Associations de la Chine, Lettres du P. Leboucq ... - Chine ancienne

Associations de la Chine
temples du paganisme et que l'on décore du nom d'aromatique,
probablement parce qu'il est capable d'enfumer les pagodes, de
donner le vertige aux dieux et d'étouffer les malheureuses
femmes qui seraient atteintes d'un asthme ou d'une bronchite.
Mais ce serait vous ennuyer sans profit. Jusqu'ici, d'ailleurs, il m'a
été impossible de découvrir à quel titre cette fameuse poudre
d'écorce d'ormeau, détrempée d'huile, séchée au soleil après
avoir été pétrie en petits bâtons de vingt centimètres de
longueur, plaît aux dieux et les rend si sympathiques. Ce que je
sais par expérience, ce qui souvent m'a réconcilié avec ces
aromates, c'est qu'ils ont la vertu de mettre en fuite les insectes
qui se permettent la fantaisie de persécuter les dormeurs.
Pendant les mois de Juin, Juillet et Août, les moustiques et les
punaises font notre désespoir. A peine avez-vous éteint votre
chandelle que ces insectes vous saisissent à la gorge, vous
piquent aux pieds, aux mains, se précipitent jusque dans le nez,
les oreilles : leur acharnement ne cède devant aucunes
représailles. C'est une musique enragée, un combat agaçant qui
vous exaspère et p.068 vous anéantit. Malgré l'horreur que nous
éprouvons, nous autres Européens surtout, pour la fumée en
général, pour celle si nauséabonde, si repoussante des bâtonnets
d'ormeau, en particulier, il faut bien se résigner à les allumer : ce
sont les seules armes capables d'inspirer quelque crainte à ces
essaims d'ennemis insaisissables, qui vous font la guerre.
S'asphyxier avec la fumée de bâtonnets ou se laisser dévorer tout
vivant par les moustiques, dont la piqûre est si brûlante, c'est, je
l'avoue, une alternative parfois embarrassante. Assez souvent le
meilleur parti, pour contenter tout le monde, est d'essayer des
deux, c'est-à-dire et des moustiques et des aromates. Nous
mettons le feu aux bâtonnets, lorsque les moustiques ont mis
notre patience et nos forces à bout, et nous ne nous résignons à
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