Quatre lettres d'un professeur - L'Affaire Corneille-Molière

Il me paraît fondamental de remonter le
plus possible une piste qui paraît
extrêmement fructueuse et que vous
esquissez : l’association Corneille-Molière
est motivée par les besoins financiers de
Pierre Corneille. Analysons les entrées
d’argent, les dépenses qu’il fait, cherchons à
remonter ce nerf de la guerre et de
l’écriture. Deux fils à l’armée – dont un qui
se fait tuer en 1674 – mais combien pour
un brevet militaire...?
Il faut établir ce besoin d’argent d’un auteur
qui n’était plus pensionné en 1674 et dont la
pension est rétablie sur intervention de
Boileau en 1682 (mais une pension de 1.000
livres lorsque la veuve de Poquelin distribue
aux pauvres qui entravent le cortège funèbre
de son mari de 1.000 à 1.200 livres, n’étaitce
déjà pas une aumône insuffisante ?)
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Corneille a tenu en tant que marguillier de
sa paroisse ; et que l’on possède encore un
meuble à l’intérieur duquel Corneille a
écrit des indications afin de pouvoir
retrouver, parmi plusieurs tiroirs, les
papiers qu’il rangeait. C’est oublier
surtout que Molière fut un homme public,
bien plus que dix poètes réunis, qu’il a
côtoyé beaucoup de gens en tant
qu’intendant des Divertissements du Roi
et qu’à ce seul titre déjà, il aurait dû
laisser de très nombreuses traces de son
écriture. Car s’il est naturel que nous
ayons peu de pages autographes d’un
poète quelque peu misanthrope et solitaire
comme Pierre Corneille, il est anormal
qu’un directeur de théâtre, doublé d’une
vedette de scène, triplé d’un grand
courtisan, ne laisse rien. Au fait que
Molière n’ait rien laissé de sa main,
l’explication la plus simple est aussi la plus
historique : à son époque, 90% des
Français ne savaient pas écrire, et ce
pourcentage est supérieur pour les
comédiens spécialisés dans la farce.
Etre officier dans l’armée du Roi était
hors de prix parce que réservé aux fils de
prince.
La pension de Corneille a toujours été
insuffisante et, de plus, irrégulière. Certes,
il ne fut jamais pauvre, mais pas riche
pour autant. C’était un bourgeois qui
grâce à l’héritage de son épouse possédait