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Comme on le voit, le rôle des pouvoirs publics est fondamental dans le processus d'urbanisation. Véritables créateurs du sol urbain, ce sont eux qui organisent et décident du développement spatial de la ville, malgré les problèmes fonciers auxquels ils sont parfois confrontés. Ils y contribuent également par la gestion de l'environnement urbain et par la valorisation des lots créés. Toutefois, la production du bâti relève surtout d'initiatives privées dont il convient de connaître les acteurs et leurs modes d'intervention pour mieux débrouiller les mécanismes de formation de l'espace urbain à Daloa. DI STRATEGIES DES ACTEURS SOCIAUX DANS LA PRODUCTION DE L'ESPACE URBAIN 1. L'occupation de l'espace urbain et la ségrégation de l'habitat Au temps des Préfets-maires et même actuellement où les autorités municipales effectuent les lotissements, après la création des lots, le Préfet, en sa qualité de président de la commission d'attribution des lots, convoque ses membres pour en assurer la distribution. Cette commission est composée des responsables politiques et administratifs de la ville, des représentants de l'armée, de la gendarmerie et des locataires, du secrétaire général de la section locale de l'Union Générale des Travailleurs de Côte d'Ivoire Cu.G.T.C.I.) et de trois notables. Après examen des demandes, les lots sont attribués. Dans le cadre des opérations de structuration, les occupants propriétaires sont prioritaires. Ensuite, le Préfet fait dresser la liste des attributaires et leur envoie des lettres. Ce sont notamment des fonctionnaires en poste à Daloa, des cadres ressortissants de la région, des commerçants, des transporteurs, des industriels, des artisans, des planteurs, les groupements religieux et les propriétaires terriens indemnisés. Ces derniers s'acquittent des frais de bornage au trésor ; auparavant, ils le faisaient directement au service des domaines de la préfecture. Les frais de bornage ont rapidement évolué: de 7 000 F à 10 000 F dans les premiers lotissements, ils atteignent actuellement 75 000 F pour les lots sociaux et de moyen standing et 150 000 F pour les lots résidentiels et commerciaux. Après le paiement des frais de bornage et sur présentation du dossier technique, antérieurement le Préfet leur délivrait une autorisation de construire par arrêté préfectoral ; aujourfi'hui le Maire le fait par arrêté municipal. En ce qui concerne la mise en valeur des lots, les agents de la construction de la Direction Régionale de la Construction et de l'Urbanisme sont chargés d'implanter les maisons sur le sol avant leur édification. C'est pourquoi, un plan des bâtiments à construire, établi par un architecte privé ou du secteur public, est joint au dossier technique. Dans les zones résidentielles, il est exigé une villa principale avec ou sans dépendances et un coefficient d'occupation du sol qui ne dépasse pas 30 % sur les terrains de taille supérieure ou égale 176

à 1200 m 2 et 40 % sur ceux de dimension inférieure. Sur les lots de moyen standing (800 à 900 m\ les villas sont aussi imposées, mais le coefficient d'occupation du sol est porté à 50 % du lot. Quant à l'habitat évolutif, les maisons de plusieurs pièces ou les « entrée-coucher» sont autorisées, mais pas sur plus de 60 % de la superficie du lot. Cependant, comme on le verra plus tard, dans les anciens quartiers d'habitat évolutif, les lots sont bâtis à près de 90 %. Pour les lots commerciaux, les bâtiments sont frappés d'une servitude de galerie et ne doivent pas prendre plus de 60 % de l'espace attribué. L'imposition du mode d'occupation du sol introduit ainsi une ségrégation dans l'habitat urbain. Néanmoins, pour toutes ces constructions, seuls les matériaux durables (parpaings en ciment et toiture en tôles) sont recommandés. De même tout attributaire est tenu de prévoir une clôture au moins provisoire dans le mois qui suit l'acquisition de son lot. Cette disposition n'est pas toujours respectée. En outre, les attributaires ont, en principe, deux années pour effectuer la mise en valeur de leur lot. Au terme de ce délai, le terrain non bâti fait l'objet d'un retrait et d'une nouvelle attribution. En général, l'administration laisse s'écouler parfois plus de cinq ans. En dépit de cela, certaines personnes ne commencent à construire que lorsqu'elles sont informées du retrait de leur lot, ce qui provoque souvent des litiges entre anciens et nouveaux acquéreurs. Les autres qui ne peuvent pas mettre leur terrain en valeur ou ne veulent plus le faire le revendent quelquefois deux ou trois fois plus cher que les frais de bornage: c'est la spéculation. 2 - La spéculation foncière Ce phénomène constitue l'un des aspects importants des modes de production de l'espace urbain. TI contribue non seulement à accélérer la mise en valeur des lots, mais dans un contexte où les demandes de terrains urbains sont très fortes et où les lotissements sont mres, il apparaît aussi dans une certaine mesure comme un moyen d'ajustement de l'offre à la demande. La spéculation foncière stricto sensu consiste à « acheter un terrain pour le revendre, inchangé, après un laps de temps» (Durand-Lasserve, 1976). Dans le cadre de cette thèse, nous avons adopté une définition plus large qui recouvre toutes les transactions sur les terrains urbains con,struits ou non avant l'acte de vente. En outre, les ventes dont il est question portent exClusivement sur les lots attribués par l'administration, donc sur des terrains de faible dimension, si bien que nous parlerons de micro-spéculation. Pour obtenir les informations nécessaires à l'appréciation de ce phénomène, nous avons analysé les actes notariés dont les originaux sont conservés dans les archives du service des domaines de la préfecture. En effet, la deuxième directive du décret du 16/02/1971, portant autorisation d'occupation des terrains, dispose qu'en milieu urbain, une occupation n'est légale que 177

Comme on le voit, le rôle des pouvoirs publics est fondamental dans le processus<br />

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DI STRATEGIES DES ACTEURS SOCIAUX DANS LA PRODUCTION DE L'ESPACE<br />

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1. L'occupation de l'espace urbain et la ségrégation de l'habitat<br />

Au temps des Préfets-maires et même actuellement où les autorités municipales effectuent les<br />

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des planteurs, les groupements religieux et les propriétaires terriens indemnisés. Ces derniers<br />

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Après le paiement des frais de bornage et sur présentation du dossier technique,<br />

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aujourfi'hui le Maire le fait par arrêté municipal.<br />

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