Université de Gand. Liber memorialis: notices biographiques

AUGUSTE KEKULÉ vON STRADONITZ 157
tessorale en notre Université est nécessairement incomplet, il
n'a pour objet que d'indiquer à grands traits les résultats prin-
cipaux de son inlassable activité. Il n'est en effet guère possible
de faire, dans le cadre restreint d'un Liber Memorialis,
l'histoire complète de l'œuvre scientifique d'un tel homme, qui
fut peut-être, au moment où il quitta l'Université de Gand, le
premier des chimistes de son temps. Son nom brillera éternel-
lement, parmi ceux des plus grands génies dont s'enorgueillit
l'humanité savante.
L'influence de Kekulé sur le développement de la chimie
moderne fut énorme; on peut dire qu'il est le créateur de la
chimie organique telle que nous la concevons aujourd'hui.
Sa conception géniale de la constitution du benzène et de ses
dérivés est encore debout aujourd'hui, après plus de quarante
ans d'épreuve; elle a ouvert des horizons immenses à la chimie
théorique et expérimentale. L'hexagone benzénique a été,
comme l'a si heureusement dit l'un des panégyristes de l'il-
lustre maître, l'étoile brillante qui guida toujours sûrement les
pas du chimiste dans l'exploration du vaste domaine de la
chimie aromatique.
Le retentissement des travaux théoriques de Kekulé fut immense
et ses recherches magistrales placèrent rapidement le
jeune professeur de notre Université au premier rang des
chimistes de l'époque. Aussi, dès le début de sa carrière pro-
fessorale, vint affluer autour de lui une pléiade de chimistes
désireux de suivre les leçons du maître et de travailler sous
sa direction.
C'était un professeur incomparable. Si, dans les premières
années, il ne maniait pas la langue française avec une irré-
prochable correction, la haute valeur de son enseignement,
l'admirable clarté de son exposition, l'enthousiasme avec
lequel il professait les théories qu'il avait en grande partie
créées, suppléaient largement à ce que sa phrase pouvait avoir
de défectueux au point de vue littéraire. Il transportait littéralement
ses élèves, auxquels il révélait une science nouvelle,
et leur communiquait son amour pour elle. Plus d'un de ses
auditeurs lui doit sa vocation.