Associations de la Chine, Lettres du P. Leboucq ... - Chine ancienne

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14.07.2013 Views

Associations de la Chine du monde qu'ils sont, eux et leurs enfants, exclus de tous les titres, dignités ou charges tant militaires que civils. Du reste ces musiciens ont d'inappréciables qualités : qu'on les nourrisse misérablement, rarement ils vous font mauvaise mine ; qu'on ne leur donne, pour toute la durée de la cérémonie, que la modique rétribution de fr. 1,50 par tête, ce qui arrive presque partout, ils en prennent gaîment leur parti et font le moulinet, soufflent dans leurs trompettes, frappent sur la casserole quand même, et cela pendant vingt-quatre, souvent quarante-huit heures, à la porte d'un nouveau marié, ou près d'un cimetière ; la chaleur, le froid, la pluie, la neige, rien ne les déconcerte. Il faudrait des volumes entiers pour faire connaître en détail les fêtes religieuses de la Chine païenne. Il y en a pour tous les jours de l'année. Par exemple : les sept premiers jours de la première lune sont consacrés à célébrer l'anniversaire de la naissance des créatures animées ; le premier jour, on fête les poules, le deuxième, les chiens, le troisième, les chats, le quatrième, les moutons, le cinquième, les p.086 chevaux, le sixième, les bœufs, le septième, le roi de la nature, l'homme. Le deuxième jour de la deuxième lune, chaque famille se met en dévotion, on brûle les bâtonnets aromatiques et les pétards, les femmes alors se prosternent quatre fois devant l'image du dieu du foyer ; quel est ce dieu ? On ne pourra vous le dire, car on ne le sait pas 1 . Mais, instinctivement, tout le monde est convaincu que chaque ménage ou, comme l'on dit en Chine, 1 Le dieu de la marmite porte le nom de Tsâo-Wang-Yé. Ici-bas il se nommait Tchang et se fit remarquer par un grand zèle à maintenir l'union et la paix dans sa nombreuse famille, souvent troublées par la malignité de deux brus qui réclamaient la division des biens. 78

Associations de la Chine chaque marmite, a sa divinité propre qui le protège, le surveille et préside à tout ce qui se dit ou se fait au sein de la famille. Le vingt-troisième jour de la troisième lune, les marins, les douaniers, les charpentiers employés aux chantiers maritimes, les armateurs, les pêcheurs, tous les hommes enfin qui vivent ou de l'eau ou sur l'eau, solennisent l'anniversaire de la naissance d'une divinité invoquée sous le nom de Tien-Heôu, reine du ciel. Comme la Fleur Occidentale de Taî-chan, c'est une vierge d'extraction royale. Elle naquit, disent les Chinois, dans la province de Fo-Kien, fut le modèle des jeunes personnes, mourut vierge et s'envola sur un nuage descendu tout p.087 exprès pour la recevoir et la porter au ciel, dont elle ne tarda pas à être proclamée la reine. Le vingt-huitième jour de la troisième lune, les enfants se lèvent de grand matin, revêtent leurs plus beaux habits et vont, conduits par leurs mères, à la pagode de la déesse Tzé-Süen- Ngian-Ngian, mère par excellence des petits enfants, font trois ou quatre génuflexions devant sa statue et s'en retournent à la maison où les attend un déjeuner de fête. Quand la cérémonie et les dévotions des enfants sont terminées, c'est le tour des femmes qui n'ont pas encore le bonheur d'être mères, de celles surtout qui auraient perdu l'espoir de le devenir. Leur pèlerinage est moins joyeux et moins bruyant que celui qui l'a précédé. Ce n'est qu'en tremblant, en regardant autour d'elles pour s'assurer que leur démarche n'est pas remarquée des voisins, qu'elles sortent de la maison. A peine arrivées sur le seuil de la pagode, le bonze qui est de quart leur fait signe de le suivre et les introduit dans une grande salle où sont rangés en bel ordre cinquante ou quatre-vingts petits enfants de terre ou de plâtre ; il y en a de toutes les physionomies et pour tous les goûts. Quand la pèlerine 79

<strong>Associations</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Chine</strong><br />

<strong>du</strong> mon<strong>de</strong> qu'ils sont, eux et leurs enfants, exclus <strong>de</strong> tous les<br />

titres, dignités ou charges tant militaires que civils.<br />

Du reste ces musiciens ont d'inappréciables qualités : qu'on<br />

les nourrisse misérablement, rarement ils vous font mauvaise<br />

mine ; qu'on ne leur donne, pour toute <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée <strong>de</strong> <strong>la</strong> cérémonie,<br />

que <strong>la</strong> modique rétribution <strong>de</strong> fr. 1,50 par tête, ce qui arrive<br />

presque partout, ils en prennent gaîment leur parti et font le<br />

moulinet, soufflent dans leurs trompettes, frappent sur <strong>la</strong><br />

casserole quand même, et ce<strong>la</strong> pendant vingt-quatre, souvent<br />

quarante-huit heures, à <strong>la</strong> porte d'un nouveau marié, ou près<br />

d'un cimetière ; <strong>la</strong> chaleur, le froid, <strong>la</strong> pluie, <strong>la</strong> neige, rien ne les<br />

déconcerte.<br />

Il faudrait <strong>de</strong>s volumes entiers pour faire connaître en détail<br />

les fêtes religieuses <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Chine</strong> païenne. Il y en a pour tous les<br />

jours <strong>de</strong> l'année. Par exemple : les sept premiers jours <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

première lune sont consacrés à célébrer l'anniversaire <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

naissance <strong>de</strong>s créatures animées ; le premier jour, on fête les<br />

poules, le <strong>de</strong>uxième, les chiens, le troisième, les chats, le<br />

quatrième, les moutons, le cinquième, les p.086 chevaux, le<br />

sixième, les bœufs, le septième, le roi <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature, l'homme.<br />

Le <strong>de</strong>uxième jour <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>uxième lune, chaque famille se met<br />

en dévotion, on brûle les bâtonnets aromatiques et les pétards,<br />

les femmes alors se prosternent quatre fois <strong>de</strong>vant l'image <strong>du</strong><br />

dieu <strong>du</strong> foyer ; quel est ce dieu ? On ne pourra vous le dire, car<br />

on ne le sait pas 1 . Mais, instinctivement, tout le mon<strong>de</strong> est<br />

convaincu que chaque ménage ou, comme l'on dit en <strong>Chine</strong>,<br />

1 Le dieu <strong>de</strong> <strong>la</strong> marmite porte le nom <strong>de</strong> Tsâo-Wang-Yé. Ici-bas il se nommait Tchang<br />

et se fit remarquer par un grand zèle à maintenir l'union et <strong>la</strong> paix dans sa nombreuse<br />

famille, souvent troublées par <strong>la</strong> malignité <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux brus qui réc<strong>la</strong>maient <strong>la</strong> division <strong>de</strong>s<br />

biens.<br />

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