tartuffe complément pédagogique
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Collection Parcours d’une œuvre Sous la direction de Michel Laurin Texte intégral Tartuffe DE MOLIÈRE Complément pédagogique MARCEL FORTIN
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Collection<br />
Parcours d’une œuvre<br />
Sous la direction de Michel Laurin<br />
Texte intégral<br />
<br />
Tartuffe<br />
DE<br />
MOLIÈRE<br />
<br />
Complément <strong>pédagogique</strong><br />
MARCEL FORTIN
TARTUFFE DE MOLIÈRE<br />
TEXTE INTÉGRAL<br />
Complément <strong>pédagogique</strong><br />
Collection « Parcours d’une œuvre » sous la direction de Michel Laurin<br />
Étude de l’œuvre par Marcel Fortin<br />
© 2003<br />
3281, avenue Jean-Béraud<br />
Laval (Québec) H7T 2L2<br />
Téléphone : (514) 334-5912<br />
1 800 361-4504<br />
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Tous droits de traduction, d’adaptation et de reproduction, sous quelque forme que ce soit, en<br />
partie ou en totalité, sont réservés pour tous les pays. Entre autres, la reproduction d’un extrait<br />
quelconque de ce livre, par quelque procédé que ce soit, tant électronique que mécanique, en<br />
particulier par photocopie, par numérisation et par microfilm, est interdite sans l’autorisation<br />
écrite de l’éditeur.<br />
LE<br />
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TUE LE LIVRE<br />
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que la possibilité pour les auteurs de créer des œuvres nouvelles et de<br />
les faire éditer par des professionnels est menacée.<br />
Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Programme<br />
d’aide au développement de l’industrie de l’édition (PADIÉ) pour nos activités d’édition.<br />
ISBN : 2-7616-1973-0<br />
Supervision éditoriale : Claude Roussin
ACTE I, SCÈNE 1<br />
Compréhension<br />
TARTUFFE<br />
COMPLÉMENT PÉDAGOGIQUE<br />
QUESTIONS SUR L’ŒUVRE<br />
ACTE I<br />
1. a) Les reproches que madame Pernelle, aux vers 7 à 40, adresse aux membres de sa famille<br />
permettent d’esquisser, pour chacun d’eux, un trait de caractère particulier. Résumez en quelques<br />
mots ce trait chez Dorine, Damis, Mariane, Elmire et Cléante.<br />
Selon madame Pernelle, Dorine s’exprime trop familièrement sur des sujets qui ne la concernent pas,<br />
Damis est un imbécile qui risque de devenir délinquant, Mariane, apparemment sage, cache un tempérament<br />
de dévergondée, Elmire gaspille l’argent pour satisfaire sa coquetterie et son train de vie mondaine<br />
et Cléante prend des allures de libertin.<br />
b) Que déduisez-vous du caractère de madame Pernelle ?<br />
Madame Pernelle est une vieille acariâtre empêtrée dans des valeurs traditionnelles et rigoristes, qui tient<br />
à imposer sa tyrannie à la famille de son fils.<br />
c) En quoi ses interventions sont-elles comiques ? Justifiez.<br />
Le comique de madame Pernelle réside dans ses interruptions et dans son langage imagé qui cerne en peu<br />
de mots les travers de ses interlocuteurs. Son tempérament bourru et sa gestuelle suscitent aussi la<br />
moquerie.<br />
2. Montrez en quoi la mention du nom de Tartuffe, au vers 41, constitue un ressort dramatique.<br />
La réplique de Damis vient accentuer le conflit entre madame Pernelle et les membres de la famille, qui<br />
ont l’intention de répliquer. Le dialogue qui suit polarise l’action autour de la pertinence de Tartuffe dans<br />
la maison.<br />
3. a) Quelle opinion madame Pernelle a-t-elle de Tartuffe ?<br />
Madame Pernelle est certaine que Tartuffe est un homme de bien dont on doit suivre les maximes.<br />
b) Quelles qualités admire-t-elle chez cet homme ?<br />
Elle admire le rigorisme qu’il impose à la famille, sa piété et son dévouement religieux.<br />
c) Pourquoi les membres de sa famille sont-ils en désaccord avec sa perception ?<br />
Les membres de sa famille ne partagent pas le point de vue de madame Pernelle parce qu’ils ont deviné<br />
l’hypocrisie qui se cache derrière l’apparence de vertu.<br />
d) En quoi cette opposition illustre-t-elle qu’elle appartient à une autre génération ?<br />
Cette opposition illustre que madame Pernelle appartient à une génération où les valeurs religieuses<br />
réelles ou apparentes guident la conduite des gens. Pour cette femme bigote, la présence de Tartuffe est<br />
un gage de salut.<br />
© 2003 Groupe Beauchemin, éditeur ltée – Collection Parcours d’une oeuvre<br />
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4. a) Montrez en quoi la vie mondaine de la famille indispose madame Pernelle (voir les vers 85<br />
à 92).<br />
La vie mondaine l’indispose, car elle prête le flanc aux ragots qui peuvent ternir la réputation de la<br />
famille.<br />
b) Quelle attitude, qui est à l’opposé de celle de madame Pernelle, Cléante propose-t-il d’adopter<br />
(voir les vers 93 à 102) ?<br />
Cléante propose d’ignorer les ragots et d’adapter une conduite exemplaire.<br />
5. a) Quels sont les traits de caractère mis en valeur dans les portraits de Daphné et d’Orante que<br />
brosse Dorine ?<br />
Selon Dorine, Daphné est une femme dont la conduite libertine ne l’empêche pas de s’adonner à la<br />
médisance. Oronte est une femme âgée qui est devenue prude et rigoriste malgré elle, après avoir joui des<br />
avantages de la coquetterie.<br />
b) À quoi servent ces portraits dans le contexte de la SCÈNE 1 ?<br />
Ces portraits, qui débordent du cadre de la famille, illustrent la critique sociale de Molière à l’égard de<br />
l’hypocrisie et de la calomnie. Brossés par Dorine, ces portraits constituent des arguments en faveur de la<br />
transparence et de la vérité.<br />
6. Quels sont les indices qui permettent de croire que la famille d’Orgon appartient à la grande<br />
bourgeoisie française du XVII e siècle ?<br />
La tenue vestimentaire d’Elmire est luxueuse selon madame Pernelle. La vie mondaine évoquée par<br />
Mme Pernelle (v. 88-90) suggère des soirées somptueuses.<br />
7. Divisez la SCÈNE 1 en trois parties et donnez un titre à chacune d’elles.<br />
Vers 1 à 40 : Portraits des membres de la famille du point de vue de Mme Pernelle.<br />
Vers 41 à 92 : Portrait de Tartuffe qui suscite la controverse.<br />
Vers 93 à 171 : Portraits de Daphné et d’Oronte pour dénoncer l’hypocrisie.<br />
8. Expliquez pourquoi cette première scène ne peut être considérée comme une scène d’exposition<br />
complète.<br />
Bien que la première scène nous informe de la présence de Tartuffe dans la maison d’Orgon, nous ne<br />
savons encore rien des intentions des deux protagonistes.<br />
9. Quelle est l’utilité dramaturgique de commencer la pièce par une scène de groupe ?<br />
Le fait de commencer la pièce par une scène de groupe permet à l’auteur de créer du rythme et du mouvement<br />
tout en présentant les personnages et les liens qui les unissent.<br />
Écriture<br />
10. Relevez, dans les propos des personnages, les expressions qui dénotent le mouvement, au début<br />
de la scène, et qui dispensent l’auteur d’avoir recours à des didascalies.<br />
Les expressions « Vous marchez d’un tel pas » (v. 2), « ne venez pas plus loin » (v. 3), « vous sortez si<br />
vite ? » (v. 6) dispensent l’auteur de préciser que madame Pernelle se déplace rapidement en gesticulant.<br />
11. Montrez en quoi la périphrase « la cour du roi Pétaut », au vers 12, est aussi une métaphore.<br />
Cette périphrase est aussi une métaphore parce qu’elle compare le désordre de la famille à celui qui règne<br />
à la cour du roi des mendiants.<br />
12. Que connote la remarque que madame Pernelle adresse à Dorine aux vers 13 à 15 ?<br />
Cette remarque connote que madame Pernelle, qui s’estime en position d’autorité, veut faire comprendre<br />
à Dorine qu’elle tient des propos inacceptables de la part d’une domestique.<br />
© 2003 Groupe Beauchemin, éditeur ltée – Collection Parcours d’une oeuvre<br />
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13. Quel procédé comique madame Pernelle emploie-t-elle au vers 16 ? Expliquez-le.<br />
Madame Pernelle emploie le comique de mots en précisant le nombre de lettres du mot « sot », ce qui,<br />
ironiquement, peut connoter que Damis est un petit imbécile sans envergure.<br />
14. Identifiez et expliquez la figure de style apparaissant au vers 23.<br />
L’expression proverbiale « il n’est […] pire eau que l’eau qui dort » est une métaphore qui signifie qu’il<br />
faut se méfier des gens discrets, car ils peuvent devenir menaçants.<br />
15. Identifiez et expliquez la figure de style propre à la langue classique au vers 32.<br />
« Quiconque […] n’a pas besoin de tant d’ajustement » est une litote signifiant qu’Elmire aurait intérêt à<br />
porter des vêtements simples et à éviter la coquetterie pour plaire exclusivement à son mari.<br />
16. Identifiez et expliquez la figure de style, qui est, en l’occurrence, un procédé comique, au<br />
vers 34.<br />
« Je vous estime fort […] et vous révère » exprime l’ironie de madame Pernelle à l’égard de Cléante<br />
qu’elle déteste et méprise.<br />
17. Que connotent les expressions « Votre Monsieur Tartuffe », au vers 41, et « ce beau monsieurlà<br />
», au vers 48 ?<br />
Ces expressions connotent ironiquement le mépris de Damis à l’égard de l’hypocrite.<br />
18. a) Identifiez et expliquez la figure de style introduite par l’expression « pied plat », au vers 59.<br />
L’expression « pied-plat » est une synecdoque, car elle fait appel à la partie, les chaussures sans talons,<br />
pour désigner le tout, c’est-à-dire le paysan qui les porte.<br />
b) Comparez-la à la figure « n’avait pas de souliers » apparaissant au vers 63.<br />
L’expression est une litote qui signifie que Tartuffe vit dans un grand dénuement.<br />
19. Que connote l’adverbe « céans » aux vers 46, 62, 80 et 147 ?<br />
L’adverbe « céans », qui dénote la maison d’Orgon, connote le caractère inviolable de la propriété que<br />
Tartuffe est en train de parasiter.<br />
20. Identifiez et expliquez la figure de style apparaissant au début du vers 71.<br />
Le mot « langue » est une synecdoque faisant appel à une partie, l’organe buccal de Dorine, pour signifier<br />
qu’elle est médisante, qu’elle a une langue de vipère.<br />
21. Identifiez et expliquez la figure de style contenue dans le mot « cœur » apparaissant aux vers 77<br />
et 125.<br />
Dans les deux cas, le nom « cœur » est une synecdoque qui fait appel à l’organe biologique pour désigner<br />
toute la personne. Dans d’autres contextes, le mot peut aussi être une métonymie pour désigner le courage,<br />
les sentiments et l’affectivité.<br />
22. Identifiez et expliquez le comique de mots au vers 124.<br />
L’expression « corps défendant » signifiant malgré elle, crée une opposition entre la pudeur et le désir de<br />
plaire.<br />
23. Identifiez et expliquez les deux figures de style que contient le vers 140.<br />
L’expression « penchant de l’âge » est une métaphore où la vieillesse est comparée à un déclin, à une<br />
pente vers la mort ; le verbe « sevré » est aussi une métaphore où la personne a été privée de désirs<br />
comme l’enfant que l’on cesse d’allaiter.<br />
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24. Qu’ont de comique et de paradoxal, dans la bouche de madame Pernelle, les vers 142 et 143, de<br />
même que les vers 161 et 162 ?<br />
Dans les vers 142 et 143, madame Pernelle déplore qu’elle soit forcée de se taire alors qu’elle entame une<br />
longue tirade ; dans les vers 161 et 162, elle critique le babillage de chacun auquel elle participe<br />
allègrement.<br />
25. Quel procédé comique est exploité à la fin de la SCÈNE 1 ? Expliquez en comparant les derniers<br />
vers aux premiers.<br />
Le soufflet de madame Pernelle à Flipote est un comique de geste. Frustrée de la tournure de la situation,<br />
elle s’en prend à sa servante qui s’ennuie du radotage de sa patronne. Le vers 171 fait écho au premier<br />
vers en suggérant l’idée de mouvement et de poursuite des deux femmes.<br />
ACTE I, SCÈNES 2 ET 3<br />
Compréhension<br />
1. Identifiez les traits de caractère d’Orgon révélés par Dorine avant et après qu’il eut rencontré<br />
Tartuffe.<br />
Selon Dorine, Orgon a fait preuve de sagesse et de courage pour servir le roi pendant la Fronde ; en<br />
revanche, depuis qu’il a rencontré Tartuffe, il est devenu stupide et entêté (v. 181-184).<br />
2. a) Quelles sont les expressions, dans le portrait que brosse Dorine à la SCÈNE 2, qui révèlent<br />
l’hypocrisie de Tartuffe ?<br />
Les expressions « cent dehors fardés » (v. 200), « cagotisme » (v. 201) et « sermonner avec des yeux<br />
farouches » (v. 205) révèlent l’hypocrisie de Tartuffe.<br />
b) Quel trait de caractère précis est mis en relief par Dorine aux vers 205 à 210 ?<br />
Les vers 205 à 210 révèlent le rigorisme et l’intransigeance de l’imposteur.<br />
3. Quelle demande Damis fait-il à Cléante à la SCÈNE 3 ?<br />
Damis demande à Cléante de s’informer auprès de son père de ses intentions concernant le mariage de<br />
Mariane et de Valère.<br />
Écriture<br />
4. Quelle est la connotation des vers 189 et 190 ?<br />
L’affection démesurée d’Orgon pour Tartuffe connote son aveuglement et pourrait sous-entendre une<br />
attirance homosexuelle.<br />
5. Pourquoi Molière a-t-il inséré une didascalie après le vers 194 ?<br />
La didascalie « C’est une servante qui parle » justifie la trivialité des propos dont le verbe « roter » est<br />
plus acceptable dans la bouche d’une domestique.<br />
6. a) Identifiez et expliquez les deux figures de style apparaissant aux vers 197 et 198.<br />
Les noms « miracles » et « oracles » sont des métaphores, car les actions et les mots de Tartuffe sont<br />
respectivement comparés à des actes prodigieux, voire surnaturels, et à des paroles prophétiques.<br />
b) Précisez leur connotation.<br />
Ces deux métaphores connotent le pouvoir de Tartuffe qui est semblable à celui du Christ ou d’un saint<br />
aux yeux d’Orgon.<br />
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ACTE I, SCÈNE 4<br />
Compréhension<br />
1. Pourquoi Cléante reste-t-il silencieux pendant presque toute la scène ?<br />
Cléante reste silencieux, d’une part, pour apprécier l’ironie ou le cynisme de Dorine à l’égard d’Orgon et,<br />
d’autre part, pour observer la justesse des observations de Dorine sur son maître.<br />
2. Analysez cette scène en faisant ressortir l’attachement excessif d’Orgon pour Tartuffe et son<br />
désintérêt envers sa propre femme.<br />
Loin de s’enquérir de la santé d’Elmire qui a éprouvé des malaises, Orgon s’informe de l’état de Tartuffe<br />
dont la santé fait contraste avec celle de la maîtresse de maison. La répétition de la question « Et<br />
Tartuffe ? » suivie du commentaire « Le pauvre homme ! » montre qu’Orgon banalise les maux de sa<br />
femme et, qu’en revanche, il plaint son invité de n’avoir pas profité d’un confort si douillet avant<br />
aujourd’hui.<br />
Écriture<br />
3. À partir de quels procédés comiques est construite cette scène ? Expliquez et justifiez leur<br />
efficacité.<br />
Le comique de situation apparaît dans le contraste entre la maladie d’Elmire, banalisée par Orgon, et le<br />
confort de Tartuffe, qui ne convient pas à un homme prônant l’ascétisme comme règle de vie.<br />
Les répliques d’Orgon constituent un procédé de répétition de mots qui illustre un comique de caractère<br />
axé sur l’aveuglement.<br />
Dorine a recours à l’ironie en employant les expressions « fort dévotement » et « La part que vous prenez<br />
à sa convalescence » ; elle parodie de manière irrespectueuse le sacrement de l’eucharistie en associant les<br />
« quatre grands coups de vin » au « sang qu’avait perdu madame » lors de la saignée (v. 254 et 255).<br />
4. Identifiez et expliquez la figure de style sur laquelle est construit le propos de Dorine.<br />
En opposant le malaise d’Elmire au bien-être de Tartuffe, Dorine construit les deux portraits sur<br />
l’antithèse.<br />
5. Identifiez et expliquez la figure de style apparaissant au vers 242.<br />
L’expression « fermer […] la paupière » est une synecdoque où le singulier désigne le pluriel ; on peut<br />
aussi considérer l’expression comme une périphrase atténuée du verbe dormir.<br />
ACTE I, SCÈNE 5<br />
Compréhension<br />
1. a) Relevez, dans les deux tirades de Cléante (vers 318 à 345 et vers 351 à 407), les mots et les<br />
expressions empruntés au champ lexical de la vue ou du regard.<br />
Le champ lexical de la vue ou du regard comprend les mots et expressions suivants : « aveugle » (v. 319),<br />
« avoir de bons yeux » (v. 320), « le Ciel voit » (v. 324), « on ne voit pas » (v. 327), « je ne vois »<br />
(v. 355), « ne vois-je rien » (v. 359), « faux clins d’yeux » (v. 368), « qu’on voit » (v. 369), « on en voit<br />
trop paraître » (v. 381), « en expose à nos yeux » (v. 383), « Regardez » (v. 385), « On ne voit point en<br />
eux » (v. 389), « On les voit » (v. 398) et « je vous crois ébloui » (v. 407).<br />
© 2003 Groupe Beauchemin, éditeur ltée – Collection Parcours d’une oeuvre<br />
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) Montrez comment ils contribuent à structurer l’argumentation du personnage.<br />
La récurrence du verbe « voir » dans les deux tirades de Cléante met en relief la nécessité d’un regard<br />
éclairé et perspicace qui sait discerner le vrai du faux.<br />
2. a) Dans la deuxième tirade de Cléante, aux vers 351 à 407, faites ressortir les attitudes des faux<br />
dévots qui pourraient s’appliquer au portrait de Tartuffe qu’Orgon et Dorine ont brossé<br />
précédemment.<br />
Les expressions « dévots de place » (v. 361), « élans affectés » (v. 368), « brûlants et priants » (v. 371),<br />
« prêchant la retraite » (v. 372) s’appliquent aux attitudes adoptées par Tartuffe.<br />
b) Relevez aussi des indices de comportements qui pourraient annoncer une menace éventuelle<br />
pour la famille d’Orgon.<br />
Les expressions « fier ressentiment » (v. 376), « âpre colère » (v. 377), « prennent contre nous des<br />
armes » (v. 378), « assassiner » (v. 380) évoquent la violence et la fureur dont sont capables les faux<br />
dévots et préfigurent la vengeance de Tartuffe.<br />
3. Pourquoi Orgon reste-il évasif dans ses réponses concernant le mariage de Valère et Mariane ?<br />
Orgon est évasif parce qu’il a déjà en tête l’idée de marier Mariane à Tartuffe, ce que confirmera la<br />
première scène de l’ACTE II.<br />
4. Montrez en quoi Cléante apparaît, dans cette scène, comme le porte-parole des idées de Molière<br />
sur les dévots en particulier et sur la religion en général.<br />
Cléante peut apparaître comme le porte-parole des idées de Molière par son respect de la vraie dévotion et<br />
l’éloge qu’il tient à l’égard des dévots véritables dont les attitudes empreintes d’humilité et de charité sont<br />
en accord avec les valeurs chrétiennes.<br />
Écriture<br />
5. Identifiez et expliquez les figures de style récurrentes qu’emploie Cléante pour appuyer son<br />
argumentation, plus précisément aux vers 331 à 338.<br />
Pour appuyer son argumentation contre les faux dévots, Cléante a recours à l’antithèse où il oppose<br />
« l’hypocrisie et la dévotion » (v. 332), « masque » et « visage » (v. 334), « l’artifice » et « la sincérité »<br />
(v. 335), « l’apparence » et « la vérité » (v. 336), « le fantôme » et « la personne » (v. 337), « la fausse<br />
monnaie » et « la bonne » (v. 338) ; ces antithèses illustrent le discernement de Cléante qui n’est pas dupe<br />
des faux-semblants.<br />
6. Identifiez et expliquez le procédé comique auquel ont recours Orgon et Cléante aux vers 346<br />
à 352.<br />
Le procédé comique auquel a recours Orgon aux vers 346 et 347 est l’ironie, car il se moque de son beaufrère<br />
dont il n’apprécie pas la leçon ; dans les vers 351 et 352, Cléante emploie le comique de répétition<br />
de mots pour tourner en dérision l’ironie d’Orgon.<br />
7. Identifiez et expliquez la figure de style apparaissant au vers 361.<br />
L’expression « francs charlatans » est un oxymore, car, par définition, un charlatan est un faux médecin,<br />
un imposteur.<br />
8. Identifiez et expliquez la figure de style apparaissant au vers 372.<br />
L’expression « prêchant la retraite au milieu de la cour » est une antithèse qui met en opposition l’action<br />
de prôner la prière et la méditation à la cour du roi où abondent les plaisirs et les mondanités.<br />
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9. a) À quelles figures de style classiques a recours Cléante pour décrire les véritables dévots aux<br />
vers 387, 388, 389, 391, 397, 399 et 401 ?<br />
Dans ces vers, Cléante a recours à la litote grâce à l’usage de propositions négatives : « Ce ne sont point<br />
du tout » (v. 388), « On ne voit point » (v. 389), « Jamais […] ils n’ont d’acharnement » (v. 399), « Et ne<br />
veulent point prendre » (v. 401).<br />
En employant la négative pour évoquer les attitudes des vrais dévots, Cléante les oppose aux faux dévots<br />
qui, eux, sont « fanfarons de vertu » (v. 388), « censurent […] nos actions » (v. 391), suivent la « cabale »<br />
et les « intrigues » (v. 397).<br />
b) Expliquez l’effet que ces figures produisent en les comparant aux figures de style baroques<br />
désignant les faux dévots aux vers 361, 362, 371, 372, 378 et 380.<br />
Ces litotes produisent un effet d’antithèse avec les hyperboles désignant les faux dévots comme des êtres<br />
excessifs : « dévots de place » (v. 361), « sacrilège et trompeuse grimace » (v. 362), « brûlants et priants »<br />
(v. 371), « prêchent la retraite au milieu de la cour » (v. 372), « prennent contre nous des armes » (v. 378)<br />
et « Veut nous assassiner avec un fer sacré » (v. 380).<br />
Synthèse de l’ACTE I<br />
1. À la lumière du principe voulant qu’au théâtre un personnage se révèle parfois par ce que les<br />
autres disent de lui, brossez un bref portrait du personnage absent et controversé qu’est Tartuffe.<br />
À la lumière des interventions des personnages, Tartuffe est un personnage qui ne fait pas l’unanimité.<br />
Vénéré et adulé par Orgon et madame Pernelle pour ses vertus chrétiennes, il est, en revanche, conspué<br />
par les autres membres de la famille qui ont perçu en lui un parasite dangereux et un hypocrite opportuniste<br />
et vaniteux.<br />
2. Entre le point de vue de madame Pernelle et d’Orgon, d’une part, et celui des autres membres de<br />
la famille, d’autre part, lequel vous semble le plus crédible ? Justifiez.<br />
Le point de vue des autres membres de la famille est plus crédible, car il fait preuve de nuance, de<br />
vigilance et de distance critique à l’égard du comportement de Tartuffe. Le point de vue d’Orgon et de<br />
madame Pernelle, trop dogmatique et excessif, ne peut susciter l’adhésion du spectateur.<br />
3. À la lumière des propos tenus par madame Pernelle et Orgon à l’ACTE I, faites le portrait de<br />
chacun d’eux en démontrant qu’ils se ressemblent dans leur aveuglement, dans leur désir de servir<br />
une grande cause et d’abandonner leur pouvoir et leurs responsabilités.<br />
Madame Pernelle et son fils Orgon sont tous deux prisonniers des valeurs rigoristes d’un catholicisme<br />
conservateur. Ils sont sensibles aux apparences de la vertu, et, à cet égard, ils sont dupés par la mascarade<br />
que Tartuffe leur propose. Pour madame Pernelle, l’arrivée de Tartuffe est l’occasion de remettre la<br />
famille dans le droit chemin des vertus chrétiennes ; pour Orgon, impuissant à assurer le leadership en<br />
matière de spiritualité, la présence du directeur de conscience dans sa maison lui permet d’abdiquer son<br />
rôle de patriarche et d’apaiser ses angoisses métaphysiques.<br />
4. À la fin de l’ACTE I, peut-on affirmer que l’exposition est complétée ? Justifiez.<br />
Non. À la fin de l’ACTE I, les deux camps sont bien divisés, Orgon bien campé dans son aveuglement,<br />
Tartuffe suffisamment décrit pour qu’on sente poindre la menace éventuelle. Même si l’intervention de<br />
Cléante sur le mariage de Valère et de Mariane montre l’hésitation d’Orgon, il faut attendre l’ACTE II, qui<br />
confirmera la menace réelle pour Mariane, et l’ACTE III, qui concrétisera le danger véritable que représente<br />
Tartuffe pour Elmire et Orgon.<br />
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ACTE II, SCÈNES 1 ET 2<br />
Compréhension<br />
ACTE II<br />
1. a) Pourquoi Orgon veut-il parler en secret à Mariane ?<br />
Orgon veut parler en secret à Mariane pour lui faire part, en privé, de ses intentions de la marier à<br />
Tartuffe, reniant ainsi sa parole.<br />
b) Que connote la didascalie du vers 428 ?<br />
La didascalie « Il regarde dans un petit cabinet » connote la méfiance d’Orgon, sa crainte d’être espionné<br />
par les membres de sa famille. Sur le plan dramatique, elle prépare la scène où Damis s’enfermera dans le<br />
cabinet pour épier Tartuffe et Elmire (ACTE III, SCÈNE 3).<br />
2. Quel trait de personnalité caractérise Mariane dans cette première rencontre avec son père ?<br />
Justifiez.<br />
Dans cette première rencontre avec Orgon, Mariane apparaît comme une fille soumise à son père et prête<br />
à lui obéir en toute occasion. Bien qu’elle refuse sa proposition d’épouser Tartuffe, elle n’a pas la force de<br />
lui tenir tête.<br />
3. a) Quelles motivations, conscientes ou inconscientes, poussent Orgon à marier sa fille à Tartuffe ?<br />
La motivation qui pousse Orgon à marier sa fille à Tartuffe est l’intérêt que représente le fait d’avoir un<br />
directeur de conscience comme gendre. Par le fait qu’il prononce lui-même les paroles qu’il souhaiterait<br />
entendre de la bouche de Mariane, on peut soupçonner le désir inconscient d’Orgon de s’unir lui-même de<br />
façon matrimoniale avec Tartuffe.<br />
b) Montrez en quoi cette façon de faire était socialement acceptable à l’époque.<br />
Les mœurs de l’époque autorisaient un père à marier sa fille à un parti de son choix, surtout lorsque celuici<br />
présentait un avantage social, comme celui d’être directeur de conscience.<br />
c) Montrez en quoi elle est moralement discutable dans le contexte.<br />
Elle est moralement discutable non pas parce qu’elle est imposée à Mariane et va contre ses désirs et son<br />
bonheur, mais parce que Tartuffe est soupçonné d’imposture. De plus, pour Dorine, cette alliance entre<br />
deux êtres si opposés ne peut que conduire au cocuage, c’est-à-dire au désastre.<br />
4. Montrez en quoi ce mariage avec Mariane peut présenter un intérêt pour Tartuffe.<br />
Ce mariage offre à Tartuffe l’occasion de s’incruster légalement dans la famille et d’accéder à la grande<br />
bourgeoisie, ce qui représente une ascension sociale considérable compte tenu de ses origines de roturier.<br />
5. Si ce mariage est, a priori, socialement acceptable, pourquoi Dorine le désapprouve-t-elle ?<br />
Relevez les arguments qu’elle fait valoir pour convaincre Orgon de renoncer à son projet.<br />
Dorine désapprouve ce mariage pour plusieurs raisons :<br />
1- Un bigot ne peut convenir à une grande bourgeoise comme Mariane (v. 480) ;<br />
2- Cette alliance avec un gueux ne rapporte rien à Orgon (v. 482-483) ;<br />
3- Tartuffe montre des contradictions par sa dévotion affichée et sa prétention à la noblesse (v. 495-500) ;<br />
4-L’union entre Mariane et Tartuffe est une mésalliance dont les conséquences seront la perte de la vertu,<br />
le cocuage (v. 503-512) ;<br />
5- Orgon rendra compte à Dieu de l’adultère de sa fille (v. 513-517).<br />
6. Selon Orgon, pourquoi Valère ne représente-t-il pas un époux convenable pour Mariane ?<br />
Valère est attiré par les jeux de hasard, selon Orgon, qui ne le voit jamais à l’église et qui « le soupçonne<br />
encor d’être un peu libertin » (v. 524).<br />
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7. Quelles qualités de Tartuffe Orgon souligne-t-il pour persuader Mariane de l’épouser,<br />
démolissant ainsi les arguments de Dorine ?<br />
Tartuffe sera bienveillant, comblera tous les désirs de Mariane et sera un époux tendre, affectueux et<br />
fidèle ; ce mariage sera empreint d’innocence et d’harmonie. Mariane pourra même manipuler Tartuffe à<br />
son gré (v. 531-536).<br />
8. Pourquoi Mariane reste-t-elle muette pendant toute la SCÈNE 2 ? Que révèle ce silence ?<br />
Mariane reste muette pendant la scène parce qu’elle est soumise à son père qui a un réel « empire » sur<br />
elle. Ce silence révèle son impuissance et son désir de s’abandonner à Dorine pour défendre sa cause.<br />
9. Bien que Dorine ait réussi à mener le jeu par lequel elle a épuisé Orgon et attisé sa colère, peut-on<br />
affirmer qu’elle a mieux atteint son objectif que Cléante ? Justifiez.<br />
Malgré ses arguments et son insolence qui va jusqu’à épuiser Orgon, Dorine ne parvient pas à dissuader<br />
son maître de renoncer au mariage de Mariane et Tartuffe. Orgon sort pour se calmer, mais il a l’intention<br />
de réaliser son projet (v. 580-584).<br />
Écriture<br />
10. Identifiez et expliquez les procédés comiques exploités dans la SCÈNE 1.<br />
On retrouve deux types de procédés comiques.<br />
Le comique de situation : Orgon prête à Mariane les sentiments qu’il éprouve pour Tartuffe, et celle-ci<br />
feint de ne pas comprendre.<br />
Le comique de mots : Orgon fait la déclaration à la place de Mariane, lui met les mots dans la bouche<br />
(v. 442-444) ; Mariane reprend en écho les paroles d’Orgon sous forme de questions (v. 446-448).<br />
Les questions laconiques sans réponses (v. 445) pourraient amorcer un quiproquo.<br />
11. Relevez et expliquez les figures de style qu’emploie Dorine aux vers 495 à 500.<br />
Dorine a recours à l’antithèse en opposant la vanité à la piété, la dévotion à l’ambition ; la métaphore<br />
« embrasse » (v. 497) suggère que l’innocence est comme une maîtresse que Tartuffe veut étreindre ; les<br />
litotes « ne sied pas bien » (v. 496), « Ne doit point tant prôner » (v. 498) et « Souffre mal » (v. 500) soulignent<br />
l’incompatibilité, voire l’incongruité, de la vie dévote avec le prestige de la noblesse.<br />
12. Précisez la connotation des deux pronoms personnels employés au vers 504.<br />
Le pronom « elle », dénotant Mariane, connote le prestige de sa classe sociale de bourgeoise ; le pronom<br />
« lui », désignant Tartuffe, connote le mépris de Dorine pour sa personne.<br />
13. a) Relevez, identifiez et expliquez les figures de style récurrentes qu’emploie Dorine pour<br />
évoquer l’adultère éventuel de Mariane.<br />
Pour évoquer l’adultère éventuel de Mariane, Dorine a recours à l’euphémisme dans les expressions « on<br />
risque la vertu » (v. 507) signifiant qu’on l’expose aux occasions de péchés, « on montre au doigt le<br />
front » (v. 511), « Il est bien difficile enfin d’être fidèle » (v. 513), une litote signifiant qu’il est impossible<br />
d’être fidèle, c’est-à-dire que Mariane va inévitablement tromper son mari, et « des fautes qu’elle<br />
fait » (v. 516) désignant les péchés de la chair qu’elle commettra.<br />
b) Ces procédés de rhétorique respectent-ils la règle de la bienséance à laquelle doit se conformer<br />
une pièce classique ? Justifiez.<br />
Ces procédés respectent la bienséance classique puisqu’ils suggèrent à demi-mot l’adultère sans décrire<br />
explicitement l’acte.<br />
14. Que connote l’argument invoqué par Dorine aux vers 539 et 540 ?<br />
En évoquant l’influence de l’astrologie sur la destinée de Tartuffe, Dorine fait preuve de superstition.<br />
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15. Faites ressortir les procédés comiques exploités dans la deuxième partie de la SCÈNE 2, c’est-àdire<br />
à partir du vers 541 jusqu’à la fin, et montrez que la situation tourne à la farce.<br />
Le comique de situation réside dans le fait qu’une servante donne la leçon à son maître au point de le<br />
mettre en colère et de le forcer à sortir. Le ton d’Orgon est agressif à l’égard de Dorine mais complaisant<br />
avec Mariane. L’attitude insolente de Dorine fait ressortir le comique de caractère chez Orgon, dont la<br />
colère le rend ridicule et le met en contradiction avec ses prétentions d’homme dévot : « Ah ! vous êtes<br />
dévot, et vous vous emportez ? » (v. 552). Le comique de mots apparaît dans les nombreuses interruptions<br />
de Dorine dont l’ironie de ses faux apartés : « c’est un beau museau » (v. 560), « La voilà bien lotie ! »<br />
(v. 562) ; le recours à la prétérition : « Je ne vous parle pas » (v. 568), « Je n’ai rien à me dire » (v. 574).<br />
Cette gymnastique verbale est, bien sûr, associée au comique de gestes inspiré de la farce, comme le<br />
silence de Dorine lorsque Orgon se tourne vers elle pour la gifler, et le soufflet manqué d’Orgon.<br />
ACTE II, SCÈNES 3 ET 4<br />
Compréhension<br />
1. a) Montrez en quoi les reproches que Dorine adresse à Mariane, aux vers 585 à 608, sont justifiés.<br />
Les reproches de Dorine sont justifiés, car Mariane est restée soumise à l’autorité de son père et n’a<br />
invoqué aucun argument pour refuser le mariage avec Tartuffe.<br />
b) Que dénotent les réponses de Mariane à ces reproches ?<br />
Les réponses de Mariane dénotent son ingénuité et son impuissance à l’égard d’« un père absolu » contre<br />
lequel elle n’ose s’opposer.<br />
2. a) Montrez en quoi le sort de Mariane apparaît dramatique.<br />
Le sort de Mariane est dramatique, car elle doit se plier à la volonté de son père et accepter un mariage<br />
qui la rebute.<br />
b) Montrez comment son sort passe du dramatique au tragique.<br />
Son sort tourne au tragique lorsqu’elle envisage le suicide pour échapper au mariage forcé.<br />
3. Quelle autre stratégie emploie Dorine, aux vers 636 à 674, pour convaincre Marianne de s’opposer<br />
au mariage que lui impose son père ?<br />
Pour persuader Mariane de s’opposer au mariage, Dorine a recours à l’ironie ou à l’antiphrase, c’est-àdire<br />
à l’argumentation inverse qu’elle a servie à Orgon à la SCÈNE 2. Elle vante les mérites de Tartuffe et<br />
les avantages du mariage avec lui alors qu’elle en pense tout le contraire.<br />
4. La stratégie de Dorine donne-t-elle les résultats escomptés ? Justifiez.<br />
Non, car Mariane retombe dans ses excès et sa tendance suicidaire. Elle continue à jouer son rôle de<br />
victime tragique (v. 675-682).<br />
5. a) Pourquoi Dorine reste-t-elle muette pendant presque toute la première moitié de la SCÈNE 4 ?<br />
Dorine reste muette pour jouer le rôle d’une spectatrice devant la scène de dépit amoureux. Elle prend<br />
plaisir à voir Mariane et Valère jouer les amants offensés.<br />
b) Sa réplique, au vers 704, peut-elle être considérée comme un aparté ? Justifiez.<br />
Oui, la réplique au vers 704 peut être considérée comme un aparté, car Dorine se parle à elle-même sans<br />
que Mariane et Valère l’entendent.<br />
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6. a) Montrez en quoi cette première partie de la SCÈNE 4 peut apparaître comme une comédie dans<br />
la comédie, c’est-à-dire un jeu que jouent Mariane et Valère. Expliquez.<br />
La première partie de la SCÈNE 4, jusqu’à la réconciliation des amants (v. 791), apparaît comme une<br />
comédie que jouent Mariane et Valère, parce que l’un et l’autre n’expriment pas leurs véritables sentiments<br />
et tentent réciproquement de se mettre à l’épreuve. Le fait d’être observés par Dorine peut les<br />
conforter dans leur rôle d’amants éconduits et les amener à espérer l’intervention de la servante pour<br />
interrompre le jeu.<br />
b) Quels traits de caractère des deux amants cette comédie du dépit amoureux laisse-t-elle voir à<br />
Dorine et aux spectateurs ?<br />
Le trait de caractère des deux amants est l’orgueil ou l’amour propre.<br />
7. a) Quel stratagème Dorine propose-t-elle d’abord à Mariane ?<br />
Dorine propose à Mariane de faire semblant de rester soumise à son père et de gagner du temps en<br />
prétextant la maladie ou en évoquant quelques superstitions. Il est important surtout que les amants ne<br />
soient pas vus ensemble (v. 795-810).<br />
b) Quel conseil donne-t-elle à Valère pour éviter le mariage imposé par Orgon ?<br />
Elle recommande à Valère d’avoir recours à l’aide de ses amis pour obtenir la promesse de mariage<br />
qu’Orgon lui a faite.<br />
8. a) Montrez en quoi, à l’ACTE II, Dorine est véritablement le moteur de l’action.<br />
Dorine est le moteur de l’action, car c’est elle qui prend l’initiative auprès d’Orgon pour le convaincre de<br />
renoncer au mariage forcé et auprès de Mariane, pour la forcer à réagir contre son père. Elle fait front<br />
commun avec les amants contre Orgon.<br />
b) Ses interventions auprès d’Orgon, puis auprès de Mariane ont-elles fait progresser l’action ?<br />
Justifiez.<br />
Ses interventions auprès d’Orgon et de Mariane n’ont aucunement fait progresser l’action, car le père est<br />
sorti plus déterminé que jamais d’imposer le mariage à sa fille. De plus, le stratagème de Dorine ne sera<br />
d’aucune utilité.<br />
9. Comparez le portrait que Mariane a révélé d’elle-même à l’ACTE II avec celui que sa grand-mère,<br />
madame Pernelle, a esquissé d’elle à l’ACTE I, vers 21 à 24. Quelles ressemblances et quelles<br />
différences constatez-vous ?<br />
À l’ACTE II, Mariane s’est révélée une jeune fille timide vis-à-vis son père mais portée sur les excès. Sa<br />
grand-mère a vu juste en la décrivant comme une personne qui feint la réserve et la discrétion. En effet,<br />
Mariane, par sa démesure, est une femme impétueuse et prête aux manigances ou « ressorts » (v. 794) de<br />
Dorine pour contrer le mariage avec Tartuffe.<br />
Écriture<br />
10. Identifiez et expliquez la figure de style et le procédé comique qu’emploie Dorine aux vers 615<br />
à 617.<br />
Dorine a recours à l’ironie, car elle critique le suicide éventuel de Mariane comme moyen d’éviter le<br />
mariage forcé.<br />
11. a) Relevez et expliquez, dans les propos de Mariane, les mots et les expressions hyperboliques.<br />
Les hyperboles « ouvert cent fois mon cœur » (v. 603), « me donner la mort » (v. 614) et « aux déplaisirs<br />
des gens » (v. 620) dénotent la tendance de Mariane à exagérer ses actes et son sort.<br />
b) Que connote l’usage de ces hyperboles dans le contexte ?<br />
Ces hyperboles connotent son désir d’attendrir Dorine en jouant la victime d’une tragédie dont elle parodie<br />
le rôle.<br />
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12. Identifiez et expliquez les procédés comiques qui soutiennent la stratégie de Dorine aux vers 636<br />
à 674.<br />
Les procédés qui soutiennent la stratégie relèvent du comique de mots dont l’ironie, car Dorine exprime le<br />
contraire de sa pensée quant au mariage de Mariane et de Tartuffe. Après avoir tourné en dérision la vie<br />
de province qui attend Mariane (v. 656-667), elle a recours à l’expression équivoque « vous en tâterez »<br />
(v. 672) et termine avec une condamnation percutante : « vous serez […] tartuffiée » (v. 674) qui devrait<br />
atterrer Mariane déjà au supplice.<br />
13. Expliquez la connotation des mots « coche », « siège pliant », « grand’bande », « musettes » et<br />
« Fagotin » dans la réplique où Dorine évoque la vie de femme mariée qui attend Mariane. Voir les<br />
vers 657 à 666.<br />
Ces mots auxquels a recours Dorine, dans l’évocation de la vie provinciale qui attend Mariane après son<br />
mariage avec Tartuffe, connotent l’absence de confort, la monotonie de la vie sociale et la médiocrité de<br />
la vie culturelle.<br />
14. a) Identifiez et expliquez le comique de mots qui se trouve aux vers 672 et 674.<br />
L’expression « vous en tâterez » relève du comique de mots à cause de l’ambiguïté entre le sens propre<br />
(vivre l’expérience) et le sens figuré (toucher physiquement).<br />
b) Compte tenu du contexte, que connote le néologisme « tartuffiée » ?<br />
Le néologisme « tartuffiée » dénote que Mariane sera trompée, cocufiée par Tartuffe, ce qui est paradoxal<br />
puisque Dorine a laissé croire à Orgon que Mariane serait disposée à commettre l’adultère. Dans le contexte,<br />
on peut saisir que Tartuffe la trompera comme il trompe tout le monde par son hypocrisie.<br />
15. Identifiez et expliquez les procédés comiques exploités dans la première partie de la scène 4, puis<br />
dans la deuxième partie, au moment où Dorine intervient pour réconcilier les amants, c’est-à-dire à<br />
partir du vers 753. Portez une attention particulière aux didascalies.<br />
La première partie a recours à un comique de situation où les amants se méprennent sur leurs véritables<br />
sentiments. Le comique de mots fait usage de répétitions : « Quoi ? sérieusement ? Oui, sérieusement. »<br />
(v. 691), de réponses laconiques et de stichomythies (v. 698-703). Le langage noble et soutenu de Valère,<br />
dans un style cornélien, frôle la parodie des tragédies (v. 722-740). Le comique de gestes réside dans les<br />
mouvements et déplacements qui accompagnent les répliques : les didascalies des vers 744 et 751 illustrent<br />
l’hésitation de Valère.<br />
La deuxième partie, s’amorçant avec l’intervention de Dorine qui entend réconcilier les amants (v. 753),<br />
offre un comique de situation et de gestes par la résistance que Valère et Mariane font semblant d’opposer<br />
à la servante. La course de Dorine vers Mariane, puis vers Valère, crée un ballet symétrique (didascalies<br />
des vers 763, 766 et 768). On observe aussi une contradiction entre les paroles et les gestes, alors que<br />
Valère et Mariane disent douter de l’utilité de se réconcilier tout en donnant leur main à Dorine. En prenant<br />
la servante comme témoin de leur dispute, les deux amants poursuivent le jeu de leurs enfantillages.<br />
16. a) Faites ressortir, dans les répliques de Mariane et de Valère, aux vers 693 à 753, les mots et les<br />
expressions du langage galant, voire précieux, et précisez comment ils contribuent à amplifier le<br />
caractère dramatique de la situation.<br />
Dans les vers 693 à 753, Mariane et Valère s’accusent mutuellement de ne pas éprouver de sentiments<br />
l’un pour l’autre dans un langage galant qui a recours aux figures d’atténuation comme la litote : « Vous<br />
n’aurez pas grand peine à le suivre » (v. 700), « La perte n’est pas grande » (v. 727), « cette lâcheté<br />
jamais ne se pardonne » (v. 733) ; l’euphémisme : « Et j’en sais de qui l’âme […] ma perte » (v. 725-<br />
726), « Un cœur qui nous oublie engage notre gloire » (v. 730), « Et je voudrais déjà que la chose fût<br />
faite » (v. 742). En revanche, l’usage d’expressions comme « les ardeurs de ma flamme » (v. 738), « Qui<br />
contraignez mon cœur à cet effort extrême » (v. 746), « Vous me voyez, c’est pour toute ma vie » (v. 750)<br />
amplifie le ressentiment que les amants tentent de dissimuler.<br />
b) Comparez ce langage à celui utilisé aux vers 788 à 791.<br />
Après s’être disputés de manière polie et civilisée tout en refoulant leurs véritables sentiments pour sauver<br />
la face, Valère et Mariane, que Dorine vient de réconcilier, s’insultent réciproquement en se traitant de<br />
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« méchante » (v. 789) et d’« homme le plus ingrat » (v. 791). Paradoxalement, ces insultes lancées ironiquement<br />
sous forme de fausses questions, après la réconciliation, dédramatisent, voire banalisent, la scène<br />
de dépit amoureux dans laquelle les amants se sont complu.<br />
Synthèse de l’ACTE II<br />
1. Au cours de l’ACTE II, les personnages ont continué à dépeindre Tartuffe, qui ne s’est pas encore<br />
présenté sur scène. Faites ressortir les traits mis en valeur et montrez en quoi ils contribuent à<br />
susciter l’intérêt du spectateur.<br />
Au cours de l’ACTE II, Orgon a vanté à Mariane les qualités de Tartuffe comme mari, alors que Dorine a<br />
mis en valeur ses contradictions d’homme, à la fois dévot et vaniteux, qui risque de tromper Mariane.<br />
Après le portrait excessivement élogieux de Tartuffe par madame Pernelle et Orgon, et la charge des<br />
autres membres de la famille, qui ont pourfendu le parasite, le spectateur éprouve déjà une réelle antipathie<br />
à l’égard du personnage, et son intérêt consistera à mesurer la performance du héros dans l’art de la<br />
manipulation et de la duplicité.<br />
2. À la fin de l’ACTE II, peut-on enfin affirmer que l’exposition est achevée ? Justifiez.<br />
Non, car l’ACTE II n’a pas suffisamment fait progresser l’action. Même si on se doute qu’Orgon est sorti<br />
plus déterminé que jamais à conclure le mariage de Mariane et de Tartuffe, on ne connaît pas encore les<br />
vraies intentions de ce dernier à ce sujet. En revanche, on soupçonne son désir de s’incruster dans la<br />
famille par tous les moyens.<br />
3. Démontrez que l’ACTE II est indispensable à la progression de l’action.<br />
L’ACTE II est indispensable à la progression de l’action parce qu’il clarifie les véritables intentions<br />
d’Orgon (demeuré évasif à la fin de l’ACTE I), à l’égard du mariage forcé et son corollaire, le mariage<br />
contrarié. De plus, il permet aux amants et à Dorine de faire front commun contre la menace qui plane<br />
non seulement sur le couple, mais sur toute la famille.<br />
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ACTE III, SCÈNES 1 ET 2<br />
Compréhension<br />
ACTE III<br />
1. a) Quels traits de caractère Damis montre-t-il en présence de Dorine ?<br />
Venant d’être informé sur les intentions de son père de marier Mariane à Tartuffe, Damis se montre colérique<br />
et agressif à l’égard de l’hypocrite ; son entêtement à vouloir assister à l’entretien d’Elmire et de<br />
Tartuffe donne l’image d’un enfant terrible et espiègle.<br />
b) Montrez en quoi ceux-ci s’opposent à l’attitude de Dorine dans cette situation.<br />
Les traits de caractère de Damis s’opposent à l’attitude de Dorine devenue plus prudente et calme dans les<br />
circonstances, car elle est persuadée que seule Elmire peut intervenir favorablement auprès de Tartuffe<br />
pour empêcher le mariage.<br />
2. a) Quel ressort dramatique fait agir Damis dans cette scène ?<br />
La décision de son père de marier Mariane à Tartuffe constitue le ressort dramatique.<br />
b) Montrez en quoi son intervention est utile à la suite de l’action.<br />
L’intervention de Damis est utile à la suite de l’action, car elle annonce l’entretien d’Elmire et de Tartuffe<br />
qu’il épiera caché dans l’armoire, à l’insu de Dorine.<br />
3. Selon Dorine, pourquoi Elmire est-elle la personne toute désignée pour intervenir auprès de<br />
Tartuffe ?<br />
Elmire est la personne désignée pour intervenir auprès de Tartuffe, car elle exerce un certain ascendant<br />
sur lui ; de plus, il « se rend complaisant à tout ce qu’elle dit » (v. 836) et pourrait bien être amoureux<br />
d’elle.<br />
4. a) Montrez à quoi sert la didascalie « apercevant Dorine » au début de la SCÈNE 2.<br />
La didascalie sert à préciser que Tartuffe commence à jouer son rôle de dévot, à composer son personnage<br />
devant Dorine à qui la réplique, formulée en apparence à Laurent, s’adresse véritablement.<br />
b) En tenant compte de la réplique apparaissant aux vers 853 à 856, qu’est-ce que cette didascalie<br />
révèle du personnage de Tartuffe ?<br />
La didascalie révèle le désir de Tartuffe d’offrir une image de dévot qui se mortifie physiquement et qui<br />
fait preuve de générosité, mais elle trahit sa duplicité ou son hypocrisie.<br />
5. a) À quelles activités religieuses Tartuffe fait-il référence aux vers 853 à 856 ?<br />
Tartuffe fait référence aux châtiments corporels que s’infligent certains dévots pour expier leurs péchés.<br />
Les aumônes offertes aux prisonniers font allusion aux œuvres de charité des membres de la Compagnie<br />
du Saint-Sacrement.<br />
b) Compte tenu de ce que l’on a appris du personnage précédemment, ces pratiques de la vie dévote<br />
sont-elles crédibles ? Justifiez.<br />
Non. Ces pratiques en usage chez certains dévots ne sont pas crédibles, car Tartuffe s’exprime avec<br />
emphase à l’intention de Dorine. De plus, la mortification des sens est incompatible avec un homme qui<br />
« se porte à merveille » (v. 233) et fait honneur à la table d’Orgon. Même si les aumônes de Tartuffe sont<br />
réelles, elles sont sans doute ostentatoires et réalisées dans le but d’édifier, comme l’a décrit Orgon à<br />
l’ACTE II, vers 298.<br />
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6. Pourquoi Molière n’a-t-il pas mis en aparté la réplique de Dorine apparaissant au vers 857 ?<br />
D’abord, la réplique de Dorine illustre qu’elle n’est pas dupe du jeu de Tartuffe et qu’elle a compris que<br />
la réplique formulée devant Laurent visait à édifier une simple servante. Molière a créé, en fait, un demiaparté,<br />
car Dorine, tout en se parlant à elle-même, souhaite que Tartuffe l’entende pour lui montrer<br />
qu’elle peut jouer un rôle dans sa comédie.<br />
7. a) Quel principe de la vie dévote est offensé, selon Tartuffe, aux vers 858 à 862 ?<br />
Le principe de la vie dévote qui est offensé est la pudeur et la modestie en matière de tenue vestimentaire<br />
de la part des femmes.<br />
b) Quels indices laissent croire que Tartuffe joue l’offensé ?<br />
Tartuffe joue l’offensé, car sa réaction devant le décolleté est autant exagérée dans ses gestes (« Il tire un<br />
mouchoir de sa poche », v. 858) que dans ses paroles : « Couvrez ce sein que je ne saurais voir » (v. 860).<br />
8. a) Expliquez le caractère paradoxal de la réplique de Tartuffe apparaissant au vers 875.<br />
La réplique de Tartuffe : « Hélas ! très volontiers » est paradoxale, car elle illustre à la fois la déception et<br />
l’enthousiasme de l’hypocrite à s’entretenir avec Dorine.<br />
b) Comment Dorine interprète-t-elle cette contradiction ?<br />
Dorine interprète cette contradiction comme une preuve que Tartuffe est amoureux d’Elmire, comme elle<br />
l’avait laissé entendre aux vers 84 et 837.<br />
9. a) Pourquoi le personnage de Laurent est-il muet dans cette scène ?<br />
Le personnage est muet dans cette scène, voire invisible, car en tant que valet ou garçon, il est là pour<br />
obéir aux ordres de Tartuffe. Son silence évitera ainsi à Tartuffe le risque de se confier à celui qui, a<br />
priori, devrait être son seul allié ou son complice.<br />
b) Montrez à quoi il sert sur le plan dramatique.<br />
Sur le plan dramatique, Laurent sert de faire valoir à Tartuffe dont il est l’apprenti dévot. Dans le début de<br />
la SCÈNE 2, il permet à l’hypocrite de se mettre en scène devant Dorine.<br />
10. a) Pourquoi Molière a-t-il retardé à L’ACTE III l’entrée en scène de Tartuffe ?<br />
Molière a retardé à l’ACTE III l’entrée en scène de Tartuffe pour susciter un suspense et piquer la curiosité<br />
du spectateur. Compte tenu de la difficulté de placer en situation un hypocrite au théâtre, Molière devait<br />
faire appel à d’autres personnages pour en offrir un portrait controversé. De plus, comme Tartuffe est une<br />
créature d’Orgon, il était nécessaire de montrer d’abord le maître aveuglé avant l’hypocrite.<br />
b) Cette entrée est-elle à la hauteur des attentes du spectateur ? En d’autres termes, le personnage<br />
est-il conforme aux portraits qu’en ont brossé les autres personnages aux ACTES I et II ?<br />
L’entrée en scène de Tartuffe est tout à fait à la hauteur des attentes du public, car l’imposteur révèle à la<br />
fois sa duplicité de faux dévot et ses contradictions d’hypocrite prisonnier de son masque.<br />
11. Pourquoi Molière a-t-il choisi Dorine pour présenter Tartuffe lorsqu’il apparaît sur scène pour<br />
la première fois ? Justifiez.<br />
Molière a choisi Dorine pour présenter Tartuffe parce qu’elle est probablement celle qui a le mieux percé<br />
à jour la duplicité de l’imposteur. Compte tenu de son statut de servante « forte en gueule » et dégourdie,<br />
elle peut mieux que quiconque soulever le masque de l’hypocrite et susciter le rire du spectateur qui<br />
perçoit dans ses propos le point de vue de Molière, mais dans un registre familier.<br />
Écriture<br />
12. a) Montrez en quoi la réplique de Dorine, aux vers 863 à 868, est comique et cinglante.<br />
La réplique de Dorine basée sur un comique de mots et de situation est hilarante, parce qu’elle fait<br />
contraste avec le ton et le langage dévot de Tartuffe qui feint d’être scandalisé par le décolleté de la<br />
servante.<br />
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15
) Identifiez et expliquez deux figures de style s’y trouvant.<br />
Dorine a recours à deux litotes : « Mais à convoiter, moi, je ne suis point si prompte » (v. 866), signifiant<br />
qu’il lui faut du temps avant d’être excitée sexuellement ; « Que toute votre peau ne me tenterait pas »<br />
(v. 868), signifiant qu’elle aurait le dégoût de faire l’amour avec Tartuffe. Les expressions « bien tendre à<br />
la tentation », « la chair sur vos sens […] impression ? » (v.864-865) et « convoiter » (v.866) constituent<br />
des euphémismes qui atténuent le caractère sexuel des propos de Dorine. Les substantifs « chair » et<br />
« peau » peuvent être considérés comme des synecdoques désignant respectivement les seins de Dorine et<br />
l’anatomie de Tartuffe.<br />
13. Relevez les mots empruntés au champ lexical du corps dans la SCÈNE 2 et identifiez leurs<br />
connotations.<br />
Les mots « sein » (v. 860), « chair » (v. 864) et « peau » (v. 868), qui appartiennent au champ lexical du<br />
corps, connotent la sensualité et la grivoiserie de Dorine.<br />
ACTE III, SCÈNE 3<br />
Compréhension<br />
1. Montrez en quoi la sollicitude de Tartuffe à l’égard d’Elmire se distingue de l’attitude d’Orgon, à<br />
la SCÈNE 4 de l’ACTE I.<br />
La sollicitude de Tartuffe à l’égard d’Elmire se distingue par le fait qu’il se préoccupe de la santé de cette<br />
dernière au point où il en donnerait sa vie (v. 893), contrairement à Orgon qui, à la SCÈNE 4 de l’ACTE I,<br />
s’est montré indifférent au récit de Dorine concernant le malaise de sa femme.<br />
2. a) Montrez en quoi les distiques 894-895, 897-898 et 903-904 que prononce Elmire peuvent<br />
sembler équivoques aux yeux de Tartuffe.<br />
Les distiques que prononce Elmire peuvent sembler équivoques, car Tartuffe peut interpréter le désir d’un<br />
entretien secret comme une ouverture du cœur de la part de la maîtresse de maison. La reconnaissance de<br />
la sollicitude de Tartuffe (v. 895), la certitude de ne pas être épié (v. 898) et l’invitation à la confidence<br />
(v. 904) favorisent ce début de malentendu.<br />
b) Est-elle responsable de cette ambiguïté ? Justifiez.<br />
Oui, Elmire peut être responsable de cette ambiguïté. En effet, comme elle se doute que Tartuffe éprouve<br />
des sentiments pour elle (allusion de Dorine au vers 84), elle doit gagner sa confiance pour obtenir qu’il<br />
renonce au mariage avec Mariane.<br />
3. a) Pourquoi Elmire veut-elle s’entretenir en secret avec Tartuffe ?<br />
Elmire veut s’entretenir en secret avec Tartuffe pour ne pas éveiller les soupçons d’Orgon qui est<br />
déterminé à marier sa fille avec l’imposteur.<br />
b) Quel ressort dramatique externe sous-tend son entretien ?<br />
Le ressort dramatique qui sous-tend son entretien est le renoncement de Tartuffe au mariage avec Mariane<br />
qu’elle affectionne comme sa propre fille.<br />
4. Montrez en quoi le comportement de Tartuffe à l’égard d’Elmire s’oppose à l’attitude qu’il a eue<br />
avec Dorine à la scène précédente.<br />
À la SCÈNE 2, Tartuffe a joué l’offensé pudibond devant Dorine à qui il a demandé de couvrir sa poitrine ;<br />
à la SCÈNE 3, en compagnie d’Elmire, il se montre bienveillant, entreprenant et sensuel en lui serrant le<br />
bout des doigts et en posant sa main sur son genou.<br />
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16
Écriture<br />
5. Au début de la scène, aux vers 879 à 932, relevez les mots et les expressions empruntés au champ<br />
lexical de la dévotion par Tartuffe et montrez comment ce vocabulaire devient de plus en plus ambigu,<br />
voire paradoxal.<br />
Les mots et expressions « Ciel » (v. 879, 889 et 901), « bénisse vos jours » (v. 881), « prières » (v. 887),<br />
« grâce d’en haut » (v. 888), « dévote instance » (v. 889), « grâce singulière » (v. 905), « mon âme tout<br />
entière » (v. 906), « transport de zèle » (v. 910), « ma ferveur » (v. 913), « excès de zèle » (v. 914), « air<br />
miraculeux » (v. 920) et « félicité » (v. 928) dénotent la dévotion de Tartuffe. Ce vocabulaire devient de<br />
plus en plus ambigu, surtout lorsque Tartuffe commence à se livrer à des attouchements sur Elmire. Ainsi<br />
les mots « zèle », « ferveur » et « félicité » suggèrent l’attirance de Tartuffe pour Elmire.<br />
6. Montrez en quoi la drôlerie de ce début de scène relève du comique de caractère et du comique<br />
de situation.<br />
Le comique de caractère réside dans la difficulté pour Tartuffe de concilier la dévotion et la sensualité, ce<br />
qui se traduit par un comique de situation où les gestes sensuels sont en contradiction avec les paroles.<br />
7. Identifiez et expliquez les procédés du comique de mots et du comique de gestes employés dans ce<br />
début de scène, plus particulièrement aux vers 879 à 932.<br />
Le comique de mots apparaît dans l’équivoque de certains termes à caractère religieux qui prennent une<br />
coloration de sensualité : « ma ferveur est telle » (v. 913), « par excès de zèle » (v. 914). On signale aussi<br />
l’ambiguïté sémantique des expressions « l’ouvrage est merveilleux » (v. 919) et « les merveilleux<br />
attraits » (v. 927) pour évoquer l’anatomie d’Elmire.<br />
L’ironie se retrouve dans les propos d’Elmire : « Et crois que mon salut vous donne ce souci » (v. 912),<br />
« Que fait là votre main ? » (v. 916), « vous n’aimez rien des choses de la terre » (v. 929), « je crois qu’au<br />
Ciel tendent vos soupirs » (v. 931). Ces antiphrases qui visent à forcer Tartuffe à garder son masque de<br />
dévot prouvent qu’Elmire a saisi la concupiscence cachée de l’hypocrite.<br />
Le comique de gestes qui renforce le comique de mots se présente dans les attouchements de Tartuffe et<br />
dans le jeu des chaises (v. 918).<br />
8. Que connotent les courtes répliques d’Elmire aux vers 914, 916 et 918 ?<br />
Ces courtes répliques, qui ont pour but de freiner les ardeurs de Tartuffe, connotent à la fois la coquetterie<br />
et la politesse d’Elmire. En effet, elle est flattée de l’intérêt que l’hypocrite lui porte, mais elle ne peut<br />
l’éconduire trop brutalement sans compromettre l’objet de son entretien.<br />
9. Identifiez et expliquez les deux figures de style récurrentes apparaissant aux vers 926 à 932.<br />
La litote apparaît dans les expressions suivantes : « Ce n’est pas le bonheur après quoi je soupire »<br />
(v. 926) signifie que Tartuffe aspire à devenir l’amant d’Elmire ; « vous n’aimez rien des choses de la<br />
terre » (v. 929) signifie que Tartuffe déteste les biens matériels ; « Mon sein n’enferme pas un cœur qui<br />
soit de pierre » (v. 930) signifie que Tartuffe est un homme sensible, voire sensuel (les noms « sein » et<br />
« cœur » sont respectivement une synecdoque désignant toute la personne et une métonymie de l’affectivité<br />
ou des émotions ; le nom « pierre » est une métaphore pour évoquer la dureté, l’insensibilité) ;<br />
« rien ici-bas n’arrête vos désirs » (v. 932) signifie que les aspirations spirituelles de Tartuffe sont totalement<br />
détachées des préoccupations terrestres et matérialistes.<br />
L’antithèse apparaît aussi dans les expressions suivantes : « vous n’aimez rien » s’oppose à « Mon sein<br />
n’enferme pas un cœur » ; « au Ciel tendent vos soupirs » s’oppose à « rien ici-bas n’arrête vos désirs ».<br />
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ACTE III, SCÈNES 4 ET 5<br />
Compréhension<br />
1. a) Identifiez et justifiez le coup de théâtre survenant à la SCÈNE 4.<br />
L’irruption soudaine de Damis, caché dans l’armoire pendant la SCÈNE 3, constitue un coup de théâtre<br />
pour Elmire et Tartuffe parce qu’ils ne se doutaient pas qu’ils étaient épiés.<br />
b) Quel geste d’Orgon, à l’ACTE II, quelle attitude de Damis, au début de l’ACTE III, et quelle<br />
réplique d’Elmire, à l’ACTE III, SCÈNE 3, ont préparé cet incident ou cette péripétie ?<br />
Pour le spectateur, la péripétie était prévisible, car le désir de Damis d’être présent à l’entretien (v. 847<br />
à 852), la méfiance d’Orgon (v. 428 à 430) et la certitude d’Elmire que personne ne les épie (v. 897-898)<br />
ont préparé le coup de théâtre.<br />
2. Quel ressort dramatique interne fait agir Damis ?<br />
La colère et le désir de démasquer l’imposteur motivent la stratégie de Damis.<br />
3. Montrez en quoi l’intervention de Damis est utile à la progression de l’action.<br />
Sans l’intervention de Damis, Elmire obtenait, en échange de son silence auprès d’Orgon, le renoncement<br />
de Tartuffe au mariage avec Mariane et précipitait le dénouement du mariage forcé. Mais l’irruption de<br />
Damis, qui entend révéler la déclaration d’amour de l’hypocrite et la connivence d’Elmire, devrait désabuser<br />
Orgon, dont le silence à la SCÈNE 5 contribue au suspense. L’intervention de Damis détruit la stratégie<br />
d’Elmire qui, pour éviter la confrontation, se retire par prudence, laissant le champ libre aux manœuvres<br />
de Tartuffe.<br />
4. a) Pourquoi Elmire refuse-t-elle de dénoncer Tartuffe et s’emploie-t-elle à calmer la colère de<br />
Damis ?<br />
Elmire refuse de dénoncer Tartuffe parce qu’elle reconnaît implicitement sa complaisance lors de l’entretien,<br />
bien qu’elle tente de le banaliser en se moquant des « sottises pareilles » (v. 1033). De plus, comme<br />
elle fuit les scandales, elle sait que la confrontation n’est pas la solution pour confondre l’imposteur. Elle<br />
souscrit ici au principe de bienséance.<br />
b) Ses explications et son attitude révèlent quels traits de sa personnalité ?<br />
Ses explications et son attitude révèlent sa prudence et sa modération. Sa sortie avant l’intervention<br />
d’Orgon lui évite de confirmer les accusations de Damis contre Tartuffe et se ménage ainsi un second<br />
entretien.<br />
5. Pourquoi Tartuffe reste-t-il silencieux pendant ces deux scènes ?<br />
Tartuffe reste silencieux pendant les deux scènes afin d’évaluer le piège dans lequel il est tombé et d’élaborer<br />
une solution pour s’en sortir. Il constate que Damis et Elmire n’étaient pas de connivence pour le<br />
piéger ; il comprend que la colère du fils et le départ d’Elmire favorisent la comédie qu’il se prépare à<br />
jouer devant Orgon.<br />
6. a) Pourquoi Elmire quitte-t-elle la scène avant d’entendre l’explication de Tartuffe ?<br />
Elmire quitte la scène parce qu’elle ne veut pas devoir confirmer les accusations de Damis, refusant<br />
d’avance toute confrontation.<br />
b) À qui profite cette sortie ? Justifiez.<br />
Cette sortie profite à Tartuffe, qui a toute latitude pour jouer sa comédie.<br />
c) À qui est-elle défavorable ? Justifiez.<br />
Elle est défavorable à Damis, dont la parole est mise en doute par Orgon, totalement attendri par la confession<br />
de Tartuffe.<br />
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7. Malgré le caractère bouillant et colérique de Damis, quel autre trait de personnalité son attitude<br />
révèle-t-elle dans les SCÈNES 4 et 5 ?<br />
Son attitude révèle sa franchise et sa loyauté à l’égard de son père outragé par les intentions de Tartuffe<br />
de le cocufier.<br />
Écriture<br />
8. Identifiez et expliquez la figure de style apparaissant au vers 1034.<br />
L’expression « jamais d’un mari n’en trouble les oreilles » est une litote qui signifie qu’Elmire veille au<br />
bien-être d’Orgon en lui évitant le récit des sottises de Tartuffe. Le substantif « oreilles » peut être considéré<br />
comme une synecdoque désignant toute la personne qui a des oreilles pour entendre.<br />
9. Montrez en quoi la connotation du substantif « Ciel », employé par Damis aux vers 1023 et 1044,<br />
se distingue de celle que lui donne Tartuffe dans la SCÈNE 3.<br />
Bien que le substantif « Ciel » constitue la métonymie de Dieu autant pour Damis que pour Tartuffe, il<br />
acquiert une connotation moins religieuse ou dévote dans les propos de Damis qui semble y faire ressortir<br />
un trait d’ironie.<br />
10. Identifiez et expliquez l’ironie de Damis à la SCÈNE 5.<br />
Les vers 1055 à 1059 contiennent l’ironie où Damis affirme à son père que Tartuffe vient de lui témoigner<br />
une grande marque d’amitié en échange de son affection. Par antiphrases, il sous-entend que l’hypocrite a<br />
trahi la confiance d’Orgon en voulant suborner sa femme.<br />
11. Identifiez et expliquez la figure de style apparaissant au vers 1062.<br />
Le substantif « flamme » est une métaphore qui signifie que la passion amoureuse est comparée à une<br />
flamme, à un feu brûlant.<br />
12. Montrez à qui réfèrent les pronoms personnels « nous » au vers 1070.<br />
Les deux pronoms personnels « nous » réfèrent à toutes les femmes, dont Elmire fait partie.<br />
ACTE III, SCÈNES 6 ET 7<br />
Compréhension<br />
1. a) À quelle astuce a recours Tartuffe pour se sortir de l’impasse dans laquelle il s’est engagé à la<br />
SCÈNE 3 ?<br />
Pour se sortir de l’impasse, Tartuffe, après un long silence, confesse sa culpabilité en s’accusant de tous<br />
les péchés du monde, en général dans un langage hyperbolique et d’une manière théâtrale.<br />
b) Montrez en quoi cette stratégie lui est favorable ; en d’autres termes, faites voir comment elle<br />
agit efficacement sur Orgon.<br />
Cette stratégie agit efficacement sur Orgon qui, en tant que faible pécheur lui-même, ne peut qu’être<br />
attendri par l’extrême humilité de Tartuffe dont la confession, même dans ses aspects véridiques, ne peut<br />
être considérée comme vérité. Orgon y voit donc la preuve de l’innocence de Tartuffe.<br />
2. Faites ressortir les aspects contradictoires ou paradoxaux de la SCÈNE 6.<br />
Les aspects contradictoires de la SCÈNE 6 résident dans les propos de Tartuffe qui s’accuse de tous les<br />
péchés sans évoquer celui qu’il vient de commettre et dont l’accuse Damis. Tartuffe recommande à Orgon<br />
de croire à la parole de son fils pour mieux la discréditer ; il dit la vérité sur sa vraie nature de scélérat<br />
pour laisser croire à son innocence (v. 1074-1078 et 1094-1104) ; il réclame un châtiment sévère pour<br />
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obtenir la clémence d’Orgon (v. 1105-1106) ; il prend la défense de Damis pour mieux attiser la colère du<br />
père contre son fils (v. 1112-1116).<br />
3. Identifiez les vers où se trouvent les vérités que dit Tartuffe à propos de lui-même. Expliquez leur<br />
efficacité rhétorique.<br />
Les vers 1074 à 1078 illustrent la vérité de Tartuffe sur lui-même. Leur efficacité rhétorique réside dans le<br />
langage hyperbolique (« Le plus grand scélérat […] ait été », « un amas de crimes et d’ordures ») et dans<br />
les expressions généralisantes comme « Chaque instant de ma vie » qui, paradoxalement, atténuent ou<br />
contournent le vrai crime dont Tartuffe est accusé.<br />
Dans les vers 1093 à 1106, Tartuffe formule quatre questions auxquelles il donne des réponses qui révèlent<br />
son hypocrisie (« vous vous laissez tromper à l’apparence ») et sa médiocrité (« je ne vaux rien »). De<br />
plus, son intervention connotée de paternalisme (« mon cher fils ») et suivie de l’énumération (« de<br />
perfide […] d’homicide ») renforcent l’hyperbole qui culmine au vers 1106 par « aux crimes de ma vie ».<br />
4. Parmi tous les péchés dont s’accuse Tartuffe, pourquoi ne mentionne-t-il pas celui que Damis lui<br />
reproche, c’est-à-dire la subornation ou la tentative de séduction d’Elmire ?<br />
Tartuffe évite de mentionner le crime dont Damis l’accuse afin de mieux le diluer dans des formules<br />
généralisantes et hyperboliques, qui auront pour effet d’impressionner Orgon et d’attiser la colère de<br />
Damis que le père s’emploiera à faire taire.<br />
5. Quel ressort dramatique pousse Orgon à refuser la confession de Tartuffe et à s’en prendre à<br />
Damis ?<br />
L’aveuglement d’Orgon, qui ne voit que dévotion, humilité et sainteté chez Tartuffe, le pousse à refuser la<br />
confession de ce dernier. Ce qui le motive à s’en prendre à Damis, c’est la conviction que son fils et les<br />
membres de sa famille détestent le dévot contre lequel ils se déchaînent (v. 1118-1122). Le désir d’imposer<br />
son autorité paternelle constitue aussi un ressort dramatique (v. 1129-1132).<br />
6. Identifiez les raisons pour lesquelles le personnage d’Orgon devient de plus en plus antipathique,<br />
alors que Damis suscite la pitié du spectateur.<br />
Orgon devient de plus en plus antipathique, car son aveuglement pour Tartuffe l’empêche de constater la<br />
loyauté de Damis qui ne vise qu’à servir les intérêts de son père. Damis suscite notre pitié, car le châtiment<br />
qu’il espérait infliger à l’imposteur se retourne contre lui qui est chassé par Orgon, sans répliquer.<br />
7. Montrez comment les SCÈNES 6 et 7 constituent, pour Tartuffe, une comédie dans la comédie qui<br />
tend vers le drame, voire la tragédie.<br />
En habile comédien, Tartuffe joue dans les SCÈNES 6 et 7 sa plus belle et sa plus efficace prestation<br />
d’hypocrite devant Damis qui n’est pas dupe et Orgon complètement médusé. L’art de l’imposteur consiste<br />
presque à « surjouer » devant son hôte de manière à l’éblouir, tout en discréditant le fils. Bien que le<br />
spectateur s’amuse du jeu ridicule, voire burlesque, de Tartuffe, il prend conscience du drame qui accable<br />
Damis chassé par son père.<br />
8. Quelles sont les conséquences du stratagème machiavélique de Tartuffe sur Damis, sur Mariane,<br />
sur Elmire et sur l’ensemble de la famille ?<br />
Damis est chassé par son père qui le déshérite et lui donne sa malédiction ; Mariane sera mariée à Tartuffe<br />
« dès ce soir » (v. 1128) ; Elmire sera exposée aux fréquentations de Tartuffe, ce qui rendra Orgon plus<br />
vulnérable au cocuage (v. 1174) ; finalement, toute la famille devra supporter le pouvoir renforcé de<br />
l’imposteur dont la donation qu’il reçoit laisse poindre un péril éventuel.<br />
9. Quel ressort dramatique interne motive les décisions d’Orgon à la SCÈNE 7 ?<br />
D’abord aminé par la colère contre Damis, à la SCÈNE 6, Orgon, à la SCÈNE 7, supplie Tartuffe de demeurer<br />
chez lui, en dépit de toutes les difficultés auxquelles il aura à faire face, car le dévot représente des<br />
valeurs spirituelles vitales pour lui (v. 1165). En outre, c’est un plaisir malsain, voire sadique, de « [f]aire<br />
enrager le monde » (v. 1173) qui pousse Orgon à demander à Tartuffe de fréquenter sa femme, et c’est le<br />
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désir de « mieux braver » les siens (v. 1175) qui l’amène à « faire de [s]on bien donation entière »<br />
(v. 1178).<br />
10. a) Montrez comment les propos d’Orgon, aux vers 1179 et 1180, révèlent la perspicacité démontrée<br />
par Dorine à l’ACTE I, SCÈNE 2.<br />
La perspicacité de Dorine est apparue aux vers 185 à 190 où elle soutenait que son maître éprouvait plus<br />
d’affection pour Tartuffe que pour tous les membres de sa famille.<br />
b) Précisez la connotation que prend la confidence d’Orgon dans cette seule scène d’intimité avec<br />
Tartuffe.<br />
La confidence d’Orgon, dans cette seule scène d’intimité avec Tartuffe, connote non seulement l’amitié et<br />
la tendresse, mais une forme de passion amoureuse entremêlée de fanatisme et de déraison.<br />
11. a) À quelle situation précédente l’expression « Le pauvre homme ! », au vers 1183, fait-elle<br />
référence ?<br />
L’expression fait référence à la répétition d’Orgon à la SCÈNE 1 de l’ACTE IV.<br />
b) Montrez en quoi cette expression résume ironiquement le destin qui lie désormais Orgon et<br />
Tartuffe.<br />
L’expression résume ironiquement le destin qui lie les deux personnages, car, même si Orgon s’apitoie<br />
réellement sur le sort de Tartuffe qu’il considère comme un homme éprouvé par la vie, il ne se doute pas<br />
que l’imposteur est désormais un homme riche grâce à la donation. Le véritable pauvre homme, c’est<br />
finalement Orgon qui vient de sacrifier son bien et faire preuve d’une imprudence digne d’un pauvre<br />
imbécile.<br />
Écriture<br />
12. Quels procédés du comique de caractère, de situation et de gestes sont exploités dans les<br />
SCÈNES 6 et 7 ? Expliquez-les.<br />
Le comique de caractère met en valeur les contradictions d’Orgon qui se prétend dévot alors qu’il s’emporte<br />
contre son fils qu’il chasse et déshérite injustement, trop ébloui par la confession de l’hypocrite. Le<br />
comique de situation réside dans l’inversion des rôles de Damis et de Tartuffe, où celui qui veut démasquer<br />
et châtier se voit confondu et puni, et celui qui s’affirme coupable obtient l’innocence et la récompense.<br />
Le comique de gestes apparaît dans l’attitude d’Orgon qui tente de faire taire son fils et le chasse<br />
en réclamant le bâton de la farce (v. 1135). Sa course « tout en larmes par la porte où il chasse son fils »<br />
(v. 1149) suivie de la scène d’intimité avec Tartuffe qu’il implore de rester tombent dans le ridicule,<br />
surtout si on imagine les deux personnages à genoux dans les bras l’un de l’autre.<br />
13. a) À quelle figure de style d’amplification, à la SCÈNE 6, Tartuffe a-t-il recours dans sa<br />
confession ?<br />
Dans sa confession, Tartuffe a recours à l’hyperbole qui lui permet d’amplifier le portrait de pécheur qu’il<br />
brosse pour impressionner Orgon, de dissimuler son véritable crime et d’obtenir le pardon.<br />
b) Relevez-en quatre exemples et expliquez-les brièvement en faisant ressortir leur efficacité sur le<br />
plan du comique de mots.<br />
L’énumération « un méchant, un coupable […] Le plus grand scélérat qui jamais ait été » (v. 1074-1076),<br />
les métaphores « chargé de souillures […] amas de crimes et d’ordures » (v. 1077-1078), l’accumulation<br />
d’adjectifs et de noms d’injures, « de perfide/D’infâme, de perdu, de voleur, d’homicide » (v. 1101-1102),<br />
et l’expression « la peine la plus dure », antithèse de « la moindre égratignure » (v. 1113-1114), relèvent<br />
du comique de mots par l’ambiguïté sémantique qui apparaît entre la part d’exagération et la part de<br />
vérité. La franchise de Tartuffe aux vers 1094 à 1101 illustre son habileté à jouer avec l’être et le paraître.<br />
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14. Que connote l’emploi du pronom « on » dans les propos qu’Orgon adresse à Damis aux<br />
vers 1131, 1132, 1136 et 1137 ?<br />
Le pronom « on » réfère à un « tu », c’est-à-dire à Damis ; dans le contexte, il connote une certaine<br />
distance que tient à prendre Orgon vis-à-vis son fils à qui il veut imposer son autorité.<br />
15. a) Quel personnage historique Tartuffe parodie-t-il dans les vers 1142 et 1182 ? Justifiez.<br />
Dans ces deux vers, Tartuffe parodie la prière du Notre Père : « Pardonnez-nous nos offenses comme<br />
nous pardonnons […] » et « Que ta volonté soit faites sur la terre comme au ciel ».<br />
b) Montrez en quoi ce procédé comique a pu offusquer les dévots et les membres du clergé au<br />
XVII e siècle.<br />
Ce procédé comique tournant en dérision une prière du Christ a pu offusquer les dévots et le clergé qui<br />
s’objectaient contre l’intrusion du sacré et de la religion dans les comédies. De plus, ces paroles étant prononcées<br />
par un scélérat choquaient d’autant, ce qui amena Molière, semble-t-il, à modifier le vers 1142<br />
(voir la note au bas de page du texte).<br />
16. Identifiez et expliquez le procédé comique employé au vers 1166.<br />
Il s’agit de l’ironie, car, bien que Tartuffe dise accepter l’épreuve qu’il s’impose en demeurant dans la<br />
maison d’Orgon, il apprécie avec joie tous les avantages dont il continuera de profiter.<br />
Synthèse de l’ACTE III<br />
1. Identifiez les péripéties de l’ACTE III qui ont contribué à resserrer le nœud de l’action.<br />
Vois le schéma narratif ou événementiel (page 208).<br />
2. Brossez le portrait de Tartuffe en faisant ressortir l’art du comédien chez lui.<br />
L’art du comédien chez Tartuffe apparaît à trois reprises :<br />
1. L’hypocrite pudibond devant Dorine (SCÈNE 2) ;<br />
2. Le dévot amoureux auprès d’Elmire (SCÈNE 3) ;<br />
3. Le pécheur innocent devant Orgon (SCÈNES 6 et 7).<br />
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ACTE IV, SCÈNE 1<br />
Compréhension<br />
ACTE IV<br />
1. a) Quel est l’objectif de Cléante lors de son entretien avec Tartuffe ?<br />
Cléante espère persuader Tartuffe de pardonner à Damis son méfait, de réconcilier le père et le fils et,<br />
surtout, de renoncer à la donation.<br />
b) L’atteint-il ? Justifiez.<br />
Non, Cléante n’atteint pas son objectif, car, bien que Tartuffe soutienne avoir pardonné à Damis (v. 1203-<br />
1206), il refuse de vivre sous le même toit que lui (v. 1208-1232) et accepte la donation (v. 1241-1248).<br />
c) Montrez en quoi sa stratégie ou son argumentation ressemble à celle d’Elmire à l’ACTE III,<br />
SCÈNE 3.<br />
La stratégie de Cléante ressemble à celle d’Elmire dans la mesure où elle consiste d’abord à invoquer les<br />
valeurs chrétiennes tout en feignant de croire que Tartuffe est un vrai dévot (v. 1185-1228). Devant<br />
l’échec, Cléante passe à l’attaque en lui reprochant d’accepter injustement la donation, ce qui enferme<br />
Tartuffe dans ses contradictions et l’oblige à dévoiler sa cupidité.<br />
2. Quel ressort dramatique sous-tend l’entretien ? En d’autres termes, quelle motivation anime<br />
respectivement Cléante et Tartuffe?<br />
Le ressort dramatique qui sous-tend l’entretien est, pour Cléante, l’intention de confondre l’hypocrite ou,<br />
du moins, de le forcer à révéler ses contradictions et est, pour Tartuffe, le désir de se défendre et de<br />
conserver ses privilèges.<br />
3. Montrez comment Cléante parvient à pousser Tartuffe dans ses retranchements, à le forcer à<br />
dévoiler malgré lui ses contradictions d’homme soi-disant dévot qui manque à la charité chrétienne.<br />
Cléante parvient à pousser Tartuffe dans ses retranchements en l’invitant à faire « de céans une honnête<br />
retraite » (v. 1262), c’est-à-dire de vivre discrètement dans la maison d’Orgon, en harmonie avec le fils. À<br />
ce dernier argument, l’imposteur n’a pour toute réplique que l’excuse de son « devoir pieux » (v. 1266-<br />
1268), ce qui interrompt l’entretien, mais souligne son ambition qu’il a du mal à dissimuler.<br />
4. Montrez en quoi les propos de Tartuffe se distinguent de ceux qu’il tenait devant Orgon à la<br />
scène 7 de l’ACTE III.<br />
Les propos que Tartuffe tenait à Orgon, à la SCÈNE 7 de l’ACTE III, évoquaient la possibilité, pour l’imposteur,<br />
de quitter la maison afin d’éviter la confrontation avec la famille (v. 1153-1154 et 1163-1164) ; à<br />
l’ACTE IV, devant Cléante, il attribue à autrui ses propres calculs pour justifier son refus de vivre sous le<br />
même toit que Damis (v. 1211-1216), et il invoque le Ciel qui guide sa conduite (v. 1232).<br />
5. Relevez, dans les répliques de Tartuffe, les vers qui illustrent sa duplicité, son hypocrisie, voire<br />
ses manigances machiavéliques, notamment en ce qui a trait à la donation.<br />
Dans les vers 1237 à 1248, Tartuffe soutient son désintérêt pour la donation qu’il a acceptée dans le but<br />
d’en faire un usage charitable. Cléante se doute bien que l’imposteur a l’intention d’en faire un usage<br />
criminel.<br />
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6. Montrez en quoi cette donation constitue une nouvelle étape dans la stratégie d’ascension sociale<br />
de Tartuffe. Identifiez les étapes précédentes et faites voir en quoi cette dernière leur est supérieure.<br />
La donation constitue une nouvelle étape dans la stratégie d’ascension sociale de Tartuffe, car elle lui<br />
permet de se substituer au fils déshérité et de se rapprocher de son objectif qui est de remplacer Orgon<br />
dans son statut de maître et propriétaire.<br />
Les étapes précédentes ont été l’installation dans la maison d’Orgon, la promesse de mariage avec<br />
Mariane, la possibilité de cocufier le mari et la répudiation de Damis. La donation est supérieure à toutes<br />
ces étapes, car elle rend Orgon plus vulnérable et l’expose aux abus de l’imposteur.<br />
7. Qu’est-ce qui pousse Tartuffe à évoquer le prétexte de l’heure de sa prière pour mettre fin à la<br />
conversation ?<br />
Tartuffe évoque ce prétexte, car il est à court d’arguments pour répliquer à Cléante qui le presse d’agir en<br />
véritable chrétien en acceptant de vivre honnêtement dans la maison d’Orgon.<br />
8. Combien de temps s’est-il écoulé depuis la fin de l’ACTE III ? Justifiez.<br />
Comme il est trois heures et demie à la fin de la SCÈNE 1, on peut compter au moins deux heures depuis la<br />
fin de l’ACTE III. En effet, pendant l’entracte, Orgon a dû se rendre chez le notaire pour rédiger l’acte de<br />
donation (v. 1177-1178) et obtenir le contrat de mariage (v. 1277).<br />
Écriture<br />
9. Montrez comment l’argumentation de Tartuffe est basée sur une idéologie religieuse aux<br />
raisonnements spécieux, c’est-à-dire qui n’ont que l’apparence de la vérité. Pour ce faire, relevez la<br />
présence du mot « Ciel » dans les répliques de Tartuffe et précisez-en les connotations.<br />
La présence du mot « Ciel » dans les répliques de Tartuffe (v. 1207, 1230, 1232 et 1248) connote la responsabilité<br />
pour tout dévot de veiller aux intérêts de Dieu, de défendre les valeurs chrétiennes dont le<br />
pardon et la charité, des principes auxquels l’imposteur ne souscrit pas. Les ordres du Ciel auxquels prétend<br />
obéir Tartuffe soulignent une conduite proche d’une forme d’intégrisme religieux.<br />
10. Montrez comment la présence du mot « Ciel », dans les répliques de Cléante, contribue à<br />
l’ironie du discours.<br />
Le substantif « Ciel » et les pronoms personnels « il » et « lui », dans les répliques de Cléante (v. 1219-<br />
1222, 1224, 1227, 1233 et 1259), contribuent à l’ironie du discours. En effet, en recourant au même<br />
vocabulaire dévot, le raisonneur prouve à son adversaire qu’il n’est pas dupe de ses sophismes et qu’il<br />
doit pousser jusqu’au bout sa logique et sa soumission à Dieu.<br />
11. Identifiez et expliquez deux des figures de style d’atténuation apparaissant aux vers 1237<br />
à 1248.<br />
Les vers 1239 et 1240, « Tous les biens […] peu d’appas […] je ne m’éblouis pas », constituent une litote<br />
par laquelle Tartuffe prétend qu’il est totalement détaché des biens matériels ; les vers 1241 et 1242, « Et<br />
si je me résous […] me faire », peuvent être interprétés comme un euphémisme pour atténuer la manipulation<br />
de Tartuffe afin d’obtenir la donation.<br />
12. Identifiez et expliquez deux des figures de style de substitution apparaissant aux vers 1237<br />
à 1248.<br />
L’expression « méchantes mains » (v. 1244) est une synecdoque où la partie du corps est employée pour<br />
signifier toute la personne méchante ; le substantif « Ciel » (v. 1248) est une métonymie par laquelle le<br />
lieu de l’au-delà désigne l’être divin qui l’habite.<br />
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ACTE IV, SCÈNES 2, 3 ET 4<br />
Compréhension<br />
1. Montrez comment les SCÈNES 2 et 3 tendent vers le drame, voire la tragédie, notamment pour le<br />
personnage de Mariane. En d’autres termes, faites voir comment l’attitude d’Orgon face à Damis à<br />
l’ACTE III, puis maintenant face à sa fille, fait monter d’un cran l’intensité dramatique de l’action.<br />
La SCÈNE 2, qui sert de transition pour annoncer Orgon, donne le ton du drame qui se dessine à la<br />
SCÈNE 3. Après avoir chassé et déshérité Damis à l’ACTE III, Orgon brandit le contrat de mariage qu’il<br />
impose à sa fille. À genoux et désespérée, Mariane implore, à la manière des héroïnes des tragédies grecques<br />
comme Iphigénie, un père inflexible. Pour attendrir son cœur, elle invoque le « Ciel » (v. 1279, 1284<br />
et 1300), fait allusion au suicide (v. 1291) et propose le don de son bien (v. 1296) et le sacrifice du<br />
couvent en échange du mariage (v. 1299-1300), ce qui a pour effet de rendre Orgon plus cruel encore.<br />
2. a) Identifiez et expliquez les vers prononcés par Orgon qui illustrent sa cruauté, voire son<br />
sadisme, à l’égard de Mariane.<br />
Les vers 1303 à 1305 illustrent la cruauté d’Orgon à l’égard de Mariane, car le mariage avec Tartuffe lui<br />
est imposé comme une épreuve ou une pénitence par laquelle elle pourra expier ses fautes.<br />
b) Comparez son attitude à celle qu’il a évoquée aux vers 275 à 279 de l’ACTE I.<br />
À l’ACTE I, Orgon affirme être devenu indifférent à l’amitié et insensible à la mort des siens ; à l’égard de<br />
Mariane, il faut preuve non seulement d’insensibilité, mais de cruauté, voire de sadisme.<br />
3. Montrez, par ses deux répliques, aux vers 1279 à 1300, comment Mariane reste fidèle au rôle de<br />
victime ou d’héroïne tragique qu’elle a précédemment adopté à l’ACTE II, SCÈNE 3.<br />
Mariane reste fidèle à son rôle de victime ou d’héroïne tragique, qu’elle a adopté avec Dorine à l’ACTE II,<br />
en suppliant son « père absolu » et en invoquant le Ciel en présence d’Elmire, laquelle se retrouve dans<br />
une situation analogue à celle de Clytemnestre, la mère d’Iphigénie. L’évocation du suicide, l’esprit de<br />
sacrifice devant le destin, le ton élégiaque de la plainte mènent le personnage tragique à la limite de la<br />
parodie.<br />
4. a) Quel ressort dramatique motive la conduite d’Orgon dans ses répliques respectivement<br />
adressées à Dorine, à Cléante et à Elmire ?<br />
La réplique d’Orgon à Dorine (v. 1307-1308) est motivée par la rancœur contre la servante qui l’a épuisé<br />
par ses interruptions et son insolence à l’ACTE II ; celle qu’il adresse à Cléante (v. 1310-1312) est inspirée<br />
par le refus des leçons et conseils de son beau-frère ; celle qu’il destine à Elmire (v. 1317-1322) est inspirée<br />
par la déception qu’il ressent vis-à-vis la connivence de sa femme et de son fils contre Tartuffe.<br />
b) Pourquoi se montre-t-il si prompt à l’égard de Dorine et ironique à l’égard de Cléante et<br />
d’Elmire ?<br />
Orgon est prompt à l’égard de Dorine, car elle est une servante indisciplinée ; il est ironique à l’égard de<br />
Cléante et d’Elmire, car ils appartiennent à la même classe sociale que lui.<br />
5. Montrez, par sa réplique, aux vers 1323 à 1336, comment Elmire reste fidèle à la première explication<br />
qu’elle a donnée à Damis, à l’ACTE III, vers 1029 à 1034, et à Orgon, aux vers 1067 à 1072.<br />
Par sa réplique, aux vers 1323 à 1336, Elmire rappelle qu’elle s’est moquée de la déclaration de Tartuffe,<br />
qu’elle a horreur des débordements et qu’elle privilégie la modération, comme elle l’a expliqué précédemment<br />
à Damis et à Orgon.<br />
6. Que signifient les paroles d’Orgon aux vers 1321-1322 et au vers 1337 ?<br />
Dans les vers 1321 et 1322, Orgon sous-entend que le silence d’Elmire concernant l’attaque de Damis<br />
contre Tartuffe a joué contre elle et que, si elle avait assisté à la suite de la confrontation, elle aurait été<br />
obligée d’admettre sa complicité avec son fils. Au vers 1337, Orgon prétend qu’il connaît le fond de toute<br />
cette affaire, qui implique Elmire, Damis et Tartuffe, et qu’il n’est pas dupe des explications de sa femme.<br />
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7. a) Quelles qualités Elmire met-elle en valeur devant Orgon dans sa présentation du stratagème ?<br />
Les qualités d’Elmire sont la ruse, la perspicacité à saisir les faiblesses du cœur humain (v. 1357-1358), la<br />
pudeur mêlée à la hardiesse (v. 1369-1376) et la loyauté (v. 1385).<br />
b) Ces qualités sont-elles en accord ou en contradiction avec celles que doit posséder une femme de<br />
la classe d’Elmire ? Justifiez.<br />
A priori, ces qualités ne sont pas en accord avec celles d’une grande bourgeoise qui prône la modération,<br />
mais c’est par fidélité à son mari qu’Elmire, en désespoir de cause, se prête à un jeu dangereux où la<br />
coquetterie, le mensonge et la comédie la conduiront à deux pas de l’adultère.<br />
8. a) Quels arguments Orgon évoque-t-il pour s’objecter à la proposition d’Elmire ?<br />
Orgon n’a pas d’arguments pour s’objecter à la proposition d’Elmire, car il est persuadé que Tartuffe ne<br />
peut être un imposteur (v. 1348-1349).<br />
b) Que propose Elmire pour tenter de le convaincre ?<br />
Elmire propose à Orgon d’être témoin d’un entretien qu’elle aura avec Tartuffe et au cours duquel l’hypocrite<br />
révélera clairement son vrai visage (v. 1342-1347 et 1349-1352).<br />
9. Montrez en quoi la situation ou la position dans laquelle Orgon doit se placer est paradoxale, en<br />
apparence, par rapport à l’objectif visé par Elmire, qui est de lui faire voir la vérité. En d’autres<br />
termes, identifiez le sens qu’Elmire entend solliciter chez Orgon pour lui révéler la vérité sur<br />
Tartuffe.<br />
La position dans laquelle Orgon se place est paradoxale, car il doit se cacher sous la table où il ne verra<br />
rien, mais entendra Tartuffe révéler à Elmire sa véritable nature d’imposteur.<br />
10. a) Pourquoi Elmire est-elle si confiante en la réussite de son stratagème ?<br />
Elmire est confiante, car elle connaît les faiblesses du cœur de Tartuffe qui est amoureux d’elle (v. 1357-<br />
1358).<br />
b) Montrez en quoi cette ruse constitue le dernier espoir de mettre un terme à l’aveuglement<br />
d’Orgon et ainsi d’empêcher le mariage forcé.<br />
Cette ruse constitue le dernier espoir de mettre fin à l’aveuglement d’Orgon, car le mariage forcé de<br />
Mariane avec Tartuffe est imminent.<br />
11. a) Quelles recommandations Elmire fait-elle à Orgon pour justifier la conduite qu’elle entend<br />
adopter auprès de Tartuffe ?<br />
Elmire prévient Orgon qu’il ne doit pas se scandaliser des moyens auxquels elle aura recours pour séduire<br />
Tartuffe et le démasquer (v. 1370-1376).<br />
b) Pourquoi lui fait-elle comprendre qu’il a le plein pouvoir d’interrompre le jeu au moment où il le<br />
jugera bon ?<br />
Elle lui fait comprendre qu’il a le plein pouvoir d’interrompre le jeu afin qu’il assume totalement la<br />
responsabilité de la situation délicate dans laquelle elle s’engage et qui risque de le cocufier malgré elle.<br />
Écriture<br />
12. Relevez les mots et les expressions empruntés au champ lexical de la vue, à partir du vers 1340,<br />
et montrez en quoi ils constituent l’élément essentiel du stratagème d’Elmire.<br />
Le champ lexical de la vue comprend les expressions suivantes : « Si l’on vous faisait voir » (v. 1340),<br />
« De vous le faire voir avec pleine lumière » (v. 1342), « On vous fit clairement tout voir » (v. 1346), « je<br />
vous fasse témoin » (v. 1352), « Gardez qu’on ne vous voie » (v. 1365), « gardez de paraître » (v. 1386).<br />
Bien que le stratagème plonge Orgon dans l’obscurité sous la table où il est caché et à l’abri du regard de<br />
Tartuffe, le champ lexical du verbe voir, dont le sens est métaphorique puisqu’il renvoie à l’idée d’entendre<br />
et de comprendre, constitue l’élément essentiel du stratagème d’Elmire pour mettre fin à l’aveuglement<br />
de son mari.<br />
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13. Identifiez et expliquez la figure de style apparaissant au vers 1350.<br />
Le substantif « bouche » est une synecdoque par laquelle la partie du corps qui prononce les paroles<br />
mensongères signifie toute la personne qui ment.<br />
14. Montrez en quoi le stratagème d’Elmire relève de la farce.<br />
Le stratagème relève de la farce classique, car Orgon fait preuve de complaisance à l’égard de sa femme<br />
qui risque de le cocufier avec un invité.<br />
15. a) Relevez et expliquez, à la SCÈNE 4, les mots et les expressions empruntés au champ lexical de<br />
la séduction dans les propos d’Elmire et montrez de quelle figure de style ils relèvent.<br />
Le champ lexical de la séduction comprend les expressions « Je vais par des douceurs » (v. 1373), « Flatter<br />
de son amour les désirs effrontés » (v. 1375), « Et donner un champ libre à ses témérités » (v. 1376),<br />
« mon âme à ses vœux va feindre de répondre » (v. 1378), qui relèvent de l’euphémisme pour atténuer<br />
l’invitation à la débauche à laquelle Elmire va convier Tartuffe.<br />
b) Faites voir en quoi ce vocabulaire respecte la règle de la bienséance du théâtre classique.<br />
Ce vocabulaire respecte la règle de la bienséance du théâtre par le recours à l’allusion et à l’analogie, qui<br />
sous-entendent la réalité sans la nommer explicitement.<br />
ACTE IV, SCÈNES 6, 7 ET 8<br />
Compréhension<br />
1. Quelle nouvelle opinion Orgon a-t-il de Tartuffe ? Comparez son vocabulaire à celui qu’il a utilisé<br />
précédemment au sujet de Tartuffe, à l’ACTE I, et montrez en quoi il sait encore donner dans<br />
l’excès ou la démesure.<br />
Orgon reconnaît en Tartuffe un traître et un scélérat en recourant à des expressions hyperboliques comme<br />
« abominable homme » (v. 1529) et « rien de plus méchant n’est sorti de l’enfer » (v. 1535), qui s’opposent<br />
au « pauvre homme » (v. 235) et à la « sainte personne » (v. 1141) qu’il a vénéré précédemment.<br />
2. Faites ressortir les ressemblances et les différences qui existent entre la SCÈNE 7 de l’ACTE IV et la<br />
SCÈNE 4 de l’ACTE III.<br />
Dans les deux scènes, on retrouve un individu caché (Damis et Orgon) qui épie et qui surprend Tartuffe<br />
avec Elmire, laquelle tente de justifier sa conduite. Damis et Orgon veulent se venger ; le premier, en<br />
dénonçant à son père la subornation de l’imposteur, est réprimandé et chassé de la maison paternelle ; le<br />
second refuse l’explication de Tartuffe qu’il expulse, réhabilitant ainsi son fils banni.<br />
3. a) Quels vers, prononcés par Orgon, illustrent son explication pour le retard qu’il a mis à se<br />
manifester, à sortir de sous la table ?<br />
Les vers 1547 et 1548 : « J’ai douté […] qu’on changerait de ton. »<br />
b) Quel éclairage cette explication apporte-t-elle quant au caractère d’Orgon ?<br />
Comme Orgon a espéré jusqu’à la dernière minute que Tartuffe reviendrait à de meilleurs sentiments, il a<br />
refusé de croire ce qu’il entendait, parce que la vérité lui était insupportable. Son entêtement ou son aveuglement<br />
s’est maintenu même dans l’évidence.<br />
4. Pourquoi Elmire justifie-t-elle sa conduite auprès de Tartuffe aux vers 1551 et 1552 ?<br />
Elmire justifie sa conduite auprès de Tartuffe pour sauvegarder la bienséance interne qui lui permet de<br />
rester une femme honnête et distinguée.<br />
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5. a) Quelle excuse tente d’invoquer Tartuffe au vers 1553 ?<br />
Par la question qu’il amorce, on peut supposer que Tartuffe tente d’insinuer que ce que vient d’entendre<br />
Orgon était une comédie, de sa part, pour mettre à l’épreuve la fidélité d’Elmire.<br />
b) Complétez la phrase interrompue de Tartuffe, au vers 1555, et justifiez votre réponse.<br />
« Mon dessein… » était pur et bien intentionné, car il visait à m’assurer de la fidélité de votre épouse.<br />
Cette réplique est tout à fait vraisemblable, compte tenu que le personnage a su précédemment faire appel<br />
à la casuistique pour justifier son comportement (v. 1485-1496).<br />
6. a) Montrez en quoi le stratagème d’Elmire apparaît comme une réussite. Précisez les dangers<br />
qu’il a permis d’éviter.<br />
Le stratagème d’Elmire est une réussite, car il a mis fin à l’aveuglement d’Orgon, écarté le mariage forcé<br />
de Mariane, dissipé la menace d’adultère d’Elmire et rétabli Damis dans ses droits légitimes.<br />
b) En revanche, montrez et expliquez comment ce succès éphémère crée deux nouveaux dangers.<br />
Ce succès, qui révèle le vrai visage de l’imposteur et qui contribue à son expulsion de la maison, provoque<br />
un revirement de situation où Orgon se voit sommé de quitter son domicile à cause de la donation<br />
(v. 1557-1558) et laisse poindre une menace par l’allusion faite à une « certaine cassette » (v. 1562-1572).<br />
7. a) Identifiez et expliquez le coup théâtre survenant à la SCÈNE 7.<br />
Le coup de théâtre apparaît dans la réplique de Tartuffe qui, chassé sur-le-champ de la maison par Orgon,<br />
exhorte ce dernier à en « sortir » (v. 1557-1558).<br />
b) Faites ressortir son caractère dramatique.<br />
La situation devient dramatique, car, au moment où l’on attendait le dénouement, c’est-à-dire l’expulsion<br />
de l’imposteur, Orgon se retrouve escroqué et dépossédé de ses biens à cause de la donation.<br />
8. a) À quoi sert la dernière réplique d’Orgon aux vers 1571 et 1572 ?<br />
La dernière réplique d’Orgon contribue à maintenir un certain suspense et à assurer la transition avec le<br />
dernier acte où l’action sera relancée.<br />
b) À qui ou à quoi réfère la cassette dont il parle ?<br />
La cassette réfère à Argas, auquel elle appartenait et qui l’a « mis entre les mains d’Orgon » avant de fuir<br />
(voir l’ACTE V, SCÈNE 1, vers 1579 à 1583).<br />
c) En a-t-il déjà été question dans les scènes précédentes ?<br />
Non, c’est la première fois qu’il est question de cette cassette.<br />
9. Montrez que, même une fois démasqué, Tartuffe reprend aussitôt son masque pour continuer de<br />
composer le personnage qu’il a joué depuis le début.<br />
Tartuffe n’avoue pas être pris en flagrant délit de subornation. On peut présumer qu’il évoquerait la<br />
casuistique pour justifier son comportement. De plus, il invoque le Ciel pour nourrir son désir de vengeance<br />
contre Orgon qui lui fait injure.<br />
Écriture<br />
10. a) Justifiez les deux répliques d’Elmire à la SCÈNE 6.<br />
Dans ses deux répliques, Elmire réprimande Orgon parce qu’il a tardé à se manifester.<br />
b) Identifiez et expliquez les deux procédés comiques auxquels elle a recours.<br />
Elmire recourt à l’ironie pour tourner en dérision la trop grande prudence d’Orgon qu’elle qualifie d’imprudent.<br />
Elle a aussi recours au comique de geste en faisant mettre son mari derrière elle à l’arrivée de<br />
Tartuffe.<br />
11. a) Relevez et expliquez les figures de style d’atténuation (euphémisme, litote) qui contribuent à<br />
l’écriture classique de ces scènes.<br />
Parmi les figures d’atténuation, on retrouve les litotes suivantes : « rien de plus méchant n’est sorti de<br />
l’enfer » (v. 1535) signifie que Tartuffe est le pire des démons ; « vous ne devez pas tant vous passion-<br />
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ner » (v. 1543) signifie « modérez votre enthousiasme » ; « point de bruit […] sans cérémonie » (v. 1553-<br />
1554) signifie « sortez en silence et discrètement » ; « Ces discours ne sont plus de saison » (v. 1555)<br />
signifie « vos explications sont inutiles et mensongères » ; « Qu’on n’est pas où l’on pense » (v. 1561)<br />
signifie « vous êtes vous-même un imposteur » ; « et n’ai pas lieu de rire » (v. 1566) signifie « j’éprouve<br />
une terrible inquiétude ».<br />
Parmi les euphémismes, signalons les expressions suivantes : « Laissez-vous bien convaincre […]<br />
rendre » (v. 1537) signifie « attendez d’être réellement cocu avant d’intervenir » ; « vous suivez trop votre<br />
amoureuse envie » (v. 1542) signifie « vous avez la mauvaise tendance à assouvir vos besoins sexuels » ;<br />
« vous […] convoitiez ma femme » (v. 1546) signifie « vous vouliez me cocufier » ; « On m’a mise […]<br />
traiter ainsi » (v. 1552) signifie « l’aveuglement d’Orgon m’a obligée à vous jouer cette scène de<br />
comédie » ; « C’est à vous d’en sortir » (v. 1557) signifie « je vous chasse » ; « Venger le Ciel qu’on<br />
blesse » (v. 1563) signifie « je me vengerai impitoyablement avec la bénédiction de Dieu » ; « Je vois ma<br />
faute […] l’esprit » (v. 1567-1568) signifie « je suis un imbécile et la donation me tourmente<br />
énormément » ; « c’est une affaire faite » (v. 1569) signifie que la donation vient d’être légalement<br />
constituée.<br />
b) Quel effet ces figures donnent-elles aux situations et aux attitudes des personnages ?<br />
Le recours aux figures d’atténuation contribue au maintien de la bienséance dans un contexte tendu où les<br />
personnages doivent garder leur sang-froid malgré l’angoisse qui les étreint et le drame qui se profile.<br />
Synthèse de l’ACTE IV<br />
1. Montrez qu’Elmire apparaît, dans l’ACTE IV, comme le personnage le plus fort de la pièce.<br />
Elmire est aux antipodes d’Orgon grâce à certaines qualités.<br />
-La perspicacité : son entretien, à l’ACTE III, lui a permis de déceler les faiblesses de Tartuffe.<br />
-La ruse : le stratagème qu’elle propose à Orgon lui permet de démasquer l’imposteur.<br />
-L’art de séduire : le jeu de la coquetterie et la comédie de la séduction révèlent le vrai visage de<br />
l’hypocrite.<br />
-Le sang-froid : malgré l’agression dont elle est victime, elle maîtrise la situation et fait preuve d’ironie.<br />
2. Montrez que l’ACTE IV est le plus sombre et le plus dramatique de la pièce.<br />
L’ACTE IV est le plus dramatique de la pièce pour plusieurs raisons. D’abord, Tartuffe refuse de se réconcilier<br />
avec Damis, Orgon se présente avec le contrat de mariage en main, Mariane évoque la possibilité de<br />
se suicider, Elmire s’expose à l’adultère, Orgon, humilié par la trahison de l’imposteur, reconnaît son<br />
aveuglement et son erreur dans l’acte de donation par lequel il se voit expulsé de sa maison et, finalement,<br />
l’énigme de la cassette annonce un péril encore plus inquiétant.<br />
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ACTE V, SCÈNES 1 ET 2<br />
Compréhension<br />
ACTE V<br />
1. a) Sur le plan de la gestuelle, qu’ont en commun le début de la SCÈNE 1 de l’ACTE I et celui de la<br />
SCÈNE 1 de l’ACTE V ?<br />
La course d’Orgon fait écho à la course de madame Pernelle.<br />
b) Quel est l’effet de cette gestuelle sur l’action ?<br />
Contrairement à la course de Mme Pernelle qui suscite le rire par son aspect ridicule et mécanique, la<br />
course d’Orgon, qui traduit son désarroi et son impuissance, souligne le caractère dramatique de la situation.<br />
En revanche, l’affolement d’Orgon, qui contraste avec le flegme de Cléante, le rend autant risible<br />
que pathétique.<br />
2. a) Montrez en quoi la SCÈNE 1 de l’ACTE V ressemble à la SCÈNE 5 de l’ACTE I.<br />
Dans les deux scènes, Orgon et Cléante ont un entretien au sujet de Tartuffe. Le premier fait toujours<br />
preuve d’un comportement excessif et de naïveté ; le second tente de modérer les excès de son beau-frère<br />
en discourant sur les mérites des vrais dévots, distincts des faux dévots.<br />
b) Montez en quoi elles se distinguent en faisant ressortir, notamment, les renversements de<br />
situations.<br />
Contrairement à la SCÈNE 5 de l’ACTE I, Orgon et Cléante s’entendent sur la trahison de l’imposteur à la<br />
SCÈNE 1 de l’ACTE V. Orgon soupçonnait Cléante de libertinage, c’est maintenant le raisonneur qui reproche<br />
à Orgon sa négligence en lui proposant de « [l]aisse[r] aux libertins ces sottes conséquences »<br />
(v. 1621).<br />
3. Pourquoi Orgon est-il désemparé ?<br />
Orgon est désemparé parce qu’il a remis à Tartuffe une cassette que son ami Argas lui avait confiée,<br />
laquelle contient des papiers « [o]ù sa vie et ses biens se trouvent attachés » (v. 1583). Maintenant qu’il a<br />
expulsé l’imposteur, qui se prétend le propriétaire de la maison depuis la donation, Orgon éprouve une<br />
terrible angoisse.<br />
4. a) Comment Orgon justifie-t-il son geste imprudent ?<br />
Orgon justifie son geste imprudent, c’est-à-dire la remise de la cassette à Tartuffe, en invoquant la restriction<br />
mentale, un point de doctrine jésuite traité par Pascal dans sa IX e Provinciale, qui consiste à « jurer<br />
qu’on n’a pas fait l’acte effectivement réalisé en entendant en soi-même qu’on ne l’a pas fait un certain<br />
jour » (voir la réplique d’Orgon, aux vers 1587 à 1592).<br />
b) À quel autre raisonnement de Tartuffe, à l’ACTE IV, l’explication d’Orgon s’apparente-t-elle ?<br />
L’explication d’Orgon s’apparente à la direction d’intention, un autre point de la casuistique, qui vise à<br />
excuser les fautes par la bonne intention. C’est l’argument auquel a recours Tartuffe pour convaincre<br />
Elmire de céder à ses avances (voir l’ACTE IV, aux vers 1489 à 1492).<br />
c) Que révèle cette imprudence ?<br />
L’imprudence d’Orgon révèle sa naïveté ou son aveuglement, mais surtout son manque de jugement<br />
critique.<br />
5. Quelle est la conséquence de cette imprudence pour Orgon ?<br />
La conséquence de cette imprudence est évoquée vaguement par Cléante au vers 1597. La réponse apparaît<br />
explicitement à la SCÈNE 6, dans la réplique de Valère annonçant qu’un mandat d’arrestation a été<br />
émis contre Orgon (v. 1835-1844).<br />
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6. Quel trait de la personnalité d’Orgon Cléante attise-t-il en lui reprochant son imprudence ?<br />
Cléante attise son caractère impulsif et son sens de la démesure.<br />
7. Montrez en quoi Cléante se distingue encore d’Orgon par son attitude et par les valeurs qu’il<br />
préconise, aux vers 1607 à 1628.<br />
Comme toujours, Cléante se distingue d’Orgon par sa modération ou sa mesure qui lui garantit la vigilance<br />
à l’égard des faux dévots et la reconnaissance de la vraie dévotion.<br />
8. Quel ressort dramatique justifie le retour de Damis à la maison de son père ?<br />
Le désabusement d’Orgon, qui annule implicitement le bannissement de Damis, constitue le ressort dramatique<br />
qui justifie le retour du fils. Bien sûr, ce retour apparaît précipité et plus ou moins vraisemblable.<br />
9. Quel trait de caractère Damis expose-t-il dans son intervention ?<br />
Toujours égal à lui-même, Damis, en fils loyal à l’égard de son père, est impétueux, colérique et vindicatif<br />
à l’égard de Tartuffe.<br />
10. À quoi Cléante fait-il allusion aux vers 1640 et 1641 ?<br />
Cléante fait allusion au début du règne de Louis XIV où l’ordre régnait, par opposition à la Fronde où les<br />
affrontements violents étaient courants.<br />
11. Quelle règle du théâtre classique Molière a-t-il failli transgresser à la SCÈNE 2 ? Justifiez.<br />
Molière a plus ou moins affecté la vraisemblance, car le retour de Damis est plus ou moins bien préparé ;<br />
il revient à la maison comme s’il n’avait jamais été chassé par son père. Cependant, la cohérence du personnage<br />
impulsif atténue cette relative invraisemblance.<br />
Écriture<br />
12. Quelle figure de style illustre le caractère d’Orgon dans les vers 1601 à 1606 ? Justifiez.<br />
L’hyperbole est la figure de style qui illustre le caractère excessif d’Orgon. Les expressions « je renonce à<br />
tous les gens de bien » (v. 1604), « une horreur effroyable » (v. 1605) et « pire qu’un diable » (v. 1606)<br />
démontrent le revirement à 180 degrés d’Orgon, qui entend se montrer impitoyable, voire inhumain, à<br />
l’égard des vrais dévots. Cette attitude mesquine souligne la prétendue dévotion d’Orgon, qui n’est<br />
qu’apparence.<br />
13. a) Sur quelle figure de style récurrente est construite l’argumentation de Cléante, aux vers 1607<br />
à 1628 ?<br />
L’argumentation de Cléante est construite sur l’antithèse.<br />
b) Relevez-en trois exemples et expliquez-les globalement en faisant ressortir les champs lexicaux<br />
auxquels ils se rattachent.<br />
Cette figue d’opposition permet d’illustrer les contrastes entre le champ lexical de la mesure et celui de la<br />
démesure d’Orgon et d’opposer la fausse dévotion à la bonne. On signale les exemples suivants : « vos<br />
emportements » (v. 1607) et « les doux tempéraments » (v. 1608) ; « la droite raison » (v. 1609) et « d’un<br />
excès » (v. 1610) ; « votre erreur » (v. 1611) et « une erreur plus grande » (v. 1614) ; « le cœur d’un<br />
perfide vaurien » (v. 1615) et « les cœurs de tous les gens de bien » (v. 1616) ; « un fripon » (v. 1617) et<br />
« vrai dévot » (v. 1620) ; « honorer l’imposture » (v. 1625) et « Péchez […] de cet autre côté » (v. 1628).<br />
14. De quel procédé comique relève la solution que propose Damis ? Expliquez.<br />
La solution que Damis propose relève du comique de caractère dans la mesure où elle souligne son impulsivité<br />
mêlée à la naïveté, et du comique de mots, par la plaisanterie bouffonne du vers 1634.<br />
15. Identifiez et expliquez le procédé comique qu’emploie Cléante au vers 1638.<br />
Cléante a recours à l’ironie pour tourner en dérision la violence et le manque de maturité de Damis.<br />
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ACTE V, SCÈNES 4 ET 5<br />
Compréhension<br />
1. a) Quel ressort dramatique justifie l’intervention de M. Loyal ?<br />
La donation d’Orgon justifie l’intervention de M. Loyal.<br />
b) Son arrivée, ou le message qu’il apporte, peut-elle être considérée comme un coup de théâtre ?<br />
Justifiez.<br />
Oui, car, même si les personnages et le spectateur appréhendent la conséquence de la donation, ils ne<br />
s’attendent pas à l’arrivée de l’huissier, suscitant d’abord un certain espoir, lequel s’assombrit lorsqu’il<br />
annonce l’acte de saisie des biens d’Orgon.<br />
2. Montrez en quoi, par son langage et son attitude, M. Loyal peut être considéré comme le confrère<br />
et le complice de Tartuffe.<br />
M. Loyal est bien un membre de la confrérie des dévots ou de la cabale par son langage affecté et son<br />
comportement hypocrite. À l’instar de Tartuffe, il a recours à des formules qui mêlent la dévotion à la<br />
préciosité : « Bonjour, ma chère sœur ; faites, je vous supplie » (v. 1717), « Le Ciel perde qui vous veut<br />
nuire » (v. 1733), « Le Ciel vous tienne tous en joie » (v. 1809) ; la politesse et la violence : « Faites que<br />
votre fils […] procès-verbal » (v. 1769-1771), « Pour tous les gens de bien […] façon moins douce »<br />
(v. 1773-1778). On note l’ambiguïté sémantique qui frôle l’ironie : « Mon abord […] dont il sera bien<br />
aise » (v. 1721-1722), « Ce n’est rien seulement qu’une sommation » (v. 1748), « J’aurais soin de ne pas<br />
troubler votre repos » (v. 1787) et « Et comme je vous traite avec grande indulgence » (v. 1794). On<br />
soupçonne que M. Loyal est le complice de Tartuffe, car il exécute l’ordre de l’imposteur dans l’illégalité<br />
en invoquant la loi, c’est-à-dire une « certaine ordonnance » (v. 1746) pour justifier l’acte de saisie.<br />
3. a) Quel conseil Cléante donne-t-il à Orgon avant de recevoir M. Loyal ?<br />
Cléante recommande à Orgon de faire preuve de modération ou de calme devant M. Loyal afin d’en<br />
arriver à une entente.<br />
b) Pourquoi ?<br />
Cléante donne ce conseil à Orgon, car il connaît les excès de son beau-frère dont les colères peuvent<br />
facilement gâter les situations.<br />
c) Orgon suit-il ce conseil ? Justifiez.<br />
Grâce à sa courtoisie (v. 1735, 1736, 1739 et 1740), Orgon agit d’abord avec douceur, puis s’étonne dès<br />
qu’il apprend l’acte de saisie (v. 1746, 1752, 1779 et 1780) et, finalement, tente de réfréner son désir<br />
d’« assener/Le plus grand coup de poing » (v. 1799-1800) à M. Loyal.<br />
4. Si l’on considère la position centrale qu’occupe M. Loyal dans cette scène de groupe, à quel autre<br />
personnage, ayant déjà été dans une situation analogue, ressemble-t-il ? Justifiez.<br />
Monsieur Loyal est l’écho de madame Pernelle à la SCÈNE 1 du premier acte, car il monopolise la conversation,<br />
constitue le centre d’intérêt, interrompt chacun et défend Tartuffe et les valeurs qu’il représente.<br />
5. a) Quelle est la conséquence de l’intervention de M. Loyal pour Orgon et sa famille ?<br />
La conséquence de l’intervention de M. Loyal qui vient exécuter l’acte de saisie est la perte de la propriété<br />
pour Orgon et l’expulsion de la famille.<br />
b) Malgré tout, quel est l’aspect positif de cette intervention pour la famille ?<br />
Toute la famille est désormais fixée sur l’imposture et l’appétit de Tartuffe, qui convoitait plus que la fille<br />
et l’épouse. Madame Pernelle sort finalement de son aveuglement.<br />
6. a) Quelle solution de dernière minute Elmire propose-t-elle afin de renverser la situation catastrophique<br />
qui s’abat sur la famille ?<br />
Pour renverser la situation, Elmire propose de dénoncer publiquement l’escroquerie de Tartuffe dont l’imposture<br />
devrait annuler la validité de la donation.<br />
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) Ce recours serait-il efficace compte tenu du droit de l’époque ?<br />
La solution d’Elmire constitue une piste efficace, car, compte tenu du droit français du XVIIe siècle, la<br />
donation à un directeur de conscience est sans valeur légale ; de plus, comme Tartuffe use de manœuvres<br />
dolosives en cachant sa véritable identité à Orgon, il commet une fraude qui annule de surcroît le contrat.<br />
Écriture<br />
7. Relevez et expliquez les procédés du comique de mots apparaissant dans les répliques de<br />
M. Loyal.<br />
Le comique de mots de M. Loyal oscille entre l’équivoque sémantique et l’ironie dans les expressions<br />
suivantes : « Je ne suis pas pour être en ces lieux importuns » (v. 1720), « je viens pour un fait dont il sera<br />
bien aise » (v. 1722), « je viens […] pour son bien » (v. 1723-1724). Dans ces premières répliques,<br />
l’huissier, venant exécuter l’acte de saisie, agit comme un importun qui troublera Orgon, dépossédé de<br />
son bien qui est désormais la propriété de Tartuffe. Les répliques « Le Ciel perde qui […] je désire »<br />
(v. 1733-1734) et « Le Ciel vous tienne tous en joie » (v. 1809) sont tout à fait ironiques dans le contexte<br />
où M. Loyal s’apprête à annoncer une catastrophe ou à mettre fin à une visite désagréable.<br />
L’ironie est aussi présente dans les propos banalisant le drame de la situation (« Ce n’est rien seulement<br />
qu’une sommation », v. 1748) ou atténuant la brutalité de l’acte de saisie (« j’ai de grandes tendresses »,<br />
v. 1773 ; « On vous donne du temps […] surséance », v. 1780-1781 ; « J’aurais soin de ne pas troubler<br />
votre repos », v. 1787 ; « Mes gens vous aideront […] mettre dehors », v. 1791-1792 ; « je vous traite<br />
avec grande indulgence », v. 1794). Signalons aussi l’ironie, à l’égard d’Orgon, qui a pour effet de le<br />
rendre muet (v. 1760-1762 et 1763-1766).<br />
8. a) Relevez et expliquez les figures de style d’amplification apparaissant dans les répliques de<br />
M. Loyal et précisez leur effet.<br />
Les figures d’amplification et d’atténuation recoupent l’ironie de M. Loyal. Néanmoins, on peut considérer<br />
comme hyperboliques, voire emphatiques, les expressions qui contribuent à exagérer les sentiments de<br />
l’huissier : « Toute votre maison m’a toujours été chère » (v. 1737), « le bonheur/D’en exercer la charge<br />
avec beaucoup d’honneur » (v. 1743), « j’ai de grandes tendresses » (v. 1773) et « je vous traite avec<br />
grande indulgence » (v. 1794). Ces figures révèlent l’hypocrisie évidente de l’huissier.<br />
b) Relevez et expliquez les figures d’atténuation s’y trouvant et précisez leur effet.<br />
Parmi les figures d’atténuation qui visent à banaliser le drame, on retrouve les litotes suivantes : « Mon<br />
abord n’aura rien […] qui lui déplaise » (v. 1721) signifiant que la visite de l’huissier va terriblement<br />
contrarier Orgon ; « je ne dois point avoir affaire à vous » (v. 1759) signifiant à Damis de se mêler de ses<br />
affaires ; « Vous ne voudriez pas faire rébellion » (v. 1764) signifiant qu’Orgon va se soumettre calmement<br />
à l’acte de saisie ; « n’ayant pas pour vous le zèle […] moins douce » (v. 1777-1778) signifiant que<br />
d’autres huissiers sans scrupules auraient pu agir plus brutalement ; « de ne rien souffrir qui ne soit à<br />
propos » (v. 1788) signifiant que M. Loyal a l’intention de sévir contre toute contestation ; « On ne peut<br />
pas user mieux que je fais » (v. 1793) signifiant que l’huissier accomplit son travail dans les règles de l’art<br />
et de la courtoisie.<br />
On signale aussi quelques euphémismes comme « un fait dont il sera bien aise » (v. 1722) atténuant l’acte<br />
de saisie qui va choquer Orgon ; « je viens […] pour son bien » (v. 1723-1724) signifiant que M. Loyal<br />
vient prendre possession du bien d’Orgon qui appartient désormais à Tartuffe ; « Signifier l’exploit de<br />
certaine ordonnance » (v. 1746) signifiant annoncer l’acte de saisie en vertu d’une décision judiciaire ;<br />
« J’aurais regret […] procès-verbal » (v. 1770-1771) signifiant que l’huissier accusera Orgon d’avoir entravé<br />
le travail d’un représentant de la loi ; « Mes gens […] mettre dehors » (v. 1791-1792) signifiant que<br />
les hommes de main de M. Loyal expulseront la famille d’Orgon avec diligence ; « l’on décrète aussi<br />
contre les femmes » (v. 1806) signifiant que l’on arrête et emprisonne aussi les femmes.<br />
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9. De quel procédé comique relèvent les répliques de Damis, aux vers 1767, 1768, 1801 et 1802 ?<br />
Expliquez.<br />
Les répliques de Damis relèvent du comique de caractère, car elles illustrent le tempérament colérique du<br />
fils qui se retient pour ne pas frapper l’huissier avec un bâton, comme on le ferait dans une farce.<br />
10. De quel procédé comique relèvent les répliques de Dorine, aux vers 1772, 1803 et 1804 ?<br />
Expliquez.<br />
Les répliques de Dorine relèvent du comique de mots. Le vers 1772 oppose par antiphrase le nom<br />
« Loyal » à l’adjectif « déloyal » ; le vers 1803 joue sur le double sens de l’expression « bon dos » qui signifie<br />
à la fois la partie de l’anatomie et la capacité d’assumer des responsabilités ; et le vers 1804 termine<br />
la réplique sur un ton ironique évoquant aussi le désir de Dorine de frapper l’huissier avec un bâton.<br />
11. Identifiez et analysez le procédé comique utilisé dans la réplique de Dorine, aux vers 1815<br />
à 1820, et faites ressortir son efficacité dans le contexte de la SCÈNE 5.<br />
Dorine ironise au moment le plus dramatique et provoque la colère d’Orgon. Elle tourne en dérision les<br />
propos que soutenait précédemment madame Pernelle au sujet de Tartuffe comme l’avait fait Elmire avec<br />
Orgon, à la SCÈNE 6 de l’ACTE IV. La réplique vise à servir une leçon à la mère et au fils, victimes de leur<br />
aveuglement et de leur obstination, et contribue à détendre l’atmosphère de plus en plus angoissante.<br />
ACTE V, SCÈNES 6 ET 7<br />
Compréhension<br />
1. a) Quel ressort dramatique justifie le retour de Valère à la SCÈNE 6 ?<br />
La loyauté à l’égard de son futur beau-père, tombé en disgrâce, et le désir de le protéger, en facilitant sa<br />
fuite, justifient le retour de Valère.<br />
b) De quel nouveau et ultime danger est-il le messager ?<br />
Valère annonce l’ultime danger qui guette Orgon, c’est-à-dire l’accusation de Tartuffe et la remise au roi<br />
de la cassette compromettante (v. 1835-1840).<br />
c) Pourquoi Molière a-t-il choisi ce personnage pour annoncer ce message ?<br />
Molière a choisi Valère pour certaines raisons. D’abord, à l’approche du dénouement, il lui faut ramener<br />
tous les personnages sur la scène, tout en retardant le plus longtemps possible l’entrée de Tartuffe. Valère,<br />
plus que Cléante ou Damis, est tout à fait désigné pour faire le récit de la trahison de Tartuffe, car il est à<br />
l’extérieur de la famille et peut donc plus vraisemblablement détenir des informations privilégiées ; de<br />
plus, c’est en se faisant le sauveur d’Orgon, qui reconnaîtra sa générosité, qu’il obtiendra la main de<br />
Mariane et annulera l’obstacle du mariage contrarié qui planait depuis la fin de l’ACTE I.<br />
2. Quelle est la conséquence de cette nouvelle pour Orgon ?<br />
Cette nouvelle a pour conséquence l’arrestation d’Orgon (v. 1842).<br />
3. Quelle solution Valère propose-t-il à Orgon pour échapper au danger qui pèse sur lui ?<br />
Valère propose à Orgon de fuir avec lui pour échapper à son arrestation (v. 1849-1854).<br />
4. a) Combien de temps s’est-il écoulé depuis la fin de l’ACTE IV ?<br />
Au vers 1836, Valère dit que Tartuffe a dénoncé Orgon « [d]epuis une heure ». Cependant, à la fin de<br />
l’ACTE IV, on peut présumer que Tartuffe quitte la maison vers quatre heures, puisqu’à la fin de la première<br />
scène, il a signalé qu’il était « trois heures et demie » (v. 1266). On peut donc estimer à au moins<br />
trois heures l’ellipse temporelle entre les ACTES IV et V, car, avant de se rendre à la cour, l’imposteur a dû<br />
s’enquérir auprès de l’huissier pour faire exécuter l’acte de saisie des biens d’Orgon.<br />
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) Compte tenu des événements qui se bousculent à l’ACTE V, cette ellipse temporelle respecte-t-elle<br />
la vraisemblance requise par le théâtre classique ? Justifiez.<br />
L’ellipse temporelle et l’accélération de l’action sont à la limite de la vraisemblance du théâtre classique,<br />
car, dans la réalité, il aurait fallu plus de temps à Tartuffe pour convaincre l’huissier et obtenir un entretien<br />
auprès du roi. À l’approche du dénouement, Molière a dû bousculer les événements afin d’augmenter<br />
la tension dramatique.<br />
5. Quel est « le détail du crime », au vers 1841, qu’ignore Valère, mais qu’Orgon a révélé<br />
précédemment à Cléante ?<br />
« Le détail du crime » est révélé par Orgon aux vers 1579 à 1583. Il a accepté, de son ami Argas, une<br />
cassette qui contient des documents compromettants.<br />
6. Montrez en quoi la trahison de Tartuffe, auprès du roi, lui permet d’atteindre son objectif ultime.<br />
La trahison de Tartuffe couronne son objectif ultime, car, après avoir obtenu frauduleusement le bien<br />
d’Orgon, il souhaite que le roi lui accorde son statut social en reconnaissance de sa dénonciation.<br />
7. a) Quel ressort dramatique justifie le retour de Tartuffe à la dernière scène ?<br />
Valère a annoncé le retour de Tartuffe accompagné de celui qui doit arrêter Orgon (v. 1843-1844). Le<br />
ressort dramatique externe est sans doute attribuable à l’ordre du roi ; le ressort dramatique interne est lié<br />
au désir de Tartuffe de savourer son triomphe éphémère devant son hôte.<br />
b) Pourquoi revient-il accompagné de l’exempt ?<br />
Tartuffe revient accompagné de l’exempt parce que ce dernier a reçu l’ordre de l’arrêter en présence<br />
d’Orgon.<br />
c) À quelle nécessité dramatique le retour du traître obéit-il ?<br />
Le retour de Tartuffe n’est pas, a priori, essentiel à l’action, car l’exempt pourrait seul annoncer l’arrestation<br />
de l’imposteur. Cependant, compte tenu de l’importance de cet ultime coup de théâtre qui amorce le<br />
dénouement heureux, Molière a dû écarter le récit et ramener Tartuffe sur la scène afin de faire voir son<br />
vrai visage d’arriviste et de criminel.<br />
8. a) Bien que Tartuffe se soit révélé un imposteur qui a trahi la confiance d’Orgon, montrez qu’il<br />
continue néanmoins à jouer un rôle, qu’il reste fidèle au personnage hypocrite de faux dévot qu’il a<br />
su composer depuis le début.<br />
Devant Orgon qu’il nargue, Tartuffe compose toujours son personnage d’hypocrite en invoquant les valeurs<br />
qu’il défend, à la différence, cette fois, qu’il n’entend plus servir les intérêts du Ciel mais « l’intérêt<br />
du Prince » (v. 1880) qui constitue un « devoir sacré » (v. 1881). Son langage et son attitude de faux<br />
dévot sont fidèles à l’image qu’il a projetée et parodient presque les propos d’Orgon (v. 1883-1884) qui,<br />
en présence de Cléante, avouait son détachement pour sa famille et ses amis (v. 276-279).<br />
b) Quel nouvel idéal l’anime désormais ?<br />
Servir le roi est son nouvel idéal.<br />
9. Pourquoi l’exempt laisse-t-il parler Tartuffe, retardant ainsi le moment de son arrestation<br />
officielle ?<br />
L’exempt laisse d’abord parler Tartuffe afin de prolonger la tension dramatique et de favoriser l’effet de<br />
surprise du coup de théâtre par lequel il prononcera l’arrestation de l’imposteur qui, après avoir pavoisé<br />
avec mépris, subira un échec encore plus spectaculaire.<br />
10. a) Montrez en quoi l’arrestation de Tartuffe constitue un coup de théâtre qui provoque le<br />
dénouement.<br />
Du point de vue de l’action, l’arrestation de Tartuffe constitue un coup de théâtre, car les personnages et<br />
les spectateurs appréhendent l’arrestation d’Orgon ; du point de vue dramatique, on doit s’attendre à un<br />
incident qui vient châtier le coupable et restaurer l’ordre familial.<br />
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35
) Montrez en quoi ce dénouement, relevant du deus ex machina, respecte les règles du théâtre<br />
classique d’une part et celles de la comédie d’autre part.<br />
Ce dénouement respecte les règles du théâtre classique, car il écarte le dernier péril de manière rapide et<br />
décisive malgré l’intervention du deux ex machina qui s’inscrit dans l’esprit baroque ; ce dénouement<br />
heureux souscrit aussi aux exigences de la comédie en abolissant tous les périls et en favorisant le<br />
mariage de Valère et de Mariane.<br />
11. Pourquoi Tartuffe ne répond-il pas aux questions que lui pose Cléante aux vers 1887 à 1896 ?<br />
Tartuffe ne répond pas aux questions, car il reconnaît la vérité des propos de Cléante contre lesquels il n’a<br />
aucun argument. Sa réplique s’adressant à l’exempt souligne son mépris et son pouvoir illusoire.<br />
12. a) Pourquoi Tartuffe reste-t-il muet jusqu’à la fin de la pièce après qu’un mandat d’arrestation<br />
eut été prononcé contre lui aux vers 1901 à 1903 ?<br />
Après avoir interrogé l’exempt au vers 1904 et constaté sa méprise, Tartuffe reste silencieux jusqu’à la<br />
fin, car il a perdu la partie et doit s’incliner devant le pouvoir royal qui l’a démasqué et le condamne à la<br />
prison.<br />
b) Comment interprétez-vous ce silence du point de vue dramaturgique, c’est-à-dire du point de<br />
vue de la cohérence du personnage ?<br />
Du point de vue dramaturgique, le silence de Tartuffe contribue à maintenir le caractère opaque et<br />
énigma-tique du personne dont l’âme reste un mystère qui interpelle le spectateur après la représentation.<br />
c) Si Molière avait donné la possibilité à Tartuffe de s’exprimer en aparté, quel type de réplique lui<br />
aurait-il mis en bouche ? Justifiez.<br />
Ce dernier silence de Tartuffe, comparable à celui qui a préparé son intervention à l’ACTE III, SCÈNES 4, 5<br />
et 6, pourrait être stratégique dans la mesure où il viserait à obtenir une sanction moins sévère en suscitant<br />
la pitié du roi. Le vers 1182, « La volonté du Ciel soit faite en toute chose », pourrait être mis en aparté<br />
pour illustrer la cohérence de l’imposteur qui, même dans la défaite, ne joue plus, mais vit son personnage<br />
jusqu’au bout.<br />
13. a) De qui l’exempt est-il le messager ou le porte-parole ? Justifiez.<br />
L’exempt est le messager du prince, c’est-à-dire le roi Louis XIV, qui a su démasquer l’imposture de<br />
Tartuffe. L’exempt a été chargé par le roi d’accompagner Tartuffe pour l’arrêter en présence d’Orgon.<br />
b) Pourquoi Molière n’a-t-il pas fait paraître sur scène l’auteur du message ?<br />
Molière a dû faire appel à un représentant de l’autorité royale, car le genre de la comédie lui interdisait de<br />
faire paraître le roi sur scène, contrairement à la comédie héroïque ou à la tragédie.<br />
14. Grâce aux grandes qualités qui sont évoquées à son sujet, de quel personnage de la pièce<br />
l’auteur du message peut-il représenter l’antithèse ? Justifiez.<br />
Comme les qualités du roi sont le discernement, la raison et la perspicacité, Louis XIV apparaît comme<br />
l’antithèse d’Orgon, ce père aveugle, excessif et fanatique. En revanche, à l’instar du roi, Orgon sait faire<br />
preuve de loyauté à l’égard de Louis XIV et de générosité envers Valère.<br />
15. Quelle morale ou quelle leçon Cléante tire-t-il de la démarche de Tartuffe et du sort qui<br />
l’attend ?<br />
La morale de Cléante est d’inspiration chrétienne, car il incite Orgon au pardon, à la mesure et à la clémence<br />
à l’égard de Tartuffe, dont il souhaite un retour à la vertu et la correction de son vice susceptibles<br />
de lui mériter un châtiment moins sévère de la part du roi (v. 1947-1955).<br />
16. a) Quel ressort dramatique justifie la dernière phrase d’Orgon, aux vers 1959 à 1962 ?<br />
La loyauté de Valère et le désir de lui manifester sa reconnaissance pour la protection qu’il lui a offerte<br />
avant l’arrivée de l’exempt et de Tartuffe justifient l’intention d’Orgon d’accorder la main de sa fille à<br />
l’homme qu’elle aime.<br />
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36
) À quelle nécessité dramaturgique obéissent ces dernières paroles ?<br />
Ces dernière paroles obéissent au dénouement final qui résout le premier obstacle, c’est-à-dire le mariage<br />
contrarié de Valère et de Mariane.<br />
Écriture<br />
17. Relevez et expliquez, dans les répliques de Tartuffe, les expressions et les figures de style qui<br />
connotent son triomphe et le mépris qu’il éprouve envers Orgon et sa famille.<br />
Le triomphe de Tartuffe et son mépris pour Orgon et sa famille apparaissent dans des figures d’atténuation<br />
comme les litotes suivantes : « Vous n’irez pas fort loin […] gîte » (v. 1862) signifiant qu’Orgon sera<br />
conduit à la prison ; « Vos injures […] aigrir » (v. 1867) et « Tous vos emportements […] m’émouvoir »<br />
(v. 1871) signifiant que les injures d’Orgon et la violence de Damis le laissent indifférent. On signale<br />
aussi l’euphémisme, la métaphore et la métonymie aux vers 1881 et 1882 : « De ce devoir sacré […] mon<br />
cœur toute reconnaissance » qui signifient que la répression légitime qui s’abat sur Orgon empêche<br />
Tartuffe de manifester sa gratitude à son hôte.<br />
18. Montrez en quoi la tirade de l’exempt, aux vers 1904 à 1944, constitue, de la part de Molière, un<br />
hommage à la gloire de Louis XIV, un éloge enthousiaste à la grandeur du pouvoir royal. À cet<br />
égard, relevez les expressions empruntées aux champs lexicaux de la vue et de la lumière et précisez<br />
de quelle figure de style elles relèvent.<br />
La tirade de l’exempt évoque la perspicacité du roi en recourant à des expressions empruntées aux<br />
champs lexicaux de la vue et de la lumière : « les yeux se font jour » (v. 1907), « une droite vue »<br />
(v. 1910), « sans aveuglement il fait briller » (v. 1914), « par ses vives clartés » (v. 1919), « Que pour voir<br />
l’impudence » (v. 1931) et « On vous vit témoigner » (v. 1940). Compte tenu de l’analogie entre la clairvoyance<br />
et la lumière, la plupart de ces expressions relèvent de la métaphore.<br />
19. Dans cette tirade, relevez et expliquez trois litotes.<br />
Parmi les litotes de la tirade, on retrouve « que ne peut tromper tout l’art des imposteurs » (v. 1908) et<br />
« Chez elle […] en nul excès » (v. 1911-1912) qui signifient que le roi, clairvoyant, sait déjouer les complots<br />
avec raison et mesure ; « Et l’amour […] d’horreur » (v. 1915-1916) signifie que le roi, sensible aux<br />
actions des vrais dévots, est intransigeant à l’égard des imposteurs ; « Celui-ci n’était pas […]<br />
surprendre » (v. 1917) signifie que l’imposture de Tartuffe était trop évidente pour passer inaperçue aux<br />
yeux du roi ; « Que jamais […] ne perd rien » (v. 1943) signifie que le mérite finit toujours par être<br />
généreusement récompensé par le roi.<br />
20. Identifiez et expliquez la figure de style contenue dans le substantif « cœur » apparaissant aux<br />
vers 1907, 1915, 1920 et 1941.<br />
La figure de style contenue dans le substantif « cœur », au vers 1907, est une synecdoque, car l’organe<br />
biologique signifie les personnes qui ont un cœur ; on peut aussi parler de métonymie, car le cœur, organe<br />
concret, renvoie aux concepts abstraits de la sensibilité, des émotions et de la vie intérieure, comme c’est<br />
le cas aux vers 1915, 1920 et 1941.<br />
21. Identifiez et expliquez les deux figures de style apparaissant aux vers 1925 et 1926.<br />
Le vers 1925 est une métaphore où l’on compare les nombreux crimes de Tartuffe à la noirceur et à l’obscurité<br />
qui connotent le mal ; le vers 1926 est une hyperbole, car l’exempt exagère la somme des crimes<br />
qui, dans la réalité, ne pourraient former des volumes d’histoire.<br />
22. Identifiez le procédé syntaxique récurrent employé dans la tirade de l’exempt et précisez son<br />
effet.<br />
Le procédé syntaxique employé de façon récurrente dans la tirade de l’exempt est l’inversion du <strong>complément</strong><br />
de phrase (<strong>complément</strong> circonstanciel, de nom, d’objet indirect placé avant le sujet) aux<br />
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vers 1909, 1911, 1914, 1918, 1922, 1929, 1935, 1942 et 1944. Ce procédé, renforcé par l’antéposition de<br />
l’adjectif, contribue à souligner la prestance du roi et à suggérer son caractère presque divin.<br />
23. Identifiez et expliquez deux figures de style apparaissant aux vers 1952 et 1953.<br />
Dans les vers 1952 et 1953, on trouve une antithèse par l’opposition des mots « vertus » et « vice » ;<br />
l’expression « fasse un heureux retour » est une métaphore qui établit l’analogie entre la marche arrière et<br />
le désir de faire le bien ou d’accomplir des actions vertueuses ; l’expression « Qu’il corrige sa vie » est<br />
une métonymie qui emploie le concept « vie » pour signifier les erreurs, les fautes de sa vie.<br />
Synthèse de l’ACTE V<br />
Bien qu’Orgon ait reconnu son aveuglement et récupéré une certaine autorité au cours de l’ACTE V,<br />
montrez qu’il reste fidèle à lui-même en continuant de se fier toujours aux apparences ; en d’autres<br />
termes, démontrez que le personnage n’a rien appris de sa mésaventure, qu’il n’a pas évolué et<br />
qu’il pourrait éventuellement commettre d’autres erreurs semblables.<br />
1. Orgon, désemparé, ne peut trouver seul une issue à son problème.<br />
2. Orgon, désabusé, s’entête à persuader sa mère qu’il a vu l’imposture de Tartuffe.<br />
3. Devant M. Loyal, Orgon finit par s’emporter.<br />
4. Orgon s’en prend à Tartuffe, condamné à la prison.<br />
5. Orgon veut servir le roi qui le restitue dans ses droits.<br />
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QUESTIONS DE SYNTHÈSE ET SUJETS DE DISSERTATIONS<br />
1. Tartuffe est une créature d’Orgon ; il s’ajuste à ses désirs. Orgon a créé Tartuffe par besoin de<br />
servir une cause plus grande que lui, par désir de s’abandonner, d’abdiquer son pouvoir et de fuir<br />
les responsabilités. Démontrez la vérité de cette affirmation.<br />
Pour les éléments de réponse, voir :<br />
-ACTE I, SCÈNES 3 et 5 ;<br />
-ACTE II, SCÈNE 2 ;<br />
-ACTE III, SCÈNES 6 et 7 ;<br />
-ACTE IV, SCÈNES 3 et 4 ;<br />
-ACTE V, SCÈNES 1 et 6.<br />
2. Bien que la comédie du Tartuffe souscrive aux règles du théâtre classique, à savoir les trois unités<br />
de temps, de lieu et d’action, montrez qu’elle a recours, dans son écriture, à certains procédés<br />
relevant de l’esthétique baroque.<br />
Pour les éléments de réponse, voir :<br />
-Les questions concernant la démesure d’Orgon et les paradoxes de Tartuffe : ACTE I, sc. 4, q. 2 ; ACTE III,<br />
sc. 1 et 2, q. 8 ; sc. 3, q. 4 et 5 ; sc. 6 et 7, q. 2, 3 et 7 ; ACTE IV, sc. 1, q. 3 ; sc. 2, 3 et 4, q. 2 ; sc. 6, 7 et 8,<br />
q. 1 ; Extrait 1, q. 5 ; Extrait 2, q. 7 ; Extrait 3, q. 7.<br />
-Les questions concernant les figures d’amplification (hyperboles, périphrases et métaphores fortes) et les<br />
procédés d’insistance (répétition, pléonasme) : ACTE I, sc. 5, q. 9 ; ACTE II, sc. 3 et 4, q. 11 et 16 ;<br />
ACTE III, sc. 6 et 7, q. 13 ; ACTE V, sc. 1, q. 12 ; sc. 4 et 5, q. 8 ; sc. 6 et 7, q. 18 ; Extrait 1, q. 13 ;<br />
Extrait 2, q. 14 et 15 ; Extrait 3, q. 16, 17 et 18 ; Extrait 4, q. 8 et 10.<br />
3. Montrez comment, par son intransigeance et son refus de voir la vérité, Orgon impose aux gens<br />
de son entourage de porter un masque, les force indirectement à jouer malgré eux un rôle qu’ils<br />
refusent.<br />
Pour les éléments de réponse, voir :<br />
-ACTE II, sc. 2 : Orgon impose la soumission à Mariane et contraint Dorine à l’insolence.<br />
-ACTE III, sc. 3 : Par son désir de marier Mariane à Tartuffe, Orgon amène Elmire à obtenir le désistement<br />
de Tartuffe et Damis, à épier sa belle-mère et l’imposteur.<br />
sc. 4 et 5 : Damis dénonce Tartuffe, Elmire se défend.<br />
sc. 6 : Tartuffe joue la comédie du pécheur.<br />
-ACTE IV, sc. 3 : Mariane joue la victime.<br />
sc. 4 et 5 : Elmire propose le stratagème et joue la séductrice pour piéger Tartuffe.<br />
4. Montrez comment Tartuffe peut être comparé à un virus ou à un cancer qui s’est infiltré dans la<br />
maison et dans la tête d’Orgon pour le détruire. Par conséquent, faites voir les astuces ou les<br />
remèdes parfois audacieux auxquels les membres de la famille doivent avoir recours afin de rétablir<br />
la santé mentale d’Orgon et de ramener l’ordre dans la maison.<br />
Pour les éléments de réponse, voir :<br />
-ACTE I, sc. 1 : Madame Pernelle, entichée de Tartuffe, sème l’inquiétude dans la famille.<br />
sc. 2 : Dorine souligne l’influence de Tartuffe sur Orgon.<br />
sc. 5 : Cléante constate l’aveuglement d’Orgon.<br />
-ACTE II, sc. 2 : Dorine, insolente, tente de dissuader Orgon de marier sa fille à Tartuffe.<br />
sc. 4 : Dorine complote avec Mariane et Valère pour retarder le mariage forcé.<br />
-ACTE III, sc. 3 : Damis se cache pour surprendre Tartuffe et Elmire. Celle-ci essaie d’obtenir que l’imposteur<br />
renonce à Mariane.<br />
sc. 4 et 5 : Damis surprend Tartuffe et le dénonce à son père.<br />
sc. 6 et 7 : Par sa comédie du pécheur, Tartuffe manipule Orgon.<br />
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7-ACTE IV, sc. 1 : Cléante tente de persuader Tartuffe de se réconcilier avec Damis.<br />
sc. 2 : Orgon impose le mariage à Mariane, mais Elmire propose le stratagème pour démasquer<br />
Tartuffe.<br />
sc. 3 : Stratégie de la séduction d’Elmire.<br />
-ACTE V, sc. 3 : Madame Pernelle est toujours entichée de Tartuffe malgré les efforts d’Orgon pour la<br />
désabuser.<br />
sc. 7 : Seule la clairvoyance du roi peut rétablir l’ordre familial.<br />
Plan suggéré<br />
A. Tartuffe : un criminel redoutable<br />
1. Un virus qui a contaminé madame Pernelle ;<br />
2. Un cancer qui ravage l’esprit d’Orgon ;<br />
3. Un parasite qui s’approprie l’épouse et le bien d’Orgon ;<br />
4. Un arriviste qui trahit son hôte et convoite son statut social.<br />
B. Les moyens pour détruire l’imposteur<br />
1. Cléante tente de raisonner Orgon et de faire la leçon à Tartuffe ;<br />
2. Dorine a recours à l’insolence pour dissuader Orgon de marier sa fille avec Tartuffe ;<br />
3. Elmire a recours à la séduction pour piéger l’imposteur ;<br />
4. Damis épie Tartuffe qu’il dénonce à son père ;<br />
5. Le roi seul démasque Tartuffe et le condamne à la prison.<br />
5. Le Tartuffe est une comédie classique qui a des accents de tragédie. Elle préfigure ainsi le drame<br />
bourgeois du XVIII e siècle. Critiquez cette affirmation.<br />
Éléments de réponse<br />
1. Comédie classique : une grande comédie de mœurs et de caractère<br />
-Respect de la règle des trois unités ;<br />
-Respect de la vraisemblance et la bienséance ;<br />
-Recours au comique de mots, de situation, de caractère et de mœurs.<br />
2. Accents tragiques : une technique de l’engrenage<br />
-Le mariage forcé incite Mariane au suicide ;<br />
-La loyauté de Damis le condamne au bannissement paternel ;<br />
-L’aveuglement d’Orgon accentue sa vulnérabilité ;<br />
-La visite de M. Loyal confirme la perte de la propriété ;<br />
-La trahison de Tartuffe incite Orgon à s’enfuir ;<br />
-Le triomphe de l’imposteur confirme l’arrestation d’Orgon ;<br />
-L’imposture de Tartuffe est un fléau politique.<br />
3. Préfiguration du drame bourgeois<br />
-Personnages issus de la bourgeoisie ;<br />
-Le problème d’Orgon est d’ordre privé ;<br />
-Un mélange de comique et de tragique.<br />
6. Le personnage de Tartuffe est fondamentalement athée et libertin. Critiquez cette affirmation.<br />
Plan suggéré<br />
1. Tartuffe, athée et libertin<br />
-L’idéologie religieuse est un masque qui dissimule l’appétit pour le luxe et les femmes.<br />
2. Tartuffe, chrétien et dévot<br />
-La langage et les actes de Tartuffe révèlent une éducation catholique, à tout le moins la maîtrise<br />
de codes religieux du catholicisme.<br />
3. Tartuffe, un Protée mystérieux<br />
-L’absence d’aparté et le silence de Tartuffe après son arrestation rendent le personnage opaque et<br />
énigmatique.<br />
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7. Les buts de la comédie, selon Molière, sont de plaire tout en corrigeant les vices des êtres humains.<br />
À cet égard, Le Tartuffe fait preuve de pessimisme puisque aucun des personnages de la<br />
pièce ne s’améliore sur le plan moral. Critiquez cette affirmation.<br />
Plan suggéré<br />
1. Les personnages susceptibles de s’améliorer :<br />
1.1 Cléante, sévère à l’égard de Tartuffe, réclame le pardon d’Orgon qui reconnaît la sagesse de son<br />
beau-frère.<br />
1.2 Elmire s’excuse d’avoir dupé Tartuffe par sa comédie de la séduction.<br />
1.3 Désavoué par Orgon, qui lui préfère Tartuffe comme gendre, Valère fait preuve de loyauté et de<br />
générosité.<br />
1.4 On peut présumer que Tartuffe profitera de son séjour en prison pour se repentir et devenir<br />
vertueux.<br />
2. Les personnages qui risquent peu de s’améliorer :<br />
2.1 Damis et Mariane demeurent toujours impétueux et excessifs.<br />
2.2 Dorine, toujours forte en gueule, restera néanmoins insolente.<br />
2.3 Madame Pernelle, prisonnière de ses préjugés, fera toujours preuve d’entêtement.<br />
2.4 Orgon, prêt à servir le roi, peut encore abdiquer ses responsabilités.<br />
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Action et personnages<br />
EXTRAIT 1<br />
ACTE I, SCÈNE 5<br />
Vers 259 à 317<br />
1. Relevez, dans les propos d’Orgon, les mots et les expressions empruntés au champ lexical de la<br />
dévotion ou de la religion qui révèlent qu’il est un dévot.<br />
Le champ lexical de la dévotion comprend les mots et expressions suivants : « ravissements » (v. 271),<br />
« paix profonde » (v. 273), « mon âme » (v. 277), « l’église » (v. 283), « sa prière » (v. 286), « l’eau<br />
bénite » (v. 290) et « Il s’impute à péché » (v. 306).<br />
2. L’attitude et les sentiments qu’éprouve Orgon pour Tartuffe sont-ils fidèles au portrait qu’en a<br />
brossé Dorine à la SCÈNE 2 ? Justifiez.<br />
Oui. Aux vers 185 et 186, Dorine soutient qu’Orgon est plus attaché à Tartuffe qu’aux membres de sa<br />
famille ; aux vers 195 à 197, elle estime que son maître est fou de son héros qu’il admire démesurément.<br />
3. Montrez en quoi ces sentiments ressemblent au coup de foudre amoureux.<br />
Orgon fait l’éloge de Tartuffe comme s’il était tombé amoureux de lui. Les mots « charmé » (v. 270),<br />
« ravissements » (v. 271), « paix profonde » (v. 273) et surtout le vers 275, « Oui, je deviens tout autre<br />
avec son entretien » illustrent l’extase et la métamorphose intérieure d’Orgon épris de son héros comme<br />
d’une maîtresse.<br />
4. a) Relevez, dans la réplique d’Orgon, aux vers 281 à 310, les expressions empruntées au champ<br />
lexical de la vue ou du regard.<br />
Les expressions du champ lexical de la vue sont : « si vous aviez vu » (v. 281), « Tout vis-à-vis de moi »<br />
(v. 284), « Il attirait les yeux » (v. 285), « à mes yeux » (v. 298) et « Je vois » (v. 301).<br />
b) Montrez qu’elles révèlent la stratégie de manipulation de Tartuffe et la naïveté d’Orgon.<br />
Ces expressions illustrent l’importance pour Tartuffe d’attirer l’attention d’Orgon et de l’impressionner<br />
par sa dévotion ostentatoire.<br />
5. a) Mettez en valeur le caractère paradoxal du portrait qu’Orgon dresse de Tartuffe aux vers 281<br />
à 310.<br />
Orgon brosse le portrait d’un homme dévot, profondément pieux et humble, mais les gestes et les attitudes<br />
ostentatoires de Tartuffe contredisent les valeurs chrétiennes où la discrétion et la sobriété seraient<br />
appropriées.<br />
b) Montrez comment, en vantant les mérites de Tartuffe, Orgon le présente à son insu comme un<br />
hypocrite dont il ne perçoit que les apparences ou le masque.<br />
En s’attardant aux signes extérieurs de la dévotion et de la charité (« se mettre à deux genoux », v. 284 ;<br />
« il poussait sa prière », v. 286 ; « Il faisait des soupirs, de grands élancements », v. 287 ; « à mes yeux, il<br />
allait le répandre », v. 298), Orgon décrit le comportement d’un hypocrite qui veut édifier et tromper par<br />
les apparences.<br />
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6. a) Quelle menace pour Orgon laissent présager les vers 301 à 304 ?<br />
L’intérêt extrême et la jalousie de Tartuffe à l’égard de la femme d’Orgon annoncent le désir de l’hypocrite<br />
pour Elmire.<br />
b) Reliez le vers 304 à l’allusion faite par Dorine au vers 84.<br />
Au vers 84, Dorine a déjà soupçonné Tartuffe d’être jaloux d’Elmire, c’est-à-dire d’en être amoureux.<br />
Écriture<br />
7. Quelle est la connotation de la comparaison apparaissant au vers 274 ?<br />
La comparaison « comme du fumier » connote le désintérêt, voire le mépris, de Tartuffe pour les gens.<br />
8. Identifiez et expliquez la figure de style d’atténuation apparaissant aux vers 276 et 277.<br />
La litote « à n’avoir affection pour rien » signifie devenir complètement indifférent à toute personne ; la<br />
métaphore « détache mon âme » peut aussi être un euphémisme signifiant que Tartuffe incite Orgon à<br />
rompre avec sa famille de manière affective, ce que confirme son indifférence à l’égard de la mort éventuelle<br />
de ses proches (v. 278-279).<br />
9. Identifiez et expliquez la figure de style qu’emploie Cléante au vers 280.<br />
L’expression « Les sentiments humains » relève de l’ironie, car Cléante trouve les sentiments d’Orgon<br />
complètement inhumains et désapprouve son insensibilité.<br />
10. Identifiez et expliquez la figure de style apparaissant au vers 285.<br />
Le verbe « attirait » est une métaphore signifiant que Tartuffe exerce un pouvoir d’attraction sur l’assemblée<br />
; le substantif « yeux » (mot concret) peut être considéré comme une métonymie du mot regard (mot<br />
abstrait) ou une synecdoque (une partie) désignant toutes les personnes qui regardent (le tout).<br />
11. Identifiez et expliquez les procédés syntaxiques employés aux vers 286 et 287.<br />
Le vers 286 contient une inversion du <strong>complément</strong> de phrase (circonstanciel) « au Ciel » précédant le<br />
sujet de manière à accentuer la connotation prestigieuse du substantif ; le vers 287 contient une gradation<br />
ascendante ou croissante de groupe binaire qui contribue à mettre en valeur la gestuelle ostentatoire de<br />
Tartuffe.<br />
12. Identifiez et expliquez la figure de style d’atténuation apparaissant au vers 296.<br />
Il s’agit d’une litote signifiant que Tartuffe estime ne mériter que le mépris et l’antipathie d’Orgon. Il<br />
s’agit d’une astuce rhétorique visant à susciter encore plus l’attendrissement et la compassion.<br />
13. Faites ressortir la nature hyperbolique, voire grotesque, des actions ou des gestes de Tartuffe<br />
que décrit Orgon.<br />
Si les actions de l’hypocrite étaient celles d’un vrai dévot, elles passeraient inaperçues. Or, Tartuffe doit<br />
attirer l’attention d’Orgon par des gestes d’éclat susceptibles de l’impressionner. Les soupirs, les grands<br />
élancements, l’action de baiser humblement la terre, celle de répandre l’argent aux pauvres, l’intérêt<br />
extrême qu’il porte à l’honneur d’Orgon, l’attitude très jalouse (« plus que moi six fois » v.304), sa<br />
facilité à se scandaliser pour rien et sa culpabilité à l’égard d’une puce qu’il a « tuée avec trop de colère »<br />
(v.310) illustrent la démesure et le ridicule du personnage.<br />
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43
Sujet d’analyse littéraire<br />
14. Analysez le caractère comique du portrait de Tartuffe en le comparant à ceux de Daphné et<br />
d’Orante esquissés à la SCÈNE 1.<br />
1 er paragraphe : Tartuffe feint la dévotion pour tromper sa dupe et obtenir ses faveurs. Il fait preuve d’un<br />
rigorisme apparent pour édifier Orgon.<br />
2 e paragraphe : Daphné est une femme médisante qui blâme la conduite de ses semblables pour détourner<br />
la réprobation publique à l’égard de ses propres erreurs.<br />
3 e paragraphe : Orante condamne la vie mondaine de la maison d’Orgon et adopte une attitude de pruderie<br />
depuis que l’âge ne lui permet plus de jouer les coquettes auprès des courtisans.<br />
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44
Action et personnages<br />
EXTRAIT 2<br />
ACTE III, SCÈNE 3<br />
Vers 933 à 1021<br />
1. Divisez l’extrait en deux parties et donnez un titre à chacune d’elles.<br />
Première partie (vers 933 à 960) : La déclaration d’amour de Tartuffe à Elmire.<br />
Deuxième partie (vers 961 à 1021) : La révélation du vrai visage de Tartuffe.<br />
2. a) Divisez la première tirade de Tartuffe (vers 933 à 960) en trois parties et faites ressortir les<br />
articulations de l’argumentation.<br />
1. Vers 933 à 944 : trois quatrains où Tartuffe exprime sa conception platonicienne de l’amour qui<br />
fait de la femme une créature de Dieu.<br />
2. Vers 945 à 952 : deux quatrains qui exposent le recul de Tartuffe à l’égard de sa passion et son<br />
accommodement moral.<br />
3. Vers 953 à 960 : deux quatrains où le soupirant se montre indigne de l’être aimé auquel il<br />
abandonne son sort.<br />
b) Faites la même chose pour la deuxième tirade (vers 966 à 1000).<br />
La deuxième tirade laisse de côté le platonisme et la casuistique pour proposer un adultère sans risque.<br />
1. Vers 966 à 970 : Tartuffe est un homme fait de chair.<br />
2. Vers 971 à 986 : la beauté d’Elmire est responsable de la faiblesse de Tartuffe qui est prêt à<br />
rendre un culte divin à sa déesse.<br />
3. Vers 987 à 1000 : l’adultère avec un dévot est un gage de discrétion et une source de volupté<br />
sereine.<br />
3. Dans la première tirade, montrez comment Tartuffe essaie d’enlever progressivement son masque,<br />
mais qu’il en est, en même temps, prisonnier.<br />
Le recours à l’amour platonicien pour exprimer son attirance physique à l’égard d’Elmire, la considération<br />
de cette inclination comme une épreuve diabolique, puis l’accommodement moral, par lequel il se<br />
donne bonne conscience, illustrent son hésitation entre l’aveu de ses sentiments amoureux et le rôle de<br />
dévot qu’il s’est imposé.<br />
Le mélange du vocabulaire de la religion et de l’amour montre l’ambivalence du personnage (voir la<br />
question numéro 13).<br />
4. Identifiez et expliquez les vers qui illustrent l’opportunisme et l’hypocrisie de Tartuffe en matière<br />
d’amour et de religion, dans la première tirade, puis dans la seconde.<br />
Bien que Tartuffe apparaisse, dans la première tirade, comme un amoureux sincère à l’égard d’Elmire, on<br />
peut douter de son honnêteté aux vers 945 à 948. Les vers 949 à 952, où il a recours à la casuistique pour<br />
ajuster sa passion à sa pudeur, illustrent son opportunisme en matière de morale.<br />
Dans la seconde tirade, Tartuffe, en posant le masque, fait preuve d’une plus grande sincérité de sentiments.<br />
Pourtant, les vers 976, 977 et 995 prouvent qu’il ment, car il ne se livre pas à ces pratiques de la<br />
vie dévote et est probablement une personne médisante. Les vers 997 à 1000 révèlent l’hypocrisie de<br />
Tartuffe et de ses confrères enclins à commettre secrètement l’adultère.<br />
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5. a) Pourquoi Elmire se dit-elle surprise de la déclaration de Tartuffe ?<br />
Même si elle se doute des sentiments de Tartuffe à son égard, Elmire se dit surprise de la déclaration de<br />
ce dernier, car elle ne s’attendait pas à un aveu si rapide de la part d’un dévot.<br />
b) Pourquoi n’a-t-elle pas réagi plus tôt ?<br />
Elle n’a pas réagi plus tôt, car elle a intérêt à laisser aller Tartuffe jusqu’au bout de sa déclaration, de<br />
manière à mieux le piéger éventuellement.<br />
6. a) Quelle objection Tartuffe offre-t-il à Elmire pour justifier sa déclaration et son attitude ?<br />
Pour justifier sa déclaration et son attitude, Tartuffe évoque sa nature d’homme fait de chair, laquelle,<br />
selon lui, n’est pas incompatible avec son statut de dévot.<br />
b) Montrez en quoi, selon lui, son comportement est tout à fait honnête et irréprochable.<br />
Selon Tartuffe, son comportement est tout à fait honnête, car il a résisté aux charmes d’Elmire et a<br />
déployé des efforts pour se détourner d’elle en vain ; son attitude est plus noble que celle des galants de<br />
cour, dont l’indiscrétion met en péril l’honneur des maîtresses. La discrétion qu’assure Tartuffe mettrait<br />
donc Elmire à l’abri du scandale.<br />
7. Dans la deuxième tirade, aux vers 966 à 1000, montrez comment Tartuffe dévoile de plus en plus<br />
son vrai visage d’amoureux sincère, mais de faux dévot concupiscent.<br />
En avouant ses faiblesses d’homme fait de chair, sensible aux charmes d’Elmire et pour laquelle il<br />
exprime « Une dévotion à nulle autre pareille » (v. 986), Tartuffe offre son vrai visage d’amoureux.<br />
Cependant, lorsqu’il la convie à commettre l’adultère, il transgresse les règles de la morale chrétienne et<br />
trahit les principes auxquels il est sensé adhérer.<br />
8. Identifiez et expliquez le vers illustrant qu’Elmire est responsable des sentiments qu’éprouve<br />
Tartuffe.<br />
Le vers 972, « Vous devez vous en prendre à vos charmants attraits », illustre la responsabilité d’Elmire.<br />
C’est à cause de ses charmes que Tartuffe est séduit.<br />
9. a) Pourquoi Tartuffe fustige-t-il les galants de cour aux vers 989 à 994 ?<br />
Tartuffe fustige les galants de cour parce qu’ils sont vaniteux de leurs conquêtes féminines et irrespectueux<br />
à l’égard de celles dont ils trahissent le secret de leurs liaisons.<br />
b) Montrez en quoi lui et ses semblables se distinguent de ceux-ci.<br />
Tartuffe et ses semblables, c’est-à-dire les membres du parti dévot, se distinguent des galants de cour par<br />
leur discrétion.<br />
10. a) À quelle astuce a recours Tartuffe pour convaincre Elmire de la sincérité de sa déclaration ?<br />
Pour convaincre Elmire de la sincérité de sa déclaration, Tartuffe maintient le vocabulaire de la dévotion<br />
qu’il mêle au langage amoureux. De plus, en dévoilant une partie de son masque et en exposant ses faiblesses<br />
et ses « tribulations d’[…]esclave indigne » (v. 982), l’hypocrite espère attendrir le cœur d’Elmire.<br />
b) Réussit-il à la convaincre ? Justifiez.<br />
Oui, la réplique d’Elmire (v. 1001-1006) prouve qu’elle est persuadée de la sincérité de Tartuffe, bien<br />
qu’elle ne soit pas dupe de sa rhétorique.<br />
11. Bien que le personnage de Tartuffe puisse sembler ridicule, montrez en quoi il peut devenir<br />
pitoyable, voire pathétique.<br />
Le personnage de Tartuffe, ridicule dans ses contradictions d’homme dévot et amoureux, devient pitoyable<br />
et pathétique parce qu’il doit s’humilier et trahir ses principes moraux pour obtenir les faveurs<br />
sexuelles d’une femme qui ne veut rien savoir de lui.<br />
12. À quelle condition Elmire assure-t-elle Tartuffe de sa discrétion auprès de son mari Orgon ?<br />
Elmire assure à Tartuffe sa discrétion à condition qu’il favorise le mariage de Valère et de Mariane et<br />
qu’il renonce à l’union avec cette dernière.<br />
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Écriture<br />
13. Dans ses deux tirades, Tartuffe mêle habilement les vocabulaires de l’amour et de la religion.<br />
Dressez le champ lexical de chacun d’eux et déterminez-en les connotations.<br />
Le champ lexical de l’amour comprend, entre autres, les expressions suivantes : « l’amour des temporelles<br />
» (v. 934), « les cœurs transportés » (v. 940), « ardente amour […] cœur atteint » (v. 943), « ô<br />
beauté toute aimable » (v. 949), « cette passion » (v. 950), « oser de ce cœur » (v. 954), « Un cœur se<br />
laisse prendre » (v. 968), « s’obstinait mon cœur » (v. 976), « Mes yeux […] mille fois » (v. 979), « ô<br />
suave merveille » (v. 985), « brûlent d’un feu discret » (v. 995) et « De l’amour […] sans peur »<br />
(v. 1000).<br />
Le champ lexical de la religion comprend, entre autres, les expressions suivantes, dont certaines assurent<br />
une antithèse avec le champ lexical de l’amour : « beautés éternelles » (v. 933), « l’auteur de la nature »<br />
(v. 942), « mon salut » (v. 948), « je le confesse » (v. 953), « mon infirmité » (v. 956), « ma quiétude »<br />
(v. 957), « ma béatitude » (v. 958), « De vos regards divins […] douceur » (v. 975), « jeûnes, prières »<br />
(v. 977), « Une dévotion à nulle autre pareille » (v. 986) et « l’autel » (v. 994).<br />
14. Montrez en quoi le langage galant de Tartuffe s’inspire de l’esthétique baroque, voire de la<br />
préciosité, en faisant ressortir les figures de style d’amplification utilisées, notamment l’hyperbole<br />
et la périphrase. Relevez trois exemples de chacun et expliquez-les brièvement.<br />
En mêlant habilement le langage de la dévotion au vocabulaire de l’amour, Tartuffe exploite de nombreuses<br />
figures baroques qui versent dans les procédés littéraires d’amplification. On retrouve les hyperboles<br />
suivantes : « parfaite créature » (v. 941), « Au plus beau des portraits » (v. 944), « célestes appas »<br />
(v. 967), « la splendeur plus qu’humaine » (v. 973), « vos regards divins » (v. 975), « vous l’ont dit mille<br />
fois » (v. 979), « Une dévotion à nulle autre pareille » (v. 986). Ces hyperboles produisent une image<br />
idéalisée, voire déifiée, d’Elmire et amplifient les sentiments de Tartuffe.<br />
Parmi les périphrases, on signale « l’auteur de la nature » (v. 942) qui désigne Dieu, « du noir esprit»<br />
(v. 946) qui réfère au diable ou à Satan, « charmants attraits » (v. 972) qui signifie la beauté et « galants<br />
de cour » (v. 989) qui est synonyme de courtisans.<br />
15. a) Repérez et expliquez les mots de la métaphore filée qui se développe dans les deux tirades de<br />
Tartuffe.<br />
La métaphore filée consiste à comparer Elmire à une créature d’origine divine avec des expressions<br />
comme « ouvrages parfaits » (v. 936), « parfaite créature » (v. 941), « Au plus beau des portraits »<br />
(v. 944), « célestes appas » (v. 967), « souveraine » (v. 974), « regards divins » (v. 975) et « suave<br />
merveille » (v. 985).<br />
b) Montrez en quoi sa progression atteint la démesure, se transforme pour ainsi dire en hyperbole.<br />
La métaphore consiste à comparer d’abord Elmire à une créature divine, qui devient déesse régnant sur le<br />
cœur de Tartuffe et qui a le pouvoir d’anéantir son « esclave indigne » (v. 982).<br />
16. En revanche, afin de maintenir un équilibre dans son style, Molière a fait appel à des figures de<br />
style d’atténuation, comme l’euphémisme et la litote, qui relèvent davantage de l’écriture classique.<br />
Relevez quatre exemples de chacune et expliquez-les brièvement.<br />
Parmi les figures de style d’atténuation, on signale les euphémismes suivants qui atténuent les allusions<br />
au désir sexuel, à la sensualité : « l’amour des temporelles » (v. 934), « Nos sens […] être charmés »<br />
(v. 935), « ardente amour » (v. 943), « Un cœur se laisse prendre, et ne raisonne pas » (v. 968), « De mon<br />
intérieur vous fûtes souveraine » (v. 974), « tous mes vœux » (v. 978) et « acceptant notre cœur »<br />
(v. 999). Les expressions « surprise adroite » (v. 946) et « obstacle à faire mon salut » (v. 948) peuvent<br />
être considérées comme des périphrases atténuées pour désigner la tentation du péché.<br />
Les expressions suivantes, qui ont recours à la négation pour signifier plus que ce qu’elles semblent dire,<br />
sont considérées comme des litotes : « N’étouffe pas […] temporelles » (v. 934) signifie que l’amour de<br />
Dieu permet aussi une grande liberté d’aimer les êtres mortels ; « cette passion peut n’être point coupable<br />
» (v. 950) signifie que cet amour est tout à fait honnête et légitime ; « je n’en suis pas moins<br />
homme » (v. 966) signifie que Tartuffe éprouve des besoins sexuels malgré son statut de dévot ; « ne rai-<br />
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sonne pas » (v. 968) signifie qu’il perd complètement le contrôle de ses émotions, de ses pulsions ; « je ne<br />
suis pas un ange » (v. 970), ici la métaphore peut signifier que Tartuffe est un être humain fait de chair,<br />
dont les intentions sont malhonnêtes ; « Votre honneur […] ma part » (v. 987-988) signifie qu’Elmire<br />
peut se livrer à la débauche en toute sécurité avec Tartuffe qui la comblera de joie et de satisfaction ; « Ils<br />
n’ont point de faveurs […] divulguer » (v. 992) signifie que les courtisans rendent publics leurs succès<br />
auprès des femmes ; « De l’amour sans scandale et du plaisir sans peur » (v. 1000) signifie que, grâce à<br />
Tartuffe, Elmire peut s’abandonner en confiance à un adultère secret et voluptueux.<br />
17. Quelle règle du théâtre classique le recours aux figures d’atténuation permet-il de respecter ?<br />
Justifiez.<br />
Le recours aux figures d’atténuation permet de sauvegarder la règle de la bienséance. En effet, l’euphémisme<br />
et la litote, en évoquant ou en faisant allusion à des situations à caractère sexuel, réduisent le<br />
caractère scabreux ou disgracieux que des termes plus explicites pourraient contenir.<br />
18. a) À quelle figure de style l’usage du substantif « cœur », apparaissant aux vers 940, 943, 947,<br />
952, 954, 968, 976, 994 et 999, et du substantif « yeux », aux vers 940, 947 et 979, correspond-il ?<br />
L’usage du substantif « cœur » correspond à une synecdoque, car l’organe biologique désigne, en fait,<br />
toute la personne qui a un cœur. Dans la plupart des cas, l’emploi du déterminant « mon » confirme qu’il<br />
s’agit de Tartuffe ; au vers 999, le déterminant « notre » désigne l’ensemble des dévots. L’usage du substantif<br />
« yeux » correspond aussi à une synecdoque, pour la même raison que celle du mot « cœur ».<br />
b) Expliquez-la et précisez ses connotations.<br />
Le cœur étant considéré comme le siège de l’affectivité par métonymie, le mot connote la sincérité des<br />
sentiments de Tartuffe et le désir d’attendrir, voire de séduire, Elmire. Le mot « yeux », au vers 947, connote<br />
la beauté d’Elmire à laquelle Tartuffe est sensible.<br />
19. Dans les vers 966 à 1000, relevez un autre exemple de recours au champ lexical de l’anatomie<br />
qui exploite la même figure de style et expliquez-la.<br />
Le substantif « langue » (v. 993) relève du champ lexical de l’anatomie et désigne toute la personne qui<br />
fait preuve d’indiscrétion, voire de médisance.<br />
20. a) Identifiez et expliquez une autre figure de style récurrente aux vers 933-934, 948, 950, 966 et<br />
993- 995.<br />
La figure de style récurrente est l’antithèse, car Tartuffe oppose les mots « éternelles » et « temporelles »,<br />
« attache » et « n’étouffe pas », « obstacle à faire mon salut » et « passion […] point coupable », « dévot »<br />
et « homme », « langue indiscrète » et « feu discret ».<br />
b) Quels traits de caractère de Tartuffe cette figure met-elle en relief ?<br />
Cette figure met en relief l’hypocrisie de Tartuffe.<br />
21. Dans sa première tirade, Tartuffe commence par employer le pronom « nous » avant de<br />
privilégier le pronom « je » ; en revanche, dans la seconde tirade, il use abondamment du « je »<br />
pour revenir au « nous », auquel se mêle le pronom « on ».<br />
a) Pourquoi cette distinction entre le « je » et le « nous » ?<br />
Le pronom « je » aux vers 941, 945, 949, 951, 953, 955, 959, 966, 969, 970, 971, 973, 980, 983, 985, 987,<br />
de même que les déterminants « mon », « ma » et « mes » désignent exclusivement Tartuffe. Cette distinction<br />
entre les « nous » et le « je » permet à Tartuffe d’illustrer son appartenance à un groupe et de<br />
montrer qu’il n’est pas un être exceptionnel.<br />
b) À qui réfère le pronom « nous » ?<br />
L’emploi du pronom « nous » aux vers 933, 934, 995, 997 et 999 peut être l’équivalent du pronom de<br />
politesse « vous », mais il peut aussi désigner l’ensemble des dévots, dont fait partie Tartuffe.<br />
c) Est-il synonyme du pronom « on » employé aux vers 991, 993, 996 et 999 ? Justifiez.<br />
Le pronom « on » n’est pas synonyme du pronom « nous », car il est plus impersonnel et englobe l’ensemble<br />
des gens. Bien qu’il puisse aussi inclure le locuteur, en l’occurrence Tartuffe, il permet à ce<br />
dernier de se distancier, tout en suggérant le pronom « vous », c’est-à-dire Elmire, notamment aux<br />
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vers 996 et 999. Notez cependant l’ambiguïté de pronom « on », au vers 1012, qui signifie à la fois « je »<br />
et l’ensemble des hommes sensibles aux charmes féminins.<br />
22. Quels sont les procédés comiques exploités dans les deux tirades de Tartuffe ? Justifiez.<br />
Les procédés comiques exploités par Molière dans les deux tirades sont d’une telle richesse et d’une telle<br />
complexité qu’il est difficile de les distinguer, car ils interagissent pour créer un sommet dans la comédie.<br />
Le comique de caractère et de mœurs apparaît dans la difficulté qu’éprouve un directeur de conscience à<br />
garder son masque de dévot tout en faisant la cour à une grande bourgeoise mondaine. Le comique de<br />
situation réside dans la sincérité de Tartuffe et dans ses intentions de suborner la coquette Elmire. Le<br />
comique de mots repose en grande partie sur l’ambiguïté sémantique du vocabulaire religieux associé au<br />
langage amoureux, comme ce vers 986 : « Une dévotion à nulle autre pareille » qui signifie évidemment<br />
le culte passionné pour sa divine maîtresse éventuelle.<br />
23. Identifiez et expliquez la figure de substitution apparaissant au vers 1009.<br />
L’expression « humaine faiblesse » est une métonymie qui a recours au concept abstrait généralisant pour<br />
désigner la réalité particulière et concrète, c’est-à-dire l’homme faible qu’est Tartuffe.<br />
24. Identifiez et expliquez les figures d’atténuation apparaissant aux vers 1012 et 1015.<br />
Les expressions « Que l’on est pas aveugle » (v. 1012) et « Je ne dirai point l’affaire » (v. 1015) sont des<br />
litotes signifiant respectivement que Tartuffe a des yeux qui savent apprécier la beauté d’une femme et<br />
qu’Elmire fera preuve d’une entière discrétion au sujet de l’entretien.<br />
Sujet d’analyse littéraire<br />
25. Analysez les tirades de Tartuffe en faisant ressortir l’ambiguïté du personnage qui se montre à<br />
la fois amoureux et dévot.<br />
Voir les réponses aux questions numéros 3 et 13.<br />
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Action et personnages<br />
EXTRAIT 3<br />
ACTE IV, SCÈNE 5<br />
Vers 1387 à 1528<br />
1. a) Comparez les ressemblances et les différences existant entre cette scène et la SCÈNE 3 de<br />
l’ACTE III.<br />
Dans les deux entretiens qu’Elmire a réclamé à Tartuffe, on retrouve trois personnages, dont un caché qui<br />
espionne les deux autres. Même si Elmire amorce le jeu de la séduction dans les deux situations, elle vise<br />
un objectif différent qui consiste à démasquer l’imposteur en utilisant les armes de l’hypocrisie et du mensonge.<br />
Le premier entretien se termine sur l’intrusion inattendue de Damis dissimulé dans le cabinet,<br />
annulant ainsi l’entente entre Elmire et Tartuffe ; le second entretien, qui tourne à la farce du cocuage,<br />
retarde la sortie attendue d’Orgon, prolongeant ainsi le drame d’Elmire prise à son propre jeu.<br />
b) Montrez qu’Elmire poursuit un objectif beaucoup plus dangereux.<br />
L’objectif que poursuit Elmire est beaucoup plus dangereux, car, en séduisant Tartuffe, elle s’expose à<br />
l’adultère.<br />
2. Divisez la scène en ses trois parties essentielles et montrez la progression de l’action.<br />
1. La comédie d’Elmire et la méfiance de Tartuffe (v. 1387-1436).<br />
Elmire tente d’abord de mettre Tartuffe en confiance en expliquant son attitude à l’égard de Damis à<br />
l’ACTE III et en justifiant l’entretien autorisé par Orgon (v. 1388-1408) ; l’étonnement de l’imposteur<br />
l’oblige à invoquer la pudeur féminine pour dissimuler ses sentiments à l’égard de Tartuffe qu’elle ne<br />
veut pas partager avec Mariane (v. 1409-1436).<br />
2. Les exigences de Tartuffe et le piège d’Elmire (v. 1437-1476).<br />
Tartuffe, séduit par la déclaration d’amour d’Elmire, se méfie et réclame des preuves concrètes et<br />
immédiates de ses sentiments (v. 1437-1452) ; prise au dépourvu, Elmire tousse pour prévenir son<br />
mari et tente de freiner les ardeurs de Tartuffe (v. 1453-1478).<br />
3. La casuistique de Tartuffe et la résignation d’Elmire (v. 1479-1528).<br />
Les arguments d’Elmire sur la morale religieuse en matière d’adultère s’opposent à la casuistique de<br />
Tartuffe (v. 1479-1506) ; devant le silence d’Orgon, qui devra assumer la responsabilité de l’adultère,<br />
Elmire se résigne à subir l’agression de Tartuffe (v. 1507-1528).<br />
3. Quels arguments Elmire invoque-t-elle pour obtenir la confiance de Tartuffe ?<br />
Pour obtenir la confiance de Tartuffe, Elmire lui rappelle d’abord les efforts qu’elle a déployés en vain<br />
pour s’assurer le silence de Damis (v. 1394-1398) et l’autorisation de son mari qui souhaite qu’elle et le<br />
dévot soient « ensemble à tous moments » (v. 1404). Cependant, Elmire devient plus convaincante<br />
lorsqu’elle évoque la méconnaissance des hommes pour la psychologie féminine (v. 1411-1414), sa pudeur<br />
personnelle à révéler ses sentiments (v. 1415-1424) et son intérêt dans le refus du mariage avec<br />
Mariane pour posséder tout entier le cœur de Tartuffe (v. 1425-1436).<br />
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4. a) Identifiez les vers qui dénotent la méfiance de Tartuffe à l’égard des intentions d’Elmire.<br />
Expliquez.<br />
Les vers 1443 à 1446 dénotent la méfiance de Tartuffe qui soupçonne Elmire de vouloir le séduire afin<br />
qu’il renonce au mariage avec Mariane.<br />
b) Que réclame-t-il pour s’assurer de sa bonne foi ?<br />
Pour s’assurer de la bonne foi d’Elmire, Tartuffe réclame une preuve concrète et réelle de ses sentiments<br />
pour lui (v. 1448-1452 et 1463-1466).<br />
5. a) Quel argument moral Elmire oppose-t-elle à Tartuffe pour freiner ses ardeurs ?<br />
Elmire évoque la possibilité d’offenser Dieu (v. 1479-1480 et 1484).<br />
b) Que lui réplique Tartuffe ?<br />
Tartuffe lui réplique que le Ciel ne peut constituer un obstacle (v. 1481-1483) et qu’il trouve avec lui des<br />
accommodements grâce à la casuistique (v. 1485-1494).<br />
c) Montrez que sa réponse révèle sa duplicité, ou son hypocrisie, et sa personnalité de faux dévot.<br />
Sa réponse révèle sa duplicité et sa personnalité de faux dévot, car il avoue ne pas respecter les principes<br />
moraux qu’il prétend défendre en apparence.<br />
6. Quel point faible du caractère de Tartuffe Elmire parvient-elle à révéler ? Justifiez.<br />
Elmire parvient à révéler la concupiscence effrénée de Tartuffe ; le désir de l’imposteur pour la femme<br />
d’Orgon le force à poser le masque du dévot.<br />
7. Montrez en quoi cette scène peut être considérée comme une comédie dans la comédie en faisant<br />
ressortir le rôle respectif d’Elmire, de Tartuffe et d’Orgon.<br />
Cette scène peut être considérée comme une comédie dans la comédie, car les trois personnages jouent un<br />
jeu. Devant l’imposteur dont elle a pris le rôle, Elmire joue la coquette libertine ; devant Orgon, caché<br />
sous la table, elle joue la femme sage. Ce double jeu périlleux l’oblige à maintenir un équilibre précaire<br />
entre la séduction et la mesure et à avoir recours à un discours équivoque ou à double sens dans les situations<br />
délicates. Malgré son rôle passif de spectateur piégé sous la table, Orgon joue aussi le rôle du mari<br />
en voie d’être cocufié, mais il refuse, par son silence, celui de l’ami trahi. Tartuffe, dans son rôle de dévot<br />
galant, finit par poser son masque de dévot austère pour révéler son vrai visage d’imposteur et de<br />
suborneur lubrique.<br />
8. Montrez à quel point le jeu d’Elmire risque de transgresser les règles de vraisemblance et de<br />
bienséance du théâtre classique.<br />
Par son jeu, Elmire risque de transgresser la vraisemblance, car son attitude réservée et défensive, après<br />
avoir séduit Tartuffe, pourrait éveiller les soupçons de l’imposteur qui ne saisit pas le sens de la toux et<br />
l’équivoque des pronoms personnels « on ». La règle de la bienséance est aussi malmenée, car Elmire<br />
s’est placée dans une situation scabreuse où elle est victime d’une agression sexuelle.<br />
9. À quels moyens Elmire a-t-elle recours pour inciter Orgon à se manifester sans éveiller les soupçons<br />
de Tartuffe ?<br />
Elmire commence par tousser, puis elle a recours à un langage ambigu où le pronom « on » désigne<br />
Orgon qui fait la sourde oreille ; finalement, elle invite Tartuffe à voir si Orgon n’est pas dans la galerie.<br />
10. a) Pourquoi Orgon tarde-t-il à sortir de sa cachette ?<br />
Deux raisons, entre autres, peuvent expliquer le silence d’Orgon qui tarde à sortir de sa cachette. D’abord,<br />
on peut supposer qu’il est tellement abasourdi par les propos de Tartuffe qu’il est incapable d’interrompre<br />
le jeu (la SCÈNE 6 le confirme) ; ensuite, il ose espérer que Tartuffe changera de ton et d’attitude au cours<br />
de l’entretien, ce qu’il affirme à la SCÈNE 7, aux vers 1547 et 1548.<br />
b) Quelle est la conséquence, sur l’action, de ce silence prolongé ?<br />
Le silence prolongé d’Orgon a pour conséquence le risque de l’adultère d’Elmire avec le consentement de<br />
son mari et la confirmation de la trahison de Tartuffe qui révèle son mépris pour son hôte.<br />
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51
11. a) Quelle opinion Tartuffe exprime-t-il au sujet d’Orgon ?<br />
Tartuffe méprise Orgon qu’il considère comme un homme naïf, facilement manipulable et vaniteux<br />
(v. 1523-1526).<br />
b) Quel effet cette opinion peut-elle avoir sur Orgon ?<br />
Cette opinion est sans doute une épreuve plus douloureuse pour Orgon que le risque d’être cocufié, car<br />
Tartuffe est l’objet d’une admiration infinie, voire d’un culte presque religieux.<br />
12. Comparez les vers 1504 à 1506, prononcés par Tartuffe, à ceux prononcés par madame Pernelle<br />
à l’ACTE I (vers 89 à 92) et montrez en quoi ils se ressemblent.<br />
Les propos de Tartuffe et de madame Pernelle illustrent qu’ils sont tous les deux sensibles à la rumeur<br />
publique et qu’ils craignent le scandale. Pour Tartuffe, le scandale et le mal n’existent pas lorsque l’on<br />
n’en parle pas ; pour madame Pernelle, il suffit que l’on cause de choses tout à fait banales pour que la<br />
rumeur se transforme en calomnie et éclabousse tout le monde.<br />
13. a) Malgré les risques présentés par le stratagème, pour Elmire et Orgon, montrez en quoi il<br />
atteint l’objectif fixé.<br />
L’objectif fixé est atteint, car Tartuffe a avoué devant Orgon son désir amoureux pour Elmire et son<br />
mépris pour son hôte.<br />
b) Malgré l’atteinte de l’objectif, faites voir en quoi il révèle autant la fracture du couple Elmire-<br />
Orgon que celle du couple Tartuffe-Orgon.<br />
Le désabusement d’Orgon révèle la fracture du couple Elmire-Orgon, car l’épouse, déjà négligée par son<br />
mari, découvre l’attachement de ce dernier pour Tartuffe et son peu d’empressement à éviter l’adultère ;<br />
l’amitié du couple Tartuffe-Orgon est désormais compromise, car elle reposait artificiellement sur l’aveuglement<br />
de l’un et l’hypocrisie de l’autre.<br />
Écriture<br />
14. Identifiez et expliquez les figures de style apparaissant aux vers 1401 et 1407.<br />
Les substantifs « orage » (v. 1401) et « ombrage » (v. 1402) sont des métaphores qui signifient respectivement<br />
la situation conflictuelle et les soupçons. L’expression « ouvrir un cœur » (v. 1407) est à la fois<br />
un euphémisme qui atténue le sentiment amoureux et une synecdoque par laquelle l’organe biologique<br />
signifie toute la personne.<br />
15. À qui réfère le pronom personnel « on » et le déterminant « notre » dans la réplique d’Elmire,<br />
aux vers 1411 à 1436 ? Expliquez la raison de leur usage.<br />
Le pronom personnel « on » apparaît à treize reprises entre les vers 1411 et 1436. Au vers 1414, il réfère<br />
aux gens en général ; aux vers 1416, 1417, 1418, 1419 et 1420, il signifie « nous », les femmes avec lesquelles<br />
se range Elmire pour expliquer son attitude ; au vers 1429, il désigne Tartuffe et Damis ; aux<br />
vers 1432 et 1434, il réfère à Orgon ; finalement, aux vers 1434 à 1436, Elmire laisse sous-entendre le<br />
pronom « je » derrière le « on » pour atténuer, par pudeur, les sentiments qu’elle ose tout de même<br />
exprimer.<br />
Elmire a recours au pronom « on », dans des sens aussi variés, afin de dépersonnaliser sa déclaration<br />
d’amour tout en semant une certaine équivoque dans l’esprit de Tartuffe.<br />
16. Dans cette même réplique d’Elmire, relevez et expliquez les mots dénotant son comportement<br />
amoureux et montrez que le champ lexical auquel ils appartiennent constitue une métaphore filée.<br />
Le comportement amoureux d’Elmire est associé au vocabulaire militaire dont il constitue la métaphore<br />
filée avec les verbes suivants : « se défendre » (v. 1414), « combat » (v. 1415), « dompte » (v. 1417),<br />
« défend » (v. 1419), « se rend » (v. 1420), « s’oppose » (v. 1421), « forcer » (v. 1431), « prendre »<br />
(v. 1434). En recourant à ces verbes métaphoriques qui connotent sa combativité et sa détermination,<br />
Elmire exprime une vision de l’amour analogue à un combat guerrier.<br />
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17. a) Faites ressortir le caractère précieux du langage de Tartuffe en mettant l’accent sur les mote<br />
et les expressions empruntés au champ lexical de la religion, aux vers 1437 à 1452.<br />
Le champ lexical de la religion contribuant au caractère précieux du langage amoureux comprend les<br />
expressions suivantes : « suprême étude » (v. 1441), « sa béatitude » (v. 1442), « sa félicité » (v. 1444),<br />
« planter dans mon âme une constante foi » (v. 1451).<br />
b) Relevez et expliquez les principales figures de style qui connotent ce mélange de galanterie et de<br />
dévotion.<br />
En ayant recours au vocabulaire de la dévotion pour exprimer ses sentiments à Elmire, Tartuffe établit<br />
une analogie entre le comportement amoureux et le culte religieux et, par conséquent, crée des métaphores<br />
reliées à des synecdoques comme « une bouche » (v. 1438), « mon cœur » (v. 1442), « ce cœur »<br />
(v. 1443) qui désignent la personne tout entière ; on signale aussi des euphémismes comme « vos<br />
faveurs » (v. 1449) et « Des charmantes bontés » (v. 1452) qui atténuent les gestes d’affection à caractère<br />
sexuel.<br />
18. a) Dans la réplique d’Elmire, aux vers 1467 à 1476, relevez et expliquez les figures d’amplification<br />
(périphrase, hyperbole, métaphores fortes).<br />
Parmi les figures d’amplification, on signale les métaphores « vrai tyran » (v. 1467), comparant l’amour<br />
de Tartuffe à un individu oppresseur, et « furieux empire » (v. 1469) signifiant qu’il exerce un pouvoir enragé<br />
sur Elmire ; les hyperboles « vous ne donnez pas le temps respirer » (v. 1472) et « De vouloir sans<br />
quartier » (v. 1474) signifient respectivement l’impossibilité pour Elmire de se calmer et l’acharnement<br />
de Tartuffe. Notez que la négation contenue dans les deux derniers exemples, ainsi que dans l’expression<br />
« on ne peut se parer » (v. 1471) désignant la vulnérabilité absolue d’Elmire, relève aussi du procédé de la<br />
litote.<br />
b) Précisez leur effet dans la situation.<br />
Ces figures d’amplification créent l’effet d’un combat militaire où Elmire, agressée, est sur la défensive.<br />
19. a) Identifiez et expliquez la figure de style apparaissant au vers 1486.<br />
L’expression « lever les scrupules » est une métaphore par laquelle Tartuffe exprime une analogie entre<br />
son pouvoir de transgresser les interdits moraux, c’est-à-dire l’adultère, et l’action concrète de soulever un<br />
objet.<br />
b) Expliquez en quoi cette figure s’inspire du procédé du comique de mots.<br />
Dans le contexte, c’est l’ambiguïté du verbe « lever » qui constitue un comique de mots, car Tartuffe peut<br />
laisser sous-entendre le sens figuré de supprimer et le sens propre de soulever qu’il pourrait accompagner<br />
d’une comique de gestes de ses mains s’apprêtant à soulever la robe d’Elmire.<br />
20. Pourquoi Molière a-t-il cru bon d’insérer la didascalie « C’est un scélérat qui parle » après le<br />
vers 1487 ?<br />
La didascalie, qui permet à Molière de porter un jugement sévère sur Tartuffe et de se distancier des<br />
propos du personnage, vise à atténuer toute susceptibilité de la part du lecteur qui pourrait s’offusquer de<br />
cette parodie de la casuistique exposée par l’imposteur.<br />
21. Que connotent les diérèses qu’emploie Tartuffe dans sa présentation de la casuistique, aux<br />
vers 1489 à 1492 ?<br />
Les diérèses qu’emploie Tartuffe dans les mots « science », « liens », « conscience », « rectifier », « action<br />
» et « intention » peuvent connoter son malaise à présenter une argumentation aussi spécieuse que<br />
moralement condamnable. L’assonance produite par la voyelle i et l’allitération produite par la consonne<br />
s, ajoutant à l’inconfort de l’auditeur, suscitent la méfiance.<br />
22. Expliquez le procédé du comique de mots auquel a recours Elmire, aux vers 1499 à 1501.<br />
Le comique de mots repose d’abord sur l’ambiguïté du mot « rhume » qui réfère à Orgon, obstiné dans<br />
son silence. L’expression hyperbolique « tous les jus du monde » désigne les bâtons de réglisse (allusion<br />
au bâton de la farce) impuissants, dans le contexte, à sortir Elmire d’embarras. Les deux litotes « ne feront<br />
rien » et « plus qu’on ne peut dire » illustrent bien la situation cocasse et désespérée d’Elmire.<br />
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23. a) Faites ressortir l’ambiguïté sémantique du pronom « on » dans la réplique d’Elmire, aux<br />
vers 1510 à 1519. Expliquez.<br />
Dans cette réplique d’Elmire, toutes les occurrences du pronom personnel, sauf le deuxième « on » apparaissant<br />
au vers 1514 pour désigner un « je », c’est-à-dire Elmire, réfèrent à Orgon caché sous la table.<br />
Tartuffe, qui ne saisit pas le double sens, interprète le « on » comme un « vous » qui lui est destiné, ce que<br />
confirme sa réplique (v. 1520) où il reprend le « on » pour dire « je ».<br />
b) De quel procédé comique cette ambiguïté relève-t-elle ? Justifiez.<br />
Cette ambiguïté relève d’abord du comique de mots, par la confusion qu’elle sème dans l’esprit du spectateur,<br />
et du comique de situation, par le quiproquo dans lequel Elmire enferme Tartuffe et par la comédie<br />
du cocuage dans laquelle se complaît Orgon.<br />
c) Relevez un nom et un autre pronom qui contribuent à maintenir cette équivoque.<br />
Le nom « gens » (v. 1516) et le pronom relatif « qui » (v. 1518) contribuent à maintenir l’équivoque ; le<br />
premier désigne autant le monde en général que Tartuffe et Orgon pris individuellement ; le second vise<br />
Orgon, mais s’applique aussi à Tartuffe.<br />
24. Qu’est ce qui permet de croire que ni Tartuffe ni Orgon n’ont saisi l’ambiguïté du pronom<br />
« on » et le double sens des propos d’Elmire ?<br />
Deux raisons permettent de croire que ni Tartuffe ni Orgon n’a saisi le sens du pronom « on » : le premier<br />
réplique à Elmire en employant le pronom « on » qui désigne un « je » (v. 1520) et le second reste immobile<br />
sous la table.<br />
25. Identifiez et expliquez le procédé comique employé dans la proposition d’Elmire, aux vers 1521<br />
et 1522.<br />
Il s’agit d’un comique de situation qui fait écho à la « crainte de surprise » (v. 1390) évoquée par Elmire<br />
au début de la SCÈNE 5 et qui rappelle l’intrusion de Damis à l’ACTE III. La réplique est aussi ironique<br />
puisqu’elle sait que son mari est caché sous la table.<br />
Sujets d’analyse littéraire<br />
26. Dans la SCÈNE 5, analysez les thèmes du mensonge et de la vérité chez les personnages d’Elmire<br />
et de Tartuffe ; en d’autres termes, montrez comment, par le stratagème de la duperie, Elmire<br />
parvient à révéler à Orgon la véritable nature de l’imposteur.<br />
Plan suggéré<br />
1. La stratégie d’Elmire :<br />
1.1 La demi-vérité sur son attitude à l’égard de Damis (V. 1390 à 1400).<br />
1.2 L’autorisation d’Orgon pour que Tartuffe la fréquente (v. 1401 à 1408).<br />
1.3 La pudeur féminine pour justifier son comportement (v. 1411 à 1422).<br />
1.4 La déclaration d’amour (v. 1423 à 1436).<br />
2. La réaction de Tartuffe<br />
2.1 La méfiance et le désir de plaire à Elmire (v. 1437 à 1452).<br />
2.2 L’exigence d’obtenir des preuves d’amour concrètes (v. 1459 à 1466).<br />
2.3 Le recours à la casuistique qui révèle le vrai visage de l’imposteur (v. 1485 à 1506).<br />
27. Analysez la SCÈNE 5 en mettant en valeur le procédé du comique de situation ; faites ressortir<br />
l’inversion des rôles chez Elmire et Tartuffe, d’une part, puis chez Elmire et Orgon, d’autre part.<br />
Plan suggéré<br />
1. L’inversion des rôles chez Elmire et Tartuffe.<br />
1.1 Elmire piège Tartuffe par le jeu de la séduction.<br />
1.2 Tartuffe piège Elmire en acceptant sa déclaration.<br />
2. L’inversion des rôles chez Elmire et Orgon<br />
2.1 Elmire joue la comédie du mari cocu avec la connivence d’Orgon.<br />
2.2 Orgon, par son silence, consent à l’adultère d’Elmire.<br />
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Action et personnages<br />
EXTRAIT 4<br />
ACTE V, SCÈNE 3<br />
Vers 1642 à 1716<br />
1. a) À quelle scène de l’ACTE I peut-on comparer la SCÈNE 3 ?<br />
On peut comparer cette scène à la SCÈNE 1 du premier acte.<br />
b) Quelles sont les similitudes existant entre ces deux scènes ?<br />
Dans ces deux scènes, on retrouve sept personnages qui discutent au sujet de l’hypocrite ; madame<br />
Pernelle, toujours aussi têtue et entichée de Tartuffe, refuse de voir en lui un imposteur en répliquant par<br />
des dictons populaires. Elmire est discrète, Cléante fait preuve de lucidité et Dorine ironise.<br />
c) Montrez en quoi elles sont différentes.<br />
Absent de la première scène, Orgon, qui a rejoint les rangs de la famille, est le seul à s’opposer à l’aveuglement<br />
de sa mère. Cette dernière, sensible aux rumeurs et aux apparences, à la première scène, témoigne<br />
maintenant d’une prudence excessive (v. 1679-1680) et ironique (v. 1684-1686).<br />
2. a) Quel objectif vise Orgon dans le récit des faits qu’il offre à madame Pernelle, aux vers 1643<br />
à 1656 ?<br />
Orgon veut convaincre sa mère de l’imposture de Tartuffe, la sortir de l’aveuglement dans lequel il était<br />
avant de constater la preuve concrète de sa duplicité.<br />
b) Y parvient-il ? Justifiez.<br />
Non, Orgon n’atteint pas son objectif, car sa mère refuse ses arguments et ses preuves, alléguant des<br />
proverbes et des dictons qui l’enferment dans son obstination et ses idées préconçues.<br />
3. a) Montrez en quoi madame Pernelle est fidèle aux valeurs qu’elle a défendues à la première<br />
scène de l’ACTE I.<br />
Madame Pernelle est fidèle aux valeurs de charité chrétienne et de rigorisme, car elle refuse la médisance<br />
contre Tartuffe (v. 1657-1658, 1668, 1670, 1691-1692) et déplore le laxisme moral de la famille (v. 1661-<br />
1662).<br />
b) Que connote cette fidélité chez ce personnage ? En d’autres termes, que révèle cette constance de<br />
caractère chez madame Pernelle ?<br />
Cette fidélité du personnage révèle son obstination bête et sa mauvaise foi.<br />
4. a) Le vers 1686, prononcé par madame Pernelle, fait écho à quel vers prononcé par Elmire à la<br />
SCÈNE 6 de l’ACTE IV ?<br />
Ce vers fait écho au vers 1533 : « Attendez jusqu’au bout pour voir les choses sûres ».<br />
b) Montrez en quoi l’intention de madame Pernelle se distingue de celle d’Elmire.<br />
Le vers 1686 de madame Pernelle, sans intention ironique a priori, illustre l’extrême prudence de la bigote<br />
à l’égard des apparences. Cependant, à cause de l’ironie du vers 1533 d’Elmire, on peut parler d’ironie<br />
par inversion ou d’ironie dans l’ironie.<br />
5. Quelle solution Cléante préconise-t-il pour contrer les attaques éventuelles de Tartuffe ?<br />
Reconnaissant la force de Tartuffe et la maladresse d’Orgon, Cléante préconise la vigilance (v. 1699) et<br />
souhaite une réconciliation apparente (v. 1711-1712).<br />
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6. À quoi voit-on que les personnages sont dans une impasse ou qu’ils sont impuissants devant le<br />
danger qui les menace ?<br />
On voit que les personnages sont dans une impasse par leur difficulté à trouver une solution concrète pour<br />
contrer les menaces de Tartuffe. Orgon et sa mère s’engagent dans un dialogue de sourds, Elmire présume<br />
illégale l’action judiciaire de Tartuffe (v. 1701-1702) et reproche à son mari de ne pas l’avoir informée de<br />
la donation (v. 1713-1714), Orgon regrette d’avoir furieusement chassé l’imposteur (v. 1709-1710) et<br />
Cléante, contaminé par l’hypocrisie, souhaite, en désespoir de cause, un semblant de réconciliation<br />
(v. 1711-1712) pour diminuer les dégâts.<br />
Écriture<br />
7. a) À quelles répliques d’Orgon, à l’ACTE I, SCÈNE 4, et à l’ACTE III, SCÈNE 7, la réplique de<br />
Dorine, au vers 1657, fait-elle écho ?<br />
La réplique de Dorine fait référence aux répliques d’Orgon (ACTE I, v. 235, 241, 249 et 256 ; ACTE III,<br />
v. 1183).<br />
b) De quel procédé comique la réplique de Dorine relève-t-elle ? Expliquez.<br />
En faisant écho aux répliques d’Orgon qui s’apitoyait sur le sort de Tartuffe, Dorine a recours à l’ironie<br />
afin de tourner en dérision l’aveuglement d’Orgon, lequel a permis à Tartuffe de le déposséder et de jouir<br />
aujourd’hui de tous ses biens. On peut aussi déceler une équivoque dans la réplique de Dorine visant<br />
Orgon, désormais un homme pauvre et pitoyable.<br />
8. a) Quel verbe et quel substantif, qui peuvent référer à un champ lexical particulier, Orgon<br />
emploie-t-il pour convaincre sa mère de l’imposture de Tartuffe ?<br />
Pour convaincre sa mère de la trahison de Tartuffe, Orgon emploie le verbe récurrent « voir » (v. 1644,<br />
1669, 1672, 1676 et 1677) et le substantif correspondant « yeux » (v. 1643, 1672, 1676 et 1688).<br />
b) De quelle figure de style, qui est aussi un procédé comique, l’emploi de ce verbe relève-t-il ?<br />
Justifiez.<br />
L’emploi de ce verbe et de ce substantif relève du comique de répétition (le participe « vu » revient six<br />
fois entre les vers 1669 et 1677) et contribue à produire une hyperbole, compte tenu de la redondance, du<br />
pléonasme, notamment aux vers 1676 et 1677, et de l’exagération au vers 1678.<br />
9. a) Identifiez et expliquez le procédé du comique de situation qui entre en jeu dans la conversation<br />
entre Orgon et madame Pernelle.<br />
Le comique de situation de l’inversion des rôles, selon le principe de l’arroseur-arrosé, entre en jeu, car<br />
Orgon, qui refusait de croire à l’imposture de Tartuffe, se bute maintenant à l’entêtement de sa mère.<br />
b) Montrez en quoi cette situation relève aussi du comique de caractère.<br />
Cette situation relève aussi du comique de caractère, car Orgon, qui s’est toujours fié à ce qu’il voyait,<br />
c’est-à-dire le masque de Tartuffe, se tue à persuader une femme aussi obstinée qui refuse, elle, de croire<br />
aux apparences.<br />
10. a) Quelle est la figure d’amplification récurrente dans les répliques d’Orgon et de madame<br />
Pernelle ?<br />
La figure d’amplification est l’hyperbole.<br />
b) Relevez-en trois exemples et expliquez-les.<br />
Les expressions « Je vous l’ai dit cent fois » (v. 1644), « cent sots cartes de lui » (v. 1668), « Je l’ai vu<br />
[…]/Ce qui s’appelle vu » (v. 1676-1677) et « Aux oreilles cent fois, et crier comme quatre » (v. 1678)<br />
soulignent l’exagération des propos. Le chiffre « cent » et la redondance du participe passé « vu » connotent<br />
respectivement la tendance aux clichés de la bigote et l’exaspération d’Orgon.<br />
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11. Malgré le ton dramatique et excessif de la conversation entre Orgon et madame Pernelle,<br />
montrez que Molière tente de ménager la règle de la bienséance en recourant à des procédés<br />
d’atténuation. Relevez-en trois exemples et expliquez-les.<br />
Pour ménager la règle de la bienséance, Molière a eu recours à des procédés d’atténuation. Parmi les<br />
euphémismes, signalons « une action si noire » (v. 1658) signifiant un péché mortel ; « on vit d’étrange<br />
sorte » (v. 1661) signifiant que la famille mène une vie libertine ; « vous deviez attendre à vous voir sûr<br />
des choses » (v. 1686) signifiant qu’Orgon devait attendre la preuve concrète et irréfutable de l’adultère ;<br />
« Vous me feriez dire quelque sottise » (v. 1689) atténuant le propos d’Orgon qui est sur le point de dire<br />
qu’il aurait pu être un témoin consentant de son cocuage.<br />
Parmi les litotes, on retrouve « rien n’est ici-bas qui s’en puisse défendre » (v. 1674) signifiant que les<br />
gens vertueux doivent constamment se battre contre la médisance ; « Il ne faut pas toujours juger sur ce<br />
qu’on voit » (v. 1680) signifiant que, parfois, il faut faire preuve d’une extrême prudence ; « Et je ne puis<br />
du tout me mettre dans l’esprit » (v. 1691) signifiant que madame Pernelle s’obstine bêtement à refuser<br />
les accusations lancées contre Tartuffe.<br />
12. Identifiez et expliquez les figures de style apparaissant aux vers 1665-1666 et 1673.<br />
On retrouve deux métonymies, dont « La vertu […] est toujours poursuivie » et « mais n’ont jamais<br />
l’envie », qui ont recours au concept abstrait pour signifier les personnes concrètes, c’est-à-dire les gens<br />
vertueux et envieux. La synecdoque « les langues » utilise l’organe buccal pour désigner les personnes<br />
médisantes dont les propos sont comparés au venin d’une vipère.<br />
Sujet d’analyse littéraire<br />
13. Analysez la situation dans laquelle se trouvent Orgon et madame Pernelle en mettant en valeur<br />
le ridicule de leur propos et de leur comportement.<br />
La SCÈNE 3 présente un dialogue de sourds entre une mère et son fils se disputant et perdant un temps<br />
précieux qui devrait être consacré aux moyens de contrer les menaces de l’imposteur. Leurs propos et leur<br />
comportement sont ridicules, car ils soulignent le caractère puéril des personnages qui sont supposés être<br />
les plus sérieux de la pièce, et mettent en valeur la nature conflictuelle de la relation mère-fils.<br />
Plan d’analyse suggéré<br />
1. Orgon et madame Pernelle : une scène d’enfantillages<br />
1.1 Orgon, désabusé, se tue à persuader plus obstiné que lui.<br />
1.2 Madame Pernelle, entêtée, se complaît dans son propre aveuglement.<br />
2. Une mère et son fils : une scène de famille<br />
2.1 Une mère qu’infantilise son fils.<br />
2.2 Un fils qui dispute sa mère.<br />
© 2003 Groupe Beauchemin, éditeur ltée – Collection Parcours d’une oeuvre<br />
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