Quatre lettres d'un professeur - L'Affaire Corneille-Molière
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donnée similaire établie par le recoupement<br />
de deux documents différents. Plutôt que<br />
d’écrire : "<strong>Molière</strong> n’a jamais écrit une<br />
lettre", je préfère pour l’instant affirmer :<br />
"Nous n’avons, dans l’état actuel de la<br />
recherche, aucune lettre écrite de la main de<br />
<strong>Molière</strong>. Plus de trois siècles de recherches<br />
n’ont jusqu’à présent rien donné". Le fait<br />
est plus que troublant et il convient de<br />
chercher dans toutes les correspondances<br />
des interlocuteurs qu’il fréquente l’absence<br />
de ces supposées <strong>lettres</strong>.<br />
Pour l’heure, je sais peu de choses de la<br />
correspondance des <strong>Corneille</strong> et du lieu où<br />
elle est archivée. Combien avons-nous de<br />
<strong>lettres</strong> de lui, de Mélite jouée autour de<br />
1629 à la fin de sa vie ? L’édition des<br />
Œuvres complètes, édition Seuil 1988, fait<br />
état d’une vingtaine de <strong>lettres</strong> (Je cite la p.<br />
830 : "il ne nous reste de <strong>Corneille</strong> qu’une<br />
vingtaine de <strong>lettres</strong> (dont les deux-tiers sont<br />
le résultat de découvertes relativement<br />
récentes"). Avouons que c’est fort peu sur<br />
un demi-siècle de productions et qu’il reste<br />
beaucoup à trouver dans ce domaine, et que<br />
ce peu de <strong>lettres</strong> trouvées jette un éclairage<br />
un peu différent sur l’absence de <strong>lettres</strong> de<br />
<strong>Molière</strong>. Pourquoi ne le dirait-on pas ? Si<br />
nous avons des doutes, disons-les ; ils font<br />
aussi partie de la démarche intellectuelle<br />
que nous entreprenons.<br />
23<br />
Il est à craindre qu’il n’y ait dans cette<br />
litote quelque hypocrisie. Car si après<br />
trois siècles de recherches acharnées l’on<br />
n’a toujours rien trouvé de la main de<br />
« l’illustre <strong>Molière</strong> », jusques à quand<br />
devra-t-on attendre pour appeler un<br />
"chat" un chat et écrire : "Nous n’avons<br />
rien de la main de <strong>Molière</strong>" au lieu de :<br />
"les recherches n’ont jusqu’à présent rien<br />
donné" ? Pense-t-on que si personne n’a<br />
jamais approché le monstre du Loch Ness,<br />
malgré des millions de curieux annuels,<br />
c’est uniquement parce que "les<br />
recherches n’ont jusqu’à présent rien<br />
donné" ?<br />
Ainsi, parce qu’il y a peu de <strong>lettres</strong> de<br />
<strong>Corneille</strong> il serait normal que nous n’en<br />
ayons aucune de <strong>Molière</strong> ! C’est oublier<br />
que nous en avons des centaines de Racine<br />
ou de Boileau ; c’est oublier que nous<br />
avons le registre paroissial que Pierre