Associations de la Chine, Lettres du P. Leboucq ... - Chine ancienne
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Associations de la Chine douzaine suspendus avec leurs cellules à l'intérieur des maisons pour endormir les vieillards et les empêcher de faire de mauvais rêves. Les bruyantes écoles en possèdent toujours autant que d'étudiants et pendant que ces lettrés en herbe s'évertuent à chanter leur leçon, les grillons ou les Kouaî-Kouaî se livrent sans repos ni trêve à leur exercice musical. Nous ne goûtons que fort médiocrement la musique chinoise ; ce n'est pas sans raison, p.080 ce me semble, car les habitants de l'Empire du Milieu ne comprennent rien, n'entendent rien à la nôtre. Nos marches et nos fanfares militaires, nos chants religieux, quel que soit le fini de leur exécution ou la douceur de leur harmonie, ne les captivent jamais. Asseyez-vous à votre piano, à votre harmonium ou à votre orgue, tirez-en les plus délicieux accords, les jeux les plus doux, vous pouvez sûrement compter d'avance sur l'indifférence de vos auditeurs, personne ne se sentira ému, et, au moment où vous croirez être intéressant, enlevant, tout le monde vous tournera le dos pour aller sur la place ou dans la rue se pâmer d'admiration devant trois ou quatre musiciens ambulants dont les flûtes sont avariées, les cymbales fêlées, le tambour défoncé. Pour être de bonne composition et ne blesser personne inutilement, disons tout simplement que la musique européenne n'est point faite pour les oreilles chinoises et que les oreilles des enfants du grand Occident n'ont pas été plantées pour apprécier l'harmonie orientale. La question ainsi tranchée, à la satisfaction des deux partis, revenons, si vous le voulez bien, à la confrérie de Ien-Wang-Hoei. Les sages de la Chine encouragèrent la musique, disent les historiens du pays, comme une récréation qui, tout en intéressant les jeunes gens, pouvait les occuper et les p.081 préserver de mille 74
Associations de la Chine autres pensées moins innocentes. Confucius voulut avoir dans sa localité un corps de musiciens ; quand ils donnaient une séance publique sur la place du village ou faisaient leurs répétitions, le philosophe ne manquait jamais d'y assister en habit de cérémonie, demeurant debout, attentif, silencieux, pour mieux goûter l'harmonie. — La musique, disait-il, a la vertu de prévenir une foule de maladies physiques et morales qui proviennent souvent de l'ennui, du chagrin ou de la mélancolie. Ces encouragements donnés par un sage déjà en grande vénération furent bientôt connus de tout le pays. Aussi chacun des villages les moins pauvres, s'empressa-t-il d'imiter l'exemple et de suivre les leçons d'un homme si vertueux ; les plus petits hameaux eux-mêmes, trop pauvres pour acheter des instruments et trop peu habités pour fournir des artistes, voulaient au moins se procurer un tambour et une paire de cymbales. Si les ressources le permettaient, on y ajoutait l'indispensable tapageur, le tam-tam. De cette façon les pauvres aussi bien que les riches, les petits villages aussi bien que les gros bourgs, pouvaient faire du bruit et passer agréablement les journées inoccupées de l'année. Les mortels aimaient la musique ; nul doute qu'elle ne plût aux dieux. Peut-être même les symphonies auraient-elles la vertu d'adoucir, p.082 en faveur des morts, la rigueur et la sévérité de l'inexorable roi des Enfers. Ce fut l'occasion qui donna lieu à l'institution de la confrérie de Pluton. Aujourd'hui, plus que jamais, cette société est en grand honneur. Une famille a-t-elle perdu quelqu'un des siens, à moins de passer pour des ingrats, les survivants ne se contenteront pas d'inviter pour le lendemain les Sœurs du Ran-tan-plan ; aussitôt que le malade a passé de 75
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autres pensées moins innocentes. Confucius voulut avoir dans sa<br />
localité un corps <strong>de</strong> musiciens ; quand ils donnaient une séance<br />
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cérémonie, <strong>de</strong>meurant <strong>de</strong>bout, attentif, silencieux, pour mieux<br />
goûter l'harmonie.<br />
— La musique, disait-il, a <strong>la</strong> vertu <strong>de</strong> prévenir une foule<br />
<strong>de</strong> ma<strong>la</strong>dies physiques et morales qui proviennent<br />
souvent <strong>de</strong> l'ennui, <strong>du</strong> chagrin ou <strong>de</strong> <strong>la</strong> mé<strong>la</strong>ncolie.<br />
Ces encouragements donnés par un sage déjà en gran<strong>de</strong><br />
vénération furent bientôt connus <strong>de</strong> tout le pays. Aussi chacun<br />
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hameaux eux-mêmes, trop pauvres pour acheter <strong>de</strong>s instruments<br />
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se procurer un tambour et une paire <strong>de</strong> cymbales. Si les<br />
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tapageur, le tam-tam. De cette façon les pauvres aussi bien que<br />
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pouvaient faire <strong>du</strong> bruit et passer agréablement les journées<br />
inoccupées <strong>de</strong> l'année.<br />
Les mortels aimaient <strong>la</strong> musique ; nul doute qu'elle ne plût aux<br />
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