Quatre lettres d'un professeur - L'Affaire Corneille-Molière
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Voici donc où j’en suis actuellement.<br />
J’attends avec hâte vos réponses que je lis<br />
avec une joie toujours renouvelée.<br />
Cordialement.<br />
4 ème LETTRE<br />
Monsieur,<br />
Février 2011<br />
Lecteur de bonne foi, exigeant aussi,<br />
j’avoue désormais qu’il ne m’apparaît pas<br />
du tout improbable que <strong>Molière</strong> n’ait pas<br />
écrit les pièces qu’on lui attribue. Vous<br />
m’avez notamment montré l’importance de<br />
Rouen dans deux moments décisifs de la<br />
carrière de Poquelin ; vous m’avez<br />
convaincu de l’omniprésence de <strong>Corneille</strong><br />
dans son entourage. Vous avez plus fait en<br />
trois <strong>lettres</strong> qu’en près de quarante ans de<br />
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pouvoir (Il en a toujours été ainsi avec les<br />
Bouffons du Roi : l’emploi sacro-saint<br />
qu’ils occupent catalyse l’imaginaire<br />
populaire et la haine des élites). Pourquoi<br />
croyez-vous que l’on a élu en 1769 <strong>Molière</strong><br />
à l’Académie française et que la<br />
Révolution française, après Voltaire, a fait<br />
de <strong>Molière</strong> « l’écrivain du peuple » ?<br />
Parce qu’on a voulu annihiler dans<br />
l’esprit des Français l’époque royaliste et<br />
le prestige qu’elle continuait d’avoir<br />
auprès de certains. En faisant de <strong>Molière</strong><br />
un grand pré-républicain au lieu d’un<br />
bouffon aux services des plaisirs du Roi et<br />
de ses intérêts, les post-révolutionnaires<br />
ont monté au pinacle <strong>Molière</strong> roi de<br />
carnaval et rabaissé autant que faire se<br />
peut le véritable roi. L’Histoire montre<br />
souvent pareille ironie. En 1792, les<br />
continuateurs de la Révolution française<br />
se sont empressés d’abolir l’emploi de<br />
bouffon du prince, preuve que cet emploi<br />
perdurait; ce faisant, ils ont définitivement<br />
métamorphosé le dernier des grands<br />
bouffons en premier des bons républicains<br />
– une merveilleuse revanche posthume<br />
pour celui qui fut toujours aux ordres.