> maisons.<br />

Une paire <strong>de</strong> chaussures, qui coûtait 1000 lei voici dix ans, en vaut un million<br />

(26 €, 170 F) aujourd'hui ; pour un costume, le rapport est également <strong>de</strong> un à mille.<br />

Il faudra débourser 15-20 millions <strong>de</strong> lei (380-530 €, 2500-3500 F) pour une machine<br />

à laver, contre 7000, mais le bond le plus saisissant est enregistré dans le domaine<br />

<strong>de</strong>s combustib<strong>les</strong>. En treize ans, le prix <strong>de</strong> l'essence a été multiplié par 3000 et celui<br />

du gas-oil par 6571 !<br />

Les prix se sont montrés beaucoup plus raisonnab<strong>les</strong> dans le domaine alimentaire,<br />

augmentant toutefois souvent <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 200 fois, rendant certains produits inaccessib<strong>les</strong>,<br />

ce qui s'est traduit par une diminution <strong>de</strong> la consommation pour plusieurs<br />

d'entre eux, comme la vian<strong>de</strong> <strong>de</strong> porc, au niveau national. Le pain, lui, s'est contenté<br />

d'augmenter <strong>de</strong> 166 fois. Il en coûte aujourd'hui 10 000 lei (0,26 €, 1,70 F) pour<br />

"o franzela" (une baguette), contre 60 lei, en 2003.<br />

Al'initiative du prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la<br />

Confédération Nationale <strong>de</strong>s<br />

Syndicats Cartel Alfa,<br />

Bogdan Hossu, le Parlement va discuter<br />

<strong>de</strong> l'introduction <strong>de</strong>s chèques vacances<br />

qui, par un système d'épargne annuel et<br />

un versement mensuel <strong>de</strong> l'employé,<br />

complété par son employeur, permettra<br />

aux salariés <strong>de</strong> régler leurs dépenses <strong>de</strong><br />

vacances (logement, pension, train, parcs<br />

<strong>de</strong> loisirs, etc…), uniquement en<br />

Roumanie et à l'exclusion <strong>de</strong> tout autre<br />

achat.<br />

Cette initiative qui <strong>de</strong>vrait être opérationnelle<br />

en 20<strong>05</strong> et concerner cette<br />

année là 100 000 à 150 000 personnes, a<br />

pour objet <strong>de</strong> combattre la pauvreté qui<br />

empêche 75 % <strong>de</strong>s Roumains <strong>de</strong> profiter<br />

<strong>de</strong> leurs congés et <strong>de</strong> partir <strong>de</strong> chez eux.<br />

Bientôt <strong>de</strong>s chèques vacances<br />

pour permettre aux salariés <strong>de</strong> partir<br />

A terme, Bogdan Hossu pense qu'un million<br />

<strong>de</strong> salariés seront concernés, ce qui<br />

aurait également l'avantage d'injecter 200<br />

M€ (1,3 milliards <strong>de</strong> F), annuellement,<br />

dans le secteur du tourisme, lequel ne<br />

représente actuellement que 1,5 % du<br />

PNB, et <strong>de</strong> créer <strong>de</strong>s emplois.<br />

Le lea<strong>de</strong>r syndicaliste, qui a mené un<br />

important lobbying auprès <strong>de</strong>s parlementaires<br />

pour faire déposer un projet <strong>de</strong> loi<br />

dans ce sens, est à l'origine <strong>de</strong> pratiquement<br />

toutes <strong>les</strong> avancées socia<strong>les</strong> qu'a<br />

connues la Roumanie <strong>de</strong>puis 1990. Voici<br />

trois ans, il avait notamment réussi à faire<br />

introduire le système <strong>de</strong>s tickets restaurants<br />

pour lutter contre le phénomène <strong>de</strong><br />

sous-nutrition dont il avait constaté qu'il<br />

s'amplifiait, même parmi <strong>les</strong> personnes<br />

disposant d'un emploi.<br />

Neuf millions d'actifs pour douze millions d'inactifs<br />

D'après l'Institut National <strong>de</strong> la Statistique, 9 millions <strong>de</strong> Roumains ont un<br />

emploi contre 12 millions qui sont inactifs. Depuis la "Révolution", le<br />

nombre d'actifs a baissé <strong>de</strong> 1,8 millions <strong>de</strong> personnes. Fin 2003, <strong>les</strong> actifs<br />

étaient constitués à 55 % par <strong>de</strong>s hommes et à 52 % par <strong>de</strong>s citadins, ce qui souligne<br />

l'importance du secteur rural. 72 % <strong>de</strong>s Roumains ayant une occupation travaillaient<br />

dans le secteur privé, 24 % dans le secteur public et 4 % dans le secteur mixte.


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

Evénements<br />

Le drame <strong>de</strong> Poiana Mare (Craiova), où dix sept<br />

mala<strong>de</strong>s internés dans un hôpital psychiatrique sont<br />

morts vraisemblablement <strong>de</strong> froid et <strong>de</strong> faim, au<br />

début <strong>de</strong> l'année - version contestée par <strong>les</strong> autorités - ont<br />

conduit au déclenchement d'une enquête interministérielle à la<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> d'organismes internationaux et à un début <strong>de</strong> débat<br />

dans la société roumaine sur <strong>les</strong> conditions <strong>de</strong> fonctionnement<br />

<strong>de</strong> ces établissements, leur fermeture étant <strong>de</strong>mandée quand ils<br />

n'offrent pas <strong>de</strong>s conditions décentes <strong>de</strong> traitement.<br />

"Avant 1989 et <strong>de</strong>puis, la psychiatrie a toujours été une<br />

discipline stigmatisée, marginalisée, ignorée <strong>de</strong>s autorités. Les<br />

hôpitaux spécialisés fonctionnent avec <strong>de</strong>s budgets extrêmement<br />

réduits et <strong>les</strong> mé<strong>de</strong>cins préfèrent aller vendre <strong>de</strong>s médicaments,<br />

<strong>de</strong>s vêtements ou <strong>de</strong>s chaussures <strong>de</strong> luxe plutôt que<br />

<strong>de</strong> venir y travailler" a déclaré un spécialiste lors d'une rencontre<br />

organisée par le Groupe <strong>de</strong> Dialogue Social, ajoutant<br />

que "porter un diagnostic <strong>de</strong> démence, avec un internement à<br />

la clé à Poiana Mare, c'était souvent condamner à mort le<br />

mala<strong>de</strong>".<br />

L'hôpital <strong>de</strong> haute sécurité <strong>de</strong> Poiana Mare était un <strong>de</strong>s<br />

rares établissements <strong>de</strong> Roumanie accueillant <strong>de</strong>s condamnés<br />

Elève en classe <strong>de</strong> huitième au<br />

collège Al. I . Cuza <strong>de</strong> Corabia<br />

(Olt), Ana-Maria, 14 ans, se<br />

bat contre un cancer <strong>de</strong>s os. L'ado<strong>les</strong>cente<br />

suit une chimiothérapie, mais a besoin<br />

d'une greffe <strong>de</strong> la moelle épinière, opération<br />

très coûteuse qui ne peut se pratiquer<br />

qu'à Bucarest. Ses parents, tous <strong>de</strong>ux au<br />

chômage, ne peuvent lui offrir. Ils ont<br />

déjà perdu un garçon <strong>de</strong> dix ans pour la<br />

même maladie, et n'ont plus que leur fille.<br />

Ses camara<strong>de</strong>s <strong>de</strong> classe se sont<br />

révoltés contre ce coup du sort. Ana-<br />

Maria est l'une <strong>de</strong>s meilleures élèves du<br />

collège, obtenant souvent <strong>de</strong>s dix (note<br />

Les enfants <strong>de</strong> la classe <strong>de</strong> <strong>de</strong>uxième <strong>de</strong> l'école<br />

"Bogdan Voda" <strong>de</strong> Câmpulung Moldovenesc, âgés<br />

<strong>de</strong> huit ans, ont adopté une vieille dame <strong>de</strong> leur<br />

commune, vivant dans le plus extrême dénuement. Ils lui<br />

apportent régulièrement <strong>de</strong>s provisions, améliorant l'ordinaire<br />

au moment <strong>de</strong>s fêtes, lui ren<strong>de</strong>nt visite pour lui donner un peu<br />

<strong>de</strong> chaleur, lui dédient aussi <strong>de</strong>s poèmes.<br />

C'est la classe elle-même qui a décidé d'adopter une<br />

SSociété<br />

Dix sept internés morts <strong>de</strong> faim et <strong>de</strong> froid<br />

dans un établissement près <strong>de</strong> Craiova<br />

Le drame <strong>de</strong> Poiana Mare révèle<br />

la gran<strong>de</strong> misère <strong>de</strong>s hôpitaux psychiatriques<br />

<strong>de</strong> droit commun, <strong>les</strong>quels auraient préféré retourner en prison<br />

"pour pouvoir y manger à leur faim". Des commissions <strong>de</strong><br />

contrôle étaient pourtant passées à diverse reprises, "en touristes<br />

ou incompétentes" a noté un procureur. Après le drame,<br />

le ministre <strong>de</strong> la Santé, Ovidiu Brânzan a visité <strong>les</strong> lieux, soigneusement<br />

nettoyés, déclarant que "tout lui avait apparu normal".<br />

Pour avoir le cœur net sur un fonctionnement qui rappelle<br />

davantage le XIXème siècle que le XXIème, le quotidien<br />

“Evenimentul Zilei” ("L'Evènement du Jour") a dépêché une<br />

équipe <strong>de</strong> plusieurs journalistes qui ont enquêté incognito,<br />

sous prétexte <strong>de</strong> vouloir faire interner <strong>de</strong>s proches, dans plusieurs<br />

établissements psychiatriques à travers le pays.<br />

Leur témoignage est édifiant. Hôpitaux sans médicaments,<br />

mala<strong>de</strong>s sa<strong>les</strong>, sans vêtements <strong>de</strong> rechange, mal nourris, battus,<br />

pièces envahies <strong>de</strong> puces, <strong>de</strong> poux, <strong>de</strong> cafards, o<strong>de</strong>urs<br />

nauséabon<strong>de</strong>s donnant envie <strong>de</strong> vomir. Sans parler <strong>de</strong>s pourboires<br />

qu'il fallait remettre au personnel. Un interné interrogé<br />

confiait attendre avec impatience le jour où l'on servait <strong>de</strong>s<br />

haricots à la place <strong>de</strong> la traditionnelle louche <strong>de</strong> mamaliga<br />

(polenta) ou <strong>de</strong> riz.<br />

A Corabia, tout un collège se mobilise pour sauver<br />

Ana-Maria, 14 ans, atteinte d'un cancer <strong>de</strong>s os<br />

maximum); surtout elle est appréciée<br />

pour son caractère. "C'est un ange" dit<br />

d'elle la directrice adjointe <strong>de</strong> l'établissement<br />

qui est aussi son professeur <strong>de</strong> biologie,<br />

ajoutant "dans ma carrière, je n'ai<br />

jamais rencontré un enfant aussi sérieux,<br />

autant profond".<br />

Tous <strong>les</strong> élèves, aussi bien du collège<br />

que du lycée Cuza se sont donc mobilisés<br />

pour tenter <strong>de</strong> la sauver. Ils ont organisé<br />

<strong>de</strong>s quêtes dans <strong>les</strong> rues <strong>de</strong> Corabia, mais<br />

sont allés aussi dans d'autres vil<strong>les</strong> du<br />

ju<strong>de</strong>t.<br />

Certains, en délégation, ont rencontré<br />

<strong>de</strong>s patrons d'entreprises, <strong>les</strong> autorités<br />

loca<strong>les</strong>, pour <strong>les</strong> sensibiliser au sort <strong>de</strong><br />

leur petite camara<strong>de</strong>.<br />

Toutes <strong>les</strong> idées sont bienvenues pour<br />

trouver l'argent nécessaire à l'opération.<br />

Mais la solidarité autour d'Ana-Maria ne<br />

se limite pas à cette seule préoccupation.<br />

Des parents l'emmènent et vont la chercher<br />

en voiture à l'école, <strong>de</strong>s professeurs<br />

la conduisent à l'hôpital pour son traitement.<br />

Des élèves vont l'ai<strong>de</strong>r à faire ses<br />

<strong>de</strong>voirs, car la chimiothérapie l'a beaucoup<br />

fatiguée et le mé<strong>de</strong>cin lui a prescrit<br />

du repos. Surtout, tous, enfants et adultes<br />

mêlés, priaient à la veille <strong>de</strong> Pâques, pour<br />

que le Bon Dieu fasse un miracle.<br />

Des enfants <strong>de</strong> huit ans montrent que la générosité est sans âge<br />

"grand-mère", plutôt que <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong>s rues, recevant l'ai<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> l'institutrice et <strong>de</strong>s parents. Chacun apporte ce qu'il peut,<br />

mais certains, à tour <strong>de</strong> rôle, se privent <strong>de</strong> l'en-cas qu'on leur<br />

distribue chaque matin à l’école ("Cornul si laptele") pour lui<br />

remettre.<br />

Dans la même école, une classe <strong>de</strong> plus grands (12 ans),<br />

en sixième, a eu la même initiative d'apporter un réconfort, <strong>de</strong>s<br />

petits ca<strong>de</strong>aux et <strong>de</strong> la nourriture à une autre personne âgée.<br />

22 17


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

22 18<br />

<br />

<br />

BAIA MARE<br />

SUCEAVA<br />

ORADEA<br />

<br />

ARAD<br />

<br />

<br />

CLUJ<br />

TARGU MURES IASI<br />

<br />

BACAU <br />

<br />

<br />

TIMISOARA<br />

<br />

SIBIU<br />

<br />

BRASOV<br />

GALATI<br />

<br />

PITESTI <br />

BRAILA <br />

<br />

TULCEA<br />

CRAIOVA<br />

<br />

ALEXANDRIA <br />

<br />

BUCAREST<br />

CONSTANTA<br />

Dacia <strong>de</strong>vra verser<br />

15 millions <strong>de</strong> dollars<br />

à son ouvrier licencié<br />

En 1991, un ingénieur <strong>de</strong> l'usine<br />

Dacia <strong>de</strong> Colibasi (Pitesti), Romica<br />

Sandu, et son équipe <strong>de</strong> 11<br />

employés, avaient mis au point un<br />

nouvel aileron aérodynamique équipant<br />

le modèle Dacia 1310 qui,<br />

monté en série, a permis au<br />

constructeur d'économiser près <strong>de</strong><br />

41 dollars par véhicule. Un accord<br />

avait alors été passé, attribuant à l'inventeur<br />

et ses adjoints le tiers <strong>de</strong> la<br />

contre-valeur économique <strong>de</strong> cette<br />

découverte.<br />

Mais Dacia était revenue sur cette<br />

promesse, se contentant <strong>de</strong> proposer<br />

quelques millions <strong>de</strong> lei (centaines<br />

d'euros ou milliers <strong>de</strong> francs), sous<br />

forme <strong>de</strong> primes <strong>de</strong> mérite. Romica<br />

Sandu était bien décidé à ne pas<br />

s'en laisser conter. En 1993, il poursuivit,<br />

seul, son employeur <strong>de</strong>vant le<br />

tribunal <strong>de</strong> Timisoara qui lui donna<br />

gain <strong>de</strong> cause en 1998, jugement<br />

confirmé successivement par la Cour<br />

d'appel <strong>de</strong> ce ju<strong>de</strong>t, la Cour Suprême<br />

<strong>de</strong> Justice et la Haute Cour <strong>de</strong><br />

Cassation, Dacia faisant toujours<br />

appel. La <strong>de</strong>rnière décision est <strong>de</strong>venue<br />

définitive et exécutoire en février<br />

<strong>2004</strong>. Le constructeur automobile<br />

qui, entre-temps, avait mis à l'écart<br />

puis licencié son ancien ingénieur, a<br />

été condamné à lui verser l'équivalent<br />

<strong>de</strong> 15 millions <strong>de</strong> dollars (12 M€,<br />

80 MF). Pendant cette décennie <strong>de</strong><br />

procédures solitaires, Romica Sandu,<br />

considéré comme un fort caractère et<br />

une "gran<strong>de</strong> gueule", avait vécu dans<br />

un tout petit appartement d'un bloc<br />

situé dans un quartier périphérique<br />

miséreux <strong>de</strong> Pitesti, traité comme un<br />

paria.<br />

<br />

Evénements<br />

SSociété<br />

La Roumanie est le pays étranger qui a payé le plus lourd tribut aux attentats<br />

<strong>de</strong> Madrid. Près <strong>de</strong> cent victimes ont été dénombrées. Parmi el<strong>les</strong>, seize<br />

morts et plus <strong>de</strong> soixante dix b<strong>les</strong>sés, soit près <strong>de</strong> la moitié du nombre d'étrangers<br />

touchés. Cet événement a provoqué une on<strong>de</strong> <strong>de</strong> choc en Roumanie, le gouvernement<br />

dépêchant une délégation sur place, puis, quelques jours plus tard, rapatriant<br />

<strong>les</strong> corps à bord d'un avion militaire. Le Premier ministre, Adrian Nastase, a également<br />

assisté à la cérémonie officielle, le mercredi 24 mars, célébrée dans la cathédrale<br />

La Almu<strong>de</strong>na <strong>de</strong> Madrid, en présence du Roi Juan Carlos et <strong>de</strong> nombreux chefs<br />

d'Etat étrangers. Les b<strong>les</strong>sés étrangers et leurs proches ont reçu une carte <strong>de</strong> travail,<br />

s'ils étaient clan<strong>de</strong>stins, leur permettant <strong>de</strong> séjourner en Espagne, alors que <strong>les</strong> famil<strong>les</strong><br />

<strong>de</strong>s tués obtenaient la nationalité espagnole. Les autorités roumaines ont attribué<br />

2600 € (17 000 F) aux b<strong>les</strong>sés et le triple aux proches <strong>de</strong>s tués. Les victimes <strong>de</strong>vaient<br />

aussi recevoir <strong>de</strong>s in<strong>de</strong>mnités <strong>de</strong> la part du gouvernement espagnol.<br />

Plus <strong>de</strong> 28 000 Roumains travaillent légalement dans la capitale espagnole, mais<br />

ils seraient plus <strong>de</strong> 100 000 à y rési<strong>de</strong>r et, en prenant en compte le nombre <strong>de</strong> ceux travaillant<br />

au noir dans tout le pays, leur nombre pourrait dépasser <strong>les</strong> 500 000.<br />

Regroupés dans <strong>les</strong> mêmes wagons<br />

L'attentat a touché <strong>les</strong> Roumains empruntant <strong>les</strong> trains <strong>de</strong>s banlieues ouvrières où<br />

ils vivent, un peu avant l'heure <strong>de</strong> l'embauche. Se regroupant souvent dans <strong>les</strong> mêmes<br />

wagons, ils se sont retrouvés pris au piège d'un ou <strong>de</strong>ux engins explosifs disposés dans<br />

<strong>les</strong> compartiments qu'ils occupaient. Comme beaucoup <strong>de</strong> victimes étrangères, leur<br />

calvaire a été aggravé par l'isolement dans lequel ils se trouvaient confinés. Les<br />

b<strong>les</strong>sés gémissaient sans avoir <strong>de</strong> mains familières auxquel<strong>les</strong> se raccrocher, <strong>de</strong>s<br />

parents erraient seuls dans le hôpitaux, parlant mal la langue, cherchant désespérément<br />

un mari, une fille, <strong>les</strong> corps entreposés à la morgue n'étaient réclamés par personne.<br />

Cette détresse se transformait aussi en angoisse en Roumanie. Dans certaines<br />

communes, à la population en âge <strong>de</strong> travailler vidée par l'émigration, <strong>les</strong> regards restaient<br />

fixés sur <strong>les</strong> écrans <strong>de</strong> télévision où apparaissaient régulièrement <strong>les</strong> listes <strong>de</strong><br />

victimes. Les noms <strong>de</strong>s cités espagno<strong>les</strong> martyres, où <strong>les</strong> bombes ont explosé ou d'où<br />

<strong>les</strong> trains sont partis, Alcala <strong>de</strong> Linares, Coslada, San Fernando, résonnaient comme<br />

autant <strong>de</strong> noms familiers d'où l'on recevaient <strong>les</strong> courriers <strong>de</strong>s enfants, d'un mari, d'un<br />

neveu, mais étaient aussi autant <strong>de</strong> coups <strong>de</strong> reçus lorsqu'on découvrait l'existence d'un<br />

parent parmi <strong>les</strong> morts et <strong>les</strong> b<strong>les</strong>sés.<br />

Accablement et résignation<br />

Avec 16 tués et plus <strong>de</strong> 70 b<strong>les</strong>sés,<br />

<strong>les</strong> Roumains ont payé<br />

un lourd tribut aux attentats <strong>de</strong> Madrid<br />

La mort en prime <strong>de</strong> la pauvreté<br />

Le désespoir le disputait alors à l'injustice. Tous ces proches avaient quitté le pays,<br />

sans gaîté <strong>de</strong> cœur, pour échapper à la misère et subvenir aux besoins <strong>de</strong> leurs famil<strong>les</strong><br />

restées sur place.<br />

Une mère s'évanouissait en apprenant que son fils <strong>de</strong> 27 ans avait perdu une<br />

jambe. "Que va-t-il faire maintenant ?" se lamentait-elle. Trop pauvre pour pouvoir<br />

disposer d'un téléphone mobile, elle empruntait celui <strong>de</strong> voisins accourus la soutenir<br />

et, l'ayant enfin joint, retenant ses larmes s'exclamait : "Comment vas-tu mon fils ? Je<br />

sais que tu as perdu une jambe, mais tiens bon, tu es vivant !".<br />

A Alexandria, dans la famille Sfeatcu la douleur était encore plus poignante.<br />

Elena, une icône dans la main, étranglée par le malheur, <strong>de</strong>mandait à Dieu <strong>de</strong> prendre<br />

aussi sa vie. On venait <strong>de</strong> lui annoncer que sa fille <strong>de</strong> 26 ans, Paula, avait été tuée.<br />

Marian, le père, hochait la tête accablé et résigné : "Notre fille était infirmière. Elle a<br />

essayé <strong>de</strong> se faire embaucher à l'hôpital d'Alexandria, mais on a lui a réclamé un bakchich<br />

qu'on a pas pu payer. C'est notre pauvreté qui l'a poussée à partir".


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

Pour un peu, à Coslada, on parlerait presque autant<br />

roumain qu'espagnol. Ici, dans cette ville <strong>de</strong> la banlieue<br />

ouvrière madrilène située à 20 km <strong>de</strong> la capitale,<br />

vivent officiellement 7000 Roumains, le nombre réel<br />

étant plus proche <strong>de</strong> 12 000 avec <strong>les</strong> clan<strong>de</strong>stins. Coslada est<br />

la ville espagnole qui en compterait le plus, mais leur présence<br />

est aussi forte dans d'autres cités banlieusar<strong>de</strong>s comme<br />

Alcala <strong>de</strong> Linares (10 000), San Fernando (3000).<br />

Dans toutes ces vil<strong>les</strong>, la colonie roumaine occupe <strong>de</strong>s<br />

quartiers entiers, se regroupe dans <strong>de</strong>s HLM, se connaît très<br />

bien entre<br />

elle. Souvent<br />

ce sont <strong>les</strong><br />

femmes qui<br />

font marcher<br />

la maison et<br />

"bouillir la<br />

marmite".<br />

El<strong>les</strong> partent<br />

le matin au<br />

travail, la<br />

majorité<br />

é t a n t<br />

employées comme femmes <strong>de</strong> ménage dans la capitale. En<br />

cumulant plusieurs emplois dans la même journée, et à condition<br />

<strong>de</strong> travailler jusqu'à l'épuisement, certaines arrivent à<br />

gagner mensuellement plus <strong>de</strong> 1000€. D'autres séjournent du<br />

lundi au vendredi chez leurs patrons, gardant aussi <strong>les</strong> personnes<br />

âgées, préparant <strong>les</strong> repas, pour 500 € par mois, logées,<br />

nourries.<br />

Leurs hommes qui ont du mal à trouver du travail, se<br />

promènent tranquillement dans le centre ou dans <strong>les</strong> parcs,<br />

passant la matinée à <strong>de</strong>viser entre eux, se retrouvant pour "un<br />

pahar <strong>de</strong> vorba" ("un verre <strong>de</strong> paro<strong>les</strong>"), dans l'attente d'un<br />

boulot. Chaque vendredi, ils se pressent vers la gare et prennent<br />

d'assaut la voiture <strong>de</strong> Dan, un jeune <strong>de</strong> Baia Mare <strong>de</strong> 21<br />

ans, qui fait la navette entre la Roumanie et l'Espagne toutes<br />

<strong>les</strong> semaines, ramenant journaux et revues du pays. On s'ar-<br />

SSociété<br />

Les femmes assurent le quotidien,<br />

Evénements<br />

leurs hommes <strong>de</strong>visent dans l'attente d'un éventuel travail<br />

A Coslada, dans la banlieue ouvrière madrilène,<br />

douze mille Roumains occupent <strong>de</strong>s quartiers entiers<br />

Le gouvernement roumain avait envoyé un avion<br />

spécial pour rapatrier <strong>les</strong> corps <strong>de</strong>s seize victimes.<br />

Ministres espagnols et roumains<br />

du Travail ont<br />

reconduit l'accord passé<br />

voici <strong>de</strong>ux ans, permettant l'emploi saisonnier<br />

<strong>de</strong> travailleurs roumains et qui<br />

avait concerné jusqu'ici 20 000 personnes,<br />

sur cette pério<strong>de</strong>, tout en diminuant<br />

gran<strong>de</strong>ment la part du travail clan<strong>de</strong>stin.<br />

Pour <strong>2004</strong>, ce sont plus <strong>de</strong> 20 000<br />

rache alors "Evenimentul Zilei" ("L'Evènement du Jour") ou<br />

<strong>de</strong>s magazines féminins que l'on s'absorbe à lire sur <strong>de</strong>s bancs.<br />

Journaux, coiffeurs et restaurants du pays<br />

Dan avait une petite entreprise <strong>de</strong> distribution <strong>de</strong> presse à<br />

Baia Mare. Il doit se marier fin mai et sa future belle-mère<br />

envoyait déjà <strong>de</strong> Roumanie <strong>de</strong>s journaux en Espagne. Il a donc<br />

décidé <strong>de</strong> développer l'affaire. A Coslada, au début, comme<br />

nombre <strong>de</strong> ses compatriotes, il n'avait pas où loger et dormait<br />

à la belle étoile; aujourd'hui il partage un studio avec un ami.<br />

Lucica, lui, est venu avec <strong>de</strong>s cousins en juin 2003 avec<br />

l'intention <strong>de</strong> travailler dans le bâtiment, mais il n'a rien trouvé<br />

et dormait aussi sur un banc ou dans <strong>de</strong>s parcs. Originaire <strong>de</strong><br />

Mavrodin, dans le Teleorman, ce père <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux fillettes a décidé<br />

alors <strong>de</strong> tenter sa chance en reprenant son métier <strong>de</strong> coiffeur.<br />

Achetant le matériel nécessaire, il s'est vite fait une clientèle<br />

parmi ses compatriotes<br />

qui s'est ensuite élargie<br />

aux Espagnols grâce à<br />

ses tarifs défiant toute<br />

concurrence, quatre<br />

euros au lieu <strong>de</strong> huit la<br />

coupe pour hommes.<br />

Avec aujourd'hui environ<br />

500 clients par<br />

mois, il réalise un<br />

chiffre d'affaires <strong>de</strong><br />

2000 € (13 000 F) et<br />

envisage <strong>de</strong> faire venir<br />

sa femme cet été.<br />

postes qui ont été proposés. Les<br />

Roumains occupent la moitié <strong>de</strong>s emplois<br />

saisonniers espagnols, dont 90 % concernent<br />

<strong>les</strong> travaux agrico<strong>les</strong> (ramassage <strong>de</strong>s<br />

fraises, notamment), 7 % la construction<br />

et 3 % l'hôtellerie.<br />

L'Allemagne a passé également un<br />

accord contractuel avec la Roumanie qui<br />

lui permet d'embaucher pour <strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>s<br />

Une émotion intense s’est emparée <strong>de</strong>s<br />

villages touchés par le drame <strong>de</strong> Madrid.<br />

Un restaurant "specific romanesc", le "Muntenia" ("La<br />

Valachie"), s'est ouvert dans le quartier roumain <strong>de</strong> Coslada .<br />

Le succès a été quasi-immédiat. Un autre établissement du<br />

même genre s'est installé dans la ville voisine <strong>de</strong> San<br />

Fernando. On s'y retrouve pour déguster <strong>de</strong>s sarmale, <strong>de</strong>s mici<br />

(boulettes <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> hâchée) trinquer avec du vin venu <strong>de</strong><br />

Roumanie… Et <strong>les</strong> Espagnols commencent à apprécier.<br />

L'Espagne offre plus <strong>de</strong><br />

20 000 emplois saisonniers à <strong>de</strong>s Roumains<br />

<strong>de</strong> un an ou 18 mois <strong>de</strong>s travailleurs du<br />

bâtiment, <strong>de</strong> l'agriculture, <strong>de</strong>s jardiniers,<br />

<strong>de</strong>s charcutiers, <strong>de</strong>s ven<strong>de</strong>urs <strong>de</strong> produits<br />

alimentaires, du personnel médical. Au<br />

total, <strong>les</strong> travailleurs immigrés roumains<br />

ont rapatrié 100 M€ en 2003, dont 53<br />

M€ provenaient d'Allemagne et 35 M€<br />

d'Espagne, ce <strong>de</strong>rnier chiffre <strong>de</strong>vant passer<br />

à plus <strong>de</strong> 50 M€, cette année.<br />

22 19


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

22 20<br />

<br />

<br />

BAIA MARE<br />

SUCEAVA<br />

ORADEA<br />

<br />

TARGU<br />

<br />

MURES<br />

IASI<br />

ARAD<br />

CLUJ<br />

<br />

<br />

BRASOV<br />

<br />

<br />

<br />

GALATI<br />

TIMISOARA SIBIU<br />

<br />

BUZAIU<br />

PITESTI <br />

<br />

CRAIOVA<br />

<br />

CERNAVODA<br />

<br />

<br />

BUCAREST <br />

CONSTANTA<br />

Amabilité et neutralité<br />

<strong>de</strong>s fonctionnaires:<br />

une petite révolution<br />

Voici <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux maître mots qui<br />

résument l'esprit du nouveau co<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> conduite <strong>de</strong>s fonctionnaires,<br />

adopté il y a peu par le Sénat : amabilité<br />

et neutralité. Un programme<br />

bien ambitieux dans un pays gangrené<br />

par la corruption et où il est si<br />

difficile d'obtenir un simple "bonjour"<br />

<strong>de</strong> la part d'un fonctionnaire…<br />

Le <strong>de</strong>voir <strong>de</strong> neutralité s'exprime<br />

dans <strong>les</strong> dispositions suivantes: interdiction<br />

pour le fonctionnaire d'arborer<br />

tout signe d'appartenance politique<br />

ou <strong>de</strong> collecter <strong>de</strong>s fonds pour un<br />

parti politique. Interdiction également<br />

d'utiliser leur image dans une campagne<br />

<strong>de</strong> publicité promouvant une<br />

activité commerciale. Côté amabilité,<br />

<strong>les</strong> fonctionnaires sont tenus <strong>de</strong> parler<br />

respectueusement à toute personne<br />

se présentant à leur guichet et<br />

<strong>de</strong> bannir <strong>les</strong> expressions b<strong>les</strong>santes.<br />

A l'intérieur du service, interdiction<br />

absolue d'atteindre à l'honneur,<br />

la réputation ou la dignité <strong>de</strong><br />

leurs collègues. Enfin, tout bon fonctionnaire<br />

<strong>de</strong>vra refuser tout pot-<strong>de</strong>vin<br />

-ou également ne pas en <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r…-<br />

<strong>de</strong> quelque nature qu'il soit.<br />

En cas <strong>de</strong> violation <strong>de</strong> l'une ou<br />

plusieurs <strong>de</strong> ces obligations, <strong>de</strong>s<br />

mesures disciplinaires seront prises<br />

et, éventuellement, <strong>de</strong>s poursuites<br />

péna<strong>les</strong> ouvertes. Ce nouveau co<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>vrait donc être une bonne nouvelle<br />

pour <strong>les</strong> usagers <strong>de</strong>s services<br />

publics roumains. Mais si la<br />

Roumanie excelle dans l'adoption <strong>de</strong><br />

normes censées s'aligner sur <strong>les</strong><br />

standards européens, elle connaît<br />

bien souvent quelques "faib<strong>les</strong>ses"<br />

pour <strong>les</strong> rendre effectives…<br />

Evénements<br />

SSociété<br />

Ala mi-mars, Gregorian Bivolaru, 52 ans, est <strong>de</strong>venu tout à coup un <strong>de</strong>s personnages<br />

<strong>les</strong> plus célèbres <strong>de</strong> Roumanie après que la police ait effectué<br />

<strong>de</strong>s <strong>de</strong>scentes dans <strong>les</strong> "ashram" (centre d'accueil) <strong>de</strong> la secte qu'il anime,<br />

MISA (Mouvement pour l'Intégration Spirituelle dans l'Absolu), afin d'y saisir du<br />

matériel pornographique. Pas moins <strong>de</strong> 19 procureurs, 150 gendarmes, 43 policiers,<br />

20 officiers du SRI (successeur <strong>de</strong> la Securitate) étaient mobilisés pour la circonstance,<br />

montrant la dimension que la secte, centrée sur le sexe, avait prise <strong>de</strong>puis sa création<br />

officielle, en janvier 1990, quelques jours après la "Révolution" <strong>de</strong> décembre<br />

1989. Une trentaine <strong>de</strong> professeurs d'université, d'ingénieurs, etc., réunis autour <strong>de</strong><br />

Bivolaru, professeur clan<strong>de</strong>stin <strong>de</strong> yoga. Celui-ci avait été condamné à <strong>de</strong>ux reprises<br />

pour trafic <strong>de</strong> matériel pornographique sous Ceausescu, dès l'âge <strong>de</strong> 24 ans, effectuant<br />

trois ans <strong>de</strong> prison et, peu avant la "Révolution", un procureur avait <strong>de</strong>mandé son internement<br />

dans un hôpital psychiatrique.<br />

L'opération montée par la police a déclenché une véritable panique et un "sauve<br />

qui peut" dans la secte. Deux camions remplis à ras-bord <strong>de</strong> matériel pornographique<br />

ont été interceptés;<br />

<strong>de</strong>s a<strong>de</strong>ptes ont été<br />

surpris a en brûler<br />

dans <strong>de</strong>s champs.<br />

Trois jeunes femmes<br />

ont été découvertes<br />

se livrant à <strong>de</strong>s<br />

scènes également<br />

pornographiques en<br />

direct <strong>de</strong>vant <strong>de</strong>s<br />

web-cam et <strong>de</strong>stinées<br />

à l'étranger.<br />

Un patrimoine formé <strong>de</strong> bars, salons<br />

<strong>de</strong> massage érotiques, pharmacies naturalistes<br />

Arrêté fin mars, Grigorian Bivolaru<br />

a fait prospérer sa secte, MISA,<br />

pendant quatorze ans<br />

Gourou, amour et<br />

sexualité "spiritualisés"<br />

La secte MISA organisait <strong>de</strong> nombreux<br />

rassemblements dans tout le pays.<br />

Bien que la secte ait été souvent montrée du doigt par la presse pour ses activités<br />

douteuses, la police était jusqu'ici restée étrangement silencieuse, ce qui laissait penser<br />

à certains journalistes que Bilovaru avait pu collaborer autrefois avec la Securitate.<br />

MISA est prompt à réagir dès qu'il est mis en cause, poursuivant ses détracteurs, obtenant<br />

même le soutien d'Amnesty International, en 1998, "pour <strong>les</strong> brutalités dont<br />

étaient victimes ses membres par <strong>les</strong> forces <strong>de</strong> l'ordre".<br />

Cette impunité lui a permis <strong>de</strong> prospérer. L'argent <strong>de</strong> ses a<strong>de</strong>ptes, souvent d'un<br />

milieu élevé, leur travail forcé (huit heures par jour, sauf le dimanche), <strong>les</strong> donations,<br />

héritages <strong>de</strong>s sympathisants lui ont donné la possibilité d'acquérir tout un patrimoine<br />

à Bucarest et dans dix-sept gran<strong>de</strong>s vil<strong>les</strong> du pays, administré directement ou par l'intermédiaire<br />

<strong>de</strong> ses membres : bars, salons <strong>de</strong> massage érotiques, pharmacies naturistes,<br />

immeub<strong>les</strong>, terrains en construction.<br />

MISA fonctionne selon <strong>les</strong> procédés habituels <strong>de</strong> déstructuration <strong>de</strong> la personnalité<br />

employés par <strong>les</strong> sectes : isoler <strong>les</strong> nouveaux a<strong>de</strong>ptes <strong>de</strong> leur famille en <strong>les</strong> faisant<br />

vivre dans ses "ashram" dont <strong>les</strong> premiers avaient vu le jour à Ferentari et Rahova,<br />

<strong>de</strong>ux quartiers <strong>de</strong> Bucarest, <strong>les</strong> faire renaître dans un groupe et <strong>les</strong> soumettre par une<br />

discipline aliénante et un emploi du temps ne laissant aucune place au sens critique,<br />

en <strong>de</strong>ux mots, le lavage <strong>de</strong> cerveau. Ainsi, une autorisation doublée d'une promesse<br />

d'allégeance doit être <strong>de</strong>mandée pour s'absenter ne serait-ce qu'une heure.


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe SSociété<br />

Au centre d'une véritable dévotion,<br />

entouré <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>s du corps et <strong>de</strong> fil<strong>les</strong> nues<br />

Bivolaru, qui se fait appeler le "Père spirituel" est au<br />

centre d'une véritable dévotion ; la ferveur et la soumission<br />

l'entourent… mais aussi <strong>de</strong>s gar<strong>de</strong>s du corps prêts à faire taire<br />

ceux qui oseraient s'opposer au gourou.<br />

Les famil<strong>les</strong> qui viennent pour<br />

essayer <strong>de</strong> récupérer un proche sont<br />

jetées <strong>de</strong>hors si el<strong>les</strong> expriment la<br />

moindre critique.<br />

L'"originalité" <strong>de</strong> la secte tient à<br />

ses pratiques sexuel<strong>les</strong> "<strong>de</strong> purification",<br />

inspirées du tantra, "libérateur<br />

<strong>de</strong>s énergies". Le sexe y est pratiqué<br />

en groupe, indifféremment <strong>de</strong>s<br />

âges, avec échange <strong>de</strong> partenaires,<br />

parfois au cours <strong>de</strong> happenings où<br />

<strong>les</strong> a<strong>de</strong>ptes se retrouvent nus, se filmant généreusement - <strong>les</strong><br />

cassettes sont échangées par Internet - idolâtrant leur gourou.<br />

Rares sont ceux qui ont réussi à échapper à cet univers, <strong>de</strong>s<br />

famil<strong>les</strong> avec enfants y ayant complètement sombré. Tout <strong>de</strong><br />

suite après le coup <strong>de</strong> filet <strong>de</strong> la police, 37 a<strong>de</strong>ptes ont dû être<br />

hospitalisés dans <strong>de</strong>s services psychiatriques, leur état étant<br />

jugé sérieux.<br />

De nombreuses famil<strong>les</strong> ont porté plainte contre MISA ;<br />

<strong>les</strong> procureurs sont sur la piste d'une centaine <strong>de</strong> personnes<br />

impliquées dans la production et la diffusion <strong>de</strong> matériel pornographique.<br />

Selon la police, d'autres chefs d'inculpation pourraient<br />

être relevés à leur encontre : trafic <strong>de</strong> drogue, trafic <strong>de</strong><br />

personnes, prostitution, évasion fiscale, blanchiment d'argent<br />

et crime organisé.<br />

La secte crie à la persécution et à l'abus <strong>de</strong> pouvoir <strong>de</strong> la<br />

police. Toutefois, sentant le vent tourner, Grigorian Bivolaru a<br />

tenté <strong>de</strong> gagner l'étranger, fin mars. Il a été arrêté alors qu'il<br />

tentait <strong>de</strong> franchir illégalement la frontière <strong>de</strong> la Hongrie - pays<br />

où il compte <strong>de</strong>s a<strong>de</strong>ptes - à Nadlac (Arad). Le gourou s'était<br />

affublé d'une perruque et était aidé par un douanier <strong>de</strong> Târgu<br />

Mures.<br />

On présume qu'il voulait se rendre à Budapest pour dénoncer<br />

le harcèlement policier et médiatique ainsi que <strong>les</strong> menaces<br />

<strong>de</strong> mort dont il ferait l'objet. Il a été inculpé <strong>de</strong> tentative <strong>de</strong><br />

franchissement illégal <strong>de</strong> la frontière et, dans un second temps,<br />

en attendant que l'enquête progresse, <strong>de</strong> viol et abus sexuels<br />

sur mineur, puis remis en liberté à la suite d'une erreur <strong>de</strong><br />

procédure.<br />

Selon le secrétaire d'Etat aux<br />

Finances, la Roumanie compte<br />

plus <strong>de</strong> 1700 contribuab<strong>les</strong><br />

déclarant <strong>de</strong>s revenus annuels supérieurs<br />

à un milliard <strong>de</strong> lei (26 000 €, 170 000<br />

F). Il s'agit <strong>de</strong> professions libéra<strong>les</strong>, avocats,<br />

notaires, experts-comptab<strong>les</strong>, prési<strong>de</strong>nts<br />

<strong>de</strong> banque… Les <strong>de</strong>ux tiers d'entreeux<br />

se trouvent dans la capitale, où leur<br />

Demi-frère d'un député escroc<br />

recherché par la police<br />

Toutefois, un quiproquo sur le nom du gourou a semé la<br />

confusion dans l'opinion. Parallèlement, un ancien député du<br />

PSD (parti au pouvoir), Gabriel Bivolaru, 37 ans, portant le<br />

même patronyme, était recherché<br />

pour avoir effectué une <strong>de</strong>s plus<br />

grosses escroqueries <strong>de</strong>s dix <strong>de</strong>rnières<br />

années portant sur 55 M€<br />

(360 MF) au détriment <strong>de</strong> la Banque<br />

Roumaine <strong>de</strong> Développement,<br />

avant sa privatisation. L'ex-parlementaire,<br />

après avoir longtemps<br />

échappé à <strong>de</strong>s poursuites grâce à<br />

l'immunité parlementaire que ses<br />

A gauche, Bivolaru, version gourou,<br />

à droite, son jeune <strong>de</strong>mi-frère, version escroc.<br />

revenu moyen est <strong>de</strong> près <strong>de</strong> 50 000 €<br />

(330 000 F), ce qui équivaut à un gain<br />

mensuel <strong>de</strong> 4200 € (27 500 F). Le<br />

ministre s'attend à ce que le nombre <strong>de</strong><br />

ces privilégiés augmente, notamment<br />

parce que le salaire <strong>de</strong>s ve<strong>de</strong>ttes <strong>de</strong> football<br />

croît, celui <strong>de</strong> Claudiu Raducanu du<br />

Steaua Bucarest, l'un <strong>de</strong>s joueurs le<br />

mieux payé du pays, étant <strong>de</strong> 7500 € par<br />

collègues refusaient <strong>de</strong> lever, était<br />

en fuite. Il s'est finalement rendu à<br />

la police, fin mars, lorsque le sacandale est <strong>de</strong>venu trop grand.<br />

La stupéfaction a été générale quand "Evenimentul Zilei"<br />

a découvert, juste après l'arrestation du gourou que le député<br />

escroc étaient en fait son <strong>de</strong>mi-frère. Le journal a révélé par<br />

ailleurs que <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux hommes étaient originaires du même village,<br />

Tartatesti, proche <strong>de</strong> Bucarest, et que le Premier ministre,<br />

Adrian Nastase, avait été compagnon <strong>de</strong> jeu du père spirituel<br />

<strong>de</strong> MISA et avait acheté à son frère, l'ex-député, un terrain<br />

pour un prix 25 fois inférieur à sa véritable valeur.<br />

Présent dans plus <strong>de</strong> vingt pays dont la France<br />

Aujourd'hui MISA revendique 35 000 a<strong>de</strong>ptes en<br />

Roumanie et est présent dans une vingtaine <strong>de</strong> pays où <strong>de</strong>s<br />

antennes du mouvement ont été ouvertes par <strong>de</strong>s anciens<br />

élèves <strong>de</strong> Bivolaru -rêvait-il <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir un autre Moon ? - dont<br />

la France (Paris, Nice), la Gran<strong>de</strong> Bretagne, l'Italie,<br />

l'Allemagne, <strong>les</strong> pays scandinaves, <strong>les</strong> USA, l'Australie, l'In<strong>de</strong>,<br />

l'Afrique du Sud. Le mouvement basé sur le tantra-yoga veut<br />

initier ses membres à "l'amour et à la sexualité spiritualisés<br />

pour le bien et la paix <strong>de</strong> l'Humanité". Pour élargir son cercle,<br />

il se réclame aussi du christianisme, utilisant la croix, <strong>les</strong><br />

prières, <strong>les</strong> images pieuses. Misa est organisé en 3 échelons ;<br />

le premier comprend <strong>les</strong> fondateurs et dirigeants, le second, <strong>les</strong><br />

instructeurs, fonction difficile à obtenir puisqu'elle <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>s années <strong>de</strong> pratique, le troisième, qui constitue le gros <strong>de</strong>s<br />

troupes, regroupe <strong>les</strong> a<strong>de</strong>ptes, <strong>les</strong>quels sont promis à une quinzaine<br />

d'années <strong>de</strong> méditation, pratiques et perfectionnement.<br />

Plus <strong>de</strong> 1700 milliardaires… en lei<br />

mois (50 000 F) : "J'attend d'eux qu'ils<br />

aient un comportement civique et déclarent<br />

tous leurs gains" a-t-il souhaité. A<br />

l'autre bout <strong>de</strong> l'échelle, <strong>de</strong>ux millions<br />

<strong>de</strong> salariés perçoivent moins <strong>de</strong> 60 €<br />

(380 F) par mois, un quart <strong>de</strong>s contribuab<strong>les</strong><br />

gagnant entre 60 et 120 € (800<br />

F), et moins <strong>de</strong> 3 % se situant au <strong>de</strong>ssus<br />

<strong>de</strong> 2300 € (15 000 F).<br />

21


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

SUCEAVA<br />

BAIA<br />

MARE<br />

<br />

IASI<br />

ORADEA<br />

<br />

TARGU<br />

<br />

ARAD<br />

MURES<br />

CLUJ BACAU <br />

<br />

BÂRLAD<br />

<br />

DEVA<br />

<br />

<br />

TIMISOARA<br />

<br />

SIBIU<br />

BRASOV<br />

<br />

GALATI <br />

SINAIA BRAILA <br />

<br />

PITESTI <br />

TULCEA<br />

22<br />

CRAIOVA<br />

<br />

<br />

BUCAREST<br />

CONSTANTA<br />

<br />

Près d'un tiers <strong>de</strong>s<br />

policiers roumains<br />

sont corruptib<strong>les</strong><br />

Alors que <strong>de</strong> nombreux scanda<strong>les</strong><br />

ternissent régulièrement l'image <strong>de</strong><br />

la police au sein <strong>de</strong> la population, <strong>de</strong><br />

nouveaux chiffres peu reluisants<br />

viennent d'être rendus publics :selon<br />

la Direction Générale <strong>de</strong><br />

l'Information et <strong>de</strong> la Protection<br />

Intérieure (DGIPI), presque un tiers<br />

<strong>de</strong>s policiers sont prêts à laisser<br />

impunie une violation <strong>de</strong> la loi en<br />

échange d'un pot-<strong>de</strong>-vin.<br />

Pour aboutir à cette conclusion, la<br />

DGIPI a organisé 174 tests d'intégrité<br />

en 2003. Des agents <strong>de</strong> ses<br />

services ont tenté <strong>de</strong> corrompre plusieurs<br />

membres <strong>de</strong> la police. 30%<br />

d'entre eux ont fermé <strong>les</strong> yeux et<br />

reçu le pot-<strong>de</strong>-vin proposé. Les coupab<strong>les</strong><br />

n'ont pas été poursuivis<br />

pénalement, mais ont cependant<br />

tous été licenciés.<br />

A Iasi, le titre <strong>de</strong><br />

"Police <strong>de</strong> l'année"<br />

Pour la <strong>de</strong>uxième année consécutive,<br />

<strong>les</strong> policiers <strong>de</strong> la briga<strong>de</strong><br />

contre le crime organisé et antidrogue<br />

<strong>de</strong> Iasi ont obtenu le titre <strong>de</strong><br />

"Policiers <strong>de</strong> l'année 2003". Outre<br />

<strong>les</strong> saisies <strong>de</strong> drogue, cette unité a<br />

démembré 32 réseaux mafieux opérant<br />

aussi bien en Roumanie qu'à<br />

l'étranger, arrêtant 137 <strong>de</strong> leurs<br />

membres.<br />

138 voitures <strong>de</strong> luxe étrangères<br />

volées ont été récupérées et un<br />

laboratoire clan<strong>de</strong>stin <strong>de</strong> fabrication<br />

d'héroïne découvert dans le ju<strong>de</strong>t <strong>de</strong><br />

Botosani, conduisant à l'arrestation<br />

<strong>de</strong> 13 personnes.<br />

Faits divers<br />

SSociété<br />

Une Roumaine, fatale à un<br />

chef <strong>de</strong> la mafia italienne<br />

Aidés par leurs collègues polonais, <strong>les</strong> policiers italiens ont mis la main sur<br />

Francesco Schiavone, 51 ans, chef <strong>de</strong> la mafia napolitaine, au terme d'une<br />

"traque" <strong>de</strong> sept mois, dans le cadre d'une opération baptisée "Dracula".<br />

Schiavone, considéré comme l'un <strong>de</strong>s trente plus dangereux et cruels criminels <strong>de</strong> son<br />

pays a été arrêté dans la localité <strong>de</strong> Krosno en Pologne. Ayant déjà purgé sept ans <strong>de</strong><br />

prison, il était sous le coup d'un mandat d'arrêt international émis par Interpol pour<br />

quinze meurtres, trafic international <strong>de</strong> drogue, <strong>de</strong> cigarettes, blanchiment d'argent<br />

sale, escroqueries, chantage, etc., et était connu pour faire disparaître <strong>les</strong> cadavres dans<br />

le béton <strong>de</strong>s autoroutes.<br />

Alors qu'il avait disparu <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>ux ans <strong>de</strong> son pays, se cachant dans <strong>les</strong> ex-pays<br />

<strong>de</strong> l'Est, dont la Roumanie, sa piste avait été retrouvée à la suite <strong>de</strong> l'arrestation d'un<br />

<strong>de</strong> ses lieutenants dévoilant qu'il entretenait <strong>de</strong>s relations avec <strong>de</strong>ux jeunes Roumaines<br />

qui furent mises sous surveillance. Le 12 mars <strong>de</strong>rnier, l'une d'entre-el<strong>les</strong>, Luiza<br />

Mihaela Botez (25 ans) <strong>de</strong> Bârlad, prenait subitement le train pour une <strong>de</strong>stination<br />

inconnue. Zigzaguant à travers pays, elle fut filée minute par minute, passant la frontière<br />

hongroise à Curtici (Arad) pour finalement arriver en Pologne où l'un <strong>de</strong>s<br />

adjoints <strong>de</strong> Schiavone la conduisit vers lui, provoquant son interpellation.<br />

Cette arrestation a permis à la police roumaine <strong>de</strong> réaliser un beau coup <strong>de</strong> filet à<br />

Cluj, la semaine suivante, en mettant la main sur trois complices <strong>de</strong> Schiavone venus<br />

participer à un sommet <strong>de</strong> la Camorra. Il est apparu aux enquêteurs que <strong>de</strong> nombreuses<br />

réunions <strong>de</strong> ce genre avaient eu lieu en Roumanie, Hongrie et Pologne, ces <strong>de</strong>rniers<br />

mois, <strong>les</strong> chefs <strong>de</strong> la mafia italienne ayant fait <strong>de</strong> l'Europe <strong>de</strong> l'Est une plaque tournante<br />

du blanchiment d'argent provenant <strong>de</strong> leurs activités, sous une couverture légale.<br />

Selon un journal italien, ces rencontres avaient aussi pour but <strong>de</strong> passer une alliance<br />

avec <strong>les</strong> trafiquants d'armes <strong>de</strong> l'ex Union Soviétique.<br />

“Fais ce que dit le pope… non ce qu’il fait”<br />

Fa ce spune popa, nu ce face popa” (“Fais ce que dit le pope, non ce qu’il<br />

fait”), ce dicton très connu <strong>de</strong>s Roumains pourrait sans-doute s’appliquer à<br />

un prêtre <strong>de</strong> Bucovine-Moldavie qui emmène certains <strong>de</strong> ses paroissiens<br />

“en pèlerinage” aux fameux monastères du Mont Athos, en Grèce (notre photo). Sa<br />

hiérarchie l’ayant envoyé complété sa formation dans cette région, il s’y est fait <strong>de</strong>s<br />

relations et propose aujourd’hui à ses compatriotes <strong>de</strong> leur trouver un emploi sur<br />

place, rémunéré autour <strong>de</strong> 900 €<br />

par mois, s’offrant même à <strong>les</strong><br />

emmener dans sa voiture personnelle.<br />

Ce voyage revient à près <strong>de</strong><br />

1000 € par personne, ce prix comprenant<br />

<strong>les</strong> frais <strong>de</strong> transport, et <strong>les</strong><br />

différentes commissions qu’il<br />

faut, selon ses dires, remettre aux<br />

douaniers, etc… mais dont ses<br />

passagers - 3 à 4 à chaque tournée<br />

- estiment qu’el<strong>les</strong> finissent intégralement<br />

dans sa poche.<br />

Le passage <strong>de</strong>s frontières s’effectue sans difficulté, le prêtr affirmant qu’il emmène<br />

ses ouail<strong>les</strong> aux lieux sacrés du Mont Athos, présentant ses passagers comme ses<br />

assistants ou <strong>de</strong>s choristes. Sur place, il laisse se débrouiller ses protégés et retourne<br />

chez lui pour préparer un autre transport.<br />

Ce manège irrite <strong>les</strong> moines du Mont Athos qui le prennent pour un escroc, mais<br />

n’émeut pas outre-mesure la hiérarchie <strong>de</strong> l’Eglise orthodoxe roumaine, laquelle<br />

apprécie beaucoup ce serviteur qui a construit une église. Toutefois, quinze paroissiens<br />

du village <strong>de</strong> Sutora (Iasi), qu’il avait trompés, ont décidé <strong>de</strong> porter plainte.


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

Faits divers<br />

Les mauvaise surprises entre Roumains et étrangers<br />

existent dans <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux sens. Si nombre <strong>de</strong> travailleurs<br />

roumains sont exploités, loin <strong>de</strong> leur terre<br />

natale, par leurs nouveaux employeurs, si trop <strong>de</strong> jeunes fil<strong>les</strong><br />

ont cru au prince charmant et se sont retrouvées sur <strong>les</strong> trottoirs<br />

<strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s vil<strong>les</strong> européennes, <strong>les</strong> Occi<strong>de</strong>ntaux sont loin<br />

d'être à l'abri <strong>de</strong> mésaventures.<br />

A Iasi, Sergio, un Italien <strong>de</strong> 46 ans, divorcé, venu en<br />

Roumanie comme représentant d'une association d'ai<strong>de</strong> aux<br />

enfants <strong>de</strong>s rues, avait été présenté par une assistante sociale à<br />

Cerasela, 36 ans, parlant parfaitement sa langue.<br />

Très vite, ils formèrent un couple, Sergio offrant une<br />

bague <strong>de</strong> fiançail<strong>les</strong> à sa conquête, l'emmenant visiter <strong>les</strong><br />

monastères <strong>de</strong> Bucovine, passant Noël et le Réveillon dans <strong>les</strong><br />

stations <strong>de</strong> Pre<strong>de</strong>al et <strong>de</strong> Sinaia, <strong>de</strong>scendant dans <strong>les</strong> hôtels<br />

quatre étoi<strong>les</strong>. Il lui expliqua aussi qu'il avait une entreprise <strong>de</strong><br />

torréfaction dans son pays.<br />

A cette confi<strong>de</strong>nce, Cerasela dressa l'oreille, très intéressée,<br />

et proposa à son amant <strong>de</strong> monter ce genre d'affaires à<br />

Iasi, idée qui l'enchanta tant il était ravi <strong>de</strong> lui faire plaisir.<br />

Sergio se renseigna sur la faisabilité du projet puis nomma<br />

Cerasela directrice. Celle-ci trouva un terrain <strong>de</strong> 10 000 m2,<br />

idéalement situé à la sortie <strong>de</strong> Iasi, à proximité immédiate <strong>de</strong><br />

Metro, insistant sur le fait que le prix <strong>de</strong>mandé était très inférieur<br />

à ceux pratiqués habituellement. Sergio se mit d'accord<br />

Justice<br />

Le tapage nocturne<br />

sera sanctionné<br />

Finis <strong>les</strong> discos qui hurlent à tue-tête, <strong>les</strong> fêtes<br />

<strong>de</strong> famil<strong>les</strong> prolongées qui empêchent <strong>les</strong><br />

voisins <strong>de</strong> dormir… Du moins, finis sur le<br />

papier car <strong>de</strong> nombreuses lois sont votées et ignorées.<br />

Toutefois <strong>les</strong> députés ont décidé <strong>de</strong> punir ceux qui troubleraient<br />

la tranquillité nocturne <strong>de</strong> leurs compatriotes,<br />

en leur imposant une amen<strong>de</strong> entre 13 et 39 € (85 et<br />

255 F), voire une peine <strong>de</strong> prison d'un à six mois.<br />

Les mêmes peines seront infligées aux patrons<br />

d'hôtels ou <strong>de</strong> camping accueillant <strong>de</strong>s prostituées dans<br />

leur établissement, la prison se transformant en fermeture.<br />

Les mendiants - la mendicité est officiellement<br />

interdite - n'encourent qu'une amen<strong>de</strong>, du même montant,<br />

<strong>de</strong> même que <strong>les</strong> ivrognes qui refusent <strong>de</strong> quitter<br />

un lieu public, lors <strong>de</strong> sa fermeture, et <strong>les</strong> propriétaires<br />

d'animaux dangereux qui <strong>les</strong> laissent divaguer.<br />

Les députés ont aussi décidé d'infliger <strong>de</strong>s<br />

amen<strong>de</strong>s <strong>de</strong> un à cinq euros (17 à 85 F), aux personnes<br />

surprises à boire <strong>de</strong> l'alcool ou <strong>de</strong> la bière dans <strong>les</strong> lieux<br />

publics, hôpitaux, éco<strong>les</strong>, sta<strong>de</strong>s, parcs, transports en<br />

commun, amen<strong>de</strong>s qui peuvent être remplacées par<br />

une peine <strong>de</strong> prison <strong>de</strong> quinze jours à trois mois s'il<br />

s'agit d'une église.<br />

SSociété<br />

Une naïveté mauvaise conseillère<br />

avec le propriétaire sur la somme <strong>de</strong> 150 000 € (1 MF), la<br />

transaction en espèces se déroulant <strong>de</strong>ux jours plus tard dans<br />

le cabinet d'un avocat.<br />

Le len<strong>de</strong>main Cerasela avait disparu et ne répondait plus<br />

aux appels téléphoniques <strong>de</strong> Sergio. Celui-ci découvrit que<br />

l'avocat et le propriétaire étaient faux, l'acte <strong>de</strong> vente étant nul.<br />

Malgré cela, il a décidé <strong>de</strong> ne pas porté plainte, déclarant qu'il<br />

était prêt à pardonner à Cerasela et voulait l'emmener en Italie<br />

pour fon<strong>de</strong>r une famille, si elle se décidait à revenir.<br />

Rouerie féminine<br />

La même infortune est arrivée au représentant français<br />

d'une très grosse société nationale française, à Kiev. Ayant rencontré<br />

une Ukrainienne, Olga, celui-ci a décidé <strong>de</strong> vivre en<br />

couple, puis s'est marié avec elle, la chargeant <strong>de</strong> trouver un<br />

bel appartement, ce qui fut fait, au cœur <strong>de</strong> la capitale, pour le<br />

loyer mensuel <strong>de</strong> 2000 €, pris en charge par sa société.<br />

Après trois ans, le propriétaire <strong>de</strong>s lieux étant décédé, le<br />

Français désireux <strong>de</strong> rester dans l'appartement, partit en quête<br />

<strong>de</strong> ses héritiers pour découvrir qu'en fait il s'agissait d'un<br />

homme <strong>de</strong> paille, couvrant l'i<strong>de</strong>ntité du vrai propriétaire…<br />

lequel n'était autre que sa propre femme, Olga, qui lui avait<br />

caché l'existence <strong>de</strong> ce bien et lui extorquait ainsi 13 000 F<br />

tous <strong>les</strong> mois et qui, <strong>de</strong>puis, a <strong>de</strong>mandé le divorce !<br />

Selon que vous soyez riche et puissant…<br />

Décriée par tous <strong>les</strong> organismes internationaux et notamment<br />

par l'UE pour son extrême corruption, son incompétence,<br />

sa soumission aux pouvoirs publics, la Justice roumaine<br />

apparaît comme une <strong>de</strong>s plus gran<strong>de</strong>s plaies du pays, ses<br />

citoyens n'ayant aucune confiance en elle. Plusieurs journaux relèvent<br />

régulièrement l'aberration <strong>de</strong> certains <strong>de</strong> ses jugements, qui semblent<br />

renvoyer à l'époque <strong>de</strong> Victor Hugo et Jean Valjean. C'est le cas <strong>de</strong><br />

"România Libera" ("La Roumanie Libre") qui, sans commentaires,<br />

rapportent plusieurs <strong>de</strong> ses décisions, en donnant <strong>les</strong> numéros <strong>de</strong> référence<br />

<strong>de</strong>s procès :<br />

Gabriel Bivolaru, ancien député PSD (parti post-communiste au<br />

pouvoir), cinq ans <strong>de</strong> prison pour détournement et escroquerie <strong>de</strong><br />

55 M€ (360 MF) au détriment <strong>de</strong> la Banque Roumaine <strong>de</strong><br />

Développement (Groupe Société Générale). Introuvable, il n'a pas été<br />

incarcéré pour l'instant.<br />

A.S., six ans <strong>de</strong> prison pour avoir dérobé un téléphone portable à<br />

un passager montant dans un tramway ; peine confirmée par la Cour<br />

d'Appel <strong>de</strong> Bucarest ; actuellement emprisonné.<br />

B.B., trois ans <strong>de</strong> prison pour vol qualifié ; a dérobé sur la fenêtre<br />

d'une salle <strong>de</strong> bain un sac contenant quelques tubes <strong>de</strong> colle et <strong>de</strong> vernis<br />

; sa peine a été confirmée par l'instance supérieure ; actuellement<br />

emprisonné.<br />

A fin <strong>de</strong> l’année <strong>de</strong>rnière, le Prési<strong>de</strong>nt Iliescu avait grâcié un détenu<br />

<strong>de</strong> Bistrita, <strong>de</strong> 31 ans, ayant offert son rein à une jeune femme <strong>de</strong><br />

Cluj qui ne trouvait pas <strong>de</strong> donneur compatible et risquait <strong>de</strong> mourir.<br />

Le jeune homme, qui avait effectué <strong>les</strong> trois quarts <strong>de</strong> sa peine, avait<br />

été condamné à 4 ans <strong>de</strong> prison pour le vol <strong>de</strong> 26 euros (170 F).<br />

23


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

24<br />

SUCEAVA<br />

BAIA<br />

MARE<br />

<br />

IASI<br />

ORADEA<br />

<br />

TARGU<br />

<br />

ARAD<br />

MURES<br />

CLUJ BACAU <br />

<br />

VASLUI<br />

<br />

DEVA<br />

<br />

<br />

TIMISOARA<br />

<br />

SIBIU<br />

BRASOV<br />

<br />

GALATI <br />

SINAIA BRAILA <br />

<br />

PITESTI <br />

TULCEA<br />

CRAIOVA<br />

<br />

<br />

BUCAREST<br />

CONSTANTA<br />

<br />

Dur… Dur<br />

<strong>de</strong> vivre à Bucarest !<br />

85ème place sur 130. Le verdict<br />

vient <strong>de</strong> tomber : la capitale roumaine<br />

rend la vie dure à ses étrangers.<br />

Selon une étu<strong>de</strong> récente classant<br />

130 vil<strong>les</strong> du mon<strong>de</strong> selon leurs<br />

conditions <strong>de</strong> vie et d'accueil pour <strong>les</strong><br />

étrangers, Bucarest se trouve à la<br />

85ème place, bien après <strong>de</strong>ux autres<br />

gran<strong>de</strong>s vil<strong>les</strong> d'Europe <strong>de</strong> l'Est,<br />

Prague et Budapest. L'étu<strong>de</strong> prend<br />

en compte trois grands facteurs : <strong>les</strong><br />

conditions <strong>de</strong> santé et <strong>de</strong> sécurité, la<br />

culture et l'environnement, <strong>les</strong> infrastructures.<br />

Bucarest se trouve au même<br />

niveau que Kiev, la capitale ukrainienne<br />

et que Tachkent, celle <strong>de</strong><br />

l'Ouzbékistan. Bien avant la capitale<br />

bucarestoise, on retrouve Zagreb et<br />

Varsovie ou encore Saint-<br />

Pétersbourg et Moscou. Vienne<br />

(Autriche), Melbourne (Australie) et<br />

Vancouver (Canada), quant à el<strong>les</strong>,<br />

para<strong>de</strong>nt en tête du classement.<br />

Mais pour <strong>les</strong> amoureux <strong>de</strong><br />

Bucarest, il restera difficile <strong>de</strong> croire<br />

en une étu<strong>de</strong> prenant en compte seulement<br />

130 vil<strong>les</strong> dans le mon<strong>de</strong> et<br />

incapable <strong>de</strong> déceler <strong>de</strong>rrière<br />

quelques désagréments et différences<br />

culturel<strong>les</strong> tout le charme d'un<br />

Bucarest certes déroutant mais si<br />

attachant…<br />

SSociété<br />

Des Roumains frustrés<br />

et stressés par <strong>les</strong> difficultés <strong>de</strong> la vie<br />

Vie quotidienne<br />

La Commission Européenne a fait faire une enquête sur le moral <strong>de</strong>s habitants<br />

du continent d'où il ressort que <strong>les</strong> Roumains et <strong>les</strong> Bulgares sont non<br />

seulement <strong>les</strong> citoyens <strong>les</strong> plus pauvres <strong>de</strong> l'Europe élargie, mais aussi <strong>les</strong><br />

plus frustrés et <strong>les</strong> plus stressés à cause <strong>de</strong> leurs conditions <strong>de</strong> vie. Pour eux, le plus<br />

important est le travail, la famille et la maison alors que <strong>les</strong> Occi<strong>de</strong>ntaux apprécient en<br />

priorité le temps libre, <strong>les</strong> amis et la capacité à s'engager pour <strong>les</strong> autres pour mener<br />

une vie heureuse et équilibrée.<br />

Alors que moins <strong>de</strong> la moitié <strong>de</strong>s Européens<br />

se déclarent stressés par leur travail, ce pourcentage<br />

atteint 59 % chez <strong>les</strong> Roumains qui sont<br />

obligés <strong>de</strong> travailler beaucoup plus pour survivre.<br />

Ils s'estiment trop fatigués pour bien profiter<br />

<strong>de</strong> leur maison, pensent que cela joue sur<br />

leurs relations familia<strong>les</strong> et regrettent <strong>de</strong> ne pas<br />

avoir <strong>de</strong> temps pour se rencontrer avec leurs amis. Seulement 42 % se déclarent assez<br />

ou un peu contents <strong>de</strong> leur vie, alors que le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> satisfaction est <strong>de</strong> 85 % dans l'UE.<br />

Le reste s'estime frustré <strong>de</strong>s plaisirs <strong>de</strong> l'existence. En entrant plus dans le détail, on<br />

constate que seulement un quart <strong>de</strong>s Roumains sont satisfaits <strong>de</strong> leur régime <strong>de</strong> santé<br />

et <strong>de</strong> leurs revenus.<br />

Côté biens matériels, sur <strong>les</strong> sept éléments <strong>de</strong> base électroménagers (réfrigérateur,<br />

machine à laver, aspirateur, cuisinière, télévision, etc.), <strong>les</strong> ménages roumains n'en disposent<br />

que <strong>de</strong> quatre alors que cette moyenne est <strong>de</strong> six à sept dans <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l'UE.<br />

Le seul chapitre où ils retrouvent le sourire, s'en déclarant heureux à 80 %, concerne<br />

la famille, la maison et <strong>les</strong> voisins. 5 % <strong>de</strong>s Roumains et <strong>de</strong>s Bulgares interrogés envisagent<br />

d'émigrer, 2 % étant décidés fermement à le faire (ce qui représente 450 000<br />

Roumains), mais <strong>les</strong> auteurs <strong>de</strong> l'enquête estiment que le véritable potentiel migratoire<br />

<strong>de</strong> ces pays se situe autours <strong>de</strong> 10 % (2,3 millions <strong>de</strong> Roumains).<br />

Un comportement influencé par <strong>les</strong> racines<br />

Dans un rapport portant sur l'évaluation<br />

<strong>de</strong> la pauvreté en<br />

Roumanie, la Banque<br />

Mondiale a relevé <strong>de</strong>s différences <strong>de</strong><br />

comportements entre <strong>les</strong> régions, pouvant<br />

avoir une influence sur cette situation, et<br />

dues à leur héritage historique. Ainsi,<br />

dans <strong>les</strong> régions soumises pendant <strong>de</strong>s<br />

sièc<strong>les</strong> à l'autorité turque (Valachie,<br />

Dobroudja, sud <strong>de</strong> la Moldavie), <strong>les</strong> habitants<br />

recourent-ils davantage à la pratique<br />

du bakchich ou du ca<strong>de</strong>au pour obtenir<br />

<strong>de</strong>s avantages ou simplement faire respecter<br />

leurs droits, suivant la tradition<br />

balkanique. Tout naturellement, ce sont<br />

eux qui ont le moins confiance dans <strong>les</strong><br />

administrations loca<strong>les</strong>.<br />

Dans <strong>les</strong> régions d'influence autrichienne<br />

(Banat, Transylvanie, Bucovine),<br />

<strong>les</strong> gens ont davantage confiance dans<br />

leurs voisins, <strong>les</strong> habitants <strong>de</strong> leurs villages<br />

ou <strong>de</strong> leurs quartiers que leurs<br />

autres compatriotes. Ils sont d'ailleurs<br />

davantage prêts à s'engager dans la vie<br />

publique.<br />

Les moins confiants dans leurs voisins<br />

et <strong>les</strong> moins disposés à s'entrai<strong>de</strong>r se<br />

retrouvent dans <strong>les</strong> régions occupées<br />

autrefois par <strong>les</strong> Russes: Moldavie,<br />

Bessarabie et une partie <strong>de</strong> la Bucovine.<br />

Permis <strong>de</strong> conduire pour une aveugle<br />

La police <strong>de</strong> Suceava a découvert l'existence d'une aveugle qui disposait<br />

d'un permis <strong>de</strong> conduire. Alors qu'elle souffrait déjà à l'époque <strong>de</strong> l'examen<br />

d'un très sévère handicap <strong>de</strong> la vue qui ne lui permettait en aucun cas d'obtenir<br />

ce <strong>document</strong>, et qu'elle avait été déclarée invali<strong>de</strong> en 1997, elle avait réussi à se<br />

faire délivrer un certificat médical puis le permis, par l'intermédiaire <strong>de</strong> son moniteur<br />

d'auto-école. Elle avait remis un pourboire à distribuer aux fonctionnaires<br />

concernés… afin qu'ils ferment <strong>les</strong> yeux.


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

Vie quotidienne<br />

Après analyse <strong>de</strong>s statistiques <strong>de</strong> la police, <strong>les</strong> organisations<br />

non gouvernementa<strong>les</strong> se préoccupant<br />

<strong>de</strong>s violences domestiques ont constaté que cel<strong>les</strong>ci<br />

restaient à un niveau très élevé en Roumanie, parmi <strong>les</strong> plus<br />

forts d'Europe. Entre 1997 et 2000, el<strong>les</strong> avaient entraîné 60 %<br />

<strong>de</strong>s décès <strong>de</strong> femmes entrant sous le coup <strong>de</strong> la loi. De même,<br />

il en ressortait que la moitié <strong>de</strong>s femmes victimes <strong>de</strong> violences<br />

l'avaient été par leur mari ou compagnon.<br />

Le seul élément optimiste relevé était la prise <strong>de</strong> conscience<br />

<strong>de</strong> l'opinion, ces dix <strong>de</strong>rnières années, <strong>les</strong> trois quarts <strong>de</strong>s<br />

Roumains se déclarant révoltés à l'idée qu'on puisse battre sa<br />

femme ou lui faire subir <strong>de</strong>s violences sexuel<strong>les</strong>. Mais il apparaît<br />

que <strong>les</strong> formes plus subti<strong>les</strong> <strong>de</strong> violence, psychologiques<br />

par exemple, sont en général toujours tolérées. Ainsi seulement<br />

37 % <strong>de</strong>s Roumains estiment qu'il est grave qu'un<br />

homme déconsidère sa femme, 29 % qu'il lui interdise <strong>de</strong> cher-<br />

La Roumanie reste l'un <strong>de</strong>s très<br />

rares pays non-musulmans où<br />

l'adultère est considéré<br />

comme un délit, passible d'une peine <strong>de</strong><br />

prison <strong>de</strong> un à six mois. Les pays<br />

européens ont fait disparaître cette disposition<br />

anachronique <strong>de</strong> leur co<strong>de</strong> pénal,<br />

voici vingt à trente ans pour <strong>les</strong> <strong>de</strong>rniers.<br />

Cependant <strong>les</strong> statistiques du ministère <strong>de</strong><br />

la Justice montrent que, <strong>de</strong>puis 1989,<br />

1200 kiosques <strong>de</strong> presse<br />

dans <strong>les</strong> rues <strong>de</strong> Bucarest<br />

Environ 1200 kiosques<br />

<strong>de</strong> presse vont être<br />

installés dans <strong>les</strong> rues<br />

<strong>de</strong> Bucarest, d'ici à quatre ans,<br />

au rythme <strong>de</strong> 30 par mois, le premier<br />

ayant été inauguré par le<br />

prési<strong>de</strong>nt Iliescu, début avril,<br />

Piata Victoriei. La mise en place<br />

<strong>de</strong> ce réseau privé a pour but <strong>de</strong><br />

réduire significativement la<br />

commercialisation au noir <strong>de</strong> la<br />

presse et <strong>de</strong> changer l'aspect <strong>de</strong><br />

la ville, envahie par <strong>de</strong>s guérites<br />

SSociété<br />

Malgré une évolution <strong>de</strong> l'opinion,<br />

il existe encore trop <strong>de</strong> tolérance<br />

vis à vis <strong>de</strong>s violences domestiques<br />

aucun cas <strong>de</strong> ce genre n'a été porté <strong>de</strong>vant<br />

<strong>les</strong> tribunaux… sans doute parce que <strong>les</strong><br />

Roumains, eux-mêmes, s'ils sont nombreux<br />

à faire une entorse à la fidélité - ils<br />

occuperaient la <strong>de</strong>uxième place en<br />

Europe - ne savent pas qu'ils commettent<br />

une infraction. Heureusement peut-être,<br />

car si la loi était appliquée, il faudrait au<br />

moins tripler le nombre <strong>de</strong> places en prison.<br />

Toutefois la Roumanie rejoint <strong>les</strong><br />

Ion Iliescu a inauguré le premier kiosque<br />

<strong>de</strong> la capitale, installé Piata Victorieil<br />

sauvages. Ces kiosques, appelés "Acces Press", dotés <strong>de</strong> l'électricité,<br />

d'un système <strong>de</strong> ventilation et <strong>de</strong> chauffage, coûtent 5000 € (33 000 F)<br />

l'unité, sont loués pour six mois, dans un premier temps, et peuvent<br />

ensuite être vendus sous forme <strong>de</strong> franchise. Outre <strong>de</strong>s journaux, revues<br />

et livres, on y trouvera <strong>de</strong>s plans <strong>de</strong> la ville, <strong>de</strong>s cartes, <strong>de</strong>s cartes téléphoniques,<br />

<strong>de</strong>s timbres, <strong>de</strong>s tickets <strong>de</strong> bus et <strong>de</strong> métro.<br />

cher un travail, 28 % qu'il l'insulte, 24 % qu'il lui interdise<br />

d'avoir <strong>de</strong>s amis.<br />

Pour encore une large couche <strong>de</strong> la population, la vison<br />

traditionnelle du rôle <strong>de</strong> chacun <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux sexes a la vie dure,<br />

la femme étant supposée <strong>de</strong>voir être soumise et docile, n'ayant<br />

pas à avoir une vie sociale. 65 % <strong>de</strong>s personnes interrogées<br />

estiment que c'est à l'homme <strong>de</strong> ramener l'argent à la maison,<br />

45 % que c'est lui le chef <strong>de</strong> la famille, 58 % que c'est à la<br />

femme <strong>de</strong> s'occuper <strong>de</strong> la maison… et 21 % considèrent que la<br />

femme est la propriété <strong>de</strong> l'homme.<br />

Pour sensibiliser l'opinion, un spot publicitaire doit être<br />

diffusé prochainement à la télévision, dénonçant <strong>les</strong> violences<br />

domestiques et l'abandon familial. Il fera suite à une campagne<br />

menée par l'association "IDEE", d'avril 2003 à avril <strong>2004</strong>, sur<br />

le thème "Qu'est ce que tu as fait aujourd'hui pour ta famille<br />

?" et financée par <strong>de</strong>s fonds <strong>de</strong> l'UE.<br />

L'adultère est toujours puni <strong>de</strong> prison<br />

autres pays européens en ce qui concerne<br />

<strong>les</strong> clichés : <strong>les</strong> femmes adultères y sont<br />

toujours beaucoup plus mal jugées que<br />

<strong>les</strong> hommes.<br />

Interrogé sur la question, le porteparole<br />

<strong>de</strong> l'Eglise orthodoxe, Constantin<br />

Stoica, a indiqué que la prison n'était pas<br />

une solution appropriée pour lutter contre<br />

l'adultère, mais qu'il fallait chercher<br />

davantage à prévenir son apparition.<br />

Des Roumains bibliophi<strong>les</strong><br />

L'UNESCO a publié une étu<strong>de</strong> portant sur<br />

le nombre <strong>de</strong> livres proposés dans <strong>les</strong><br />

bibliothèques publiques dans l'ensemble<br />

<strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> la planète. La Roumanie s'en tire très<br />

bien avec 853 livres pour mille habitants, soit le<br />

double <strong>de</strong> la moyenne européenne qui est <strong>de</strong> 450. Il<br />

ne s'agit pas à vrai dire d'une performance surprenante,<br />

puisque ce phénomène est propre à tous <strong>les</strong> expays<br />

<strong>de</strong> l'Est, où lecture et achat <strong>de</strong> livres étaient<br />

encouragés par une politique <strong>de</strong> bas prix, d'accessibilité<br />

et <strong>de</strong> traduction <strong>de</strong>s grands auteurs étrangers.<br />

Ainsi, la moyenne <strong>de</strong>s pays candidats à l'UE est-elle<br />

<strong>de</strong> 843 pour mille habitants, l'Estonie caracolant en<br />

tête (1614), la Pologne fermant la marche (710).<br />

Dans <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l'Union Européenne, <strong>les</strong> écarts<br />

sont énormes, allant <strong>de</strong> seulement 145 livres en<br />

Espagne et 266 au Portugal à 1783 au Luxembourg,<br />

pays qui est suivi, loin <strong>de</strong>rrière, par le Danemark<br />

(860), la Belgique (486), la Gran<strong>de</strong>-Bretagne (467),<br />

l'Allemagne (416), la Finlan<strong>de</strong> (415), etc…<br />

22 25


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe SSociété<br />

26<br />

SUCEAVA<br />

BAIA<br />

MARE<br />

<br />

IASI<br />

ORADEA<br />

<br />

TARGU<br />

<br />

MURES<br />

P. NEAMT<br />

ARAD<br />

CLUJ <br />

<br />

BACAU<br />

<br />

<br />

DEVA<br />

SIGHISOARA<br />

<br />

<br />

<br />

TIMISOARA SIBIU<br />

BRASOV GALATI <br />

BRAILA <br />

<br />

PITESTI <br />

TULCEA<br />

CRAIOVA<br />

<br />

<br />

BUCAREST<br />

CONSTANTA<br />

<br />

La Roumanie<br />

compte 500 000<br />

femmes en plus<br />

que d'hommes<br />

Si l'on en croit <strong>les</strong> statistiques officiel<strong>les</strong>,<br />

la Roumanie compte 11 518<br />

620 femmes soit 500 000 <strong>de</strong> plus<br />

que <strong>les</strong> hommes, pour une population<br />

<strong>de</strong> 22,6 millions d'habitants.<br />

Les Roumaines se marient à 20-<br />

22 ans, soit cinq ans plus tôt que la<br />

moyenne européenne, <strong>les</strong> Suédoises<br />

étant <strong>les</strong> plus tardives à convoler<br />

(après 30 ans).<br />

Cette précocité se retrouve au<br />

niveau <strong>de</strong> la première naissance, à<br />

22 ans pour <strong>les</strong> Roumaines - avec<br />

un nombre assez élevé <strong>de</strong> mamans<br />

<strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 20 ans - toujours cinq<br />

ans avant la moyenne <strong>de</strong> l'UE, <strong>les</strong><br />

Autrichiennes et <strong>les</strong> Portugaises procréant<br />

dès l'âge <strong>de</strong> 24 ans, <strong>les</strong><br />

Anglaises attendant l'orée <strong>de</strong> la trentaine<br />

(29 ans).<br />

Les Roumaines<br />

achètent peu<br />

<strong>de</strong> collants<br />

Le prix trop élevé <strong>de</strong>s collants en<br />

Roumanie limite fortement la<br />

consommation <strong>de</strong>s Roumaines. Le<br />

pantalon a tendance à remplacer <strong>les</strong><br />

jupes. A la campagne, <strong>les</strong> femmes<br />

acquièrent une à <strong>de</strong>ux paires par an,<br />

utilisées seulement pour <strong>les</strong> jours <strong>de</strong><br />

fête et <strong>les</strong> mariages. En ville, la<br />

moyenne est un peu plus élevée :<br />

cinq à six paires par an. Les collants<br />

sont minutieusement entretenus et<br />

un simple coup <strong>de</strong> pinceau <strong>de</strong> vernis<br />

à ongle fait l'affaire pour empêcher<br />

une maille <strong>de</strong> filer.<br />

Vie quotidienne<br />

Plus <strong>de</strong> mille<br />

éco<strong>les</strong> <strong>de</strong> mannequins…<br />

record d'Europe !<br />

De tous <strong>les</strong> pays européens, la Roumanie est<br />

celui qui dispose - et <strong>de</strong> très loin - du plus<br />

grand nombre d'agences et d'éco<strong>les</strong> <strong>de</strong> mannequins.<br />

Leur nombre dépasse le millier alors qu'en France,<br />

Italie, Espagne, pays où se fait la mo<strong>de</strong>, il n'atteint pas la<br />

centaine, et que ce genre d'établissements est inconnu en<br />

Allemagne, Belgique ou Angleterre. Même si encore aucune<br />

roumaine n'a atteint la notoriété d'une Cindy Crawford,<br />

Naomi Campbell ou Claudia Schiffer, nombre d'entre el<strong>les</strong><br />

figurent dans <strong>les</strong> catalogues <strong>de</strong>s plus gran<strong>de</strong>s maisons <strong>de</strong><br />

mo<strong>de</strong> ou <strong>de</strong> luxe européennes.<br />

Ce phénomène a commencé dans <strong>les</strong> années 90, tout<br />

<strong>de</strong> suite après la "Révolution", quand <strong>les</strong> photographes occi<strong>de</strong>ntaux ont fait découvrir<br />

la beauté <strong>de</strong>s femmes roumaines et aussi leur diversité, allant <strong>de</strong> la douceur romantique<br />

aux traits expressifs, mettant en évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s corps superbes. Il n'a pas été alors<br />

difficile <strong>de</strong> faire rêver <strong>de</strong>s dizaines <strong>de</strong> milliers <strong>de</strong> jeunes fil<strong>les</strong> en leur faisant miroiter<br />

que, pour une somme <strong>de</strong> 100 à 150 dollars, el<strong>les</strong> pouvaient <strong>de</strong>venir <strong>de</strong>s top mo<strong>de</strong>ls et<br />

accé<strong>de</strong>r à <strong>de</strong>s univers mythiques.<br />

Malheureusement, la réalité est bien différente et si <strong>les</strong> professionnels se montrent<br />

très discrets sur le sujet, il ne fait pas <strong>de</strong> doute que ces éco<strong>les</strong> sont souvent <strong>de</strong>s officines<br />

servant d'antichambre à la prostitution et <strong>de</strong> couverture à <strong>de</strong>s proxénètes.<br />

La Roumanie, aussi, se distingue en Europe par l'importance du trafic <strong>de</strong> "carne<br />

vie" ("vian<strong>de</strong> vivante") qui s'y déroule et passe également par certaines agences matrimonia<strong>les</strong><br />

complices.<br />

Payer l'addition avec sa carte bancaire<br />

est romantique et impressionne sa conquête<br />

Visa International a fait effectuer<br />

un sondage dans <strong>de</strong>s<br />

magasins <strong>de</strong> Bucarest auprès<br />

<strong>de</strong> 200 jeunes <strong>de</strong> 18 à 30 ans, à la veille<br />

<strong>de</strong> la Saint-Valentin. Il en ressort que<br />

payer avec sa carte bancaire, ce qui est<br />

encore une nouveauté en Roumanie,<br />

impressionne très favorablement le partenaire,<br />

surtout au début d'une relation.<br />

Environ soixante dix pour cent <strong>de</strong>s jeunes<br />

gens interrogés ont déclaré que régler<br />

l'addition à la fin d'un repas en tête à tête,<br />

en faisant signe au serveur et en lui<br />

remettant discrètement sa carte, sans<br />

avoir à extraire laborieusement une liasse<br />

<strong>de</strong> billets du fin fond <strong>de</strong> ses poches, était<br />

considéré à la fois comme un geste<br />

romantique et <strong>de</strong> classe, très apprécié par<br />

sa conquête, surtout lors d'une première<br />

rencontre.<br />

La carte présente aussi d'autres avantages,<br />

pervers. Les garçons estiment<br />

qu'elle peut <strong>les</strong> sortir d'une situation<br />

embarrassante s'ils n'ont pas trop <strong>de</strong> liqui<strong>de</strong><br />

pour payer la note, évitant que ce ne<br />

soit à leur invitée <strong>de</strong> le faire. De même se<br />

laissent-ils un peu plus aller quand ils<br />

passent la comman<strong>de</strong>, lésinant moins sur<br />

le prix <strong>de</strong>s plats et bouteil<strong>les</strong> choisis.<br />

Elle a aussi un côté magique : 53 %<br />

<strong>de</strong>s personnes interrogées ont déclaré que<br />

le plus grand geste <strong>de</strong> confiance et<br />

d'amour qu'ils ressentent est lorsque leur<br />

partenaire leur remet la clé <strong>de</strong> son studio<br />

et 41 % quand il leur confie et sa carte et<br />

son co<strong>de</strong> secret.<br />

Mais payer avec sa carte est un geste<br />

encore plus impressionnant quand il est<br />

effectué, à l'inverse, par la jeune femme :<br />

la moitié <strong>de</strong>s garçons avouent <strong>les</strong> regar<strong>de</strong>r<br />

avec respect, 24 % même <strong>les</strong> admirant<br />

et 22 % se déclarant intimidés, ce qui<br />

leur coupent <strong>les</strong> moyens. Donc,<br />

Mesdames, si vous voulez vous débarrassez<br />

d'un importun, une seule solution :<br />

payez l'addition !


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

Santé<br />

De nombreux Roumains vont à l'hôpital à reculons.<br />

Ils savent que non seulement <strong>les</strong> conditions d'hébergement<br />

sont souvent déplorab<strong>les</strong>, qu'on n'y<br />

mange parfois pas à sa faim et qu'on n'y reçoit pas <strong>les</strong> médicaments<br />

nécessaires, mais aussi, que si l'on n'a pas d'argent, on<br />

n'a guère <strong>de</strong> chance d'être soigné correctement et bien traité<br />

par le personnel. Certes celui-ci est très mal payé, tout comme<br />

<strong>les</strong> mé<strong>de</strong>cins dont <strong>les</strong> salaires <strong>de</strong> début <strong>de</strong> carrière sont inférieurs<br />

au salaire national moyen net (120 €, 790 F), se situant<br />

davantage vers 85 € (560 F).<br />

Déjà peu considérés sous le communisme, où ils gagnaient<br />

moins que <strong>de</strong> nombreux ouvriers, beaucoup - sinon tous - ont<br />

pris le pli <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r un pourboire pour compléter leurs<br />

revenus. Certains chirurgiens, en violation du serment<br />

d'Hippocrate, refusent ainsi d'opérer. On comprend alors que<br />

<strong>de</strong> nombreux jeunes praticiens cherchent à s'établir à l'étranger<br />

où ils pourront pratiquer leur métier dans <strong>de</strong>s conditions correctes<br />

et honnêtement.<br />

Sur <strong>de</strong>s témoignages directs, "Les Nouvel<strong>les</strong> <strong>de</strong><br />

Roumanie" ont déjà révélé plusieurs cas <strong>de</strong> refus <strong>de</strong> soins: un<br />

septuagénaire <strong>de</strong> Pitesti, nécessitant une opération du cœur<br />

urgente mais, ne disposant pas <strong>de</strong>s 1000 € exigés, a préféré<br />

rentrer chez lui, se rassurant en se disant que c'était la volonté<br />

<strong>de</strong> Dieu ; une fillette <strong>de</strong> Timisoara d'un<br />

milieu très pauvre, atteinte d'un grave<br />

œdème au cerveau à la suite d'une<br />

chute, morte faute d'une intervention<br />

rapi<strong>de</strong>, car le chirurgien attendait<br />

d'avoir reçu son enveloppe.<br />

Les exemp<strong>les</strong> abon<strong>de</strong>nt. Cette<br />

situation est cauchemar<strong>de</strong>sque, inadmissible<br />

et pourtant <strong>les</strong> Roumains,<br />

faute d'alternative, l'admettent bien<br />

qu'en étant profondément révoltés dans<br />

leur for intérieur. "Les Nouvel<strong>les</strong>" ont<br />

choisi <strong>de</strong> ne pas taire ce problème gravissime<br />

et apportent le témoignage <strong>de</strong><br />

plusieurs d'entre-eux… malheureuse<br />

chronique <strong>de</strong> pratiques ordinaires à<br />

l'hôpital.<br />

Souffrir si on ne peut pas "graisser la patte"<br />

Iosif, 38 ans, hospitalisé et dans l'attente d'une opération:<br />

Mon voisin <strong>de</strong> chambre, environ 70 ans, avait d'atroces douleurs<br />

d'estomac. Personne ne s'en occupait. Je suis allé voir<br />

l'infirmière pour lui réclamer un calmant.<br />

-”Pourquoi ?" m-a-t-elle <strong>de</strong>mandé, "vous n'avez pas encore<br />

été opéré".<br />

-"Ce n'est pas pour moi, mais pour mon voisin qui souffre<br />

énormément".<br />

SSociété<br />

Refus d'opérer tant qu'on a pas reçu une enveloppe,<br />

<strong>de</strong> donner <strong>de</strong>s calmants, faute <strong>de</strong> pourboire, <strong>de</strong> soigner <strong>les</strong> vieux<br />

La malheureuse chronique<br />

<strong>de</strong> pratiques ordinaires à l'hôpital<br />

- "Ah lui? Il n'en a pas besoin et d'ailleurs je n'en ai pas".<br />

Et Iosif <strong>de</strong> confier : "Malheureusement c'était un retraité;<br />

il n'avait pas d'argent et ne pouvait pas lui "graisser la patte".<br />

Le pourboire ou la vie<br />

Mé<strong>de</strong>cins mal payés, patients mal soignés,<br />

relations équivoques basées sur le pourboire<br />

et <strong>les</strong> <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> table: la santé souffre beaucoup.<br />

Alexandru, 47 ans, opéré à la suite <strong>de</strong> troub<strong>les</strong> vasculaires:<br />

“J'avais <strong>de</strong>s hémorragies continuel<strong>les</strong> ; je me sentais très<br />

faible, avec <strong>de</strong>s vertiges fréquents. Mon taux d'hémoglobine<br />

était inférieur <strong>de</strong> moitié à la normale, ce qui peut être fatal. Au<br />

cours <strong>de</strong> sa visite du soir, le mé<strong>de</strong>cin a <strong>de</strong>mandé à l'infirmière<br />

<strong>de</strong> me faire immédiatement une transfusion. Elle a répondu<br />

"oui, oui", mais quand il a été parti, elle est revenue pour me<br />

dire que ce n'était pas possible le soir même, car le réfrigérateur<br />

où étaient conservées <strong>les</strong> poches <strong>de</strong> sang était fermé, la<br />

responsable ayant emmené la clé. Elle a ajouté "il vous faut<br />

attendre <strong>de</strong>main".<br />

J'ai compris que je ne tiendrais pas la nuit et que j'allais y<br />

passer. Dans un réflexe <strong>de</strong> survie, j'ai réussi à me lever et à me<br />

diriger en titubant vers ma veste, manquant <strong>de</strong> tomber à<br />

chaque pas. J'y ai heureusement trouvé un billet <strong>de</strong> 100 000 lei<br />

(2,5 €, 17 F) que j'ai mis dans sa poche.<br />

Miraculeusement, <strong>de</strong>ux-trois minutes après, la clé du frigo<br />

avait été retrouvée et l'infirmière m'installait<br />

la transfusion. Si ma femme<br />

n'avait pas eu la bonne idée <strong>de</strong> glisser<br />

ce billet dans mon portefeuille, je crois<br />

que je ne serais plus <strong>de</strong> ce mon<strong>de</strong>.<br />

Une foi intéressée<br />

Mircea, 53 ans: “Je <strong>de</strong>vais me<br />

faire opérer et on m'avait recommandé<br />

un bon chirurgien dans une clinique<br />

privée. Lors <strong>de</strong> la première consultation,<br />

dans la salle d'attente, je remarquais<br />

partout <strong>de</strong>s brochures, <strong>de</strong>s tracts,<br />

<strong>de</strong>s tableaux, <strong>de</strong>s panneaux présentant<br />

la religion baptiste et invitant à s'y<br />

convertir. Le prosélytisme était évi<strong>de</strong>nt, mais on m'avait prévenu.<br />

Au moment <strong>de</strong> payer l'intervention, j'avais rajouter 500 €<br />

que j'avais mis bien en évi<strong>de</strong>nce dans une enveloppe, me<br />

disant que, puisque ce mé<strong>de</strong>cin était un homme <strong>de</strong> foi, en<br />

voyant bien qu'il s'agissait d'un pourboire, peut-être le refuserait-il.<br />

J'étais naïf car, en <strong>les</strong> empochant, il m'a simplement dit<br />

: "Merci, il ne fallait pas".<br />

Je dois dire que j'ai été bien soigné dans cette clinique. Les<br />

médicaments étaient gratuits. Ils avaient été envoyés par <strong>de</strong>s<br />

baptistes américains. Je me <strong>de</strong>man<strong>de</strong> toujours si le but final<br />

était <strong>de</strong> soigner <strong>les</strong> mala<strong>de</strong>s ou d'attirer <strong>de</strong>s a<strong>de</strong>ptes”.<br />

27


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

28<br />

BAIA<br />

MARE<br />

SUCEAVA<br />

<br />

ORADEA<br />

<br />

TARGU<br />

<br />

IASI<br />

ARAD<br />

MURES<br />

CLUJ BACAU <br />

<br />

DEVA<br />

<br />

<br />

TIMISOARA<br />

<br />

SIBIU<br />

BRASOV<br />

<br />

GALATI <br />

SINAIA<br />

CHIAJNA<br />

CERNICA<br />

<br />

TULCEA<br />

CRAIOVA<br />

<br />

<br />

BUCAREST<br />

CONSTANTA<br />

<br />

"Travail patriotique"<br />

pour <strong>les</strong> élèves<br />

<strong>de</strong> Chiajna<br />

Le maire <strong>de</strong> la commune <strong>de</strong><br />

Chiajna a réquisitionné <strong>les</strong> élèves <strong>de</strong><br />

14-15 ans <strong>de</strong> sa commune pour aller<br />

ramasser <strong>les</strong> ordures et <strong>les</strong> détritus<br />

qui traînaient dans <strong>les</strong> rues, sous la<br />

conduite <strong>de</strong> leurs professeurs, reprenant<br />

ainsi une habitu<strong>de</strong> bien ancrée<br />

sous le communisme, appelée le<br />

"travail patriotique". Enseignants et<br />

enfants étaient obligés <strong>de</strong> travailler -<br />

vendanger <strong>les</strong> vignes, élever <strong>les</strong> vers<br />

à soie, ramasser <strong>les</strong> pommes <strong>de</strong><br />

terre, cueillir<br />

<strong>les</strong> plantes<br />

médicina<strong>les</strong>,<br />

le maïs, nettoyer<br />

<strong>les</strong><br />

champs <strong>de</strong><br />

leurs mauvaises<br />

herbes…- parfois<br />

même le<br />

dimanche.<br />

En plein hiver, mal équipés, sans<br />

gants - <strong>les</strong> gants en plastique fournis<br />

par la mairie ont vite été percés - <strong>les</strong><br />

enfants ont dû accomplir leur tâche<br />

<strong>de</strong> 8 heures à 14 heures, dans le<br />

froid, avant <strong>de</strong> retourner à l'école<br />

pour y rattraper le temps perdu.<br />

"Cela me paraît une bonne chose" a<br />

indiqué la directrice <strong>de</strong> leur collège,<br />

continuant "c'est comme çà, par le<br />

travail, qu'on forme <strong>les</strong> hommes <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>main", ajoutant qu'elle était prête à<br />

recommencer… avant <strong>de</strong> se faire<br />

taper sur <strong>les</strong> doigts par son inspecteur<br />

qui a annoncé <strong>de</strong>s sanctions,<br />

rappelant qu'on était en <strong>2004</strong> et non<br />

en 1989. Quand aux enfants, ils ont<br />

reçu chacun un jus <strong>de</strong> fruit et une<br />

brioche, offerts par la mairie.<br />

Enseignement<br />

SSociété<br />

Apprentissage du français:<br />

<strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s à dépoussiérer<br />

Bon nombre <strong>de</strong> professeurs <strong>de</strong> français aimeraient que l'apprentissage <strong>de</strong> la<br />

langue qu'ils enseignent soit dépoussiéré, trouvant <strong>les</strong> métho<strong>de</strong>s qui sont<br />

proposées par le ministère à la fois trop théoriques et trop populaires.<br />

L'enseignement commence en 3ème, à l'âge <strong>de</strong> 9 ans. L'apprentissage <strong>de</strong> la lecture<br />

et <strong>de</strong> l'écriture est précédé <strong>de</strong> trois mois d'initiation orale, <strong>les</strong> enfant <strong>de</strong>vant comprendre<br />

un minimum <strong>de</strong> messages ("Debout", "Assis", "Répétez"). Les manuels comportent<br />

huit chapitres. Dans le premier, on apprend à présenter sa famille, son pays,<br />

son occupation. Le second est consacré à la vie scolaire, <strong>les</strong> objets que l'élève emploie<br />

(stylo, gomme, trousse), accompagné d'exercices <strong>de</strong> style que bien <strong>de</strong>s profs jugent<br />

"abracadabrantesques"… du genre, un chien renverse l'enfant qui revient <strong>de</strong> l'école et<br />

celui-ci doit remettre dans son cartable tous ses objets éparpillés par terre. A la fin <strong>de</strong><br />

cette première année, <strong>les</strong> enfants doivent connaître 200 mots élémentaires.<br />

A partir <strong>de</strong> l'année suivante, <strong>les</strong> thèmes <strong>de</strong>viennent <strong>de</strong> plus en plus décalés. On y<br />

évoque <strong>les</strong> noces d'or <strong>de</strong>s grands parents, ou <strong>les</strong> messages sont plutôt négatifs, sous<br />

couvert d'être "branchés" : "Lève-toi paresseux, tu vas être en retard à l'école et ton<br />

frère a déjà piqué la confiture". Puis, ils <strong>de</strong>viennent <strong>de</strong> plus en plus théoriques et utilisent<br />

<strong>de</strong>s mots inusités, du genre "Passe-moi la serpette" que <strong>les</strong> professeurs ne<br />

connaissent même pas.<br />

En huitième, à 14 ans, <strong>les</strong> textes sont parfois totalement inadaptés. Les élèves doivent<br />

étudier <strong>de</strong>s passages <strong>de</strong> "Zazie dans le métro", au franc-parler difficilement compréhensible,<br />

élément auquel il faut ajouter qu'en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> Bucarest, où peu d'enfants<br />

se sont déplacés, personne ne sait exactement ce qu'est le métro.<br />

Les leçons sont par ailleurs exigeantes. Après chaque cours, <strong>les</strong> élèves sont censés<br />

apprendre jusqu'à 40-50 mots et ont 48 heures pour <strong>les</strong> ingurgiter. Les professeurs,<br />

dans leur gran<strong>de</strong> majorité, sont <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs d'autres métho<strong>de</strong>s et apprécient particulièrement<br />

<strong>les</strong> outils pédagogiques (livres, CD-rom, etc…) que leurs amis français leur<br />

font passer.<br />

Trois cyc<strong>les</strong> pour <strong>les</strong> étu<strong>de</strong>s supérieures<br />

et huit ans pour décrocher son doctorat<br />

Apartir <strong>de</strong> la rentrée 1985, <strong>les</strong><br />

étu<strong>de</strong>s universitaires roumaines<br />

vont être organisées<br />

sur le modèle européen et divisées en<br />

trois cyc<strong>les</strong>. Le premier, la licence sera<br />

réparti sur 3 ou 4 ans, suivant le domaine<br />

d'étu<strong>de</strong>s, et comptabilisée entre 180 et<br />

240 ECTS (European Credits Transfer<br />

System, système d'équivalences au<br />

niveau européen). Les titulaires <strong>de</strong> licence<br />

pourront s'inscrire en second cycle, le<br />

masterat, d'une durée <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ans, doté<br />

entre 120 et 260 ECTS. Pour être<br />

diplômés du masterat, <strong>les</strong> étudiants<br />

<strong>de</strong>vront disposer d'au moins 300 ECTS<br />

entre le premier et le second cycle. Ils<br />

pourront alors postuler au doctorat au<br />

cours du 3ème cycle, lequel se déroulera<br />

sur une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> trois à cinq ans, avec<br />

cours, stages <strong>de</strong> recherche et examens.<br />

Au minimum, un "doctorand" <strong>de</strong>vra donc<br />

avoir accompli huit années d'étu<strong>de</strong>s supérieures<br />

pour obtenir son titre, durée qui<br />

pourra s'allonger jusqu'à onze ans.<br />

Primes pour <strong>les</strong> étudiants pauvres<br />

afin <strong>de</strong> s'acheter un ordinateur<br />

Le gouvernement a décidé <strong>de</strong> consacrer 5 M€ (33 MF) afin d'ai<strong>de</strong>r au financement<br />

<strong>de</strong> l'achat d'ordinateurs <strong>les</strong> élèves ou étudiants <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 26 ans,<br />

issus <strong>de</strong> famil<strong>les</strong> très pauvres ayant un revenu mensuel <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 1,5<br />

millions <strong>de</strong> lei brut (260 F) par membre, ce critère pouvant être revu à la hausse.<br />

L'ai<strong>de</strong>, accordée à partir du 1er septembre, sera d'un montant <strong>de</strong> 200 €, l'achat <strong>de</strong>vant<br />

être effectué dans le mois suivant. Les dossiers <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> sont à déposer à l'établissement<br />

où <strong>les</strong> étudiants sont inscrits avant le 2 septembre prochain.


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

Religion<br />

Disparu en 1999, à l'âge <strong>de</strong> 86 ans, le<br />

Père Ilarion Argatu, moine du<br />

monastère <strong>de</strong> Cernica, avait été le<br />

seul parmi <strong>les</strong> 175 prêtres orthodoxes <strong>de</strong> sa région<br />

à refuser, avec dignité et constance, d'entrer au<br />

Parti communiste, lors du patriarcat <strong>de</strong> Justinien<br />

Marina, malgré <strong>les</strong> pressions <strong>de</strong> sa hiérarchie et<br />

<strong>les</strong> persécutions politiques. A cette époque, la<br />

Patriarchie <strong>de</strong> Bucarest était connue pour animer<br />

une organisation communiste <strong>de</strong> type stalinien.<br />

Dès l'installation <strong>de</strong> Justinien Marina dans<br />

ses fonctions (1948-1977), qui n'eut <strong>de</strong> cesse <strong>de</strong><br />

forcer à la conversion <strong>les</strong> Gréco-catholiques, le<br />

Père Ilarion Argatu était arrêté par la Securitate pour "atteinte<br />

à l'ordre public", pendant un office qu'il célébrait... mais il<br />

réussissait à fausser compagnie à son escorte <strong>de</strong> policiers. Sa<br />

tête était mise à prix 300 000 lei, une fortune à l'époque.<br />

Le prêtre se cachait dans un magasin <strong>de</strong> Valea Glodului,<br />

possédant un double mur. Après cinq ans <strong>de</strong> recherche, la<br />

Securitate lançait à son encontre un nouveau mandat d'arrêt<br />

Six prêtres du ju<strong>de</strong>t <strong>de</strong> Iasi se<br />

sont inscrits aux chômage,<br />

n'ayant pas <strong>de</strong> paroisse en<br />

charge. Quatre ne sont pas mariés, ce qui<br />

leur interdit implicitement d'exercer, la<br />

SSociété<br />

La vie <strong>de</strong> souffrance et <strong>de</strong> sacrifice<br />

du Père Ilarion Argatu en a fait un saint aux yeux <strong>de</strong>s fidè<strong>les</strong><br />

Dire non au communisme pour rester fidèle à Dieu<br />

Selon le ministère <strong>de</strong> l'environnement, la Roumanie<br />

aura besoin <strong>de</strong> 30 milliards d'euros et plus <strong>de</strong> 10 ans<br />

<strong>de</strong> transition pour aligner sa gestion <strong>de</strong>s déchets sur<br />

<strong>les</strong> normes européennes. Trois sortes <strong>de</strong> déchets sont<br />

concernés par cette mise aux normes : <strong>les</strong> déchets industriels,<br />

ceux <strong>de</strong>s ménages ainsi que <strong>les</strong> déchets résultant <strong>de</strong> l'activité<br />

médicale. Pour gérer au mieux <strong>les</strong> premiers, il va falloir fermer<br />

tous <strong>les</strong> dépôts ne respectant pas la législation européenne.<br />

Pour l'instant, <strong>les</strong> déchets industriels sont déposés sur <strong>de</strong>s<br />

plates formes ou dans <strong>de</strong>s bassins. Le même sort attend <strong>les</strong><br />

Intrigués par <strong>les</strong> aller et venues <strong>de</strong><br />

plusieurs camions français dont<br />

le chargement était censé être du<br />

polychlorure <strong>de</strong> vinyle, <strong>les</strong> douaniers roumains<br />

ont alerté leurs collègues <strong>de</strong> la protection<br />

<strong>de</strong> l'environnement, <strong>les</strong>quels ont<br />

effectué une visite dans <strong>les</strong> dépôts d'une<br />

"à vie", pour "organisation <strong>de</strong> complot contre<br />

l'Etat". Pendant <strong>les</strong> quatre années suivantes, il<br />

errera <strong>de</strong> grange en grange, s'abritant dans <strong>de</strong>s<br />

meu<strong>les</strong> <strong>de</strong> foin, se nourrissant <strong>de</strong> maïs cueilli<br />

dans <strong>les</strong> champs et se désaltérant avec l'eau<br />

tombée du ciel. Après encore huit années <strong>de</strong><br />

chasse à l'homme, Ilarion Argatu sera amnistié en<br />

1965, en même temps que <strong>les</strong> <strong>de</strong>rniers prisonniers<br />

politiques sortaient <strong>de</strong> prison.<br />

Entre temps, il était <strong>de</strong>venu veuf, ses biens<br />

avaient été confisqués. Le prêtre, qui avait eu<br />

cinq enfants - trois fils <strong>de</strong>venus également<br />

prêtres, <strong>de</strong>ux fil<strong>les</strong>, femmes <strong>de</strong> prêtres - choisira<br />

alors <strong>de</strong> se faire moine, se retirant successivement dans plusieurs<br />

monastères pour méditer sur sa vie <strong>de</strong> souffrance, <strong>de</strong><br />

sacrifice et <strong>de</strong> renaissance. Des pèlerins viendront <strong>de</strong> tout le<br />

pays, faisant la queue par centaines, <strong>de</strong>s jours entiers pour pouvoir<br />

se recueillir et prier <strong>de</strong>vant la mo<strong>de</strong>ste chambre <strong>de</strong> celui<br />

qu'ils considéraient comme un saint, mais aussi pour le consulter<br />

tant ses dons pour exorciser étaient célèbres.<br />

Des prêtres sans paroisse s’inscrivent au chômage<br />

métropolie <strong>de</strong> Moldavie et Bucovine ne<br />

<strong>les</strong> ayant pas consacrés. Pour l'instant,<br />

tous touchent <strong>de</strong>s in<strong>de</strong>mnités <strong>de</strong> chômage<br />

se situant entre 1,2 et 2 millions <strong>de</strong> lei<br />

(30 €, 200 F) et 52 € (340 F).<br />

société, française également, à Felnac<br />

(Arad). Il s'est avéré que la centaine <strong>de</strong><br />

tonnes <strong>de</strong> produits stockés étaient <strong>de</strong>s<br />

déchets toxiques, venus <strong>de</strong> France, l'entreprise<br />

dont ils provenaient ayant trouvé<br />

ce moyen économique <strong>de</strong> s'en débarrasser<br />

sans avoir à se doter <strong>de</strong> moyens tech-<br />

Quand leurs droits seront épuisés,<br />

l'Agence pour l’emploi <strong>de</strong> Iasi, se propose<br />

<strong>de</strong> leur trouver un travail dans le cadre<br />

du service social <strong>de</strong>s églises ou comme<br />

professeur suppléant.<br />

Dix ans <strong>de</strong> transition pour la gestion <strong>de</strong>s déchets<br />

déchets domestiques : fermeture <strong>de</strong>s déchetteries non écologiques<br />

- c'est-à-dire ces décharges en plein air dans <strong>les</strong>quel<strong>les</strong><br />

sont jetées toutes sortes <strong>de</strong> déchets - et ouverture <strong>de</strong> 50 dépôts<br />

écologiques <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> capacité.<br />

Enfin, reste la question <strong>de</strong>s déchets générés par l'activité<br />

médicale : sur <strong>les</strong> 333 crématoriums existant dans <strong>les</strong> unités<br />

médica<strong>les</strong>, aucun d'entre eux n'est conforme aux <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s<br />

communautaires. Pour mener à bien cette opération, la<br />

Roumanie a donc <strong>de</strong>mandé à l'UE une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> transition <strong>de</strong><br />

plus <strong>de</strong> 10 ans.<br />

Une entreprise française se sert<br />

<strong>de</strong> la Roumanie comme d’une poubelle à bon compte<br />

nologiques onéreux.<br />

Il lui en aurait coûté 1 M€ pour <strong>les</strong><br />

traiter, en France. Une centrale thermique<br />

jusqu'alors désaffectée <strong>de</strong>vait servir à <strong>les</strong><br />

brûler, ce qui aurait pu avoir <strong>de</strong>s répercussions<br />

désastreuses pour l'environnement.<br />

29


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

30<br />

BAIA<br />

<br />

MARE<br />

ORADEA<br />

<br />

SUCEAVA<br />

<br />

<br />

BISTRITA<br />

IASI<br />

<br />

TARGU<br />

ARAD<br />

MURES<br />

CLUJ BACAU <br />

<br />

VASLUI<br />

<br />

DEVA<br />

<br />

<br />

TIMISOARA<br />

<br />

SIBIU<br />

BRASOV<br />

<br />

GALATI <br />

BRAILA <br />

<br />

PITESTI <br />

TULCEA<br />

CRAIOVA<br />

<br />

<br />

BUCAREST<br />

CONSTANTA<br />

<br />

Rugby :<br />

<strong>les</strong> joueurs roumains<br />

drogués<br />

par <strong>les</strong> Russes ?<br />

Vent <strong>de</strong> scandale sur Krasnodar<br />

(Fédération <strong>de</strong> Russie) : l'équipe roumaine<br />

<strong>de</strong> rugby entraînée par le<br />

Français Philippe Sauton, soupçonne<br />

<strong>les</strong> représentants <strong>de</strong> la Fédération<br />

russe d'avoir introduit <strong>de</strong>s substances<br />

aux effets soporifiques dans la nourriture<br />

ou <strong>les</strong> boissons <strong>de</strong>s joueurs roumains,<br />

quelque temps avant le match<br />

qui s'est clos par une victoire russe<br />

(33-24). En effet, au cours <strong>de</strong> cette<br />

rencontre comptant pour la championnat<br />

d'Europe <strong>de</strong>s nations, <strong>de</strong> nombreux<br />

joueurs ont commencé à se<br />

sentir mal et à accuser <strong>de</strong>s signes <strong>de</strong><br />

fatigue.<br />

Les analyses médica<strong>les</strong> faites le<br />

len<strong>de</strong>main du match ont alors révélé<br />

<strong>de</strong>s traces <strong>de</strong> produits hallucinogènes<br />

dans l'organisme <strong>de</strong>s joueurs<br />

contrôlés. Selon <strong>les</strong> mé<strong>de</strong>cins, ces<br />

substances sont arrivées dans l'organisme<br />

<strong>de</strong>s rugbymen par l'intermédiaire<br />

d'aliments ou <strong>de</strong> boissons.<br />

Tout a été fait pour<br />

déstabiliser l’équipe<br />

Cet "inci<strong>de</strong>nt" n'est d'ailleurs pas le<br />

seul à avoir émaillé le séjour <strong>de</strong>s<br />

joueurs roumains en Russie : long<br />

temps d'attente à la douane, refus <strong>de</strong><br />

servir <strong>les</strong> repas au restaurant réservé,<br />

séance d'entraînement interrompue,<br />

allés et venues <strong>de</strong> prostituées dans<br />

<strong>les</strong> couloirs <strong>de</strong> l'hôtel hébergeant <strong>les</strong><br />

joueurs. L'équipe roumaine n'exclut<br />

pas la possibilité <strong>de</strong> saisir <strong>les</strong> instances<br />

sportives internationa<strong>les</strong>.<br />

Sports<br />

SSociété<br />

Une centaine d'athlètes<br />

roumains aux J.O. <strong>2004</strong><br />

La délégation roumaine aux J.O. d'Athènes <strong>de</strong>vrait comprendre environ cent<br />

athlètes, soit beaucoup moins que lors <strong>de</strong>s éditions précé<strong>de</strong>ntes. Pour l'instant<br />

85 sont déjà qualifiés, ayant réussi <strong>les</strong> minima imposés, 38 garçons et<br />

47 fil<strong>les</strong>, mais <strong>de</strong>s places restaient disponib<strong>les</strong> dans plusieurs disciplines : boxe, athlétisme,<br />

canoë-kayak, aviron, natation, escrime,<br />

judo et équitation.<br />

Cette limitation du nombre <strong>de</strong> participants<br />

entraîne aussi celle <strong>de</strong>s accompagnateurs et<br />

entraîneurs, mais le Comité Olympique<br />

Roumain fait remarquer qu'elle n'obère pas <strong>les</strong><br />

résultats à venir. En 1988, à Séoul, en pleine<br />

pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> restrictions ceausescistes, la délégation<br />

roumaine ne comptait que 63 sportifs…<br />

qui avaient ramené 49 médail<strong>les</strong>. C'est un peu<br />

le même principe qui a été arrêté pour l'édition<br />

<strong>2004</strong> : seuls <strong>les</strong> athlètes ayant une chance <strong>de</strong><br />

La sabreuse Dorina Mihai, championne<br />

du mon<strong>de</strong>, voudra ramener l’or.<br />

décrocher une médaille ou <strong>de</strong> terminer dans <strong>les</strong><br />

six premiers sont retenus.<br />

La Roumanie espère obtenir <strong>de</strong> 4 à 6 médail<strong>les</strong> d'or pour un total <strong>de</strong> 20-22<br />

médail<strong>les</strong> et continuer à se classer dans <strong>les</strong> 15 meilleures nations sportives du mon<strong>de</strong>.<br />

A Sydney, elle avait terminé 11ème et première <strong>de</strong>s ex-pays <strong>de</strong> l'Est, hormis la Russie,<br />

avec un total <strong>de</strong> 26 médail<strong>les</strong> (11 d'or, 6 d'argent, 9 <strong>de</strong> bronze).<br />

Gaby Szabo ne défendra pas son titre à Athènes<br />

Ch ampionne<br />

olympique du<br />

5000 mètres à<br />

Sydney, en 2000, et médaille<br />

<strong>de</strong> bronze du 1500 mètres,<br />

Gabriela Szabo ne défendra<br />

pas son titre cet été, lors <strong>de</strong>s<br />

J.O. d'Athènes. Le mé<strong>de</strong>cin<br />

lui a recommandé <strong>de</strong> prendre<br />

six mois <strong>de</strong> repos total avant<br />

<strong>de</strong> reprendre l'entraînement.<br />

Lors <strong>de</strong>s championnats<br />

du mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'an <strong>de</strong>rnier à<br />

Paris, la championne, grandissime favorite<br />

du 5000 mètres, en méforme totale,<br />

avait pris la 11ème place. Après cette<br />

contre-performance, se sentant extrêmement<br />

fatiguée, elle s'était octroyée près <strong>de</strong><br />

trois mois <strong>de</strong> repos, mais le début <strong>de</strong> la<br />

saison d'athlétisme d'hiver a montré qu'elle<br />

n'avait pas récupéré. La Championne a<br />

été obligé <strong>de</strong> renoncer aux championnats<br />

du mon<strong>de</strong> en salle <strong>de</strong> Budapest, début<br />

mars. Des examens médicaux plus<br />

poussés ont montré qu'elle souffrait du<br />

"syndrome <strong>de</strong> supra-sollicitation", rencontré<br />

assez souvent chez <strong>les</strong> sportifs <strong>de</strong><br />

haut niveau, qui se traduisait au niveau<br />

cardio-vasculaire, neuromusculaire et<br />

neuropsychique. Une pause<br />

dau moins six mois lui a été<br />

conseillée, ce qui entraîne<br />

<strong>de</strong> fait son forfait pour<br />

Athènes. L'athlète n'aura pas<br />

besoin <strong>de</strong> suivre un traitement<br />

médical spécifique.<br />

La Roumaine <strong>de</strong> 28 ans,<br />

originaire <strong>de</strong> Bistrita, paie là<br />

<strong>les</strong> efforts d'une carrière très<br />

longue, commencée à l'âge<br />

<strong>de</strong> 18 ans et qui l'a vue accumuler<br />

performances et titres<br />

mondiaux pendant une décennie, l'apogée<br />

se situant en 1999-2000, avec ses<br />

médail<strong>les</strong> olympiques et trois titres <strong>de</strong><br />

championne du mon<strong>de</strong>, sur 1500, 3000 et<br />

5000 m. L'athlète, médaillée d'argent aux<br />

J.O. d'Atlanta (1996), alors qu'elle n'avait<br />

que 20 ans, avait également remporté le<br />

prix <strong>de</strong> 500 000 dollars <strong>de</strong> la Gol<strong>de</strong>n<br />

League, en 2002.<br />

Son mari et entraîneur, Zsolt<br />

Gyongyossy, d'origine magyare comme<br />

elle, a toutefois laissé entendre que sa<br />

femme pourrait arrêter définitivement la<br />

compétition, même si cela lui est dur à<br />

admettre pour l'instant, afin que le public<br />

gar<strong>de</strong> l'image <strong>de</strong> "la gran<strong>de</strong> Gaby".


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

Sports<br />

Après avoir fait <strong>les</strong> beaux jours du club stambouliote<br />

<strong>de</strong> Galatasaray comme joueur, <strong>de</strong> 1996 à 20<strong>01</strong>,<br />

contribuant à lui faire remporter la première coupe<br />

d'Europe gagnée par une équipe turque, Gica Hagi l'a rejoint,<br />

fin mars, pour <strong>de</strong>venir son nouvel entraîneur. Il a signé un<br />

contrat <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ans et <strong>de</strong>mi, qui ne lui fixe aucun objectif pour<br />

la fin <strong>de</strong> cette saison. La venue <strong>de</strong> Hagi s'est effectuée dans <strong>de</strong>s<br />

conditions rocambo<strong>les</strong>ques, lors <strong>de</strong> l'élection du nouveau prési<strong>de</strong>nt<br />

du Galatasaray. Alors que cinq candidats étaient en liste,<br />

<strong>les</strong> <strong>de</strong>ux mieux placés <strong>de</strong>vaient leur score aux milliers <strong>de</strong> supporters<br />

qui exigeaient le retour du Roumain dont, pourtant, la<br />

récente expérience comme entraîneur s'est révélée désastreuse.<br />

Finalement, le prési<strong>de</strong>nt élu, dont <strong>les</strong> préférences se portaient<br />

sur un entraîneur écossais ou sur le Français Jean Tigana, a été<br />

obligé <strong>de</strong> cé<strong>de</strong>r à ces dési<strong>de</strong>rata. Il envoyait un avion chercher<br />

Hagi qui se préparait à assister à Bucarest au <strong>de</strong>rby Steaua-<br />

Rapid.<br />

Ainsi "kidnappé", Hagi signait quelques heures plus tard<br />

son contrat, auquel, toutefois et par pru<strong>de</strong>nce, était rajoutée<br />

une clause prévoyant que s'il n'obtenait pas <strong>de</strong> résultats corrects<br />

pour <strong>les</strong> neuf <strong>de</strong>rnières rencontres à disputer il serait<br />

Insolite<br />

Impôt pour <strong>les</strong><br />

jeunes mariés<br />

Les élus <strong>de</strong> la ville <strong>de</strong><br />

Iasi ont d'étranges<br />

pratiques fisca<strong>les</strong>.<br />

Ainsi ont-il décidé d'imposer<br />

préventivement tout propriétaire<br />

<strong>de</strong> yacht pour une somme <strong>de</strong><br />

380 € (2500 F) et <strong>de</strong> navire<br />

(26 €, 170 F par tonneau)…<br />

bien qu'il n'y en ait pas un seul<br />

dans la ville, celle-ci ne disposant<br />

d'aucune ouverture sur la<br />

Mer Noire, ni même d'un lac.<br />

Ces édi<strong>les</strong> ont également soumis<br />

<strong>les</strong> jeunes mariés à l'obligation<br />

<strong>de</strong> planter, à leurs frais, un<br />

arbre. S'ils refusent, ils se<br />

voient imposer le paiement<br />

d'un impôt <strong>de</strong> 3,80 € (25 F).<br />

Taxe pipi<br />

SSociété<br />

Hagi retourne à Galatasaray comme entraîneur<br />

remplacé par Jean Tigana, la<br />

saison prochaine. Le même<br />

avion le ramenait pour <strong>de</strong>ux<br />

heures à Bucarest, le temps <strong>de</strong><br />

boucler sa valise et <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r<br />

à sa femme, Marilena, <strong>de</strong><br />

s'occuper du déménagement.<br />

Plus grand footballeur roumain<br />

<strong>de</strong> tous <strong>les</strong> temps, comptant<br />

126 sélections en équipe<br />

nationale, ce qui le place au<br />

onzième rang mondial, Gica<br />

Hagi a abandonné le terrain en<br />

20<strong>01</strong>, à l âge <strong>de</strong> 35 ans, mais sa reconversion en tant qu'entraîneur<br />

est loin d'être une réussite. En seize match disputés<br />

que ce soit comme entraîneur <strong>de</strong> l'équipe <strong>de</strong> Roumanie (4 rencontres)<br />

ou <strong>de</strong> l'équipe turque <strong>de</strong> Bursaspor (12 rencontres),<br />

ses joueurs n'ont remporté que <strong>de</strong>ux victoires, concédant sept<br />

matchs nuls et enregistrant sept défaites. Son caractère autoritaire<br />

et <strong>de</strong>s difficultés relationnel<strong>les</strong> ne lui ont pas permis d'installer<br />

un climat <strong>de</strong> confiance parmi ses hommes.<br />

Viagra sans effet remboursé<br />

La police <strong>de</strong> Brasov a été saisie <strong>de</strong> plusieurs plaintes étranges au cours <strong>de</strong> l'année<br />

2003. Une patiente a poursuivi un cabinet médical où elle subissait un avortement,<br />

parce qu'elle avait été vue par <strong>les</strong> voisins pendant l'intervention, à travers une porte<br />

vitrée donnant dans la cour. Un homme a été dédommagé pour la perte <strong>de</strong> trente <strong>de</strong> ses pou<strong>les</strong>,<br />

mortes après qu'il leur ait appliqué un traitement anti-parasitaire. Un autre a protesté parce que<br />

le perroquet qu'il avait acheté était passé <strong>de</strong> vie à trépas quelques jours plus tard et qu'on ne<br />

lui avait pas fourni <strong>les</strong> instructions à suivre. Le magasin incriminé lui a donné un autre oiseau<br />

qui a subi le même sort. Une femme a apporté au commissariat <strong>de</strong>s rouleaux <strong>de</strong> papier hygiénique<br />

qu'elle jugeait trop fins pour s'en servir. Enfin un septuagénaire a porté plainte contre un<br />

sex-shop où il avait acheté une pilule <strong>de</strong> Viagra qui n'avait été d'aucun effet. Il en a obtenu le<br />

remboursement.<br />

Fâché <strong>de</strong> voir le gouvernement introduire une TVA à 9% sur <strong>les</strong> livres<br />

qui en étaient exonérés jusqu'ici, Florin Renea, conseiller départemental<br />

du ju<strong>de</strong>t <strong>de</strong> Galati, lui a proposé <strong>de</strong> la remplacer par une "taxe pipi".<br />

Estimant qu'un Roumain moyen se soulage quatre fois par jour, l'élu a calculé que<br />

celle-ci pourrait rapporter 20 000 lei quotidiennement par citoyen, suggérant<br />

d'installer <strong>de</strong>s "pipimètres" dans <strong>les</strong> toilettes publiques.<br />

Au four et au moulin<br />

Certains conducteurs <strong>de</strong> train du<br />

ju<strong>de</strong>t <strong>de</strong> Covasna sont contraints<br />

d'être, non pas au four et au<br />

moulin… mais à la locomotive et aux barrières,<br />

<strong>de</strong>puis la restructuration entreprise au<br />

sein <strong>de</strong> la SNCF qui a entraîné la suppression<br />

<strong>de</strong> plusieurs postes <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>s-barrière<br />

dans le département. Quand <strong>les</strong> conducteurs<br />

arrivent à hauteur d'un passage à niveau non<br />

gardé, ils doivent stopper leur convoi, cent<br />

mètres avant, aller fermer <strong>les</strong> barrières,<br />

redémarrer, s'arrêter à nouveau quand le<br />

passage a été franchi, en s'assurant que le<br />

train n'obstrue pas la circulation, courir relever<br />

<strong>les</strong> barrières, regagner leur locomotive<br />

et reprendre leur marche en avant… jusqu'au<br />

prochain passage à niveau !<br />

22 31


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

32<br />

<br />

BAIA MARE<br />

<br />

ORADEA<br />

<br />

TARGU<br />

IASI<br />

ARAD<br />

<br />

CLUJ<br />

<br />

DEVA<br />

MURES<br />

<br />

BACAU<br />

<br />

<br />

PIATRA<br />

NEAMT<br />

<br />

TIMISOARA<br />

<br />

COMORÂST<br />

<br />

SIBIU<br />

CRAIOVA<br />

<br />

SUCEAVA<br />

<br />

BRASOV<br />

BRAILA <br />

<br />

TULCEA<br />

<br />

BUCAREST<br />

CONSTANTA<br />

<br />

Traducteur<br />

<strong>de</strong> Cioran<br />

Celan avait traduit en allemand,<br />

au début <strong>de</strong>s années cinquante, le<br />

Précis <strong>de</strong> décomposition <strong>de</strong> Cioran.<br />

Les <strong>de</strong>ux hommes, tous <strong>de</strong>ux exilés<br />

<strong>de</strong> Roumanie, l'un juif, l'autre non,<br />

s'étaient rencontrés à Paris dès la fin<br />

<strong>de</strong>s années quarante. Une amitié<br />

profon<strong>de</strong> aurait pu naître là, durable,<br />

fondée sur une admiration mutuelle.<br />

Et sans doute cette amitié a-t-elle<br />

existé un temps.<br />

Emil Cioran<br />

Mais force est <strong>de</strong> constater qu'elle<br />

a par la suite buté sur un obstacle <strong>de</strong><br />

taille : le passé. D'une part, le passé<br />

refoulé <strong>de</strong> Cioran voulant oublier ses<br />

égarements légionnaires et antisémites<br />

<strong>de</strong> sa jeunesse roumaine.<br />

D'autre part, le passé ingérable <strong>de</strong><br />

Celan ayant ramené <strong>de</strong> Bucovine la<br />

mémoire du grand massacre anti-juif.<br />

Cioran avait tout d'abord vu en Celan<br />

"un grand charme" mais aussi "un<br />

homme impossible… <strong>de</strong> commerce<br />

difficile et compliqué". Celan avait<br />

assez vite pressenti en Cioran un<br />

individu "menteur, suspect, pas clair".<br />

Mais ce n'est qu'en 1967, apprenant<br />

l'ampleur <strong>de</strong> l'engagement antisémite<br />

passé <strong>de</strong> Cioran, que Celan décidait<br />

<strong>de</strong> rompre ses relations avec lui. En<br />

1986, Cioran, évoquant Celan à<br />

Sanda Stolojan, présentait avec<br />

aigreur ce <strong>de</strong>rnier : "un déséquilibré<br />

qui en veut aux Roumains <strong>de</strong> la<br />

Transnistrie ".<br />

Littérature<br />

Une vie qui avait plutôt bien commencé<br />

Connaissance eet ddécouverte<br />

La <strong>de</strong>stinée tragique d'un <strong>de</strong>s plus<br />

grands poètes du XXème siécle, juif,<br />

Roumain,se suicidant dans la Seine<br />

Puisque le poète écrit dans la langue -<br />

maternelle- qui est aussi la langue du<br />

bourreau, Celan (poète juif roumain<br />

d'expression alleman<strong>de</strong> naturalisé français dans<br />

<strong>les</strong> années cinquante) invente une langue dans<br />

la langue, il la refait du <strong>de</strong>dans, en construisant,<br />

dans la pure tradition hermétique, une langue<br />

autonome qui parvient à traduire l'intraduisible.<br />

Arracher la langue à elle-même, au seuil <strong>de</strong><br />

l'abîme, pour atteindre la forme la plus achevée<br />

<strong>de</strong> liberté : la terra incognita du verbe, telle fut<br />

l'entreprise inouïe <strong>de</strong> l'un <strong>de</strong>s plus grands<br />

poètes du XXème siècle". Ainsi <strong>les</strong> éditions<br />

Corti analysent-el<strong>les</strong> l'œuvre <strong>de</strong> Paul Celan lorsqu'el<strong>les</strong><br />

publient La Rose <strong>de</strong> Personne en 2002<br />

(4ème volume, datant <strong>de</strong> 1963).<br />

C'est à Czernowitz, où pourtant la vie <strong>de</strong> Paul Celan avait plutôt bien commencé,<br />

que celui-ci a rencontré le bourreau et l'intraduisible dont parlent <strong>les</strong> éditions Corti. Né<br />

en 1920, au 5 <strong>de</strong> la rue Alexandru Vasilko, Paul Pessach Antschel est fils unique d'une<br />

famille relativement mo<strong>de</strong>ste <strong>de</strong> la bourgeoisie juive <strong>de</strong> la ville.<br />

Après avoir effectué l'école primaire hébraïque, le liceul orthodoxe puis le lycée<br />

ukrainien, le jeune homme, très tôt épris <strong>de</strong> poésie qu'il écrit lui-même en allemand,<br />

se lance dans <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine en France.<br />

En 1938, il est à Tours pour une année qu'il ne pourra renouveler du fait <strong>de</strong> la<br />

guerre. De cette jeunesse déjà marquée par l'antisémitisme (changement <strong>de</strong> lycée,<br />

numerus clausus dans <strong>les</strong> universités roumaines l'obligeant à <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s à l'étranger),<br />

il convient <strong>de</strong> retenir le passage <strong>de</strong> Paul Antschel du Talmud à Karl Marx en opposition<br />

à la culture paternelle. Toutefois, comme le fait remarquer son amie d'enfance<br />

Edith Silbermann, "il serait erroné <strong>de</strong> supposer qu'entre sa 14ème et sa 18ème année<br />

Paul se serait intéressé pour l'essentiel à la politique, au mouvement révolutionnaire".<br />

D'ailleurs, lorsque <strong>les</strong> Soviétiques, au terme <strong>de</strong> leur première occupation (1940-<br />

1941), quitteront <strong>les</strong> lieux, Paul Antschel refusera <strong>de</strong> <strong>les</strong> suivre pour rester à<br />

Czernowitz.<br />

L'épreuve du génoci<strong>de</strong><br />

Paul Celan ou l'impossible exil<br />

Exilé à Paris dès 1948, le poète,<br />

né à Czernowitz, restera hanté<br />

par la mémoire du génoci<strong>de</strong> juif.<br />

Cependant <strong>les</strong> années 1941-1942 vont se révéler comme <strong>de</strong>s années hautement<br />

tragiques pour <strong>les</strong> Juifs <strong>de</strong> Bucovine (comme pour ceux <strong>de</strong> Bessarabie). La Roumanie<br />

du maréchal Ion Antonescu a décidé <strong>de</strong> suivre <strong>les</strong> nazis dans leur agression contre<br />

l'Union Soviétique. Il s'agit, pour la Roumanie, <strong>de</strong> récupérer <strong>les</strong> terres perdues un an<br />

auparavant (Bucovine du nord et Bessarabie) conformément aux clauses secrètes du<br />

pacte germano-soviétique <strong>de</strong> 1939.<br />

Ainsi, le 5 juillet 1941, l'armée roumaine entre dans Czernowitz suivie par <strong>de</strong>s<br />

unités alleman<strong>de</strong>s et par l'Einsatzkommando 10b du commandant SS Otto Ohlendorf.<br />

2.000 morts juives sont dénombrées en 24 heures. Les Juifs en milieu rural sont anéantis.<br />

"La moitié <strong>de</strong>s Juifs <strong>de</strong> Bucovine et <strong>de</strong> Bessarabie furent massacrés avant le 1er<br />

septembre 1941", note Carol Iancu dans son ouvrage La Shoah en Roumanie. Les<br />

survivants sont <strong>de</strong>stinés à la déportation. Un ghetto est ouvert dans cette perspective à<br />

Czernowitz en octobre 1941.


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

Echappant à la déportation,<br />

contrairement à ses parents<br />

Paul, qui a été mis au travail forcé sur un pont du Prut à<br />

reconstruire, va toutefois échapper, contrairement à ses<br />

parents, à cette déportation. Le courageux maire <strong>de</strong> la ville,<br />

Traian Popovici, a en effet obtenu <strong>de</strong>s autorités roumaines<br />

qu'el<strong>les</strong> accor<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s permis <strong>de</strong> travail aux Juifs.<br />

Ainsi, près <strong>de</strong> 20.000 <strong>de</strong> ces permis seront délivrés pour la<br />

reconstruction, permettant d'alléger quelque peu la souffrance<br />

<strong>de</strong> cette population. 60% <strong>de</strong>s 50.000 Juifs du ghetto n'échapperont<br />

toutefois pas aux marches <strong>de</strong> la mort et à la déportation<br />

en Transnistrie (région entre le Dniestr et le Bug que <strong>les</strong><br />

Allemands ont confiée à l'administration roumaine et qui va<br />

<strong>de</strong>venir le lieu <strong>de</strong> rassemblement et d'isolement <strong>de</strong>s Juifs <strong>de</strong><br />

Roumanie).<br />

L'essentiel <strong>de</strong>s déportations roumaines s'arrêtera en 1942.<br />

Quelques unes se poursuivront encore jusqu'en 1944. A cette<br />

date, toujours selon Carol Iancu, "sur 180.000 Juifs déportés<br />

en Transnistrie, 87.000 décé<strong>de</strong>ront".<br />

Le chemin <strong>de</strong> l'exil et <strong>de</strong> Paris<br />

Paul Antschel apprendra la mort <strong>de</strong> ses parents en<br />

Transnistrie (le typhus pour son père, une balle dans la tête<br />

pour sa mère) alors qu'il se trouve dans un camp <strong>de</strong> travail<br />

dans le sud <strong>de</strong> la Moldavie. Sa libération interviendra avec le<br />

repli nazi en février 44. Mais son retour à Czernowitz, où la<br />

secon<strong>de</strong> occupation soviétique est plus brutale que la première,<br />

sera <strong>de</strong> courte durée.<br />

A Bucarest jusqu'en 1947, il traduit du russe, fréquente <strong>les</strong><br />

surréalistes roumains et prend le pseudonyme <strong>de</strong> Celan pour<br />

ses premières publications. L'atmosphère <strong>de</strong>venant vite intenable,<br />

il déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> fuir clan<strong>de</strong>stinement en Hongrie. Budapest,<br />

Vienne, puis finalement Paris seront ses lieux d'exil ; Paris où<br />

A lire, à découvrir<br />

L'écrivain et poète Paul Miclau<br />

a publié en France Roumains<br />

déracinés (Editions Publisud,<br />

1995, 25 € 79, 170 F), ouvrage que l'on<br />

trouve toujours en librairie et pour lequel<br />

il a reçu le prix européen <strong>de</strong> l'Association<br />

<strong>de</strong>s Ecrivains <strong>de</strong> Langue Française. Ce<br />

livre est une oeuvre poétique, pittoresque<br />

et poignante, sur le <strong>de</strong>stin tragique <strong>de</strong>s<br />

Roumains au XXème siècle.<br />

D'une gran<strong>de</strong> richesse littéraire, elle<br />

a été écrite en français par un Roumain<br />

amoureux <strong>de</strong> la langue française, militant<br />

<strong>de</strong> la francophonie dans son pays. Dans<br />

ce livre son talent apparaît à chaque page.<br />

Paul Miclau a publié plus <strong>de</strong> 30<br />

volumes; outre ses travaux <strong>de</strong> sémiotique<br />

et <strong>de</strong> poétique, il a traduit en français la<br />

poésie d'Eminescu, <strong>de</strong> Blaga, <strong>de</strong><br />

Voivu<strong>les</strong>cu, <strong>de</strong> Barbu, autant d'ouvrages<br />

<strong>de</strong> références en la matière. Aussi a-t-il<br />

été <strong>de</strong>ux fois couronné du prix <strong>de</strong> l'Union<br />

<strong>de</strong>s Ecrivains <strong>de</strong> Roumanie. Il a aussi<br />

écrit <strong>de</strong>s sonnets, plusieurs cyc<strong>les</strong> au<br />

total.<br />

Les <strong>de</strong>ux premiers sont parus avec le<br />

titre Sous le trésor (Edition Helicon,<br />

Timisoara, 1997). Les quatre suivants<br />

sous le titre Au bord du temps (Editions<br />

Scripta, Bucarest 1999).<br />

Enseignant à la Sorbonne<br />

Né en 1931,dans le village <strong>de</strong><br />

Comorâste (Caras-Severin), Paul Miclau<br />

est professeur à l'Université <strong>de</strong> Bucarest,<br />

Connaissance eet ddécouverte<br />

il déci<strong>de</strong>ra <strong>de</strong> s'installer définitivement à partir <strong>de</strong> 1948.<br />

Devenu Français mais publiant en allemand<br />

Hélas, Paris ne se révèlera pas, pour Paul Celan, comme<br />

l'eldorado rêvé. Bien plus, ainsi qu'il l'écrit à un ami, le souvenir<br />

du lieu d'enfance le tenaille durablement : "La terre natale<br />

reste présente quia absurdum, avec la Töpfergasse, avec ce<br />

début d'une chanson française qui me traverse en plein cœur,<br />

dans ce Paris qui est non plus rêvé mais si souvent inhumain.<br />

Paris. Ah, tu sais, j'aimerais habiter encore là-bas. La<br />

Töpfergasse n'était pas la seule à être belle". Mais plus encore<br />

le tenaille la mémoire du génoci<strong>de</strong> comme en atteste son<br />

œuvre publiée.<br />

S'il vit en France <strong>de</strong> ses traductions <strong>de</strong> Cocteau,<br />

Apollinaire, Cioran, etc. (il ne <strong>de</strong>viendra lecteur d'allemand à<br />

l'Ecole Normale Supérieure <strong>de</strong> la rue d'Ulm à Paris qu'en<br />

1959), c'est en Allemagne qu'il publie l'essentiel <strong>de</strong> ses<br />

recueils <strong>de</strong> poèmes : Pavot et mémoire (1952), De seuil en<br />

seuil (1955), Grille <strong>de</strong> parole (1959), La rose <strong>de</strong> Personne<br />

(1963), Renverse du souffle (1967), Soleils-filaments (1968),<br />

Péage noir (1969).<br />

Suivront, après son suici<strong>de</strong> dans la Seine survenu en avril<br />

1970, d'autres recueils posthumes… Ainsi, et bien qu'il ait<br />

écrit dans l'un <strong>de</strong> ses poèmes que "la mort est un maître venu<br />

d'Allemagne" (Fugue <strong>de</strong> mort dans le recueil Pavot et<br />

mémoire), c'est dans ce pays qu'il a déployé le plus d'énergie<br />

pour faire connaître son œuvre (nombreuses lectures <strong>de</strong><br />

poèmes et <strong>de</strong> traductions). Ceci explique peut-être aussi pourquoi<br />

il est moins connu en France aujourd'hui…<br />

Bernard Camboulives<br />

Paul Celan, Choix <strong>de</strong> poèmes réunis par l'auteur,<br />

poésie/Gallimard, 1998. Traduction et présentation <strong>de</strong> Jean-Pierre<br />

Lefebvre. Edition bilingue.<br />

"Roumains déracinés" par Paul Miclau,<br />

écrivain et universitaire francophone<br />

Faculté <strong>de</strong>s langues et littératures<br />

étrangères dont il a été le doyen pendant<br />

15 ans. Il y enseigne la littérature française<br />

mo<strong>de</strong>rne.<br />

Il a aussi enseigné la langue et la<br />

littérature roumaines à l'Université <strong>de</strong><br />

Montpellier, <strong>de</strong> Paris LV (Sorbonne) et à<br />

l'Institut National <strong>de</strong>s Langues et<br />

Civilisations Orienta<strong>les</strong> <strong>de</strong> Paris. Il a également<br />

introduit la sémiotique et la poétique<br />

dans l'enseignement et la recherche<br />

universitaire en Roumanie.<br />

Pendant quinze ans Paul Miclau a<br />

dirigé le comité régional <strong>de</strong>s départements<br />

<strong>de</strong> français pour l'Europe non francophone,<br />

dans le cadre <strong>de</strong> l'AUF (Agence<br />

Universitaire Francophone). L'écrivain<br />

est officier <strong>de</strong>s Palmes académiques.<br />

22 33


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

34<br />

BAIA<br />

SUCEAVA<br />

<br />

ORADEA MARE<br />

ARAD<br />

<br />

TARGU<br />

<br />

MURES<br />

IASI<br />

<br />

BACAU<br />

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TIMISOARA<br />

<br />

<br />

SIBIU<br />

BRASOV<br />

GALATI<br />

<br />

<br />

PIATRA<br />

CLUJ<br />

NEAMT<br />

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ALBA IULIA<br />

<br />

BRAILA <br />

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PITESTI <br />

TULCEA<br />

CRAIOVA<br />

<br />

<br />

BUCAREST<br />

CONSTANTA<br />

<br />

La diaspora<br />

roumaine<br />

fâchée contre CNN<br />

Onze organisations regroupant<br />

<strong>de</strong>s communautés roumaines<br />

d'Europe et d'Amérique du Nord ont<br />

envoyé une lettre <strong>de</strong> protestation à<br />

la direction générale <strong>de</strong> la chaîne<br />

d'information continue américaine<br />

CNN, située à Atlanta (USA), pour<br />

un <strong>document</strong>aire qu'elle a passé en<br />

boucle sur son réseau mondial,<br />

entre le 15 et 22 février, et qui était<br />

intitulé "Le commerce du sexe en<br />

Roumanie".<br />

Ce reportage reprenait tous <strong>les</strong><br />

clichés habituellement diffusés sur le<br />

pays par <strong>les</strong> télévisions étrangères,<br />

concernant la prostitution <strong>de</strong>s<br />

jeunes, la pédophilie, <strong>les</strong> enfants <strong>de</strong>s<br />

rues.<br />

Tout en reconnaissant la véracité<br />

<strong>de</strong> certains faits, <strong>les</strong> protestataires<br />

s'indignent <strong>de</strong> la focalisation <strong>de</strong>s<br />

médias américains ou européens sur<br />

<strong>de</strong>s sujets qui ne sont pas représentatifs<br />

<strong>de</strong> la société roumaine et <strong>les</strong><br />

appellent à évoquer "<strong>les</strong> vrais problèmes<br />

d'un pays <strong>de</strong> vieille culture<br />

européenne, où <strong>les</strong> hommes sont<br />

hospitaliers mais doivent travailler<br />

dur et ont <strong>de</strong>s ressources financières<br />

très réduites, aspirant à avoir une vie<br />

meilleure et à construire une démocratie<br />

authentique".<br />

"La diffusion répétée, à <strong>de</strong>s<br />

heures <strong>de</strong> forte audience, <strong>de</strong> ce<br />

genre <strong>de</strong> <strong>document</strong>aires, nuit à l'image<br />

<strong>de</strong> la Roumanie et ne l'ai<strong>de</strong> pas à<br />

surmonter ses problèmes alors qu'elle<br />

est confrontée aux difficultés rencontrées<br />

au cours <strong>de</strong> ses négociations<br />

d'adhésion à l'UE" concluent<br />

<strong>les</strong> associations.<br />

Livres<br />

Connaissance eet ddécouverte<br />

Oxus sur le stand Roumanie<br />

au Salon du livre <strong>de</strong> Paris<br />

L'ambition <strong>de</strong> faire connaître la<br />

littérature roumaine aux Francophones<br />

L'occasion était belle pour Oxus, maison d'édition récente qui a pris le nom<br />

antique d'un fleuve d'Asie centrale, <strong>de</strong> faire connaître sa nouvelle collection.<br />

Oxus est née, il ya <strong>de</strong>ux ans environ, à l'initiative <strong>de</strong> Serge Cagnolari<br />

qui a racheté une partie <strong>de</strong>s éditions du Félin. A la suite <strong>de</strong> quoi, sous l'action <strong>de</strong> son<br />

directeur éditorial Pierre Morin et <strong>de</strong> son directeur <strong>de</strong> collection Basarab Nico<strong>les</strong>cu<br />

(par ailleurs académicien roumain et physicien au CNRS), l'idée <strong>de</strong> faire connaître <strong>les</strong><br />

Roumains <strong>de</strong> Paris a pris forme.<br />

Initialement, il s'agissait plus largement <strong>de</strong> mettre en valeur <strong>les</strong> écrivains étrangers<br />

qui avaient, par leurs œuvres, contribué à la culture française. Mais, visiblement, la<br />

collection concernant plus spécifiquement <strong>les</strong> Roumains <strong>de</strong> Paris a pris <strong>de</strong> l'avance car<br />

à ce jour plusieurs ouvrages sont déjà parus.<br />

Outre le livre <strong>de</strong> Jean-Yves Conrad ( Roumanie, capitale… Paris, que la presse n'a<br />

pas manqué <strong>de</strong> remarquer à l'instar <strong>de</strong>s Nouvel<strong>les</strong> <strong>de</strong> Roumanie - voir le N° 22),<br />

étaient déjà présentés au Salon du livre <strong>de</strong> Paris le Cioran <strong>de</strong> Simona Modreanu (indispensable<br />

complément <strong>de</strong> plusieurs autres travaux sur cet auteur), le Gherasim Luca <strong>de</strong><br />

Petre Raileanu (fin connaisseur <strong>de</strong>s mouvements d'avant-gar<strong>de</strong> roumains <strong>de</strong> l'entre<br />

<strong>de</strong>ux guerres) ainsi que <strong>de</strong>s ouvrages sur Benjamin Fondane et le peintre Victor<br />

Brauner.<br />

Paru également chez Oxus à ce jour, un livre qui ne manquera pas d'intéresser tous<br />

ceux qui désirent mieux connaître un auteur hautement reconnu pour ses travaux en<br />

histoire <strong>de</strong>s religions mais quelque peu discuté aujourd'hui pour ses engagements politiques<br />

passés : Mircea Elia<strong>de</strong>. Le travail proposé par Oxus porte sur l'œuvre romanesque<br />

d'Elia<strong>de</strong> écrite en roumain et il est présenté par Eugen Simion, autorité intellectuelle<br />

roumaine reconnue. Ce même curieux d'Elia<strong>de</strong> tirera sans doute un grand<br />

profit à compléter sa lecture par celle d'une récente biographie du penseur roumain<br />

écrite par Florin Turcanu aux éditions <strong>de</strong> La Découverte (2003).<br />

Pris dans ce bel élan, Oxus prévoit <strong>de</strong>s ouvrages sur Panaït Istrati, Constantin<br />

Brancusi, Tristan Tzara, Eugène Ionesco, Stéphane Lupasco, etc… Ce dynamisme<br />

marquerait-il le point <strong>de</strong> départ d'une véritable politique éditoriale envers la littérature<br />

roumaine qui fait gravement défaut en France ? On ne peut que le souhaiter et <strong>les</strong><br />

Nouvel<strong>les</strong> <strong>de</strong> Roumanie feront autant que possible connaître le développement ultérieur<br />

<strong>de</strong> cette démarche intellectuelle autant originale que nécessaire.<br />

Bernard Camboulives<br />

Oxus Editions: 12 Place <strong>de</strong> la Bastille -Cour Damoye- 75<strong>01</strong>1 Paris. Tel: <strong>01</strong> 58 30 10 00<br />

e-maill: oxus@oxus.info<br />

Luc Besson tourne en Roumanie<br />

Luc Besson s'est rendu sur place en Roumanie avec<br />

son équipe, en avril et pendant plusieurs semaines,<br />

pour commencer le tournage <strong>de</strong> son neuvième<br />

long métrage. Le réalisateur, qui est aussi producteur et scénariste,<br />

n'a pas voulu révéler ni le titre, ni le thème <strong>de</strong> son<br />

film. Sa <strong>de</strong>rnière réalisation remonte à 1999 avec “Jeanne<br />

d'Arc”, le rôle principal étant tenu par sa femme, Milla<br />

Jovovich. Parmi ses œuvres connues, on peut citer “Le <strong>de</strong>rnier<br />

combat”, “Nikita”, “Léon”, “Subway”, “Atlantis”, “Le cinquième élément”,<br />

et surtout “Le grand Bleu”, film mythique au succès mondial. Luc Besson, 45 ans,<br />

est le cinquième grand metteur en scène à venir tourner en Roumanie ces <strong>de</strong>rnières<br />

années, après Costa Gavras, Franco Zefirelli, Sydney Pollack, Anthony Minghella.<br />

Les principa<strong>les</strong> ve<strong>de</strong>ttes <strong>de</strong> leurs films ont été Andy Garcia, Fanny Ardant, Jeremy<br />

Irons, Franco Nero, Denis Hopper, Nicole Kidmann, Ju<strong>de</strong> Law, Renée Zellweger.


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

Musique<br />

Rythmes moyen-orientaux lancinants, paro<strong>les</strong> d'une<br />

extrême vulgarité, déhanchements lascifs et suggestifs…<br />

<strong>les</strong> "manele" ont envahi l'univers musical<br />

<strong>de</strong> la Roumanie <strong>de</strong>puis près d'une dizaine d'années, provoquant<br />

l'exaspération <strong>de</strong>s nombreux Roumains amateurs <strong>de</strong><br />

véritable chansons populaires.<br />

Bien que leur passage sur<br />

<strong>les</strong> on<strong>de</strong>s soient réglementé -<br />

leur diffusion n’est normalement<br />

autorisée que tard le<br />

soir - pour ne pas choquer <strong>les</strong><br />

oreil<strong>les</strong> chastes, on <strong>les</strong> entend<br />

partout, dans <strong>les</strong> cars, sur <strong>les</strong><br />

plages, sur <strong>les</strong> aires <strong>de</strong> piquenique,<br />

vociférées par <strong>les</strong><br />

radios-cassettes, dans certaines<br />

boites <strong>de</strong> nuit, hurlées<br />

à tue-tête bien au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong><br />

l'aube par <strong>de</strong>s fêtards titubant<br />

entre <strong>de</strong>ux pas <strong>de</strong> danse, d'innombrab<strong>les</strong><br />

verres <strong>de</strong> bière<br />

ou d'alcool et <strong>de</strong>s fil<strong>les</strong> com-<br />

plaisantes.<br />

Leurs CD et cassettes<br />

inon<strong>de</strong>nt <strong>les</strong> étals <strong>de</strong>s ven<strong>de</strong>urs<br />

à la sauvette <strong>de</strong>s marchés<br />

ou <strong>de</strong>s rues, alors que <strong>les</strong> gran<strong>de</strong>s ve<strong>de</strong>ttes du genre,<br />

Adrian Copilu' Minune (Adrian l'enfant merveille), chanteur<br />

d'1m 50 d'une trentaine d'années, au corps d'enfant, et Vali<br />

Vijelie, font fortune. On <strong>les</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> dans <strong>les</strong> bals <strong>de</strong> mariage<br />

et autres fêtes familia<strong>les</strong> où ils exigent 2000 € <strong>de</strong> l'heure pour<br />

se produire, le double du cachet <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> chanteuse Irina<br />

Loghin pour un concert complet ou <strong>de</strong>s meilleurs groupes <strong>de</strong><br />

rock du pays.<br />

Une musique kitsch<br />

née d’une mélodie turque<br />

Mais d'où vient donc ce succès ? Il s'agit tout simplement<br />

d'un avatar <strong>de</strong> la chute du communisme et <strong>de</strong><br />

l'ouverture <strong>de</strong>s frontières, en 1990. A cette époque, <strong>les</strong><br />

Tsiganes se précipitent vers <strong>les</strong> pays voisins pour faire<br />

du commerce et ramener <strong>de</strong>s produits que l'on ne trouve<br />

pas en Roumanie. La Turquie a leur préférence car<br />

c'est à l’époque un <strong>de</strong>s rares pays où on peut se rendre<br />

sans visa.<br />

Dans tous <strong>les</strong> objets et colifichets à la qualité<br />

douteuse, s'efforçant <strong>de</strong> copier <strong>les</strong> marques occi<strong>de</strong>nta<strong>les</strong>, qu'ils<br />

ramènent, se trouvent aussi <strong>de</strong>s cassettes <strong>de</strong> musique moyenorientale,<br />

spécialement turques que <strong>les</strong> "lautari" (joueurs <strong>de</strong><br />

Connaissance eet ddécouverte<br />

Un mélange <strong>de</strong> musique tsigane, <strong>de</strong> rythmes moyen-orientaux<br />

et <strong>de</strong> paro<strong>les</strong> vulgaires ont donné naissance à un genre nouveau<br />

Les "manele" envahissent et polluent<br />

l'univers musical roumain <strong>de</strong>puis près <strong>de</strong> dix ans<br />

Adrian Copilu’ Minune,<br />

avec ses 1m 50... est la plus<br />

gran<strong>de</strong> ve<strong>de</strong>tte que s’arrachent<br />

<strong>les</strong> amateurs <strong>de</strong> “manele”.<br />

musique tsiganes) ne vont pas manquer <strong>de</strong> transformer et<br />

adapter à leur goût.<br />

Ainsi naît un genre kitsch, dont le nom sera emprunté à<br />

une mélodie suave et pure du folklore <strong>de</strong> la communauté<br />

turque <strong>de</strong> Roumanie, la "manea", qui <strong>de</strong>vient au pluriel <strong>les</strong><br />

"manele", nom plus usité… peut-être parce qu'on est<br />

sûr que ces airs criards vont casser <strong>les</strong> oreil<strong>les</strong> pendant<br />

un bon moment.<br />

Produit <strong>de</strong> sous-culture<br />

pour une population pauvre<br />

Tout dans ce genre respire la sous-culture et le<br />

mauvais goût. Pornographie, trivialité, paro<strong>les</strong> primitives,<br />

rythmes répétitifs et sans invention, y font bon<br />

ménage. Les ven<strong>de</strong>urs <strong>de</strong> cassettes, souvent pauvres,<br />

trouvent surtout preneurs dans <strong>les</strong> quartiers mal famés.<br />

La région <strong>de</strong> Bucarest et ses banlieues où se sont<br />

agglutinés pendant <strong>les</strong> années Ceausescu <strong>de</strong>s paysans<br />

sans qualification, chassés par la collectivisation et<br />

réquisitionnés pour l'industrialisation forcée, est particulièrement<br />

touchée par le phénomène.<br />

Là, on n'a pas <strong>les</strong> moyens d'accé<strong>de</strong>r à une vraie<br />

culture et <strong>les</strong> manele, avec leurs mots sommaires,<br />

impertinents, provocateurs, leurs airs gais, donnent à<br />

ces déracinés, victimes <strong>de</strong> l'ancien régime, le faux sentiment<br />

<strong>de</strong> retrouver <strong>les</strong> fêtes, <strong>les</strong> chansons populaires et<br />

<strong>les</strong> bonheurs simp<strong>les</strong> qui rythmaient autrefois la vie <strong>de</strong>s campagnes.<br />

Avec le risque cependant <strong>de</strong> perdre toute référence à<br />

leur véritable culture.<br />

Utilisée pour <strong>de</strong>s défilés <strong>de</strong> mo<strong>de</strong> parisiens<br />

Il est cocasse <strong>de</strong> voir cette musique, popularisée en Occi<strong>de</strong>nt<br />

par <strong>les</strong> films du Yougoslave Kusturica ("Chat noir, chat<br />

blanc"), utilisée pour rythmer<br />

<strong>les</strong> défilés <strong>de</strong> mo<strong>de</strong><br />

select parisiens, comme ce<br />

fut le cas ce printemps.<br />

On pouvait ainsi voir sur<br />

la chaîne Fashion TV <strong>de</strong><br />

beaux et ténébreux mannequins<br />

présenter <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong><br />

plus élégants <strong>les</strong> uns que <strong>les</strong><br />

autres sur <strong>de</strong>s airs criards<br />

Lors <strong>de</strong>s mariages ou fêtes familia<strong>les</strong>, interprétés par la troupe rou-<br />

<strong>les</strong> chanteurs <strong>de</strong> “manele” peuvent toucher maine Fantastik, dont <strong>les</strong><br />

<strong>de</strong>s cachets allant jusqu’à 2000 euros.<br />

paro<strong>les</strong> d'une vulgarité sans<br />

borne, <strong>les</strong> aurait fait rougir jusqu'à la pointe <strong>de</strong>s oreil<strong>les</strong> si on<br />

<strong>les</strong> leur avait traduites.<br />

Traian Dârlea<br />

22 35


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

22 36<br />

ORADEA<br />

<br />

BAIA MARE<br />

SUCEAVA<br />

<br />

ARAD<br />

<br />

<br />

CLUJ<br />

TARGU<br />

MURES<br />

<br />

BRASOV<br />

<br />

IASI<br />

BACAU<br />

<br />

TIMISOARA<br />

<br />

SIBIU<br />

GALATI<br />

<br />

BRAILA <br />

PLOIESTI <br />

TULCEA<br />

CRAIOVA<br />

<br />

<br />

BUCAREST<br />

CONSTANTA<br />

De Nantes à Bucarest<br />

Le 24 août 1884 meurt à<br />

Bucarest, à l'âge <strong>de</strong> cinquante-six<br />

ans, le Général Inspecteur du<br />

Service Sanitaire <strong>de</strong> l'armée roumaine,<br />

Carol Davila. Qui est donc ce<br />

personnage, pour avoir pu obtenir du<br />

Gouvernement roumain <strong>de</strong>s funérail<strong>les</strong><br />

nationa<strong>les</strong> ? De parents inconnus,<br />

cet orphelin se retrouve par<br />

hasard, à 14 ans, à Nantes, sous la<br />

tutelle bienveillante du docteur Ange<br />

Guépin. Ce <strong>de</strong>rnier lui suggère <strong>de</strong><br />

s'appeler dorénavant "Francesco<br />

Carlos Antonio Davila" et l'envoie à<br />

Angers faire ses étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine.<br />

Après avoir soutenu sa thèse à<br />

Paris, le jeune Davila va répondre<br />

favorablement à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> du<br />

Prince Barbu Stirbey, qui cherchait<br />

un mé<strong>de</strong>cin français capable <strong>de</strong> réorganiser<br />

le Service Sanitaire <strong>de</strong> son<br />

armée en Valachie.<br />

<br />

Sciences<br />

Connaissance eet ddécouverte<br />

Nantes (1843-1845). Un jour <strong>de</strong> juillet 1843, un ado<strong>les</strong>cent d'environ quinze<br />

ans frappe à la porte du docteur Ange Guépin <strong>de</strong> Nantes, muni d'une<br />

lettre <strong>de</strong> recommandation signée René Rabusseau, recteur <strong>de</strong> l'académie<br />

<strong>de</strong> Limoges. Ce beau-frère du mé<strong>de</strong>cin nantais lui explique avoir recueilli, huit mois<br />

plus tôt, cet enfant... qui affirmait vouloir aller en Espagne retrouver sa famille paternelle<br />

et essayer <strong>de</strong> s'en faire reconnaître...<br />

Afin <strong>de</strong> lui donner un nom authentique et une position, le docteur Guépin essaye<br />

<strong>de</strong> débrouiller l'origine <strong>de</strong> cet enfant, mais va très vite se heurter a <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s difficultés.<br />

Aussi, après avoir mené <strong>de</strong> vaines recherches dans le passé et <strong>les</strong> souvenirs du<br />

jeune homme et dans l'incapacité d'éluci<strong>de</strong>r ses origines paternelle et maternelle, il lui<br />

conseille néanmoins <strong>de</strong> dire à tous :"Je m'appelle Francesco Carlos Antonio Davila,<br />

né le 8 avril 1828, dans l'Italie autrichienne "...<br />

Une naissance mystérieuse<br />

À ce jour encore, et malgreé <strong>de</strong> nombreuses hypothèses, aucun écrivain, aucun<br />

historien n'a pu retrouver qui avaient pu être <strong>les</strong> parents <strong>de</strong> Davila. Mais qu'importe !<br />

Le docteur Guepin <strong>de</strong>vient son tuteur et le confie à son beau-père, le pharmacien Le<br />

Sant chez qui il va, <strong>de</strong>ux années durant, s'initier à la chimie.<br />

Angers (1845-1851). Désirant commencer ses étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine, Carol Davila<br />

part pour Angers le 1er avril 1845, muni d'une lettre <strong>de</strong> recommandation à l'adresse<br />

d'un ami du docteur Guépin: il s'agit <strong>de</strong> Grégoire Bordillon, avocat, journaliste et<br />

député au conseil municipal d'Angers, qui va aussitôt le placer en nouvel apprentissage<br />

chez un ami pharmacien, Char<strong>les</strong> Sarené Ollivier. C'est là qu'il va acquérir une<br />

gran<strong>de</strong> habileté dans <strong>les</strong> dosages chimiques et pharmaceutiques. Il entame ses étu<strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine en octobre 1847 et ne tar<strong>de</strong> pas à se faire remarquer <strong>de</strong> ses maîtres: sur<br />

concours, il est nommé élève externe en février 1848, élève interne <strong>de</strong>ux mois plus<br />

tard, ai<strong>de</strong> d'anatomie en décembre 1849, prosecteur d'anatomie en 1850 et obtiendra<br />

<strong>les</strong> baccalauréats ès lettres, en août 1847, et ès sciences, en juillet 1849!<br />

Sauveteur lors <strong>de</strong> la noya<strong>de</strong> <strong>de</strong> 241 soldats<br />

traversant le pont d'Angers au pas ca<strong>de</strong>ncé<br />

Un jeune homme venu <strong>de</strong> France<br />

a révolutionné la mé<strong>de</strong>cine roumaine<br />

L'énigmatique et admirable<br />

docteur Carol Davila (… -1884)<br />

Carol Davila est en troisième année <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine lorsqu'éclate en Anjou une terrible<br />

épidémie <strong>de</strong> choléra. Désigné pour secon<strong>de</strong>r <strong>les</strong> mé<strong>de</strong>cins, il remplit sa tâche<br />

avec dévouement entre Sarthe et Mayenne, vers Champigné, et c'est à cette occasion<br />

qu'il met au point une préparation personnelle <strong>de</strong> gouttes anticholériques et invente un<br />

appareil propre à réchauffer <strong>les</strong> mala<strong>de</strong>s algi<strong>de</strong>s. En gage <strong>de</strong> remerciement, iI reçoit<br />

du ministère <strong>de</strong> l'Agriculture une médaille d'argent et, <strong>de</strong>s habitants <strong>de</strong> Champigné,<br />

l' Histoire Un ivers elle <strong>de</strong> Cantu en douze volurnes.<br />

Le 16 avril 1850, Carol Davila a une secon<strong>de</strong> occasion <strong>de</strong> démontrer son courage<br />

et son abnégation. Ce jour-là, à Angers, par un temps effroyable, un escadron <strong>de</strong><br />

quatre cents hussards traverse en colonne le pont: <strong>de</strong> la Basse-Chaîne, quand soudain<br />

celui-ci s'écroule entraînant avec lui dans la Maine, <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux tiers du bataillon.<br />

Promptement arrivé sur <strong>les</strong> lieux, Davila, admirable nageur, n'hésite pas à participer<br />

aux secours... mais n'empêche pourtant pas la mort <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux cent quarante et une personnes<br />

!<br />

Après quinze inscriptions prises à l'école <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine d'Angers, Carol Davila<br />

décida <strong>de</strong> partir pour Paris. En guise <strong>de</strong> remerciement pour son zèle et son dévouement,<br />

la commission administrative <strong>de</strong>s Hôpitaux lui offrit une trousse complète d'instruments<br />

<strong>de</strong> chirurgie, qu'il gar<strong>de</strong>ra jusqu'à la fin <strong>de</strong> sa vie <strong>de</strong> chirurgien.


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

Sous la protection d'une comtesse<br />

Paris (1851-1853). C'est encore muni d'une lettre <strong>de</strong><br />

recommandation qu'il foule le pavé parisien en mai 1851.<br />

Cette fois-ci elle est adressée à la comtesse Marie d'Agoult,<br />

qui avait été soignée pour sa myopie par le docteur Guépin et<br />

était <strong>de</strong>venue son amie. Celle-ci tombe sous le charme <strong>de</strong> ce<br />

jeune homme à la chevelure blon<strong>de</strong> et discerne en lui une âme,<br />

une nature d'élite: II a [écrit-t-elle au docteur<br />

Guépin] <strong>de</strong> la race, beaucoup <strong>de</strong> race... Vous<br />

faites immensément pour lui, et je crois que<br />

vous ne faites pas trop: il vaut, iI mérite tout.<br />

C'est pourquoi, pendant <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux années qu'il<br />

passe à Paris, Davila sera très souvent l'hôte <strong>de</strong><br />

Marie d'Agoult, fréquentant ses enfants ainsi<br />

que <strong>les</strong> nombreux habitués <strong>de</strong> la Maison Rosé,<br />

près <strong>de</strong>s Champs-Elysées.<br />

Il vali<strong>de</strong> ses inscriptions <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine en<br />

suivant <strong>les</strong> cours <strong>de</strong> Trousseau, Néiaton,<br />

Bernard et Rostan. Le 23 février 1833, il achève<br />

ses étu<strong>de</strong>s en soutenant sa thèse <strong>de</strong> doctorat<br />

en mé<strong>de</strong>cine sur un thème vraisemblablement<br />

inspiré par le docteur Guépin : Prophylaxie <strong>de</strong><br />

la syphilis. En traitant un problème d'hygiène,<br />

si vaste à son époque, il va déjà révéler un très<br />

grand esprit d'organisation pratique.<br />

C'est à ce moment-là que le <strong>de</strong>stin <strong>de</strong><br />

Carlos Davila va s'affirmer et sa carrière médicale<br />

se <strong>de</strong>ssiner... En effet, peu <strong>de</strong> temps auparavant,<br />

le prince <strong>de</strong> Valachie, Barbu Stirbey,<br />

avait <strong>de</strong>mandé à Napoléon III que lui soit<br />

recommandé et envoyé un mé<strong>de</strong>cin français<br />

capable d'organiser le service sanitaire <strong>de</strong><br />

l'armée valaque et du vieil hôpital militaire <strong>de</strong><br />

Bucarest. Sur proposition <strong>de</strong> la faculté <strong>de</strong><br />

mé<strong>de</strong>cine <strong>de</strong> Paris, le gouvernement français<br />

porte son choix sur Davila.<br />

"Mais qu'est-ce qu'on veut<br />

que je fasse <strong>de</strong> cette jeune fille ?"<br />

La Roumanie (1853-1884). Après <strong>de</strong>s étapes à Weimar,<br />

pour y rencontrer Franz Liszt, Prague et Vienne où il<br />

embarque sur le Danube, Davila arrive à Bucarest le 15 mars<br />

1853. À la vue <strong>de</strong> ce jeune homme si jeune, si blond et si svelte,<br />

le prince s'exclame : "Mais que veut-on que je fasse <strong>de</strong> cette<br />

jeune fille ? Nous avons besoin d'un homme d'action !"<br />

Le prince Barbu Stirbey changera vite d'avis en constatant<br />

l'esprit d'initiative et <strong>de</strong> décision et le talent d'organisateur <strong>de</strong><br />

Davila... au point qu'il lui écrira quelque temps plus tard : "II<br />

serait bon, cher ami, <strong>de</strong> modérer en vous l'exubérance <strong>de</strong> vie<br />

et <strong>de</strong> vous ménager davantage... Autrement, on s'use vite dans<br />

un pays comme le nôtre..."<br />

Mais comment rester modéré <strong>de</strong>vant l'énorme tâche qui se<br />

dresse <strong>de</strong>vant <strong>les</strong> yeux <strong>de</strong> celui qui vient d'être nommé mé<strong>de</strong>cin-chef<br />

<strong>de</strong> l'Armée et directeur <strong>de</strong> l'Hôpital militaire ? Le service<br />

<strong>de</strong> Santé n'existe pour ainsi dire pas, et est, en tout cas,<br />

dépourvu <strong>de</strong> personnel et <strong>de</strong> matériel. Il commence par<br />

Connaissance eet ddécouverte<br />

remettre <strong>de</strong> l'ordre dans le pitoyable hôpital militaire <strong>de</strong> Mihaï<br />

Voda qui ne comprend que quelques rangées <strong>de</strong> mauvais lits<br />

dressés dans <strong>de</strong>s sal<strong>les</strong> sombres et humi<strong>de</strong>s ; puis il se donne<br />

pour mission <strong>de</strong> former un personnel sanitaire <strong>de</strong> l'armée à la<br />

hauteur <strong>de</strong> l'emploi.<br />

Deux événements vont stopper son activité : durant l'été<br />

1853, l'occupation <strong>de</strong> la Valachie par la Russie, entraînant la<br />

fuite du prince et la <strong>de</strong>stitution <strong>de</strong> Davila ; et au début <strong>de</strong> 1854,<br />

un rhumatisme articulaire aigu qui va le retenir<br />

soixante-cinq jours au lit, le membre supérieur<br />

droit étant atteint d'une arthrite purulente avec<br />

un abcès au cou<strong>de</strong> "gros comme la tête d'un<br />

enfant <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux mois..." qui lui laissera une<br />

ankylose à 90° !<br />

"Que <strong>de</strong> la mort sorte la vie !"<br />

À partir du printemps 1854, la Valachie est<br />

libérée, le prince Stirbey revient à Bucarest et<br />

Davila est réintégré dans toutes ses fonctions.<br />

Il reprend son labeur et crée, le 4 décembre<br />

1855, une Ecole <strong>de</strong> petite chirurgie (dont le<br />

programme sera calqué sur celui <strong>de</strong>s éco<strong>les</strong><br />

secondaires <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine <strong>de</strong> France), à laquelle<br />

il ajoute une Bibliothèque scientifique et un<br />

musée d'Anatomie, et qui tous seront entretenus<br />

au début grâce aux propres ducats <strong>de</strong><br />

Davila ! Ainsi à travers ce qui <strong>de</strong>viendra, le 16<br />

août 1837, une Ecole nationale <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine et<br />

<strong>de</strong> pharmacie, grâce au Prince Ghica, éphore<br />

<strong>de</strong>s hôpitaux, Davila commence à construire un<br />

service médical sur <strong>de</strong> véritab<strong>les</strong> bases scientifiques<br />

et non plus empiriques.<br />

En reconnaissance <strong>de</strong> cette qualité, le 23<br />

novembre 1857, Napoléon III accor<strong>de</strong> à cette<br />

Ecole la parité, et Victor Emmanuel II en fait<br />

<strong>de</strong> même l'année suivante; ce qui signifie que<br />

<strong>les</strong> élèves, à la fin <strong>de</strong> leur quatrième année, pourront dorénavant<br />

aller, aux frais du gouvernement <strong>de</strong> Bucarest, s'inscrire à<br />

la faculté <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine <strong>de</strong> Paris ou <strong>de</strong> Turin et y obtenir leur<br />

doctorat. Inlassable organisateur et fondateur, Carlos Davila<br />

est aussi acteur, témoin l'enseignement qu'il assure lui-même:<br />

cliniques médico-chirurgica<strong>les</strong>, leçons <strong>de</strong> sciences naturel<strong>les</strong>,<br />

<strong>de</strong> chimie, <strong>de</strong> géographie, <strong>de</strong> français, etc. avec toujours pour<br />

but <strong>de</strong> se servir <strong>de</strong>s éléments roumains à la place <strong>de</strong>s étrangers,<br />

comme on l'avait toujours fait auparavant.<br />

Le 29 janvier 1859, il épouse Marie Marsille, la fille d'un<br />

mé<strong>de</strong>cin roumain d'origine française. Mais alors que Valachie<br />

et Moldavie sont en train <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir la Roumanie sous le<br />

sceptre du prince Cuza, son bonheur, à lui, va être <strong>de</strong> courte<br />

durée. En effet, le 25 février 1860, il perd en même temps sa<br />

jeune femme <strong>de</strong> vingt-quatre ans et son premier enfant... "Que<br />

<strong>de</strong> la mort sorte la vie" s'exclame-t-il en inaugurant l'Asile <strong>de</strong><br />

Jeunes fil<strong>les</strong> <strong>de</strong> Cotroceni qu'il venait <strong>de</strong> créer grâce à la dot<br />

<strong>de</strong> son épouse défunte et pour apaiser quelque peu sa propre<br />

douleur. Trois ans plus tard cet orphelinat <strong>de</strong>viendra l'Azilul<br />

Elena Doamna, en l'honneur <strong>de</strong> la princesse Cuza.<br />

(lire pages suivantes)<br />

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Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

22 38<br />

BOTOSANI <br />

<br />

<br />

BAIA MARE<br />

ORADEA<br />

SUCEAVA<br />

CLUJ TARGU<br />

<br />

ARAD<br />

<br />

MURES<br />

<br />

IASI<br />

DEVA<br />

FOCSANI <br />

<br />

TIMISOARA<br />

<br />

<br />

<br />

SIBIU<br />

BRASOV<br />

GALATI<br />

<br />

BRAILA <br />

PITESTI <br />

CRAIOVA<br />

<br />

<br />

BUCAREST<br />

CONSTANTA<br />

<br />

Trente ans<br />

au service<br />

<strong>de</strong> la Roumanie<br />

Quand le Prince Barbu Stirbay<br />

rencontrera Carol Davila pour la<br />

première fois, en août 1853, il aura<br />

peine à croire que ce jeune homme,<br />

au visage <strong>de</strong> fillette, avait pu être<br />

désigné par la Faculté <strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>cine<br />

<strong>de</strong> Paris pour répondre à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

qu’il avait envoyée.<br />

Mais bien vite, grâce à ses<br />

immenses qualités médica<strong>les</strong> et<br />

mora<strong>les</strong>, grâce à son activité ininterrompue,<br />

Davila va démontrer qu'il<br />

est bien l'homme qu'il fallait. Trente<br />

ans durant, il n'en finira pas <strong>de</strong><br />

créer et <strong>de</strong> développer enseignements<br />

et institutions, accumulant<br />

ainsi <strong>de</strong> nombreux titres en signe <strong>de</strong><br />

reconnaissance.<br />

Celui qui réorganisa totalement<br />

la mé<strong>de</strong>cine militaire roumaine, faisant<br />

d'elle un service sanitaire en<br />

état <strong>de</strong> faire face à toutes <strong>les</strong><br />

nécessités <strong>de</strong> la guerre, saura aussi<br />

mettre son empreinte personnelle et<br />

française sur la mé<strong>de</strong>cine civile,<br />

créant notamment une Ecole <strong>de</strong><br />

Chirurgie qui <strong>de</strong>viendra Ecole<br />

Nationale <strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>cine et <strong>de</strong><br />

Pharmacie, puis Faculté <strong>de</strong><br />

Mé<strong>de</strong>cine.<br />

Sa vie privée sera par contre,<br />

aussi douloureuse que sa carrière<br />

médicale avait été éblouissante :<br />

<strong>de</strong>ux fois marié, <strong>de</strong>ux fois il perdra<br />

tragiquement son épouse. Malgré<br />

l'énigme complète <strong>de</strong>s douze premières<br />

années <strong>de</strong> sa vie, Carol<br />

Davila apparaît comme l'organisateur,<br />

presque à lui seul, <strong>de</strong> la mé<strong>de</strong>cine<br />

scientifique roumaine, qu'il sut<br />

fortement imprégner <strong>de</strong> l'esprit <strong>de</strong><br />

l'école médicale française.<br />

Connaissance eet ddécouverte<br />

Fondateur <strong>de</strong> la pharmacopée et <strong>de</strong>s hôpitaux roumains<br />

Promu inspecteur général du service <strong>de</strong> Santé avec le gra<strong>de</strong> <strong>de</strong> général, Carol<br />

Davila voit enfin quatre <strong>de</strong> ses meilleurs élèves envoyés à Paris pour achever le cycle<br />

<strong>de</strong> leurs étu<strong>de</strong>s médica<strong>les</strong>. En septembre 1860, il va <strong>les</strong> accompagner en France, étant<br />

également chargé par un arrêté <strong>de</strong> juillet 1860 du Gouvernement roumain <strong>de</strong> visiter <strong>les</strong><br />

hôpitaux et d'étudier <strong>les</strong> règ<strong>les</strong> d'organisation qui pourraient être adaptées chez eux.<br />

Après plus <strong>de</strong> sept ans d'absence, c'est l'occasion pour Davila <strong>de</strong> "retremper son âme<br />

fatiguée près <strong>de</strong> tous ces coeurs vaillants" <strong>de</strong> France, dont la famille Guépin qu'il visite<br />

quelques jours. De retour en Roumanie, il n'a <strong>de</strong> cesse <strong>de</strong> réorganiser le service <strong>de</strong><br />

Santé, notamment celui <strong>de</strong> campagne, en le dotant d'hôpitaux temporaires, d'ambulances,<br />

d'infirmiers attachés aux corps <strong>de</strong> troupe et d'une compagnie sanitaire mobile.<br />

Le 30 avril 1861, il se marie selon le rite orthodoxe avec une nièce du générai<br />

Nicolas Go<strong>les</strong>cu, chef <strong>de</strong> Cabinet et ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> camp du prince Cuza : il s'agit d'Anna<br />

Racovitza, un cœur ar<strong>de</strong>nt et généreux qui s'occupera <strong>de</strong>s orphelins <strong>de</strong> l'Asile, désirant<br />

leur servir à la fois <strong>de</strong> mère et d'éducatrice. En 1862, tandis qu'elle donne naissance à<br />

Alexandre, leur premier enfant, Davila jette <strong>les</strong> bases <strong>de</strong> la pharmacopée roumaine,<br />

crée un laboratoire <strong>de</strong> chimie, qui <strong>de</strong>viendra plus tard Institut chimique universitaire,<br />

fon<strong>de</strong> un orphelinat pour garçons puis, plus tard, un autre pour <strong>les</strong> sourds-muets et<br />

enfin dresse <strong>les</strong> plans d'un jardin botanique à Cotroceni.<br />

A ces importantes fonctions militaires <strong>de</strong> Davila s'ajoutent en 1863, celle d'éphore<br />

<strong>de</strong>s hôpitaux civils, c'est-à-dire qu'il <strong>de</strong>vient directeur <strong>de</strong> tout le service sanitaire<br />

civil ! Mais ce cumul <strong>de</strong> fonctions commence à faire quelques envieux : en 1864, tandis<br />

qu'il accompagne en Turquie le prince Cuza qui avait décidé d'aller visiter le Pacha<br />

Abdoul Azis, d'incroyab<strong>les</strong> intrigues se font jour, autour <strong>de</strong>s nouvel<strong>les</strong> chaires <strong>de</strong><br />

l'Ecole <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine, menées notamment par le docteur Gluck, un juif autrichien<br />

récemment arrivé à Iasi et qui entendait bien faire rapi<strong>de</strong>ment sa place grâce à l'appui<br />

<strong>de</strong> Ion Bratianu, le Premier ministre. On souhaite même que Davila soit <strong>de</strong>stitué: le<br />

prince Cuza refuse... puis accepte <strong>de</strong> signer cette <strong>de</strong>stitution... avant <strong>de</strong> rétablir finalement<br />

Davila dans toutes ses fonctions civi<strong>les</strong> et militaires !...<br />

Accueillant Carol 1er qui lui vouera une amitié illimitée<br />

et accourant au secours <strong>de</strong> la France pendant la guerre <strong>de</strong> 1870<br />

La famille s'agrandit avec la naissance d'un second enfant, prénommé Elena en<br />

honneur <strong>de</strong> sa marraine la princesse Elena Cuza. Quelque temps plus tard, en février<br />

1866, le prince Cuza ayant abdiqué, Carol Davila fait partie <strong>de</strong> la délégation qui se<br />

rend sur <strong>les</strong> bords du Rhin pour convaincre le prince Char<strong>les</strong> <strong>de</strong> Hohenzollern <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>venir roi <strong>de</strong> Roumanie. Ce <strong>de</strong>rnier entre à Bucarest en mai 1866 sous le nom <strong>de</strong><br />

Carol Ier <strong>de</strong> Hohenzollern et manifestera une amitié illimitée envers Davila, qui l'accompagnera<br />

très souvent dans ses voyages, comme par exemple en Moldavie, en<br />

1867, d'ou il reviendra très fatigué, ayant lutté contre une très violente épidémie <strong>de</strong><br />

choléra, et quelque peu découragé par la misère et l'effroyable désorganisation sanitaire<br />

qui régnaient encore dans cette région. Le 13 février <strong>de</strong> cette même année, l'Ecole<br />

<strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine est déclarée Faculté <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine <strong>de</strong> l'Université <strong>de</strong> Bucarest ; le 27<br />

juillet, Carol Ier pose la première pierre du nouvel hôpital <strong>de</strong> Pantélimon, tandis que<br />

Davila fon<strong>de</strong> une école <strong>de</strong> Sages-femmes et un institut d'Hydrologie.<br />

En mai 1869, après quatre ans d'attente, Davila obtient la ratification <strong>de</strong> sa naturalisation<br />

roumaine, pour laquelle le Sénat avait proclamé que "c'était une <strong>de</strong>tte d'honneur<br />

<strong>de</strong> voter cette naturalisation". Mais Carol Davila n'en oublie pas pour autant la<br />

France, surtout le 10 juillet 1870 quand survient la déclaration <strong>de</strong> guerre entre la<br />

France et l'Allemagne. La Roumanie refusant <strong>de</strong> prendre parti dans cette entrée en<br />

guerre, Davila <strong>de</strong>man<strong>de</strong> un congé et rejoint Paris le 13 août 1870 afin <strong>de</strong> se faire engager<br />

par la Croix Rouge. Félix-Hippolyte Larrey, qui le reconnaît, lui propose la chefferie<br />

d'une ambulance, mais Davila refuse pour intégrer mo<strong>de</strong>stement une formation<br />

sanitaire qui doit quitter Paris pour Sedan. Mais vers Briey, cette ambulance tombe<br />

dans une embusca<strong>de</strong> prussienne: <strong>les</strong> uhians <strong>les</strong> font prisonniers et Carol Davila est<br />

appelé à soigner <strong>de</strong>s b<strong>les</strong>sés allemands et également français.


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

La dissolution <strong>de</strong>s ambulances internationa<strong>les</strong> ayant eu<br />

lieu le 4 octobre 1870, Davila regagne la Roumanie encore<br />

enrichi par <strong>les</strong> nombreuses expériences rencontrées pendant<br />

cette campagne.<br />

La terrible méprise du 13 janvier 1874<br />

À la fin <strong>de</strong> 1871, un nouvel<br />

orage, dû à la jalousie et aux<br />

intrigues, éclate. Il est accusé par<br />

le Conseil universitaire <strong>de</strong> Iasi,<br />

érigé en tribunal, <strong>de</strong> falsifications<br />

<strong>de</strong>s actes publics: ne lui<br />

reproche-t-on pas d'avoir conféré<br />

le titre <strong>de</strong> docteur en mé<strong>de</strong>cine à<br />

certains élèves qui n'auraient pas<br />

pris leur doctorat à Paris ou à<br />

Turin?... Se sentant victime<br />

d'une infâme machination et<br />

considérant son honneur comme<br />

injustement attaqué, il déci<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

se défendre seul. Les chefs d'accusation<br />

sont combattus <strong>les</strong> uns après <strong>les</strong> autres, <strong>de</strong> sorte que<br />

Davila peut enfin écrire au prince Dimitri Ghica : acquittement<br />

unanime sur tous <strong>les</strong> chefs d'accusation. Triomphe complet sur<br />

ses calomniateurs. Invitée à l'Exposition universelle <strong>de</strong> Vienne<br />

<strong>de</strong> 1873, la Roumanie n'y est représentée que dans la section<br />

agriculture. Davila déci<strong>de</strong> d'y faire participer, à ses frais,<br />

l'Asile Elena Doamna dans <strong>les</strong> sections <strong>de</strong> l'enseignement scolaire<br />

et <strong>de</strong> l'éducation <strong>de</strong> la femme. Il y obtient trois diplômes,<br />

dont un pour la qualité <strong>de</strong> son asile.<br />

Le 13 janvier 1874 va rester pour Carol Davila le jour le<br />

plus sombre <strong>de</strong> sa vie. Ce dimanche marin, Anna Racovitza est<br />

à l'hôpital <strong>de</strong> Coltea où son mari vient <strong>de</strong> terminer sa leçon<br />

hebdomadaire publique <strong>de</strong> chimie : se sentant souffrante et fiévreuse,<br />

elle réclame un cachet <strong>de</strong> quinine que le chef <strong>de</strong> laboratoire<br />

s'empresse d'aller chercher parmi <strong>les</strong> bocaux d'alcaloï<strong>de</strong>s.<br />

Hélas ! dans sa précipitation il se trompe <strong>de</strong> bocal : <strong>de</strong><br />

retour chez elle, Anna meurt trente minutes plus tard dans d'affreuses<br />

douleurs ayant absorbé <strong>de</strong> la strychnine... À quarantesix<br />

ans, Davila se retrouve veuf pour la secon<strong>de</strong> fois, submergé<br />

par un chagrin immense et n'ayant plus pour but que <strong>de</strong> vivre<br />

pour ses <strong>de</strong>ux enfants.<br />

Sur <strong>les</strong> champs <strong>de</strong> bataille<br />

<strong>de</strong> l'indépendance roumaine<br />

En 1877 éclate la guerre <strong>de</strong> l'Indépendance roumaine<br />

contre la Turquie: elle se poursuivra <strong>de</strong> longs mois au cours<br />

<strong>de</strong>squels, comme l'écrira Davila, "<strong>les</strong> Turcs vont souffrir<br />

aujourd'hui <strong>les</strong> maux que leur barbarie faisait subir aux<br />

Chrétiens". Emmené par son inspecteur général, le service<br />

Sanitaire <strong>de</strong> l'armée roumaine montre un zèle, une abnégation<br />

admirab<strong>les</strong>, au point que le Prince Carol remercie Davila en lui<br />

écrivant : "J'éprouve un plaisir particulier à vous exprimer<br />

personnellement ma princière satisfaction, vous assurant en<br />

même temps <strong>de</strong> l'estime que je vous gar<strong>de</strong>".<br />

Les nombreux voyages, <strong>les</strong> guerres, <strong>les</strong> luttes contre <strong>les</strong><br />

Connaissance eet ddécouverte<br />

épidémies altèrent peu à peu la santé <strong>de</strong> Davila. Bientôt un<br />

énorme anthrax nécessite une incision, à la suite <strong>de</strong> laquelle se<br />

déclarent une lymphangite, puis un commencement d'érysipèle.<br />

Il s'en sort, mais fatigué et affaibli. Un autre coup bas l'affaiblit<br />

encore davantage, quand on cherche à l'occasion <strong>de</strong>s<br />

débats parlementaires <strong>de</strong> 1882 sur <strong>les</strong> lois du Service sanitaire,<br />

à l'atteindre politiquement en<br />

proposant qu'il soit nommé<br />

simple inspecteur <strong>de</strong> circonscription.<br />

Encore une fois, il se<br />

sent atteint <strong>de</strong> façon injuste et<br />

"se regar<strong>de</strong> comme l'objet d'une<br />

élimination illégale équivalant à<br />

son expulsion <strong>de</strong> l'année".<br />

Inspecteur général du Service<br />

sanitaire roumain, il ne peut, <strong>de</strong><br />

par sa dignité, accepter d'occuper<br />

une fonction inférieure car,<br />

dit-il, "on pourrait croire alors<br />

que je l'ai méritée ou qu'il existe<br />

dans mon passé une tache qui<br />

l'a provoquée. Je <strong>de</strong>man<strong>de</strong> donc<br />

une enquête sur toute ma vie, et alors si je mérite d'être puni,<br />

humilié et dégradé, que ce soit conformément à la loi".<br />

La Roumanie telle que l’a découverte Carol Davila<br />

et que l’a peinte l’aquarelliste maltais Josef John Preziosi.<br />

Funérail<strong>les</strong> nationa<strong>les</strong> pour ce Français<br />

qui avait consacré toute sa vie à la Roumanie<br />

En décembre 1882, le prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la République française<br />

le nomme comman<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> la Légion d'Honneur, lui apportant<br />

ainsi un certain réconfort moral. Mais à nouveau un ru<strong>de</strong><br />

coup au cœur lui sera asséné quand, une nuit <strong>de</strong> 1884, le feu se<br />

déclare à l'Asile Elena Doamna. Il se voit dans l'obligation <strong>de</strong><br />

s'aliter, puis retrouve quelques forces pour reprendre ses cours<br />

jusqu'à la fin du mois <strong>de</strong> juin. Son état s'aggrave pourtant : la<br />

caféine et la morphine ne le calment plus. Il aura juste le temps<br />

d'apprendre que ses mérites sont officiellement reconnus puisqu'il<br />

est décidé <strong>de</strong> le nommer général <strong>de</strong> division ! Maigre<br />

satisfaction pour celui qui avait tant fait pour son pays d'adoption...<br />

Le 7 septembre 1884, Carol Davila s'éteint à l'âge <strong>de</strong><br />

cinquante-six ans juste après avoir murmuré: "c'est par le cœur<br />

que j'ai vécu, c'est par le cœur que je meurs".<br />

On fît <strong>de</strong>s funérail<strong>les</strong> nationa<strong>les</strong> à ce Français qui avait<br />

consacré toute sa vie active au service <strong>de</strong> la Roumanie. On<br />

éleva en 19<strong>01</strong>, une statue gran<strong>de</strong>ur nature en bronze <strong>de</strong>vant la<br />

faculté <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine <strong>de</strong> Bucarest à celui qui n'a certes laissé<br />

aucune œuvre scientifique, mais qui peut être considéré<br />

comme le véritable organisateur <strong>de</strong> la mé<strong>de</strong>cine civile et militaire<br />

<strong>de</strong> la Roumanie.<br />

On commémora, en 1930, le centenaire présumé <strong>de</strong> la<br />

naissance <strong>de</strong> celui dont on ignore tout, <strong>de</strong> sa naissance jusqu'à<br />

sa quinzième année, mais dont on ne peut oublier, quelle que<br />

soit son origine, la dignité <strong>de</strong> caractère, l'infatigable activité,<br />

l'altruisme et l'amour sans limite pour sa patrie d'adoption. On<br />

a commémoré, en 1984, le centenaire <strong>de</strong> la mort ce celui qui<br />

est tout simplement le fondateur <strong>de</strong> l'enseignement médical,<br />

pharmaceutique et vétérinaire roumain...<br />

Daniel Geoffroy<br />

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Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

22 40<br />

BAIA<br />

<br />

MARE<br />

ORADEA<br />

<br />

BISTRITA<br />

<br />

<br />

BOTOSANI<br />

<br />

SUCEAVA CHISINAU<br />

<br />

<br />

TARGU IASI<br />

ARAD<br />

CLUJ<br />

MURES<br />

<br />

DEVA<br />

<br />

<br />

TIMISOARA<br />

<br />

<br />

SIBIU<br />

BRASOV<br />

GALATI<br />

<br />

PITESTI <br />

CRAIOVA<br />

<br />

<br />

BUCAREST<br />

BRAILA <br />

<br />

TULCEA<br />

CONSTANTA<br />

<br />

Voici vingt ans,<br />

la chasse aux<br />

"faiseuses d'anges"<br />

Une <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s affaires <strong>de</strong><br />

l'année 1984 en Roumanie a été la<br />

chasse aux "faiseuses d'anges", liton<br />

dans L'état du mon<strong>de</strong> 1984 sous<br />

la plume <strong>de</strong> Thierry Paquot. La haute<br />

autorité politique a considéré que<br />

l'avortement était "antisocialiste", et<br />

que <strong>les</strong> famil<strong>les</strong> sans enfants étaient<br />

<strong>de</strong>s traîtres à la nation. Le 7 mars<br />

1984, Nicolae Ceausescu a déclaré<br />

qu'"avoir et élever <strong>de</strong>s enfants (était)<br />

le plus noble <strong>de</strong>voir patriotique<br />

civique <strong>de</strong> chaque famille".<br />

Joignant la pratique à la théorie,<br />

<strong>de</strong>s contrô<strong>les</strong> médicaux obligatoires<br />

ont été fait dans plusieurs usines <strong>de</strong><br />

la capitale afin <strong>de</strong> dépister <strong>les</strong> grossesses<br />

en cours et <strong>les</strong> suivre jusqu'à<br />

leur terme. Les mé<strong>de</strong>cins pratiquant<br />

<strong>de</strong>s avortements ont été menacés <strong>de</strong><br />

peines plus dures (dix ans <strong>de</strong> prison).<br />

La Roumanie est alors avec<br />

l'URSS, un <strong>de</strong>s rares pays où l'espérance<br />

<strong>de</strong> vie diminue. C'est aussi un<br />

pays où le taux <strong>de</strong> natalité est particulièrement<br />

faible: moins <strong>de</strong> cinq<br />

pour mille en 1983.<br />

En 1983, la population roumaine<br />

a augmenté <strong>de</strong> 66 485 personnes,<br />

alors qu'on a comptabilisé 421 386<br />

interruptions <strong>de</strong> grossesse pour 321<br />

498 naissances. Évi<strong>de</strong>mment <strong>les</strong><br />

démographes roumains ne doivent<br />

pas établir <strong>de</strong> relations entre la<br />

dégradation <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> vie<br />

(rationnement <strong>de</strong>s produits <strong>de</strong> base,<br />

hausse <strong>de</strong>s prix, baisse <strong>de</strong>s salaires,<br />

difficulté pour se loger, environnement<br />

policier, etc.) et cette chute vertigineuse<br />

<strong>de</strong> la natalité. "A quand<br />

l'obligation d'enfanter?" se <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

Thierry Paquot (L'état du mon<strong>de</strong><br />

1984, La Découverte, Paris, 1984).<br />

Histoire<br />

Connaissance eet ddécouverte<br />

La jeune femme fut décapitée<br />

à la hache par <strong>les</strong> Allemands<br />

Olga Bancic, héroïne roumaine<br />

engagée dans la Résistance française<br />

Plusieurs Roumains, le plus souvent engagés dans <strong>de</strong>s organisations <strong>de</strong><br />

gauche ou communistes, participèrent activement à la résistance française<br />

contre <strong>les</strong> Allemands, pendant l'Occupation. Au sein <strong>de</strong>s FTPF, (Francs<br />

Tireurs et Partisans Français) et <strong>de</strong> la MOI (Main d'Oeuvre Immigrée), ils formeront<br />

un groupe roumain. Les FTP-MOI <strong>de</strong> la région parisienne seront même dirigés au<br />

départ par Boris Holban, d'origine roumaine. Celui-ci refusant <strong>de</strong> multiplier <strong>de</strong>s<br />

actions qui conduisent à l'arrestation <strong>de</strong> nombreux Résistants, la direction du mouvement<br />

le remplacera en 1943 par Missak Manouchian, un Arménien très engagé politiquement,<br />

qui formera le célèbre "groupe<br />

Manouchian". Il sera démantelé après l'assassinat,<br />

à Paris, du haut responsable S.S. Julius Ritter, bras<br />

droit <strong>de</strong> Fritz Sauckel, l'organisateur <strong>de</strong>s raf<strong>les</strong> <strong>de</strong><br />

main d'œuvre qualifiée à travers l'Europe pour <strong>les</strong><br />

besoins <strong>de</strong> l'industrie alleman<strong>de</strong>. Parmi <strong>les</strong><br />

Résistants arrêtés, dont beaucoup seront fusillés<br />

après avoir été torturés, dont <strong>les</strong> 23 <strong>de</strong> "L'Affiche<br />

rouge", <strong>de</strong>ux Roumains, Joseph Boczov et Olga<br />

Bancic, seule femme qui sera exécutée.<br />

Exécutée le jour <strong>de</strong> ses 32 ans<br />

Olga Bancic était née en 1912 dans une famille<br />

juive <strong>de</strong> Chisinau (Bessarabie, aujourd'hui<br />

République <strong>de</strong> Moldavie). Dès l'âge <strong>de</strong> douze ans<br />

elle était arrêtée, battue et mise en prison pour<br />

avoir participé à une grève dans la fabrique <strong>de</strong> matelas où elle travaillait. Entre 1933<br />

et 1938, alors qu'elle n'a qu'une vingtaine d'années, elle <strong>de</strong>vint membre actif et porteparole<br />

d'organisations <strong>de</strong> travailleurs, faisant <strong>de</strong> très nombreux séjours en prison, ce<br />

qui <strong>de</strong>vint une habitu<strong>de</strong>. En 1938, la jeune femme arrivait en France et donnait un<br />

coup <strong>de</strong> main aux Républicains espagnols dans leur lutte contre le fascisme, aidant à<br />

convoyer <strong>de</strong>s armes.<br />

La Secon<strong>de</strong> Guerre mondiale la surprit alors qu'elle venait <strong>de</strong> donner naissance à<br />

une petite fille, Dolores. La jeune mère trouva une famille française pour la gar<strong>de</strong>r et<br />

s'engagea dans la Résistance française <strong>de</strong>s FTP-MOI. Elle assemblait <strong>de</strong>s bombes et<br />

aidait au transport d'explosifs <strong>de</strong>stinés à faire dérailler <strong>les</strong> trains <strong>de</strong> munitions et <strong>de</strong><br />

ravitaillement <strong>de</strong>s Allemands. Olga Bancic fut arrêtée par la Gestapo le 6 novembre<br />

1943, torturée, ne révélant aucune information, condamnée à mort, torturée à nouveau,<br />

transférée en Allemagne, à Stuttgart, rejugée et condamnée à mort une nouvelle fois.<br />

La Résistante fût décapitée à la hache par <strong>les</strong> Allemands, selon le sort que <strong>les</strong> nazis<br />

réservaient aux femmes, le 10 mai 1944, le jour <strong>de</strong> ses 32 ans.<br />

Participant à la moitié <strong>de</strong>s actions du groupe Manouchian<br />

Un <strong>de</strong> ses compagnons <strong>de</strong> lutte, Arsène Tchakarian du groupe Manouchian, se<br />

souvient d'elle :"Son nom <strong>de</strong> guerre était Pierrette, je ne savais pas qu'elle s'appelait<br />

Olga, ni qu'elle était juive, ni qu'elle était mariée avec Alexandre Jar, grand responsable<br />

aussi dans le groupe <strong>de</strong>s FTP/MOI, ni qu'elle avait une petite fille qui était<br />

gardée à la campagne. "Pierrette" était chargée du transport <strong>de</strong>s armes. Les femmes<br />

qui transportaient <strong>les</strong> armes faisaient un travail beaucoup plus dangereux que ceux qui<br />

combattaient <strong>les</strong> armes à la main, el<strong>les</strong> ne pouvaient se défendre. Le chef <strong>de</strong> groupe<br />

préparait l'action, puis conduisait ses camara<strong>de</strong>s au ren<strong>de</strong>z-vous.


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

Les femmes - Anna Richter, Olga Bancic - <strong>de</strong>vaient, à<br />

l'heure dite, apporter <strong>de</strong>s grena<strong>de</strong>s et <strong>de</strong>s revolvers (nous en<br />

avions très peu). Puis il fallait <strong>les</strong> récupérer après l'action. Ce<br />

qui <strong>les</strong> exposait terriblement, car après le bouleversement d'un<br />

attentat, le quartier était tout <strong>de</strong> suite encerclé par la sécurité<br />

alleman<strong>de</strong>, <strong>les</strong> maisons fouillées et quelquefois <strong>les</strong> rames <strong>de</strong><br />

métro arrêtées.<br />

Les hommes qui avaient tiré s'enfuyaient immédiatement<br />

à vélo, mais Olga qui avait attendu que <strong>les</strong> combattants aient<br />

fini leur travail, ne bougeait pas et elle récupérait <strong>les</strong> armes<br />

près d'un métro.<br />

Dans certains quartiers ces actions étaient particulièrement<br />

diffici<strong>les</strong>. C'était une époque où <strong>les</strong> résistants vivaient<br />

dans la crainte d'être pris, ils étaient sans cesse aux aguets, se<br />

méfiaient <strong>de</strong> tout. Le danger était si grand que beaucoup <strong>de</strong><br />

camara<strong>de</strong>s avaient l'impression qu'ils n'iraient pas jusqu'au<br />

bout, jusqu'à la Libération. Il fallait passer et repasser à travers<br />

Ma chère petite fille, mon<br />

cher petit amour, Ta mère<br />

écrit la <strong>de</strong>rnière lettre, ma<br />

chère petite, <strong>de</strong>main à 6 heures, le 10<br />

mai, je ne serai plus.<br />

Mon amour, ne pleure pas, ta mère ne<br />

pleure pas non plus. Je meurs avec la<br />

conscience tranquille et avec toute la<br />

conviction que <strong>de</strong>main tu auras une vie et<br />

un avenir plus heureux que ta mère. Tu<br />

n'auras plus à souffrir. Sois fière <strong>de</strong> ta<br />

Cristina Boïco, est décédée en France voici un an à<br />

l'âge <strong>de</strong> 85 ans. Cette gran<strong>de</strong> résistante d'origine<br />

roumaine pendant l'occupation alleman<strong>de</strong> <strong>de</strong> la<br />

France, a été également une figure marquante du régime communiste<br />

dans son pays jusqu'au début <strong>de</strong>s années 50.<br />

Cristina Boïco était née à Botosani le 8 août 1916, sous le<br />

nom <strong>de</strong> Bianca Marcusohn. Devenue communiste, comme bon<br />

nombre <strong>de</strong> Juifs roumains, dès ses années <strong>de</strong> lycée (1932), elle<br />

entreprit <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> biologie à Bucarest, qu'elle voulait<br />

poursuivre en France où elle arriva en 1938. La guerre l'en<br />

empêcha: dès 1940, elle prit une part active dans la Résistance,<br />

participant notamment à la manifestation étudiante du 11<br />

novembre, place <strong>de</strong> l'Etoile à Paris. Entrée en contact avec le<br />

groupe roumain <strong>de</strong> la MOI (Main d'Oeuvre Immigrée du Parti<br />

Communiste Français), elle intégra <strong>les</strong> Francs-tireurs et partisans<br />

(FTP) dès leur création en 1942 et participa à l'OS, organisation<br />

spéciale <strong>de</strong> la Résistance communiste chargée <strong>de</strong>s<br />

tâches <strong>les</strong> plus dangereuses.<br />

Responsable du service <strong>de</strong> renseignements <strong>de</strong>s FTP-MOI,<br />

au côté du responsable militaire Boris Holban, dans le fameux<br />

groupe dirigé par Missak Manouchian, elle échappa miraculeusement<br />

à la chute <strong>de</strong>s membres <strong>de</strong> "L'Affiche rouge" (résis-<br />

mère, mon petit amour. J'ai toujours ton<br />

image <strong>de</strong>vant moi. Je vais croire que tu<br />

verras ton père, j'ai l'espérance que lui<br />

aura un autre sort. Dis-lui que j'ai toujours<br />

pensé à lui comme à toi. Je vous<br />

aime <strong>de</strong> tout mon cœur. Tous <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux<br />

vous m'êtes chers.<br />

Ma chère enfant, ton père est, pour<br />

toi, une mère aussi. Il t'aime beaucoup.<br />

Tu ne sentiras pas le manque <strong>de</strong> ta mère.<br />

Mon cher enfant, je finis ma lettre avec<br />

Connaissance eet ddécouverte<br />

<strong>les</strong> mail<strong>les</strong> du filet. Ils pensaient toujours qu'ils seraient pris et<br />

fusillés. Les femmes étaient <strong>les</strong> plus attentives, el<strong>les</strong> faisaient<br />

très attention. Il y avait ceux dans le groupe qui n'avaient peur<br />

<strong>de</strong> rien, ceux dont <strong>les</strong> famil<strong>les</strong> avaient été déportées, ce qui <strong>les</strong><br />

rendaient encore plus combatifs.<br />

La plupart <strong>de</strong>s militants avaient dû opter pour la clan<strong>de</strong>stinité,<br />

surtout <strong>les</strong> juifs, qui vivaient dans <strong>de</strong>s conditions terrib<strong>les</strong>.<br />

Le groupe prenait <strong>de</strong>s risques énormes, car <strong>les</strong> actions<br />

étaient directes. Il y en avait au moins une par jour, parfois<br />

<strong>de</strong>ux. Olga participa à une centaine d'attaques contre 1'armée<br />

alleman<strong>de</strong>, c'est-à-dire près <strong>de</strong> la moitié <strong>de</strong>s combats menés<br />

par le groupe Manouchian.<br />

Nous ne savions rien d'elle, pour <strong>de</strong>s raisons <strong>de</strong> sécurité.<br />

Pour elle, semblait-il, seul l'idéal comptait. Le vendredi soir,<br />

elle était toujours anxieuse. J'avais compris qu'elle avait un<br />

enfant quelque part, qu'elle allait voir le samedi. Une fillette <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>ux ans... "<br />

L'adieu <strong>de</strong> Olga à sa fillette Dolorès<br />

l'espérance que tu seras heureuse pour<br />

toute ta vie avec ton père, avec tout le<br />

mon<strong>de</strong>. Je vous embrasse <strong>de</strong> tout mon<br />

cœur, beaucoup, beaucoup.<br />

Adieu mon amour.<br />

Ta mère".<br />

Condamnée à mort au procès <strong>de</strong><br />

l'Affiche Rouge, Olga Bancic a été<br />

transférée à Stuttgart (Allemagne) pour y<br />

être décapitée à la hache le 10 mai 1944,<br />

le jour <strong>de</strong> ses trente <strong>de</strong>ux ans.<br />

Cristina Boïco : <strong>de</strong> la clan<strong>de</strong>stinité contre <strong>les</strong> nazis,<br />

en France, au régime communiste roumain et à la mise à l'écart<br />

tants juifs et communistes, le plus souvent originaires<br />

d'Europe <strong>de</strong> l'Est, livrés à la vindicte <strong>de</strong> la population par la<br />

propagan<strong>de</strong> nazie et une affiche <strong>les</strong> présentant comme <strong>de</strong>s terroristes<br />

obéissant à l'étranger) en novembre 1943, et poursuivit<br />

ses missions dans la zone Nord jusqu'à la Libération.<br />

Revenue en Roumanie après la guerre, Cristina Boïco<br />

entra dans la presse et la diplomatie du nouveau régime communiste,<br />

comme directrice au ministère <strong>de</strong> l'Information en<br />

1945-1947, membre <strong>de</strong> l'ambassa<strong>de</strong> <strong>de</strong> Roumanie à Belgra<strong>de</strong><br />

en 1947-1948, puis du cabinet d'Ana Pauker, au ministère <strong>de</strong>s<br />

Affaires étrangères, <strong>de</strong> 1948 à 1952.<br />

Mariée en 1950 à Mihaïl Boïco, ancien responsable <strong>de</strong>s<br />

Briga<strong>de</strong>s internationa<strong>les</strong> et <strong>de</strong>venu alors général, elle fut mise<br />

à l'écart comme lui par <strong>les</strong> purges staliniennes <strong>de</strong> 1952 qui<br />

s'abattirent sur <strong>les</strong> dirigeants communistes venus <strong>de</strong> la<br />

Résistance dans tous <strong>les</strong> pays du bloc soviétique. Elle dut se<br />

"reconvertir" en enseignant à la faculté <strong>de</strong> biologie et <strong>de</strong>s<br />

sciences politiques.En 1987, elle revint s'installer en France<br />

pour se rapprocher <strong>de</strong> ses enfants et échapper aux misères <strong>de</strong><br />

la fin <strong>de</strong>s années Ceausescu. Elle consacra dès lors son temps,<br />

par nombre <strong>de</strong> conférences et d'artic<strong>les</strong>, à faire connaître l'histoire<br />

<strong>de</strong> la Résistance à laquelle elle avait participé.<br />

22 41


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

22 42<br />

<br />

<br />

BAIA MARE<br />

SUCEAVA<br />

ORADEA<br />

<br />

<br />

TARGU MURES IASI<br />

ARAD<br />

CLUJ <br />

BACAU<br />

<br />

DEVA<br />

<br />

<br />

<br />

TIMISOARA SIBIU<br />

BRASOV<br />

<br />

GALATI<br />

<br />

PITESTI <br />

CRAIOVA<br />

<br />

<br />

BUCAREST<br />

<br />

T. MAGURELE<br />

BRAILA <br />

<br />

TULCEA<br />

CONSTANTA<br />

"Regard francoroumain":<br />

enfin un<br />

magazine francophone<br />

en Roumanie<br />

Lancé en novembre <strong>de</strong>rnier, mais<br />

paraissant effectivement et régulièrement<br />

<strong>de</strong>puis février, "Regard francoroumain",<br />

mensuel francophone<br />

édité en Roumanie, et parrainé par<br />

l'ambassa<strong>de</strong> <strong>de</strong> France et la<br />

Chambre <strong>de</strong> Commerce franco-roumaine<br />

<strong>de</strong> Bucarest, comble un grand<br />

vi<strong>de</strong> que ressentaient tous ceux qui<br />

pratiquent notre langue dans ce pays<br />

et attendaient qu'un magazine en<br />

français leur ren<strong>de</strong> compte <strong>de</strong> la vie<br />

<strong>de</strong> la société roumaine et française.<br />

"Regard" s'adresse à la fois aux<br />

Roumains "ayant l'usage du français"<br />

et aux Français vivant en Roumanie<br />

pour <strong>les</strong> informer sur leur communauté<br />

affective et d'intérêt, et leur prêter<br />

un regard, volontiers complice et<br />

solidaire, sur <strong>les</strong> évènements concernant<br />

leurs <strong>de</strong>ux patries. Ainsi le<br />

numéro <strong>de</strong>ux (février) comprend-il<br />

<strong>de</strong>s artic<strong>les</strong> sur la venue <strong>de</strong> Char<strong>les</strong><br />

Aznavour à Bucarest, la présentation<br />

du film "Good bye Lénine" en<br />

Roumanie, <strong>les</strong> agriculteurs français<br />

du Banat, le débat sur le voile et<br />

l'augmentation du prix <strong>de</strong>s cigarettes<br />

en France, etc. ainsi que <strong>de</strong>s<br />

rubriques spectac<strong>les</strong>, sortir à<br />

Bucarest et dans le pays, actualité…<br />

En couleur, <strong>de</strong> présentation très<br />

agréable, le magazine, dont la rédaction<br />

franco-roumaine est dirigée par<br />

un professionnel, Christian Casteran,<br />

paraît le premier jeudi <strong>de</strong> chaque<br />

mois et est mis en vente au prix <strong>de</strong><br />

79 000 lei (2 €, 13 F). Il est possible<br />

<strong>de</strong> s'y abonner <strong>de</strong>puis la France (30<br />

€, 200 F, site Internet www.mmp.ro,<br />

tel : 00 40 21 233 39 75).<br />

<br />

Médias<br />

Connaissance eet ddécouverte<br />

Depuis la rentrée, nombre <strong>de</strong> Roumains se précipitent chaque samedi sur la<br />

<strong>de</strong>rnière page du "Jurnalul National". Ils ont ren<strong>de</strong>z-vous avec le premier<br />

feuilleton <strong>de</strong> ban<strong>de</strong> <strong>de</strong>ssinée politique publiée dans le pays, <strong>les</strong><br />

"Gorobeti", nom à la tonalité à la fois sonore et balkanique, totalement inventé par son<br />

créateur, le <strong>de</strong>ssinateur Vali. Les "Gorobeti" sont <strong>de</strong>s petits malins qui se débrouillent<br />

toujours, et <strong>de</strong> préférence sur le dos <strong>de</strong>s autres.<br />

Dans leurs aventures à la Pieds nickelés, le lecteur<br />

reconnaît sans peine <strong>les</strong> plus hauts personnages<br />

du pays, tant leur caricature, à la fois bonhomme<br />

par un <strong>de</strong>ssin rond et féroce par leur<br />

comportement, est ressemblante. D'ailleurs, en<br />

con<strong>de</strong>nsant dans ses épiso<strong>de</strong>s hebdomadaires<br />

l'actualité politique, <strong>les</strong> débor<strong>de</strong>ments ou <strong>les</strong><br />

scanda<strong>les</strong> <strong>de</strong> la semaine, le <strong>de</strong>ssinateur n'hésite<br />

pas à <strong>les</strong> désigner directement par leurs surnoms.<br />

Vali Ivan est, avec Ion Barbu <strong>de</strong> "Ziua" ("Le<br />

Jour"), l'un <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux seuls caricaturistes <strong>de</strong> presse<br />

roumain vivant exclusivement <strong>de</strong> son métier.<br />

Sa notoriété, gran<strong>de</strong> dans le pays, et son style,<br />

amènent à le comparer à Plantu du "Mon<strong>de</strong>" ou<br />

à Furadini <strong>de</strong> la "Stampa" <strong>de</strong> Milan. Des influences qu'il reconnaît, lui qui n'aime pas<br />

l'humour américain ou anglo-saxon, pêchant à ses yeux par manque <strong>de</strong> subtilité, mais<br />

qui se délecte <strong>de</strong>s ambiances latines auxquel<strong>les</strong> il rajoute son parfum balkanique.<br />

L'ingénieur mécanicien reconverti<br />

Sous ses <strong>de</strong>ssins rigolards et "sympa",<br />

le caricaturiste se montre féroce<br />

Avec Vali, Jurnalul National<br />

et la Roumanie ont leur Plantu<br />

Rien ne <strong>de</strong>stinait cet Oltène à la carrière <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssinateur. Agé aujourd'hui <strong>de</strong> 43<br />

ans, natif <strong>de</strong> Turnu Magurele, père <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux garçons, Vali avait tout pour mener une<br />

paisible et classique vie familiale, avec Daniela, sa femme, ingénieur mécanicien<br />

comme lui, qu'il fréquentait <strong>de</strong>puis l'âge <strong>de</strong> trois ans, sa future belle-mère ayant été<br />

aussi son institutrice. Mais le jeune homme avait également <strong>de</strong>s dispositions pour l'art.<br />

Pas seulement pour le <strong>de</strong>ssin, puisqu'il sculpte à ses heures perdues, ses parents<br />

conservant précieusement sa première statue, un buste <strong>de</strong> Ju<strong>les</strong> Verne.<br />

La liberté <strong>de</strong> la presse recouvrée lui a permis d'exercer ses talents, en passant par<br />

<strong>les</strong> plus grands journaux roumains : tout d'abord "Evenimentul Zilei" ("L'Evènement<br />

du Jour"), en 1992, puis Romania Libera où on lui <strong>de</strong>mandait 3 à 4 caricatures chaque<br />

jour, "A<strong>de</strong>varul" ("La Vérité"), journal le plus influent du pays où il est resté plus <strong>de</strong><br />

cinq ans, et enfin "Jurnalul National", où sa femme l'a suivi comme journaliste, et<br />

qui vient <strong>de</strong> changer sa formule et sa rédaction, embauchant toute l'équipe<br />

d'"Evenimentul Zilei", avec l'ambition <strong>de</strong> concurrencer <strong>les</strong> plus grands.<br />

"Pendant la guerre d'Irak, mes <strong>de</strong>ssins étaient pro-français à 100 %"<br />

Tous <strong>les</strong> jours, Vali, qui travaille chez lui, fournit par e-mail la caricature <strong>de</strong> la première<br />

page. Il la prépare dès la veille, en lisant tous <strong>les</strong> journaux, s'imbibant <strong>de</strong> l'actualité,<br />

à la radio, à la télé, pour être prêt à réagir. A minuit, il fait la revue <strong>de</strong> presse<br />

sur Internet, sélectionne <strong>les</strong> informations. "Je me sens davantage journaliste que <strong>de</strong>ssinateur"<br />

reconnaît-il.<br />

Le processus <strong>de</strong> maturation est alors en route, et le <strong>de</strong>ssinateur se couche vers 3-<br />

4 heures du matin. Le réveil est programmé invariablement à 9 h. Parfois - Miracle !<br />

- la bonne idée jaillit immédiatement, mais souvent le stress l'envahit.


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

Exigeant, jamais content <strong>de</strong><br />

ses <strong>de</strong>ssins, Vali en fait souvent<br />

<strong>de</strong>s boulettes <strong>de</strong> papier qui<br />

atterrissent dans la corbeille.<br />

Mais il lui arrive aussi d'éclater<br />

<strong>de</strong> rire <strong>de</strong>vant ses trouvail<strong>les</strong>.<br />

Là, il est sûr <strong>de</strong> son coup !<br />

La guerre d'Irak s'est révélé<br />

particulièrement éprouvante.<br />

Les évènements s'enchaînaient<br />

d'heure en heure et Vali <strong>de</strong>vait<br />

souvent renoncer à une idée<br />

pour en trouver une autre. "A<br />

cette époque-là, je peux dire<br />

que mes <strong>de</strong>ssins étaient profrançais<br />

à 100 %" se souvientil..<br />

A contrario, en vue <strong>de</strong>s jours<br />

où l'actualité est désespérément creuse, le <strong>de</strong>ssinateur s'est<br />

constitué une réserve <strong>de</strong> caricatures utilisab<strong>les</strong> à tout moment.<br />

Des problèmes <strong>de</strong> maths<br />

ou <strong>de</strong> physique quantique pour se relaxer<br />

Vali réfléchit <strong>de</strong>puis longtemps à la création d'un personnage<br />

<strong>de</strong> ban<strong>de</strong> <strong>de</strong>ssinée qui aurait en Roumanie le succès<br />

d'Astérix dans <strong>les</strong> pays francophones. Mais il s'est rendu à l'é-<br />

Le s<br />

télés<br />

pectateursroumains<br />

n'ont pratiquement rien su <strong>de</strong> l'ampleur<br />

<strong>de</strong> la crise <strong>de</strong> confiance <strong>de</strong> l'UE à<br />

l'égard <strong>de</strong> leur pays, qui menace l'échéancier<br />

<strong>de</strong> l'adhésion <strong>de</strong> la Roumanie, selon<br />

une enquête réalisée par l'Agence <strong>de</strong><br />

Monitorisation <strong>de</strong> la Presse, organisme<br />

indépendant qui relève <strong>les</strong> dysfonctionnements<br />

<strong>de</strong>s médias roumains.<br />

Mircea Toma (notre photo) son<br />

directeur, a fait analyser le contenu <strong>de</strong>s<br />

informations <strong>de</strong>s cinq principa<strong>les</strong> chaînes<br />

<strong>de</strong> télévision (Romania 1, Antena 1,<br />

Prima TV, Pro TV, Realitatea TV) et<br />

<strong>de</strong>s sept plus importants quotidiens nationaux,<br />

du 29 janvier au 11 février, ces<br />

<strong>de</strong>ux semaines correspondant au plus fort<br />

<strong>de</strong> cette tourmente qui pose gravement la<br />

question <strong>de</strong> l'avenir européen <strong>de</strong> la<br />

Roumanie et fait peser une menace <strong>de</strong><br />

suspension <strong>de</strong>s négociations avec l'UE.<br />

Il en ressort que <strong>les</strong> téléspectateurs<br />

“Inscriptions au concours <strong>de</strong> mensonges:<br />

Monsieur, dites nous si Blair et Bush se sont déjà<br />

inscrits, pour savoir si on a la moindre petite chance”<br />

Vali (Jurnalul National).<br />

roumains ont eu le sentiment qu'il s'agissait<br />

d'un problème secondaire et que <strong>les</strong><br />

choses étaient rentrées dans l'ordre, une<br />

large place étant donnée aux informations<br />

favorab<strong>les</strong> au Pouvoir et <strong>les</strong> critiques<br />

étant ignorées.<br />

Sur 10 informations diffusées sur le<br />

sujet, 7,14 présentaient <strong>les</strong> arguments du<br />

gouvernement, <strong>les</strong> mises en cause n'en<br />

représentant que 2,75. Le pourcentage<br />

était pratiquement inverse dans <strong>les</strong> quotidiens,<br />

avec 8,5 artic<strong>les</strong> défavorab<strong>les</strong> au<br />

gouvernement et 1,5 favorab<strong>les</strong>. L'action<br />

entreprise par le Pouvoir pour remédier<br />

aux problèmes soulevés par l'UE, <strong>les</strong>quels<br />

toutefois avaient été à peine évoqués,<br />

et se justifier, occupait 19,4 % du<br />

temps d'antenne, contre 1,5 % <strong>de</strong>s<br />

colonnes <strong>de</strong>s journaux. Pendant toute<br />

cette pério<strong>de</strong>, Antenne 1 a été la seule<br />

télévision a osé diffuser <strong>de</strong>ux informations<br />

vraiment critiques.<br />

Alors que 50 % <strong>de</strong>s Roumains ne<br />

s'informent que par la télévision et que<br />

celle-ci, en terme d'audience, représente<br />

Connaissance eet ddécouverte<br />

vi<strong>de</strong>nce : pour intéresser un<br />

éditeur, il faut être assuré <strong>de</strong><br />

l'audience, or le public roumain<br />

est très peu bédéphile. Il<br />

a donc jugé plus pru<strong>de</strong>nt <strong>de</strong><br />

passer par l'étape <strong>de</strong>s<br />

"Gorobeti", sortis tout droit<br />

<strong>de</strong> son imagination, convaincu<br />

que ses compatriotes se<br />

délecteraient à la lecture <strong>de</strong>s<br />

aventures croquigno<strong>les</strong>ques<br />

<strong>de</strong> leurs politiciens, surtout en<br />

cette année électorale.<br />

L'affaire n'est cependant<br />

pas <strong>de</strong> tout repos. Si, pour<br />

l'instant, <strong>les</strong> hauts personnages<br />

mis en scène se sont<br />

bien gardés <strong>de</strong> se manifester, sans-doute par peur du ridicule,<br />

<strong>les</strong> caricaturer en pleine actualité, lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> un jour et une<br />

nuit. Le vendredi à 15 h, la planche doit être remise au journal…<br />

même si le <strong>de</strong>ssinateur a une rage <strong>de</strong> <strong>de</strong>nts et 40° <strong>de</strong><br />

fièvre, comme cela lui est arrivé <strong>de</strong>rnièrement. Débordé,<br />

angoissé, Vali a peu <strong>de</strong> temps à consacrer aux loisirs. Plutôt<br />

que <strong>de</strong> lire, il se plonge dans <strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong> maths ou <strong>de</strong><br />

physique quantique… "çà me relaxe et çà m'ai<strong>de</strong> pour la création<br />

<strong>de</strong>s caricatures qui exigent une précision mathématique"<br />

Les téléspectateurs roumains n'ont pratiquement<br />

rien su <strong>de</strong>s graves problèmes rencontrés par leur pays<br />

La crise <strong>de</strong> confiance <strong>de</strong> l'Europe vis à vis<br />

<strong>de</strong> la Roumanie a révélé une télévision aux ordres<br />

85 % du public contre 15 % pour la presse<br />

écrite, Mircea Toma en déduit qu'il<br />

s'agit là d'un manquement flagrant au<br />

droit <strong>de</strong>s citoyens à être informé.<br />

Cette étu<strong>de</strong> a permis, par ailleurs, <strong>de</strong><br />

constater l'omniprésence d'Adrian<br />

Nastase sur toutes <strong>les</strong> chaînes <strong>de</strong> télévision,<br />

en cette année électorale où il brigue<br />

la succession <strong>de</strong> Ion Iliescu. A lui seul, le<br />

Premier ministre occupe 42 % du temps<br />

d'antenne consacré aux hommes politiques,<br />

Ion Iliescu, 15 %, et <strong>les</strong> lea<strong>de</strong>rs <strong>de</strong><br />

l'Opposition, Theodor Stolojan, Parti<br />

National Libéral, 8 %, Traian Basescu,<br />

Parti Démocrate, 13 %, Corneliu Vadim<br />

Tudor, Parti <strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong> Roumanie, 6 %.<br />

En <strong>de</strong>ux semaines, Adrian Nastase a<br />

fait l'objet <strong>de</strong> 14 sujets positifs et <strong>les</strong> lea<strong>de</strong>rs<br />

<strong>de</strong> l'Opposition, <strong>de</strong> 6 sujets… négatifs.<br />

Quand à la presse écrite, ces artic<strong>les</strong><br />

ont été jugés globalement neutres,<br />

"Evenimentul Zilei" ("L'Evènement du<br />

Jour") se singularisant en en consacrant<br />

27 à <strong>de</strong>s critiques concernant <strong>les</strong> lea<strong>de</strong>rs<br />

politiques au pouvoir.<br />

22 43


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

22 44<br />

<br />

ORADEA<br />

<br />

<br />

BAIA MARE<br />

SUCEAVA<br />

ORADEA<br />

<br />

<br />

CLUJ TARGU MURES IASI<br />

ARAD<br />

<br />

<br />

DEVA<br />

<br />

<br />

TIMISOARA<br />

SIGHISOARA<br />

<br />

<br />

GALATI<br />

SIBIU<br />

BRASOV<br />

<br />

PITESTI <br />

CRAIOVA<br />

<br />

<br />

BUCAREST<br />

BRAILA <br />

<br />

TULCEA<br />

CONSTANTA<br />

Tourisme<br />

<strong>de</strong>ntaire en Hongrie<br />

Les cliniques <strong>de</strong>ntaires constituent<br />

une carte toujours plus importante<br />

pour développer le tourisme en<br />

Hongrie, notamment parmi <strong>les</strong><br />

Britanniques qui paient très cher<br />

leurs soins, relève un article du<br />

"Sunday Times".<br />

A Budapest, <strong>de</strong>s firmes proposent<br />

<strong>de</strong>s services complets avec traitement,<br />

réservation <strong>de</strong> billets d'avions<br />

et d'hôtel, taxi à l'aéroport.<br />

Le touriste peut ainsi se faire<br />

poser une couronne pour 200 €<br />

(1300 F) au lieu <strong>de</strong> 1500 € (10 000<br />

F) chez lui, où <strong>les</strong> tarifs <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ntistes<br />

sont exorbitants. Un appareil <strong>de</strong>ntaire<br />

plus complexe reviendra à 530 €<br />

(3500 F) contre 2800 € (18 500 F).<br />

Les Britanniques<br />

principaux clients <strong>de</strong>s<br />

cliniques <strong>de</strong> Budapest<br />

La directrice <strong>de</strong> la clinique<br />

Kreativ<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> Budapest, dont la<br />

clientèle est constituée à 70 % d'étrangers,<br />

en gran<strong>de</strong> majorité britanniques,<br />

a indiqué qu'un <strong>de</strong> ses<br />

patients anglais s'était fait arracher 17<br />

<strong>de</strong>nts et mettre autant <strong>de</strong> prothèses<br />

pour un coût <strong>de</strong> 5000 € (33 000 F),<br />

alors qu'il aurait dû payer chez lui, au<br />

bas mot 20 000 € (130 000 F).<br />

En Gran<strong>de</strong> Bretagne, <strong>les</strong> assurances<br />

socia<strong>les</strong> remboursent uniquement<br />

<strong>les</strong> frais <strong>de</strong>ntaires <strong>de</strong>s enfants,<br />

<strong>de</strong>s femmes enceintes, <strong>de</strong>s personnes<br />

âgées vivant chez leurs<br />

enfants et qui sont sans ressources,<br />

<strong>de</strong>s bénéficiaires <strong>de</strong> l'ai<strong>de</strong> sociale ;<br />

<strong>les</strong> autres catégories <strong>de</strong> la population<br />

doivent assumer 80 % <strong>de</strong>s frais du<br />

traitement.<br />

<br />

Tourisme<br />

Connaissance eet ddécouverte<br />

“Dracula Park” relancé<br />

avec un institut <strong>de</strong> vampirologie,<br />

<strong>de</strong>s catacombes et un golf ?<br />

Selon la “lettre” <strong>de</strong> la Mission Economique française à Bucarest, le projet <strong>de</strong><br />

Dracula Park, lancé officiellement en novembre 20<strong>01</strong> par le ministre du<br />

Tourisme, Dan Matei Agathon serait relancé. Le schéma initial consistait à<br />

construire le parc en question à Sighisoara, ville médiévale située dans le centre du<br />

pays à environ 250 km <strong>de</strong> Bucarest, pour un montant <strong>de</strong> 31,5 M€ (200 MF). L'UNES-<br />

CO s'est officiellement opposée à sa construction à proximité d'un site classé par ses<br />

soins au patrimoine mondial. !<br />

En 2002, la Fondation britannique Mihai Eminescu et le ministre du Tourisme se<br />

trouvaient dans l'obligation <strong>de</strong> rechercher un autre emplacement pour ce projet dont la<br />

construction avait été prévue pour avril 2002. ! Suite à une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> marché effectuée<br />

en 2003 par le consultant PriceWaterHouseCoopers pour trouver l'emplacement idéal,<br />

Dan Agathon a officiellement annoncé, début février 2003, que le site <strong>de</strong> Snagov<br />

(proche <strong>de</strong> Bucarest ) était désigné. En mars <strong>2004</strong>, ce projet vient d'être relancé par le<br />

gouvernement et une date d'inauguration a été arrêtée pour mai 20<strong>05</strong>. Le coût a plus<br />

que doublé pour atteindre 70 M€ (460 MF).<br />

Outre <strong>les</strong> activités initialement prévues, à savoir : une base sportive, un amphithéâtre<br />

pour <strong>les</strong> spectac<strong>les</strong>, un institut international <strong>de</strong> “vampirologie”, une exposition<br />

en miniature <strong>de</strong>s édifices roumains, un château <strong>de</strong> Dracula, <strong>de</strong>s catacombes, un restaurant<br />

aménagé sur le lac, <strong>de</strong>s manèges, un jardin labyrinthe, un espace pour construire<br />

<strong>de</strong>s chalets, <strong>de</strong>s villas et un hôtel <strong>de</strong> quatre étoi<strong>les</strong>, il est désormais envisagé d'y<br />

inclure également un terrain <strong>de</strong> golf, un hippodrome, une piste <strong>de</strong> karting ainsi qu’un<br />

parc aquatique, ce qui a conduit à réviser à la hausse le budget prévisionnel.<br />

Echanges<br />

Le Premier ministre français<br />

avait chargé Michel Hunault,<br />

député UMP <strong>de</strong> Loire-<br />

Atlantique, d'établir un rapport sur l'état<br />

<strong>de</strong> la coopération <strong>de</strong>s collectivités loca<strong>les</strong><br />

avec <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l'Est.<br />

Il était en effet apparu, au gré <strong>de</strong>s<br />

liens séculaires ou <strong>de</strong>s élans <strong>de</strong> solidarité,<br />

que nombre <strong>de</strong> communes, départements<br />

et régions avaient mis le cap à l'Est, tissant<br />

<strong>de</strong>s relations étroites avec leurs<br />

homologues <strong>de</strong>s "PECO" (Pays d'Europe<br />

Centrale et Orientale). Michel Hunault a<br />

remis ses conclusions, relevant que 524<br />

partenariats, allant du jumelage classique,<br />

pour <strong>les</strong> communes, aux formations<br />

pour <strong>les</strong> fonctionnaires locaux,<br />

avaient été entrepris.<br />

Au total, 465 communes, 44 départements<br />

et 15 régions se sont engagés dans<br />

ce genre d'opérations. La Roumanie vient<br />

en tête avec 199 interventions, chiffre dû<br />

à l'importance <strong>de</strong> l'implcation <strong>de</strong> com-<br />

Collectivités loca<strong>les</strong>:<br />

La Roumanie en tête <strong>de</strong> la<br />

coopération avec <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l'Est<br />

munes françaises (189), mais qui ne doit<br />

pas cacher le relatif désintérêt <strong>de</strong>s départements<br />

(8) et surtout <strong>de</strong>s régions (2), le<br />

cœur <strong>de</strong> ces collectivités ne semblant pas<br />

marcher à l'unisson <strong>de</strong> celui <strong>de</strong> leurs<br />

administrés dans ce domaine. La force <strong>de</strong><br />

cette coopération franco-roumaine avait<br />

été mise en évi<strong>de</strong>nce en septembre <strong>de</strong>rnier,<br />

par l'organisation <strong>de</strong>s premières<br />

assises <strong>de</strong> Villefranche <strong>de</strong> Rouergue.<br />

Voici le classement <strong>de</strong> ces partenariats<br />

:<br />

1- Roumanie : 199 (189 communes,<br />

8 départements, 2 régions)<br />

2- Pologne : 175 (175 communes, 13<br />

départements, 15 régions)<br />

3- Hongrie : 51 (39,7,5),<br />

4- République Tchèque : 50 (46,2,2)<br />

5- Slovaquie : 12 (9,3,0),<br />

6- Slovénie : 8 (8,0,0)<br />

7- Bulgarie :7 (7,0,0)<br />

8- Lettonie : 7 (6,1,0)<br />

9- Lituanie : 6 (5,1,0).


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

Tourisme<br />

Desesti et <strong>les</strong> autres villages <strong>de</strong> la commune,<br />

Harnicesti et Mara, s'égrènent le long <strong>de</strong> la douce<br />

vallée <strong>de</strong> la petit rivière Mara. Entrée Ouest <strong>de</strong>s<br />

Maramures, la région est réputée pour ses églises en bois aux<br />

clochers effilés. En voiture, vous ne verrez peut-être rien qui<br />

vous poussera à vous arrêter, mais faites le et allez aux renseignements<br />

à la mairie… Immédiatement vous serez charmé par<br />

la simplicité et la gentil<strong>les</strong>se <strong>de</strong> l'accueil.<br />

Arbres à cassero<strong>les</strong> et portails sculptés<br />

Une promena<strong>de</strong> dans le village permet d'admirer <strong>les</strong> bel<strong>les</strong><br />

maisons traditionnel<strong>les</strong> avec <strong>les</strong> grands<br />

portails en bois sculpté, véritab<strong>les</strong> oeuvres<br />

d'art. Vous serez surpris <strong>de</strong> découvrir dans<br />

quelques cours <strong>de</strong> maisons d'étranges<br />

"arbres à cassero<strong>les</strong>". Certains vous diront<br />

qu'il s'agit d'une vieille coutume: <strong>les</strong> habitants<br />

faisaient sécher leurs cassero<strong>les</strong> sur<br />

cet arbre et plus il y en avait et plus ils<br />

montraient qu'ils étaient riches !<br />

Dans un écrin <strong>de</strong> verdures, l'église en<br />

bois domine le village, entourée <strong>de</strong> son<br />

cimetière. Très bien restaurée, c'est un<br />

joyau parmi <strong>les</strong> églises <strong>de</strong>s Maramures. A<br />

l'intérieur, <strong>de</strong> somptueuses icônes sur bois.<br />

De plus <strong>les</strong> murs sont recouverts d'imageries<br />

religieuses naïves, peintes à même le<br />

bois.<br />

A visiter, <strong>de</strong>s ateliers <strong>de</strong> tissage <strong>de</strong><br />

tapis aux teintures végéta<strong>les</strong>, <strong>de</strong> gravures<br />

et sculptures sur bois, <strong>de</strong> costumes folkloriques que <strong>les</strong> habitants<br />

portent encore le dimanche et <strong>les</strong> jours <strong>de</strong> fêtes. Au fil du<br />

courant <strong>de</strong> la Mara, <strong>de</strong>ux vieux moulins, l'un à farine et l'autre<br />

à foulon dans lequel <strong>les</strong> tapis <strong>de</strong> laine, après avoir été foulés<br />

par l'eau, et rendus très doux, sèchent au bord <strong>de</strong> la rivière.<br />

Une bala<strong>de</strong> dans <strong>les</strong> prés fleuris au bord <strong>de</strong> la rivière offre<br />

également <strong>de</strong>s endroits idylliques pour le pique-nique et la<br />

pêche, au milieu du courant en eau vive.<br />

L'ancienne voie <strong>de</strong> chemin <strong>de</strong> fer Baia Mare - Sighet permet<br />

d'utiliser aujourd'hui un tracé <strong>de</strong> marche à pied et <strong>de</strong> VTT<br />

<strong>de</strong>s plus intéressants. Pourquoi ne pas aller en randonnée<br />

jusque Sighet, ça ne fait que 32 km !<br />

Le circuit <strong>de</strong>s églises <strong>de</strong> bois<br />

Beaucoup d'autres choses sont à voir dans <strong>les</strong> environs :<br />

- Ocna Sugatag à 3 km <strong>de</strong> Sugatag: Sur la N18 vers<br />

Connaissance eet ddécouverte<br />

La Roumanie authentique<br />

A Desesti et dans le Maramures,<br />

<strong>les</strong> traditions ne sont pas du folklore<br />

Sighet…C'est une station balnéo-climatique où une gran<strong>de</strong><br />

piscine d'eau salée vous soulagera, entre autre, <strong>de</strong> vos rhumatismes.<br />

- Le circuit <strong>de</strong> la vallée Cosau : Toujours vers Sighet, à la<br />

hauteur <strong>de</strong> Berbesti à 20 km, remonter la vallée du Cosau, là<br />

où cette rivière rejoint la Mara. Tout au long <strong>de</strong> son cours sur<br />

18 km, <strong>de</strong>s églises en bois, <strong>de</strong>s villages tous plus beaux <strong>les</strong> uns<br />

que <strong>les</strong> autres, ce sont: Feresti, Cornesti, Calinesti, Sârbi et<br />

Bu<strong>de</strong>sti.<br />

Excursion <strong>de</strong> 2 jours pour randonneurs entraînés au mont<br />

Creasta cocosului (Crête du coq) et même jusqu'aux sources<br />

minéra<strong>les</strong> d'Izvoare.<br />

- Baia Mare à 40 km: Dans le très petit<br />

centre historique restant <strong>de</strong> cette gran<strong>de</strong><br />

ville industrielle, la belle Piata Libertatii,<br />

entourée <strong>de</strong> quelques vieil<strong>les</strong> rues aux<br />

<strong>de</strong>meures baroques. A voir : une série <strong>de</strong><br />

tours dont la tour Stephan, la cathédrale<br />

baroque <strong>de</strong> la Sainte Trinité, le musée <strong>de</strong><br />

l'art plastique, le parc <strong>de</strong> la ville, un musée<br />

d'art populaire.<br />

Le Viflaim<br />

ou journée <strong>de</strong>s masques<br />

- En mai, dans le village d'Hoteni, a<br />

lieu le "Tânjaua" qui fête le meilleur<br />

laboureur <strong>de</strong> l'année.<br />

- Les 29 juin, 20 juillet, 15 août et 8<br />

septembre, dans tous <strong>les</strong> villages, <strong>de</strong>s<br />

cortèges consacrés aux fêtes religieuses<br />

mais aussi aux agriculteurs et éleveurs.<br />

- Début septembre à Desesti, l' "Europa Kilometrul 0", qui<br />

est un festival <strong>de</strong> poésie.<br />

- Sous la neige à Noël, le 24: gigantesque "charivari" <strong>de</strong><br />

la jeunesse.<br />

- Le 25: le "Viflaim" ou journée <strong>de</strong>s masques qui parcourent<br />

la campagne en dansant et chantant…<br />

Humeur<br />

Si vous êtes particulièrement intéressé par la culture<br />

populaire, c'est sans aucun doute ici qu'il faut venir. Les habitants<br />

vivent encore profondément en harmonie avec leurs traditions,<br />

ce n'est pas du folklore pour eux et la pério<strong>de</strong> hivernale<br />

en ce sens est la meilleurs saison pour faire une halte prolongée<br />

dans ce beau coin <strong>de</strong> pays…<br />

Martine et Jean Bovon-Dumoulin<br />

Pour en savoir plus, retrouvez <strong>les</strong> bonnes adresses <strong>de</strong> Martine et Jean Bovon-Dumoulin en commandant le gui<strong>de</strong><br />

OVR Retea Turistica "Au pays <strong>de</strong>s Villages roumains" qui permet <strong>de</strong> partir à la découverte d'une Roumanie authentique<br />

à l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> fiches en couleurs. Comman<strong>de</strong>s à adresser à Martine Bovon-Dumoulin, Borgeaud, 35, 1196 Gland, CH<br />

Suisse. Joindre un chèque <strong>de</strong> 20 € (port compris) à son ordre.<br />

22 45


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

22 46<br />

<br />

<br />

BAIA MARE<br />

SUCEAVA<br />

ORADEA<br />

<br />

<br />

TARGU IASI<br />

ARAD CLUJ <br />

MURES<br />

<br />

<br />

<br />

DEVA <br />

TIMISOARA<br />

BACAU<br />

BRASOV<br />

<br />

<br />

SIBIU<br />

ISACCEA<br />

BRAILA <br />

<br />

PITESTI <br />

TULCEA<br />

CRAIOVA<br />

<br />

<br />

BUCAREST<br />

CONSTANTA<br />

"Tu feras du foot…<br />

si tu apprends<br />

le français"<br />

Bonjour!"… La voix est enfantine,<br />

rieuse. Je me retourne. L'auteur <strong>de</strong><br />

ce salut sympathique est un gamin<br />

<strong>de</strong> onze ans qui a <strong>de</strong>viné ma nationalité.<br />

Son ballon sous le bras, le<br />

visage encore recouvert <strong>de</strong> sueur,<br />

sa pauvre chemise maculée <strong>de</strong><br />

tâches <strong>de</strong> boue, il me sourit, tout fier<br />

<strong>de</strong> son effet.<br />

- Ainsi, tu par<strong>les</strong> français ?<br />

- Oui.<br />

Je m'adresse à son copain :<br />

- Et toi ?<br />

- Comme ci, comme çà.<br />

-Vous avez quel âge ?<br />

-Onze ans ! me répon<strong>de</strong>nt-ils en<br />

chœur.<br />

-Alors, vous apprenez le français<br />

à l'école ?<br />

-Non, on a choisi l'anglais !<br />

-Mais alors, d'où le savez-vous ?<br />

-De la gradinitsa (la maternelle).<br />

C'est là qu'on l'a appris, mais on a<br />

oublié.<br />

"Vive Zidane !" me lance l'un, "Et<br />

Thierry Henri !", rajoute son copain…<br />

Tous <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux, apparemment issus<br />

<strong>de</strong> milieux mo<strong>de</strong>stes, s'enfuient dans<br />

un grand rire.<br />

Je reprends ma bala<strong>de</strong> dans <strong>les</strong><br />

rues <strong>de</strong> Craiova. Cette scène<br />

impromptue me fait méditer sur le<br />

<strong>de</strong>venir <strong>de</strong> notre langue en<br />

Roumanie. Je trouve <strong>de</strong> moins en<br />

moins <strong>de</strong> jeunes la parlant, et <strong>les</strong><br />

chiffres avancés pour marquer son<br />

audience - un élève sur <strong>de</strong>ux<br />

apprendrait le français, contre un<br />

peu plus <strong>de</strong> 40 % l'anglais - me laissent<br />

perplexes. Je signerais déjà<br />

volontiers pour un résultat inverse.<br />

<br />

Francophonie<br />

Connaissance eet ddécouverte<br />

Chez <strong>les</strong> jeunes et même dans la classe d'âge intermédiaire - <strong>les</strong> 30-45 ans<br />

- l'usage du français me paraît en recul sensible. Certes et heureusement,<br />

on rencontre encore <strong>de</strong> jeunes adultes s'exprimant dans notre langue, mais<br />

<strong>de</strong> moins en moins souvent. J'ai eu, si on peut dire, cette chance à Brasov, l'automne<br />

<strong>de</strong>rnier. Malencontreusement, j'avais embouti le<br />

pare-choc d'une voiture au cours d'une marche<br />

arrière. Son conducteur, certainement aimable <strong>de</strong><br />

nature, se l'est montré encore plus quand il a découvert<br />

mon origine. S'excusant pour son mauvais<br />

français - en fait très correct mais il ne l'avait plus<br />

pratiqué <strong>de</strong>puis quinze ans - il m'expliqua qu'on<br />

<strong>de</strong>vait aller à la police, car pour faire réparer son<br />

véhicule il avait besoin d'une attestation d'acci<strong>de</strong>nt<br />

montrant qu'il ne s'agissait pas d'un trafic.<br />

Ces formalités terminées, installés <strong>de</strong>vant une<br />

tasse <strong>de</strong> café, nous avons fait connaissance d'une<br />

manière plus civilisée. Paul a 35 ans. Ingénieur bio-<br />

chimiste à Bucarest, il ne s'exprime qu'en anglais<br />

ou en roumain dans le cadre <strong>de</strong> son activité. A 12<br />

ans, quand il fallu choisir une langue au collège, il<br />

voulut opter pour l'anglais, déjà comme la majorité <strong>de</strong> ses copains. Ces parents étaient<br />

"Vieille France" et désiraient qu'il pratique la langue <strong>de</strong> Molière. Un compromis fût<br />

trouvé. Paul apprendrait l'anglais à l'école, mais suivrait <strong>de</strong>s cours particuliers <strong>de</strong><br />

français. Finalement, seule la première partie du contrat fût respectée.<br />

Deux ans plus tard, le garçon voulut s'inscrire dans une équipe <strong>de</strong> football. Sa<br />

mère l'attendait au tournant et lui mit le marché en main : "C'est d'accord, si cette foisci<br />

tu apprends vraiment le français". Elle avait déjà trouvé un professeur. Paul, enfant<br />

obéissant et qui voulait faire plaisir à ses parents, obtempéra d'autant plus facilement<br />

que Platini était son idole.<br />

Mais cette fois-ci ce fût le premier terme du contrat qui ne fût pas rempli : débordé<br />

par ses étu<strong>de</strong>s, Paul ne pratiqua jamais le football… mais apprit notre langue! Plus<br />

tard, au lycée, une vieille professeur <strong>de</strong> français repéra une douzaine d'ado<strong>les</strong>cents<br />

dans son cas, issus <strong>de</strong> cours particuliers. Elle <strong>les</strong> réunit et leur assura bénévolement un<br />

enseignement intensif qui en fit <strong>de</strong> parfaits francophones à 18 ans.<br />

La Chartreuse et Pif à la rescousse<br />

Le changement <strong>de</strong> génération entraîne<br />

une perte d'audience <strong>de</strong> notre langue<br />

Zidane et Platini <strong>de</strong>rniers défenseurs<br />

du français chez <strong>les</strong> jeunes Roumains<br />

Le talent immense du grand<br />

comédien Dan Puric est aussi<br />

un hommage à la Francophonie.<br />

Assurément, le changement <strong>de</strong> génération entraîne une forte perte d'audience pour<br />

le français. Les parents ne sont plus là pour pousser leurs enfants à l'apprendre et le<br />

phénomène ne peut que s'accentuer. S'exprimant merveilleusement dans notre langue,<br />

le grand comédien Dan Puric, 42 ans, me raconta qu'il n'y vint aussi que sous la pression<br />

<strong>de</strong> ses parents, alors qu'il avait déjà une quinzaine d'années.<br />

Il avait eu la chance d'avoir un vieux professeur d'origine française particulièrement<br />

pédagogue. Lors <strong>de</strong> son premier cours, celui-ci lui déclara " Jeune homme, avant<br />

<strong>de</strong> passer à cette grammaire ennuyeuse, nous allons commencer par <strong>de</strong>s choses<br />

sérieuses " et, se dirigeant vers <strong>les</strong> rayons <strong>de</strong> sa bibliothèque, il en sortit une bouteille<br />

<strong>de</strong> Chartreuse verte, cachée <strong>de</strong>rrière sa collection <strong>de</strong> Balzac et ses dictionnaires, qui<br />

ragaillardit l'élève et le maître. Conquis par ce raffinement <strong>de</strong> la civilisation française,<br />

Dan Puric a fait <strong>de</strong>puis <strong>de</strong> nombreux séjours dans l'Hexagone, dont l'un l'a conduit<br />

pour une sorte <strong>de</strong> pèlerinage reconnaissant dans le massif abritant <strong>les</strong> alambics <strong>de</strong>s<br />

moines du célèbre monastère.


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

Il ne faudrait surtout pas oublier le rôle considérable joué<br />

par une autre "valeur sûre" <strong>de</strong> notre culture auprès <strong>de</strong>s jeunes<br />

Roumains dans <strong>les</strong> années 70 et 80. "Pif-gadjet", seule publication<br />

étrangère autorisée dans la Roumanie ceausesciste, car<br />

éditée par le Parti communiste français, bien qu'elle n'ait aucun<br />

contenu idéologique, a fait se précipiter <strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong> milliers<br />

<strong>de</strong> jeunes vers la découverte et l'apprentissage du<br />

français. Aujourd'hui, ils ont entre 25 et 45 ans, Pif est mort et<br />

Ju<strong>les</strong> Verne et Alexandre Dumas, <strong>les</strong> auteurs étrangers <strong>de</strong> très<br />

loin <strong>les</strong> plus lus en Roumanie n'ont plus ce rayonnement universel<br />

auprès d'une jeunesse que la chute du Mur <strong>de</strong> Berlin a<br />

poussé dans <strong>les</strong> bras <strong>de</strong> la culture Coca-Cola et Mc Donald.<br />

Epreuve <strong>de</strong> vérité<br />

Pour préserver un peu <strong>de</strong> son influence, le français peut<br />

sans-doute compter sur l'admirable enthousiasme <strong>de</strong> ces professeurs<br />

qui, à travers toute la Roumanie, ont, pendant <strong>de</strong>s<br />

décennies, largement confondu métier et sacerdoce, comme<br />

Dorina, cette directrice du lycée d'Isaccea, rencontrée en mai<br />

1990. Chargé par mon journal <strong>de</strong> couvrir <strong>les</strong> premières élections<br />

démocratiques du pays, je l'avais parcouru <strong>de</strong> long en<br />

large et m'étais brusquement<br />

arrêté dans cette petite et charmante<br />

localité à l'entrée du <strong>de</strong>lta<br />

du Danube… à la vue miraculeuse<br />

<strong>de</strong> villageois attablés à<br />

l'ombre <strong>de</strong>s tilleuls <strong>de</strong>vant <strong>de</strong>s<br />

gran<strong>de</strong>s chopes remplies <strong>de</strong><br />

bière et débordant <strong>de</strong> mousse. Il<br />

faisait terriblement chaud et ce<br />

breuvage avait disparu du paysage<br />

roumain <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s semaines.<br />

Malheureusement, ma comman<strong>de</strong><br />

à peine passée, je fus<br />

presque kidnappé et conduit <strong>de</strong><br />

force <strong>de</strong>vant le maire, jetant <strong>de</strong>s<br />

regards désespérés sur le <strong>de</strong>mi que l'on s'apprêtait à me servir.<br />

Mais un personnage aussi important qu'un étranger, le premier<br />

qui s'aventurait dans cette commune <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s années, se<br />

<strong>de</strong>vait <strong>de</strong> lui être présenté. Homme jovial et ouvert, mais ne<br />

parlant pas le français, le maire envoya quérir Dalina. Celle-ci<br />

lâcha aussitôt sa classe et accouru.<br />

Tout en reprenant son souffle, sous son émotion qui la faisait<br />

presque trembler, je vis son expression se figer dans un rictus<br />

d'inquiétu<strong>de</strong>. Bien qu'enseignant notre langue <strong>de</strong>puis 25<br />

ans, Dalina n'avait jamais eu l'occasion <strong>de</strong> parler à un Français.<br />

Pour elle, bien plus que tous ses examens passés réunis, <strong>les</strong><br />

quelques phrases qu'elle <strong>de</strong>vait prononcer allaient se révéler<br />

comme l'épreuve <strong>de</strong> vérité. Embarrassé, je l'encourageais du<br />

regard. Elle n'en avait pas besoin. Son français, classique, était<br />

très pur.<br />

Plus tard dans la soirée, au cœur d'une clairière en bordure<br />

du fleuve, alors que <strong>les</strong> formu<strong>les</strong> <strong>de</strong> politesse avaient <strong>de</strong>puis<br />

longtemps laissé la place à <strong>de</strong>s conversations débridées et<br />

animées, entrecoupées <strong>de</strong> rires et d'exclamations, dans une<br />

ambiance <strong>de</strong> chau<strong>de</strong> amitié entretenue par la tsuica d'abricots<br />

accompagnant <strong>de</strong>s grilla<strong>de</strong>s, Dalina se confia.<br />

Ses plus grands moments <strong>de</strong> bonheur, elle <strong>les</strong> avait vécus<br />

l'été, sur <strong>les</strong> plages toutes proches <strong>de</strong> la Mer Noire. Là, avant<br />

que le régime <strong>de</strong> Ceausescu ne tourne au délire paranoïaque et<br />

ne décourage la venue <strong>de</strong> touristes étrangers, elle s'efforçait <strong>de</strong><br />

repérer <strong>de</strong>s baigneurs français. Alors, discrètement, elle rapprochait<br />

le plus possible sa serviette <strong>de</strong> bain et passait <strong>de</strong>s<br />

après-midis à <strong>les</strong> écouter parler…<br />

Le len<strong>de</strong>main matin, Dalina me fit visiter son lycée. Son<br />

mari, professeur <strong>de</strong> musique, avait réuni trois <strong>de</strong> ses classes<br />

qui entamèrent à mon intention un pot-pourri <strong>de</strong> chansons<br />

françaises, <strong>de</strong> "Frère Jacques" à "En passant par la Lorraine"<br />

qui me laissa sans voix. Pas une fausse note, <strong>de</strong>s mots prononcés<br />

impeccablement…<br />

Langue d'opérette<br />

ou réservée aux banquets <strong>de</strong> famille ?<br />

Trouvera-t-on encore longtemps, comme ici, <strong>de</strong>s classes et <strong>de</strong>s professeurs<br />

<strong>de</strong> français aussi attachés à notre langue et culture ?<br />

Connaissance eet ddécouverte<br />

Des Dalina, il en existe beaucoup en Roumanie. Comme<br />

<strong>de</strong>s Léonard en Bucovine, ce professeur qui a transformé l'école<br />

<strong>de</strong> son village et sa fermette en petit coin <strong>de</strong> France, ou<br />

<strong>de</strong>s Dodo Nita, en Olténie, qui a amené à la francophonie une<br />

bonne partie <strong>de</strong> la nouvelle génération <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssinateurs <strong>de</strong> la<br />

ban<strong>de</strong> <strong>de</strong>ssinée roumaine.<br />

Mais pour combien <strong>de</strong><br />

temps encore? Cette génération<br />

<strong>de</strong> "croisés" vieillit et est en<br />

cours <strong>de</strong> remplacement, surtout<br />

en ce qui concerne <strong>les</strong> professeurs.<br />

Les jeunes auront-ils la<br />

même motivation? La France<br />

<strong>les</strong> ai<strong>de</strong>-t-elle bien? Les faitelle<br />

venir systématiquement<br />

chez elle ? Facilite-t-elle leurs<br />

voyages et leurs séjours ? Leur<br />

propose-t-elle <strong>de</strong>s bourses et du<br />

matériel en nombre et quantité<br />

suffisants pour <strong>les</strong> encourager à<br />

diffuser sa culture ? Ou bien, trop conformément à son habitu<strong>de</strong>,<br />

se gargarise-t-elle <strong>de</strong> déclarations qui lui servent <strong>de</strong><br />

réponses mais aussi <strong>de</strong> paravent <strong>de</strong>vant la montée inexorable<br />

<strong>de</strong> l'anglais et <strong>de</strong> son influence qui, eux, se sont donnés <strong>les</strong><br />

moyens d'une offensive dévastatrice ?…<br />

Encore faut-il croire à l'avenir et à l'utilité <strong>de</strong> sa propre<br />

langue ! Malheureusement, le pli se prend, même parmi nos<br />

hauts fonctionnaires, <strong>de</strong> s'exprimer ou <strong>de</strong> rédiger <strong>de</strong>s rapports<br />

en anglais, sous le prétexte qu'elle est une langue <strong>de</strong> communication<br />

internationale.<br />

Envoyé par Renault pour négocier la reprise <strong>de</strong> Dacia, et<br />

ensuite superviser sa restructuration, un <strong>de</strong> ses cadres supérieurs,<br />

<strong>de</strong>venu directeur du constructeur automobile, se targue<br />

publiquement d'avoir mené <strong>les</strong> discussions avec ses partenaires<br />

roumains, parlant tous le français… en anglais.<br />

"C'est la langue <strong>de</strong>s affaires" a-t-il déclaré pour se justifier,<br />

rajoutant qu'il avait voulu aussi éviter "qu'on ne le prenne<br />

par <strong>les</strong> sentiments". Le français serait-il déjà relégué au rang<br />

<strong>de</strong> langue d'opérette ou réservé aux retrouvail<strong>les</strong> <strong>de</strong>s banquets<br />

<strong>de</strong> famille?<br />

Henri Gillet<br />

22 47


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

22 48<br />

ARAD<br />

<br />

<br />

SATU MARE<br />

ORADEA<br />

<br />

DEVA <br />

TIMISOARA<br />

<br />

CLUJ<br />

IASI <br />

<br />

SIBIU<br />

<br />

BRASOV<br />

GALATI<br />

<br />

PITESTI <br />

BRAILA <br />

<br />

PLOIESTI TULCEA<br />

CRAIOVA<br />

<br />

TARGU<br />

MURES<br />

<br />

<br />

SUCEAVA<br />

<br />

BUCAREST<br />

Bon sens<br />

BACAU<br />

<br />

CONSTANTA<br />

Cornel qui vient <strong>de</strong> perdre pour la<br />

nième fois son procès, raconte à<br />

Gheorghe ses déboires avec la<br />

Justice et se lamente sur tout ce que<br />

cela lui coûte.<br />

-Tu sais pas t'y prendre, le sermonne<br />

son ami. C'est pas l'avocat<br />

qu'il faut payer, mais le juge qu'il faut<br />

acheter… çà revient beaucoup<br />

moins cher !<br />

Crise<br />

Bula, revenant <strong>de</strong> l'école, <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

à son père ce qu'est la prospérité:<br />

-C'est simple, la prospérité, c'est<br />

quand tu rou<strong>les</strong> en Merce<strong>de</strong>s, que tu<br />

bois du champagne et que tu sors<br />

avec <strong>de</strong>s jolies fil<strong>les</strong>.<br />

-Et la crise ?<br />

-C'est quand tu prends le métro,<br />

tu bois <strong>de</strong> l'eau et que je me contente<br />

<strong>de</strong> ta mère.<br />

Tourisme<br />

Humour<br />

Un Français, un Allemand et un<br />

Soviétique parlent <strong>de</strong> leurs<br />

vacances.<br />

Le Français : "Chez moi, j'utilise<br />

une Renault, mais quand je vais en<br />

Espagne, on prend la Peugeot familiale".<br />

L'Allemand : "Moi je roule en<br />

Cocinelle, mais pour aller en Grèce,<br />

on utilise la Merce<strong>de</strong>s "<br />

Le Soviétique : "A Moscou, j'ai<br />

une Lada, mais pour aller à l'étranger,<br />

on prend <strong>de</strong>s tanks".<br />

<br />

Infos pratiques<br />

Connaissance eet ddécouverte<br />

Ils se sont mis en quatre<br />

pour vous recevoir...<br />

Comment faire plaisir<br />

à vos amis roumains<br />

Les Roumains accueillent si bien leurs hôtes que ceux-ci ne savent souvent<br />

pas comment <strong>les</strong> remercier. La situation est même gênante car ils <strong>de</strong>vinent<br />

que leurs amis se sont mis en quatre pour leur être agréab<strong>les</strong> et ont dépensé<br />

beaucoup plus que leurs maigres revenus ne le permettaient. Les ca<strong>de</strong>aux qui leur<br />

iront droit au cœur sont ceux qui leur seront uti<strong>les</strong>. Aujourd'hui, on trouve <strong>de</strong> tout en<br />

Roumanie, mais c'est souvent horriblement cher et <strong>de</strong> qualité moyenne. N'oubliez pas<br />

que <strong>les</strong> Roumains, sortant d'une économie <strong>de</strong> pénurie et n'ayant pas encore accès à l'économie<br />

<strong>de</strong> marché, seront beaucoup plus sensib<strong>les</strong> à la quantité qu'à la présentation.<br />

Alors, privilégiez <strong>les</strong> achats efficaces !<br />

On adore le café en Roumanie, mais son prix le rend inaccessible. N'hésitez pas<br />

à en offrir un ou <strong>de</strong>ux kilos à vos amis - du café moulu <strong>de</strong> préférence - et un paquet<br />

<strong>de</strong> 250 g par ci-par là. Pour <strong>les</strong> enfants, le cacao, <strong>les</strong> crèmes à tartiner, genre Nutela,<br />

sont sûrs <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s heureux.<br />

Le Nescafé sera également très apprécié, car <strong>les</strong> Roumains aiment le café instantané,<br />

mais ils n'en ont certainement pas bu <strong>de</strong>puis longtemps. A revenus équivalents,<br />

il coûte quarante fois plus cher qu'en France. Ne vous embarrassez pas <strong>de</strong>s artifices <strong>de</strong><br />

la commercialisation ou <strong>de</strong> la publicité. On préfèrera toujours <strong>de</strong>ux boîtes ordinaires<br />

à une lyophilisée ou décaféinée.<br />

Chocolat, couscous et même du Roquefort<br />

Il en est <strong>de</strong> même pour le chocolat. Les Roumains<br />

en raffolent, mais le leur est, à la fois, cher et mauvais.<br />

Là, vous pouvez vous faire autant plaisir qu'à vos<br />

amis, en choisissant selon <strong>les</strong> goûts <strong>de</strong>s enfants, <strong>de</strong>s<br />

aînés, <strong>de</strong> la grand-mère. Vous êtes sûr du sourire que<br />

vous allez faire naître ! N'hésitez pas à dévaliser <strong>les</strong><br />

Leclerc ou Carrefour, quand, le 2 janvier, <strong>les</strong> gran<strong>de</strong>s<br />

surfaces bra<strong>de</strong>nt à moitié-prix <strong>les</strong> chocolats <strong>de</strong> Noël,<br />

pour en amener tout un assortiment si vous vous ren<strong>de</strong>z<br />

en Roumanie dans <strong>les</strong> semaines suivantes.<br />

Offrir <strong>de</strong>s conserves - du genre couscous, paella -<br />

peut aussi être une bonne idée. Dégustez <strong>les</strong> avec eux, la première fois, car ils risquent<br />

<strong>de</strong> ne pas connaître. Ils apprécieront et cela permettra d'engager une conversation sur<br />

<strong>les</strong> mérites respectifs <strong>de</strong> nos cuisines. Un service à raclette ou à fondue créera une<br />

atmosphère conviviale. N'omettez pas d'amener <strong>les</strong> ingrédients nécessaires et <strong>de</strong> faire<br />

une démonstration. N'oubliez pas non plus d'apporter quelques paquets <strong>de</strong> bonbons -<br />

acidulés, à mâcher, carambars - <strong>de</strong> biscuits -galettes bretonnes, au chocolat ou à la<br />

confiture - ils feront le bonheur <strong>de</strong>s petits, mais aussi <strong>de</strong> bien <strong>de</strong>s grands.<br />

Un peu plus compliqué à amener, et pour <strong>les</strong> gourmets qui ont déjà goûté aux plaisirs<br />

<strong>de</strong>s tab<strong>les</strong> françaises, du fromage: Camembert, Boursin, feront plaisir; le<br />

Roquefort (notre photo) intriguera mais sera le plus souvent plébiscité… surtout si<br />

vous énumérez toutes ses vertus pour la santé. Vous pouvez <strong>les</strong> accompagner <strong>de</strong> plaquettes<br />

<strong>de</strong> beurre dont on a oublié le véritable goût sur place.<br />

Si vous voyagez en avion, vous pouvez tenter d'apporter quelques fruits <strong>de</strong> mer<br />

dans un sac réfrigéré (normalement c'est interdit, mais…): vous vous taillerez un<br />

succès <strong>de</strong> curiosité avec huîtres (ne pas oublier d'amener un couteau spécial pour <strong>les</strong><br />

ouvrir), langoustines et crevettes, palour<strong>de</strong>s… mais vous risquez <strong>de</strong> <strong>les</strong> finir. De<br />

même pour le vin; <strong>les</strong> Roumains n'en sont pas encore vraiment amateurs et vous risquez<br />

d'être déçus par leurs réactions. Ne vous ruinez-pas en Château-Margaux, un<br />

simple cabernet fera l'affaire. Dans ces domaines, tout dépend finalement du profil <strong>de</strong><br />

vos amis.


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

Autant faire <strong>les</strong> gros achats sur place<br />

Surtout n'amenez pas <strong>de</strong> cigarettes ! Il ne s'agit pas là<br />

d'une condamnation morale… mais el<strong>les</strong> coûtent <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux à<br />

trois, voire quatre fois moins chers en Roumanie, à cause du<br />

faible niveau <strong>de</strong>s taxes. Alors, si vous tenez à encourager le<br />

vice, acheter local… au moins vous sauverez la santé <strong>de</strong> votre<br />

porte-monnaie.<br />

Il faut aussi se souvenir que le système <strong>de</strong> santé est pratiquement<br />

en état <strong>de</strong> mort clinique et que <strong>les</strong> Roumains sont<br />

obligés souvent <strong>de</strong> payer et leurs cotisations socia<strong>les</strong>… et leurs<br />

médicaments. Votre ai<strong>de</strong> peut-être décisive, surtout pour <strong>les</strong><br />

personnes âgées qui n'ont pas <strong>les</strong> moyens <strong>de</strong> se soigner.<br />

En <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s médicaments spécifiques, vous pouvez<br />

apporter <strong>de</strong>s produits <strong>de</strong> base, genre aspirine. Les vitamines<br />

seront aussi <strong>les</strong> bienvenues, car <strong>les</strong> carences dues à l'alimentation<br />

sont fréquentes.<br />

Ensuite, pour <strong>les</strong> ca<strong>de</strong>aux plus personnalisés, c'est à votre<br />

tour <strong>de</strong> jouer. Sachez toutefois que <strong>les</strong> enfants apprécieront <strong>de</strong><br />

recevoir <strong>de</strong>s feutres, stylos, un cartable, ou d'autres fournitures<br />

scolaires, un dictionnaire ou un atlas en roumain, qu'il vous<br />

faudra donc acheter sur place. Les jeunes seront ravis avec un<br />

jean (chers sur place… En France, n'hésitez pas à vous en procurer<br />

cinq ou six dans <strong>les</strong> surfaces faisant <strong>de</strong>s démarques,<br />

plutôt que d'acheter un Lewis), une paire <strong>de</strong> tennis ou <strong>de</strong> baskets,<br />

une raquette ou un ballon <strong>de</strong> foot.<br />

Une canne à pêche fera l'affaire du père si, toutefois, il<br />

apprécie ce loisir. On ne changera pas la nature <strong>de</strong>s femmes<br />

(heureusement !), et <strong>les</strong> Roumaines déjà si bel<strong>les</strong> n'en sont que<br />

plus coquettes… Alors, <strong>les</strong> produits <strong>de</strong> beauté feront toujours<br />

plaisir. Attention, toutefois, à <strong>les</strong> acheter dans votre pays.<br />

Deux ou trois lectrices signalent qu'el<strong>les</strong> s'étaient procurées en<br />

Roumanie leurs gran<strong>de</strong>s marques habituel<strong>les</strong> <strong>de</strong> parfum, leurs<br />

prix étant très intéressants, mais qu'el<strong>les</strong> n'avaient pas caché<br />

leur déception <strong>de</strong>vant la qualité notoirement inférieure du produit,<br />

notamment sa durée.<br />

Si vous vous apprêtez à faire un ca<strong>de</strong>au important, du<br />

genre téléphone, télévision, magnétoscope, ce n'est pas la<br />

peine <strong>de</strong> l'amener <strong>de</strong> France : on trouve toutes <strong>les</strong> marques sur<br />

Humour<br />

Vengeance<br />

-Maria, pourquoi tu ne divorces pas <strong>de</strong> Ion,<br />

puisque tu ne t'entends pas avec lui ?<br />

-Tu ne voudrais pas qu'il soit heureux maintenant,<br />

alors que çà fait vingt ans qu'il me fait souffrir!<br />

Sans réplique<br />

Maria <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à Ion :<br />

-Tu dors ?<br />

-Non<br />

-Tu m'aimes ?<br />

-Je dors.<br />

place, et pratiquement aux mêmes prix. En outre, vous risquez<br />

<strong>de</strong> vous tromper sur la compatibilité <strong>de</strong>s normes (le procédé<br />

SECAM ne permet pas <strong>de</strong> capter la télé couleur, par exemple)<br />

ou bien votre garantie sera inopérante, en cas <strong>de</strong> panne, à<br />

moins <strong>de</strong> faire revenir chez vous l'appareil en question.<br />

I<strong>de</strong>m pour <strong>les</strong> ordinateurs achetés neufs. Ils sont même<br />

plutôt moins chers en Roumanie, car il s'agit d'assemblages et<br />

non <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s marques, et ont l'avantage <strong>de</strong> possé<strong>de</strong>r un clavier<br />

roumain, ce qui permet à vos amis <strong>de</strong> taper dans leur<br />

langue, sans avoir à rajouter à la main <strong>les</strong> cédil<strong>les</strong> sous <strong>les</strong> c ou<br />

<strong>les</strong> t. Pour 800 à 1000 €, vous pouvez trouver un ordinateur <strong>de</strong><br />

qualité avec graveur <strong>de</strong> CD, lecteur DVD, écran 19 pouces,<br />

imprimante couleur, scanner, Internet. Attention, <strong>les</strong> cartouches<br />

d'encre sont au même prix qu'en Occi<strong>de</strong>nt, c'est à dire<br />

très chères pour un Roumain.<br />

Dévoreurs <strong>de</strong> livres<br />

Connaissance eet ddécouverte<br />

Souvenez-vous que vos amis adorent la lecture, et pensez,<br />

tout simplement à conserver le Paris-Match ou le journal que<br />

vous avez feuilleté dans l'avion. Les livres sont <strong>de</strong>venus très<br />

chers, pratiquement hors <strong>de</strong> prix et, même si on trouve<br />

quelques ouvrage français dans <strong>les</strong> rayons <strong>de</strong>s librairies, <strong>les</strong><br />

Roumains n'ont plus <strong>les</strong> moyens <strong>de</strong> <strong>les</strong> acheter. Alors, fouillez<br />

dans votre bibliothèque pour dénicher <strong>les</strong> livres en bon état qui<br />

leur feront immensément plaisir.<br />

Des albums avec <strong>de</strong>s images sur la France, <strong>de</strong>s livres d'histoire,<br />

sur l'art, <strong>les</strong> plaisirs <strong>de</strong> la table, <strong>de</strong> la nature, etc… seront<br />

appréciés, ainsi que <strong>de</strong>s cassettes <strong>de</strong> chansons françaises, <strong>de</strong>s<br />

cassettes vidéo avec <strong>de</strong>s films (attention encore aux compatibilités<br />

<strong>de</strong>s normes) ou, plus mo<strong>de</strong>rnes, <strong>de</strong>s CD-Rom et DVD<br />

présentant <strong>les</strong> pays francophones.<br />

Les professeurs <strong>de</strong> français, dont <strong>les</strong> classes sont pauvrement<br />

équipées, seront sensib<strong>les</strong> au matériel didactique et pédagogique<br />

que vous pourrez leur fournir.<br />

Enfin, il ne faut pas oublier que <strong>de</strong> plus en plus <strong>de</strong><br />

Roumains ont voyagé en Occi<strong>de</strong>nt et qu'ils savent bien apprécier<br />

la qualité d'un produit, contrairement aux premières<br />

années suivant la "Révolution".<br />

Per<strong>les</strong><br />

Voici un échantillon <strong>de</strong> per<strong>les</strong> relevées par <strong>de</strong>s enseignants roumains<br />

dans <strong>les</strong> <strong>de</strong>voirs ou <strong>les</strong> réponses <strong>de</strong> leurs élèves :<br />

Respect : c'est quand il faut se lever pour que <strong>les</strong> vieil<strong>les</strong> s'assoient<br />

(9 ans).<br />

Politique : c'est quand plusieurs personnes se mettent ensemble et<br />

parlent beaucoup (12 ans).<br />

Empreintes : c'est si tu mets la main sur une poignée, que tu y laisses<br />

tes doigts et que la police <strong>les</strong> trouve (8 ans).<br />

Mauvaises herbes : ce sont <strong>de</strong>s plantes uti<strong>les</strong> que pour el<strong>les</strong> mêmes<br />

(12 ans).<br />

Avoir du cœur : quand maman fait un gâteau, j'en laisse un peu pour<br />

mon petit frère (7 ans).<br />

Drogues : ce sont <strong>de</strong>s plantes que <strong>les</strong> gangsters font sécher et prennent<br />

comme <strong>de</strong>s médicaments pour oublier ce qu'ils on fait (13 ans).<br />

Mo<strong>de</strong>rne : c'est quand tu vois quelque chose <strong>de</strong> beau et <strong>de</strong> très cher,<br />

mais que tu n'as pas <strong>de</strong> sous pour l'acheter (7 ans).<br />

22 49


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

22 50<br />

<br />

<br />

BAIA MARE<br />

SUCEAVA<br />

ORADEA<br />

<br />

<br />

ARAD<br />

<br />

<br />

CLUJ<br />

TARGU MURES IASI<br />

BACAU<br />

<br />

DEVA<br />

<br />

<br />

TIMISOARA<br />

<br />

SIBIU<br />

<br />

BRASOV<br />

GALATI<br />

<br />

PITESTI <br />

CRAIOVA<br />

<br />

<br />

BUCAREST<br />

BRAILA <br />

<br />

TULCEA<br />

CONSTANTA<br />

Clin d’oeil<br />

L'âme <strong>de</strong>s poètes<br />

Costina a 24 ans. Originaire <strong>de</strong><br />

Ianca (Braila), elle achève ses<br />

étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> français. Lectrice <strong>de</strong>s<br />

"Nouvel<strong>les</strong> <strong>de</strong> Roumanie", elle<br />

nous a envoyé ce poème acrostiche,<br />

en français bien sûr, qu'elle adresse<br />

à "la revue qui essaye <strong>de</strong> présenter<br />

objectivement mon pays", souhaitant<br />

"lui faire <strong>de</strong> la publicité" . Une intention<br />

délicieuse qui illustre toutes <strong>les</strong><br />

attentions que savent avoir nos amis<br />

roumains.<br />

L e jeune pressé jusqu'au tard<br />

E t le vieillard<br />

S ans souci, mais pas banal<br />

N e pourraient jamais<br />

O ublier d'acheter<br />

U ne telle revue<br />

V ariée, qui t'émeut<br />

E t qui désire réunir <strong>les</strong> amis,<br />

L a voix d'un pays qui est béni,<br />

L a ROUMANIE.<br />

E ffet d'un grand amour,<br />

S ûrement sans retour,<br />

D es Roumains<br />

E t <strong>de</strong>s Français<br />

R éussissent à entraîner<br />

O u à tenter<br />

U n inconnu<br />

M ais un familier<br />

A ussi<br />

N arrer irréprochablement,<br />

I révocablement un pays<br />

E stimé, voici, dans…<br />

(LES NOUVELLES DE ROUMANIE)<br />

Costina Buzea<br />

<br />

Infos pratiques<br />

Infos ppratiques<br />

Adresses uti<strong>les</strong><br />

Consulats <strong>de</strong> Roumanie en France: Paris: 3 rue <strong>de</strong> l'Exposition, 75007<br />

Tel:<strong>01</strong>.47.<strong>05</strong>.10.46. Ouvert <strong>de</strong> 10h à 12h et 16h à 17h<br />

Strasbourg: 19, rue du Conseil <strong>de</strong>s Quinze. (Tel 03.88.61.98.96 )<br />

Marseille: 157 Bd Michelet, 13009 . (Tel : 04 91 22 17 41)<br />

Office du tourisme <strong>de</strong> Roumanie: 12 rue <strong>de</strong>s Pyrami<strong>de</strong>s 75002, Paris. Tel :<br />

<strong>01</strong>.40.20.99.33. Minitel : 36.15 ROUMANIE<br />

Consulat <strong>de</strong> Roumanie en Belgique: 1<strong>05</strong>, rue Gabrielle, 1180 Bruxel<strong>les</strong><br />

Tel:(02).345.26.80<br />

Office du tourisme: 17 Galerie <strong>de</strong> la Toison d'Or 1<strong>05</strong>0 Bruxel<strong>les</strong> Tel / Fax :<br />

02.502.46.42<br />

Consulat <strong>de</strong> Roumanie en Suisse: 79, Kirchenfeldstrasse, Berne Tel: 0 31 352 35<br />

21 ou 22<br />

Office du tourisme:10 Schweizergasse, 80<strong>01</strong> Zurich Tel : <strong>01</strong> 211 17 30<br />

Consulats en Roumanie<br />

Consulat <strong>de</strong> France: 13-15, strada Biserica Amzei, Bucarest. (ouvert le matin).<br />

Tel: (00 40) 1 312 0991 / 92<br />

Brasov: 148 strada. Lunga. (ouvert <strong>de</strong> 16 h à18 h, du mardi au jeudi, ne délivre<br />

pas <strong>de</strong> visa). Tel/fax (00 40) 68 47 67 67<br />

Chambre <strong>de</strong> commerce International française: 142-146 Calea Victoriei, sector<br />

1, Bucarest. Tel/fax : (00 40) 1 310 33 51<br />

Consulat <strong>de</strong> Belgique: 32 boulevard Dacia, Bucarest (ouvert le matin). Tel : (00<br />

40) 1 212 3680<br />

Consulat <strong>de</strong> Suisse: 12 strada Pitar Mos, Bucarest (Ouvert <strong>de</strong> 9h à 17 h)<br />

Tel: (00 40) 1 210 0324<br />

Office du tourisme <strong>de</strong> Roumanie à Bucarest: 7 Boulevard Magheru, Bucarest<br />

(ouvert <strong>de</strong> 8h à 20h). Tel: (00 40) 1 312 25 98.<br />

Abonnez vos amis roumains<br />

<strong>de</strong> Roumanie pour seulement 25 € !<br />

Répondant à <strong>de</strong>s suggestions <strong>de</strong> lecteurs, et aussi à une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> manifeste<br />

<strong>de</strong> Roumains <strong>de</strong> Roumanie qui prennent un plaisir réel à lire "Les Nouvel<strong>les</strong> <strong>de</strong><br />

Roumanie", en français, et découvrent avec curiosité le regard porté sur leur<br />

pays, mais n'ont toutefois pas <strong>les</strong> moyens <strong>de</strong> s'abonner, nous lançons la formule<br />

"Abonnez vos amis roumains".<br />

Le principe est simple : chaque abonné (abonnement simple ou collectif)<br />

peut abonner un ou plusieurs amis roumains, <strong>de</strong>meurant en Roumanie*. La<br />

revue leur sera expédiée directement.<br />

Le prix est <strong>de</strong> 25 € par abonnement annuel souscrit, à ajouter à celui <strong>de</strong><br />

votre propre abonnement ou réabonnement (un lecteur ayant un abonnement<br />

normal, à 75 €, qui veut abonner un ami roumain, à 25 €, paiera donc 100 €).<br />

Cette somme représente <strong>les</strong> seuls coûts <strong>de</strong> fabrication, d'impression et d'expédition<br />

<strong>de</strong> la revue, soit le tiers <strong>de</strong> son budget, "Les Nouvel<strong>les</strong> <strong>de</strong> Roumanie" ayant<br />

décidé <strong>de</strong> ne pas répercuter <strong>les</strong> autres postes <strong>de</strong> dépenses dans cette formule.<br />

Par cette initiative, "Les Nouvel<strong>les</strong> <strong>de</strong> Roumanie" souhaitent contribuer à<br />

une meilleure compréhension entre Francophones et Roumains et ainsi renforcer<br />

leurs liens.<br />

* Formule strictement réservée aux abonnés ou personnes s'abonnant, et à <strong>de</strong>stination<br />

exclusive <strong>de</strong> Roumains <strong>de</strong>meurant en Roumanie. Indiquer <strong>les</strong> coordonnées<br />

du ou <strong>de</strong>s bénéficiaires et joindre un chèque correspondant au nombre d'abonnements<br />

souscrits.


Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

CHANGE*<br />

( en lei )<br />

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Franc belge 1 <strong>01</strong>0<br />

Franc suisse 26 269<br />

Dollar 34 229<br />

Forint hongrois 163<br />

*Au 15 avril <strong>2004</strong><br />

Les NOUVeLLes<br />

<strong>de</strong> ROUMANIe<br />

Numéro 23, mai - juin <strong>2004</strong><br />

Lettre d'information bimestrielle sur<br />

abonnement éditée par ADICA<br />

(Association pour le Développement<br />

International, la Culture et l’Amitié)<br />

association loi 19<strong>01</strong><br />

Siège social, rédaction :<br />

8 Chemin <strong>de</strong> la Sécherie<br />

44 300 Nantes, France<br />

Tel. : 02 40 49 79 94<br />

Fax: 02 40 49 79 49<br />

E-Mail : adica@wanadoo.fr<br />

Directeur <strong>de</strong> la publication<br />

Henri Gillet<br />

Rédactrice en chef<br />

Dolores Sîrbu-Ghiran<br />

Ont participé à ce numéro :<br />

Bernard Camboulives, Martine et<br />

Jean Bovon-Dumoulin., Costina<br />

Buzea, Ovidiu Gorea, Daniel<br />

Geoffroy, Traian Dârlea, Edith<br />

Lhomel, Aline Nogues, Ruxandra<br />

Radoslavescu.<br />

Autres sources : agences <strong>de</strong> presse<br />

et presse roumaines, françaises et<br />

francophones, télévisions roumaines,<br />

sites internet, fonds <strong>de</strong><br />

<strong>document</strong>ation ADICA<br />

Impression : Helio Graphic<br />

11, rue Louis Armand<br />

44 980 Sainte-Luce<br />

Numéro <strong>de</strong> Commission paritaire:<br />

1102 G 8<strong>01</strong>72<br />

ISSN 1624-4699<br />

Dépôt légal: à parution<br />

Prochain numéro : fin juin<br />

Multi-abonnement<br />

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jusqu'à 50 % sur le prix <strong>de</strong> l'abonnement<br />

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Abonnement aux Nouvel<strong>les</strong> <strong>de</strong> Roumanie, lettre d'information bimestrielle,<br />

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Normal: 100 € TTC / an<br />

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Infos ppratiques<br />

Afin <strong>de</strong> rendre l'abonnement plus accessible aux particuliers et <strong>de</strong> faciliter la<br />

tâche aux associations, collectivités, entreprises, qui souhaitent voir assurer par<br />

nos soins la diffusion <strong>de</strong> notre revue auprès <strong>de</strong> leurs membres ou collaborateurs,<br />

"Les Nouvel<strong>les</strong> <strong>de</strong> Roumanie" proposent une formule spéciale:<br />

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Le système en est simple : vous vous abonnez, <strong>de</strong>venez ainsi "abonné principal",<br />

et un <strong>de</strong> vos proches reçoit également à son domicile "Les Nouvel<strong>les</strong>".<br />

Vous bénéficiez tous <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux <strong>de</strong> 25 % <strong>de</strong> réduction, l'abonnement passant <strong>de</strong><br />

75 € à 56 € (Multi-abonnement Formule 2).<br />

Si vous êtes trois, (Multi-Abonnement Formule 3), la réduction est <strong>de</strong> 40 %<br />

(tarif <strong>de</strong> l'abonnement : 45 €). Et si vous êtes quatre, (Multi-abonnement<br />

Formule 4) elle passe à 50 % (tarif <strong>de</strong> l'abonnement : 37,5 €).<br />

Entreprises et collectivités (abonnement normal à 100 €): rajouter 25 € à la<br />

formule choisie.<br />

Ce tarif est valable dans la limite <strong>de</strong> quatre personnes et ne peut être souscrit<br />

par <strong>les</strong> associations que dans un cadre strictement interne (Vous ne pouvez pas<br />

abonner un membre d'une autre association, même dans le cadre d'une fédération).<br />

Seule règle à respecter : le règlement global est effectué par une seule personne<br />

et un chèque ou virement unique, en mentionnant <strong>les</strong> coordonnées (adresse,<br />

téléphone, fax et e-mail) <strong>de</strong>s autres abonnés.<br />

(* dans la limite, au total, <strong>de</strong> quatre personnes)<br />

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8 Chemin <strong>de</strong> la Sécherie 44 300 Nantes - France<br />

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Les NOUVeLLes <strong>de</strong> ROUMANIe<br />

52<br />

Vladimir Cosma a mis<br />

presque tout le cinéma<br />

français en musique<br />

Le grand blond avec une chaussure noire", "Les<br />

aventures <strong>de</strong> Rabbi Jacob", "La boum" (nos photos)…<br />

Tous ces films sont présents dans l'imaginaire<br />

français. Ils ont, comme <strong>de</strong>ux cents autres ou séries <strong>de</strong> télévision,<br />

un dénominateur commun : leur musique, réalisée par le<br />

plus grand compositeur <strong>de</strong> musique <strong>de</strong> film français… le<br />

Roumain Vladimir Cosma.<br />

Une grand-mère pianiste, un père pianiste et chef d'orchestre<br />

célèbre dans son pays, le jeune Vladimir, né en mai<br />

1940 à Bucarest ne pouvait que rencontrer la musique. Son père avait déjà fait ses étu<strong>de</strong>s musica<strong>les</strong><br />

à Paris, dans <strong>les</strong> années 30, puis était retourné dans son pays où il s'était retrouvé bloqué<br />

par la guerre, et plus tard par le communisme. Son fils, tout en poursuivant ses étu<strong>de</strong>s au<br />

Conservatoire <strong>de</strong> Bucarest, lui écrivait <strong>les</strong> arrangements <strong>de</strong> l'Orchestre national du disque qu'il<br />

dirigeait. Vladimir en profitait pour glisser quelques notes <strong>de</strong> jazz, musique considérée comme déca<strong>de</strong>nte par le régime… camouflée<br />

pour la circonstance sous le vocable <strong>de</strong> "musique d'estra<strong>de</strong>".<br />

Vladimir Cosma grandit sous le communisme jusqu'à l'âge <strong>de</strong> 22 ans, réussissant à passer à l'Ouest en 1963, choisissant Paris:<br />

"Avec ma culture roumaine, qui est une culture latine, le rêve américain n'a jamais signifié grand chose. Pour <strong>les</strong> Roumains <strong>de</strong> ma<br />

génération, le rêve occi<strong>de</strong>ntal, c'était la France", confiera-t-il plus tard quand on lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ra pourquoi il refusait obstinément<br />

<strong>les</strong> propositions mirifiques d'Hollywood, ajoutant "Mon grand départ, je l'ai fait lorsque je suis passé à l'Ouest. Cela a été le plus<br />

grand arrachement <strong>de</strong> ma vie. Recommencer une secon<strong>de</strong> fois ne m'intéresse pas ".<br />

Le Roumain a accompagné <strong>les</strong> plus grands succès du cinéma et du petit écran français<br />

A son arrivée en France, le jeune homme étudie avec Nadia Boulanger à l'Ecole Normale <strong>de</strong><br />

Musique. Il s'intéresse enfin librement au jazz, à la musique <strong>de</strong> films et à toutes sortes <strong>de</strong> musiques folkloriques.<br />

Il participe au sein d'orchestres symphoniques à <strong>de</strong>s tournées dans le mon<strong>de</strong> entier, qui le mènent<br />

aux Etats-Unis, en Amérique du sud et en Extrême-Orient. Sa rencontre avec Michel Legrand, un soir <strong>de</strong><br />

1966, est décisive pour son avenir. Il débute sa carrière dans le cinéma en faisant <strong>les</strong> arrangements <strong>de</strong>s<br />

musiques <strong>de</strong> films <strong>de</strong> Michel Legrand, l'un <strong>de</strong>s compositeurs qui l'ont le plus influencé.<br />

Vladimir Cosma compose sa première musique en 1966 (Hors Jeu), mais son premier succès date <strong>de</strong><br />

1967, avec Alexandre le Bienheureux. Il rencontre à cette occasion Yves Robert, et c'est le début d'une<br />

très longue et très riche collaboration entre <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux hommes. Cette fidélité se renouvellera avec d'autres<br />

metteurs en scène et d'autres acteurs comme Clau<strong>de</strong> Pinoteau, Francis Weber, Pascal Thomas, Yves<br />

Boisset, Clau<strong>de</strong> Zidi, Gérard Oury, André Cayatte, Jean-Jacques Beinex, Edouard Molinaro, Pierre<br />

Richard, Jean-Pierre Mocky… Sa musique a accompagné <strong>les</strong> plus grands succès du cinéma français <strong>de</strong>s<br />

30 <strong>de</strong>rnières années : la Zizanie, l'Aile ou la Cuisse, le Dîner <strong>de</strong> Cons, la Chèvre, Le Père Noël est une ordure, Diva.<br />

La télévision n'est pas en reste avec <strong>de</strong>s réalisations comme Petit-Déjeuner Compris, Michel Strogoff, Châteauvallon, Les<br />

Cœurs Brûlés, Mé<strong>de</strong>cins <strong>de</strong> Nuit, Sam et Sally. Films et séries populaires, dans le sens qui plaisent au plus grand nombre.<br />

Deux César, un Sept d'or, un prix à Cannes pour l'extraordinaire créateur <strong>de</strong> mélodies<br />

Tour à tour tendre, nostalgique, enlevée, la musique <strong>de</strong> Vladimir Cosma se reconnaît aisément. Elle a une couleur bien particulière.<br />

Couleur qui doit aussi aux instruments employés comme le lyricon, l'harmonica, la flûte <strong>de</strong> pan, emprunt à la Roumanie<br />

dont il fera venir Gheorghe Zamfir.<br />

A travers plus <strong>de</strong> 200 musiques, tant pour le grand écran que pour le petit, c'est tout le cinéma français, à quelques exceptions<br />

près, qui a été mis en musique par Vladimir Cosma. Deux César, un 7 d'Or et un prix à Cannes sont venus récompenser cet extraordinaire<br />

créateur <strong>de</strong> mélodies. Il est symptomatique <strong>de</strong> constater que Vladimir Cosma ait été distingué non pas pour <strong>de</strong>s musiques<br />

accompagnant <strong>de</strong>s comédies, mais pour <strong>de</strong>s oeuvres dites sérieuses. La comédie n'a jamais eu bonne presse auprès <strong>de</strong>s critiques.<br />

A 64 ans, Vladimir Cosma, qui n'est pas marié, a un fils, vit toujours en France avec son père et son oncle. Il n'est jamais<br />

retourné dans son pays. Il y songe, veut s'y préparer. Avec ce handicap : il a une peur bleue <strong>de</strong> l'avion et ne voyage qu'en voiture…<br />

phobie qui lui a été d'un grand secours pour justifier son refus <strong>de</strong>s contrats hollywoodiens.

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