Associations de la Chine, Lettres du P. Leboucq ... - Chine ancienne

Associations de la Chine
solennité et un concours de pèlerins plus considérables qu'ils ne
l'avaient jamais été. Les riches s'y rendent en grand équipage, de
quatre-vingts lieues à la ronde ; les familles de laboureurs qui
jouissent d'une certaine aisance, croiraient attirer sur elles la
colère des dieux, si elles n'y envoyaient leurs représentants. Les
pauvres, incapables individuellement de faire les frais d'un si long
voyage, ont établi des sociétés dont le trésorier est chargé de
toucher et de faire valoir les offrandes annuelles versées par les
membres qui la composent. Généralement, au bout de cinq ou six
ans, ou moins, si la distance ne dépasse pas quatre-vingts lieues,
la caisse de la Confrérie est assez fournie pour permettre à trois
ou quatre pèlerins, désignés par le sort, d'aller, au nom de leurs
frères, se prosterner aux pieds de la Fleur d'Occident.
Il y a quelques années, un païen, convaincu de l'absurdité de
ces pèlerinages, vint me demander à être admis parmi mes p.061
catéchumènes.
— Je ne pourrai pas être baptisé avant huit ans, me dit-
il, mais au moins, pendant ce temps-là j'apprendrai le
catéchisme et les prières, demandant à Dieu la grâce de
ne pas mourir avant d'avoir reçu le baptême.
— Huit ans de catéchuménat ! lui dis-je, et pourquoi
donc une si longue épreuve ?
Je ne m'attendais guère à la réponse qu'il me donna. Mon naïf
catéchumène arrivait de la Montagne de la Paix avec une
obligation contractée par un vœu solennel aux pieds de Si-Hoâ ; il
avait juré de ne manger, pendant huit longues années, ni viande,
ni poisson, ni légumes assaisonnés à la graisse ou à l'huile.
La foi et la ferveur du pèlerin de Taî-ngan ne tardèrent pas à
lui ouvrir les yeux. Il comprit l'absurdité d'un pareil vœu.
Aujourd'hui il est le chef d'une petite chrétienté appelée Kiang-
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