Utilisation de la dactylologie et de l'espace en Langue des Signes ...

UNIVERSITE LILLE 3
UFR de Lettres Modernes
Année universitaire 2008-2009
« Utilisation de la dactylologie et de l’espace en Langue
des Signes Française à partir d’une interprétation de
conférence vers la LSF »
présenté pour l'obtention du
« Master 2 Sciences du langage »
Spécialité Interprétariat Langue des Signes Française-Français
Préparé sous la direction d’Annie Risler, Maître de conférences
Présenté et soutenu par Mathilde Reynard
Responsables universitaires : Georgette Dal et Annie Risler
Septembre 2009

REMERCIEMENTS
J'adresse mes remerciements à Mme Annie Risler, maître de conférences et directrice de
mémoire, pour m'avoir accompagnée, guidée et soutenue dans l'élaboration de ce mémoire, tout au long
de cette année.
Je remercie également Mme Dal, responsable de la formation, pour m'avoir permis de
m'engager dans cette recherche.
Un grand merci aux interprètes qui ont participé à l’expérience de ce mémoire. Je les remercie
pour leur gentillesse et leur disponibilité.
Je tiens à remercier l’université Lille 3 et plus particulièrement Mr Patrice Thery car son aide
m’a été particulièrement précieuse dans la réalisation de la vidéo.
Un grand merci à ma famille et à mes amis pour leur soutien, leur gentillesse et leur présence
tout au long de cette année.
Je tiens également à remercier Nathalie, ma fidèle lectrice et amie, pour sa gentillesse et ses
précieux conseils.
Enfin, je tiens à remercier tout particulièrement Loïc qui a su être patient durant ces deux
années d’études.
2

Introduction................................................................................................................p.1
Théorie
***************
1. La dactylologie en LSF...............................................................................................p.4
1.1 Définition.....................................................................................................................p.4
1.1.1 Un peu d'histoire.......................................................................................................p.4
1.1.2 Les règles de fonctionnement de la dactylologie......................................................p.5
1.2 Les circonstances d'utilisation de la dactylologie .......................................................p.5
1.2.1 Les noms propres......................................................................................................p.5
1.2.2 Le phénomène des néologismes................................................................................p.6
1.2.3 Pas d'équivalent en LSF.............................................................................................p.7
1.2.4 Dactylologie et interprétation : points spécifiques....................................................p.9
1.3 Problématique : réception/émission de la dactylologie................................................p.9
2. L'espace en LSF............................................................................................................p.12
2.1 Espace du signeur et espace de signation.....................................................................p.12
2.2 Signes lexicaux et signes spatialisants..........................................................................p.13
2.2.1 Les signes lexicaux....................................................................................................p.13
2.2.2 Les signes spatialisants..............................................................................................p.14
2.3 Schéma phrastique : les locus argumentaux et le tracé verbal......................................p.15
2.4 Schéma textuel..............................................................................................................p.16
Expérimentation
***************
1. L’expérience..................................................................................................................p.19
2. Les participants.............................................................................................................p.20
3. Le matériel.....................................................................................................................p.20
4. Le texte proposé............................................................................................................p.22
4.1 La structure du texte......................................................................................................p.22
3

4.2 Points spécifiquement intéressants pour la dactylologie...............................................p.23
4.3 Points spécifiquement intéressants pour l'espace..........................................................p.23
Analyse des résultats
***************
1. La dactylologie..............................................................................................................p.25
1.1 Différences entre les passages.......................................................................................p.26
1.1.1 Les noms propres.......................................................................................................p.26
1.1.2 Les termes scientifiques.............................................................................................p.30
1.1.3 Autres termes dactylologiés.......................................................................................p.35
1.2 Différences entre les interprètes....................................................................................p.37
1.3 Recours à la dactylologie : faciliter la compréhension.................................................p.37
2. L'espace..........................................................................................................................p.38
2.1 Différences entre les passages.......................................................................................p.39
2.1.1 Les exemples..............................................................................................................p.39
2.1.2 Les couches de la peau...............................................................................................p.46
2.1.3 Les trois rôles de l'épiderme.......................................................................................p.49
2.2 Différences entre les interprètes....................................................................................p.53
***************
Conclusion.....................................................................................................................p.55
Annexes
***************
Annexe 1 : Alphabet manuel de la LSF..........................................................................p.57
Annexe 2 : Code de travail des interprètes Français/LSF............................................p.58
4

Annexe 3 : Modification de l’utilisation de l’espace....................................................p.60
Annexe 4 : Questionnaire.................................................................................................p.61
Bibliographie
***************
5

Introduction
La Langue des Signes Française (désormais LSF) est un système linguistique et
gestuel propre à une communauté d'individus, qui l'utilisent pour s'exprimer et
communiquer entre eux.
Elle est la langue de la communauté sourde signante de France. Elle est aussi une des
langues de travail des interprètes de France.
La LSF est une langue visuo-gestuelle contrairement aux langues orales qui
utilisent le canal audio-vocal. Cette particularité de la LSF rend les interprétations
simultanées plus fréquentes 1 chez les interprètes Français/LSF car l'utilisation de canaux
de communication différents offre la possibilité d'interpréter un discours émis en français
vers la LSF et vice versa sans provoquer d'interférence.
Ce mémoire repose sur l'observation et la comparaison d'une interprétation
simultanée vers la LSF.
L'interprétation effectuée est réalisée à partir d'un discours scientifique de type
conférence 2 . Nous allons travailler à partir de l'interprétation de ce discours réalisée par
plusieurs interprètes.
Chaque interprète a produit pour ce même discours deux versions. La réalisation des deux
versions va nous permettre de déterminer quelles sont les modifications interprétatives
opérées par les interprètes. Est-ce qu'ils modifient sensiblement leur première approche du
discours à interpréter ou est-ce qu'au contraire, on ne constate aucune différence ou
variation entre les deux passations ?
1 Par rapport aux interprétations consécutives, plus fréquentes, chez les interprètes en langue vocale.
2 L'interprétation de conférence regroupe « toutes les situations où l'interprète n'a pas la possibilité
d'interrompre les débats et doit posséder des connaissances solides dans un domaine précis réputé faire
partie de l'enseignement supérieur » (A. Bernard, F. Encrevé, F. Jeggli L'interprétation en langue des
signes p. 113).

Le texte proposé à l'interprétation comporte des éléments qui vont entraîner le
recours à la dactylologie : les termes scientifiques sans équivalent en LSF et les noms
propres. Etant donné que la dactylologie est un transcodage de l'écrit vers le gestuel cela
pose un problème au niveau de la réception.
Donc, nous allons nous attacher au phénomène environnant la dactylologie c'est-àdire
que nous souhaitons mettre en évidence s'il existe une « annonce » à la dactylologie, et
si oui, dans quelle mesure.
De plus, à partir d'un corpus 3 analysé lors de notre année universitaire, on sait que
les sujets locuteurs en LSF qui reprennent leur discours modifient sensiblement
l’utilisation de l’espace. Ainsi, à l'aide d'une étude comparative, nous cherchons à savoir si
des modifications existent entre la première et la seconde version effectuées par nos sujets
interprètes. Donc, à partir de la structure argumentale du texte initial, nous allons travailler
sur les différents passages afin de mettre en évidence comment les interprètes utilisent et
construisent du sens dans l'espace en LSF.
Afin d'apporter des éléments de réponse à ces deux problématiques, dans une
première partie, nous allons nous intéresser à l'aspect théorique de la dactylologie et de
l'espace en LSF. Nous allons expliquer ce qu'est la dactylologie et comment elle intervient
dans la LSF puis nous ferons de même en ce qui concerne l'espace.
Ensuite, notre seconde partie abordera l'expérimentation.
Tout d'abord, nous mettrons en évidence la procédure de l'expérience à travers
l'identification des sujets et l'explication du déroulement de l'expérience.
Ensuite, à partir de la structure argumentale du texte initial, nous allons analyser
l'utilisation de la dactylologie afin de mettre en évidence l'utilisation d'une « annonce »
capable d'aider à la compréhension.
3 Corpus LS COLIN « Henry 11 septembre » : corpus travaillé lors de l'année universitaire avec A. Risler
dans le cadre de ses enseignements théoriques de la linguistique de la LSF
2

Puis, nous travaillerons sur l'utilisation de l'espace en s'appuyant sur les différences
entre les deux passations et entre les interprètes. Cette analyse sera basée sur la structure
du texte choisi lors de cette expérimentation.
Enfin, nous dresserons un bilan des éléments constitutifs d'une interprétation de
qualité.
3

1. La dactylologie en LSF
1.1 Définition
1.1.1 Un peu d'histoire 4
Théorie
Historiquement, la dactylologie française est aujourd'hui dérivée de l'alphabet
utilisé par un instructeur espagnol, Juan Pablo Bonet (XVI° siècle), disciple de Pedro
Ponce de Leon. Juan Pablo Bonet enseignait aux enfants sourds de la noblesse les sons du
langage parlé, lettre par lettre, à l'aide d'un alphabet manuel 5.
Le terme « dactylologie » est composé de deux mots grecs qui signifient « langage
des doigts ». La dactylologie ou épellation est un alphabet manuel qui est utilisé comme un
outil permettant d'introduire une modalité écrite au moyen des gestes. La dactylologie
consiste à former successivement une séquence de configurations manuelles qui
correspondent chacune à une lettre de l'alphabet de manière à composer un mot. L'alphabet
de la LSF est composé de vingt-six signes plus ou moins arbitraires pour les lettres de
l'alphabet. En effet, certains signes ressemblent à la graphie de la lettre écrite.
Contrairement aux signes, les mots épellés ont une organisation interne séquentielle
car ils représentent nécessairement un mot d'une langue écrite. Ainsi, on peut dire que
l'épellation fait partie des emprunts opérés par la LSF sur les langues écrites.
4 Référence : www.pisourd.ch
5 CF ANNEXE 1 : Alphabet manuel de la LSF p.56
4

1.1.2 Les règles de fonctionnement de la dactylologie 6
La dactylologie en LSF est régie par certaines règles de fonctionnement.
Tout d'abord, la dactylologie est réalisée dans un espace spécifique appelé : espace
d'épellation. Cet espace se situe devant l'épaule du signeur du côté de sa main dominante.
La dactylologie s'effectue avec une seule main c'est-à-dire la main droite pour les
droitiers ou la main gauche pour les gauchers. Il ne faut pas changer de main d'une lettre à
l'autre. De plus, la dactylologie s'effectue face à son interlocuteur afin que celui-ci puisse
avoir une perception visuelle globale et aisée du terme dactylologié.
Les termes dactylologiés ne doivent pas être rythmés lettre par lettre mais ils
doivent rester sur le même plan avec la main fixe. Dans la situation où deux lettres
identiques se suivent dans le terme épelé, il faut faire un petit mouvement latéral vers
l'extérieur du corps avec la même lettre. Ce phénomène indique aux interlocuteurs le
doublement d'une lettre.
Enfin, en dactylologie les accents sont facultatifs, ils peuvent être réalisés avec
l'index de la main.
1.2 Les circonstances d'utilisation de la dactylologie
La dactylologie est un élément constitutif de la LSF mais qui n’est, à priori, utilisé
que dans des cas bien spécifiques.
1.2.1 Les noms propres
Les noms propres sont épelés en LSF lorsque ceux-ci n'ont pas fait l'objet de
l'attribution d'un signe. En effet, les sourds ont recours a un signe pour se nommer; cette
pratique évite de devoir toujours avoir recours à la dactylologie pour s'appeler. C'est une
6 Référence : www.pisourd.ch
5

question de confort mais également un élément constitutif de la culture sourde.
Le choix du signe attribué à une personne est souvent en lien avec une
caractéristique physique, comportementale de la personne ou il peut reprendre la première
lettre du prénom.
De plus, les noms de lieux, villes... font également l'objet d'une attribution de signe
pour éviter d'avoir systématiquement recours à la dactylologie. Cependant, il existe de
nombreux noms de lieux, noms de villes... et il est difficile de tous les connaître; c'est
pourquoi la dactylologie est souvent utilisée dans cette situation.
1.2.2 Le phénomène des néologismes
La LSF est soumise aux mêmes phénomènes de création lexicale que toutes les
autres langues. Du fait de la longue interdiction de l'emploi de la LSF dans l'enseignement
et de sa récente réutilisation et utilisation dans de nombreux domaines spécialisés, le
manque de vocabulaire est comblé par l'afflux important de néologismes.
Toutefois, les processus de création et de diffusion prennent du temps et il arrive
que les signeurs ne connaissent pas encore les néologismes ou que leurs créations ne soient
pas encore stabilisées. La dactylologie peut venir compenser ce manque de vocabulaire.
Cependant, il faut noter ici, qu'il existe une différence d'appréhension de la
dactylologie face aux néologismes entre les locuteurs signeurs et les interprètes.
En effet, un locuteur signeur n'aura pas recours systématiquement à la dactylologie
lorsqu'il se trouve face à un manque de vocabulaire spécifique. Le locuteur signeur a
tendance à utiliser une autre stratégie pour faire comprendre son idée. D'abord, parce qu'il
est en situation de discours spontané dont il est l'auteur, il a le temps de trouver/chercher
une formulation, et aussi parce qu'il ne connaît pas forcément le mot français 7 utilisé pour
faire référence à son idée.
7 Rappel de la difficulté d'accès à l'écrit pour les sourds.
6

Par exemple pour une phrase orale comme « Le corps humain a des défenses
immunitaires » on peut trouver en LSF [MALADIE] [CORPS] [DEFENDRE] [PEUT].
Ainsi, même si le mot français « immunitaire » n'apparaît pas dans son équivalent
signé en LSF le locuteur signeur a fait passer le sens.
Les interprètes, quant à eux, sont dans une situation d'interprétation, c'est-à-dire
qu'ils ne sont pas acteurs des propos énoncés, ils ont peu de temps pour trouver la
traduction juste qui se rapproche au maximum de l'intention du locuteur. C'est pourquoi,
les situations d'interprétation conduisent à une utilisation plus importante de la
dactylologie lorsque des termes scientifiques sont énoncés et que les interprètes n'en
connaissent pas le signe.
Reprenons l'exemple précédent :
Un locuteur entendant énonce cette phrase : « Le corps humain a des défenses
immunitaires », l'interprète en situation d'interprétation qui ne connaît pas le signe
[IMMUNITAIRE] peut effectuer ce choix interprétatif : [CORPS] [DEDANS] [J'AI]
[DEFENSE] [IMMUNITAIRE 8 ].
L'interprète a donc recours à la dactylologie pour pallier le manque de vocabulaire.
1.2.3 Pas d'équivalent en LSF
La LSF n'est pas un transcodage de la langue française. Tous les mots de la langue
française n'ont pas un référent « signe » 9 en LSF.
Ainsi, le recours à la dactylologie couvre ce phénomène. Mais, encore une fois, la
dactylologie dans ce genre de situation ne va pas être systématiquement utilisée par les
locuteurs signeurs alors qu'elle peut l'être pour les interprètes.
8
Les signes soulignés sont les termes dactylologiés
9
Signe standard ou signe neutre : le mot français « maison » = signe standard en LSF [MAISON], « chat »
[CHAT]...
7

Prenons cet exemple :
Un locuteur signeur veut énoncer ce propos « Mon enfant a de l'acné ». Il peut le
dire en LSF de cette façon : [ENFANT] [MOI] [LUI] [BOUTONS] [PI] [ADOLESCENT]
Le référent signé [ACNE] n'existe pas en LSF, les locuteurs signeurs utilisent ce que
l'on appelle une périphrase. Une périphrase est une figure de style qui consiste à remplacer
un terme par sa définition ou par une expression plus longue.
Autrement dit, la périphrase consiste à dire en plusieurs termes ce que l'on pourrait
exprimer en un seul.
Ce mécanisme permet de faire passer le sens sans pour autant avoir recours à la
dactylologie.
Ainsi, dans cet exemple, le locuteur signeur n'a pas recours à la dactylologie car il
utilise l'idée générale « boutons liés à l'adolescence » qui permet de comprendre ce dont il
s'agit.
Pour les interprètes en situation d'interprétation ce même exemple peut faire l'objet
du recours à la dactylologie.
Un locuteur entendant raconte : « Mon enfant a de l'acné », l'interprète peut traduire cette
affirmation ainsi : [ENFANT] [MOI] [BOUTONS] [NOM] [ACNE]. L'interprète a recours à
la dactylologie car le terme « acné » n'a pas d'équivalent signé [ACNE] en LSF.
Les interprètes peuvent avoir recours à l'utilisation des périphrases mais la situation
d'interprétation simultanée offre peu de temps de réflexion. Ils doivent être rapides afin de
trouver la périphrase la plus fidèle à l'intention du locuteur.
De plus, il est possible qu'au-delà de l'idée de périphrase, le locuteur ait l'intention
de faire passer des termes bien spécifiques dans son discours. Dans ce cas, le recours à la
dactylologie est indispensable car même si le sens est retransmis fidèlement, l'interprète se
doit de communiquer les termes exacts du discours du locuteur.
Donc, la dactylologie lorsqu'il n'existe pas d'équivalent en LSF peut être le meilleur
moyen pour rester fidèle à l'intention du locuteur.
8

1.2.4 Dactylologie et interprétation : points spécifiques
La dactylologie peut faire l'objet d'un choix interprétatif. En effet, les interprètes se
retrouvent face à des situations diverses qui ont toutes des visées argumentales,
pédagogiques... différentes. Ainsi, le recours à la dactylologie peut venir compléter le sens.
Prenons des exemples pour expliquer cette situation.
Lors d'une interprétation en milieu scolaire, l'enseignant dispense un cours afin de
véhiculer un savoir. Ce savoir est principalement évalué à travers un écrit français ce qui
implique que les élèves sourds connaissent les termes français ainsi que leur orthographe.
Donc, l'interprète retransmet le sens en l'accompagnant du terme dactylologié.
Il en est de même pour le nom d'un médicament chez un médecin; le recours à la
dactylologie est un passage obligé pour l'interprète car la personne sourde a besoin de
connaître l'orthographe du médicament pour pouvoir ensuite l'identifier.
Ainsi, les référents épelés font l'objet « d'une compensation c'est-à-dire que
l'épellation est principalement utilisée par les interprètes lorsque le signe n'est pas connu,
qu'il n'en existe pas ou qu'il a été oublié »(S.Villeneuve 2006 p.74). Donc, l'utilisation de la
dactylologie permet non seulement de pallier les manques linguistiques mais elle est aussi
l'une des techniques qui permet aux interprètes de transmettre le sens intégral 10 .
1.3 Problématique : réception/émission de la dactylologie
« Il est important de souligner que la dactylologie n'est pas un sous-système de la
LSF. La dactylologie est une forme d'expression de la langue orale du pays dans lequel on
évolue. Elle utilise la motricité manuelle pour la production et la perception visuelle pour
la réception mais elle fonctionne sur la base de l'organisation orthographique, sémantique
et syntaxique de la langue orale qu'elle code. Utiliser la dactylologie revient à s'exprimer
en français, allemand, anglais... » (A.Rondal 2001 p.405).
10 Cf ANNEXE 2 : Le code de travail des interprètes Français/LSF p.57
9

Nous savons que la LSF et le français sont deux langues structuralement
différentes. Voici un tableau montrant les différences de fonctionnement de ces deux
langues :
Langue des signes Français
Modalité Visuo-gestuelle Audio-vocal
Espace Tridimensionnel Linéarité
Unités de langue Motivé / Iconicité Arbitraire
Tableau 1: Comparaison du fonctionnement de la LSF et du français
Ces différences créent un phénomène spécifique quant à la réception de la
dactylologie en LSF car comme nous avons pu le souligner précédemment la dactylologie
est une forme d'expression de la LSF qui est basée sur des emprunts aux langues orales.
Ainsi, si l'utilisation de la dactylologie ne pose pas de problème aux locuteurs
signeurs et aux interprètes sous la forme de l'émission, elle pose un problème au niveau de
la réception.
En effet, les interlocuteurs se heurtent à un accès difficile à l'image du mot écrit.
Comme le dit Christian Cuxac (2000), à travers ses travaux sur l'iconicité, la LSF est
« une langue qui donne à voir ». Elle permet de créer des références dans l'espace. Or, la
dactylologie en LSF utilise la structure des langues orales, langues qui utilisent la
séquentialité et la linéarité ce qui rend l'accès à l'image du mot écrit très difficile.
De plus, la lecture de la dactylologie n'est pas aisée pour les interlocuteurs. En
effet, la lecture lettre par lettre pose un gros problème car elle n'est pas la modalité des
langues écrites qui, elles, fonctionnent sur un système d'association de syllabe.
Or, la dactylologie s'effectue dans l'espace avec la contrainte de la linéarité et de la
séquentialité ce qui offre aux interlocuteurs une succession de lettres dactylologiées qu'il
faut être capable de déchiffrer et d'associer une à une.
Ainsi, lorsque l'on est en situation de « lecture » de la dactylologie, il faut essayer
de ne pas épeler mentalement le terme dactylologié mais il est préférable de l'imaginer par
syllabe, ce qui rend la compréhension plus facile étant donné que cette méthode rejoint
celle de la lecture des langues écrites.
10

Les locuteurs signeurs, qui utilisent la dactylologie, peuvent prendre leur temps
pour épeler un terme. Ce n'est pas toujours le cas pour les interprètes qui eux sont
contraints par le débit de parole des locuteurs entendants. En règle générale, dactylologier
rapidement n'est pas une difficulté en soit pour les interprètes; par contre, cela devient une
gêne pour les interlocuteurs qui n'ont pas le temps de faire le travail de mémorisation et de
déchiffrage.
Ainsi, pour toutes ces raisons la dactylologie pose des difficultés de réception.
Toutefois, il existe des solutions permettant de faciliter la réception des termes
dactylologiés.
D'un point de vue pratique, il faut essayer de réduire la vitesse d'épellation afin de
rendre la compréhension plus fluide. De plus, il faut toujours épeler jusqu'au bout même si
l'interlocuteur semble avoir compris. Ceci garantit aux interlocuteurs qu'il n'y aura pas de
confusion avec d'autres termes proches.
D'un point de vue linguistique, et c'est ce à quoi nous allons nous intéresser dans
une partie de ce mémoire, il existe des indices linguistiques permettant de signaler à
l'interlocuteur qu'on réalise un emprunt, ce qui permet de détecter l'utilisation de la
dactylologie dans un discours.
Nous allons nous attacher à étudier l'environnement proche des termes
dactylologiés lors de notre expérimentation afin de déterminer quels sont ces indices
linguistiques.
11

2. L'espace en LSF
Les langues orales sont des langues linéaires, le message est transmis de façon
séquentielle : phonèmes après phonèmes 11 . Il en est de même pour le langage écrit : les
lettres se succèdent les unes après les autres pour créer des mots. La LSF est une langue
visuo-gestuelle. Elle traite l'information de façon spatiale. Elle a donc ses propres
spécificités linguistiques.
2.1 Espace du signeur et espace de signation
Comme l'explique A. Risler dans l'un de ses articles (A.Risler, 2002), l'espace a une
signification spécifique en LSF. Tout d'abord, la description de la LSF d'un point de vue
formel est une description qui permet d'identifier les parties du corps en mouvement et d'en
déterminer la position, la configuration. L'objectif est de décrire les mouvements qui se
situent dans un espace physique. En effet, le signeur dispose d'un espace de travail, nommé
« espace du signeur », dans lequel il évolue.
Cette portion d'espace met en jeu la partie supérieure du corps du signeur. Ainsi,
l'espace du signeur peut être représenté comme une sorte de demi-sphère se situant devant
lui et l'englobant.
11 « Eléments minimal, non segmentable, de la représentation phonologique d'un énoncé, et dont la
nature est déterminée par un ensemble de traits distinctifs » Grand dictionnaire encyclopédique Larousse
1991.
12

En opposition avec l'espace du signeur qui est l'espace physique de la langue, on
trouve l'espace de signation qui est l'espace abstrait de la langue. En effet, l'espace de
signation amène à définir les relations entre les signes c'est-à-dire que cet espace permet
d'aborder la langue des signes non pas comme une séquence linéaire de signes mais
comme une séquence syntaxiquement construite dans l'espace. Donc, l'espace de signation
est un espace linguistique permettant de mettre en évidence certains éléments spatialisés
dans le cadre des constructions syntaxiques.
2.2 Signes lexicaux et signes spatialisants
Dans ce que l'on nomme l'espace de signation, A.Risler explique que, « tous les
signes que l'ont peut isoler à l'aide d'un découpage séquentiel ne sont pas de même nature »
(A.Risler 2006 p.55). L'auteur oppose les signes lexicaux aux signes spatialisants car ils
n'ont pas le même rôle en LSF.
2.2.1 Les signes lexicaux
Comme l'expose A.Risler dans son article (2006), les signes lexicaux sont les
signes en dehors du discours, ils sont constitutifs des unités des dictionnaires. Ce sont des
signes notionnels car ils ont pour fonction de créer une référence. Ils se caractérisent par un
13

mouvement qui crée une icône c'est-à-dire qu'ils créent des images articulées autour du
sens en se rapportant à une entité physique ou simplement représentative.
Les signes lexicaux sont le résultat de la combinaison de trois paramètres 12 :
l'emplacement, la configuration et le mouvement.
L'analyse effectuée par A.Risler (A.Risler 2007 p.108) définit l'emplacement
comme l'élément permettant de décrire l'ancrage du signe dans l'espace, sur le corps, avec
la main dominée et enfin il permet d'identifier l'espace de réalisation de la dactylologie. De
plus, cette analyse identifie la configuration en tant qu'élément capable de déterminer si le
signe est une reprise de forme, une reprise de frontière, un descripteur d'action, un traceur
ou un pointeur. Enfin, A.Risler analyse le mouvement comme l'élément permettant de
décrire le type de mouvement opéré par le signe : une trace, une délimitation, une
désignation, un déplacement, une mise en mouvement ou une localisation.
Ces trois paramètres ne sont révélateurs que de l'étymologie iconique des signes
lexicaux. Ils ne permettent pas d'expliquer les relations sous-jacentes à la construction de
l'espace en LSF. Ainsi, les signes lexicaux sont réalisés de manière neutre 13 en regardant
l'interlocuteur et ils ne sont pas spatialisés.
2.2.2 Les signes spatialisants
Dans cette sous-partie, nous faisons référence à une partie des cours dispensés par
A.Risler à l'université Lille3 14 .
Les signes spatialisants encodent du temps et de l'espace. Ils ont pour fonction de
construire les relations syntaxiques. Ils se caractérisent par un mouvement qui implique ou
met en relation des locus. Les locus sont des emplacements associés à un contenu
référentiel dans l'espace de signation.
Les signes spatialisants sont réalisés dans l'espace syntaxique et non plus dans
l'espace neutre. Ils peuvent être décomposés selon trois critères : les critères
12 Description des paramètres du signe par Stokoe dans les années 1960.
13 L'espace neutre est la portion d'espace située devant le signeur à hauteur du buste.
14 Cours de linguistique de la LSF, année 2008-2009, non publié.
14

formels/physiques, les critères de mouvement/dynamique et les critères spatiaux.
Les critères formels regroupent deux unités. La configuration des mains avec les
mains en tant que descripteur d'action, reprise de forme, reprise de frontière ou
configuration conventionnelle et l'implication du buste dans la construction syntaxique.
Ces deux unités permettent de mettre en évidence les proformes de type manuel ou
corporel.
Les critères de mouvements regroupent les trajectoires, les mouvements orientés et
les mouvements internes. Enfin, les critères spatiaux, quant à eux, regroupent les locus et
le regard.
Pour conclure, les signes spatialisants sont les formes verbales de la LSF car ils
sont associés à des locus et ils sont marqués par le regard c'est-à-dire qu'ils sont les
marqueurs de la construction de l'espace syntaxique en LSF.
2.3 Schéma phrastique : les locus argumentaux et le tracé verbal
Nous allons maintenant nous intéresser au schéma phrastique en LSF en parlant des
locus argumentaux et du tracé verbal.
Tout d'abord, nous définirons le schéma phrastique comme la construction spatiale
réalisée par le verbe. En effet, la phrase est composée d'un verbe et de ses arguments et
c'est la relation qui existe entre le verbe et ses arguments qui va réaliser la phrase.
Dans toutes les langues, le verbe permet de distribuer des rôles. Ce qui diffère des
autres langues est qu'en LSF ces rôles s'expriment spatialement car les relations
syntaxiques sont spatialisées. Donc, en LSF, le verbe est un signe spatialisant.
De plus, nous allons parler du locus en tant que « sous-espaces regardés, pointés ou
occupés par une configuration manuelle qui acquièrent une valeur référentielle. Ils entrent
dans le tracé du signe processif avec une valeur anaphorique, en tant que lieu d'arrivée, de
15

départ ou de passage d'une trajectoire, ou lieu d'une action » (A.Risler 2006 p 61). Cette
création de sous-espace permet de définir les positions argumentales du discours en LSF.
En effet, le locus est une position argumentale. C'est un emplacement qui réfère à un
argument du procès.
Sur le plan syntaxique, le terme d’argument est généralement utilisé pour regrouper
les fonctions syntaxiques de sujet et de complément. Il existe différents types de verbes :
les verbes à un argument, à deux arguments ou à trois arguments.
En LSF, lorsque l'on utilise un verbe à un argument on se retrouve en présence d'un
mouvement interne et pour un verbe à deux arguments, on peut commencer à voir des
relations spatiales avec trajectoire.
Notons ici, que lorsque l'on parle de réactivation d'un locus cela signifie que l'on
rappelle l'argument du procès.
En LSF, le mouvement induit par le verbe laisse une trace dans l'espace c'est ce que
l'on nomme le tracé verbal.
Les trajectoires et les mouvements internes sont des signes spatialisants qui laissent
une trace dans l'espace.
2.4 Schéma textuel
Les schémas textuels portent sur l'organisation des textes. Ces schémas ou
structures textuelles facilitent aussi bien la production que la compréhension. Aussi tout
écart tend à en compliquer la compréhension et à solliciter davantage l'attention et la
participation active des interlocuteurs.
En LSF, Il existe une organisation textuelle de l'espace qui dépend de la nature
même des textes.
La visée argumentative va être exprimée dans l'espace par une rotation du buste
opposant alors des espaces juxtaposés.
16

Illustration 2: Rotation du buste à
droite ou à gauche
La visée narrative va être exprimée par un investissement total ou nul du buste dans
ce que l'on nomme une superposition d'espaces.
Illustration 3: Investissement du
buste vers l'avant ou vers l'arrière
Ainsi, la rotation et l'implication du buste définissent un changement d'espace ce
qui provoque des changements de repères : changements de personnes, de temps et de
lieux.
Les unités de temps et de lieux déterminent un sous-espace alors que le mouvement
du buste c'est-à-dire sa valeur ouvre un sous-espace.
De plus, le mouvement du buste peut être soit un argument soit l'énonciateur. Le
regard permet de faire la distinction entre ces deux unités. En tant qu'énonciateur le regard
est porté sur le locuteur alors qu'en tant qu'argument le regard est porté sur une portion
d'espace déterminée.
17

Le buste a une valeur importante en LSF car il permet d'identifier les sous-espaces
qui définissent la structure textuelle de l'énoncé signé.
Toutefois, il faut dire que l'utilisation de l'espace en LSF varie en fonction d’une
certaine liberté du signeur. En effet, il existe différentes manières de spatialiser les
éléments : de droite à gauche, de gauche à droite, superposé, juxtaposé, avec une
orientation sur le plan vertical ou sur le plan horizontal.
Ces différentes approches sont dictées par les choix interprétatifs que peuvent faire
les signeurs. Ainsi, il existe bien une structure textuelle dans un discours signé mais celleci
peut être rendue de différentes façons.
Pour illustrer ces propos, nous allons nous référer aux deux versions réalisées par
un sujet locuteur en LSF dans le corpus LS-COLIN (« Henry 11 Septembre 2001 ») étudié
durant l'année universitaire (A.Risler non publié).
Nous avions constaté une modification sensible de l'utilisation de l'espace entre la
première et la seconde version de ce sujet.
En effet, lors de sa première version 15 le sujet avait placé respectivement le référent
de [FRANCE] à sa droite et le référent [ETATS-UNIS] à sa gauche. Lors de la suite de son
discours on constate que le réferent [NEW-YORK] a été placé du même côté que le référent
[ETATS-UNIS] mais le référent [TOUR] est placé du même côté que le référent [FRANCE]
ce qui crée une confusion pour les interlocuteurs car les constructions syntaxiques mettent
en relation des espaces différents mais identifiés dans une même portion d'espace.
De plus, on remarque que lors de cette première version le sujet n'a pas utilisé son
buste en tant que valeur référentielle dans son énoncé.
Lors de son second passage 16 , on remarque que le sujet a modifié son approche de
l'utilisation de l'espace.
Comme dans la première version, on distingue clairement deux espaces dans son
discours : à sa droite le référent [FRANCE] et à sa gauche le référent [ETATS-UNIS] mais ce
qui change est qu'il a gardé cette logique jusqu'au bout de son discours. En effet, les
15 Cf ANNEXE 3 : Modification de l’utilisation de l’espace, dessin 1 p.59
16 Cf ANNEXE 3 : Modification de l’utilisation de l’espace, dessin 2 p.59
18

éférents [NEW YORK], [TOUR]... restent cantonnés dans la portion d'espace se situant à sa
gauche.
De plus, contrairement au premier passage on remarque que le sujet utilise son
buste pour marquer ces changements d'espaces ce qui rend son disocurs clairement
compréhensible par les interlocuteurs.
Toutefois, bien que différentes, ces deux versions restent acceptables sur le plan de
la construction linguistique.
1. L'expérience
************
Expérimentation
L'expérimentation consiste à filmer à deux reprises différents interprètes en
situation d'interprétation simultanée afin de se renseigner sur les procédés de travail utilisés
lors d'une interprétation simultanée.
Ce qui motive cette expérience est l'étude réalisée au cours de l'année universitaire
sur les modifications spatiales existantes lorsque le signeur effectue une autocorrection. En
effet, il a été constaté que chez des sujets locuteurs en LSF, la réinterprétation spontanée
d'un discours a fait l'objet d'une modification certaine de l'utilisation de l'espace. A travers
la réalisation de cette expérience nous souhaitons répondre à la question suivante : chez les
interprètes ce phénomène d'autocorrection existe-il et met-il en jeu les mêmes
modifications de l'utilisation de l'espace ?
Les trois interprètes Français/LSF ont été filmés dans l'un des studios
d'enregistrement du CAVUL 17 à Lille 3. Ils ont été filmés à l'aide d'une caméra numérique
et d'un fond blanc. Le discours audio a été écouté à l'aide d'un poste audio.
Les interprètes ont été plongés dans des conditions d'interprétation optimales c'est-
17 Centre AudioVisuel de l'Université de Lille 3
19

à-dire qu'ils n'étaient pas gênés par la lumière ou par un volume trop faible.
Un fois le matériel installé, les participants prennent connaissance des consignes.
Dans un premier temps, les participants prennent connaissance du thème du discours : « la
dermatologie » puis des noms propres du présentateur et de son invité qui leurs sont
présentés par écrit et énoncés à l'oral. Le fait de montrer les noms propres par écrit permet
de ne pas défavoriser les participants ayant une mémoire visuelle.
Enfin, dès que les participants se sentent prêts, l'expérience peut commencer.
2. Les participants
Au départ, nous souhaitions constituer deux groupes de deux interprètes : deux
sujets experts (plus de cinq ans de pratique) et deux sujets débutants (moins de cinq ans de
pratique) afin de pouvoir effectuer une comparaison au sein des groupes et entre les
groupes.
En pratique, nous n'avons pu filmer que trois interprètes. En effet, la disponibilité
de ceux-ci ainsi que la mise en place de l'expérience ne nous a pas permis d'obtenir un
équilibre au sein de ces deux groupes.
Nous avons donc trois sujets dont deux débutants et un expert. Ce qui va nous
amener non plus à effectuer une comparaison entre les deux groupes mais à effectuer une
comparaison entre nos trois sujets en ayant comme sujet de référence le sujet expert.
Sujets Expérience professionnelle Domaines de travail
S1 2007 Tous les domaines
S2 2007 Tous les domaines
S3 1998 Tous les domaines
Tableau 2: Récapitulatif des sujets
20

3. Le matériel
Afin de mettre en évidence les différentes stratégies d'interprétation à partir d'un
même support oral, ce travail est basé sur la double interprétation du début d'une émission
de radio.
Au départ, nous voulions établir cette expérience en laissant un temps de
préparation de 20 minutes entre le premier et le second passage. Ce temps de préparation
comprenait un accès à internet et la possibilité de réécoute du discours oral.
Nous nous sommes aperçus que dans ces conditions, l'expérience devenait une étude non
plus d'une interprétation simultanée conforme à ce que l'on voit sur le terrain mais à une
traduction. Ainsi, le temps initial de préparation a été réduit à 10 minutes.
Ce temps est devenu une pause dans laquelle les participants ont eu la possibilité
d'opérer en autonomie une autocorrection avant d'interpréter l'extrait une seconde fois.
Ainsi, l'expérience a été recentrée sur une interprétation simultanée vers la LSF.
Les trois interprètes ont été soumis à la même expérience qui se déroule en trois
temps :
Tout d'abord, les interprètes ont effectué un premier passage, d'une durée de dix
minutes, pour lequel ils n'avaient pour information que le thème principal : « la
dermatologie » et les noms du présentateur et de l'invité.
Ensuite, à l'issue de ce premier passage, un temps de pause et de réflexion de dix
minutes a été mis en place afin que les interprètes puissent travailler « à chaud » ce qu'ils
ont eu du mal à interpréter précédemment.
Enfin, ils ont effectué un second passage pour lequel ils interprètent le même extrait
de l'émission.
Ainsi, les conditions d'interprétation sont proches de ce qui peut se passer sur le
terrain c'est-à-dire intervenir sans préparation.
Le support audio sélectionné pour l'expérience est classé dans la catégorie des
conférences car c'est une situation pour laquelle les locuteurs entendants exposent un
thème spécifique : « La dermatologie». De plus, le débit de parole est rapide et les
21

interprètes n'ont pas la possibilité d'interrompre les locuteurs.
Cette conférence est extraite de l'émission de radio du mardi 19 février 2008 « Avec
ou sans rendez-vous » sur Radio France. L'extrait à interpréter se situe au début de
l'émission et il dure 10 minutes. Cette émission traite des « relations entre la peau et
l'environnement ». Elle est animée par le Professeur Olivier Lyon-Caen qui reçoit le
Professeur Louis Dubertret.
4. Le texte proposé
4.1 La structure du texte
22

Locuteurs Struture Résumé
Présentateur Annonce du thème de Relation entre la peau et l'environnement
Olivier
Lyon-Caen
l'émission
Problématique La peau est un organe cible et un organe de
protection
Réaction de la peau face aux agressions
extérieures?
Présentation de l'invité Louis Dubertret :
avec énumération de ses ▪ Chef du service de dermatologie à l'hôpital
statuts professionnels Saint Louis à Paris
▪ Professeur à l'université Denis Diderot
▪ Directeur de l'institut de la recherche sur la
peau à l'hôpital Saint Louis
Invité Enumération
▪ Georgette : cancer de la peau
Louis d'exemples de patients ▪ François : eczéma
Dubertret du Professeur Louis ▪ Anne-Marie : pustulose palmo-plantaire
Dubertret
▪ Un étudiant : acné
Conclusion La peau est stressée par l'environnement
Olivier
Lyon-Caen
Question Qu'est-ce que la peau et quel est son rôle?
Louis Définition et rôle de la La peau est constituée de trois tissus :
Dubertret peau
▪ épiderme
▪ derme
▪ hypoderme
Explication et
énumération des trois
rôles de l'épiderme
Comparaison entre des
sujets résistants et non
résistants
L'épiderme est constitué de trois barrières :
▪ la couche cornée
▪ le bronzage
▪ les défenses immunologiques
Qualité de l'épiderme des sujets
Tableau 3: Récapitulatif de la structure logique du texte proposé à l'interprétation
4.2 Points spécifiquement intéressants pour la dactylologie
Dans le texte proposé à l'interprétation, nous retenons plusieurs points intéressants
pour la dactylologie.
23

Tout d'abord, rappelons que ce texte est un discours scientifique qui aborde un sujet
de dermatologie sur « les relations entre la peau et l'environnement ». A cet effet, on
s'attend à trouver des termes scientifiques dactylologiés car certains termes scientifiques
n'ont pas forcément d'équivalent en LSF 18 .
De plus, on trouve dans ce discours un nombre important de noms propres qui vont
faire l'objet d'une interprétation via la dactylologie.
Tous ces termes dactylologiés vont faire l'objet d'une attention particulière de notre
part car nous souhaitons mettre en évidence l'existence ou non d'une « annonce » à la
dactylologie en LSF capable de donner des informations ciblées aux interlocuteurs afin de
faciliter leur compréhension.
4.3 Points spécifiquement intéressants pour l'espace
En s'appuyant sur la structure argumentale et logique de notre texte initial, nous
retenons des points centraux permettant de mettre en avant une étude comparative de
l'utilisation de l'espace chez nos différents sujets interprètes.
Ainsi, nous allons nous focaliser sur le travail de déverbalisation opéré par nos
interprètes sur trois passages du texte 19 .
Dans un premier temps, nous nous attacherons aux exemples énumérés dans le
discours. Ensuite, nous nous focaliserons sur l'interprétation des trois tissus de la peau. Et
enfin, nous travaillerons sur les trois rôles de l'épiderme.
Ces trois passages nous semblent intéressants d'un point de vue de l'utilisation de
l'espace car ils présentent des énumérations, ce qui va permettre d'étudier les choix
interprétatifs des interprètes vis à vis des entités spatialisées.
On s'attend à repérer des changements spatiaux dans le choix des emplacements et
18 Cf 1.2.3 Pas d’équivalent en LSF p.7
19 Cf 4.1 La structure du texte, Tableau 3 p 22 : En italique dans le texte
24

dans la réutilisation de ceux-ci car, comme nous l'avons indiqué dans notre partie
théorique, les signeurs demeurent libre dans leurs choix interprétatifs ce qui peut avoir une
influence sur la reconnaissance de la structure du texte initial.
De plus, on s'attend à trouver des changements du même type que ceux identifiés
lors de l'étude du corpus LS-COLIN c'est-à-dire des changements dans la mise en place et
l'utilisation des locus (droite, gauche, vertical, horizontal) et dans l'investissement du buste.
1. La dactylologie
Analyse des résultats
Au regard des vidéos, on remarque une utilisation assez importante de la
dactylologie chez nos trois sujets.
En tenant compte du déroulement de l'expérience c'est-à-dire une interprétation
sans préparation approfondie, nous ne nous attacherons pas à la dactylologie utilisée pour
pallier un manque de l'interprète car il est fort probable qu'avec la possibilité de préparer ce
type de discours, certains mots n'auraient pas fait l'objet du recours à la dactylologie.
Ce tableau répertorie l'ensemble des termes dactylologiés par nos trois sujets lors
de leurs interprétations.
25

Noms propres Termes en lien avec un domaine
scientifique
Autres
Louis Dubertret, Eczéma, Acné, Sébacée, Mélanome malin, Barrière,
Georgette, François, Vitiligo, Pustulose Palmo-plantaire, Epiderme, Cuir,
Anne-Marie, Louis Derme, Hypoderme, Couche cornée, Corne, Stress
(Saint-Louis), Diderot Pigment, Moelle osseuse, Canal lymphatique,
Ganglion, Mélanocyte, Organe, Immunologie
Tableau 4: Termes dactylologiés par les trois sujets
Tous ces termes ont été dactylologiés par au moins un de nos sujets. Ce qui nous
intéresse ici, c'est le contexte signé environnant les termes dactylologiés 20 afin de trouver
s'il existe une « annonce » à la dactylologie en situation d'interprétation.
Tout d'abord, nous allons nous attacher aux différences qui existent entre les termes
dactylologiés par nos sujets dans le premier passage d’une part, et le second passage
d’autre part.
Puis, nous mettrons en avant les différences qu'il y a entre nos trois sujets quant au
choix de l'environnement des termes dactylologiés.
1.1 Différences entre les passages
Nous commencerons notre analyse à chaque fois par notre sujet de référence c'està-dire
notre sujet expert. Nous allons nous focaliser sur les trois catégories de termes
dactylologiés par nos sujets.
Tout d'abord, nous allons nous attacher aux noms propres. Puis nous verrons les
termes scientifiques. Et enfin, nous terminerons par les termes n’entrant dans aucune des
deux catégories précédentes.
20
Ce travail est effectué par le découpage signe par signe de l'interprétation environnant le terme
dactylologié.
26

1.1.1 Les noms propres
Termes
dactylologiés
Louis Dubertret [INVITER] [PROFESSEUR]
[LOUIS DUBERTRET]
(saint) Louis [CHEZ] [HOPITAL] [SAINT]
[LOUIS]
Passage 1 Passage 2
[INVITER] [PROFESSEUR]
[LOUIS DUBERTRET]
Diderot [PROFESSEUR]
[UNIVERSITE] [DIDEROT]
(saint) Louis [CHEZ] [HOPITAL] [SAINT]
[LOUIS]
Georgette [LÀ] [EXEMPLE]
[GEORGETTE]
François [DEUXIEME] [EXEMPLE]
[IMAGE] [FRANÇOIS]
Anne-Marie [TROISIEME] [EXEMPLE]
[ANNE-MARIE]
[CHEZ] [HOPITAL]
[SAINT] [LOUIS]
[LÀ] [JUSTE] [EXEMPLE]
[GEORGETTE]
[DEUXIEME] [EXEMPLE]
[FRANÇOIS]
[OU] [EXEMPLE] [ANNE-
MARIE]
Tableau 5: Les noms propres dactylologiés par le sujet expert
En s'attachant à l'environnement proche des termes dactylologiés par le sujet
expert, on remarque que celui-ci a effectué peu de modification entre ses deux passages.
En effet, les termes dactylologiés sont annoncés de façon similaire entre le passage
1 et le passage 2.
Chaque nom propre dactylologié fait l'objet d'une annonce chez notre sujet expert.
En ce qui concerne les personnes on retrouve un terme définissant la personne :
[PROFESSEUR]
Pour les noms de lieux, on trouve un terme décrivant le type de lieux : [HOPITAL],
[UNIVERSITÉ] mais on trouve aussi un terme précédent le type de lieu qui peut
s'apparenter à un terme de liaison en LSF : [CHEZ]. Ce terme de liaison permet aux
locuteurs d'anticiper sur le fait qu'un lieu va être énoncé.
Nous allons, maintenant, nous intéresser au travail du premier sujet débutant.
27

Termes
dactylologiés
Passage 1 Passage 2
Louis Dubertret [INVITER]
[PERSONNE][PROFESSEU
R] [LOUIS DUBERTRET]
(saint) Louis [OÙ] [SAINT] [LOUIS] [HOPITAL] [SAINT] [LOUIS]
Diderot [PROFESSEUR]
[UNIVERSITE] [DIDEROT]
(saint) Louis [OÙ] [HOPITAL] [SAINT]
[LOUIS]
Georgette [EXEMPLE] [FEMME]
[GEORGETTE]
[PROFESSEUR] [UNIVERSITE]
[DIDEROT]
[EXEMPLE] [GEORGETTE]
François [PERSONNE] [FRANÇOIS] [IMAGE] [FRANÇOIS] [HOMME]
[LUI]
Anne-Marie [IMAGE] [PERSONNE]
[ANNE-MARIE]
[FEMME] [ANNE-MARIE]
Tableau 6: Les noms propres dactylologiés par le premier sujet débutant
On remarque que l'environnement proche des termes dactylologiés est plus riche
dans le passage 1 que dans le passage 2. En effet, le passage 2 semble avoir fait l'objet
d'une simplification et le résultat est que les termes dactylologiés sont dépourvus
d' « annonce ».
En ce qui concerne les noms de personnes, on retrouve un terme définissant la
personne comme [PROFESSEUR] mais on trouve aussi en juxtaposition un terme plus
général comme [PERSONNE].
On remarque aussi l'utilisation d'un terme définissant le sexe de la personne :
[FEMME], [HOMME] 21 . Cette « annonce » à la dactylologie permet aux locuteurs de se
faire une idée préalable de la personne dont on parle.
Ainsi, le locuteur, lorsque le terme est épelé, peut opérer à un travail d'élimination car il
s'attend à « lire » un nom féminin ou masculin.
21
En ce qui concerne [HOMME], on ne peut considérer ce terme comme « annonce » car il est énoncé
après le terme dactylologié.
28

En ce qui concerne les noms de lieux on trouve un terme décrivant le type de lieux :
[HOPITAL], [UNIVERSITÉ] mais on a un signe décrivant que l'énoncé va parler d'un lieu.
Ce signe est [OÙ].
En LSF, l'utilisation des fausses questions est fréquente car cela permet de présenter
ce qui va être énoncé. Ainsi, avec une fausse question de type : [QUI] le locuteur s'attend à
ce que l'on parle d'un être animé, avec [OÙ] le locuteur s'attend à un lieu...
Pour terminer, nous allons travailler sur les interprétations du second sujet débutant.
Termes
dactylologiés
Louis Dubertret [QUI] [REPONDRE] [PEUT]
[PERSONNE][PROFESSEUR
] [LOUIS DUBERTRET]
Passage 1 Passage 2
[QUI] [REPONDRE] [PEUT]
[PERSONNE][PROFESSEUR] [LOUIS
DUBERTRET]
(saint) Louis [TRAVAIL] [CHEZ] [HOPITAL] [SAINT]
[LOUIS]
Diderot [PROFESSEUR]
[CHEZ][UNIVERSITE]
[DIDEROT]
(saint) Louis [CHEZ] [SAINT] [LOUIS]
Georgette [EXEMPLE]
[PERSONNE][FEMME]
[GEORGETTE]
François [AUSSI] [IMAGE]
[PERSONNE] [FRANÇOIS]
[AUSSI] [TRAVAIL] [PROFESSEUR]
[UNIVERSITE] [DIDEROT]
[PERSONNE] [MALADE] [EXEMPLE]
[FEMME] [GEORGETTE]
[IMAGE] [PERSONNE] [FRANÇOIS]
Anne-Marie [PERSONNE] [FEMME]
[ANNE-MARIE]
Tableau 7: Les noms propres dactylologiés par le second sujet débutant
On remarque, chez notre second sujet débutant, que l'environnement proche des
termes dactylologiés est plus riche dans le second passage. En effet, la double
interprétation semble avoir eu une influence sur ce sujet : on compte moins d'omission et
les termes dactylologiés sont annoncés plus en détails par une série de terme caractérisant.
29

En ce qui concerne les noms de personnes, on remarque que tous font l'objet d'une
présentation globale avec un terme les catégorisant en tant qu'être animé : [PERSONNE].
De plus, à ce terme sont associés soit un qualifiant tel que [PROFESSEUR], soit un terme
annonçant le sexe de la personne [FEMME], soit un terme qualifiant l'état de la personne
[MALADE], soit une fausse question [QUI].
Toutes ces annonces permettent aux locuteurs de se faire une image mentale de la
personne et d'être prêt à recevoir la dactylologie. Le fait de les associer les unes aux autres
permet aux locuteurs de restreindre ses choix possibles d'images mentales ce qui affine le
sens et prépare le terrain à la réception de la dactylologie.
En ce qui concerne les noms de lieux on trouve des termes décrivant le type de
lieux : [HOPITAL], [UNIVERSITÉ]. Ces termes sont systématiquement précédés du terme
[CHEZ] ce qui rend encore plus net l'idée de lieu.
Pour conclure sur cette analyse, on remarque que le sujet expert exploite de façon
similaire l'utilisation de la dactylologie ainsi que son annonce dans le premier et le second
passage. On remarque une perdition de l'utilisation de la dactylologie et donc de
l'utilisation de ses annonces pour le second passage de notre premier sujet débutant. Alors
que, notre second sujet débutant a mis à profit la seconde interprétation pour affiner la
présentation de la dactylologie.
On peut déjà dire que la variation d'utilisation de la dactylologie entre le premier et
le second passage chez nos interprètes débutants montre une instabilité interprétative vis-àvis
des noms propres que l'on ne retrouve pas chez notre sujet expert.
1.1.2 Les termes scientifiques
Nous allons maintenant nous pencher sur l'environnement des termes scientifiques
dactylologiés par nos sujets lors de leurs différentes interprétations.
Voici, un récapitulatif du travail du sujet expert.
30

Termes dactylologiés PASSAGE 1 PASSAGE 2
Eczéma [VIENT] [COMMENCE] [MALADIE]
[ECZEMA]
Sébacée [RESULTAT] [PEAU] [COMME]
[UN PEU] [SEBACEE]
Mélanome [CANCER] [NOM] [MELANOME
MALIN]
Vitiligo [ÇA] [DONNE] [MALADIE]
[EXEMPLE] [VITILIGO]
Epiderme ▪ [DESSUS] [LÀ] [EPIDERME]
▪ [DESSUS] [LÀ] [EPIDERME]
▪ [ÇA] [QUOI] [EPIDERME]
▪ [COUCHE] [ENTRE] [PEAU]
[EPIDERME]
▪ [TROIS] [DEDANS] [EPIDERME]
Derme ▪ [EN DESSOUS] [DERME]
▪ [EN DESSOUS] [DERME]
Hypoderme [TROISIEME] [PAF] [LÀ]
[HYPODERME
Couche cornée ▪ [MEME] [COLLE x3] [NOM]
[COUCHE CORNEE]
▪ [DESSUS] [NOM] [COUCHE]
[COUCHE CORNEE]
▪
▪
[VIENT] [COMMENCE] [ECZEMA]
[EXAMEN] [PEAU] [COMME]
[SEBACEE]
[PEAU] [PI] [MELANOME MALIN]
[OU] [EXEMPLE] [VITILIGO]
▪ [LÀ] [EPIDERME]
▪ [IMPORTANT] [QUOI]
[COUCHE][EPIDERME]
▪ [ÇA] [LÀ] [EPIDERME]
▪ [QUOI] [EXEMPLE] [JUSTE]
[EPIDERME]
▪ [PEAU] [LÀ] [EPIDERME]
▪ [COUCHE] [NOM] [DERME]
▪ [ENTRE] [ENTRE] [DERME]
▪ [PROTEGE] [NOM]
[COUCHE CORNEE]
▪ [FINE] [NOM] [COUCHE]
[CORNEE]
▪ [EN DESSOUS] [COUCHE
CORNEE]
▪ [COUCHE] [LÀ] [CORNEE]
Corne [ÇA] [DUR] [DEVIENT] [CORNE] [LÀ] [COMME] [DEVIENT]
[CORNE]
Pigment ▪ [BRAS] [ÇA] [FABRIQUE]
[PIGMENT]
▪ [DONNE] [BRIQUE] [PIGMENT]
▪ [DEVIENT] [PIGMENT]
▪ [ÇA VEUT DIRE] [PIGMENT]
[NOIR] [ÇA]
▪ [ÇA] [FABRIQUE] [PIGMENT]
▪ [PIGMENT] [SOLEIL] [ Y A PAS]
▪ [PRODUCTION] [BRAS]
[PIGMENT]
▪ [CONTRAIRE] [PERSONNE]
[AVOIR] [PIGMENT]
Canal lymphatique [JUSTE] [CANAL]
[LYMPHATIQUE]
31

Ganglion [APRES] [VA] [GANGLION]
[GANGLION]
Mélanocytes [ÇA] [ÇA VEUT DIRE]
[MELANOCYTES]
Immunologie ▪
▪ [TROISIEME] [RÔLE] [QUOI]
[IMMUNOLOGIE]
▪
▪ [AUSSI] [IMMUNOLOGIE]
[ÇA] [CELLULE]
[MELANOCYTES]
▪ [AUSSI] [IMMUNOLOGIE]
▪ [TROISIEME] [RÔLE] [QUOI]
[IMMUNOLOGIE]
▪ [PROBLEME] [PRÊT]
[IMMUNOLOGIE]
▪ [AUSSI] [IMMUNOLOGIE]
Tableau 8: Les termes scientifiques dactylologiés par le sujet expert
On remarque une certaine homogénéité entre les passages 1 et 2 quant aux choix
des termes dactylologiés chez notre sujet expert.
Toutefois, il semble que le sujet expert se soit focalisé davantage sur « l'annonce »
de l'utilisation de la dactylologie lors de son premier passage. En effet, le second passage
nous apparaît plus appauvri en termes annonceurs de l'utilisation de la dactylologie.
On trouve des termes classificateurs tels que [MALADIE] précédent le terme
dactylologié [ECZEMA] que l'on ne retrouve pas lors du second passage. On repère
l'utilisation de la fausse question [QUOI] avant le terme dactylologié [EPIDERME].
On trouve également l'utilisation du signe [NOM] avant un terme dactylologié
[MELANOME MALIN]. Ce signe est précurseur de l'utilisation de la dactylologie car il
signifie que l'on va nommer quelque chose. Ainsi, le recours à la dactylologie est prévisible
lorsque l'on est face à ce signe [NOM] car il amorce l'utilisation d'un emprunt dans
l'interprétation.
Nous allons maintenant nous focaliser sur le rendu interprétatif du premier sujet
débutant en ce qui concerne l'environnement des termes scientifiques dactylologiés.
32

Termes
dactylologiés
Eczéma
PASSAGE 1 PASSAGE 2
▪ [AUTRE] [PERSONNE]
[GRATTE] [ECZEMA]
▪ [VIENT] [POURQUOI]
[GRATTE] [ECZEMA]
▪ [DONNE] [GRATTE] [ECZEMA]
▪ [PIED] [CHEVILLE] [GRATTE]
[ECZEMA]
Acné [GROS BOUTONS] [ACNE]
Sébacée
Mélanome
malin
[EXEMPLE] [SEBACEE] [GRAS] [EXEMPLE] [RÔLE] [GRAS]
[SEBACEE]
[CANCER] [GUILLEMET]
[MELANOME MALIN]
[CANCER] [EVOLUTION]
[MELANOME MALIN]
Vitiligo [AUSSI] [VITILIGO] [AUSSI] [VITILIGO]
Pustulose [TOI] [FUMER] [ÇA] [PUSTULOSE]
Epiderme ▪ [COUCHE] [EPIDERME]
▪
Derme [COUCHE] [LÀ] [PEAU]
[DERME]
Hypoderme [COUCHE] [HYPODERME]
Couche
cornée
Corne
Pigment
▪ [NOM] [COUCHE] [COUCHE
CORNEE]
▪ [NOM] [COUCHE CORNEE]
▪ [COUCHE FINE] [COUCHE
CORNEE]
[ÇA VEUT DIRE] [DEDANS]
[CORNE]
▪ [LONG BRAS] [ÇA]
[FABRIQUE] [PIGMENT]
▪ [AJOUTE] [PIGMENT]
▪ [ÇA] [PRODUIT] [PIGMENT]
Moëlle osseuse [ÇA] [CELLULE] [COMME]
[MOELLE OSSEUSE]
Canal
lymphatique
[LÀ] [CANAL]
[CANAL LYMPHATIQUE]
▪ [LÀ] [COUCHE] [EPIDERME]
▪ [PREMIERE] [COUCHE] [EPIDERME]
[COUCHE] [DERME]
[COUCHE] [HYPODERME]
▪ [NOM] [COUCHE] [COUCHE
CORNEE]
▪
▪ [PREMIERE] [COUCHE] [FINE
COUCHE] [COUCHE CORNEE]
▪ [LÀ] [FABRIQUE] [COULEUR]
[PIGMENT]
▪ [DATE] [SOLEIL]
[FABRIQUE][PIGMENT]
▪
[VIENT] [MOELLE OSSEUSE]
[CANAL] [LYMPHATIQUE]
Ganglion [APRES] [GANGLION] [APRES] [VA] [OÙ] [GANGLION]
Mélanocytes [MELANOCYTES] [ÇA]
[CELLULE]
[MELANOCYTES] [QUOI] [CELLULE]
Tableau 9: Les termes scientifiques dactylologiés par le premier sujet débutant
33

On remarque une homogénéité dans le choix des termes dactylologiés par le
premier sujet débutant entre le passage 1 et le passage 2.
Cependant ce qui frappe est le peu d'emploi de termes annonciateurs de la
dactylologie dans l'environnement proche des termes épelés.
En effet, on note que le sujet n'a pas préparé le terrain de la réception de la
dactylologie dans le corps de son interprétation.
Cependant, lors de son premier passage, le sujet a utilisé le signe [GUILLEMET]
avant de dactylologier le terme [MELANOME MALIN]. Ce signe annonce le recours à un
emprunt car il est principalement utilisé pour faire référence à une expression propre à une
langue. Il est également utilisé pour parler des titres de films par exemple. Ce signe est
calqué sur l'utilisation des guillemets dans l'expression écrite du français.
Ainsi, ce signe est une annonce succeptible d'avertir les interlocuteurs de
l'utilisation de la dactylologie.
Pour terminer sur les termes scientifiques, nous allons nous intéresser au travail du
second sujet débutant.
34

Termes
dactylologiés
Eczéma
Acné
Sébacée
Mélanome
malin
PASSAGE 1 PASSAGE 2
▪ [PROBLEME] [MALADIE]
[ECZEMA]
▪ [PROBLEME] [MALADIE]
[ECZEMA]
[PROBLEME] [BOUTONS]
[ACNE]
[PEAU] [TRANSPIRER] [NOM]
[SEBACEE]
▪ [MALADIE] [NOM] [ECZEMA]
▪ [PROBLEME] [SAUF] [ECZEMA]
[PROBLEME] [BOUTONS] [NOM][ACNE]
[TRANSPIRER] [NOM] [SEBACEE]
[CANCER] [PROBLEME][NOM]
[MELANOME MALIN]
Pustulose [PUSTULE] [NOM] [PUSTULE] [PIED] [SON] [PUSTULE] [PUSTULE]
Epiderme ▪ [COUCHE] [EPIDERME] ▪ [COUCHE] [EPIDERME]
▪
▪ [COUCHE] [EPIDERME]
▪ [ÇA] [COUCHE] [EPIDERME] ▪ [LÀ] [QUOI] [EPIDERME]
▪ [COUCHE] [NOM] [EPIDERME] ▪
Derme [DESCEND] [COUCHE] [DERME]
Hypoderme [COUCHE] [HYPODERME] [COUCHE] [HYPODERME]
Couche cornée ▪ [NOM] [COUCHE] [COUCHE
CORNEE]
▪ [COUCHE] [NOM] [COUCHE CORNEE]
▪[LÀ] [SOUPLE] [NOM]
[GUILLEMET]
[COUCHE][COUCHE CORNEE]
▪ [NOM] [COUCHE] [COUCHE CORNEE]
▪ [COUCHE] [COUCHE CORNEE] ▪ [LÀ] [COUCHE] [COUCHE CORNEE]
Pigment ▪ [FABRIQUER] [QUOI]
[PIGMENT]
▪ [FABRIQUER] [QUOI] [NOM][PIGMENT]
▪ [A L'INTERIEUR]
[BRAS][PIGMENT]
▪ [DEDANS] [BRAS][PIGMENT]
▪ [ÇA VEUT DIRE] [DEDANS]
[PIGMENT]
▪ [ÇA VEUT DIRE] [PIGMENT]
▪ [BARRIERE] [PIGMENT] ▪
Moëlle osseuse [COLONNE] [DEDANS] [MOELLE
OSSEUSE]
[VIENT] [MOELLE OSSEUSE]
Canal [NOM] [CANAL]
[CANAL] [LYMPHATIQUE]
lymphatique
[LYMPHATIQUE]
Ganglion [LÀ] [GANGLION] [GANGLION] [GANGLION] [GANGLION]
Mélanocytes [ENFIN] [MELANOCYTES]
Organe [PEAU] [COMME] [ORGANE]
[ORGANE]
[PEAU] [ORGANE] [ORGANE]
Tableau 10: Les termes scientifiques dactylologiés par le second sujet débutant
35

On remarque un emploi important de termes annonciateurs de la dactylologie chez
notre second sujet débutant. Il semble que le recours à la dactylologie fasse l'objet d'une
attention particulière par ce sujet. En effet, l'utilisation quasi systématique du signe [NOM]
nous laisse penser que ce terme est évocateur de l'utilisation de la dactylologie chez ce
sujet débutant.
On remarque aussi un emploi constant entre le passage 1 et le passage 2 des fausses
questions. Le signe [QUOI] permet à l'interlocuteur de s'attendre à recevoir un terme
dactylologié.
De plus, on remarque chez ce sujet une association entre le signe [QUOI] et le signe
[NOM] ce qui prépare doublement l'interlocuteur à la « lecture » de la dactylologie. La
juxtaposition d'annonce prévient les interlocuteurs que l'interprète va avoir recours à la
dactylologie dans son interprétation.
1.1.3 Autres termes dactylologiés
Sujets Termes
dactylologiés
Passage 1
Passage 2
1 Barrière [TROIS] [OBSTACLE] [BARRIERE]
2 Cuir [COUCHE] [NOM] [COUCHE] [CUIR]
[CUIR]
3 Stress [SUIT] [EXEMPLE] [MOT] [STRESS]
Tableau 11: Les autres termes dactylologiés par les trois sujets
Ces termes font l'objet d'une attention particulière dans notre analyse déterminant
une « annonce » à l'utilisation de la dactylologie car ils ont tous fait l'objet d'un choix
personnel de la part des interprètes c'est-à-dire que chaque terme a été épelé une seule fois
et par un seul des sujets.
Tout d'abord, le sujet expert a choisi d'épeler le mot « stress » car il présente dans le
sens du discours une intention particulière de la part du locuteur. En effet, celui-ci s'attarde
à expliquer l'impact du stress sur la peau.
Le sujet expert a fait le choix d'interpréter via l'utilisation de la dactylologie ce
terme car dans cette situation il voulait donner aux interlocuteurs le terme exact c'est-à-dire
36

le terme en français. A cet effet, le sujet expert a pris soin d'introduire le terme dactylologié
par le signe [MOT] ce qui renseigne immédiatement les interlocuteurs sur la nature de
l'interprétation qui va suivre.
Ainsi, on peut dire que le signe [MOT] précédent une utilisation de la dactylologie
est une annonce permettant aux interlocuteurs de se préparer à recevoir et à lire un terme
dactylologié.
Le choix d'interprétation de notre premier sujet débutant est similaire au choix du
sujet expert. En effet, il a choisi d'épeler le terme [BARRIERE], terme utilisé par le
locuteur, afin de donner aux interlocuteurs la totalité du sens et de la visée discursive du
locuteur. Cependant, on remarque que ce terme dactylologié ne fait pas l'objet d'une
introduction laissant penser que l'interprète va effectuer un emprunt.
En ce qui concerne le second sujet débutant, le terme dactylologié [CUIR] fait
l'objet d'une assimilation au terme [HYPODERME] dans le discours du locuteur. En effet,
celui-ci explique que l'hypoderme s'apparente à du cuir. Ainsi, le sujet a remplacé le terme
[HYPODERME] par le terme [CUIR]. Toutefois, on remarque que ce terme a fait l'objet
d'une annonce par le signe [NOM] évocateur du recours à la dactylologie.
1.2 Différences entre les interprètes
Il existe une similitude dans le choix des termes dactylologiés par nos trois sujets.
Toutefois, l'utilisation des signes annonciateurs ne fait pas l'objet d'une homogénéité au
sein de nos sujets. En effet, le sujet expert a recours a une annonce partielle de la
dactylologie. Il utilise une série variée de signes annonciateurs comme : la fausse question,
le signe [NOM], les signes catégorisant tels que [MALADIE]...
Le premier sujet débutant quant à lui a un environnement proche de la dactylologie
très pauvre. En effet, on remarque peu de recours à des signes annonciateurs, ce qui rend la
réception de la dactylologie de ce sujet assez opaque. En revanche, on remarque que pour
le second sujet débutant le recours à des signes annonciateurs de l'utilisation de la
dactylologie est quasiment systématique. On peut dire que chez ce sujet le signe
annonciateur le plus récurant est le signe [NOM]. Il semble qu'il soit ancré dans sa pratique
de l'interprétation dans l'utilisation de la dactylologie.
37

1.3 Recours à la dactylologie : faciliter la compréhension
Au regard de notre analyse, nous pouvons dire que le recours à la dactylologie peut
être annoncé afin d'en faciliter la compréhension.
Comme nous avons pu le constater, il existe différentes façons de mettre en
évidence l'utilisation de la dactylologie lors d'une interprétation simultanée.
L'utilisation de signe annonciateur est un critère déterminant pour l'interlocuteur
qui sera averti qu'un terme va faire l'objet de la dactylologie en LSF.
Ces signes annonciateurs peuvent être de type catégorisant tels que [PERSONNE],
[MALADIE]... ou caractérisant tels que [PROFESSEUR], [MALADE], [HOMME],
[FEMME]... ce qui permet aux interlocuteurs de se restreindre à un certain champ possible
de terme dactylologié.
Ces signes annonciateurs de la dactylologie peuvent prendre la forme de mot de
transition tels que [NOM], [MOT] ou tels que les fausses questions très utilisées en LSF
comme [QUI], [QUOI], [OÙ]... Ces signes peuvent être apparentés à une présentation
permettant aux interlocuteurs d'anticiper sur ce qui va être dit par la suite et comment cela
va être transmis en LSF.
Tous ces termes annonciateurs signalent aux interlocuteurs l'utilisation de la
dactylologie dans l'interprétation. Ainsi, les interlocuteurs sont plus à même de recevoir et
de « lire » les termes dactylologiés, ce qui a une influence directe sur la compréhension.
De plus, en conséquence à la facilité de compréhension, le discours est perçu
comme étant moins saccadé. En effet, la difficulté de réception de la dactylologie entraîne
des interruptions dans la fluidité de la compréhension ce qui peut donner une fausse idée
du discours émis par le locuteur entendant.
Ainsi, en pensant à annoncer les termes dactylologiés, les interprètes garantiront
une meilleur fluidité dans la réception du message chez les interlocuteurs de la LSF. Cette
méthode est garante d'une interprétation de qualité en ce qui concerne l'utilisation de la
dactylologie.
38

2. L'espace
En partant de la structure du texte original, de son articulation autour des exemples,
de l'explication des trois couches de la peau et des trois rôles de l'épiderme, nous allons
mettre en évidence comment cette logique argumentale se retrouve dans l'espace en LSF
lors d'une situation d'interprétation simultanée.
2.1 Différences entre les passages
2.1.1 Les exemples
Nous avons retranscrit sous forme de dessins l'utilisation de l'espace par notre sujet
expert en ce qui concerne les exemples énumérés dans le texte original.
39

Dessin 1: Bleu = Locus, Vert = Dactylologie,
Rouge = Epaules, Flèche = Trajectoire, Etoile = Pointage
On remarque une similitude dans l'utilisation de l'espace entre les passages 1 et 2
chez notre sujet expert.
Chaque exemple est associé à une rotation du buste vers la droite ou vers la gauche,
ce qui crée des sous-espaces argumentatifs dans la construction du discours. L'alternance
du buste, gauche/droite, signale un changement d'argument dans le discours.
De plus, on remarque que le sujet expert met en avant le fait qu'il s'agit d'une
énumération d'exemples par les termes [DEUXIEME EXEMPLE], [TROISIEME EXEMPLE],
[AUSSI], [OU EXEMPLE], [AUTRE EXEMPLE].
Ainsi, ce type de transition rythme le discours et permet de savoir que l'on change
de thème.
40

On remarque une utilisation du pointage quasi systématique chez notre sujet expert.
Le pointage permet de mettre en relation une entité (ici des personnes) avec un espace
déterminé. Le pointage crée une référence spatiale à laquelle vont être associées toutes les
relations syntaxiques ayant une correspondance avec l'entité visée. De plus, on remarque
que le sujet expert utilise le paramètre du regard, sorte de pointage dans l'espace, pour
créer des locus ayant pour référence les personnes.
A travers l'utilisation de verbes directionnels tels que [DIRE], [RENCONTRER],
[VENIR] la construction syntaxique de l'espace met en relation une entité « personne »
avec un locus.
Les verbes directionnels laissent une trace dans l'espace syntaxique; celle-ci permet
de déterminer un lieu de départ et un lieu d'arrivée. Ici, le point de départ désigne la
personne (François ou l'étudiant) et le point d'arrivée désigne le médecin. D'un point de
vue linguistique, le sujet expert utilise une proforme manuelle vers une autre proforme
manuelle qui devient par la suite une proforme corporelle (corps du signeur).
Enfin, en comparant les deux passages on se rend compte que le sujet expert a
effectué plus de pointages dans le second passage. En effet, comme nous l'avons dit
précédemment le pointage permet de faire apparaître dans l'espace un locus précis
déterminant l'emplacement de la personne.
De plus, le pointage crée un sous-espace qui peut par la suite être réutilisé par
l'interprète. C'est un gain de temps non négligeable lors d'interprétation de conférence où le
débit de parole est soutenu.
A présent, nous allons nous attacher au premier sujet débutant. Les dessins cidessous
illustrent l'utilisation de l'espace effectué par le sujet lorsque le texte original
introduit les exemples.
41

Dessin 2: Bleu = Locus, Vert = Dactylologie, Rouge = Epaules,
Flèche = Trajectoire, Etoile = Pointage
On constate une certaine homogénéité entre le premier et le second passage de
notre premier sujet débutant.
On remarque des changements dans le choix latéral de la gestion de l'espace. En
effet, on note des modifications entre l'espace se situant à la droite du signeur et l'espace se
42

situant à gauche.
On note une grande utilisation de la dactylologie sans repère spécifique dans
l'espace.
On trouve un seul pointage dans le second passage.
Ce sujet a recours a l'utilisation des signes lexicaux placés ce qui crée un espace
spécifique qui détermine la personne.
Cependant ce sont des signes placés qui ne sont pas réutilisés par la suite en tant
que locus.
Il n'y a pas de mouvement du buste, seul une esquisse de mouvement dans le
première exemple du passage 2 laisse penser que le sujet a essayé d'introduire un
changement de thème à l'aide du buste.
On note l'utilisation d'un tracé verbal pour mettre en relation deux espaces
prédéfinis. Lors du premier passage le sujet avait fait le choix de placer [FRANÇOIS] à sa
gauche ce qui a pour effet de créer un locus référent à la personne à cet emplacement
précis de l'espace. Or, on remarque que le verbe directionnel [VENIR] a été réalisé par le
sujet sur sa droite ce qui a pour conséquence de créer à nouveau deux locus
(départ/arrivée) alors que le locus de départ avait déjà été installé dans l'espace auparavant.
On constate que lors du second passage le sujet a rectifié ce phénomène en utilisant cette
fois non plus un signe figé placé mais un pointage associé à la trajectoire.
Ce phénomène d'association et de réutilisation de locus permet de faire une
économie de temps dans l'interprétation d'où la rectification lors du second passage.
Nous allons regarder, à travers les dessins ci-dessous, l'utilisation de l'espace pour
notre second sujet débutant.
43

On constate une utilisation quasi systématique de la simple digitalisation chez notre
dernier sujet. Il n'utilise pas de locus spécifique à l'identification des emplacements dans
l'espace.
Dessin 3: Bleu = Locus, Vert = Dactylologie, Rouge = Epaules
Flèche = Trajectoire, Etoile = Pointage
De plus, le sujet n'utilise pas son buste pour marquer les changements de thème
44

dans le discours mais il va utiliser un signe transitoire [EXEMPLE] introduisant un
changement de thème.
Le sujet utilise la trajectoire pour créer des locus (départ/arrivée).
Pour conclure cette analyse des exemples on peut dire que, pour notre sujet expert,
le buste a une implication directe avec la structure du texte initial car il permet le passage
d'un exemple à un autre et son mouvement montre qu'il s'agit d'une énumération. De plus,
l'accompagnement systématique de signes de transitions exploite également l'idée
d'énumération. Le discours du sujet expert est rythmé par la structure du texte initial.
Ensuite, l'utilisation des pointages sur locus ou sur proforme permet de créer des sousespaces.
Ainsi, dans le discours du sujet expert les emplacements référentiels sont marqués
d'une façon stable. L'utilisation des verbes directionnels marque également l'idée des sousespaces
et crée les relations syntaxiques au sein de ceux-ci.
Pour nos sujets débutants, le buste ne marque pas de valeur dans l'énumération car
celui-ci est figé. Les sujets débutants ne s'appuient pas sur ce paramètre syntaxique pour
appuyer le fait que le locuteur est en train d'effectuer une énumération.
De plus, l'utilisation des pointages est rare chez les sujets débutants. Ils ont fait le
choix d'utiliser la simple digitalisation et les signes lexicaux figés qui introduisent un
locus.
Donc, à l'inverse du sujet expert, on ne retrouve pas la structure du texte initial dans
l'interprétation des sujets débutants. On constate qu'il y a des essais (buste pour le sujet 1 et
transition pour le sujet 2) mais que ceux-ci ne sont pas des automatismes.
Pour conclure, on peut dire que lors qu'une énumération l'interprète doit être attentif
au mouvement de son buste et aux transitions à adopter afin de rendre dans son
interprétation la structure textuelle du discours original.
2.1.2 Les couches de la peau
Avant d'entreprendre l'analyse approfondie de l'utilisation de l'espace pour
l'explication et la définition des couches de la peau, nous signalons que tous les sujets ont
travaillé dans le même espace : devant la poitrine et sur un plan vertical.
45

Voici un schéma qui synthétise le travail du sujet expert.
Dessin 4: Représentation de l'utilisation de l'espace lors de l'énumération des couches de
la peau pour le sujet expert
On remarque que la main dominée reste fixe tout au long de l'explication des
différentes couches de la peau. La main dominée est ici un support.
La différence majeure entre le premier et le second passage de notre sujet expert est
le recul des épaules. En effet, lors de son premier passage le sujet a effectué un recul de
son épaule gauche signifiant ainsi le passage a un autre thème (ici, épiderme, derme et
hypoderme). Mouvement que l'on ne retrouve pas lors du second passage. Cependant si les
épaules ne sont pas sollicitées lors du second passage, le sujet a introduit une transition
entre la deuxième et la troisième définition : [TROISIEMEMENT]. On retrouve ainsi une
cohérence avec le texte initial qui annonce trois couches de la peau.
Enfin, on remarque également un jeu avec la main dominante qui consiste à utiliser
l'épaisseur de la main pour indiquer une différence entre les trois couches.
L'emplacement et le jeu des reprises de frontières permettent d'avoir un schéma
visuel complet et précis des différentes couches de la peau en LSF.
46

Le schéma ci-dessous représente l'interprétation du premier sujet débutant.
Dessin 5: Représentation de l'utilisation de l'espace lors de l'énumération des
couches de la peau pour le premier sujet débutant
Chez notre premier sujet débutant on trouve la main dominée fixe qui sert de
support à l'explication.
La différence que l'on perçoit est l'utilisation du recul du buste pour annoncer un
changement énonciatif dans le discours. En effet, ce sujet a effectué un mouvement de
recul de l'épaule droite lors de la dernière entité expliquée dans le discours original.
Ainsi, on peut dire que le sujet a entrepris lors de son second passage d'introduire la
structure du texte initial dans son interprétation à travers l'utilisation du mouvement des
épaules.
Ci-dessous, le schéma de l'utilisation de l'espace par le second sujet débutant.
47

Dessin 6: Représentation de l'utilisation de l'espace lors de l'énumération des couches
de la peau pour le second sujet débutant
Notre deuxième sujet débutant, quant à lui, a opéré de grands changements entre
son premier et son second passage. En effet, comme le montre le schéma ci-dessus le sujet
a modifié les emplacements et la forme -reprise de frontière- de chaque thème défini. Il a
identifié l'emplacement en fonction de la définition des différentes couches de la peau et il
s'en est servi pour rendre son interprétation visuellement plus juste.
Pour conclure sur cette analyse de l'espace à travers l'explication des couches de la
peau, on peut dire que le sujet expert a utilisé l'espace de différentes façons pour rendre
visible la structure du texte initial. Ainsi, par les mouvements d'épaules il rappelle les
changements thématiques dictés par le texte.
De plus, par l'utilisation de transition, il effectue une mise en saillance et un
rappelle des éléments préalablement énoncés (trois couches de la peau).
En utilisant l'emplacement et en jouant sur l'épaisseur des reprises de frontières il
intègre a sa structure syntaxique les éléments de la définition de chaque terme.
Les deux sujets débutants, quant à eux, n'ont pas intégré les mouvements du buste
48

ni les transitions pour mettre en évidence la structure du texte initial.
Notons qu'ils ont essayé de modifier leur première approche à travers une recherche
dans le mouvement du buste pour le sujet 1 et une recherche dans l'emplacement et les
reprises de frontières pour le sujet 2.
2.1.3 Les trois rôles de l'épiderme
Dans cette dernière sous partie nous allons traiter et analyser les choix interprétatifs
des sujets pour l'argumentation et l'explication des rôles de l'épiderme.
Le schéma ci-après expose le travail du sujet expert.
Dessin 7: Représentation de l'utilisation de l'espace lors de l'explication de l'épiderme
pour le sujet expert
C'est lors de la première phase sur notre schéma c'est-à-dire, si on se rattache à la
structure du texte initial, lors de l'annonce des trois rôles de l'épiderme que notre sujet
expert a fait des modifications entre son premier et son second passage
49

On constate chez notre sujet expert un changement au niveau de l'utilisation de la
main dominante et de la main dominée.
En effet, notre sujet a utilisé sa main dominante pour interpréter le signe [3] lors de
son premier passage alors que pour la seconde version il a utilisé sa main dominée. Cette
variation peut s'expliquer par la nature même des signes : si l'interprète utilise une de ses
mains comme support c'est-à-dire qu'elle est fixe cela signifie que son autre main est libre
et qu'elle peut ainsi faire gagner du temps. En effet, il arrive d'exécuter certaines tâches
censées être attribuées à la main dominée par la main dominante si celle-ci est en position
de support dans l'énonciation.
De plus, on remarque un changement de stratégie dans la présentation de
l'épiderme. Dans le premier passage, notre sujet a utilisé l'ensemble main/avant-bras
comme support à son interprétation alors que dans le second passage il a utilisé sa main en
tant que reprise de frontière. Ainsi, ce changement s'inscrit dans la logique interprétative
du sujet. En effet, auparavant il avait utilisé une reprise de forme pour indiquer les couches
de la peau.
Enfin, on note une similitude dans l'énumération des différents rôles de la peau
dans les interprétations du sujet expert. Il débute son interprétation avec le signe
[EXEMPLE] qui illustre le rôle de la couche cornée du discours initial. Puis, il introduit
avec le signe [2] le rôle du bronzage et enfin il indique par le signe [3] le rôle
immunologique de l'épiderme. Ainsi, dans l'interprétation du sujet expert on retrouve la
structure du texte initial dans l'appel des différents rôles de l'épiderme.
50

Le schéma ci-dessous représente l'utilisation de l'espace du premier sujet débutant.
Dessin 8: Représentation de l'utilisation de l'espace lors de l'explication de
l'épiderme pour le premier sujet débutant
On remarque que notre premier sujet débutant n'a pas opéré de changements entre
le premier et le second passage. Notons juste que lors de son second passage le sujet a
effectué un zoom à l'aide d'un signe lexical [ECARTER] ce qui d'un point de vue
linguistique a permis d'ouvrir un sous-espace dans lequel on se situe lors de la suite de
l'interprétation.
Les changements que l'on remarque pour ce sujet se situent au niveau de notre
troisième phase dans notre schéma ci-dessus.
En effet, lors de son premier passage ce sujet n'a pas mis en évidence la structure
du texte initial car il n'a pas suivi le cheminement logique « 1, 2, 3 ». Par contre lors du
second passage on retrouve parfaitement l'idée de la structure du texte dans son
interprétation.
Le schéma ci-après dessine le travail du second sujet débutant.
51

Dessin 9: Représentation de l'utilisation de l'espace lors de l'explication de l'épiderme
pour le second sujet débutant
Le second sujet débutant est celui pour lequel on constate un changement radical
entre le premier et le second passage.
Dans un premier temps, on constate que ce sujet a travaillé sur le plan horizontal
c'est-à-dire en partant de sa poitrine et en allant vers l'extérieur horizontalement. Puis, dans
un second temps, il a fait le choix de travailler sur le plan vertical.
Cette observation permet de dire que l'espace et le choix des plans de travail au
niveau de l'espace est modulable dans certains cas en LSF.
Dans ce cas, le changement de stratégie indique que le sujet n'était pas satisfait de
sa première approche car celle-ci ne respecte pas la logique iconique de la LSF. En effet,
les couches de l'épiderme sont superposées et non juxtaposées ce qui montre que le second
choix est celui qui se rapproche le plus d'une interprétation de qualité.
De plus, le sujet a fait le choix de restituer la structure du texte initial non pas grâce
à des signes lexicaux tels que [PREMIER], [DEUXIEME]... mais à travers une reprise de
frontière d'une configuration manuelle précédemment utilisée dans l'interprétation lors de
52

son second passage. Cette stratégie permet à l'interprète d'économiser du temps et de rester
dans une logique iconique dans son interprétation.
Pour conclure, on remarque que nos trois sujets ont retransmis la structure du texte
initial dans leur interprétation même si elle n’apparaît que dans le second passage de nos
sujets débutants.
Tous ont adopté, lors de leur second passage, la stratégie selon laquelle l'épiderme
est représenté à travers une reprise de frontière d'une configuration manuelle.
Les changements les plus radicaux sont constatés pour le deuxième sujet débutant
cela peut être dû au fait que celui-ci a déjà interprété 22 lors d'un rendez-vous médical et
lors d'un cours « les différentes couches de la peau ». Ainsi, il est possible que des
souvenirs se soient mis en place afin de rectifier certains paramètres interprétatifs à ce
moment du discours.
2.2 Différences entre les interprètes
D'une façon globale nous avons constaté que nos trois sujets ont respecté la
structure du texte initial.
Le constat que l'on peut faire est que le sujet expert a mis en évidence dès son
premier passage cette structure alors que les sujets débutants n'y sont parvenus que lors de
leur second passage.
Ce constat nous permet de dire que l'expérience a un rôle dans l'appréhension de la
structure des textes chez les interprètes. Les interprètes débutants parviennent à mettre en
relief la structure d'un texte lors de la seconde interprétation ce qui permet de dire que
certains automatismes dans le repérage des éléments logiques et argumentaux de la
structure des textes demandent une grande capacité d'attention.
22 Cf ANNEXE 4 : Questionnaire p.60
53

L'élément le plus révélateur est l'utilisation des mouvements du buste. En effet,
ceux-ci permettent de travailler la structure logique des textes car les mouvements notifient
un changement d'espace et donc un changement de thème.
Les sujets débutants n'ont pas encore intégré ce paramètre dans leur pratique de
l'interprétation.
54

Conclusion
Ce mémoire nous a permis de dégager des conclusions pertinentes quant à
l'utilisation de la dactylologie et de l'espace en LSF afin d'obtenir une interprétation de
qualité.
En ce qui concerne l'utilisation de la dactylologie en situation d'interprétation
simultanée, nous avons pu mettre en évidence qu'il existe effectivement des « annonces »
permettant de renseigner les interlocuteurs sur l'utilisation d'un emprunt aux langues
écrites.
Ces annonces peuvent être répertoriés en fonction de leur rôle :
Les signes catégorisants ou classificateurs qui décrivent une personne, un lieu...
tels que [PERSONNE], [PROFESSEUR], [HOMME], [FEMME], [HOPITAL], [UNIVERSITE],
[MALADIE]... renseignent les interlocuteurs sur la nature de ce qui va être interprété par la
suite. De plus, ils permettent aux interlocuteurs de restreindre les possibilités d'images
mentales. Ainsi, ils sont mieux préparés à recevoir et à comprendre la dactylologie.
Les signes de transitions comme [NOM], [GUILLEMET], [MOT], [CHEZ]... sont des
signes qui, sémantiquement, font référence à l'utilisation d'un emprunt. Ainsi, ces signes
permettent d'attirer l'attention des interlocuteurs sur une utilisation prévisible de la
dactylologie.
Enfin, les signes « fausses questions » qui permettent d'avertir les interlocuteurs sur
la nature de ce qui va suivre dans le discours; en l'occurrence, dans certains cas,
l'utilisation de la dactylologie. En effet, l'utilisation des signes [QUOI], [QUI], [OÙ]...
permettent aux interlocuteurs de restreindre leur attente : un objet, un lieu, une personne...
et ainsi d'être préparés à recevoir un terme dactylologié.
Cette analyse nous a amenés à déterminer des stratégies permettant de garantir la
qualité d'une interprétation en terme de réception c'est-à-dire que les interprètes doivent
être vigilants à introduire dans leur interprétation des signes annonciateurs à l'utilisation
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d'un emprunt aux langues écrites.
On se rend compte à travers nos résultats que cette stratégie n'est pas un
automatisme pour tous les interprètes.
L'utilisation « d'annonce » peut être partielle et variée comme pour notre sujet
expert ou elle peut être inexistante ou unisigne comme pour nos sujets débutants.
Ainsi, on se rend compte que les interprètes ne sont pas forcément conscients de ce
paramètre dans leur interprétation. Il faudrait pouvoir le mettre en avant lors des
formations au métier d'interprètes afin que cela puisse être travaillé tout au long de son
parcours professionnel.
En ce qui concerne l'utilisation de l'espace lors d'une situation d'interprétation
simultanée, nous avons pu mettre en évidence que les sujets interprètes (comme les sujets
locuteurs de la LSF) opèrent des modifications lors de leur second passage.
Ces modifications sont liées à la liberté d'utilisation de l'espace du signeur, avec
principalement des changements au niveau des plans de travail et dans l'utilisation du buste
comme paramètre servant à distinguer des sous-espaces.
Ainsi, à travers cette étude, nous avons mis en évidence que l'expérience dans le
domaine de l'interprétation permet d'avoir une première approche de qualité dans
l'utilisation de l'espace et que pour les interprètes débutants la réinterprétation permet un
progrès en terme de traitement de l'espace.
Nous pouvons dire que l'utilisation de l'espace se travaille au fur et à mesure des
interprétations et certains acquis vont devenir des automatismes par la suite.
Toutefois, afin de permettre une progression plus rapide, il semblerait important de
pouvoir travailler, lors des formations, les structures argumentales et logiques des textes
afin que les interprètes débutants soient plus à même de repérer et de retranscrire à l'aide
de l'utilisation du buste et des signes de transitions tels que [PREMIER], [DEUXIEME]... la
structure du discours original.
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Annexe 1: Alphabet manuel de la LSF
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Annexe 2 : Le code de travail des interprètes Français/LSF
Code déontologique
● Article 1 : Le secret professionnel
L'interprète est tenu au secret professionnel total et absolu comme défini par les
articles 226-13 et 226-14 du nouveau code pénal dans l'exercice de sa profession à
l'occasion d'entretien,de réunion ou de conférence non publique. L'interprète s'interdit toute
exploitation personnelle d'une quelconque information confidentielle.
● Article 2 : La fidélité
L'interprète est tenu de restituer le message le plus fidèlement possible dans ce qu'il
estime être l'intention du locuteur original.
● Article 3 : La neutralité
L'interprète ne peut intervenir dans les échanges et ne peut être pris à partie dans la
discussion. Ses opinions ne doivent pas transparaître dans son interprétation.
● Article 1 :
Code de conduite professionnelle
L'interprète s'interdit d'accepter un engagement pour lequel il n'est pas qualifié. S'il
est seul à pouvoir assurer cette prestation il pourra le faire après en avoir averti toutes les
parties concernées.
● Article 2 :
L'interprète s'engage, dans la mesure du possible, à se former dans le but de
répondre aux besoins des usagers.
● Article 3 :
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L'interprète qui exerce une autre activité professionnelle, notamment au sein d'une
institution, doit prendre garde à ce que les exigences de cette autre activité ne soit pas en
contradiction avec le code éthique de l'AFILS.
● Article 4 :
L'interprète doit avoir une présentation appropriée à la situation d'interprétation.
pour le bon déroulement de l'interprétation, il doit veiller à ce que certaines conditions
matérielles soient respectées (lumière, placement,...)
● Article 5 :
Conformément à l'article L112-3 du code de la propriété intellectuelle, l'interprète
est propriétaire de sa traduction et de son interprétation. Aucune utilisation, diffusion, ni
commercialisation de cette dernière ne pourra se faire sans son accord.
● Article 6 :
L'interprète doit être loyale et solidaire à l'égard de ses collègues. Toute critique sur
un collègue ne doit pas être énoncée en public.
● Article 7 :
L'interprète doit s'assurer qu'il dispose de bonne condition de travail. Il doit
prévenir son client que des pauses lui sont nécessaires. En aucun cas il ne pourra travailler
plus de 2 heures sans relais.
● Article 8 :
Si l'interprète travaille en équipe, il est en droit de connaître l'identité de son ou de
ses collègues avant d'accepter un contrat.
● Article 9 :
L'interprète peut refuser un contrat si, pour une raison éthique et
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personnelle, il sent que sa prestation ne sera pas conforme au présent code. Le client pourra
alors demander une attestation de refus de l'interprète.
● Article 10 :
Les interprètes qui travaillent ponctuellement bénévolement pour des associations
caritatives ou à caractère humanitaire, s'engagent à respecter le présent code et à demander
les mêmes conditions de travail que s'ils étaient payés.
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Annexe 3 : Modification de l’utilisation de l’espace
Corpus LS-COLIN « Henry 11 Septembre 2001 »
Extrait de l'étude réalisée en cours de linguistique de la LSF (A.Risler 2008-2009, non
publié)
Dessin 10: Utilisation de l'espace pour le premier passage
D essin 11: Utilisation de l'espace pour le second passage
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Annexe 4 : Questionnaire
Réalisé à l'issue de l'expérience
Question en lien avec le support audio à interpréter
Questions
Sujet 1 Sujet 2 Sujet 3
Avez-vous déjà interprété un RDV
chez un dermatologue ?
OUI OUI OUI
Avez-vous déjà interprété un discours
sur les différentes couches de la peau
?
NON OUI NON
Si oui, à quelles occasions ? -chez un dermatologue
-lors d'un cours (biologie) préparation
au concours d'aide soignant
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