Quatre lettres d'un professeur - L'Affaire Corneille-Molière
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nouveau bourgeois n’a pas les moyens<br />
d’envoyer son fils au collège de Clermont.<br />
Il est probable cependant qu’en tant qu’aîné,<br />
Jean (Baptiste) reçut la meilleure éducation<br />
dont était capable ce couple issu de la<br />
bourgeoisie, et il paraît vraisemblable que<br />
sa mère ait pu lui apprendre à lire et écrire.<br />
Je n’ai aucune certitude, mais nous sommes<br />
dans le domaine du probable.<br />
- <strong>Molière</strong> se rapprochant des Béjart fin 1643<br />
se trouve associé avec des gens de culture.<br />
Joseph, le père d’Armande, est "procureur<br />
au Châtelet, huissier des eaux et forêts de<br />
France à la table de marbre de Paris". Parmi<br />
les onze fondateurs de l’"Illustre Théâtre" –<br />
nom qui apparaît pour la première fois, dit<br />
l’auteur, le 28 juin 1644 après un voyage à<br />
Rouen – figure Nicolas Desfontaines. C’est,<br />
visiblement, un dramaturge, auteur de tragicomédies<br />
: Eurymédon ou l’Illustre Poète<br />
(1637), Perside ou la suite de l’Illustre<br />
Basa (1644), Saint Alexis ou l’Illustre<br />
Olympie (même année) et L’illustre<br />
Comédien ou le martyre de Saint Genest<br />
(1645).<br />
32<br />
La majorité des moliéristes estime que la<br />
mère de Jean-Baptiste savait lire mais<br />
qu’elle ne savait pas écrire correctement.<br />
Le père, lui, devait savoir écrire<br />
passablement, mais ne devait pas<br />
beaucoup lire par manque de temps et par<br />
nature car il était avant tout boutiquier,<br />
fils et petit-fils de boutiquiers, comme le<br />
sera d’ailleurs Jean-Baptiste Poquelin.<br />
Ce jeune poète qui "monte" est également<br />
l’auteur de La Vraie Suite du Cid (1638),<br />
ce qu’évite de remarquer tout bon<br />
moliériste. Le Normand Desfontaines,<br />
disciple du Normand <strong>Corneille</strong>, leur a-t-il<br />
été recommandé par ce dernier ? Un<br />
indice va dans ce sens : Desfontaines a<br />
dédicacé sa Perside au duc de Guise,<br />
protecteur de <strong>Corneille</strong>. Celui-ci pourrait<br />
avoir encouragé le jeune dramaturge à se<br />
présenter devant le duc qui, bon prince,<br />
accepta la dédicace et, vers 1645, fera don<br />
à l’Illustre Théâtre de beaux costumes<br />
ainsi qu’un témoignage l’atteste. La<br />
Troupe s’est donc offert, en la personne de<br />
Desfontaines, un écrivain professionnel<br />
car aucun document ne prouve qu’il ait<br />
été un jour question de confier à <strong>Molière</strong><br />
le soin d’écrire quoi que ce soit.