Associations de la Chine, Lettres du P. Leboucq ... - Chine ancienne

Associations de la Chine
à deux heures, d'un curieux p.096 déjeuner et de je ne sais quelle
sorte d'exercice géométrique auxquels j'ai assisté dès le point du
jour. Il s'agit aujourd'hui, pour nos Chinois païens, de célébrer la
fête des greniers ; c'est-à-dire, de fixer aux dieux la quantité et
la qualité du blé et des céréales dont le peuple aura besoin cette
année.
A minuit, tout le monde est debout. Cette année, à cause du
deuil général de l'Empire 1 , les comédies, la musique, les feux
d'artifice, les boîtes et les pétards sont défendus sous les peines
les plus sévères. Dans les villes, sous les yeux et près de l'oreille
des mandarins, il faut bien, bon gré mal gré, se priver de ces
traditionnels et bruyants délassements ; quant aux villages
perdus dans la plaine, c'est autre chose ; en vertu du proverbe de
la Chine : Il n'y a de coupable que celui qui est pris, la fraude est
permise. Aussi, ce matin à deux heures, les détonations me
réveillaient en sursaut.
Quand le dernier pétard est brûlé, le silence se fait dans le
village. Regardez ces deux ou trois cents chefs de famille, assis à
la façon des tailleurs, chacun sur son aire. La nuit a été froide, le
vent qui souffle du Nord-Est est p.097 glacial ; n'importe, il faut
demeurer là jusqu'à ce que la maîtresse du logis vienne apporter
à son mari quelques petits pains qu'elle a cuits quand le tam-tam
ou la crécelle a annoncé la quatrième veille. Ce sera un déjeuner
au pain sec ! Mais s'il est pris avec respect, si celui auquel on l'a
apporté a eu soin de remercier d'abord la divinité des céréales, de
se tourner en face du vent et d'y demeurer jusqu'à ce que la
dernière bouchée de pain ait disparu, tout sera pour le mieux ; au
moment de la récolte, quand on jettera le grain au vent, pas de
1 L'empereur Tong-Tché venait de mourir, ou comme l'on dit dans le langage officiel, il
venait d'éclater, Pomg-Léaô ! son corps n'étant plus capable de contenir une
intelligence si puissante.
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