Quatre lettres d'un professeur - L'Affaire Corneille-Molière

Je voulais aussi vous demander : est-ce un
obstacle sérieux à votre thèse si Molière
savait lire et écrire ?
Le même Fournier déclare qu’en 1682, La
Grange donne une nouvelle édition des
œuvres de Molière revue sur les
autographes qu’il a conservés.
En 1799, d’après Grandmesnil, la Comédie-
Française possédait encore quelques papiers
de Molière avant son incendie du 18 mars
de cette même année.
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désir pressant de Molière de créer à tout
prix les nouvelles œuvres de celui dont,
depuis le début de son activité de directeur
de troupe, il n’avait cessé de reprendre les
pièces sur son théâtre. » Ne trouvez-vous
pas qu’après cent cinquante ans d’études
moliéresques, être seulement « tenté de
déduire… » le « désir pressant de
Molière de créer à tout prix les nouvelles
œuvres » de Corneille est insuffisant ?
Molière savait lire. Savait-il écrire ?
Possible. Savait-il écrire correctement ?
J’en doute, puisque nous ne possédons
rien de lui, pas même une dédicace, une
annotation ou son testament olographe.
Savait-il écrire comme un écrivain ? Je
suis convaincu que non. Savait-il écrire
comme Pierre Corneille ? Personne jamais
n’a su écrire comme Corneille, sauf luimême,
et encore parfois il s’auto-citait,
aveu sans doute qu’il ne pouvait plus faire
aussi bien. Votre question « Molière
savait-il lire et écrire ? » me fait songer à
cet abbé ennuyé d’apprendre que Jésus
n’était pas tout à fait celui qu’il imaginait,
et qui demanda à un chercheur allemand
de l’école démythifiante : Cela vous
gênerait si Jésus était tout de même d’une
famille honorable ?
La Grange n’emploie pas le terme
« autographe ».
Pieux mensonges ! Aucun registre ne
mentionne quoi que ce soit de la main de
Molière. Mais quelle aubaine qu’un
incendie permette aux imaginations de
s’enflammer ! Le fils d’Armande et du
comédien Guérin d’Estriché est le seul qui
témoigne de visu avoir en mains les
« papiers » de Molière mais, précisément,