Quatre lettres d'un professeur - L'Affaire Corneille-Molière
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J’ai lu ce week-end l’ouvrage d’Eudore<br />
Soulié Recherches sur <strong>Molière</strong> et sa<br />
famille, non pas tant l’hagiographie<br />
moliéresque qui en compose la première<br />
partie que l’ensemble des actes notariés<br />
qu’il a recopiés. Certaines de ces pièces ont<br />
suscité à nouveau des questions chez moi et<br />
je me permets de vous en faire part. Peutêtre<br />
ces questions et vos réponses pourrontelles<br />
enrichir la première de mes<br />
interventions que vous avez annotée ?<br />
- L’inventaire après décès de Marie Cressé<br />
(décédée en mai 1632) fait état de deux<br />
ouvrages lui appartenant : Plutarque et la<br />
Vie des hommes illustres d’une part, la<br />
Bible de l’autre. Il apparaît fort probable<br />
qu’elle ait su lire et l’inventaire après décès<br />
de l’acteur <strong>Molière</strong> (je vais y revenir)<br />
mentionne ces deux titres, sans qu’on<br />
puisse établir avec certitude qu’il s’agisse<br />
des deux mêmes ouvrages.<br />
- Le père de Jean-Baptiste, Jean Poquelin,<br />
n’acquiert sa charge de tapissier du roi,<br />
grâce à la transmission partielle que lui en<br />
fait son frère Nicolas, que le 2 avril 1631.<br />
Même si la dot de sa femme est de 2.200<br />
livres en 1621, il apparaît clair que ce<br />
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Mascarille/<strong>Molière</strong> qu’il « passe, au<br />
sentiment de beaucoup de gens, pour une<br />
manière de bel-esprit ; car il n’y a rien de<br />
meilleur marché que le bel-esprit<br />
maintenant. ». En fait un « bel-esprit » est<br />
un « plaisant », quelqu’un d’agréable<br />
parce qu’il connaît les usages du monde.<br />
Or <strong>Molière</strong>, en tant que courtisan, savait<br />
les usages et devait faire son maximum<br />
pour paraître un « bel-esprit ». On sait<br />
que pour beaucoup de courtisans, il ne<br />
trompait personne, ce qui explique<br />
pourquoi plusieurs grands noms l’ont<br />
malmené, ou ont eu l’intention de le faire<br />
battre comme le manant qu’il était à leurs<br />
yeux.<br />
On peut supposer que Marie Cressé savait<br />
lire. Toutefois, à cette époque avoir une<br />
Bible ne signifie pas qu’on la lit, mais que<br />
l’on est chrétien (aujourd’hui encore). Et<br />
le Plutarque était certainement un<br />
héritage que l’on gardait pieusement, sans<br />
se sentir pour autant obligé(e) de l’ouvrir.