Quatre lettres d'un professeur - L'Affaire Corneille-Molière
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Je suis un bon exemple de cette évolution<br />
progressive, même si pour ma part je n’ai<br />
jamais partagé aucun mépris. Il n’est jamais<br />
facile de voir vaciller des certitudes sur<br />
lesquelles nous nous étions construits. J’ai<br />
beaucoup lu Patrick Dandrey, j’ai admiré<br />
son entreprise pour ressaisir l’unité d’une<br />
œuvre à bien des égards disparate et son<br />
<strong>Molière</strong> ou l’esthétique du ridicule ne me<br />
semble pas encore un ouvrage bon à jeter au<br />
feu.<br />
Le comédien Champmeslé – Jean de La<br />
Fontaine ;<br />
Hauteroche – Thomas <strong>Corneille</strong>.<br />
43<br />
Il est toujours possible, après coup, de<br />
fabriquer une cohérence dans le théâtre<br />
collectif de <strong>Molière</strong>, et beaucoup se sont<br />
fait connaître en révélant des cohérences<br />
qui n’en sont qu’en vertu d’un certain état<br />
d’esprit, de la même manière que l’on a<br />
pu démontrer que <strong>Molière</strong> était<br />
« moraliste », « libertin », « bourgeois »,<br />
« intellectuel », « instinctif », « érudit »,<br />
etc. Selon moi, la clef psychologique de<br />
<strong>Molière</strong> est le carnaval. C’est le fil rouge<br />
de sa vie. Dès ses débuts, la troupe de<br />
Madeleine Béjart est présente à tous les<br />
carnavals, publics ou privés. Un dixseptiémiste<br />
a fait une étude, passée<br />
inaperçue à Paris IV, sur cet aspect de<br />
<strong>Molière</strong>. Je vous la recommande : Guy<br />
Spielmann, « <strong>Molière</strong> ou l’esprit du<br />
carnaval », Colloque international des<br />
premières biennales <strong>Molière</strong>, 2001, in<br />
« articles en ligne », La p@ge de Guy,<br />
http://www.georgetown.edu/spielmann/art<br />
icles/moliere carnaval. A tout prendre, la<br />
meilleure approche moliériste du théâtre<br />
moliéresque est celle de Claude Bourqui<br />
: <strong>Molière</strong>, à l’école italienne (2003). M.<br />
Bourqui conclut dans Les Sources de<br />
<strong>Molière</strong> (1999) qu’il n’y a aucune<br />
cohérence, aucune intellectualité dans<br />
l’œuvre de <strong>Molière</strong>, que tout est affaire de<br />
contingences et d’opportunités, que tout<br />
dans ses pièces se contredit sans cesse. Et<br />
de constater : « Une comédie de <strong>Molière</strong><br />
est construite en assemblage d’unités<br />
disparates plutôt qu’en bloc cohérent. […]<br />
La nature même du comique de <strong>Molière</strong><br />
est, tout comme le lazzo, délibérément