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Quatre lettres d'un professeur - L'Affaire Corneille-Molière

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On trouve quantité d’autres expressions<br />

intéressantes. Ainsi, en janvier 1663 :<br />

« Pour divertir Seigneurs et Dames,<br />

On joua L’Ecole des Femmes<br />

Qui fit rire leurs Majestés<br />

Jusqu’à s’en tenir les côtés,<br />

Pièce aucunement instructive<br />

Et tout à fait récréative,<br />

Pièce dont <strong>Molière</strong> est Autheur<br />

Et, mesmes, principal Acteur ».<br />

Vous tiendrez pour suspecte cette nouvelle<br />

affirmation de l’unité entre auteur et acteur<br />

mais elle est posée par le texte.<br />

De deux choses l’une : ou Loret se moque<br />

14<br />

acclamée comme grand auteur et esprit<br />

fécond. Voyez comment l’éditeur du<br />

célèbre comédien Montfleury le présente :<br />

« On trouve dans ce célèbre auteur tout ce<br />

qu’il faut pour gagner et charmer l’esprit<br />

et le cœur ; une grande délicatesse de<br />

pensées, des sentiments nobles et élevés,<br />

des expressions nettes et naturelles, des<br />

tours naïfs, une belle morale, des leçons<br />

importantes, en un mot tout ce qu’on peut<br />

désirer en des ouvrages de ce genre ; et ce<br />

qu’il y a de plus admirable, et qui marque<br />

la fertilité inépuisable et la justesse du<br />

génie de cet auteur, est que les différents<br />

sujets y sont traités, et maniés de la<br />

manière qu’il convient à chacun, et que les<br />

caractères y sont très bien gardés. » Ne<br />

croirait-on pas que ce dithyrambe<br />

s’adresse pour le moins à l’ « illustre<br />

<strong>Molière</strong> » ? Pourtant, bien que les pièces<br />

qu’il interpréta aient été publiées sous le<br />

nom de « l’illustre Montfleury », personne<br />

de son temps n’a pensé qu’il pût être autre<br />

chose qu’un prête-nom. Il faudra attendre<br />

1739 pour qu’un nouvel éditeur établisse<br />

la vérité. Et aujourd’hui vous ne trouverez<br />

pas un dix-septiémiste pour avoir la<br />

naïveté de croire au génie littéraire de<br />

« l’illustre Montfleury ». En revanche,<br />

sont Légion ceux qui croient en « l’illustre<br />

<strong>Molière</strong> ». Deux poids, deux mesures.<br />

Oui, oui, <strong>Molière</strong> est bien l’"autheur" de<br />

ses pièces, il ne manquerait plus que ça,<br />

qu’il ne le soit pas, avec un Roi qui exige<br />

de lui qu’il le soit en toutes<br />

circonstances… Si le Roi le veut, tout le<br />

monde applaudit.

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