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THÈSE

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Avec l'économie de plantation (café-cacao), ce régime foncier a vite évolué, car l'occupation<br />

du sol, en devenant permanente et définitive, la parcelle que chacun cultive est devenue une<br />

propriété privée. Certains Bété ont cependant continué à céder des terres à des allogènes contre des<br />

dons en nature. D'autres ont hypothéqué des terrains pour garantir des prêts. La terre a acquis une<br />

valeur marchande et chaque propriétaire coutumier en a vendue. D'où un transfert de droits fonciers<br />

coutumiers au profit des allogènes.<br />

Dans la pratique, cette situation juridique demeure très ambiguë en raison de la conception<br />

bété du régime foncier et de l'interprétation que celui-ci fait des modes d'obtention des terres par les<br />

allogènes. En effet, « un des principes de base admis de longue date par les Bété est la distinction<br />

entre la propriété et la possession d'une terre dont on a que la jouissance, dont on ne peut retirer que<br />

l'usufruit ... En ce qui concerne la propriété du sol, le principe général est que la terre appartient à<br />

celui ou aux héritiers de celui qui l'a défrichée pour la première fois ... Cependant, les immigrés qui<br />

ont bénéficié depuis longtemps d'un droit d'usage et qui ont fait des plantations arbustives ont<br />

souvent considéré que ces terres leurs appartenaient en propre» (Raulin, 1957). Cela est parfois<br />

source de tensions entre autochtones et non autochtones. Dans le cadre de l'extension de la ville de<br />

Daloa, le problème se pose quant aux bénéficiaires des lots de compensation chaque fois que les<br />

terrains exploités par les allogènes font l'objet de lotissement.<br />

Néanmoins, même si l'Etat tolère l'appropriation coutumière des terres, celle-ci n'est fondée<br />

sur aucune base juridique légale. Aussi, pour garantir la propriété de leurs immeubles, certains<br />

possesseurs de terres les ont-ils fait immatriculer.<br />

2. Les titres fonciers ruraux.<br />

Les terrains coutumiers font partie du Domaine privé de l'Etat qui comprend "tout ce qui n'est<br />

pas Domaine public" (Ley, 1972); ce dernier étant, quant à lui, défini par énumération (voir annexe<br />

V) . De ce fait, toute transaction ou cession de terrains coutumiers n'ayant fait l'objet d'aucune<br />

autorisation administrative est nulle de nullité absolue.<br />

L'immatriculation est, en Côte d'Ivoire, la seule procédure par laquelle on peut affirmer des<br />

droits personnels sur un terrain. Elle constate, après une enquête publique et contradictoire, que les<br />

possesseurs coutumiers abandonnent toute revendication ultérieure sur ce terrain. Mais<br />

l'immatriculation se fait d'abord au nom de l'Etat qui, en prouvant de cette manière qu'il est le seul<br />

propriétaire des terres, garantit l'origine de la propriété qu'il concède aux particuliers sous la forme<br />

d'un titre provisoire ou définitif.<br />

L'immatriculation apporte une réelle sécurité juridique à ceux qui l'obtiennent. Pour se mettre<br />

à l'abri des litiges fonciers ou pour se protéger des expropriations autoritaires de l'administration<br />

autour des centres urbains, certaines personnes se sont dotées de ce titre de propriété. C'est ainsi<br />

qu'on peut expliquer la présence de terrains ruraux immatriculés dans la zone d'extension de la ville<br />

de Daloa. Ce sont des propriétés foncières appartenant à des paysans ou à des citadins. De taille<br />

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