Associations de la Chine, Lettres du P. Leboucq ... - Chine ancienne

Associations de la Chine
demande qu'on écoute ses excuses ; mais le bruit et le tumulte
n'en deviennent que plus étourdissants.
— Vous ne voulez pas m'entendre, s'écrie-t-il d'une voix
de stentor ; hé bien, vous vous en repentirez ! Ce
cimetière nous avait été signalé comme l'un des plus
négligés du pays ; les tombes, vous le voyez vous-
mêmes, ont été détruites par les pluies, les cercueils
sont, presque tous, à découvert. Quel mal faisons-nous
donc ici ? Je proteste contre vos menaces et j'en appelle
à la justice humaine, en attendant que les mânes de vos
ancêtres demandent justice auprès des dieux.
Il avait à peine achevé ces mots que la multitude tombe sur lui et
sur les siens. On crie, on maudit, on frappe... La partie n'était pas
égale ; les Frères ont beau rendre deux coups de poing pour un
coup de bâton, ils sont écrasés par le nombre. Trois p.113 d'entre
eux tombent grièvement blessés, six sont laissés à demi-morts
sur le champ de bataille, pendant que les autres prennent le large
et vont réclamer l'appui du tribunal.
Les sous-préfets, quand le sang a coulé, doivent se rendre en
personne sur le théâtre de la lutte. Celui de Tei-Ping-chien
accourut en toute hâte, et ce fut dans le cimetière même qu'il
entendit les parties et prononça un jugement qui prouve que, si en
Chine la magistrature est avilie, elle conserve encore parfois un
reste d'indépendance et d'équité qui lui fait le plus grand honneur.
— La confrérie des Tombeaux, dit le mandarin, est une
institution louable qui mérite la reconnaissance publique.
Les propriétaires de ce cimetière, trop pauvres pour
l'entretenir convenablement, trop indignes surtout de
porter le nom de ceux qui leur ont donné le jour et qui
reposent ici, sont les principaux coupables ; je les
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