Associations de la Chine, Lettres du P. Leboucq ... - Chine ancienne

Associations de la Chine
IV. Confrérie de Pluton, Yen-Wang-Hoei
La confrérie du Roi des Enfers est une société à la fois religieuse
et philharmonique. Elle n'enrôle que ceux qui ont quelques notions
de musique vocale ou instrumentale, des artistes enfin. Aussi ne
se produit-elle qu'aux jours de solennités, aux processions pour la
pluie et le beau temps, aux enterrements. Son but, c'est de
souffler dans les instruments à vent, de manier la harpe et la
guitare, de frapper sur la peau d'âne, d'agiter le chapeau chinois,
tout cela à seule fin de gagner les bonnes grâces des divinités en
faveur des p.076 vivants et d'adoucir le caractère brutal de Pluton à
l'égard des âmes qui ont quitté la terre.
En lisant les auteurs qui ont traité de l'art musical en Chine, en
essayant surtout de fredonner les morceaux choisis tels qu'ils
sont notés, avec des bémols ou des dièses à la clef, j'éprouve peu
d'enthousiasme, je l'avoue. Serait-ce parce que, peu familiarisé
avec la musique du pays, je ne sais pas en saisir les beautés et
les charmes ; ou bien ne serait-ce pas plutôt parce que les
morceaux dont j'ai fait la lecture à vue ont conservé, malgré la
couleur européenne qu'on a essayé de leur donner, toute leur
platitude et leur monotonie originelles. Je ne saurais le dire.
D'après quelques écrivains qui, du reste, n'ont fait que
traduire les historiens chinois, les premiers Souverains du
Céleste-Empire attachèrent une grande importance à la mélodie,
à l'harmonie des voix et des instruments. Elles devaient jouer,
selon eux, un rôle important dans le travail de la civilisation du
peuple. Fo-Chi 1 , le premier empereur connu de la Chine, creusa
de sa propre main un morceau de bois, en fit une lyre à vingt-
1 Fo-Chi régnait vers l'an 2700 avant JÉSUS-CHRIST.
71
@