Associations de la Chine, Lettres du P. Leboucq ... - Chine ancienne

Associations de la Chine
Les premiers législateurs de la Chine comprirent que pour
gouverner un peuple, fût-il le plus docile, il faut autre chose qu'un
code criminel avec son rotin, sa cangue et ses prisons. Il faut à
l'autorité un prestige, une influence morale capables de lui
assurer le respect et la fidélité de ses sujets. Voilà pourquoi, dès
le commencement, les souverains de l'Empire du Milieu ont pris
des titres si fastueux et se sont attribué des prérogatives si
merveilleuses, se faisant appeler : Saints, Monarques immortels,
Fils du Ciel, chargés de communiquer à leur peuple les faveurs
comme les châtiments de la divinité. Ils ont réussi à lui faire
croire qu'à eux seuls appartient le privilège de faire violence au
Ciel, de fléchir sa colère ou de gagner ses sympathies. Leurs
prétentions sont allées jusqu'à se donner le droit d'immortaliser
les hommes p.102 recommandables par leurs vertus ou par leur
dévoûment aux intérêts et à la gloire de la patrie. Les officiers du
gouvernement, suivant, à distance respectueuse bien entendu,
l'exemple de leurs souverains, se font appeler les représentants
subalternes de l'autorité divine. Si la sécheresse ou des pluies
trop prolongées menacent les récoltes, l'Empereur, ou plutôt,
pour le nommer par son nom, le chargé d'affaires du Ciel se hâte
de prescrire des prières et des jeûnes. A son exemple, les
mandarins se livrent à la pénitence, affectant, devant leurs
administrés, un désespoir et une dévotion qui ne manquent
jamais de leur gagner les cœurs. On les voit marcher à la tête
des processions, se prosterner la face contre terre aux pieds de la
statue du dragon ou de la divinité tutélaire de la ville ; ils font
brûler, nuit et jour, des bâtonnets aromatiques, non pas à huis-
clos, mais au milieu de la cour extérieure de leurs tribunaux et
sur les autels des pagodes, afin que personne ne doute de la
sincérité de leur foi ou de la tendresse de leur affection pour le
peuple. Que ne vous est-il donné d'assister, demain, à la curieuse
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