Associations de la Chine, Lettres du P. Leboucq ... - Chine ancienne
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<strong>Associations</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Chine</strong><br />
appelons, plus simplement : le mollet. Le prince, qui ne<br />
soupçonnait rien <strong>de</strong> ce qui s'était passé, se sentit revivre, se<br />
souleva et, saisissant avec une ar<strong>de</strong>ur fébrile ce morceau <strong>de</strong> chair<br />
si inespéré, le dévora à belles <strong>de</strong>nts, sans attendre même que le<br />
feu qui <strong>de</strong>vait le rôtir, fût allumé. Ce fut, dit-on, l'origine <strong>de</strong><br />
l'abstinence annuelle appelée : Journée <strong>de</strong>s aliments froids.<br />
Un livre d'anecdotes, assez apprécié <strong>de</strong>s lettrés, explique<br />
autrement l'usage traditionnel <strong>du</strong> Han-ché. L'innocence <strong>du</strong> prince<br />
Tsing-Wen-Kong ayant été reconnue, l'empereur, honteux d'avoir<br />
soupçonné d'infidélité son ministre le plus dévoué et le plus<br />
intègre, le rappe<strong>la</strong> <strong>de</strong> l'exil, et lui rendit toutes ses bonnes grâces.<br />
Mais l'ingrat Tsing-Wen-Kong, revenu au faîte <strong>de</strong>s honneurs,<br />
oublia que, sans le repas froid qu'il avait pris aux dépens <strong>du</strong><br />
mollet <strong>de</strong> Kié-Tché-Tsuei, les envoyés <strong>de</strong> l'empereur l'auraient<br />
trouvé mort. En proie au plus violent désespoir, en se voyant si<br />
lâchement abandonné sur <strong>la</strong> terre <strong>de</strong> l'exil, son fidèle compagnon<br />
et son sauveur résolut d'en p.109 finir avec <strong>la</strong> vie et se traîna au<br />
fond <strong>de</strong>s montagnes, dans <strong>la</strong> caverne <strong>la</strong> plus cachée, décidé à y<br />
mourir <strong>de</strong> faim. Ce fut là que Tsing-Wen-Kong, qui venait d'être<br />
proc<strong>la</strong>mé empereur, le fit chercher. Ses envoyés battirent les<br />
montagnes et les vallées, <strong>de</strong>mandèrent Kié-Tché-Tsuei à tous les<br />
échos, mais ce fut en vain ; l'exilé <strong>de</strong>meura au fond <strong>de</strong> sa<br />
caverne, plus résolu que jamais à <strong>la</strong> mort. L'empereur, l'âme<br />
bourrelée <strong>de</strong> remords, se transporta lui-même sur les bords <strong>du</strong><br />
fleuve Jaune, gravît à pied les montagnes, appe<strong>la</strong>nt son fidèle<br />
serviteur. Tout fut inutile. Alors, le souverain ordonna <strong>de</strong> mettre<br />
le feu aux herbes, et bientôt les montagnes et les vallées<br />
présentèrent l'aspect d'un immense incendie, mais Kié-Tché-<br />
Tsuei ne parut point ; on trouva son cadavre à l'entrée <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
caverne.<br />
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