Quatre lettres d'un professeur - L'Affaire Corneille-Molière
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certitudes sans cesse servies par de grands<br />
pontes moliéristes et je vous en suis<br />
hautement redevable. J’apprends davantage<br />
à exercer mon esprit critique, à apprendre<br />
beaucoup sur le dix-septième siècle qui à<br />
bien des égards est un siècle méconnu. Je<br />
reste convaincu que c’est en avançant<br />
argument contre argument que vous serez<br />
reconnu et que vous vaincrez, avec patience<br />
et rigueur, les réticences de vos détracteurs.<br />
Le temps joue en votre faveur et le mépris<br />
initial que certains vous expriment cède<br />
progressivement la place à la curiosité, puis<br />
au doute et à la certitude qu’il y a des<br />
probabilités pour que vos thèses rendent<br />
compte avec justesse de cet accord discret<br />
assez unique dans la littérature.<br />
42<br />
L’association <strong>Corneille</strong>-<strong>Molière</strong> n’a rien<br />
de particulier. Sous Louis XIV toutes les<br />
vedettes de théâtre étaient le prête-nom<br />
d’un ou de plusieurs écrivains qui, sans<br />
elles, ne pouvaient ni s’exprimer<br />
socialement ni gagner de fortes sommes.<br />
L’association <strong>Corneille</strong>-<strong>Molière</strong> nous<br />
paraît exceptionnelle en raison de quatre<br />
causes indépendantes de la nature même<br />
de leur association :<br />
1) <strong>Corneille</strong> fut le plus grand auteur de<br />
théâtre de son temps ;<br />
2) Au dire de ses contemporains, <strong>Molière</strong><br />
fut le plus grand des comiques ;<br />
3) L’emploi de Bouffon du Roi a procuré à<br />
<strong>Molière</strong> un statut sacro-saint dans la<br />
société de son temps, d’où les haines qu’il<br />
suscita et les éloges si flatteurs ;<br />
4 ) Les exigences de Louis XIV furent<br />
telles que <strong>Molière</strong> et <strong>Corneille</strong> durent<br />
donner le meilleur d’eux-mêmes pour<br />
parvenir à le contenter dans le temps<br />
imparti.<br />
Sans ces quatre caractéristiques<br />
extérieures à leur association et<br />
indépendantes d’elle, l’association<br />
<strong>Molière</strong>-<strong>Corneille</strong> eût été tout à fait<br />
identique à celles, par exemple, de :<br />
Dominique, dit Arlequin – Mauduit de<br />
Fatouville ;<br />
L’enfariné Jodelet – Paul Scarron ;<br />
Montfleury père – Antoine Jacob dit<br />
Montfleury fils ;<br />
Le farceur Poisson – Edme Boursault ;